Arbrealettres

Poésie

Je voudrais un corps nouveau (Anne Martine Parent)

Posted by arbrealettres sur 6 novembre 2023



Illustration
    
Mon corps se tend, se ploie, ma peau s’émiette.
Je voudrais un corps nouveau:
chevreuil loutre hermine.
Quelque chose qui me permettrait de sortir du lit,
de rêver autre chose que ce qui apparaît au plafond.
Retourner à la vie sauvage et incorrigible.
Réveiller l’animal enseveli.

(Anne Martine Parent)

Recueil: L’horizon par hasard
Editions: La Peuplade

4 Réponses to “Je voudrais un corps nouveau (Anne Martine Parent)”

  1. Hermine
    ———

    Profonde est ma mélancolie,
    Car de moi toute vie s’en va ;
    Ma blanche fourrure est salie,
    Où est l’espoir qui m’abreuva ?

    Ce monde est fait pour qu’on l’oublie,
    Qui d’éternité nous priva ;
    Car notre jeunesse jolie,
    Qui d’entre nous la conserva ?

    Ouvrant la boîte de Pandore,
    L’humain sa défaite élabore ;
    Et je vous dis la vérité.

    Ce qui s’éleva doit descendre
    Et ce qui brûle devient cendre ;
    Ne dis point que c’est mérité.

  2. Dame qui plane
    ————-

    Rêvant de frivoles amours,
    La Dame au nonchaloir s’adonne :
    De sa vie s’en viendra l’automne,
    C’est ainsi, le temps suit son cours.

    Jamais, pourtant, au long des jours,
    Sa libido ne l’abandonne ;
    Elle médite, elle fredonne,
    Seule et tranquille dans sa tour.

    Son coeur jamais ne fut de glace,
    Son âme d’aimer n’est pas lasse ;
    Son esprit ne regrette rien.

    Plus paisible qu’une statue,
    Elle est de sa candeur vêtue ;
    Et croyez-moi, ça lui va bien.

Qu'est-ce que ça vous inspire ?