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Published on Sep 08,2023
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Published on Sep 08,2023
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C

3,40€ vendredi 8 septembre 2023 le figaro - N° 24 586 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement 3’:HIKKLA=]UXYU]:?k@j@a@i@k\"; M 00108 - 908 - F: 3,40 E

AND : 4,30 € - BEL : 3,50 € - CH : 4,40 FS - CZ : 115 CZK - D : 4,00 € - ESP : 4,10 € - GR : 3,60 € - LUX : 3,50 € - MAR : 37 DH - MTQ/GLP : 4,10 € - PORT.CONT : 4,20 € - REU : 4,50 € - TUN : 11,00 TND ISSN 0182.5852

©Communauté d’Agglomération

du Pays Ajaccien - plaimont -

François BOUCHON/Le Figaro

D’une Coupe du monde à

l’autre, la France a beaucoup changé en seize ans.

Et son rugby aussi. Alors

qu’elle accueillait déjà une

partie des matchs de la compétition en 2007,

elle n’était pas favorite, loin de là. L’enthousiasme fut pourtant tel que le nombre de licenciés dans les clubs explosa dans la foulée.

Aujourd’hui, en 2023, on sent la même envie

dans ce pays éruptif, irritable, fracturé, mais

que les vertus du sport apaisent, si l’on en

croit Emmanuel Macron. Avec son inimitable sens de la formule, Antoine Blondin disait aimer l’ovalie pour sa rondeur, sa faculté

à rassembler dans la bonne humeur. Qui plus

est, les Bleus comptent cette fois parmi les

favoris. S’ils l’emportent en finale, le 28 octobre prochain, la fête pourrait donc être

complète chez les « Gaulois réfractaires » !

Certes, mais il faut d’abord gagner. Dès ce

soir, contre les mythiques et véloces All

Blacks, triples champions du monde. Lors de

leurs dernières prestations, ils ont connu un

passage à vide, mais gare au poids de l’histoire et au goût de la victoire dans les moments importants. Si notre équipe les a battus en quarts de finale en 2007 au terme

Au-delà du rugby

EMMANUEL DUNAND/AFP

gastroomie

quad le rugby est u art

de vivre Pages 28 à 30

À mi-mandat, la maire socialiste de Paris n’échappe plus

aux critiques de ses opposants, de certains de ses administrés et d’une partie de sa

majorité. Si elle n’exclut pas

de briguer un nouveau mandat en 2026, l’édile de la capitale sait qu’elle devra d’abord

réussir les nombreux défis qui

l’attendent pour cette année

à hauts risques. Ps 10 et 11

Impôts, dette, JO…

La rentrée sous pression

d’Anne Hidalgo

Les alliés de l’Ukraine

réaffirment leur soutien

Les Occidentaux veulent voir

un encouragement dans les

premières percées de l’armée

ukrainienne à travers les lignes de défense russes. « Les

Ukrainiens gagnent du terrain

et cela prouve l’importance de

notre soutien », a souligné jeudi

le secrétaire général de l’Otan,

Jens Stoltenberg. Le chef de la

diplomatie américaine, Antony Blinken, a aussi salué la

« résilience extraordinaire » des

Ukrainiens, annonçant à Kiev

1 milliard de dollars d’aide

supplémentaire. PAGE 5

Rugby : la France

à la conquête du monde

Le choc au sommet, ce vendredi, entre un XV de France ambitieux et des All Blacks

de légende lance la 10e édition de la Coupe du monde, organisée jusqu’au 28 octobre.

PAGES 2 À 4, 26 ET L’ÉDITORIAL

d’une rencontre de folie, les Néo-Zélandais

n’ont jamais perdu un match de poule dans

un mondial (31 victoires). Face à ces guerriers sublimés par leur « haka », les Tricolores devront jouer la « sainte trouille » au

ventre, cette saine peur qui pousse à se

transcender ; et faire preuve du légendaire

« French flair », cette touche d’extravagance

dans l’action qui déroute l’adversaire. Ils

pourront s’appuyer

sur la philosophie de

jeu de leur sélectionneur, Fabien Galthié,

faite « de combat et de

contrôle de soi ». Sans

oublier leur demi de

mêlée, consacré

meilleur joueur du

monde. Sur la pelouse

comme dans le vestiaire, Antoine Dupont est

plus qu’un capitaine, c’est un général !

Trois fois finalistes de la Coupe du monde

(1987, 1999, 2011), les Bleus ont plus que jamais les moyens d’aller plus loin. Il ne faut

pas demander au rugby davantage qu’il ne

peut offrir, mais leur succès donnerait des

ailes à tout un pays, pour les Jeux olympiques

et au-delà des seuls terrains de sport… ■

On aime

l’ovalie

pour sa

rondeur,

sa faculté à

rassembler

lefigaro.fr

Dernière édition

Réponses à la question

de jeudi :

Pensez-vous

que la France

va remporter la Coupe

du monde de rugby

pour la première fois ?

TOTAL DE VOTANTS : 90 177

Votez aujourd’hui

sur lefigaro.fr

Faut-il réformer

la Constitution pour

permettre un référendum

sur l’immigration ?

OUI

53 %

NON

47 %

@FIGARO OUI FIGARO NON

ie spleen

des « revenants »

russes P 6

xéuiacron rouvre son

impossible chantier

démocratique P 9

iiuie Conseil d’État

valide l’interdiction

de l’abaya

à l’école P 9

justice

À Niort, le procès

des antibassines

débute dans un

climat de tension

PAGE 12

FOOTBALL

Les Bleus

se rapprochent

de l’Euro PAGE 14

conjoncture

Comment la France

crée des emplois

« de qualité »

PAGEs 20 et 21

transport

La SNCF en manque

de rames face

à un trafic record

PAGE 24

éditorial par Yves Thréard [email protected]

n La tribune

de Jacques

de Saint Victor

n La tribune

collective

de 140 députés

et élus locaux

n Le bloc-notes

de Laurence

de Charette

n L’analyse de

Caroline Beyer

PAGES 16 et 17

champs lib

res

● aris : quinze nouveaux restaurants testés

pour vous ● jaccio : à la découverte de la citadelle

et des meilleures tables du terroir Pages 34 à 37

BR 03 BLACK MATTE — INSTRUMENT DU TEMPS — BELLROSS.COM

P:06

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

6 l'événement

7H-9H

EUROPE 1 MATIN

Dimitri Pavlenko

7

EUROPE 1 MATIN

Dimitri Pavlenko ©CAPA Pictures / Europe 1

Retrouvez l’Edito politique à 7h53 avec Alexis Brézet

et Vincent Trémolet de Villers du Figaro

finales perdues sans jamais l’emporter.

Trois. En 1987, 1999 et 2011. Soit tous les

douze ans. Ce qui nous donne… 2023.

L’année où le génie Antoine Dupont, le

bulldozer Grégory Alldritt, le feu follet

Damian Penaud et leurs coéquipiers

doivent tordre le cou à la malédiction.

Se montrer à la hauteur

Se dresse face à la troupe de Fabien Galthié, sélectionneur providentiel qui a

replacé vite fait bien fait le XV de France parmi les nations majeures, un véritable parcours d’obstacles. Le tirage au

sort, effectué étrangement plus de deux

ans en amont de la cérémonie d’ouverture orchestrée ce vendredi soir

(20 heures, TF1) par l’acteur Jean Dujardin - « Le savoir-faire et l’art de vivre

à la française seront mis en avant » via

des saynètes façon cinéma muet -, a

placé du même côté du tableau les quatre équipes devenues, depuis, les quatre

premières au classement mondial. L’Irlande, l’Afrique du Sud, la France et la

Nouvelle-Zélande, dans cet ordre. Il y

aura donc deux quarts de finale terribles mettant aux prises les deux premières citées aux deux dernières. Survivre à cette confrontation face au XV

du Trèfle ou aux Springboks, tenants du

titre, ouvrira tous les possibles aux

Bleus. À l’inverse, chuter mi-octobre,

être emporté par le vent d’automne,

ajoutera de la morosité à un pays déjà

bien pessimiste.

Un excitant voyage sur la pla La Coupe du monde débute en France ce vendredi par une affiche de gala entre la le-Zélande avance dans l’inconnu, la faute

à des performances en dents de scie depuis

deux ans. Inhabituel, pour l’équipe titrée à

trois reprises (1987, 2011 et 2015), qui fait

référence sur la planète ovale avec son jeu

à la fois dynamique, offensif et athlétique.

Dans la foulée de la demi-finale 2019, où

les Kiwis s’étaient fait broyer par le XV de

la Rose d’Eddie Jones (7-19), les turbulences ont été violentes, avec ces revers

concédés à domicile en 2022 face à l’Irlande (tournée perdue 2-1) - une première

depuis 1994 contre… les Bleus -, puis face à

l’Argentine (18-25). Le sélectionneur néozélandais Ian Foster avait alors été la cible

de violentes critiques au pays du rugby roi.

Avec un débat récurrent : les All Blacks actuels sont-ils moins bons que les icônes Richie McCaw, Dan Carter ou Kieran Read ?

Pierre Berbizier, l’ancien sélectionneur

des Bleus, valide cette idée de trou générationnel. « Ils ont de très, très bons joueurs,

mais ils ne sont pas exceptionnels », tacle-til. Et d’appuyer : « Les Blacks ont pris l’habitude de perdre. Avant, les battre relevait

d’un exploit. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Et cela change énormément la façon de les

aborder. »

Avec Fabien Galthié, les Bleus se sont

décomplexés face à l’ogre néo-zélandais.

Le XV de France reste en effet sur un succès face aux hommes à la fougère (40-25),

en novembre 2021 au Stade de France, qui

avait mis fin à une série noire de 14 défaites

de rang depuis 2009. Après ces turbulences, la machine kiwi semblait avoir repris

sa marche en avant, signant 11 matchs

consécutifs sans défaite (10 victoires pour

1 nul) et remportant cet été le Rugby

Championship pour la 20e fois. Avec un

statut retrouvé de prétendant au titre

mondial. Mais ça, c’était avant que les

Blacks ne croisent la route des Springboks,

eux aussi triples champions du monde

(1995, 2007, 2019), fin août à Twickenham.

Pour une humiliation (35-7) qui a fait date.

La plus lourde défaite de leur histoire.

Ian Foster, après ce violent KO, voulait

néanmoins positiver. « Ce match va nous

enlever beaucoup de pression, avait-il lâché. Personne ne va nous surévaluer, maintenant, ce qui est plutôt bien. Nous allons

simplement nous préparer tranquillement et

rester entre nous. » Attention, donc, à la

bête blessée - certes privée d’éléments

clés, comme Jordie Barrett, Brodie Retallick et Shannon Frizell - mais qui se verrait

bien gâcher la belle fête du rugby en France. Tout est désormais remis à plat. « Je ne

suis pas certain que l’on puisse mesurer l’incidence des matchs passés, avance le maFrance-All Blacks : une affiche de rêve

pour lancer 50 jours de festivités

Davi Reyat £@DavidReyrat

QUE la fête commence ! Et qu’elle soit

belle ! Le rugby l’a démontré par le

passé. Dans les tribunes, où toutes les

couleurs de maillot se mélangent, règnent la bonne humeur, l’entente cordiale, la fraternisation. Chacun soutient son favori sans tenir rigueur à

son voisin d’encourager l’adversaire.

Sans être animé par l’idée saugrenue

de lui taper dessus si, d’aventure, il

manifeste sa joie.

Pendant les sept semaines que dure la

Coupe du monde, sans conteste la plus

longue des compétitions majeures, plus

de 500 000 supporteurs étrangers vont

venir en France pour vibrer et s’amuser, chanter, partager. En espérant que

notre pays ne gâche pas leur plaisir par

une grève intempestive ou des intrus

animés de moins bonnes intentions.

Pour la France, le premier enjeu de ce

rassemblement joyeux est d’assurer ce

plaisir d’être ensemble. De montrer au

monde entier que les Gaulois réfractaires savent encore bien se tenir quand le

moment l’exige. Heureusement, le

peuple ovale est réputé réceptif à la

qualité de l’accueil…

Sur les terrains, il en sera autrement.

Pendant 80 minutes, l’ambiance sera

moins conviviale. Chocs en stock et

plaquages au bruit sourd, lourdes mêlées et déblayages impitoyables déclencheront des rumeurs impressionnées.

Mais il y aura aussi des envolées majestueuses, des passes aveugles, des valses

à mille temps pour égayer l’affrontement, pour soulever l’enthousiasme.

World Rugby y a veillé. L’instance faîtière a passé ses consignes aux arbitres.

Le jeu offensif sera privilégié, les mauvais gestes, sévèrement punis. Gare au

fougueux qui ne conservera pas sa maîtrise au moment de l’impact.

Pays hôte de cette dixième édition de

la prestigieuse joute mondiale, la France - surtout sa partie qui ne tourne pas

rond et qui devrait voir ses rangs grossir au fil du tournoi – palpite d’un autre

enjeu. Son XV national va-t-il enfin décrocher son Graal, soulever le petit trophée Webb-Ellis brillant de mille feux

au soir du 28 octobre ? L’espoir est immense, l’attente à sa hauteur. Les Bleus

détiennent un triste record. Celui des » Lire aussi + « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge fiatteur » Beaumarchais

page26 et 28 à 30

ILS ONT (au moins) deux points communs. Avoir joué au RC Toulon. Et avoir

été sacrés champion du monde. Jonny

Wilkinson, l’Anglais, en 2003. Bakkies

Botha, le Sud-Africain, en 2007. Sonny

Bill Williams (« SBW »), le Néo-Zélandais,

en 2011. Trois légendes honorées par le

club varois au printemps dernier. Des retrouvailles joyeuses et émouvantes durant lesquelles ils ont pris le temps de se

confier au Figaro pour dire tout le bien

qu’ils pensaient du XV de France.

Jonny Wilkinson pointe le redressement spectaculaire des Bleus depuis quatre ans. «Je ne suis pas surpris, assure celui qui fut l’ouvreur du RCT de 2009 à

2014. En Angleterre, tout le monde était

choqué par cette mauvaise période des

Bleus. Mais tout le monde savait aussi que

ça ne durerait pas éternellement. Que ce

n’était pas possible vu ce qu’on voyait

dans les compétitions européennes par

exemple. C’était une question d’équilibre à

retrouver. Il fallait de nouveau mettre en

avant les joueurs français, les libérer. Désormais, il y a une base très solide. Sans

cela, ça ne pouvait plus fonctionner. »

Un avis partagé par le deuxième ligne

sud-africain, qui a enfilé le maillot (XXL)

au muguet de 2011 à 2015. «Fabien Galthié et son staff ont fait un superbe boulot.

Depuis quatre ans, les progrès de l’équipe

de France sont bluffants. Elle dispose désormais de nombreux joueurs de classe

mondiale, des talents dont tu as besoin

pour devenir la meilleure équipe du monde.

La France peut y prétendre. Tout est sur la

table pour eux, mais tout dépendra de la

façon dont ils vont absorber la pression.

Mais ce ne sera pas une surprise pour moi

si les Bleus remportent cette Coupe du

monde », pronostique Bakkies Botha.

Sonny Bill Williams n’est pas aussi

catégorique. Les Français peuvent

être sacrés. Mais les All Blacks aussi.

L’ancien centre ou ailier des hommes

en noir a même un avis tranché sur la

question. «L’équipe qui perdra le

match d’ouverture sera championne du

monde ! Je le pense profondément.

Comme en 2019. Les All Blacks ont battu l’Afrique du Sud lors de la phase de

poule, mais c’est l’Afrique du Sud qui a

remporté la compétition. C’est probablement mieux de perdre. Cela donnera

plus de motivation, d’inspiration pour

la suite. Comme les Springboks l’ont

démontré il y a quatre ans.»

Pense-t-il vraiment que la NouvelleZélande, loin d’être maîtresse de son jeu

depuis l’échec japonais, peut se relever

et décrocher une quatrième couronne ?

«Bien sûr ! Parce qu’ils sont les outsiders

et, donc, très dangereux. Bon, si j’étais un

supporter français, je serais aussi

confiant. Si j’étais un supporter sud-africain, je le serais également. C’est pour ça

que ça va être la meilleure Coupe du monde

depuis longtemps : n’importe quelle équipe

peut la gagner.» L’ancien Toulonnais

(2008 à 2010) tient d’ailleurs à défendre

le sélectionneur des All Blacks, Ian Foster, durement critiqué dans son pays.

Wilkinson, Botha, « SBW » : trois champions du L’Anglais Jonny Wilkinson, en 2007,

au Stade de France, à Saint-Denis.

Le Sud-Africain Bakkies Botha, en 2007,

au Newlands Stadium, au Cap.

30

minutes

La durée de la cérémonie

d’ouverture, qui débutera

à 20 heures, le coup d’envoi

du match étant, lui, donné

à 21 h 15. Orchestrée par

Jean Dujardin, accompagné

de 33 invités de renom

incarnant le savoir-faire

artistique, gastronomique

et sportif de la France.

7

confrontations

ont eu lieu entre la France

et la Nouvelle-Zélande

en Coupe du monde.

Les All Blacks mènent

5 victoires à 2, mais

les deux succès tricolores

(demi-finale 1999,

quart de finale 2007)

sont entrés dans la légende.

nager français Raphaël Ibañez. Nous avons

brièvement étudié ce sujet avec l’ensemble

du groupe. La conclusion, c’est qu’il n’y a

pas beaucoup de leçons à retenir du passé.

Le match d’ouverture de 2007 (perdu

contre l’Argentine 12-17, NDLR) n’est

qu’un épisode qui reste, paradoxalement, un

bon moment, car nous avons ensuite battu

les All Blacks. »

Cette année, quelle que soit l’issue de ce

premier match face à la Nouvelle-Zélande

(21 h 15, TF1), la France devra se frotter à un

autre gros client dès les quarts de finale,

quasiment assurés, a priori l’Irlande ou

l’Afrique du Sud. Et, cette fois, le match

sera éliminatoire… ■

COMPOSITION DE L’ÉQUIPE DE FRANCE :

Ramos - Penaud, Fickou, Moefana, Villière

- (o) Jalibert, (m) Dupont - Ollivon, Alldritt,

Cros - Flament, Woki - Atonio, Marchand, Wardi.

Remplaçants : Mauvaka, Gros, Aldegheri,

R. Taofifenua, Boudehent, Lucu, Vincent, Jaminet.

COMPOSITION DE L’ÉQUIPE

DE NOUVELLE-ZÉLANDE :

B. Barrett - Jordan, Ioane, Lienert-Brown, Telea

- (o) Mo’unga, (m) Smith - Cane (cap.), Savea, Papali’i

- S. Barrett, S. Whitelock - Laulala, Taylor, De Groot.

Remplaçants : Taukei’aho, Tu’ungafasi, Newell,

Vaa’i, Jacobson, Christie, Havili, Clarke. Le demi de mêlée et capitaine de l’équipe de France, Antoine Dupont, lors du match France-Nou PAUL DELORT/FRANçOIS BOUCHON/Le Figaro, RODGER BOSCH/AFP, HANNAH PETERS/Getty Images via AFP

Arnaud Coudry £@ArnaudCoudry

UNE LONGUE et belle histoire. Faite de

passion, de ferveur, d’exploits et de désillusions. La France et la Nouvelle-Zélande

se sont affrontées sept fois en Coupe du

monde, depuis la finale de la première édition en 1987, perdue par les Bleus de Jacques Fouroux (9-28), à la déroute historique de la bande à Philippe Saint-André, en

quarts de finale en 2015 (13-62). Avec, au

milieu, seulement deux petites victoires

françaises, mais deux tours de force qui ont

profondément marqué l’histoire du rugby

français. Il y a d’abord eu cette demi-finale

d’anthologie remportée en 1999 à Twickenham avec un Christophe Dominici diabolique (43-31). Puis cet improbable succès à Cardiff en quarts de finale de l’édition

2007 dans le sillage de Thierry Dusautoir,

inépuisable sécateur (20-18).

Pour la deuxième fois, Tricolores et All

Blacks vont, ce vendredi, croiser le fer en

phases de poules. En 2011, l’équipe de Marc

Lièvremont avait lourdement chuté en

septembre (37-17), avant, un mois plus

tard, de passer tout près du rêve mondial

(7-8). Un nouveau chapitre de cette histoire entre les deux nations va s’écrire au Stade de France. Et Fabien Galthié, qui était de

l’exploit de 1999, en salive déjà : « Nous

sommes tellement heureux d’affronter cette

équipe. Ce match, c’est une fête, une joie, un

grand bonheur, c’est merveilleux. Ce match

face aux Néo-Zélandais est un challenge

dans tous les domaines du rugby. Il y a une

force invisible qui doit naître dans ces moments-là. »

Le XV de France, dans sa quête d’un

premier sacre planétaire, entend écrire

l’histoire de la Coupe du monde. Car, jamais, en 31 matchs de poules disputés depuis 1987, les « hommes en noir » n’ont

connu la défaite. Seule nation présentant

un tel bilan immaculé. Sauf que la Nouvel-

“Les Blacks

ont pris l’habitude

de perdre. Avant,

les battre relevait

d’un exploit. Ce n’est plus

le cas aujourd’hui. Et cela

change énormément

la façon de les aborder

de l’équi

Pierre Ber

pe de france

bizier, l’ancien sélectionneur

F. BOUCHON/Le Figaro

P:07

le figaro vendredi 8 septembre 2023

l'événement 7

La Française des Jeux – RCS Nanterre B 315 065 292 – © Julien Soulier –

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Mais, pour l’instant, l’heure est à

l’excitation, à l’espoir, à la délicieuse

boule au ventre quand le capitaine Dupont et sa bande, vêtus de blanc pour

la grande occasion, pénétreront dans

l’arène dyonisienne aux côtés de

joueurs vêtus, eux, de noir. Portant le

deuil de leurs adversaires comme le

veut le mythe. Un intense frisson parcourra ensuite des millions d’échines

quand les All Blacks entameront leur

haka. Il deviendra frénétique si les

joueurs français, comme l’enjeu l’exigerait, y opposent une réponse (rien

n’a filtré sur leurs intentions…). Personne n’a oublié les défis lancés en retour de cette danse guerrière en 2007

puis en 2011 par les Chabal, Dusautoir,

Dominici – une pensée pour l’ailier intrépide tragiquement disparu – et

autres Michalak.

Il faudra, ensuite, se montrer à la

hauteur. Lancer la conquête par un

premier exploit, déjà, puisque jamais la

Nouvelle-Zélande n’a perdu un match

de phase de poules lors des neuf précédentes éditions ! D’autres devront suivre. Pas lors de la phase de poules, où

l’Uruguay, la Namibie et l’Italie ne peuvent constituer des écueils pour une

équipe à l’ambition déclarée. Mais ensuite. Quand viendra le moment des

matchs couperets. Trois à gagner lors

d’un mois d’octobre qui s’annonce audessus des températures de saison. Et,

ainsi, enfin entrer dans la légende. ■

nète rugby

France et la Nouvelle-Zélande. Christophe Cornevin £@ccornevin

AVANT le grand défi des Jeux olympiques 2024, la Coupe du monde de rugby

sera elle-même au cœur d’un dispositif

de sécurité exceptionnel. L’événement,

qui commence ce vendredi et s’achèvera par une finale programmée le 28 octobre prochain, va faire l’objet de « mesures sans précédent », a annoncé

Gérald Darmanin mercredi matin, au

ministère de l’Intérieur. Pour verrouiller cette compétition qui sera suivie par des centaines de millions de téléspectateurs, l’hôte de la Place

Beauvau a annoncé la mobilisation

quotidienne de 5 100 policiers et gendarmes, avec un « pic » de 7 500 membres des forces de l’ordre déployés ce

vendredi pour le match d’ouverture

opposant, à Saint-Denis, le XV de France à la Nouvelle-Zélande.

Le même « cataplasme » bleu, dimension XXL avec 37 unités de forces mobiles en renfort, sera remis en place le soir

de la finale pour lutter contre l’insécurité

autour du Stade de France, accompagner

les supporteurs jusqu’au dernier train et

garantir le bon déroulement des fans zones. Alors que des mesures antidrones

ont été prises pour éviter tout risque de

survols d’un site par un engin transportant une charge explosive, des experts

de la protection nucléaire, radiologique,

biologique et chimique inspecteront les

sites avant chaque coup d’envoi. Chaque

équipe de rugby est, quant à elle, protégée par le RAID et le GIGN, à leur hôtel

mais aussi pour muscler les escortes.

Pas le droit à l’erreur

Gérald Darmanin, venu dévoiler le dispositif aux côtés de la ministre des

Sports, Amélie Oudéa-Castera, n’ignore

pas que le moindre accroc pendant la

compétition aurait des effets dévastateurs. Le fiasco du Stade de France, lors

de la finale de la Ligue des champions

entre Liverpool et le Real Madrid, à

Saint-Denis, le 28 mai 2022, avait sonné

comme un coup de semonce. À la fois

pour Emmanuel Macron, qui est particulièrement attaché à l’image européenne et internationale de l’Hexagone. Mais

aussi pour Gérald Darmanin, qui n’a pas

le droit à l’erreur s’il veut pouvoir satisfaire un jour ses ambitions nationales.

Celles qui l’ont conduit à briguer Matignon cet été, puis à s’imaginer - à voix

haute - à l’Élysée en 2027… Avant que

l’exécutif ne l’oblige finalement à remiser ses rêves à plus tard, pour se concentrer sur la rentrée et se consacrer aux urgences immédiates.

