Lophoclade de Lallemand

Lophocladia lallemandii | (Mont.) F.Schmitz

N° 5526

Mer Rouge, océan Indien, introduite en Méditerranée et en Atlantique

Clé d'identification

Algue rouge filamenteuse formant des touffes denses pouvant atteindre 15 cm de hauteur
Axes cylindriques et droits segmentés avec des articles aussi longs que larges
Trichoblaste (poil) subdichotome, coloré et persistant sur chaque segment d’axe
Sur individu fertile, stichidies sinueuses insérées sur la cellule basale d'un trichoblaste et avec un tétrasporocyste par segment
Algue fixée au substrat par un disque basal et des rhizoïdes provenant de rameaux tombés
En coupe, la cellule axiale est petite et entourée par 4 grandes cellules périaxiales

Noms

Synonymes du nom scientifique actuel

Dasya lallemandii Montagne 1849
Baillouviana lallemandii (Montagne) Kuntze 1891

Distribution géographique

Mer Rouge, océan Indien, introduite en Méditerranée et en Atlantique

Zones DORIS : ● Europe (côtes françaises), ○ [Méditerranée française], ○ [Mer Rouge]

L'espèce a été décrite de mer Rouge et est distribuée dans l'océan Indien et le Pacifique Nord-Est ; les signalisations du sud-ouest Pacifique pourraient être des confusions avec l’espèce Lophocladia kuetzingii. Espèce lessepsienne*, elle a été introduite en Méditerranée via le canal de Suez. Elle est considérée comme envahissante. En France, sa présence est avérée en Corse et dans le Var. Elle a aussi été signalée dans l’Atlantique proche.

Biotope

Cette algue se rencontre sur les fonds rocheux et autres substrats* durs à faible profondeur où elle forme des touffes monospécifiques* denses. Elle se développe aussi en épiphyte* sur les algues et la posidonie. Elle peut aussi se développer sur des fonds de coralligène* vers 30 m de profondeur.

Description

Le lophoclade de Lallemand est une algue rouge filamenteuse de 15 cm de hauteur maximale. Elle forme des touffes denses pouvant atteindre plusieurs dizaines de cm de diamètre. Sa couleur varie entre le rouge et le rose, elle est parfois décolorée.

Les axes sont cylindriques et droits. Les axes principaux mesurent 0,5 mm de diamètre à leur base et sont ramifiés de manière subdichotome*. Ils sont formés à partir d'une cellule apicale* (croissance monopodiale). Axes et rameaux sont segmentés, les articles sont aussi longs que larges. Chaque segment d’axe porte un trichoblaste* (poil) subdichotome, coloré et persistant.

L'algue observée jusqu'à présent (décembre 2022) en Méditerranée est le tétrasporophyte*. Quand ils sont fertiles, les tétrasporophytes portent des stichidies (organes produisant les tétrasporocystes*) sinueuses insérées sur la cellule basale d'un trichoblaste et produisant un tétrasporocyste* par segment.

Les gamétophytes* femelles fertiles produisent des cystocarpes* courtement pédicellés et en forme d'"urne à col court". Les organes reproducteurs des gamétophytes mâles (spermatanges*) sont allongés et occupent la même place que les stichidies sur la cellule basale des trichoblastes.

L’algue est fixée au substrat* par un disque basal et des rhizoïdes*.

En coupe, la cellule axiale est petite et entourée par 4 grandes cellules périaxiales.

Espèces ressemblantes

En plongée ou sur une photo d'ensemble, il sera possible de confondre cette algue avec d'autres algues rouges filamenteuses, érigées et souples, comme des Bonnemaisoniales ou certains Dasya spp. ou Polysiphonia sensu lato. Un examen plus attentif des axes et des rameaux permettra de lever le doute.

Bonnemaisonia asparagoides (Woodward) C. Agardh ne se rencontre que sur substrat* dur. Son axe principal, de forme cylindrique légèrement comprimée, a une largeur qui excède rarement 1-2 mm.
La ramification de l'axe est irrégulière distique*. Les rameaux, de longueur inégale, ont une ramification pennée* régulière formée par des ramules courts*, en forme d'épines fines, distiques et alternes*, de 2 mm de longueur. L'algue s'étale facilement dans un plan.

Asparagopsis taxiformis (Delile) Trevisan de Saint-Léon et Asparagopsis armata Harvey ont un contour pyramidal.

Alimentation

Les algues fabriquent les sucres de leur biomasse par photosynthèse*. Ce processus de transformation de l'énergie lumineuse en énergie chimique grâce à des pigments de type chlorophylle, n'est possible que dans une situation d'éclairement. Cependant la quantité de lumière nécessaire est très variable selon l'espèce.

Reproduction - Multiplication

Le cycle de vie est trigénétique* isomorphe*, les gamétophytes* mâles ou femelles (espèce dioïque*) et les tétrasporophytes* sont semblables. L’espèce est annuelle et abondante au printemps et à l’automne.

Elle peut aussi se multiplier par bouturage.

Divers biologie

Cette algue produit des lophocladines. Ces composés toxiques la protègent des herbivores et renforcent son caractère envahissant.

Informations complémentaires

Cette algue est entrée en Méditerranée depuis une centaine d’années. Elle est restée longtemps confinée aux eaux chaudes des zones est et sud de la Méditerranée. Sa découverte en Corse et à Port-Cros en 2021 est interprétée comme un signe du réchauffement de la Méditerranée nord-occidentale.

Son impact sur les écosystèmes locaux est inquiétant. Elle s’installe d’abord sur les rochers et les zones clairsemées des herbiers, puis recouvre l’herbier d’un tapis très dense qui gêne la croissance de la posidonie en étouffant les jeunes rhizomes* et les faisceaux de feuilles. Elle peut ainsi avoir un impact important sur le développement de la posidonie ainsi que sur l’accès à la nourriture des habitants de l’herbier. Son caractère envahissant à fort impact est confirmé en France. Seules des interventions très rapides sur les lieux récemment colonisés pourraient peut-être limiter sa propagation et son impact négatif.

Le signalement des observations est donc important pour connaître la dynamique d’extension de cette espèce. Si vous la croisez, n’hésitez pas à la signaler dans le forum de DORIS ou dans l’outil CROMIS de la FFESSM.

Origine des noms

Origine du nom français

Lophoclade de Lallemand est la francisation du nom scientifique de cette algue. Ce nom est proposé par le site DORIS.

Origine du nom scientifique

Lophocladia : du grec [lophos] = long poil, crinière, aigrette, panache et [clados] = rameau.

lallemandii : l'identité de la personne honorée n'est pas certaine, mais il pourrait s'agir de François Antoine "Charles" Lallemand, général de l'Empire et géographe, exilé aux Etats-Unis pendant la Restauration (1774-1839).

Classification

Numéro d'entrée WoRMS : 144835

Termes scientifiques Termes en français Descriptif
Embranchement Rhodobionta / Rhodophyta Rhodobiontes Algues rouges, pour la plupart marines.
Classe Florideophyceae Floridéophycées

Thalle élaboré formé de fins filaments branchés ou en lames.

Ordre Ceramiales Céramiales Structure toujours uniaxiale.
Famille Rhodomelaceae Rhodomelacées
Genre Lophocladia
Espèce lallemandii

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