Résultat, bien conscient de la nécessité de tenir à l’écart les voyous des cités susceptibles de menacer les supporteurs, le premier flic de France a

livré un dernier bilan du plan « zéro

délinquance » visant à multiplier des

« opérations d’effacement» de la petite

et moyenne criminalité qui risquerait

de « pourrir » cette fête du sport. Sous

la houlette du préfet de police Laurent

Nuñez, une vingtaine d’opérations

sont menées chaque jour en SeineSaint-Denis, théâtre de 3 700 « descentes » ciblées ayant donné lieu à

4 900 interpellations de dealers et

autres vendeurs à la sauvette. Désormais, ce sont cinq unités de forces mobiles qui sont mobilisées dans le « 9-3 »

a précisé Gérald Darmanin, promettant

que cette « philosophie de harcèlement

des délinquants se poursuivra jusqu’aux

JO ». Plus globalement, une nouvelle

enveloppe de 4 millions d’euros a été

débloquée pour renforcer le maillage

de la vidéosurveillance, notamment

dans 29 communes, où 550 nouvelles

caméras seront déployées.

Quelque 160 policiers et gendarmes

de pays européens ont aussi fait le déplacement pour huiler la coopération.

Saluant de son côté la « mobilisation des

forces de l’ordre jusqu’au moindre détail », la ministre des Sports a annoncé

que 6 800 volontaires seront au rendezvous pour « aider à la fluidité du cheminement des supporteurs entre les gares

et les stades ». Amélie Oudéa-Castéra a

en outre annoncé que 5 000 agents de

sécurité privée seront aussi présents

dans les neuf villes accueillant la compétition. Rappelant que 90 % des Français soutiennent cet événement, elle

s’est félicitée de l’engouement que provoque cette compétition placée sous

haute surveillance. Si Gérald Darmanin

a déployé une véritable armada de policiers et de gendarmes, nul doute que les

bleus seront surtout sur la pelouse avec

un XV de France ultra-combatif. ■

Un défi sécuritaire pour l’exécutif, après

le fiasco du Stade de France et avant les JO

«Ce n’est pas juste, car Ian est un bon

coach. Après, en Nouvelle-Zélande avec le

rugby, tu n’as pas le droit d’être deuxième, tu n’as pas le droit d’être moyen. Mais

je dis qu’il faut faire attention à la bête

blessée. Ce sera la force des All Blacks. Et

s’il y a bien quelqu’un qui mérite d’être

champion du monde, vu ce qu’il a subi,

c’est Ian Foster… »

La menace est claire

Les tenants du titre sud-africains, eux

aussi déjà sacrés à trois reprises, peuventils également espérer triompher à nouveau le 28 octobre ? «Les Springboks physiquement… » Le sourire féroce de Bakkies

Botha l’épargne de finir sa phrase. La menace est claire. «On aime les mêlées, les

mauls, les rucks. On aime être physiques et

durs. Ce sont nos armes, on est bon à ça. Si

l’équipe en face peut répondre à ce défi, elle

a une chance, sinon… » Le tirage au sort

n’a pourtant pas épargné l’Afrique du

Sud, qui va devoir se coltiner l’Irlande et

l’Écosse dès la phase de poule. «Ça va être

difficile mais intéressant. Comme toute la

compétition. En 2019, il y avait un ou deux

favoris. Cette fois, il y en a beaucoup plus.

Dont la France, qui a l’avantage de jouer à

la maison, et les All Blacks, dont on ne sait

jamais ce qu’ils nous réservent. »

Et si les Bleus et les Springboks s’affrontaient dès les quarts de finale ? «Impossible à dire. Ce sera du 50-50. Mais j’ai

hâte de voir ça. Ce sera un match énorme.

Le test le plus dur que j’ai joué, c’était

contre la France, à Toulouse en 2009 (défaite 20-13, NDLR). Si les joueurs français

décident que, ce jour-là, tu vas morfler,

alors tu sais que ça va être très long… Mais

les Français sont émotifs. Si tu les coinces

dès le début, ils finissent par lâcher. À l’inverse, si tu n’as pas réussi à les repousser

d’entrée, la seconde mi-temps sera très

difficile pour ton équipe… » Un XV de

France qui peut enfin remporter la Coupe du monde ? «Votre équipe est assurément tout là-haut, constate Bakkies Botha. Et, physiquement, elle peut tout

emporter. Après, jouer à la maison est un

avantage mais aussi une pression supplémentaire. Mais vous avez un gars comme

Antoine Dupont. Tu te dis comment il peut

jouer si bien tous les week-ends, qu’il va

finir par coincer un peu, et le match

d’après, il joue encore mieux… » ■ d. r.

monde jugent le XV de France

Le Néo-Zélandais Sonny Bill Williams, en

2019, au stade international de Yokohama.

velle-Zélande, le 27 novembre 2021, au Stade de France. Paul DELORT/Le Figaro

P:08

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

8 l'événement

AURÉLIEN ROUSSEAU

Ministre de la Santé et de la Prévention

DIMANCHE 12H-13H

EN DIRECT DU GRAND STUDIO DE RTL

ET EN DIFFUSION SIMULTANÉE SUR QUESTIONS / RÉACTIONS #LeGrandJury

Olivier BOST

Pauline BUISSON

Jim JARRASSÉ

après avoir réalisé le Grand Chelem dans

le Tournoi des six nations. C’est la première fois qu’une équipe anglaise met le

pied sur le territoire « ennemi » depuis la

guerre. L’occasion pour le président argentin Carlos Menem de tenir une

conférence de presse sur l’état des relations entre les deux nations. Si l’accueil

de la population à Buenos Aires est loin

d’être farouche, le sélectionneur anglais

Geoff Cooke et ses hommes bénéficient

tout de même d’une escorte militaire

pour leurs déplacements. Sept matchs

sont prévus, dont deux contre la sélection argentine et cinq contre des clubs

locaux. Après une première défaite

contre Banco Nacion, l’équipe prend la

direction de la province de Tucumán. Là,

l’atmosphère est extrêmement hostile.

«En arrivant sur le terrain, on a vu qu’ils

étaient en train de brûler un drapeau du

Royaume-Uni en tribunes », confiera plus

tard le deuxième ligne Nigel Redman au

journal britannique The Telegraph. «Il y

avait une cage en fil de fer barbelé de cinq

mètres de haut autour du terrain. Sans ça,

on aurait eu de sérieux ennuis», appuie le

talonneur John Olver, oncle des frères

Ben et Tom Curry, aujourd’hui internationaux anglais. Le XV de la Rose sort

victorieux de ce duel rugueux, avant

deux défaites contre Buenos Aires et

Cuyo et un succès contre les Pumas.

S’ensuit un voyage à Cordoue pour une

nouvelle joute sanglante. Trois joueurs

anglais doivent sortir pour être recousus, la faute à plusieurs bagarres et coups

de pied baladeurs dans les rucks. Olver

menace de faire quitter le terrain à ses

coéquipiers, et dira plus tard que «ça ne

ressemblait pas du tout au sport qu’on

connaît aujourd’hui. C’était le Wild

West. » L’arbitre préfère siffler la mitemps six minutes avant le terme. La

tournée se termine par un nouveau test

accroché contre les Pumas, à Buenos

Aires. Perdu, celui-ci, par l’Angleterre.

De manière générale, il serait naïf de

penser que, loin des soubresauts du football, le rugby serait exempté de toute dimension géopolitique. «Le rugby est au

cœur de réflexions de puissances, de positionnement vis-à-vis de conflits et de prise

de position au sein de populations, explique Carole Gomez. Le meilleur exemple

est sans doute l’utilisation qu’en a fait Nelson Mandela lors de la Coupe du monde de

son plein, des vétérans britanniques et

argentins de la guerre des Malouines se

retrouvent pour disputer un match sur

la pelouse du club d’Esher, à Hersham,

dans la banlieue de Londres. Minute de

silence avant, pluie persistante pendant,

bière fraîche après. «Je tenais à rencontrer, trente-trois ans plus tard, les gens

qui ont combattu contre moi, en suivant

les ordres comme moi. Et leur serrer la

main », glisse après le match le vétéran

argentin Horacio Gatas.

Avant l’affiche Angleterre-Argentine

de ce samedi à Marseille (21 heures), les

escortes militaires, drapeaux brûlés en

tribunes et autres provocations ne sont

qu’un lointain souvenir. Pour autant, la

brouille n’est pas près d’être entièrement dissipée. Fin juillet, Londres s’est

insurgé contre un communiqué de

l’Union européenne reprenant le nom

utilisé par l’Argentine pour désigner

l’archipel, « Islas Malvinas », plutôt que

le terme « Falkland Islands », cher aux

Anglais. «Un choix de mots regrettable »,

pour le premier ministre britannique,

Rishi Sunak, «une victoire diplomatique

historique », selon le président argentin,

Alberto Fernandez. Le 21 avril dernier,

ce dernier a annoncé ne pas être candidat à sa réélection. En octobre, en pleine

Coupe du monde, le pays devra se choisir un nouveau président. «Il sera intéressant de voir si les candidats prennent

position sur le conflit en amont du match

contre l’Angleterre, estime Carole Gomez. Le sport permet une mise en avant

du drapeau, des valeurs, de l’histoire, et se

retrouve largement instrumentalisé à ses

dépens. Il faudra suivre également les

supporteurs, même si en général, les supporteurs de rugby ne sont pas les plus politiquement mobilisés dans les stades. »

Au-delà du cas spécifique des îles Malouines, battre la mère patrie du ballon

ovale n’est jamais anodin pour l’Argentine, nation émergente qui « utilise le

rugby et le sport de manière générale pour

revendiquer un statut de puissance sur la

scène régionale et internationale », explique la chercheuse. Alors que la sélection

de Lionel Messi a été sacrée lors de la

dernière Coupe du monde de football, le

rugby argentin a connu des progrès importants et a désormais une vraie volonté de faire entendre sa voix dans une

gouvernance longtemps dominée par les

Anglo-Saxons. Jusque dans les années

1980, pour ne pas perdre la maternité de

« son » sport, l’Angleterre se montre farouche à l’idée d’ouvrir la pratique du

rugby à d’autres acteurs, d’autres fédérations. «Encore aujourd’hui, le renouvellement des équipes est très faible. Il y a

très peu de vainqueurs différents sur toute

l’histoire de la Coupe du monde parce

qu’on ne donne pas leurs chances à des

nations plus petites. » Pour cette raison

ou pour d’autres, l’Angleterre sera bien,

samedi, l’équipe à abattre. ■

Angleterre-Argentine, un match

sur fond de querelle géopolitique

Le XV de la Rose et les Pumas s’affronteront ce samedi à Marseille. Une rencontre

jamais anodine depuis le conflit de souveraineté autour des îles Malouines.

adrien bez £@bez_adrien

SUR le terrain, les affiches AngleterreArgentine déçoivent rarement. La discipline anglo-saxonne d’un côté, l’agressivité latino-américaine de l’autre. La

joute prévue ce samedi, qui ouvre le bal

de la poule D de la Coupe du monde de

rugby dans la moiteur du Stade-Vélodrome de Marseille, ne dérogera sans

doute pas à la règle. D’autant que le XV

de la Rose, en pleine reconstruction,

n’est plus le rouleau compresseur qu’il

fut jusqu’à la finale de la Coupe du monde 2019 perdue face à l’Afrique du Sud.

Et les Pumas ont remporté le dernier

duel, le 6 novembre 2022 à Twickenham, mettant fin à une série de dix victoires anglaises.

Mais l’intérêt d’une telle confrontation dépasse les limites du terrain. «Le

match sera intéressant à regarder sportivement, et il faudra aussi étudier ce qu’il

se passe en tribunes, voir s’il n’y a pas des

déclarations en amont. Il y a toujours un

potentiel pour que quelque chose se passe», confirme Carole Gomez, chercheuse en sociologie du sport à l’Université

de Lausanne et auteur de l’ouvrage Le

Rugby à la conquête du monde. Histoire et

géopolitique de l’ovalie (Armand Colin,

2019). La faute aux îles Malouines, ce petit archipel de l’océan Atlantique Sud

qui, depuis plusieurs décennies, cristallise des tensions entre les deux nations

sur la question de sa souveraineté. Décrété possession de la couronne britannique en 1841, le territoire a fait l’objet

d’un conflit militaire entre avril et juin

1982, lorsque l’Argentine a tenté d’en

prendre le contrôle par les armes. Le

Royaume-Uni en est sorti vainqueur et

reste depuis solidement amarré à ces îles

hautement stratégiques pour le commerce et les ressources naturelles. Quarante ans plus tard, le torchon brûle toujours, même si les relations entre les

deux pays ont été officiellement restaurées. L’Argentine n’a eu de cesse de

réaffirmer ses revendications de souveraineté et refuse de reconnaître le référendum d’autodétermination qui, en

2013, a abouti à 99,8 % de votes en faveur du maintien du statut de territoire

d’outre-mer du Royaume-Uni.

Certes, le conflit ne s’est jamais transposé dans le rugby comme il a pu le faire

dans le football, en particulier lors de ce

fameux quart de finale de Coupe du

monde à Mexico, le 22 juin 1986. « Battre

les Anglais sera une double satisfaction

pour ce qui s’est passé aux Malouines»,

avait prévenu le gardien argentin Nery

Pumpido avant ce match historique.

« J’ai fait main basse sur le ballon pour me

venger des Anglais qui avaient fait main

basse sur les Malouines », dira bien plus

tard Diego Maradona, après avoir offert

la victoire à son peuple grâce à un doublé, dont un but de la main, la célèbre

« main de Dieu ». Pas avare en provocations, « El Pibe de Oro » sort des vestiaires avec le ballon dans sa main lors d’un

match amical à Wembley en 1991. Et en

2002, des supporteurs anglais sifflent

l’hymne argentin.

Mais le ballon ovale abrite aussi ses

petites histoires autour du contentieux

des îles Malouines. À l’été 1990, le XV de

la Rose effectue une tournée de testmatchs en Argentine, quelques mois

“Battre les Anglais sera

une double satisfaction

pour ce qui s’est passé

aux Malouines

Nery Pumpido, gardien arge

ntin, avant

le quart de finale de coupe du monde

de football, à mexico, le 22 juin 1986

1995, pour sortir de l’apartheid et faire un

retour tonitruant sur la scène mondiale. »

Son pouvoir peut-il aller jusqu’à réconcilier les peuples ? Juan Bautista Segonds, ancien joueur de rugby argentin,

aujourd’hui coach mental et conférencier, en est persuadé. Ce solide gaillard

de 54 ans a fondé il y a quelques années

l’association Rugby Sin Fronteras (Rugby sans frontières) qui se donne pour

mission d’employer les valeurs du rugby

pour promouvoir la paix. La première

action d’envergure a lieu en 2009 avec

l’organisation d’un match de rugby à XV

sur les îles Malouines. «Nous nous demandions depuis longtemps comment unir

deux peuples après une guerre, comment

panser les plaies ouvertes. Organiser un

match de rugby, voilà notre réponse »,

clame celui qui fut nommé messager de

la paix par le pape Benoît XVI. C’est la

première fois qu’une délégation sportive

argentine se rend aux Malouines. Trente-quatre joueurs sont sélectionnés.

Parmi eux, des anciens internationaux

et des amateurs ayant rarement foulé un

terrain. Entre Argentins, ils disputent un

premier match « plein d’émotions, de

passion, de respect et de beau jeu » sous

les yeux intéressés des locaux. Une

deuxième rencontre est organisée, cette

fois-ci avec des militaires britanniques

et quelques habitants des îles. «La troisième mi-temps fut la preuve du travail

accompli : visiteurs, enfants et parents se

sont retrouvés pour célébrer ce nouveau

lien sportif et amical qui s’était créé. »

Légitimée par la tenue d’une dizaine

d’événements marquants, dont une

« mêlée géante » entre jeunes Israéliens

et Palestiniens en 2012, l’association

frappe fort en 2015 avec une nouvelle

idée liée à l’archipel. Alors que la Coupe

du monde organisée par l’Angleterre bat

“Le sport permet

une mise en avant

du drapeau, des valeurs,

de l’histoire, et se retrouve

largement instrumentalisé

à ses dépens

Carole Gomez, chercheuse e

n sociologie

du sport à l’Université de Lausanne

Zone sous contrôle

britannique

Îles Malouines

500 km

Buenos Aires CHILI

ARGENTINE

PARAGUAY

BRÉSIL

URUGUAY

OCÉAN

ATLANTIQUE

Cap Horn

Stanley

Infographie

Les joueurs argentins célèbrent

leur victoire après le coup

de sifflet final lors du match

entre l’Angleterre et l’Argentine,

le 6 novembre 2022, au stade

de Twickenham, à Londres.

PAUL HARDING/Getty Imes v AFP

matchs du week-end

gr. Frnce vendredi

21 h 15 TF1 ne-Zénde

gr. Ie samedi

13 h M6 nbe

gr. B rnde 15 h 30 M6 roune

gr. usre 18 h M6 géorge

gr. ngeerre 21 h TF1 rgenne

gr. jpon dimanche

13 h F.2 chgr. B . du sud 17 h 45 F.2 écosse

gr. ges 21 h TF1 djLes vingt équipes

roupe rance

Nouvelle-élande

talie

ruguay

Namibie

roupe B

frique du ud

rlande

cosse

onga

oumanie

roupe C

Pays de alles

ustralie

idji

éorgie

Portugal

roupe D

ngleterre

apon

rgentine

amoa

hili

P:09

Après les doutes exprimés au cœur de l’été,

ils veulent croire en un « nouvel élan »,

après les gains enregistrés à Robotyne.

pertes humaines, l’armée ukrainienne

avait choisi une offensive à l’économie

pour grignoter les positions adverses sans

épuiser ses propres ressources. « Les tentatives de percée rapide ont abouti à un

taux insoutenable de perte d’équipements,

expliquent Jack Watling et Nick Reynolds

dans un rapport du Rusi sur la contre-offensive parue cette semaine. Des actions

tactiques délibérément planifiées ont permis aux forces ukrainiennes de s’emparer

de positions russes avec un faible nombre

de pertes. Cependant, cette approche est

lente, avec une progression d’environ 700

à 1 200 mètres tous les cinq jours, ce qui

permet aux forces russes de se réinstaller. » Parallèlement, l’armée ukrainienne

a mené des opérations dans la « profondeur » sur le territoire russe et contre ses

lignes logistiques pour fragiliser le soutien dont disposent les forces adverses.

Stratégie d’attrition

Le bilan matériel et humain des opérations menées depuis le mois de juin est

inconnu avec précision. Depuis le début

de la contre-offensive, les deux camps se

sont livrés à une « guerre d’attrition », au

niveau local, explique une source militaire, pour épuiser les ressources offensives

de l’un et défensives de l’autre. À Robotyne, l’Ukraine a réussi sa manœuvre.

Pour transformer un succès tactique en

percée stratégique, l’armée ukrainienne

devra être en mesure d’exploiter les gains

obtenus localement. La question des réserves dont elle dispose et des capacités

de défense qu’elle pourrait déployer rapidement est cruciale. En contournant les

positions adverses, les forces ukrainiennes pourraient ouvrir un chemin vers

d’autres objectifs comme la ville de

Tomak, ou poursuivre vers le Sud en

direction de Berdiansk.

La géographie de la ligne de front avant

le retour de l’hiver déterminera la poursuite de la guerre. « Compte tenu de la trajectoire de l’offensive, il est désormais clair

que les opérations majeures de combat terrestre se poursuivront en 2024 » , écrivent

Jack Watling et Nick Reynolds. ■

Le 6 septembre, un combattant ayant participé à la libération de Robotyne au sein de la 47e brigade mécanisée signe le drapeau national.

Les Occidentaux

réaffirment

leur soutien

à l’Ukraine

La Hongrie va favoriser l’accueil de travailleurs

issus d’une dizaine de pays d’Asie et des Balkans.

Albert Kornél

Budapest

Europe Dans son film R.M.N. diffusé au

cinéma en France au début de l’année, le

réalisateur roumain Cristian Mungiu

passe au scanner un fait divers intervenu trois ans plus tôt : une communauté

hongroise de Transylvanie, en Roumanie, chauffée à blanc par la propagande

xénophobe déversée par Budapest,

s’était dressée contre l’arrivée

d’ouvriers sri-lankais venus travailler

dans une boulangerie industrielle qui

peinait à recruter localement. Qu’en sera-t-il avec le demi-million de travailleurs qui seront recrutés au cours des

toutes prochaines années pour venir

travailler en Hongrie ?

Avec un chômage quasi incompressible inférieur à 5 %, une forte émigration

de travail vers l’ouest du continent, le

pays de Viktor Orban a besoin de bras.

Un demi-million, c’est le chiffre donné

par le chef du gouvernement lui-même,

au mois de mars devant la Chambre de

commerce hongroise. Comme les

nationaux-conservateurs du PiS en Pologne, comme en Roumanie, dont la population a remonté pour la première fois

après trente années de déclin avec l’arrivée d’Asiatiques, la Hongrie a besoin

de main-d’œuvre, dans la construction,

l’hôtellerie-restauration, les transports,

les services, et pour construire et faire

tourner quelques dizaines d’usines asiatiques de batteries électriques en projet.

L’importation de travailleurs étrangers depuis une dizaine de pays d’Asie

(Kazakhstan, Vietnam, Mongolie, Philippines et Indonésie) et des Balkans a

été facilitée une première fois en 2021.

Une loi votée au cours de l’été et qui va

entrer en vigueur le 1er novembre va

plus loin et régule l’immigration de

« travailleurs invités ». Ces derniers

auront droit de rester travailler sur le sol

magyar deux ans prolongeables d’un an,

mais pas de résider dans le pays au-delà

de cette limite, ni de faire venir leur famille. C’est en tout cas ce que promet le

gouvernement, afin de ne pas déboussoler son électorat. Car Viktor Orban

avait jusque-là balayé tout recours à

l’immigration de travail, arguant que la

Hongrie doit miser sur la natalité et dispose de ressources inexploitées : les

Hongrois vivant en minorité dans les

pays voisins (en Roumanie surtout) et

les populations roms sous-employées.

Éthique de travail

La Pénurie n’est pas nouvelle. Déjà en

2016, le ministre de l’Économie, Mihaly

Varga, avait plaidé pour recruter plusieurs centaines de milliers de travailleurs, « culturellement intégrables »,

avait-il précautionneusement souligné.

Mais à l’époque, un an après la crise migratoire de 2015, il s’était vu sèchement

rétorquer par le Fidesz au pouvoir que

« le gouvernement donne du travail aux

Hongrois, pas aux immigrés ». C’est donc

avec un bon temps de retard sur d’autres

pays de la région que le gouvernement

hongrois entre dans la course mondiale

au recrutement de main-d’œuvre asiatique. Pour l’heure, vingt-cinq agences

ont obtenu une licence pour aller chercher ces travailleurs invités, principalement en Asie centrale, au Vietnam, en

Indonésie ou encore en Mongolie.

Les Philippins sont particulièrement

prisés, à en croire l’agence Jobtain qui

vante sur son site internet des travailleurs « extrêmement respectueux, qui

parlent couramment l’anglais et ont une

excellente éthique de travail » et des citoyens « presque toujours souriants, pour

qui la famille passe avant tout et qui vont à

l’église tous les dimanches ». Malgré ces

précautions rhétoriques, Viktor Orban a

ouvert un espace sur son flanc droit, dans

lequel s’est engouffré le parti d’extrême

droite Mi Hazank (« Notre patrie »), qui

compte 6 députés sur 199 à l’Assemblée

nationale, qui attise les tensions locales

entre des foyers de travailleurs et les riverains, particulièrement dans la région

industrielle de Debrecen. Le temps dira si

la greffe prend, comme pour les boulangers sri-lankais du film de Mungiu, qui

ont finalement été acceptés par la population locale. ■

icols rotte £@NicolasBarotte

GurrLes quelques kilomètres de

percée près de Robotyne laissent les

états-majors occidentaux dubitatifs.

Trois mois après le début de leur contreoffensive et deux mois, environ, avant le

retour de pluies d’automne qui vont embourber les terrains et paralyser les

mouvements, les forces ukrainiennes

sont enfin parvenues, de façon très localisée, à franchir la première ligne de défense russe et à progresser sur plus d’une

dizaine de kilomètres. Elles avanceraient aussi en direction de Verbove à

l’est de Robotyne.

Jeudi, le secrétaire général de l’Otan,

Jens Stoltenberg, a laissé percer une lueur

d’espoir. « Les Ukrainiens gagnent progressivement du terrain et cela prouve

l’importance de notre soutien et aussi de

notre capacité et volonté de continuer à les

soutenir », a-t-il déclaré lors d’une audition devant la commission des affaires

étrangères du Parlement européen.

La veille, le secrétaire d’État américain,

Antony Blinken, avait annoncé une nouvelle aide de son pays à l’Ukraine « totalisant plus de 1 milliard de dollars ». « Les

progrès de la contre-offensive en cours se

sont accélérés ces dernières semaines et

cette nouvelle aide contribuera à lui donner

un nouvel élan » , a-t-il ajouté. Ces déclarations de soutien contrastent avec les

doutes exprimés, au cœur de l’été, sur la

capacité de l’Ukraine à libérer son territoire. « La profondeur stratégique des

Ukrainiens, c’est le soutien de l’Occident » , rappelle une source militaire

française.

Trois lignes de défense

Sur toute la ligne de front russe, trois lignes de défense sont composées d’obstacles antichars, de terrains minés, de

tranchées, et parsemées de capacités de

brouillage électromagnétique. La percée,

encore partielle, à Robotyne est-elle suffisante pour être exploitée ? Depuis plusieurs semaines, les analystes militaires

ont fait le deuil d’un effondrement russe.

Contrainte par le manque de matériels,

de munitions et soucieuse d’éviter les

Orban mise sur la maind’œuvre étrangère

Dmytro Smolienko / Ukrinform/tre Pblihing via eter Connet

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Internatonal 9

P:10

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

10 Internatonal

Julian Colling £@juliancllg

Moscou

Guerre en kraine « D’un côté

j’ai peur de rester en Russie, de

l’autre, j’ai peur de repartir », soupire Maria*, assise dans la petite

cuisine de son appartement du

nord-ouest de Moscou. Elle conte

son histoire avec les yeux grands

ouverts, intenses, comme quelqu’un qui vit encore la situation au

plus près de sa chair. À ses côtés,

son mari, Ilya, la regarde avec

bienveillance. « Je crois que je n’ai

pas la force d’émigrer à nouveau.

En fait, nous sommes tous un peu

figés, pétrifiés », souffle-t-elle.

Par « nous », Maria, 31 ans, entend ceux qui, comme elle,

avaient quitté leur pays à la suite

de l’invasion de l’Ukraine, et qui,

plus ou moins rapidement, sont

rentrés au bercail. Ces rapatriés

sont loin d’être la majorité, sur le

million de Russes - souvent jeunes

- qui a émigré après le funeste

24 février 2022, soit la plus grande

vague de départs depuis les années 1920. Mais après dixhuit mois de guerre en Ukraine,

logiquement, le nombre de ces

« revenants » va croissant.

Ils reviennent pour obligations

personnelles ou de santé, à cause

de difficultés à l’étranger ou simplement par mal du pays. Après

tout, Moscou reste la maison. On a

beau être farouchement opposé à

l’intervention militaire décidée

par Vladimir Poutine, vivre en

Russie demeure parfois la solution

la moins dure. Et ce même si tout

le pays semble avoir le cafard : sur

l’année 2022, la consommation

d’antidépresseurs y a bondi de

70 % selon l’agence Tass ; celle de

sédatifs, de 56 %

« Partir ce n’est jamais évident,

et une fois là-bas, on vit de

quoi ? », demande pourtant Ioulia, attablée dans le quartier Baumanskaïa de Moscou. Journaliste,

elle a vu le média indépendant

dont elle dirigeait la rédaction rapidement bloqué par les autorités.

Après des menaces formulées non

officiellement, elle part pour Istanbul. « Je me suis tout à coup

sentie en sécurité, c’était un sentiment presque physique. Je respirais

beaucoup mieux. » Mais Ioulia a un

jeune fils scolarisé à Moscou. En

Turquie, elle dépanne comme

promeneuse de chiens, mais commence à se demander ce qu’elle

fait là.

Elle ne passera que quelques

mois en émigration. Aujourd’hui,

elle écrit pour un grand portail

spécialisé dans le cinéma. « Mon

chef m’a demandé de sourire davantage, mais je sens la fausseté de

ce sourire sur moi », raille-t-elle

d’un ton un brin désabusé. Elle

verse une larme au souvenir de

son équipe précédente. « J’ai du

mal à trouver l’énergie le matin,

mais je me suis fait une raison. »

Ioulia se dit qu’elle n’est peut-être

qu’en « stand-by » à Moscou.

Le matin de l’invasion de

l’Ukraine, Maria, elle, est seule à

la maison. Elle se souvient : « Je

n’ai pas dormi ni mangé pendant

plusieurs jours, juste pleuré. Je

n’avais pas ressenti une douleur

aussi vive depuis la mort d’un proche. C’était la fin du monde que l’on

connaissait. » Le père de la scénariste de formation est né en

Ukraine. Elle a des ancêtres cosaques du Don. Début mars, son oncle, qu’elle n’a pas vu depuis

vingt ans, meurt tué par des éclats

d’obus près de Kiev.

Une lourde dépression

Peu après, elle part retrouver son

compagnon, en congés dans la capitale turque. Ilya, 39 ans, est un

Biélorusse installé en Russie depuis l’âge de 15 ans ; critique du

pouvoir, il songeait déjà à émigrer

depuis quelques années. Équipé

d’une simple valise, le couple

continue son chemin jusqu’à Tbilissi, en Géorgie, à l’instar de bon

nombre d’émigrés russes. Drapeaux ukrainiens, graffiti antirusses et rassemblements antiguerre les accueillent.

« C’était une bouffée d’oxygène

de voir autant de gens qui pensaient

comme nous », souligne Ilya. Le

couple vit un temps chez une

connaissance. Mais Ilya, photographe de métier, a du mal à trouver du travail. Maria se sent perdue, « déconnectée » du réel. À

Je n’arrive pas

à détester

cet endroit.

Les émotions

violentes

du début

se sont

estompées,

aussi.

Au fond, je crois

que j’attends

un miracle,

un changement

positif qui fera

que je n’aurai

plus à repartir»

Maria

avec moi-même et j’ai décidé que,

moi, je n’avais rien fait de mal. Que

j’étais convaincue de ne pas être

une mauvaise personne, malgré ce

qu’a fait mon pays. De toute façon,

c’est impossible d’être toujours à

100 % du bon côté. »

La jeune développeuse dit accepter les critiques et l’image négative des Russes, parfois dépeints

comme « tous mauvais », selon

elle. « Nous faisons face à cette

terrible situation. Il faut désormais

vivre avec. Que peut-on y faire ? »

Elle a fait le choix de vivre sa vie

comme elle l’entend, près de sa

famille. Même chose pour Nikolaï,

dont les deux parents se sont installés en Russie, à Voronej, il y a

une dizaine d’années. « Ils vont

bientôt déménager à Moscou »,

dit-il, enthousiaste, précisant

avoir toujours « rêvé » de vivre

dans la même ville qu’eux. Il n’a,

en revanche, pas encore fait part

de son retour à sa tante et à son

cousin qui habitent Kiev.

Rapatriement forcé

« Leur exemple est assez rare »,

précise Xenia Kolkova, une psychologue partie à Erevan, en Arménie. « La plupart des cas de rapatriements en Russie sont plutôt

forcés. Les gens qui ont quitté la

Russie l’ont fait de manière impulsive, souvent en désaccord profond

avec ce qui se passe au pays. Or si

vous devez retourner à contrecœur

là d’où vous venez, le risque d’anxiété et de vulnérabilité psychologique est alors décuplé. »

Alexeï, un professeur de littérature de 44 ans, qui a passé quatre

mois à l’étranger, nous dit voir sa

psyché se modifier sous ses yeux.

« J’en deviens plus cynique face

aux événements. Si c’est un moyen

de défense mentale, c’est aussi un

danger », confie-t-il.

« Mais il faut bien continuer à vivre. Au final on s’adapte tous, le vague à l’âme, à cette nouvelle réalité. » L’écrivain est rentré en partie

en raison d’un fils autiste. À ses

côtés au bout du téléphone, sa

compagne, Ekaterina, rit jaune :

« Toutes ces années, en voyant le

pays dériver, j’ai pensé qu’un jour je

le quitterais facilement, sans aucun

problème. Et puis finalement… impossible. Je n’ai juste pas pu. » ■

*Tous les prénoms ont été modifiés

Moscou, ils se sont habitués aux

critiques bruyantes de certains

« bons Russes » en exil. Ces derniers fustigent sur les réseaux sociaux ceux qui sont revenus dans

le « pays agresseur ».

« J’ai une copine, émigrée au

Kazakhstan, qui a décidé de couper

toute communication avec moi »,

confirme Ira, encore un brin interloquée. « Elle me considère un

peu comme une traître depuis mon

retour. » Pas de quoi faire pour

autant douter la jeune femme. À

30 ans, elle est totalement contre

l’« opération militaire spéciale »

en Ukraine elle aussi. Son propre

mari, Anton, est ukrainien. Mais

après un an passé à Tbilissi, sans

réussir à se convaincre de larguer

les amarres pour de bon - ils ont

songé partir pour le Canada ou le

Portugal -, le couple vient de rentrer à Moscou au début août. Sans

regret.

« J’ai décidé de vivre ma vie pour

moi, plus pour les autres », tranche

Nikolaï, originaire de Kharkiv,

installé à Moscou en 2017, qui dit

avoir été pro-Maïdan. « J’aime

Moscou et m’y sens chez moi, je ne

me vois nulle part ailleurs. Si on veut

arrêter de me parler pour ça, je l’accepterai. La période appelle à beaucoup de réactions émotionnelles. »

Nikolaï et Ira ont quitté la Russie

après la mobilisation partielle de

septembre dernier, dont le jeune

homme de 29 ans avait peur,

même en tant qu’Ukrainien. Ils

redoutaient également une loi

martiale qui aurait fermé les frontières. Ils ne nient pas que la guerre comme ces considérations morales ont chamboulé leurs vies.

« Nous étions au deuxième jour

de nos vacances en Asie lorsque

l’invasion a éclaté. On a passé deux

semaines sous le choc », poursuit

Ira. « Mais j’ai alors eu une très

longue et profonde conversation

21 septembre 2022. Il transite par

le Kazakhstan, puis se retrouve

dans un dortoir d’Aix-la-Chapelle, à la faveur d’un visa humanitaire, en compagnie de quelques

exilés russes ou biélorusses qui seront vite répartis à travers l’Allemagne. Lui fréquente un temps les

« job centers ».

Un enjeu pour le régime

Sa fiancée est restée à l’arrière, en

Russie « J’ai vite ressenti une profonde coupure avec mes racines »,

se souvient-il. Désœuvré, seul, ne

souhaitant pas se lancer dans un

cursus en Europe, Maxime se résout au retour, en mars dernier. Il

relativise : « Je ne vois pas cela

comme un échec. Moi, un juriste

russe, j’aurais pu accomplir quoi à

l’étranger ? » Au téléphone, le

« revenant » marque une pause.

« Cela ne sert à rien de se lever tous

les matins en se disant, “mince, je

suis encore dans ce pays horrible”.

Il y a encore de l’espoir, des gens à

convaincre. Impossible d’être utile

hors de Russie. » Le jeune homme

dut faire une croix sur l’activisme

indépendant. Trop risqué. Avec

ses amis politisés, il veut désormais sensibiliser les esprits, via

des cercles de lecture, des conférences. Il n’exclut pas de repartir à

terme. Une récente enquête a

montré qu’un étudiant russe sur

trois envisageait de quitter le

pays, un record.

Face à l’exode de ses forces vives, le « rapatriement » est devenu un enjeu pour le pouvoir russe.

Vladimir Poutine avait pourtant

moqué à plusieurs reprises ces

Russes qui pensent que l’herbe est

plus verte à l’Ouest. Mais en juin

dernier, plusieurs officiels faisaient lever des sourcils en annonçant un retour massif des émigrés, le premier ministre

Michoustine allant jusqu’à déclarer qu’ils étaient 85 % parmi les

très prisés programmeurs russes à

être revenus au pays. Une estimation très loin de la vérité, ont toutefois répondu de nombreuses entreprises de tech aux médias

indépendants russes.

C’est néanmoins le cas d’Ira et

Nikolaï, tous deux spécialistes de

l’« IT ». Ils assument davantage

leur retour au bercail. Rencontrés

dans un café branché du centre de

l’été 2022, ils se décident tout de

même à vendre leur appartement

moscovite.

Mais Maria ignore qu’un nouveau choc l’attend : on lui diagnostique au mois d’août, à Moscou, une sclérose en plaques. « Le

traitement nécessaire m’a fait décider de rester finalement en Russie, où j’ai une assurance-maladie,

confie la jeune femme. Et puis ma

ville, mes repères me manquaient.

Quelque part, j’étais soulagée

d’avoir une raison incontournable

de rester - ce dont j’ai un peu honte,

aussi. » Ce sévère coup du sort

rappelle également son mari dans

la capitale russe. Se sentant impuissant face à une société qui fait

comme si de rien n’était, il sombre

dans une lourde dépression qui

durera six mois.

Aujourd’hui, le couple va

mieux, décidé à ne pas abandonner son reste de bonheur au régime. Elle travaille dans un grand

groupe comme chef de création

de contenu. Lui enseigne la photo

à l’école. Au gré d’une excursion

hors de Moscou - « cet îlot de

confort et d’aveuglement », dixit

Maria -, ils retrouvent même parfois de la tendresse pour la campagne russe, pour ce peuple qui a

traversé tant de crises. « Mais

chaque jour quelque chose te rappelle l’infamie en cours. Elle est là,

toujours dans un coin de ta tête »,

ajoute Ilya.

« En plus des signes militaires,

ça peut être, par exemple, une discussion dans un bus avec une babouchka, qui te dit que “nos gars

sont en train de ramener l’ordre”

en Ukraine », peste sa compagne.

Elle se livre sur ses sentiments

toutefois ambivalents. « Je n’arrive pas à détester cet endroit. Les

émotions violentes du début se sont

estompées, aussi. Au fond, je crois

que j’attends un miracle, un changement positif qui fera que je

n’aurai plus à repartir. » Mais avec

Ilya, qui ne parvient pas à « être

heureux » à Moscou, les plaies demeurent ouvertes.

La volonté d’essayer d’agir dans

son pays est également ce qui a

poussé Maxime à revenir à SaintPétersbourg en mars dernier.

L’étudiant, alors engagé en politique au niveau local, avait dû fuir

la Russie après la mobilisation du

Le spleen des « revenants » russes

Ils avaient quitté la Russie au lendemain de l’invasion de l’Ukraine. Ils ont dû, pour

de multiples raisons mais souvent à reculons, rentrer dans un pays qui broie du noir.

collecton personnelle

Après un exil

de quelques mois

en Géorgie, Maria

et Ilya, un couple

de jeunes Moscovites,

sont revenus dans

la capitale russe.

1

million

de Russes, souvent jeunes

et diplômés, ont quitté le pays

après le 24 février 2022

P:12

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

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du bâtiment avec un groupe de Cubains

dans la banlieue de Moscou. Nous étions

payés 30 dollars par jour, payables tous

les 15 jours. Personne ne parlait de la

guerre, mais je voyais des vidéos sur internet. Avec un camarade on a même

été approché par quelqu’un qui nous a

proposé de nous engager dans les forces

armées. »

La peur d’être arrêté

À Cojimar, Alina, bibliothécaire, évoque le cas de ses amis, un couple cubano-russe, qui après être parti vivre en

Russie il y a deux ans, a dû fuir en

catastrophe l’ex-URSS. « L’homme

était originaire de Cojimar, marié à une

Russe, mais lorsque la guerre en

Ukraine a débuté, les Russes ont voulu

l’enrôler. Le couple s’est enfui à Cuba

chez les parents de l’homme pour

échapper à la guerre. Mais ces derniers

les ont dénoncés au gouvernement

cubain. Des agents de la sécurité d’État

ont expulsé le jeune couple de la maison

des parents. Ils ont dû fuir de nouveau

en catastrophe vers le Honduras avec

la peur d’être arrêtés et envoyé en Russie », raconte Alina.

« Le ministère de l’Intérieur a détecté

et travaille à la neutralisation et au démantèlement d’un réseau de trafic

d’êtres humains qui opère depuis la

Russie pour incorporer des citoyens

cubains qui y vivent et même certains

de Cuba, dans les forces militaires participant aux opérations de guerre en

Ukraine. (…) Cuba a une position historique ferme et claire contre le mercenariat et joue un rôle actif au sein des

Nations unies dans le rejet de cette pratique. (…) Cuba ne fait pas partie de la

guerre en Ukraine», clamait pourtant,

il y a quelques jours, le ministère des

Relations extérieures de Cuba.

Cette condamnation ne convainc pas

dans l’île caraïbe. Non seulement La Havane et Moscou n’ont cessé de renforcer

leur coopération militaire depuis l’invasion russe de l’Ukraine, mais il est notoirement connu et accepté que rien

n’échappe au régime dans l’île. Rencontré rue San-Rafael, à La Havane, Pedro

lance : « Autour de nous, tout le monde

surveille tout le monde. Ici, on retrouve le

voleur, le proxénète, la prostituée, le travesti, le “chivaton” (dénonciateur,

NDLR) l’homme des services de renseignements qui surveille le chivaton, et

l’homme qui surveille l’homme des services de renseignements. Tout cela pour

dire qu’à Cuba rien, absolument rien,

n’échappe au gouvernement. Dans cette

histoire de jeunes envoyés en Russie, le

gouvernement était parfaitement au

courant. » La polémique n’a donc pas

convaincu les Havanais, d’autant que

des rumeurs courent sur la présence de

soldats cubains sur le front ukrainien.

Ce que démentent les autorités de

La Havane. « C’est un jeu entre Miguel

Diaz-Canel et les Russes. Le président

cubain est parfaitement au courant de ce

qu’il s’est passé. Il est le premier à vouloir

envoyer des Cubains combattre en Russie,

mais il ne peut pas le dire publiquement »,

assure un Havanais. Le régime a besoin

du soutien alimentaire et pétrolier des

Russes, mais il ne peut pas prendre le

risque de voir ses relations ternies avec

les pays occidentaux, notamment avec

les pays européens et le Canada, principal émetteur de touristes dans le pays. ■

Ces derniers étaient nombreux à assister au discours de Xochitl Galvez. Hector

Chavez, venu spécialement du Chihuahua dans le Nord, considère qu’il s’agit

« du pire gouvernement qu’ait connu le

Mexique », pointant le manque d’accès

aux médicaments, la détérioration de

l’hôpital et de l’école publique. Des thèmes abordés par l’élue du Frente amplio

por Mexico. Celle qui se classe au centre

gauche affirme n’avoir de droite que sa

bannière, celle du PAN.

Sur l’avenue Reforma, la prétendante a

répété « être politiquement daltonienne et

ne voir qu’une couleur, celle du Mexique »,

devant les drapeaux des trois partis

formant cette coalition. Cette ingénieur

dans le high-tech n’a occupé que trois

fonctions politiques en vingt ans. Son

visage, peu connu, symbolise aussi le

changement que souhaite lancer ce front.

La sexagénaire revendique ses origines

indigènes de l’État d’Hidalgo (centre) et

lance tout sourire sa règle d’or : « Pas de

voleurs, ni de flemmards, ni d’imbéciles. »

Son langage familier se veut populaire et

permet de haranguer la foule. Un exercice dans lequel n’excelle pas son adversaire, parfois moquée et accusée d’imiter le

style du président.

Cette physicienne et ingénieur énergique de 61 ans peut compter sur son profil

de scientifique, apprécié par ses partisans, qui voient en elle une personne

rigoureuse et innovante. À Mexico, elle a

créé de nouvelles lignes de transports en

commun, développé la production

d’énergie verte et ouvert plus de centres

sociaux et culturels.

Cette lutte inédite entre deux femmes,

place le Mexique au cœur des enjeux féministes en Amérique latine. L’électorat

féminin est celui qui se mobilise le plus et

représente 52 % de la population. Une

majorité qui sera au centre de cette campagne et de la bataille électorale. ■

Guerre en Ukraine : des Cubains

enrôlés dans l’armée russe

La Havane, qui n’a cessé de renforcer sa coopération militaire avec Moscou,

condamne officiellement « un réseau de trafic d’êtres humains ».

Hector Lemieux

La Havane

caraïbes Aux confins des villes de

Cojimar et de Camilo-Cienfuegos, banlieues situées à quelques minutes de

La Havane, les Cubains se passionnent

cette semaine pour la dernière nouvelle

du moment. Des jeunes cubains, à peine

sortis de l’adolescence, combattraient

sur le front ukrainien. « Les pauvres petits, ils (le gouvernement cubain, NDLR)

ont abusé d’eux», dit une femme. À

Cuba, on ne nomme jamais les autorités

par leurs noms. « Ils » est toujours utilisé. « Aidez-nous, s’il vous plaît, essayez

de nous faire sortir (du front ukrainien,

NDLR) le plus vite possible, parce que

nous avons peur », a plaidé sur les réseaux sociaux l’un des deux jeunes

hommes, âgés de 19 ans. Les deux adolescents ont signé un contrat en langue

russe, via les réseaux sociaux, pour travailler dans le domaine de la construction dans la Fédération de Russie. L’entente a été conclue avec une recruteuse

russe nommée Elena. Les passeports

des deux jeunes, partis de Varadero,

ont été confisqués à leur arrivée en

Russie. S’ils ont été envoyés sur le front

ukrainien, ils ont pu faire part de leurs

malheurs à leurs familles via Facebook,

alors qu’ils étaient hospitalisés en Russie, après avoir été battus et torturés

par des Russes. Le scandale a fait grand

bruit à Cuba. Grâce à la magie des réseaux sociaux, tous les habitants de la

plus grande île des Caraïbes sont désormais au courant des déboires de leurs

compatriotes qui se sont rendus récemment en Russie.

Les Cubains n’ont pas besoin de visas

pour entrer en Russie, où ils se rendent

depuis des années pour y acheter des

biens de consommation, revendus à prix

fort dans l’île. Émilio, un Havanais dans

la trentaine, parti à Moscou avec le projet d’y gagner suffisamment d’argent

pour partir ensuite au Venezuela et, de

là, traverser les frontières comme le font

nombre de Cubains pour se rendre aux

États-Unis, nous confiait déjà en avril

dernier : « Je travaillais dans le secteur

Nouveau discours polémique

de Mahmoud bbas

De récents propos du président

palestinien Mahmoud Abbas,

affirmant que Hitler a massacré

les Juifs en raison de leur « rôle

social » en tant que prêteurs et

que les Juifs ashkénazes « ne sont

pas des Sémites », ont suscité de

vives réactions à l’international.

Gabon : un premier ministre

de transition nommé

Le président de la transition

au Gabon, le général Brice Oligui

Nguema, a nommé, jeudi,

le premier ministre de transition,

Raymond Ndong Sima, un

économiste et virulent opposant

au président renversé Ali Bongo.

en bref

Le régime dirigé par Miguel Diaz-Canel

(ici, le 23 août à Prétoria, en Afrique

du Sud) a besoin du soutien alimentaire

et pétrolier des Russes.

PHILL MAGK/FP

quentin duvamexico

aérique latie L’une était peu

connue il y a encore quelques mois,

l’autre était pressentie comme héritière

du président Andrés Manuel Lopez Obrador, alias AMLO. Xochitl Galvez et

Claudia Scheinbaum sont les deux prétendantes à l’élection présidentielle

mexicaine, qui se tiendra le 2 juin 2024.

Le prochain chef de l’État sera donc une

femme, une première historique dans un

pays encore dominé par le machisme.

Movimiento Ciudadano, troisième force

politique en présence, hésite encore à

présenter un candidat.

Le duel Sheinbaum-Galvez marque un

virage dans la vie politique mexicaine,

dominée depuis des décennies par des

hommes. Cette affiche promet d’insuffler une nouvelle dynamique sur la

condition féminine, dans un pays où dix

femmes sont assassinées chaque jour.

« Je respecterai les femmes parce que j’en

suis une, je défendrai leur vie comme la

mienne », a lancé Xochitl Galvez à ses

partisans, lors de son investiture dimanche dernier sur l’avenue Reforma, au

cœur de Mexico.

À 60 ans, cette ingénieur de formation

et sénatrice du PAN (Parti action nationale) depuis 2018 a créé la surprise en

s’imposant à la tête de la nouvelle coalition d’opposition, Frente amplio por

Mexico (Front élargi pour le Mexique),

qui regroupe les partis du centre et de

droite : PRD, PAN, PRI. La primaire

ouverte, basée sur le vote des sympathisants, a été écourtée pour accélérer l’intronisation de Xochitl Galvez. Ce front

élargi veut montrer une image unie derrière elle, pour se donner la meilleure

chance de renverser Morena, le parti de

gauche actuellement au pouvoir.

Morena et ses alliés, le Parti du travail

et Partido Verde, ont désigné la gouverneur de la ville de Mexico, Claudia Sheinbaum, à la tête de cette campagne, parmi

six prétendants. Si la consultation menée

parmi 12 500 électeurs est parvenue à son

terme, elle s’est déroulée dans un

contexte d’accusations de fraude de la

part de Marcelo Ebrard, ex-ministre des

Affaires étrangères. Le challenger de

Sheinbaum, arrivé en seconde position,

n’était pas présent lors de la divulgation

des résultats et menace de claquer la porte du parti. Le Mouvement de régénération nationale (Morena), fondé par l’actuel président, Lopez Obrador, en 2011,

essuie son premier esclandre interne.

Dimanche soir, cependant, rien ne

devait gâcher la fête. Claudia Sheinbaum

se présente comme l’héritière de la

« quatrième transformation », marque

de fabrique d’Amlo. Lors de son investiture ce mardi 6 septembre, elle a rappelé

les changements insufflés par le président

et sa loyauté envers lui : « Nous vivons

dans un pays avec moins de pauvreté, avec

moins d’inégalités, où 30 millions de

familles reçoivent une aide du gouvernement. » Reste maintenant à incarner un

nouveau projet et un parti sans son maître. L’enjeu pour la chef de file est de se

détacher de « l’obradorisme », héritage

du président de gauche au pouvoir depuis

2018, pour ne pas se mettre à dos les

déçus de ce mandat.

Un duel

de femmes pour

la présidence

du Mexique

Claudia Sheinbaum, « dauphine »

du président Lopez Obrador et gouverneur

de Mexico, affrontera Xochitl Galvez,

chef de file de la droite, le 2 juin 2024.

“Pas de voleurs,

ni de flemmards,

ni d’imbéciles

La règle d’or de Xoch

itl Galvez,

tête d’affiche de la coa­lition d’opposition

Frente amplio por Mexico

pour l’élection présidentielle

À gauche, Xochitl Galvez

lors de l’annonce de sa candidature,

à Mexico, le 3 septembre. À droite,

Claudia Sheinbaum a officialisé

la sienne mercredi, elle aussi lors

d’un rassemblement dans la capitale.

HY M/US ; CUDI CUZ/FP

P:13

le figaro vendredi 8 septembre 2023

C

Politique 13

diffusion lente. En 2000, le passage du

septennat au quinquennat visait à réduire

les risques de cohabitation et à éviter des

mandats trop longs.

Dix-sept ans et trois quinquennats plus

tard (Chirac, Sarkozy, Hollande) le débat

sur la durée du mandat présidentiel

reprenait. « Pendant ces cinq ans, il y a une

année qui sert d’expérience, expliquait

François Hollande en 2019. On voit aussi

que la dernière année est très marquée par

l’élection présidentielle. » Trois ans pour

agir donc. Et encore, sans compter les

perturbations induites par d’éventuels

scrutins intermédiaires. D’où l’émergence ces dernières années du débat à bas

bruit sur un mandat de six ans.

Autre réforme constitutionnelle

critiquée, celle de Nicolas Sarkozy en

2008 visant à empêcher un président de

réaliser plus de deux mandats successifs.

« Une funeste connerie », selon des propos

d’Emmanuel Macron rapportés par des

participants à sa rencontre avec les chefs

de parti d’opposition, le 30 août. L’élection présidentielle de 2022 l’a montré : à

peine réélu pour un second mandat, le

chef de l’État a immédiatement vu s’enclencher le compte à rebours vers son

départ. Avec pour effet de le condamner à

une dévitalisation progressive.

Instauration du quinquennat

« L’argument selon lequel on n’a plus de

pouvoir parce qu’on ne peut pas se représenter, quel argument curieux…, lui a

répondu Nicolas Sarkozy, mercredi, sur

France 5. Dans ce cas-là, il y a toujours un

dernier mandat. Dans ce cas-là, vous

mettez le président à vie ! » C’est l’autre

caractéristique des réformes constitutionnelles. Avant comme après, elles

provoquent toujours d’intenses débats.

Y compris dans le camp présidentiel,

où chacun avance sa proposition. Préoccupé par les bas salaires, le ministre de

l’Intérieur, Gérald Darmanin, a appelé le

28 août à « plus de référendums dans le

domaine économique, et peut-être moins

sur des questions institutionnelles », en

bureau exécutif de Renaissance. Le surlendemain, devant Emmanuel Macron et

les chefs de partis, c’est Édouard Philippe

qui a regretté l’instauration du

quinquennat « pour faire moderne » et sa

limitation à deux mandats successifs

« pour faire américain ».

Des observations sans lendemain ?

Pendant ses campagnes présidentielles,

Emmanuel Macron avait multiplié les

pistes. Jusqu’à envisager en 2017 l’audition du chef de l’État chaque année par

un jury de citoyens, ou le passage des ministres devant le Parlement avant leur

nomination afin de s’assurer qu’ils ont le

« minimum de connaissances requis ».

Deux idées jamais suivies d’effets. ■

Emmanuel Macron rouvre

son impossible chantier démocratique

Tenant d’un maigre bilan sur le sujet, le président se dit prêt à élargir les référendums à l’immigration.

Emmanuel Macron (ici le 9 septembre, à Orange), contraint à « mener un travail en direct » avec les oppositions,

entend « construire la proposition la plus ambitieuse possible » en matière institutionnelle. POOL/via REUTERS

L’association Action droits des musulmans avait

saisi la plus haute juridiction administrative en

référé pour contester la décision de Gabriel Attal.

Paule Gonzalès

[email protected]

JUSTICE Comme une lettre à la poste.

Jeudi soir, le Conseil d’État, saisi d’un

référé-liberté sur la légalité de l’interdiction de l’abaya à l’école par l’association Action droits des musulmans

(ADM), a validé la décision de Gabriel

Attal, le ministre de l’Éducation nationale prise le 27 août dernier.

« En l’état de l’instruction, le juge estime que l’interdiction du port de ces vêtements ne porte pas une atteinte grave

et manifestement illégale à une liberté

fondamentale », considèrent, lapidaires, les juges du Palais Royal. Ni « au

droit au respect de la vie privée, à la liberté de culte, au droit à l’éducation et

au respect de l’intérêt supérieur de l’enfant ou au principe de non-discrimination ». Autant de principes soulevés par

l’ADM. Le jugement de la haute juridiction administrative ne dépasse pas

sept pages.

Cette robe couvrant le corps et les

bras est bien une tenue « manifestant

ostensiblement en milieu scolaire une

appartenance religieuse », comme l’affirmaient, mardi dernier, les représentants de l’Éducation nationale. Le juge

des référés du Conseil d’État leur a

donné raison en relevant que « le port

de l’abaya et du qamis au sein des établissements scolaires, qui a donné lieu à

un nombre de signalements en forte

augmentation au cours de l’année scolaire 2022-2023, s’inscrit dans une logique d’affirmation religieuse, ainsi que

cela ressort notamment des propos tenus

au cours des dialogues engagés avec les

élèves. Or la loi interdit, dans l’enceinte

des établissements scolaires publics, le

port par les élèves de signes ou tenues

manifestant de façon ostensible, soit par

eux-mêmes, soit en raison du comportement de l’élève, une appartenance à une

religion ».

Le Conseil d’État se contente à cette

occasion de rappeler les termes de l’article 1er de la loi du 15 mars 2004 et

donc de l’article L141-5-1 du Code de

l’éducation nationale : seuls sont autorisés « les signes religieux discrets ».

Dès lors, estime-t-il, « il n’apparaît pas

qu’en estimant que le port de ce type de

vêtements qui ne peuvent être regardés

comme étant discrets, constitue une manifestation ostensible de l’appartenance

religieuse des élèves concernés (....) le

ministre de l’Éducation nationale aurait

porté une atteinte grave » aux libertés

soulevées par le requérant.

Par cette décision, le Conseil d’État a

ainsi évité de prendre position sur la

nature de l’habit qu’est l’abaya et qui a

notamment suscité l’intervention du

Conseil Français du culte musulman

pour en faire un vêtement innocemment traditionnel.

Sans doute que le Conseil d’État

aurait pu être amené à aborder ce point

piégeux si la requête avait porté sur la

liberté de culte. C’est donc incidemment que les juges de la Cour suprême

administrative acceptent le raisonnement de l’Éducation nationale consistant à faire de l’abaya un signe religieux

par nature. Mais c’est aussi une façon

de rappeler qu’il appartient bien à l’administration d’interpréter la loi. ■

oris Boichot £@lboichot

et François-Xavier Bourmaud

£@fxbourmaud

Inon Retour à la case départ

pour Emmanuel Macron. Il aura fallu

douze heures de réunion à huis clos avec

les chefs de partis, mercredi 30 août, pour

que le chef de l’État se décide à rouvrir le

chantier démocratique. Cinq ans après

son interruption à l’été 2018, dans un

Parlement paralysé par l’affaire Benalla.

Durée du mandat présidentiel, proportionnelle aux législatives, plus forte

décentralisation… Le fondateur d’En

marche !, qui promettait dès 2016 de

« répondre au déficit d’adhésion démocratique, de responsabilité et d’efficacité

politique », revient à la même « nécessité » sept ans plus tard. « L’action

publique » doit être « plus claire, plus lisible, plus efficace pour nos compatriotes »,

écrit-il dans la lettre de compte rendu

envoyée aux responsables des formations

politiques dans la nuit de mercredi à

jeudi, une semaine après leur rencontre à

Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Luimême imagine déjà un nouveau sommet

avec eux « à l’automne ».

Contraint à « mener un travail en

direct » avec les oppositions, le chef de

l’État entend « construire la proposition la

plus ambitieuse possible » en matière

institutionnelle. Tout en remettant sur la

table d’anciennes mesures, sous la pression des Républicains et du Rassemblement national, comme l’élargissement du

référendum aux questions de société

- dont l’immigration. Emmanuel Macron

s’engage à « faire une proposition sur ce

sujet dans les semaines qui viennent »,

mais la mesure existe déjà : elle figurait

dans la deuxième version de sa réforme

« pour un renouveau de la vie démocratique ». Il s’agissait alors d’autoriser à l’article 11 de la Constitution les consultations

sur les « questions de société » et sur

« l’organisation des pouvoirs publics territoriaux ». Présentée en Conseil des ministres à l’été 2019, cette copie post-« gilets

jaunes » n’a jamais été mise à l’ordre du

jour du Parlement. Les récentes réformes

de la Constitution incitent d’autant plus

l’exécutif à la prudence que leurs effets se

sont fait ressentir plusieurs années après

leur adoption, parfois comme un poison à

Le Conseil d’État

valide l’interdiction

de l’abaya à l’école

P:14

vendredi 8 septembre 2023 le figaro C

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Paris Anne Hidalgo est en robe rouge,

rouge comme la passion. Bronzée,

regard rieur et main tendue, elle pose

sur le Pont des Arts tout juste rénové,

doté d’un beau plancher de bois clair et

surtout, délesté de ces milliers de cadenas que les touristes accrochent, vains

rêveurs d’un amour scellé pour toujours. La maire PS de Paris semble vouloir entraîner ses administrés dans la

danse. Mais en cette période de rentrée

agitée, pas certain que tous veuillent la

suivre. Les animateurs du hashtag

«Saccage Paris» sur les réseaux sociaux

conservent une détestation nourrie

pour la maire, sa politique, et sa

gouvernance.

Car la tension actuelle rappelle la période 2017-2018, lors de son premier

mandat - et le départ houleux du premier adjoint, Bruno Julliard. Anne

Hidalgo croule sous les critiques et les

ressentiments, au-delà des seules râleries numériques parfois compulsives de

ses plus fervents adversaires. Des attaques rendues plus faciles encore par

son score catastrophique à la présidentielle de 2022 : 1,74%. À l’hiver et au

printemps derniers, lorsque les manifestations violentes contre la réforme

des retraites se sont ajoutées à l’interminable grève des éboueurs, une enquête Ifop-Fiducial pour Le Figaro et

Sud Radio révélait que seuls 19% des

Parisiens envisageaient une évolution

«plutôt en bien» de leur ville. Et 68%

des sondés jugeaient négatif le bilan en

matière de lutte contre la pollution et le

dérèglement climatique. C’était 10

points de moins sous le mandat précédent alors qu’il s’agit du coeur battant

de la politique municipale d’Anne

Hidalgo.

Mais au-delà de la saleté ou des travaux qui n’en finissent jamais, sans

parler des transports toujours englués,

c’est la hausse sévère de la taxe foncière, pour cette rentrée, qui sert de levier

à ses oppositions de droite et macroniste. Pour les propriétaires, le passage du

taux à 20,5% contre 13,5% auparavant

soulève l’indignation, alors que la dette

de la Ville s’élève à 7,7 milliards d’euros

(2022). L’État et la collectivité se renvoient la balle des responsabilités dans

un jeu compliqué à démêler pour le

grand public (lire ci-contre) et les appareils en font leur miel en vue des

municipales à venir au printemps 2026.

Car après les Jeux Olympiques de Paris

2024 qui seront lancés dans à peine plus

de dix mois, et qui constitueront le

point d’orgue du mandat, l’échéance

électorale va vite arriver.

Les sénatoriales du 24 septembre

donnent déjà une idée des forces et

tensions en présence, au moins à gauche. Tant bien que mal, l’union s’est

faite au forceps, et sans les Insoumis.

Car contrairement à l’Assemblée, où

s’illustre la Nupes, les mélenchonistes

restent au rang des opposants dans la

capitale. Pas de quoi perturber le reste

de la gauche parisienne qui, mardi dernier, se congratulait dans le ventre de

la péniche Marcounet, lieu de prédilection de la municipalité. Rémi Féraud, la

tête de liste socialiste, vante ainsi «une

union très large face à une droite déchirée qui va se livrer un combat sans merci ». Il faut dire que la droite part en

trois listes : celle officielle des Républicains avec Catherine Dumas, celle dissidente d’Agnès Evren et celle, à michemin de la macronie, guidée par

l’inépuisable sortant, Pierre Charon.

Interrogés pour savoir si l’union de la

gauche aux sénatoriales pouvait être

considérée comme une préfiguration

À mi-mandat,

Anne Hidalgo

critiquée

de toutes parts

La maire PS de la capitale, qui n’exclut pas

de briguer un nouveau mandat, essuie les

tirs nourris de ses oppositions, et fait face

aux ambitions de ses alliés de gauche.

PROPOS RECUEILLIS PAR

Claire Conruyt £@ClaireConruyt

ET Emmanuel Galiero £@EGaliero

Rachida Dati est maire LR du 7e arrondissement.

LE FIGARO. - Vous dénoncez la hausse

de la taxe foncière. Anne Hidalgo

avait-elle un autre choix ?

Rachida DATI. - Cette augmentation de

la taxe foncière ne se justifie que pour

éviter un déficit, interdit par la loi. Elle

n’a de rapport ni avec l’inflation, ni

avec la suppression de la taxe d’habitation. Nous avons révélé des subterfuges

utilisés par la maire de Paris pour cacher le déséquilibre du budget et une

grande partie de la dette, qui s’élève à

10 milliards d’euros. Ces révélations

auraient dû la conduire à remettre en

cause sa gestion, notamment en réduisant ses dépenses. Elle a fait tout le

contraire, en faisant payer les Parisiens,

et aujourd’hui elle se défausse sur

l’État.

Mais la droite n’avait-elle pas

mis en garde le pouvoir face

aux conséquences financières de la

suppression de la taxe d’habitation ?

En 2022, la Chambre régionale des

comptes alertait : « Sauf à augmenter les

taux d’imposition, la réalisation d’efforts

de gestion substantiels est indispensable. » Voilà, tout est dit. Cette hausse, la

plus élevée de France, est liée à la mauvaise gestion des finances de Paris. Le

problème de fond : où va l’argent ? Ces

dépenses ont-elles amélioré la vie des

Parisiens ? Non !

Pourquoi réclamez-vous un audit

indépendant sur les politiques

publiques conduites à Paris ?

Cet audit apporterait de la clarté sur les

finances et l’utilisation des impôts des

parisiens. La volonté des Parisiens c’est

la transparence, la politique de la

mairie c’est l’opacité.

Comment analysez-vous la bataille

entre Anne Hidalgo et l’État ?

Elle vise à cacher le fait que la majorité

municipale est composée d’un attelage

hétéroclite allant des Verts aux communistes, dont les visions et les projets

de société sont contradictoires. La seule

politique d’Anne Hidalgo est de satisfaire ses élus plutôt que d’améliorer la

vie des Parisiens. Prise en otage, elle n’a

pas d’autre choix que de mettre en

cause l’État pour cacher ses échecs.

Quelles sont vos propositions

pour renforcer la sécurité

des Parisiens ?

Nous avons un programme précis :

l’augmentation des caméras de vidéo

protection, la formation et l’équipement d’une police municipale digne de

ce nom, la présence d’agents sur l’espace public, le développement de la sécurité privée. Paris est soumis à un risque sécuritaire et terroriste élevé, il faut

agir en conséquence. Comme maire du

7e, toutes mes propositions pour sécuriser le Champ-de-Mars sont systémati« La volonté des Parisiens c’est la transparence, la politique de la mairie

c’est l’opacité », souligne Rachida Dati.

François BCH/e Figaro

des municipales à venir, chacun des

partis en présence - socialistes, écologistes ou communistes - se sont récriés. « À chaque élection sa stratégie »,

a prévenu Anne Souyris, adjointe écologiste à la Santé, en 8e place sur la liste. Une position charnière, alors que la

gauche parisienne n’occupe actuellement que 7 sièges au Sénat. Moins

confortable, en revanche, que Yannick

Jadot, qui figure en cinquième position

et est assuré d’être élu. Cet ancien candidat d’EELV à la présidentielle de 2022

(4,6%) fait partie des potentiels prétendants à l’Hôtel de Ville en 2026. La

piste d’un écolo pragmatique en face

d’Anne Hidalgo, qui s’interroge encore

sur un possible troisième mandat, a-telle des chances d’aboutir ? L’intéressé, eurodéputé sortant, esquive la

question. « Je souhaite participer pleinement à la politique nationale, à

l’émergence d’une alternative crédible

de la gauche et de l’écologie face au RN

en 2027», récite Yannick Jadot dans

une belle tirade de langue de bois verte.

Un élu de la social-démocratie parisienne s’interroge sur ses motivations.

«Ce n’est pas sa question aujourd’hui,

mais cela peut vite le devenir, à moins

qu’il ne penche plutôt vers les régionales

de 2028 car les marges d’actions en Îlede-France, en faveur de la transition

écologique, sont aussi puissantes».

Beaucoup en effet à gauche, ont déjà les

yeux rivés sur la succession à l’actuelle

présidente LR de la région, Valérie

Pécresse.

Côté communiste, si on confirme que

les sénatoriales ne disent rien des municipales, la tendance reste à l’unité au

premier tour en 2026. «Nous devrons

former une grosse liste d’union face à la

macronie et à la droite pour écraser le

match au premier tour dans des arrondissements clés», avance un parlementaire du PCF, conscient de la soif d’alternance des oppositions. Pour l’heure,

le travail entre Anne Hidalgo et les

communistes reste assez productif.

Notamment avec Ian Brossat, actuel

adjoint PCF au Logement, qui est sur le

départ : ce proche du secrétaire national Fabien Roussel s’apprête à quitter

l’Hôtel de Ville pour rejoindre le Sénat.

Son successeur au logement pourrait

être Jacques Baudrier, figure historique

du PCF à Paris et actuel adjoint en

charge de la construction publique.

Par ailleurs, le collaborateur historique de Ian Brossat, Anthony Leroi,

s’apprête à diriger la communication

de la Ville de Paris après le départ cet

été, de Cécile Fontaine. Une information de La Lettre A, confirmée au Figaro. Interrogé sur l’état d’esprit actuel

d’Anne Hidalgo, placée sous la mitraille, Ian Brossat se met à rire. « Nous

sommes comme une poêle Tefal, dit-il,

Rachida Dati : « La hausse de la taxe foncière, la est liée à la mauvaise gestion des finances de la “Nous sommes

comme une poêle Tefal,

rien n’accroche et

nous résistons à tout

ian brossat, djngmn”

P:15

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Politique 15

Julie Ruiz peez £@julieruizperez

CRITIQUÉE pour sa spectaculaire

augmentation de la taxe foncière (plus de

50 % cette année), la maire de Paris,

Anne Hidalgo, justifie cette hausse en

renvoyant la faute sur l’État coupable,

selon elle, d’avoir « supprimé des

dotations en nombre, étouffé, étranglé les

collectivités locales qui font vivre des

services publics de proximité et de nécessité », a-t-elle affirmé sur le plateau de

LCI, mercredi.

Pour Paris, le cabinet de la maire affirme notamment qu’en huit ans, la valeur

de la dotation globale de fonctionnement

(DGF) - principale dotation de l’État aux

collectivités- versée à la mairie est passée

de 930 millions à zéro depuis l’année

dernière. Ainsi, selon le raisonnement

d’Anne Hidalgo, la forte augmentation

de la taxe foncière à Paris serait aussi une

réponse pour pallier le manque de

soutien financier de l’État.

Fin août, le cabinet de la maire a décidé

d’attaquer l’arrêt d’État qui fixe cette

dotation à zéro en présentant « un

recours déposé devant le tribunal administratif ». Selon l’équipe d’Anne Hidalgo,

celui-ci ne respecterait pas le principe

constitutionnel de « liberté d’administration » des collectivités. « Anne Hidalgo

sous-entend qu’en n’accordant plus de

DGF à Paris, l’État prive Paris d’une partie

de ses recettes et donc de ses moyens

d’action », expliquent avec un bel unanimisme Xavier Cabannes, professeur de

droit public à l’université Paris Cité, et

Aurélien Baudu, professeur à l’université

de Lille.

Pourtant, note un peu goguenard,

Jean-René Cazeneuve, rapporteur

général du budget à l’Assemblée et

ancien président de la délégation aux

collectivités territoriales, « Mme Hidalgo

oublie de préciser que cette baisse de dotations est le résultat d’une décision prise…

sous François Hollande ». Pour redresser,

les finances publiques le gouvernement

socialiste avait en effet mis à la diète les

collectivités territoriales. Parmi les décisions prises pendant le quinquennat

Hollande figurent « une baisse générale

des dotations pour les communes et un

changement de la péréquation visant à

renforcer la solidarité entre les communes

les plus “riches”, dont les dotations sont

réorientées vers des communes rurales, ou

celles ayant des quartiers prioritaires de la

ville », décrit le député de la majorité.

« La mauvaise foi a des limites »

Paris coche évidemment toutes les cases

d’une commune « riche » selon les

critères de la péréquation qui sont basés

sur le potentiel financier de la commune.

Et, la Ville Lumière jouit effectivement

d’un potentiel financier colossal : ses

recettes hors dotations de l’État sont bien

supérieures à celles d’une commune

moyenne. En 2022, Paris - qui est aussi

un département - a, par exemple, perçu

plus de 1,6 milliard d’euros de droits de

mutations (taxes sur les transactions

immobilières). Pour ce qui est des

impôts, les bases fiscales parisiennes

- qui servent à calculer le montant des

impôts locaux -, sont les plus élevées de

France, 7 fois supérieures à celles de

Marseille, la deuxième ville du classement. Bref, même avant que celle-ci ne

disparaisse, « la DGF n’était qu’une petite

partie des recettes de Paris », résume

Jean-René Cazeneuve.

« La mauvaise foi a des limites, tempête

le ministre de la Transition écologique,

Christophe Béchu, qu’une élue socialiste

vienne expliquer qu’elle est obligée d’augmenter les impôts à cause des dotations,

c’est une escroquerie intellectuelle !». De

son côté, le rapporteur général du budget

voit dans les déclarations d’Anne Hidalgo

une stratégie politique visant à « détourner l’attention des Parisiens à un moment

où les impôts augmentent, où l’endettement de la ville est extrêmement fort ».

La dette parisienne s’établissait à

7,7 milliards d’euros, en 2022. Lorsque

Anne Hidalgo a pris la tête de la ville en

2014, elle était de l’ordre de 4,2 milliards

d’euros. « On ne peut pas parler de la dette

sans expliquer à quoi elle a servi. Nous

avons fait le choix d’investir massivement

dans nos services publics et dans la transition écologique », justifie Paul Simondon,

adjoint chargé des finances à la mairie de

Paris. « Si nous avons augmenté la taxe

foncière, c’est pour pouvoir maintenir

notre niveau de services pour les Parisiens

et pour disposer de ressources propres afin

de continuer ces investissements indispensables malgré le désengagement de

l’État ». ■

Tout comprendre au bras de fer financier

entre la mairie de Paris et l’État

rrErquement refusées. Résultat : nous avons

encore assisté cet été à l’horreur des

viols, à des agressions sexuelles quasi

quotidiennes et à la non-protection des

femmes, qui sont les premières victimes de cette insécurité.

Ces problèmes affectent-ils

la sociologie parisienne ?

La stratégie de la majorité municipale

est de faire fuir ceux qui pourraient

contester sa politique, en particulier les

familles et les classes moyennes, qui aspirent à une vie apaisée. À Paris, il n’y a

ni stratégie foncière ni politique de

peuplement équilibré au sein du parc

social. La réalité est que si vous n’appartenez pas aux publics les plus prioritaires, Paris ne vous offre aucune possibilité de vous loger. Le bilan de cette

politique ? Ce sont plus de 30 000 enfants et autant de familles qui ont quitté

nos écoles et Paris sous les mandatures

de Mme Hidalgo.

Que pensez-vous de l’offensive

du nouveau ministre de l’Éducation,

Gabriel Attal, sur l’interdiction

de l’abaya dans les écoles ?

Le gouvernement rappelle un principe

simple qui est celui de l’application de

la loi de 2004. Il énonce des règles claires au sein de l’Éducation nationale.

Cela évite toute interprétation au sein

d’un même établissement et rappelle

aux parents et aux élèves que la loi s’applique à tous. Il est indéniable que

l’abaya est une instrumentalisation

pour faire obstacle à toute intégration.

Comment observez-vous la droite

en cette rentrée politique ?

La droite a un avenir. Ses valeurs et ses

principes correspondent aux aspirations des Français, tous les sondages le

confirment : la liberté en matière économique, la responsabilité, la sécurité,

l’autorité, l’égalité pour tous… Maintenant, c’est aux Républicains de les porter en projet et de les incarner.

Marine Le Pen n’est-elle pas

celle qui récolte le plus de fruits

sur ces sujets ?

On dit que le silence de Marine Le Pen

l’avantage. Je ne connais pas un

Français qui, le jour de l’élection

présidentielle, vote pour quelqu’un qui

est silencieux.

Alors le silence n’avantage pas non plus

Laurent Wauquiez ?

Laurent Wauquiez agit au quotidien

comme président de région. Ma

conception de l’engagement est un engagement de tous les instants. La

meilleure politique est d’être aux côtés

et à l’écoute des Français, d’anticiper

les évolutions de la société et de faire

des propositions. Je ne crois pas à la

théorie du silence ou de l’absence. En

2027, les Français voudront une rupture

avec le « en même temps ». Et donc pour

la droite, tout est possible.

La situation des sénatoriales à Paris

se complique avec le risque

de trois listes dissidentes.

Cela vous inquiète-t-il ?

Cette élection se transforme souvent en

querelle d’ego. Mon objectif, c’est

d’enrayer le déclin de la capitale. Nous

avons initié une dynamique qui ne

s’arrêtera pas aux sénatoriales. ■

Anne Hidalgo, le 28 août,

lors d’une conférence de presse,

à un an des Jeux paralympiques

de Paris 2024. CHPH P/P/MXPPP

rien n’accroche et nous résistons à tout.

On avait prédit l’explosion de notre majorité pour le budget, pour le plan local

d’urbanisme (PLU), aux sénatoriales et

là pour les JO mais à chaque fois, nous

franchissons les haies... » Un discours

critiqué à droite, qui ne cache pas son

agacement face à sa politique volontariste de développement du parc

social.« Leur unité c’est pour se partager les postes, dénonce Marie-Claire

Carrère-Gée, conseillère de Paris et

troisième de la liste LR au Sénat. Quant

à leur politique de logement, c’est pour

arriver à 40% de logements sociaux.

Avec une stratégie simple : si les Parisiens ne nous aiment pas, changeons de

Parisiens ! »

Anne Hidalgo, qui se nourrit volontiers de l’adversité, jusqu’au déni, va

inaugurer jeudi prochain 254 logements sociaux dans le VIIe arrondissement, au sein d’anciens bâtiments de

La Défense. Ian Brossat, bien entendu,

sera présent, comme d’ailleurs le premier adjoint PS Emmanuel Grégoire,

qui fait figure d’homme de dialogue à

côté de la maire tranchante. « Elle est

un peu autoritaire, c’est vrai, mais on dit

toujours ça des femmes qui arrivent au

pouvoir », module Laurent Joffrin. Figure de la social-démocratie, il a soutenu Anne Hidalgo à la présidentielle et

vient de lancer une lettre d’information engagée, Le Journal. La maire et

lui, appartiennent à un même courant

socialiste opposé à la mainmise des Insoumis sur la Nupes qui, mardi soir, a

emporté la mise au Bureau national du

PS avec le vote d’une liste autonome

aux Européennes de 2024. Pourtant là

encore, Anne Hidalgo doit faire face à

la fracture, dans son propre camp. Une

fracture silencieuse aujourd’hui, qui

pourra laisser des traces à l’avenir alors

que les proches de l’actuel secrétaire

national du PS, Olivier Faure, Maxime

des Gayets et Fatima Yadani - trésorière du PS - après des mois de batailles et

de pressions, ont été relégués à des places, la 9e et la 10e, très probablement

inéligibles aux sénatoriales. ■

plus élevée de France,

capitale »

iarossat

P:16

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

16 Société

l’eau Loire-Bretagne dédiée mardi

aux collectivités, l’élue a rappelé son

« soutien permanent et sans faille (…)

à la création des retenues de substitution » et sa « totale opposition à la

mise en place d’un moratoire ». Irrigants et antibassines – qui promettent déjà de futures actions – se rejoignent désormais sur un point :

personne, à ces conditions et dans un

climat aussi aride que délétère, ne

sait comment sortir de l’impasse. ■

ment tout moratoire sur la construction des ouvrages et confirme que les

chantiers de deux nouvelles réserves

pourraient « potentiellement » débuter dans les prochaines semaines.

« Un moratoire signifie pour les agriculteurs un arrêt sans reprise », estime ainsi Thierry Boudaud, qui peut

se prévaloir du soutien de Coralie

Denoues, la présidente du département des Deux-Sèvres. À l’issue

d’une rencontre avec l’Agence de

l’absence totale de marge de

manœuvre de l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.

« Les chantiers sont légaux, financés et programmés », rappelle de son

côté Thierry Boudaud, le président

de la Coop de l’eau, qui réfute toute

volonté de provocation : « Il existe un

calendrier technique, je n’allais pas me

caler sur celui des opposants. Les six

premières réserves devraient déjà être

achevées. » Lui refuse catégoriquevres avec la rencontre des associations locales. La plupart ont claqué la

porte. Aux autres a été formulée cette proposition : « Achever les bassines

de Sainte-Soline et de Priaires, et mettre en pause les autres ouvrages jusqu’à la fin de l’année pour discuter »,

résume Joëlle Lallemand, la présidente de l’APIEE, une association de

défense de l’environnement deuxsévrienne. Les opposants fustigent

ainsi « un coup d’épée dans l’eau » et

De violents heurts

avaient opposé

manifestants

antibassines

et gendarmes mobiles,

à Sainte-Soline,

le 25 mars 2023.

YOHAN BONNET/fp

À Niort, le procès des antibassines

débute dans un climat de tension

Plusieurs milliers de manifestants sont attendus, ce vendredi, dans les Deux-Sèvres, en soutien aux huit prévenus.

Belfort : enquête contre

deux militaires affichant

des sympathies néonazies

Deux jeunes militaires du

35e régiment d’infanterie de

Belfort font l’objet d’une enquête

pour avoir affiché ouvertement

en ligne une idéologie néonazie.

Ils encourent un blâme

ministériel, voire une rupture

du contrat de travail.

Inceste : des personnalités

réclament le maintien

de la Ciivise

Une soixantaine de

personnalités exhortent

Emmanuel Macron à

« maintenir » la commission

indépendante sur l’inceste

et les violences sexuelles faites

aux enfants (Ciivise) dans

une tribune publiée jeudi

dans Le Monde. Cette instance

doit rendre son rapport final

le 20 novembre et est censée

disparaître le 31 décembre 2023.

en bref

les personnes ont été indemnisées

ou encore si les ordonnances

d’expulsion ont bien été notifiées »,

insiste-t-on à la DLPAJ. Si les

préfets savent beaucoup de

choses, ils peuvent ignorer les

contentieux portant sur la préservation du héron cendré ou encore

sur celui de la période de fraie du

sanglier… qui peut se terminer

devant la Cour de justice de

l’Union européenne.

La moindre marche ratée se

paie cash. Ainsi, le 4 juillet

dernier, le département de la

Dordogne a été condamné par la

cour administrative d’appel de

Bordeaux à payer 489 000 euros à

plusieurs associations, faute

d’avoir commencé à démolir le

très controversé chantier du

contournement du bourg de

Beynac-et-Cazenac. Évoquant un

« effet maternité » - comme ces

praticiens rodés à force de

multiplier les accouchements -,

les juristes de Beauvau comptent

bien capitaliser sur leur expérience acquise lors d’épisodes précédents pour offrir une vraie

boussole aux hauts fonctionnaires

confrontés aux problèmes des

ZAD.

Selon nos informations, la

DLPAJ devrait écrire aux préfets

pour proposer, à la carte, des diagnostics, des stratégies de riposte

et un accompagnement jusqu’à la

fin des procédures. À chaque

reprise, l’idée serait de désamorcer des crises avant que les

insurgés « professionnels » se

nichent à l’intérieur d’une cause,

quelle qu’elle soit, dans l’attente

du fameux « grand soir ».

Menacés de paralysie, de grands

projets risquent de se retrouver en

jachère, quitte à ralentir le dynamisme de l’économie nationale. ■

Mission ? Offrir aux préfets une

boîte à outils juridique ad hoc leur

permettant de prévenir une installation sauvage et la création

d’une ZAD avant qu’il ne soit trop

tard. Dans les cas les plus problématiques, elle dira comment

démanteler un site illégalement

occupé afin de restituer le terrain

aux travaux qui y sont prévus.

« Les préfets sont parfois démunis

lorsque, pour de grands travaux, ils

ont fait une déclaration d’utilité

publique et que, soudain, tout s’arrête parce que les entreprises de

BTP se font caillasser lorsqu’elles

rentrent sur le terrain, souffle-ton place Beauvau. Or, nous sommes dans un État de droit et le

projet doit pouvoir avancer une fois

que tous les recours sont arrivés à

leur terme. Il est hors de question de

laisser, dans certains départements

ruraux notamment, le représentant

de l’État se débrouiller seul face une

matière très technique, qui nécessite beaucoup de méthode pour respecter l’ordre dans lequel il faut

aborder le dossier, tout en respectant une jurisprudence devenue

complexe. »

« Effet maternité »

Installée au sein de la direction des

libertés publiques et des affaires

juridiques (DLPAJ), la cellule

« anti-ZAD » est composée de

cinq experts en droit administratif, en droit des référés, en

urbanisme ou encore en procédure civile d’exécution. Tous sont

à disposition des hauts fonctionnaires. « Face à des zadistes qui

font de plus en plus souvent appel à

des avocats très spécialisés, nous

devons nous organiser pour voir si

toutes les voies de droit ont été

purgées, si la procédure d’expropriation a été menée à son terme, si

Christophe Cornevin

£@ccornevin

DANS la panoplie des modes de

contestation orchestrées par les

« écoguerriers » et par l’ultragauche, les activistes prisent plus que

jamais les ZAD, les fameuses zones

à défendre, qui sont autant de casse-têtes pour les pouvoirs publics.

Derrière l’épouvantail de NotreDame-des-Landes se cache de

facto un épais maquis de projets

contestés partout sur le territoire.

Lors de son audition sur le maintien de l’ordre, le 27 juin dernier

devant la commission des lois de

l’Assemblée, Gérald Darmanin, le

ministre de l’Intérieur, a dévoilé

une carte de France minée par 42

sites de contestation. Programmes

liés à l’énergie, aux infrastructures

de transports, au stockage et à

l’enfouissement de déchets de

toute nature, centres de loisirs ou

encore commerciaux, tous les segments d’activité sont concernés.

Selon le ministre de l’Intérieur,

quatre projets, dont l’écoquartier

des Lentillères à Dijon ou encore le

programme Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires dans

les sous-sols de Bure, donnent lieu

à des « violences, à des délits et/ou

des occupations illégales ». Dixsept autres projets, comme celui

de l’extension de l’aéroport de

Lille, de la retenue d’eau à La Clusaz ou encore du chantier de

l’autoroute A69 entre Toulouse et

Castres, sont scrutés à la loupe

pour éviter que la situation ne vire

au bourbier.

Pour déminer les dossiers les

plus épineux, le ministère de

l’Intérieur vient de lancer, le

1er septembre, sans grande publicité, une cellule « anti-ZAD ».

Face à la multiplication des projets contestés,

Beauvau lance sa cellule « anti-ZAD » Paris : la gare routière

de Bercy fermée après

les Jeux olympiques

La gare routière de Paris-Bercy

sera fermée «après les Jeux

olympiques», a annoncé jeudi le

premier adjoint à la mairie de

Paris, Emmanuel Grégoire,

arguant de la « massification »

du trafic d’autocars, des

« incivilités » et de la mauvaise

gestion des opérateurs. Cette

fermeture interviendra au terme

de « l’échéance de délégation de

service public qui nous lie à

l’opérateur », a précisé l’élu. La

mairie prévoit ensuite de

« renouveler la gestion et il sera

interdit au futur gestionnaire d’y

mettre des cars de tourisme

longue distance ».

zoom

« Face

à des zadistes

qui font

de plus en plus

souvent appel

à des avocats

très

spécialisés,

nous devons

nous organiser

pour voir

si la procédure

d’expropriation

a été menée

à son terme,

si les

personnes

ont été

indemnisées

ou encore

si les

ordonnances

d’expulsion

ont bien été

notifiées»

direction des

libertés publiques

et des affaires

juridiques (dlpaj)

fabien paillot £@fabienpaillot

uste « À jouer avec l’eau, on

joue avec le feu », prévient Julien

Le Guet, l’un des porte-parole du

collectif Bassines Non Merci (BNM).

Ce vendredi, cette figure du mouvement opposé aux réserves de substitution destinées à l’irrigation intensive des cultures est appelée à

comparaître devant le tribunal correctionnel de Niort (Deux-Sèvres)

aux côtés de huit autres prévenus.

Parmi eux : Basile Dutertre et Benoît

Feuillu, porte-parole des Soulèvements de la Terre, Nicolas Girod, exporte-parole de la Confédération

paysanne, ou encore David Bodin,

secrétaire départemental de la CGT

en Deux-Sèvres. Ces syndicalistes et

militants antibassines devront répondre de diverses infractions commises à des dates différentes, notamment lors des manifestations à

Sainte-Soline, en octobre 2022 et

mars dernier. Parmi les faits reprochés : des vols et dégradations, l’organisation d’une manifestation interdite, le refus de se soumettre à des

prélèvements biologiques ou encore

la participation à un groupement

formé en vue de la préparation de

violences. Tous dénoncent un « procès politique » visant les principaux

visages du mouvement. « Seuls des

individus sont poursuivis, mais aucune

organisation. C’est incompréhensible », souligne Nicolas Girod en fustigeant – comme d’autres – une atteinte aux libertés syndicales et de

manifester.

Cette audience, espèrent les militants antibassines, leur offrira néanmoins une « tribune » collective inattendue sur fond de « rentrée sociale ».

Niort, transformée en « poumon de la

contestation », s’attend en effet à une

mobilisation d’ampleur amalgamant

plusieurs milliers de manifestants. Y

sont notamment annoncées Sophie

Binet, la secrétaire générale de la

CGT, Marine Tondelier, secrétaire

nationale d’EELV, et Mathilde Panot,

députée et présidente du groupe LFI

à l’Assemblée nationale. Dans ce

contexte, la préfecture des Deux-Sèvres a choisi d’interdire toute manifestation aux abords du tribunal et de

boucler l’intégralité du centre-ville

niortais, à l’exception d’une place

réservée aux manifestants antibassines. « Une offensive contre les défenseurs de l’eau », estiment leurs représentants, qui ont contesté ce jeudi

cette décision devant le tribunal administratif de Poitiers, avec le renfort

du Syndicat des avocats de France et

du Syndicat de la magistrature.

Les tensions entre irrigants et antibassines n’ont, elles, jamais été

aussi vives en Deux-Sèvres et audelà. La construction d’un troisième

ouvrage – baptisé SEV2 – a débuté à

Priaires le 28 août dernier, près de

Sainte-Soline. Deux jours auparavant, des centaines d’opposants

achevaient leur « convoi de l’eau » à

Paris en réclamant, a minima, un

moratoire sur l’édification de ces

ouvrages et l’entame d’un véritable

dialogue. L’entrée en action des pelleteuses à Priaires a immédiatement

été perçue comme une « insupportable provocation de l’État et de la Coop

de l’eau », la coopérative d’agriculteurs chargée de bâtir 16 réserves de

substitution sur le bassin de la Sèvre

Niortaise.

Depuis juillet et l’adoption d’une

motion appelant à « renouer ou poursuivre le dialogue », l’Agence de l’eau

Loire-Bretagne – principal financeur

des réserves de substitution – tentait

pourtant de ramener l’ensemble des

acteurs autour de la table. Torpillée

par le chantier de Priaires, cette

« concertation » a officiellement débuté lundi 4 septembre en Deux-Sè-

“Les chantiers

sont légaux, financés

et programmés

président de la

Thierry Boudaud,

Coop de l’eau

P:17

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Science17

La France transpire tandis que la péninsule Ibérique et les Balkans ont affronté des trombes d’eau. Un blocage

de masses d’air qui prend la forme de la lettre grecque et témoigne d’une fluctuation du jet-stream.

pour savoir si ce blocage en « oméga » est

aggravé par le réchauffement climatique. Ces événements extrêmes « sont

rendus plus probables et plus intenses par

l’influence humaine», partage notamment Christophe Cassou, directeur de

recherche au CNRS. Un article publié

dans Nature Communications en 2022 indique que l’Europe devrait subir davantage de vagues de chaleur en raison de la

déformation du « jet-stream » qui crée

cette forme en oméga. Il s’agit d’« un

courant d’altitude qui se déplace généralement d’ouest en est, mais qui a parfois

des ondulations plus prononcées qualifiées

de méridiennes, car il peut se scinder en

créant une branche qui se déplace du nord

vers le sud », précise Cyrille Duchesne.

Toutefois, « tous les chercheurs de

Météo-France ne convergent pas encore à

associer l’épisode de blocage en oméga, lié

à une fluctuation du jet-stream, et le

changement climatique, ajoute Christine

Berne. Peut-être que cette position évoluera dans le futur, mais les avis restent

partagés. Cette configuration particulière

a en revanche des conséquences exacerbées par le changement climatique.» ■

(*) MétéoConsult est une société

du groupe Le Figaro.

Marc Cherki£[email protected]

MÉTÉO Tandis que la France transpire

sous des températures élevées qui devraient durer huit jours au total, une durée inédite en septembre, déjà plus de

quinze morts sont à déplorer en Espagne,

dans le nord de la Grèce, en Turquie et en

Bulgarie à cause d’inondations. Ce décompte macabre risque, hélas, de

s’alourdir : après trois disparus en mer

en Espagne, d’autres ont été enregistrés

dans l’est de la Méditerranée à cause de

la tempête Daniel. Par ailleurs, des opérations de secours de personnes emprisonnées dans leurs habitations submergées viennent de commencer dans la

région de Thessalie, au centre de la Grèce, alors que l’arrêt des pluies était attendu ce jeudi dans la soirée. Le département montagneux de Magnésie a subi

des précipitations de 600 à 800 mm en

36 heures, « ce qui représente le niveau de

deux années de pluies à Athènes », confie

Cyrille Duchesne, chef du service prévision à Météo Consult (*). Ce phénomène

« est inédit depuis 1955 », précisait mercredi à l’AFP le météorologue grec Dimitris Ziakopoulos.

« Localement, les cumuls de précipitations sont très impressionnants, confirme

Christine Berne, climatologue à MétéoFrance. De tels niveaux s’expliquent également par la topographie de la Grèce, les

montagnes contribuent à bloquer le système dépressionnaire et les nuages, qui déversent alors des trombes d’eau. Les précipitations intenses enregistrées en Grèce

peuvent être associées à des épisodes méditerranéens. Mais c’est un cran au-dessus des pires épisodes cévenols enregistrés

en France. » « Les pluies extrêmes qui ont

touché la Grèce s’expliquent également en

raison d’une situation de blocage des dépressions, peu mobiles, qui ont réagi avec

des gouttes froides en altitude qui se sont

détachées de l’air polaire », détaille l’expert de Météo Consult.

Ces pluies diluviennes sont-elles liées

au réchauffement climatique ? Dans

l’Hexagone, les épisodes cévenols ont été

documentés dès le début du XXe siècle.

Mais comme dans le reste de la Méditerranée, l’intensité de ces phénomènes

s’aggrave avec le réchauffement. Car

› › › › ›

› › › › › ›

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A

D D

S



Basses pressions

et air frais

S



Hautes pressions

et air chaud

S



Basses pressions

et air frais

Air très chaud en provenance

du

Sahara

Courant d’altitude, jet stream

Sources : ECMWF et Météo France

Infographie

PRÉCIPITATIONS CUMULÉES,

du lundi 4 au jeudi 6 septembre à minuit

Pluies torrentielles

0,1 1 2 5 10 15 20 30 40 50 100 300 mm

Les péninsules ibérique et balkanique victimes d’une situation de blocage en « oméga »

Cet « oméga » qui inonde Grèce et Espagne

plus la température de l’air augmente,

plus l’air peut se charger en humidité,

selon une vieille loi de la thermodynamique (dite de Clausius-Clapeyron). La

concentration en vapeur d’eau s’accroît

de 7 % environ par degré de réchauffement de l’air. De ce fait, les nuages embarquent davantage d’eau. Ce phénomène a été entretenu cet été par la

température à la surface de la Méditerranée, autour de 28 °C en Grèce, qui a favorisé son évaporation. Une situation comparable a été notée en Bulgarie, mais

avec la mer Noire. Ces pluies extrêmes ne

se reproduiront en revanche pas forcément dans le sud de la France à l’automne, saison habituelle des épisodes cévenols : en 2022, malgré un été très chaud,

il n’y a pas eu d’épisode méditerranéen

remarquable dans l’Hexagone. Toutefois

une tempête extrême, mal anticipée, a

balayé la Corse mi-août, aggravée par

une vague de chaleur en Méditerranée.

Les dépressions en Espagne et sur une

partie des Balkans entourent une partie

de l’Europe continentale écrasée par la

chaleur. Un «blocage dit en oméga »,

précise Cyrille Duchesne, car l’ensemble

des isobares (les lignes de pressions atmosphériques) représentées sur la carte

de l’Europe prend la forme de la lettre

oméga. En termes météorologiques, «un

anticyclone centré sur la France et qui

s’étend vers le sud de la Grande-Bretagne,

le Benelux et l’Europe de l’Est, est encadré

par deux zones dépressionnaires qui sont

peu mobiles», détaille l’expert de Météo

Consult. Actuellement, la dépression qui

se situe au-dessus du Portugal remonte

vers le nord. Et la seconde qui s’était formée au-dessus de la Grèce s’évacue

« vers le sud de la Méditerranée, en direction de la Libye ».

Sur X (anciennement Twitter), météorologues et climatologues s’affrontent

L’Europe devrait subir

davantage de vagues

de chaleur en raison

de la déformation

du « jet-stream » qui crée

cette forme en oméga

Un pompier observe

des carcasses

de voitures

à Aldea del Fresno,

près de Madrid,

le 4 septembre.

Oscar DEL POZO Ñ / FP

Une pollution à l’ozone attendue

en Île-de-France

L’ozone dans l’air que nous respirons

a dépassé le seuil d’information

en Île-de-France depuis mercredi.

Cette situation devrait durer jusqu’au

début de la semaine prochaine, indique

Airparif. Des dépassements ont

également pu être mesurés localement

en Normandie et dans les Hautsde-France jeudi. Ce gaz est très

irritant, notamment pour les bronches,

et impose de réduire les activités

physiques chez les plus fragiles.

Sa formation en grandes quantités,

liée à un cocktail d’ensoleillement, de

températures élevées et de l’émission

d’oxydes d’azote par le trafic routier

et l’industrie, est inhabituelle

en cette période de l’année. M. C.

P:18

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

C

18 Sport

Marcus Thuram,

(à gauche), célébré

par Lucas Hernandez

et Antoine Griezmann

pour son premier but

avec les Bleus. REUTERS/

Saah MyonniLa Bleus se

rapprochent

un peu plus

de l’Euro

Sans convaincre, l’équipe de France

a dominé l’Irlande (2-0) jeudi soir

et converge vers le prochain Euro.

Après une lutte au couteau, le benjamin de l’épreuve et fils de Laurent, a remporté la 2e étape de la Solitaire du Figaro Paprec.

lectif, initié par Antoine Griezmann

(79e match de suite avec la sélection,

record en cours), bien relayé par Kylian Mbappé, pour inscrire son premier but en bleu (2-0, 52e). La suite

fut plus réjouissante avec la vitesse du

capitaine (54e, 89e), la main ferme de

Maignan (52e), la puissance de frappe

de Tchouaméni (69e), ou encore les

crochets de Dembélé (71e). Pour au

final une victoire maitrisée, sans forcer et surtout sans surprise. Pas la

plus sexy non plus à l’occasion du

900e match de l’histoire de la sélection. Mais l’équipe de France, depuis

un bon bout de temps, s’avance

comme un train qui arrive à l’heure.

C’est tout ce que l’on souhaite à ses

homologues du rugby vendredi soir

contre la Nouvelle-Zélande. ■

Et puis lors d’une deuxième période beaucoup plus agréable à suivre

après un premier acte, reconnaissons-le, où les Bleus auront plus ronronné qu’autre chose avec un rythme bien trop faible, des

transmissions trop lentes et une présence offensive inadaptée face au

bloc bas des Irlandais. Même Deschamps dans son discours à la mitemps admettait un niveau de jeu

trop mollasson de ses troupes.

Alors les Bleus, bien aidés par la fatigue des hommes en vert, qui

jouaient en blanc jeudi soir, ont accéléré pour enfin s’assurer la destinée

d’un match qui leur tendait les bras.

Entré à la 26e minute après la blessure

à la cheville d’Olivier Giroud, Marcus

Thuram a profité d’un joli travail colsans Michel Platini qui a décliné l’invitation de la FFF, l’équipe de France

est restée dans la continuité de ses

dernières sorties. Solide, patiente et

consciente qu’avec ses qualités et son

potentiel offensif colossal elle parviendrait à mettre à mal la 53e nation

Fifa (entre la Côte d’Ivoire et l’Arabie

saoudite), venue à Paris pour ne pas

prendre une danse. Le public parisien venu en nombre, malgré la chaleur et l’évènement majeur attendu

au Stade de France vendredi soir, en

a eu malgré tout pour son argent.

Déjà avec l’ouverture du score

somptueuse d’Aurélien Tchouaméni

(1-0, 19e), d’une frappe lumineuse

enroulée en dehors de la surface de

réparation après un décalage du capitaine Mbappé.

à Kylian Mbappé l’a bien compris en

validant avec facilité une cinquième

victoire (2-0) en autant de rencontres dans la campagne de qualifications à l’Euro 2024. Avec neuf points

d’avance sur le deuxième (Pays-Bas,

deux matches en moins) et le troisième (la Grèce, un match de débours)

dans leur poule, on ne voit pas comment le précieux sésame pour le

championnat d’Europe en Allemagne l’été prochain pourrait échapper

aux vice-champions du monde.

Une deuxième

mi-temps maîtrisée

Sous les yeux de certains champions

d’Europe 1984 (Tigana, Rocheteau,

Giresse, Fernandez, Amoros…) présents dans les travées du Parc, mais

baptiste desprez £@Batdesprez

ENVOYÉ SPÉCIAL Au r drFootball Tout autre résultat

qu’une victoire aurait fait tache, encore un peu plus à la veille du combat

de titans attendu par tout un pays que

se livreront le XV de France et les All

Blacks en ouverture de la Coupe du

monde de rugby, mais les Bleus du

foot ont eu le mérite de ne pas rater

leur rentrée des classes jeudi soir. Et

d’être à la hauteur des attentes malgré un spectacle pas toujours abouti

dans la fournaise du Parc des Princes.

Il faut dire que l’Irlande quand il s’agit

de jouer avec les pieds, est tout l’opposé de l’ogre que peut représenter le

XV du Trèfle sur un terrain. La bande

Solitaire : première belle victoire pour Basile Bourgnon

Le choc entre les deux derniers vainqueurs pourrait se jouer sur la dimension physique.

CÉDRIC CALLIER [email protected]

tennis Le talent est une chose, la

résistance physique, une autre. Et

l’un sans l’autre, très souvent, ne

mène nulle part. Ou en tout cas certainement pas dans le dernier carré

d’un tournoi du Grand Chelem tel que

l’US Open 2023, triste publicité sur les

conséquences du réchauffement climatique sur la pratique du tennis

dans des conditions pour le moins extrêmes. Pour avoir le droit de défier le

numéro 1 mondial de sa discipline,

Carlos Alcaraz, en demi-finale, Daniil

Medvedev a ainsi dû puiser au fond de

lui-même pour venir à bout de son

compatriote Andrey Rublev en… trois

sets (6-4, 6-3, 6-4), la sécheresse du

score n’ayant d’égale que la touffeur

régnant sur New York en plein aprèsmidi.

Avec des températures dépassant

allégrement les 30 °C et un taux d’humidité supérieur à 70 %, l’Arthur

Ashe Stadium avait tout d’une étuve,

et plus grand-chose d’un simple

court de tennis. «On transpire tellement, on utilise tellement de serviettes,

que les marques rouges que j’ai sur le

visage ne sont pas de simples coups de

soleil, mais c’est lié au fait que je n’ai

tout simplement plus de peau », a commenté Daniil Medvedev après sa victoire. Non sans avoir auparavant manifesté sa colère et son inquiétude lors

du match en lâchant, de manière parfaitement audible : « Un joueur va

mourir et ils verront… »

Face au tenant du titre Carlos Alcaraz, le Russe, qui se trouve être son

prédécesseur au palmarès du tournoi

new-yorkais, peut s’attendre à un

véritable bras de fer sur le plan physique. Sans véritable solution d’y

échapper. «Il fait chaud comme ça

depuis plusieurs jours, mais on ne peut

pas suspendre le tournoi quatre jours,

car cela engendrerait trop de problèmes, admet-il, un brin résigné. Et

même si on décidait de jouer tous les

matchs de nuit, on se rend bien compte

avec le match Sinner-Zverev (qui a

duré 4 h 41 lundi, NDLR) que les deux

joueurs n’étaient pas en tellement

meilleur état qu’Andrey (Rublev) et

moi parce que les nuits à New York

peuvent être très chaudes et humides.

Donc oui, j’avoue ne pas avoir de solution là tout de suite, mais je pense qu’il

est bon d’en parler avant que quelque

chose n’arrive. »

Pour le choc face à Alcaraz, Medvedev n’aura aucune aide à attendre

de l’extérieur, même si les températures s’annoncent à la baisse sur la

Grosse Pomme (de 34-35 °C à 30-

31 °C). De même, le Russe sait à quoi

s’en tenir face à un adversaire qui l’a

surclassé déjà deux fois cette année de

manière très nette (6-3, 6-2 en finale

à Indian Wells et trois fois 6-3 en demi-finale à Wimbledon). Un Espagnol qui, depuis qu’il a remporté le

premier titre majeur de sa jeune carrière ici même l’an dernier à seulement 19 ans, affirme avoir progressé

sur tous les plans. «Je pense que je suis

plus mature. J’ai beaucoup grandi depuis l’année dernière. J’ai gagné aussi

en expérience, car, à l’époque, je disputais ma première demi-finale d’un

tournoi du Grand Chelem alors

qu’aujourd’hui, je m’apprête à vivre

ma quatrième. Je pense donc que je

gère mieux la pression qu’il y a un an,

dans ce genre de moments. Et oui, j’ai

l’impression d’être différent, à la fois

sur et en dehors du court. »

Différent au sens de plus fort, ce qui

ne devrait pas inciter Medvedev à

l’optimisme, lui dont le jeu « convient

très bien » à l’actuel numéro 1 mondial, selon l’aveu même du principal

intéressé. Et comme un ultime pied

de nez involontaire, Carlos Alcaraz

assure, lui, «se sentir à merveille» sur

ce court Arthur Ashe où il reste sur

12 victoires d’affilée, la dernière en

date face à un Alexander Zverev arrivé fourbu sur le court après son homérique bataille face à Jannik Sinner

en 8es de finale. Un sort qui pourrait

bien pendre au nez de Medvedev si le

Russe ne parvient pas à imposer son

rythme et son jeu. Mais a-t-il seulement les cartes, dans son jeu, pour

venir troubler l’implacable mécanique d’un Espagnol qui n’a pas eu à

puiser dans ses réserves pour franchir

les tours les uns après les autres, avec

aisance, là où le Russe semble arriver

en surcuisson, comme l’ont symbolisé ses deux breaks médicaux face à

Rublev ? Réponse la nuit prochaine,

alors que, dans l’autre demi-finale de

l’US Open, Novak Djokovic défiera

l’inattendu Américain Ben Shelton. ■

Demi-finales hommes, ce vendredi (à partir

de 21 heures, Eurosport) : Alcaraz (Esp)-

Medvedev (Rus), Djokovic (Ser)-Shelton (E-U)

Demi-finales femmes (nuit de jeudi à vendredi) :

Gauff (E-U) - Muchova (CZE), Keys (E-U)-

Sabalenka (Rus).

SERGE MESSAGER

ENVOYÉ SPÉCIAL À ROSCOFF

voile Un suspense intenable. Après

un sprint final qui n’avait rien d’un

sprint, tant il s’est déroulé à très faible vitesse dans la baie de Morlaix.

Basile Bourgnon (Edenred) a remporté, ce jeudi à 17 h 59’ 44”, la 2e étape de la Solitaire du Figaro Paprec

disputée entre Kinsale et Roscoff.

Après de multiples changements de

leaders et 4 jours 4 heures 19 minutes

de course, le benjamin de la course

(21 ans) s’est imposé d’un souffle

pour décrocher sa première victoire

sur la Solitaire, juste devant Corentin

Horeau (Banque Populaire), arrivé lui

à 18 h 03’ 08”. Laurent Bourgnon, le

père de Basile, avait lui remporté

l’épreuve en 1988. « C’est un marin

qui prend des risques et qui assume.

C’est bien et cela a payé sur cette étape », a commenté Armel Le Cléac’h,

triple vainqueur de la Solitaire devant le succès du jeune marin qui a

pris la tête du classement général,

avant l’ultime étape (Baie de MolaixPirac) donc le départ sera donné dimanche prochain.

Cette deuxième étape de la Solitaire 2023 entre Kinsale et la baie de

Morlaix aura tenu toutes ses promesses. Tout au long de ses 588 milles,

outre lors du passage dans les parages de l’île de Man depuis si longtemps espéré, elle a offert en permanence un scénario avec moult rebondissements. Conviant des passagers clandestins en première classe

alors qu’ils étaient auparavant à fond

de cale. Hugo Dhallenne (YC de

Saint-Lunaire), premier à South

Arklow et Chicken Rock, Alexis Loison (Groupe Reel) à la fin de la mer

d’Irlande ou Gaston Morvan (Région

Bretagne-CMB Performance), au

passage de Land’s End, ces leaders du

moment étaient ainsi obligés de ravaler leurs espérances quelques heures plus tard. De situations euphorisantes, ils passaient au plat indigeste

de la soupe à la grimace. D’autres les

laissant cois, venaient de tirer leurs

grègues. Un yoyo permanent où

l’orage dans les Cornouailles anglaises a joué un rôle crucial dans la dramaturgie. Pour l’entrée en Manche,

dernier tronçon d’une centaine de

milles vers la baie de Morlaix, Corentin Horeau profitait d’une risée heureuse alors qu’elle n’était pas celle de

tout le monde. Accompagné par Basile Bourgnon, au fond du trou à micourse, et Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022, finalement troisième à

18 h 30). Il progressait les yeux obèses

par manque de sommeil vers le but.

Vers son éventuelle première victoire d’étape en 7 participations : «Je

suis à 30 milles de Roscoff et le vent de

5 à 6 nœuds est pile poil dans l’axe et il

y a de l’incertitude sur la météo. On va

composer avec ça! J’essaye d’abord de

me mettre dans le sens du vent et on

verra ensuite. J’ai Basile à côté, ce qui

prouve qu’il n’est sûr de rien non plus,

et là-bas dessous, il y a des mecs qui

ont fait des petites manœuvres aussi.

Je vais faire au mieux. Déjà, on a eu

beaucoup de chance de revenir de là où

on était la nuit dernière. Il faut donc

concrétiser maintenant. Je pense à ma

première victoire d’étape. À Roscoff, je

ne suis pas passé loin par deux fois. Là,

c’est la météo qui joue avec nos nerfs et

je pense arriver en début de soirée. »

Jeudi midi, Loïs Berrehar voyait

l’affaire avec certainement la même

conviction : « Il va falloir rester alerte

jusqu’au bout. Heureusement, au bulletin météo diffusé ce matin, il n’y aura

pas d’orage à l’arrivée car cela peut

faire de gros écarts. Il y a moyen de se

planter mais si le vent est établi, on ne

prendra pas une grosse cartouche.

Pour l’instant, je ne suis pas tendu

mais tant que la ligne n’est pas franchie, on peut se faire rattraper par tout

le monde. Je reste concentré, tout en

finesse pour faire au mieux, pour être

sur le podium. »

Côté bizuths, Alors que Benoît Tuduri (Capso En cavale) était juste devant lui, Victor Le Pape (Région Bretagne-CMB Espoir) souriait de sa

sixième place : « On m’aurait dit ça à

l’île de Man, quand j’étais derrière, je

ne l’aurais pas cru. L’ascenseur émotionnel est juste dingue. La Solitaire, ce

sont des émotions fortes. Je n’étais pas

du tout préparé à ça. Basile Là, on est

à fond et j’ai cru comprendre qu’il allait se passer plein de trucs d’après

Météo Consult. Cela peut se jouer dans

les cailloux de l’île de Batz. »

Les arrivées allaient s’échelonner

tout au long de la nuit roscovite avec

de gos écarts prévisibles, pour le reste de la flotte, et notamment de

nombreux favoris. Offrant après

quatre jours et quatre nuits un repos

mérité aux 32 participants de cette

folle équipée. ■

US Open : face à Alcaraz, Medvedev entre en résistance

Basile Bourgnon,

le skipper d’Edenred,

a franchi la ligne

d’arrivée en vainqueur

dans la baie de Morlaix.

ALEXIS COURCOUX

Face

à Carlos

Alcaraz,

Daniil

Medvedev

n’aura

aucune aide

à attendre

de l’extérieur,

même si les

températures

s’annoncent

à la baisse

sur New

York»

P:19

communications

Le diocèse de Nanterre

vous propose à partir

du samedi 7 octobre 2023,

un cycle de formation

d'une durée de trois ans :

Bâtir sur le Roc

Se former à la théologie

pour servir en Église,

le lundi de 20 heures à 22 h 30,

à Issy-les-Moulineaux, ou

le jeudi de 13 heures à 15 h 30,

à Nanterre.

Ouvert à tous.

Renseignements et inscriptions :

www.batirsurleroc.com

[email protected]

Le club Séniors Paris

vous propose de vous associer

à son « cercle amical ».

Informations : 06 70 86 00 09.

hommages

Luc Rémont,

président-directeur général de

EDF

le comité exécutif

et l'ensemble de l'entreprise

s'associent à la tristesse

des proches, suite au décès

à l'âge de 84 ans, de

Jean BERGOUGNOUX

Polytechnicien et ingénieur

de formation,

Jean Bergougnoux

a occupé les plus hautes

fonctions chez EDF

pendant vingt-quatre ans.

Après avoir dirigé le service

des études de réseaux

et le service des études

économiques générales

de l'entreprise,

il en devient directeur

de la stratégie,

puis directeur général

de 1987 à 1994.

Il a également été le premier

président d'Eurelectric,

et a présidé

le Comité des études

du Conseil mondial de l'énergie.

Son apport à EDF ainsi qu'à

l'industrie électrique française

comme européenne est salué

avec reconnaissance.

recherches

Le 18 février 2023,

à Neckertal (Suisse), est décédé

Fred SPIEGEL

né le 23 janvier 1932,

à Vienne, célibataire,

fils de Arnold Spiegel

et Lilly Deutsch, née Stern,

dernier domicile

à Ebnat-Kappel avec séjour

à la maison de retraite

Dorfplatz, à Oberhelfenschwil.

Pendant la Seconde Guerre

mondiale, il s'est enfui avec

son père Arnold Spiegel à Bâle,

en Suisse. Par la suite, il a été

placé dans différents foyers

pour enfants en Suisse.

Enfin, il a été pris en charge

par des particuliers à Bâle

et à Ebnat-Kappel.

L'étude notariale de Wil ignore

si le défunt a des héritiers

Les parents du défunt,

Arnold Spiegel,

né le 24 avril 1903,

décédé le 13 décembre 1999,

et Lilly Deutsch, née Stern,

le 30 septembre 1910,

décédée le 9 septembre 1942,

se sont mariés le 27 janvier 1929

dans la communauté juive

de Vienne. Pendant la Seconde

Guerre mondiale, les parents

du testateur ont fui séparés

l'un de l'autre et ont pris des

itinéraires de fuite inconnus.

Le mariage des parents

du testateur a été dissout

le 20 décembre 1941.

L'étude notariale de Wil

ne dispose pas d'autres

informations sur le second

mariage du père du testateur.

Arnold Spiegel s'est marié

le 6 octobre 1960

en troisièmes noces avec

Ruth Spiegel, née Rueger.

Arnold Spiegel est décédé

à Thoune (Suisse),

le 13 décembre 1999.

La mère du testateur

Lilly Deutsch, née Stern,

s'est mariée en deuxièmes

noces avec Joseph Deutsch,

né le 15 novembre 1913,

décédé le 9 septembre 1942.

On sait que Lilly Deutsch

a été déportée de France

et assassinée le

9 septembre 1942 dans le camp

de concentration d'Auschwitz.

L'étude recherche en priorité

d'éventuels descendants

du testateur. En l'absence

de ceux-ci, elle recherchera

d'éventuels descendants dans

la lignée parentale du testateur.

S'il n'y en a pas non plus,

elle recherchera d'éventuels

descendants dans la lignée des

grands-parents du testateur,

c'est-à-dire les descendants

de Juda Spiegel

et Feige Spiegel, née Gitter

(grands-parents paternels)

et de Miksa Stern,

né le 29 septembre 1867,

et Malvin Stern, née Schotter,

le 9 mai 1884

(grands-parents maternels).

Il est demandé aux héritiers

inconnus de se présenter

auprès de l'étude notariale de

Wil, Lerchenfeldstrasse 11,

9500 Wil, canton de Saint-Gall

(Suisse), avec la preuve

de leur droit à l'héritage, dans

un délai d'un an à compter

de la dernière publication.

Si aucun héritier ne

se manifeste, la succession

passe à la commune.

Wil SG,

le 8 septembre 2023.

deuils

Nathalie Bloch-Sitbon,

sa fille,

David et Justine, Juliette,

Hannah,

ses petits-enfants,

Gérard Bloch,

son beau-frère,

ainsi que tous ses proches

ont la tristesse

de faire part du décès de

Mme Janine BLOCH

« Mamou »,

survenu le 5 septembre 2023,

dans sa 86e année.

La cérémonie aura lieu

le lundi 11 septembre 2023,

à 10 heures, au cimetière

du Montparnasse, à Paris (14e).

Ni fleurs ni couronnes.

Jean-François et Catherine

Bordier,

Sylvette Bordier

et Michel Servat,

leurs enfants et petits-enfants

vous font part du décès de

Daniel BORDIER

survenu le 26 août 2023, à Paris.

Ses obsèques ont eu lieu

dans l'intimité, à Cantaous.

Une messe d'A-Dieu

sera célébrée en l'église

Saint-Eustache, à Paris (1er),

le samedi 23 septembre,

à 14 h 30.

Le président

et les membres de

l'Académie des technologies

ont la profonde tristesse

de vous faire part

du décès de leur confrère,

Christian BORDÉ

membre fondateur de

l'Académie des technologies,

chevalier

de la Légion d'honneur,

chevalier

de l'ordre national du Mérite,

chevalier

des Palmes académiques,

survenu le 7 août 2023.

Ils s'associent à la douleur

de la famille, à laquelle

ils présentent leurs

plus sincères condoléances.

Prades (Pyrénées-Orientales).

M. Christian Breuleux,

son époux,

Mme Cécile Gautier,

née Breuleux,

ses enfants et petits-enfants,

M. Philippe Rousseau

et Mme, née

Bernadette Breuleux,

leurs enfants et petits-enfants,

M. Jean-Marie Breuleux

et ses enfants,

M. Thierry Breuleux

et ses enfants

ont la douleur

de vous faire part du décès de

Mme Françoise BREULEUX

née Marcé Marion,

survenu à l'âge de 94 ans.

La cérémonie religieuse

aura lieu

le lundi 11 septembre 2023,

à 15 h 30, en l'église

Saint-Pierre de Prades.

La crémation se déroulera

le mardi 12 septembre

dans l'intimité familiale.

Ni fleurs ni couronnes.

La famille remercie

toutes les personnes

qui s'associent à son deuil.

Ses enfants, petits-enfants

et arrière-petits-enfants

ont la tristesse

de faire part du décès de

Mme Nicole CASALIS

née Labarraque,

survenu le 3 juillet 2023,

à l'âge de 93 ans.

Le culte de reconnaissance

sera célébré

le jeudi 14 septembre, à 10 h 30,

en l'église protestante unie

de l'Annonciation,

19, rue Cortambert, Paris (16e).

Ni fleurs ni couronnes,

mais des dons

à la Fondation John Bost

seraient les bienvenus.

Paris (15e).

Yvette Dattée,

ses enfants et petits-enfants

ont la tristesse

de faire part du décès de

Daniel DATTÉE

ingénieur agronome,

membre de l'Académie

d'agriculture de France,

chevalier

de l'ordre national du Mérite,

officier

de l'ordre du Mérite agricole,

survenu le 1er septembre 2023,

à Paris (14e).

La cérémonie religieuse

sera célébrée en l'église

Notre-Dame-de-Nazareth,

349, rue Lecourbe, à Paris (15e),

le lundi 11 septembre, à 10 h 30,

suivie, à 14 h 30,

de l'inhumation au cimetière

parisien de Bagneux.

34, rue du Hameau, 75015 Paris.

[email protected]

Saint-Maur-des-Fossés.

Mme Eliane Desbonnets,

son épouse,

Ève, sa fille,

et l'ensemble de sa famille

ont la tristesse

de faire part du décès de

M. Patrick DESBONNETS

survenu le 3 septembre 2023,

à l'âge de 83 ans,

à Saint-Maur-des-Fossés.

La cérémonie religieuse

sera célébrée en l'église

Saint-François-de-Sales,

place d'Adamville-Kennedy,

à Saint-Maur-des-Fossés,

ce vendredi 8 septembre,

à 14 heures,

suivie de l'inhumation

au cimetière ancien

de Charenton, à Paris (12e).

Cet avis tient lieu de faire-part.

17, rue Léon-Bocquet,

94100 Saint-Maur-des-Fossés.

Martin, Clément, Géraud,

ses fils,

Marthe Laune,

sa fille,

leurs conjoints,

ses petits-enfants,

Mathilde, Maxence, Noé

et Lou,

ont la tristesse

de faire part du décès de

Bernard FONQUERNIE

architecte en chef

et inspecteur général

des monuments historiques,

chevalier

de la Légion d'honneur,

chevalier

de l'ordre national du Mérite,

commandeur

des Arts et des Lettres,

survenu le 21 août 2023,

à l'âge de 89 ans.

La cérémonie religieuse

sera célébrée en l'église

Saint-Ferdinand-des-Ternes,

à Paris (17e),

le mercredi 13 septembre,

à 10 h 30,

suivie de l'inhumation

dans la stricte intimité,

au cimetière du Montparnasse.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Ludmila Dubrovin Jourd'huy,

son épouse,

Brice, Alix et Nikolas,

ses enfants,

ont la douleur

de faire part du décès de

Pierre JOURD'HUY

survenu le 4 septembre 2023,

à l'âge de 76 ans.

Si vous le souhaitez,

vous pouvez adresser vos

condoléances sur le courriel :

[email protected]

Ellen Julia,

née Neugebauer, son épouse,

Jean-Pierre et Isabelle,

Jérôme et Véronique,

ses fils et leurs conjointes,

Simon, Camille, Mathilde,

Alice, Chloé,

ses petits-enfants,

ont la tristesse

de vous faire part du décès de

M. Marcel JULIA

ENA, promotion 18 Juin,

préfet,

officier de la Légion d'honneur,

officier

de l'ordre national du Mérite,

survenu le 2 septembre 2023,

à Paris, à l'âge de 93 ans.

La cérémonie religieuse

aura lieu le mardi 12 septembre,

à 10 h 30, en l'église

Saint-Pierre-de-Montrouge,

Paris (14e).

Ni fleurs ni couronnes.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Dominique Lepidi

et Angélique Pajaud

et leurs familles

ont la douleur

de vous faire part du décès de

Simone LEPIDI

née Luccioni,

survenu dans sa 91e année.

La cérémonie aura lieu

le mardi 12 septembre 2023,

à 11 heures,

en la collégiale Saint-Martin,

2, rue Saint-Martin,

à Montmorency (Val-d'Oise).

La famille

a le regret de vous faire part

du décès de

Mme Ivan de LOPPINOT

née Marie Josèphe

Geouffre de La Pradelle,

survenu à l'âge de 89 ans.

Une messe sera célébrée

le mardi 12 septembre 2023,

à 10 heures, en l'église

de Saint-Lactencin (Indre).

Cet avis tient lieu de faire-part.

Jean-Bernard Mandry,

son fils,

Michel Mandry,

son frère,

Michèle Mandry,

sa belle-sœur,

Jean-Claude Séguéla,

son beau-frère,

et toute la famille

ont la douleur

de faire part du décès de

Norbert MANDRY

à l'âge de 86 ans,

le 29 août 2023.

La cérémonie religieuse

aura lieu

le lundi 11 septembre,

à 9 h 15, en l'église

Saint-Paul de Chevry,

à Gif-sur-Yvette (Essonne).

[email protected]

[email protected]

La Baule-Escoublac.

Jean-Pierre, son époux,

Julien et Marie-Caroline,

ses enfants,

ainsi que leurs conjoints,

Balkis, Eglantine, Oscar

et Laline,

ses petits-enfants adorés,

Alain Barbas,

son frère,

ainsi que toute la famille

ont la profonde tristesse

de vous faire part du décès de

Danièle MARTIN

née Barbas,

le dimanche 3 septembre 2023,

à l'âge de 79 ans.

La cérémonie religieuse

sera célébrée

le samedi 9 septembre 2023,

à 9 h 30, en l'église

Notre-Dame de La Baule,

suivie de l'inhumation

au cimetière Mermoz

de La Baule.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Le président

et les membres de

l'Académie des technologies

ont la profonde tristesse

de vous faire part

du décès de leur confrère,

Gérard TOULOUSE

membre fondateur de

l'Académie des technologies,

chevalier

de l'ordre national du Mérite,

survenu le 7 août 2023.

Ils s'associent à la douleur

de la famille, à laquelle

ils présentent leurs

plus sincères condoléances.

remerciements

Mme Jean Brunel,

née Bérengère

de la Choüe de la Mettrie,

sa mère,

Henri et Marie-Sophie,

Xavier et Claire,

ses frères et ses belles-sœurs,

Marguerite, Timothée,

Nicolas, Eloi, Juliette

et Apolline,

ses neveux et nièces,

et toute la famille,

très touchés

des marques de sympathie

qui leur ont été témoignées

lors du décès de

François BRUNEL

le 22 août 2023,

vous prient de trouver ici,

leurs sincères remerciements.

Marie-Annick Lefebvre,

Marie-Claude et Gérard

Thirion,

Yolande Lefebvre,

ses enfants,

très touchés

des marques de sympathie

qui leur ont été témoignées

lors du décès de

Mme Marcel LEFEBVRE

née Ginette Bonehill,

vous prient de trouver ici,

leurs sincères remerciements.

souvenirs

Le 1er septembre 2019,

Marguerite HARDY du BOS

est retournée à Dieu.

Que tous ceux qui l'ont aimée

puissent avoir une pieuse

pensée pour elle

et perpétuer son souvenir.

Raymond MARCELLIN

est disparu le 8 septembre 2004.

Que sa famille et ses amis

aient une pensée pour lui.

le figaro Vendredi 8 Septembre 2023

LE CARNET DU JOUR 15

Samedi 16 septembre 2023

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P:20

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

20 champs libresDébats

En interdisant les autodafés du Coran,

le Danemark rétablit le « délit de sacrilège »

France par une pétition de Charlie

Hebdo tandis que d’autres estiment

que cette liberté n’est pas illimitée,

sauf dans le « marché des idées »

américain. Mais c’est une voie

hasardeuse que de s’engager

sur cette question de l’analyse

des contours de la liberté d’expression

(hors des limites prévues par la loi).

Il ne faut jamais oublier le mot

du comte Daru à la Chambre des Pairs

en 1822 : «On commencera par

proscrire un livre licencieux et on finira

par défendre Les Provinciales et par

mutiler l’Esprit des lois ». C’est ce que

souligne justement la pétition lancée

par Charlie Hebdo : « Les Iraniennes

qui refusent de porter le voile

blasphèment ». En matière religieuse,

les plus fanatiques ont toujours

tendance à étendre à l’infini

la notion de « blasphème ».

Mais, en l’espèce, le problème

semble mal posé, car ce n’est pas de

réintroduction du délit de blasphème

- et donc de limite à la liberté

d’expression - dont il est proprement

question. Le ministre de la Justice

danois a d’ailleurs été très clair :

la nouvelle loi ne couvrira pas

« l’expression verbale ou écrite » de ces

gestes, notamment les caricatures,

affirmant que le Danemark continuera

à revendiquer son fort attachement

à la liberté d’expression.

En réalité, le problème soulevé

par cette séquence nous ramène

à un autre délit bien oublié du droit

français depuis 1825 et qui était, selon

les expressions de l’Ancien Régime,

le « délit de sacrilège », c’est-à-dire

l’outrage à des objets sacrés. Nous

avons bien connu en France

un tel retour de balancier. Alors

que la Révolution

française s’était

acharnée dans

sa phase terroriste

(1793-1794),

tant vantée par

les ténors de LFI,

contre la religion,

pillant églises et

tombeaux (comme

ceux des rois

à Saint-Denis),

Napoléon avait

décidé, sans jamais

rétablir le délit de blasphème, de

protéger les objets sacrés en établissant

l’article 262 du code pénal de 1810,

qui punissait d’une amende et d’un

emprisonnement de 15 jours à 6 mois

« toute personne qui aura, par paroles

ou gestes, outragé les objets d’un culte ».

La Restauration, qui avait, elle,

rétabli de façon détournée le délit de

blasphème par la loi de 1819 (à travers

le délit d’outrage à la morale religieuse,

ce que certains groupes islamistes

contemporains prônent d’établir

en Europe), aggrava en 1825 cette

pénalisation du sacrilège en prévoyant

la peine de mort pour celui qui aura

profané des vases sacrés et des hosties

consacrées. Cette fameuse loi sur le

sacrilège, qui fit les gorges chaudes des

pères de la IIIe République, ne fut non

seulement jamais appliquée mais, en

outre, rédigée de telle façon qu’elle ne

« Alors que la Révolution française

s’était acharnée dans sa phase

terroriste (1793-1794), tant vantée

par les ténors de LFI, contre la religion,

Napoléon avait décidé, sans jamais

rétablir le délit de blasphème,

de protéger les objets sacrés en établissant

l’article 262 du code pénal de 1810»

Emblèmes de la France moche, essentielles au

quotidien : que faire des zones commerciales ?

Côte-d’Or ; Maud Bregeon, députée

des Hauts-de-Seine ; Danielle Brulebois,

députée du Jura ; Stéphane Buchou,

député de Vendée ; Émilie Chandler,

députée du Val-d’Oise ; Paul

Christophe, député du Nord ; Dominique

Da Silva, député du Val-d’Oise ;

Frédéric Descrozaille, député du

Val-de-Marne ; Nicole Dubré-Chirat,

députée du Maine-et-Loire ; Philippe

Fait, député du Pas-de-Calais,

conseiller départemental ; Marina

Ferrari, députée de Savoie ; Éric

Girardin, député de la Marne ; Yannick

Haury, député de Loire-Atlantique ;

Laurence Heydel Grillere, député

de l’Ardèche ; Alexis Izard, député

de l’Essonne ; Brigitte Klinkert, députée

du Haut-Rhin ; Stéphanie Kochert,

députée de la 8e circonscription du BasRhin ; Luc Lamirault, député d’Eure-etLoir ; Jean-Charles Larsonneur, député

du Finistère ; Pascal Lavergne, député

de Gironde ; Annaïg Le Meur, députée

du Finistère ; Patricia Lemoine, députée

de Seine-et-Marne ; Nicole Le Peih,

députée du Morbihan ; Delphine

Lingemann, députée du Puy-de-Dôme ;

Lise Magnier, députée de la Marne ;

Laurence Maillart-Méhaignerie,

députée d’Ille-et-Vilaine ; Huguette

Tiegna, députée du Lot ; Stéphane

Travert, député de la Manche, ancien

ministre ; Jean-Pierre Gorges, maire

de Chartres, président de Chartres

Métropole ; Denis Thuriot, maire

de Nevers, président de Nevers

Agglomération, conseiller régional ;

Éric Battaglia, maire d’Ézanville,

vice-président de la communauté

d’agglomération Plaine Vallée ; Alain

Chrétien, maire de Vesoul, président

de la communauté d’agglomération

de Vesoul ; Éric Congé, maire

de Gavaudun ; Aït Eddie, maire

de Carrières-sous-Poissy ; Didier

Guével, maire du Plessis-Gassot ;

Évelyne Pottier, maire de Vézaponin ;

Françoise Pilloy, maire de Brayeen-Laonnois ; Emmanuel Serre, maire

de Beaufin ; Christian Vannobel, maire

de Sissonne. Retrouvez la liste complète

des signataires sur FigaroVox.

fassent l’objet de politiques adaptées

et qu’elles proposent des offres

complémentaires.

Or, trop souvent, ces zones ont été

négligées par les politiques publiques,

donnant lieu à un développement

anarchique, sans considération

aussi bien pour les enjeux

environnementaux que paysagers.

Il est donc urgent de s’y atteler et

de déployer toute l’énergie nécessaire

pour mettre en place des mesures

adaptées à la réalité du terrain, comme

nous l’avons fait pour revitaliser les

cœurs de ville. Ces espaces, totalement

artificialisés, aux bâtiments parfois

vétustes et énergivores, doivent être

repensés pour contribuer à la lutte

contre le changement climatique et

faire une place, enfin, à la biodiversité.

Ces mesures sont par ailleurs

incontournables pour respecter

et atteindre les objectifs que nous

nous sommes fixés en termes

de réduction de l’artificialisation

des sols, de réindustrialisation verte,

de sobriété énergétique ou de

renforcement de l’offre de logements.

Enfin, comme de nombreuses

initiatives privées le montrent,

il est temps de repenser les magasins

de ces zones pour les adapter aux

nouveaux modes de consommation,

aux attentes des clients et aux enjeux

propres à chaque territoire.

Pour y parvenir, il nous faut trouver

ensemble les meilleures dispositions

pour repenser, transformer et

réenchanter ces zones commerciales.

Si nos territoires ont en commun

d’avoir une zone commerciale,

elles ont leurs propres spécificités.

C’est pourquoi, seul un travail

de coconstruction avec les élus locaux,

sans qui aucune solution viable

ne pourra être mise en œuvre sur

le terrain, permettra de déployer des

solutions adaptées à chacune d’entre

elles. Les cœurs de ville et les zones

commerciales des périphéries

doivent être pensés comme un tout.

Ces zones commerciales sont

finalement représentatives de notre

société. Elles sont à la fois le reflet

de notre plaisir de consommer

et de notre besoin de nous rassembler.

Elles sont le symbole de nos

injonctions contradictoires et de notre

conscience de

devoir modifier

nos pratiques

de consommation

pour répondre

aux défis

de notre temps.

Nous souhaitons

continuer d’écrire

cette histoire,

sans opposer les commerces entre eux,

en rassemblant les politiques

nationales et locales, pour

que les zones commerciales

du futur s’adaptent aux évolutions

du quotidien des Français.

* 71 parlementaires et 69 élus locaux,

dont : Guillaume Kasbarian, président

de la commission des affaires

économiques et député d’Eure-et-Loir ;

Sacha Houlié, président de la

commission des lois et député de la

Vienne ; Jean-Marc Zulesi, président

de la commission du développement

durable et de l’aménagement

du territoire, député des Bouchesdu-Rhône ; Charlotte ParmentierLecocq, députée du Nord ; Caroline

Abadie, députée de l’Isère ; Damien

Adam, député de la Seine-Maritime ;

Antoine Armand, député de HauteSavoie ; Xavier Albertini, député de la

Marne ; Damien Abad, député de l’Ain ;

David Amiel, député de Paris ; AnneLaure Babault, députée de CharenteMaritime ; Fanta Berete, députée de

Paris ; Éric Bothorel, député des Côtesd’Armor ; Benoît Bordat, député de la

« Ces zones commerciales sont

finalement représentatives

de notre société. Elles sont à la fois

le reflet de notre plaisir de consommer

et de notre besoin de nous rassembler»

Depuis la création du premier

hypermarché, en 1963, les zones

commerciales sont devenues l’autre

visage de la France. Incarnation

d’une « France moche » et défigurée

selon certains, elles marquent

profondément nos paysages

et nos territoires. Pour autant,

malgré les critiques esthétiques

qu’elles concentrent, ces zones

commerciales demeurent essentielles

à l’activité économique de notre pays

et sont profondément ancrées

dans la réalité quotidienne de nos

concitoyens. 72 % des dépenses des

Français y sont effectuées, contre

seulement 15 % dans les centres-villes.

Qu’on le veuille ou non, qu’on

s’en réjouisse ou qu’on s’en attriste,

nous ne pouvons nier le succès de ces

écosystèmes qui ont révolutionné la

manière de consommer des Français.

Oui, les zones commerciales

fonctionnent, parce qu’elles sont

faciles d’accès, parce que les magasins

sont de grande taille et offrent des

dizaines et parfois des centaines de

milliers de références. Les enseignes

ne s’y sont pas trompées et ont toutes

convergé vers ces destinations, dont

l’attractivité a été parfois renforcée

par l’arrivée de nouveaux services.

Avec le développement de

l’urbanisation, certaines zones ont été

rattrapées et sont désormais riveraines

de pavillons ou de logements collectifs.

En tant qu’élus, nous entretenons un

rapport ambivalent avec ces espaces,

où de nombreux habitants se rendent

pour consommer, mais qui sont aussi

accusées de détruire nos commerces

de proximité, auxquels nous restons

profondément

attachés.

Lors des Assises

du commerce, des

expériences locales

ont démontré que

ces deux typologies

de commerce

pouvaient tout

à fait cohabiter

pour peu qu’elles

tribune collective

Lundi 11 septembre, Olivia Grégoire et Christophe

Béchu présenteront le plan du gouvernement pour

la transformation des zones commerciales. Plutôt

que de les stigmatiser, il faut repenser ces espaces

qui sont devenus incontournables dans le quotidien

des Français, plaident 140 députés et élus locaux*.

pouvait pas l’être. C’était un de ces

textes symboliques et maladroits tout

juste bons à ridiculiser la réaction

catholique. Ce texte grotesque fut aboli

en 1830, mais l’article 262 du code

pénal, lui, subsista et fut aboli

non pas en 1881 mais en 1905, avec

la séparation de l’Église et de l’État.

En effet, un État laïc, s’il connaît les

religions (il peut par exemple interdire

le voile à l’école), ne les reconnaît pas

(il ne peut par conséquent défendre

les objets d’aucun culte). Le Danemark,

lui, comme la plupart des pays

d’Europe, n’est pas un État laïc et il

connaît la situation qui était la nôtre

avec le concordat napoléonien de 1801.

Le luthéranisme est encore aujourd’hui

religion d’État. Le souverain danois

doit obligatoirement en être membre

en vertu de la constitution. Et un État

concordataire, qui ignore la séparation

de l’Église et de l’État, protège la liberté

de croyance et accorde une protection

spécifique aux religions dites

minoritaires reconnues ou approuvées,

ce qui est le cas de l’islam.

Réciproquement, nul ne peut invoquer

sa foi ou son origine pour se soustraire

à l’accomplissement des obligations

civiques communes. Il paraît donc

loisible à l’État danois de prendre une

telle loi au nom de la défense de l’ordre

public. Reste posée une question plus

fondamentale : est-il bon pour un État

occidental de donner le sentiment

de céder à la violence islamiste ? Car

c’est en réalité ce qui est réellement

posé par ce nouveau projet.

* Professeur des universités, Jacques

de Saint Victor est l’auteur notamment

de « Blasphème. Brève histoire

d’un “crime imaginaire” » (Gallimard)

et sera, avec Amable Sablon du Corail,

commissaire de l’exposition « Sacrilège »

aux Archives nationales

(à partir du 19 mars 2024).

Le projet de loi du gouvernement

danois d’interdire les « autodafés »

du Coran commence à susciter

de fortes réactions en Occident.

Quoi ? Une coalition plutôt de gauche

prendrait sous la pression de groupes

islamistes une loi visant à « interdire

le traitement inapproprié d’objets ayant

une signification religieuse importante

pour une communauté », comme l’a

précisé le ministre danois de la Justice,

expliquant que sa disposition légale

s’appliquera également

aux profanations de la Bible,

de la Torah, etc. Personne n’est

évidemment dupe. Cette décision est

prise pour empêcher les provocations

qui ont commencé à se multiplier,

en Suède et au Danemark, où certains

individus brûlent le Coran, parfois en

y introduisant des tranches de bacon,

suscitant des réactions violentes dans

les pays musulmans, comme le pillage

et l’incendie des ambassades des pays

du Nord. On peut s’interroger

sur les motivations profondes de ces

initiatives d’individus décidant de

brûler un coran (provocation sincère

ou instrumentale ?) mais il n’en a pas

fallu plus pour que le débat ait été

aussitôt porté sur la question

de la liberté d’expression, surtout

après les drames sanglants ayant

frappé l’Occident, et notamment

la France, avec les caricatures de

Mahomet. Certains libéraux danois,

comme ceux de

l’Alliance libérale,

y voient

la « réintroduction

de la clause sur le

blasphème », qui a été

abolie au Danemark

en 2017 (en France,

l’abolition date de

1791). Ils viennent

d’être relayés en

jacques de saint victor

Interdire de brûler des livres sacrés, comme

l’envisage le gouvernement danois, ne revient pas

à criminaliser le blasphème, explique l’historien

du droit*. C’est plutôt le sacrilège qui serait

condamné ici, un délit d’Ancien Régime

dont le rétablissement interroge.

fabien clairefond

P:21

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Opini champs libres ns 21

Dans son interview au Point, le 23 août, il a

clairement annoncé la couleur : « Compte

tenu des enjeux, l’éducation fait partie du

domaine réservé du président. » Inédit ?

« Si l’on suit à la lettre la Constitution

de la Ve République, cela ne devrait pas

être revendiqué explicitement, éclaire

l’historien de l’éducationClaude

Lelièvre. Mais, dès le début, le général

de Gaulle a imposé sa vision “bonapartiste”

de l’institution, et pas seulement dans

le domaine des Affaires étrangères et

de la Défense. » Les incursions scolaires

des présidents, qu’ils soient gaullistes,

libéraux, de droite ou de gauche, ont été

fréquentes. Et déterminantes. Lors des vifs

débats précédant le vote de la loi Debré

sur la création des établissements sous

contrat, le président de Gaulle tranche en

faveur du compromis. François Mitterrand

- « homme de droite qui s’est retrouvé

à gauche », glisse Claude Lelièvre - s’est

opposé à la suppression des mentions

au bac, prévue par son ministre Savary.

Valéry Giscard d’Estaing, porté par sa

vision libérale déclinée en progressisme

sur le plan socioculturel, a été le véritable

inspirateur du « collège unique ». Et a

d’ailleurs regretté que sa réforme soit

identifiée à son ministre, sous le nom

de « loi Haby ». François Hollande, lui,

a été quasiment muet sur le sujet.

Sur les traces de ses prédécesseurs,

Emmanuel Macron a son mot à dire

sur l’école, version 2023 dans la forme,

à coups de déplacements, de messages

sur les réseaux sociaux, de mise en scène.

« La différence, c’est que Macron formule

clairement son autorité », indique Claude

Lelièvre. Pour

Emmanuel Macron,

en ce second

mandat de

superprésident,

tout l’enjeu est de

gagner la bataille

de l’opinion, de laisser sa trace. Et quoi de

plus médiatique, de plus « concernant »

que l’école davantage gouvernée par

l’exécutif -à coups d’arrêtés, décrets

et circulaires- que par les lois ? Déjà très

présente dans son programme 2017,

l’éducation était alors marquée d’une

vision libérale, avec l’autonomie des

établissements, l’innovation pédagogique.

Le président y a désormais ajouté, pour

séduire l’opinion, une vision onservatrice,

tournée vers l’autorité, les fondamentaux.

Difficile synthèse.

«Les incursions scolaires des présidents,

qu’ils soient gaullistes, libéraux, de

droite ou de gauche, ont été fréquentes.

Et déterminantes»

Dassault Médias

(actionnaire à plus de 95 %)

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Origine du papier : Allemagne. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal

est imprimé sur un papier UPM porteur de l’Ecolabel européen sous

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“Sans la liberté de blâmer il n’est point d’éloge flatteur” Beaumarchais

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ahier TV 68 pages

upplément 5 adame

192 pages

L’abaya, la laïcité et la société déchristianisée

À César ou à Dieu ? Laïc

ou religieux ? « Robe »

ordinaire ou « abaya »

musulmane ? La rentrée

a vu fleurir quantité

d’arguties - dont les

sondages montrent qu’elles n’ont

convaincu personne - tentant de faire

passer un vêtement étendard de

l’islamisme pour un incontournable

de la mode ; et des associations

musulmanes plaider le caractère non

musulman de l’habillement pour lequel

elles se mobilisent (au nom des droits

des musulmans)…

Il fut un temps, pas si lointain, où l’on

pensait y voir clair : on avait, en boutant

l’Église hors des affaires de l’État, assis,

espérait-on, chacun sur son trône.

Hélas, les démêlés de la rentrée

montrent combien la confusion n’en

finit pas de régner autour de la laïcité, ce

grand mot que l’on brandit comme les

chasseurs de vampires des gousses d’ail –

mais dont les contours restent obscurs

et la pratique, aléatoire.

Et pour cause : pensée au début

du XXe siècle dans une société forgée

par le christianisme, son empreinte

culturelle et intellectuelle, la belle

« laïcité à la française » butte désormais

face aux nouveaux défis que lui pose

l’entrisme islamiste.

Comment penser le fait laïque,

qui suppose la séparation du temporel et

du spirituel, du politique et du religieux,

face à une nouvelle matrice qui mêle

intrinsèquement les deux ?

Dans ce nouveau contexte – disons

récent, puisqu’il n’est plus tout à fait

nouveau -, la laïcité s’épuise, sur le plan

des concepts, dans des débats verbeux

ponctués de procès en « islamophobie »,

pendant qu’elle s’efface concrètement,

sur le terrain. Les rayons des libraires

proposent à qui veut bien les lire

de multiples témoignages décrivant

le processus de post-sécularisation

à l’œuvre à l’école.

Loin d’être laïcisée, la société française

est aujourd’hui, en revanche, tout à fait

déchristianisée ; tant, cette fois, sur le

plan spirituel que culturel : la tradition

chrétienne, ses textes, ses grands

auteurs, ses fondements, son histoire

semblent avoir sombré corps et biens

dans un abîme dont nul ne songe plus

à les extraire.

C’est ainsi qu’on a vu, sur les plateaux

de grandes chaînes d’information, des

psychiatres invités à analyser la dernière

interview des parents du petit Émile

témoignant de leur espérance – classant

ainsi la foi (celle des chrétiens, en tout

cas) au rang des maladies mentales. Et les

« experts » en troubles psychologiques

de gloser sur la propension des esprits

simples à « convoquer des instances

tutélaires » dans l’épreuve…

Que n’a-t-on dit de ces gens étranges

qui vont à la messe et citent Bernanos !

Faut-il s’y résoudre ? La modernité

adore s’emballer pour les sorcières,

vanter les mérites des chamans de tous

poils ou s’extasier des bénéfices de la

méditation sur le bien-être, mais elle

considère la prière avec défiance,

y voyant, au mieux, une fantasmagorie,

et, au pire, une escroquerie.

On traque, sous nos latitudes,

l’islamophobie avec opiniâtreté sans

jamais s’indigner de la christianophobie ;

la bouche pleine d’injonctions inclusives

mais l’esprit rempli de mépris pour

les choses du Ciel en général.

Va comprendre.

L’opposition entre foi et raison, si bien

dépassée par Benoît XVI, est aujourd’hui

creusée non plus tant par le discours

scientifique que par l’effacement de

notre culture spirituelle et l’ignorance

profonde de ce qui la constitue.

Clive Staples Lewis, ce grand auteur

britannique dont les Chroniques de

Narnia ont fait le tour du monde,

intellectuel influent converti sur le tard,

proche de Tolkien, s’inquiétait déjà de

cette inculture croissante, dans laquelle

il décelait le véritable obscurantisme

du siècle précédent. Convaincu que

de nombreux esprits avaient capitulé

devant les arguments contre la foi

sans même les examiner et sans rien

connaître de son essence, il s’est livré

avec succès à de nombreux écrits

apologétiques pleins d’esprit, de

profondeur et d’humour. C’est à lui

que l’on doit, entre autres, le délicieux

Miracles, essai dans lequel il montre

avec brio les limites de la pensée

purement matérialiste et la force

des préjugés qui ont remplacé la culture

historique judéo-chrétienne.

C’est ainsi que l’on « pense »

aujourd’hui la laïcité dans la vacuité,

avec une petite idée du temporel, peutêtre, mais sans conception du spirituel,

et dans la méconnaissance également

des religions, historiques comme

importées. Cette pensée amputée,

tronquée et désormais gangrenée

par l’idéologie et le déni ne parvient

plus à appréhender les véritables enjeux

de la laïcité.

« J’aime pas les riches »

Ah, les joies de la nuance ! Est-il permis,

dans un même article, de se porter - un

peu - la contradiction à soi-même ?

L’ignorance, que l’on vient de dénoncer,

exclut-elle une forme de prégnance,

d’imprégnation inconsciente des esprits ?

C’est, en effet, à la matrice chrétienne que

l’on prête volontiers la haine des riches

qui semble habiter nos contrées, si l’on

en croit la volée d’insultes qui vient

d’accueillir la donation de 10 millions

d’euros de Bernard Arnault aux Restos du

cœur – on notera au passage l’obstination

de l’homme d’affaires, ce récidiviste qui

avait essuyé la même salve d’invectives

après avoir versé 200 millions d’euros

pour la rénovation de Notre-Dame.

Il y a pourtant fort à parier que Jean-Luc

Mélenchon, pour proférer son « les riches

sont responsables du malheur des pauvres »

ou François Hollande pour pousser son

fameux « j’aime pas les riches »

(et d’autres) se sont plus inspirés de Marx

et de l’imaginaire révolutionnaire que des

paroles du Christ prédisant au « riche »

autant de difficulté à entrer au paradis

qu’à un « chameau pour passer par le chas

d’une aiguille ». Ou alors ils auront mal lu…

Les textes, qui ne sont pas des livres

comptables, mais des cartes de l’âme, sont

pleins de héros « riches » et « très riches »

sans être des possédants, dont ils vantent

les vertus et l’engagement. Dans un

étonnant ouvrage, l’économiste Alexis

Rostand, dirigeant d’une société de

gestion parisienne, rappelle salutairement

combien, pour ne pas être « barbare »,

l’économie nécessite une approche

globale, voire « intégrale », mais

démontre aussi la logique profondément

vertueuse de l’action – un plaidoyer

pour la responsabilité, un éloge

de l’investisseur, de l’entrepreneur,

du travailleur… loin des pseudo-prêches

pour un monde d’assistanat.

Être ou ne pas être

Faut-il y voir une inflexion politique,

ou un aveu de faiblesse ? Derrière

ce « faire nation » qui habite le discours

de la fameuse « initiative politique »

de rentrée du président, on ne peut

s’empêcher de se remémorer le

« faire famille », expression installée

par Ségolène Royal en 2000, en même

temps que la nouvelle ministre

commençait, précisément, de remanier

l’institution. Convoquer le verbe

« faire », n’est-ce pas déjà acter qu’on

n’« est » pas, ou plus ?

L boc-notS

Laurence de Charette

[email protected]

Ce soir à 20h sur le site

du Figaro, présenté

par Guyonne de Montjou

fabien clairefond

es rencontres

du igaro

GILLES KEPEL

lexis rézet

et Vincent Trémolet

de Villers recevront

Gilles Kepel,

politologue

et spécialiste

de l’islam et du

monde arabe

contemporain.

e 10 octobre 20 h Salle Gaveau.

Tarif : 25 €. bonnés : 20 €.

éservations : 01 70 37 18 18

ou www.lefigaro.fr/rencontres.

@100 000 citations

et proverbes sur evene.fr ENTRE GUILLEMETS

8 septembre 1855 :

les Français prennent la tour

de Malakoff lors de la guerre

de Crimée.

Mac-Mahon informe

son supérieur de

sa volonté de tenir

la tour Malakoff

coûte que coûte :

J’y suis,

j’y reste !»

www.bridgemanimages.com/Bridgeman Images

E

st-ce que j’ai le droit de dire,

à la cavalcade, tout ce qu’on

va faire pour l’école à la

rentrée ? » Face à un jeune

youtubeur un brin éberlué,

un peu débordé, aussi, par

la logorrhée présidentielle, Emmanuel

Macron, cravate noire, chemise blanche,

manches retroussées, déroule.

Le 4 septembre, dans son entretien

de deux heures avec Hugo Travers - dit

« HugoDécrypte » -, le président de la

République présente son projet pour

l’école. Par le menu. Le sport en primaire,

le soutien en 6e, l’évaluation en CP, CE1,

CM1, le bac, la grande section de

maternelle… Rien ne nous sera épargné.

Jusqu’à « objectif forêt ». « Je veux qu’on

commence, dès la 6e de cette année, à avoir

des élèves qui plantent des arbres. » Les

réactions des internautes, sur la forme

comme sur le fond, fusent. Entre ironie,

stupeur et adoration. « Meilleur président

de la Ve », applaudit l’un. « Gênant »,

« tellement flippant » réagissent d’autres.

« Et le CE2 ? » interroge perfidement

un autre. Si le président Macron a

définitivement pris les rênes de l’Éducation

nationale depuis le passage de Pap Ndiaye,

la rentrée 2023, marquée par ses

déplacements dans un lycée professionnel

du Vaucluse et un collège des PyrénéesAtlantiques, ouvre une nouvelle ère.

L’éducation, « domaine réservé », du général

de Gaulle à Emmanuel Macron

analyse

Caroline Beyer

£@BeyerCaroline

«

P:23

C

vendredi 8 septembre 2023 le figaro - N° 24 586 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

LA SÉANCE

DU JEUDI 07 SEPTEMBRE 2023

CAC 40

7196,10 +0,03%

DOW JONES

34500,73 +0,17%

EUROSTOXX 50

4219,06 -0,45%

FOOTSIE

7441,72 +0,21%

NASDAQ

15258,52 -0,73%

NIKKEI

32991,08 -0,75%

ONCE D’OR

1919,85 (1923,45)

PÉTROLE(Brent)

90,360 (89,990)

L’âpre bataille entre industriels

de l’agroalimentaire

et distributeurs connaît

un nouvel épisode.

Alors qu’ils ne cessent

de s’opposer à propos de la flambée

des prix dans les rayons,

un nouveau front s’est

ouvert cette semaine

autour de la

« shrinkflation ».

Cette pratique consistant

à vendre au même prix

– voire plus cher – un

produit tout en réduisant

la quantité proposée

est dans le collimateur

des distributeurs, qui

n’hésitent plus à s’en

prendre aux industriels.

Si le gouvernement

a promis de s’attaquer

au phénomène, Carrefour

a décidé de prendre les

devants. Mercredi soir,

Alexandre Bompard,

le PDG du groupe,

a annoncé l’arrivée

prochaine dans ses rayons « d’étiquettes

sur les produits sur lesquels on a

de la shrinkflation ». Objectif : « Avoir

une information la plus fiable possible

pour les consommateurs », face à une

pratique qualifiée d’« inacceptable » par

Alexandre Bompard. Une

posture qui suscite l’ire des

firmes de l’agroalimentaire.

Patron de l’Association

nationale des industries

alimentaires, Jean-Philippe

André a haussé le ton,

dénonçant des propos

« exagérés ». Ce dernier a

également refusé, sur RTL,

de voir dans la

« shrinkflation » une

« arnaque », un terme

employé notamment par

Bruno Le Maire, le ministre

de l’Économie. « Dire qu’il

y a de l’arnaque, c’est très

hypocrite. Les distributeurs

ont accepté ces produits

comme tels », a fustigé

Jean-Philippe André.

Ambiance. ■ Julien Da Sois

trasport

La NCF e maque

de rames ae à utrai reord Page 24

Royaume-Uni

Londres remet

un pied en Europe

par l’innovation

page 22

le PLUS du

FIGARO éco

l'histoire

Carrefour dégaine des étiquettes

anti-« shrinkflation » dans ses magasins

lefigaro.fr/economie

Le ministre de l’Économie, Bruno

Le Maire, a demandé ce jeudi matin à

TotalEnergies de prolonger le plafonnement du litre de gazole et du sansplomb à 1,99 euro le litre en 2024,

alors que son application est aujourd’hui prévue jusqu’en fin d’année. Il

est vrai que les cours du pétrole

semblent voués à encore augmenter

du fait des mesures de restriction de

production instaurées par l’Arabie

saoudite et par la Russie. Les deux

pays ont annoncé prolonger ces mesures en place depuis le début de

l’été jusqu’à la fin de l’année.

Depuis quelques semaines, les cours

grimpent inexorablement. Le brent a

passé la barre de 90 dollars le baril,

soit une hausse de plus de 17 % depuis la fin du mois de juin. Avec des

conséquences sensibles à la pompe

pour les automobilistes. En moyenne,

au 1er septembre, le gazole s’affiche à

1,86 euro le litre et le sans-plomb 95

à 1,96 euro, selon le syndicat professionnel Ufip Énergies et Mobilités.

Mais contrairement à l’année dernière, Bruno Le Maire n’envisage pas de

remettre en place une ristourne gouvernementale à la pompe. En 2022,

elle était de 30 centimes du litre. Or,

jeudi matin, il a qualifié cette mesure

de « triple aberration » écologique,

budgétaire et diplomatique, expliquant que la France n’avait « pas vocation à payer les choix politiques et

géopolitiques de l’Arabie saoudite et

de la Russie ». « L’État ne va pas tout

faire dans ce pays », a répété le ministre, renvoyant la balle dans le

camp de la compagnie pétrolière.

TotalEnergies a rapidement réagi,

remerciant « le ministre pour le soutien à notre initiative de plafonnement à 1,99 euro. Nous constatons

que les Français l’apprécient et nous

en sommes très satisfaits. » La semaine dernière, le PDG du groupe,

Patrick Pouyanné, avait évoqué sur

Public Sénat la possibilité de pérenniser une mesure « efficace et compréhensible », ajoutant néanmoins

« chaque chose en son temps ». Ce

plafonnement s’applique dans les

stations détenues par le groupe et

par certaines de ses franchisés.

Elsa Bmaron

> focus

Carburats :

ery appee

otaergies

à uouveau

geste

udiovisueLa Coupe du mode de

rugby gavaise es

haîes gratuites Page 26

Comment la France crée

des emplois « de qualité »

Avec 1,3 million de postes nouveaux depuis fin 2019, la part des embauches en DI

et à temps plein a augmenté, avec de meilleures conditions pour les salariés.

Entre fin 2019 et aujourd’hui,

l’emploi salarié a progressé de

5 %, l’équivalent de 1,3 million de

postes. La France n’est pas le seul

pays développé à avoir profité

d’une embellie visible sur son

marché du travail, mais cette performance est meilleure que nos

voisins, notamment allemands ou

britanniques.

Mieux, cette amélioration ne s’est

pas faite au prix d’une multiplication des contrats précaires et mal

payés. Au contraire, les économistes constatent une meilleure qualité des emplois. Ainsi, depuis la

fin de la pandémie, la part des salariés en CDI et à temps plein a

augmenté. Les tensions de recrutements ont incité les entreprises à

offrir de meilleures conditions de

travail à leurs salariés. Sur le front

des salaires, des augmentations

conséquentes ont été consenties

par les chefs d’entreprise compte

tenu de l’inflation, même si elles

n’ont pas totalement permis de

compenser les hausses de prix.

èL’activité tricolore résiste mieux qu’ailleurs en Europe èLes entreprises redressent rapidement leurs marges Pages 20 et 21

François BOUCHON/Le Figaro, ANTOINE BOUREAU/Hans Lucas via AFP, Nicolas ROCHETTE/stock adobe

C’est un pas de plus vers davantage de protection pour

les épargnants. Les créateurs

de contenus stars qui, sur

YouTube, Instagram ou encore TikTok, prodiguent des

conseils financiers, vont être

mieux formés et surtout

mieux surveillés. Les gendarmes de la Bourse (AMF) et de

la publicité (ARPP) viennent

de lancer conjointement un

certificat de l’influence responsable en finance à destination des influenceurs. Objectif, faire le point sur les

produits financiers mais surtout rappeler les règles liées à

la distribution et au conseil

financier.

« Beaucoup de créateurs de

contenus méconnaissent le cadre légal, rappelle Mohamed

Mansouri, directeur délégué

de l’Autorité de régulation

professionnelle de la publicité

(ARPP). Ce certificat a vocation à leur donner les clés pour

mettre en œuvre une communication claire, exacte et non

trompeuse pour les épargnants ». Ce n’est pas totalement une première. L’AMF et

l’ARPP ont déjà lancé un certificat de l’influence responsable en 2021, mais celui-ci

n’encadrait pas les pratiques

liées aux conseils financiers.

Ce sésame n’est pas obligatoire mais, déjà, de plus en

plus de marques - parmi lesquelles L’Oréal, le Club Med

ou encore La Banque postale - le demandent quand il

s’agit de travailler avec des

influenceurs. Les régulateurs

font le pari qu’il en sera de

même pour la certification

lancée ce jeudi.

Ces derniers mois, l’étau s’est

resserré sur les influenceurs,

quel que soit leur secteur de

prédilection. Depuis juin

dernier, une loi encadre le

marketing d’influence. Elle

oblige notamment les producteurs de contenus à préciser clairement quand leur

publication est rémunérée

par une marque.

Les influenceurs

financiers sous

surveillance renforcée

Pinault s’offre

une agence

de stars

à Hollywood

Artémis, le holding

de la famille Pinault,

a pris le contrôle

de Creative rtists

Agency (C), une

agence représentant

une partie des plus

grandes stars

américaines (Brad Pitt,

George Clooney,

Leonardo DiCaprio…).

L’opération valorise

CAA à 7 milliards

de dollars. age 23

François-Henri Pinault,

PDG de Kering et

président d’Artémis.

P:24

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

24 l'événement

Les deux années d’inflation que

nous venons de vivre ont profondément percuté le paysage économique. « Les perdants sont les

ménages dont le pouvoir d’achat a

baissé, surtout en Europe. Les gagnants sont les entreprises qui ont

accru leurs marges et les gouvernements qui ont reçu un surcroît de

recettes et ainsi pu faire montre de

largesses budgétaires », résume

Bruno Cavalier, chef économiste

chez Oddo.

Une fois absorbé le choc de la

guerre en Ukraine et de l’envolée

des prix de l’énergie, les entreprises ont en effet, ces derniers

mois, résolument augmenté leur

rentabilité. Selon l’Insee, leur

taux de marge atteint même au

deuxième trimestre le niveau

très confortable de 33,2 % contre

32,3 % le trimestre précédent et

31,7 % en moyenne en 2022.

« Cette hausse provient essentiellement de la nette amélioration des

termes de l’échange liée à la baisse

du prix des importations énergétiques. Le taux de marge augmente

notamment dans les branches

énergétiques, la baisse des prix

des importations n’étant pas complètement répercutée ce trimestre

sur les prix de l’énergie vendue

aux entreprises et aux ménages »,

détaille l’Insee.

De là à alimenter les procès en

« greedinflation », l’inflation par

les profits ? En mars dernier, Fabio Panetta, l’un des membres du

directoire de la Banque centrale

européenne (BCE), s’en inquiétait

lors d’un discours qui fit beaucoup parler de lui. L’économiste

expliquait que « certains producteurs ont exploité l’incertitude

créée par une inflation élevée et volatile et les inadéquations entre

l’offre et la demande pour augLes entreprises rapidement leurs Les augmentations conséquentes

consenties par les chefs d’entreprise compte tenu de l’inflation, et

la multiplication des outils comme

l’intéressement ou la participation, n’ont pas permis de compenser les hausses de prix. Le pouvoir

d’achat s’en est ainsi trouvé rogné.

Les choses commencent tout juste

à changer : pour la première fois

depuis deux ans, l’indice du salaire

mensuel de base (SMB) a rattrapé

l’inflation sur un an au second trimestre 2023, avec une hausse de

4,6 % contre 4,4 % pour les prix.

L’envolée de l’apprentissage a par

ailleurs une influence sur le niveau

moyen des salaires. Elle explique

environ un tiers du 1,3 million de

nouveaux emplois. Or ces contrats

sont moins bien rémunérés que

des CDD ou des CDI.

Néanmoins, « le niveau de rémunération est avant tout lié au secteur », explique Stéphane Carcillo.

Or la structure économique française est différente de celle de l’Allemagne ou de l’Italie. Ces dernières peuvent notamment compter

sur un secteur industriel puissant

et générateur d’emplois à forte

productivité, et donc à hauts salaires. À l’inverse, en France, la

hausse de l’emploi a très majoritairement été portée par les services, à l’origine de 911 000 du

1,3 million de nouveaux emplois.

Une opposition entre secondaire et

tertiaire que les économistes tiennent cependant à relativiser. « La

France a créé de nombreux postes

de services aux entreprises ou dans

la communication qui fournissent

aussi des salaires élevés », souligne

Yves Jauneau, à l’Insee. En outre,

si dans l’industrie, l’Hexagone est

toujours à la traîne, la situation

reste meilleure qu’elle n’a été :

« Jusqu’en 2017, la France détruisait des emplois dans le secondaire.

Depuis, la progression est modérée

mais régulière. » Au total, ce ne

sont pas moins de 60 000 postes

qui y ont été créés. Un chiffre toutefois loin de rattraper les centaines de milliers d’emplois perdus

lors des décennies précédentes. ■

Au deuxième trimestre,

50,5 % des 15-64 ans

bénéficiaient d’un CDI

dans l’Hexagone.

SayLi/stock adobe

Quelque 1,3 million de postes ont été

créés depuis la fin 2019 sans que

cela soit au prix d’une envolée des

contrats courts et mal rémunérés.

Clara galtier £@GaltierClara

et anne de guigné £@adeguigne

Les hausses de taux d’intérêt font

leur effet, partout dans le monde,

et l’Europe n’échappe pas à la règle. L’inflation ralentit, et avec

elle la croissance économique.

Ainsi pour la France, l’Insee table,

après le beau rebond du deuxième

trimestre (+ 0,5 %), sur une activité morose pour la deuxième

partie de l’année. Le produit intérieur brut (PIB) hexagonal français progresserait de 0,1 % au troisième trimestre puis de 0,2 % au

quatrième. « En moyenne annuelle,

la croissance s’élèverait à + 0,9 %

en 2023 », avance l’institut, un niveau proche de la prévision gouvernementale de 1 %, dont Bruno

Le Maire a pourtant annoncé la

prochaine révision.

L’année prochaine s’annonce

en revanche plus difficile avec un

« acquis» de croissance (c’est-àdire la croissance annuelle si le PIB

trimestriel restait au niveau prévu

de fin 2023) modeste à + 0,3 %

quand l’exécutif table pour l’instant sur une croissance annuelle

de 1,6 %. Avant ces échéances,

l’Insee prévoit pour le second semestre 2023 une légère reprise de

la consommation, motivée par le

ralentissement de l’inflation. Les

entreprises en revanche pourraient faire grise mine, alors que la

crise de l’immobilier s’annonce

durable. Du côté de l’industrie,

aux difficultés d’offre pourrait

succéder une faiblesse de la demande. Dans ce climat, l’emploi

continuerait de décélérer.

Ces perspectives - temporairement - grises sont le prix à payer

du recul de l’inflation. Malgré le léger rebond d’août, la tendance est

bien à une décélération des hausses de prix. L’Insee table désormais

sur une inflation à 4,1 % en décembre pour une moyenne annuelle à

5 %. « Les prix à la consommation

ont commencé à ralentir il y a quelques mois, nos modèles indiquent

que le recul devrait se poursuivre »,

confirme Julien Pouget, chef de la

conjoncture de l’Insee.

Après avoir atteint des sommets

cet été (+ 12 %), les très sensibles

prix alimentaires poursuivent

lentement la même tendance. Les

prix agricoles à la production, qui

s’étaient envolés dans la foulée du

déclenchement de la guerre en

Ukraine, diminuent depuis le

printemps 2022. Cette tendance

s’est transmise aux prix en sortie

d’usine il y a seulement six mois et

les étiquettes en magasin commencent tout juste à profiter à leur

tour de la détente.

L’inflation ralentit

Malgré ces perspectives mi-figue

mi-raisin, la France fait plutôt figure de bon élève en Europe où la

croissance stagne globalement.

Les économies pâtissent des taux

d’intérêt élevés consécutifs au

resserrement monétaire sans précédent qui commence à restreindre la demande de crédit. Cette

attrition se traduit par un ralentissement des investissements des

entreprises et de la consommation

des ménages. Résultat, le PIB de la

zone euro progresse de seulement

0,1 % au deuxième trimestre alors

qu’une croissance de 0,3 % était

prévue par Eurostat.

En Italie, le PIB a reculé de

0,4 % au deuxième trimestre

2023, principalement en raison

d’une baisse de la demande intérieure dans un contexte de forte

inflation (8 % en mai). Malgré ce

ralentissement, le gouvernement

de Giorgia Meloni reste sur une

prévision de croissance à 1 % pour

l’ensemble de l’année. L’Espagne,

à l’instar de la France, tire son

épingle du jeu, avec une croissance, qui accélère de 0,4 % au

deuxième trimestre, portée par le

tourisme et la demande étrangère.

Si tous les pays et tous les

secteurs sont concernés par une

dégradation du climat des affaires depuis trois mois, c’est l’Allemagne et spécifiquement son

secteur manufacturier qui fléchit

davantage et continue de miner

l’activité européenne. Coupée du

gaz russe, l’industrie souffre des

prix élevés de l’énergie et de la

baisse de la demande chinoise

dont dépend le secteur. Pour le

troisième mois d’affilée, la

production industrielle outreRhin a plongé en juillet et recule

plus fortement qu’attendu à 1,4 %

au lieu de 0,3 %.

Après deux trimestres de baisse du PIB, la croissance allemande fait du sur place. « Le modèle

économique de l’Allemagne est remis en cause, explique Philippe

Gudin, économiste en chef chez

Barclays, en charge de l’Europe.

Cela mettra du temps pour inverser la tendance et sera la priorité

des prochains gouvernements. »

L’ancienne locomotive de l’UE

devrait être le seul grand pays industriel à connaître une récession

en 2023, selon le FMI.

Dans la plupart des pays, l’inflation poursuit sa décrue, certes plus

lentement qu’espéré, mais cela est

de bon augure pour la consommation dans les mois à venir. En Estonie par exemple, la hausse des prix

s’établissait à 11,2 % en mai avant

de tomber à 4 % en août. ■

L’activité tricolore résiste

mieux qu’ailleurs en Europe

«Les prix à la

consommation

ont commencé

à ralentir il y a

quelques mois,

nos modèles

indiquent que

le recul devrait

se poursuivre»

Julien Pouget,

chef de la cononcture

de l’nsee

Irlande

MOYENNE

ZONE EURO

MOYENNE UE :

Source : Eurostat

Croissance : la France au-dessus

de la moyenne européenne

VARIATION DU PIB

AU 2E TRIMESTRE 2023 EN %

Inférieur à −0,8 %

De −0,8 à 0,2 %

De 0,2 à 1,1 %

Plus de 1,1 %

Lux.

Chypre

Malte

+ 0,3 %

0 %

Finlande

France

Belgique

Pays-Bas

Espagne

Allemagne

Pologne

Italie

Roumanie

Grèce

Bulgarie

Lituanie

Suède

Lettonie

Croatie

Slovénie

Slovaquie

Danemark

Hongrie Autriche

Estonie

Portugal

+0,5 %

+0,5 %

+0,4 %

−2,2 %

+0,4 %

+2,9 %

+0,6 %

-0,8 %

-0,3 %

-0,2 %

+0,9 %

+0,4 % −0,4 %

−0,3 %

0 %

0 %

−0,7 %

+0,3 %

+0,2 %

-0,1 %*

+1,1 % -0,4 %

+1,1 %

+1,4 %

−0,3 %

+2 %*

Infographie

Rép. Tchèque

+ 0,1 %

* Au 1er trimestre 2023

La France

relève le défi

de la création

d’emplois de

bonne qualité

de la division emploi et revenus à

l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) : « Il y a plutôt une amélioration de la qualité des emplois »,

assure d’emblée l’économiste.

Trois critères déterminent la

qualité d’un emploi : le type de

contrat, les conditions de travail et

enfin la rémunération. Sur le premier point, l’évolution est sans appel : depuis la crise du Covid, la

part des salariés en CDI, comme à

temps plein, a augmenté. Au

deuxième trimestre 2023, 50,5 %

des 15-64 ans bénéficiaient d’un

contrat à durée indéterminé. C’est

0,7 point de plus qu’à la sortie de la

pandémie. Parallèlement, la part

du temps partiel parmi les emplois

s’est repliée. Quelque 17,3 % des

salariés français sont aujourd’hui

dans cette situation soit 1,5 point

sous son niveau de la fin 2019.

Autre indice, « la part des cadres

dans l’emploi ne cesse de progresser

depuis plusieurs décennies », détaille Yves Jauneau, chef de la division synthèse et conjoncture du

marché du travail à l’Insee.

Avantages en nature

Bien que plus difficile à quantifier,

les conditions de travail semblent,

elles aussi, connaître une tendance

positive. Cela s’explique par la

multiplication des tensions sur le

recrutement et, plus généralement, par la baisse du taux de chômage. Ces deux facteurs ont permis

de rééquilibrer le rapport de force

entre salariés et chefs d’entreprise

et donc le pouvoir de négociation

des premiers. « Beaucoup d’avantages en nature ont été offerts »,

souligne Stéphane Carcillo, qui cite

le télétravail, des congés plus

avantageux, ou l’intéressement…

Reste la question la plus épineuse, celle des salaires. Sur ce point,

l’amélioration est plus nuancée.

homas ngrand

£@EngrandThomas

Emploi Après plusieurs années

pendant lesquelles la France est

parvenue à créer plus d’une centaine de milliers d’emplois par trimestre, la machine montre des signes d’essoufflement. Sur les mois

d’avril, mai et juin de cette année,

seulement 21 000 postes supplémentaires ont vu le jour. Un résultat décrit comme une «quasi-stabilité », par l’Insee, qui a publié les

chiffres définitifs ce jeudi. À titre

de comparaison, le gain avait été

cinq fois plus important sur le premier quart de l’année avec 101 800

créations nettes.

Ce coup de froid ne remet toutefois pas en question la performance historique réalisée par l’Hexagone depuis la fin de la crise Covid.

Entre fin 2019 et aujourd’hui,

l’emploi salarié a progressé de 5 %,

l’équivalent de 1,3 million de postes. Certes la France n’est pas le

seul pays développé à avoir profité

d’une embellie visible sur son

marché du travail, mais « cette

performance est meilleure que nos

voisins, notamment allemands ou

britanniques », salue Éric Heyer,

directeur du département analyse

et prévision de l’OFCE.

La progression est telle qu’elle

en est presque devenue suspecte

dans un pays qui, pendant des décennies, n’a jamais réussi à se débarrasser du chômage de masse.

Parmi les plus sceptiques, JeanLuc Mélenchon n’a pas hésité à

parler sur son blog d’une embellie en « trompe-l’œil ». Pour lui

- comme pour d’autres -, l’amélioration ne serait qu’apparente et

n’a pu avoir lieu qu’au prix de la

multiplication des contrats précaires et mal payés. Un argument vite

balayé par Stéphane Carcillo, chef

P:25

le figaro vendredi 8 septembre 2023

économie 25

Repotage

Muriel ozelier £@MurielRozelier

et Sibylle izk £@sibyllerizk

Beyrouth

Moyen-orient Barbotant dans

l’une des piscines du Lazy B, une

plage privée du sud du Liban, on

pourrait se croire à Ibiza ou à

Mykonos. Pas question de faire

des longueurs. Verre de vin blanc

à la main, lunettes de soleil sur le

nez et bikini dernier cri sur les

fesses, tandis que la nounou s’occupe plus loin des enfants, on

contemple le soleil se coucher sur

la mer en contrebas, où personne

ne se baigne.

En cette fin de journée, ce sont

des Libanais de la diaspora venus

passer l’été au Liban qui forment

le gros des visiteurs. Quelques

touristes arabes s’y greffent également. « Vous faites quoi ce

week-end ? » interroge la Jordanienne qui hésite à se glisser dans

l’eau du bassin. Comme elle, la

plupart s’enquièrent des derniers

restaurants à la mode ou de maisons d’hôtes à étrenner. « On est

là pour s’amuser », témoigne celle

qui est venue ici en vacances avec

son mari émirien et leurs deux

enfants à l’invitation d’amis libanais. « Ce soir, on fait la fête ; demain, on sera dans le Chouf (région

montagneuse du centre du pays,

NDLR) : c’est super sympa et tellement beau », célèbre-t-elle.

En tout, le ministère du Tourisme évalue la saison à deux millions de visiteurs, soit 40 % environ de la population résidente

(composée pour un tiers de réfugiés syriens). Un pic de fréquentation qui devrait porter les recettes touristiques à un niveau

proche de celui d’avant la crise de

2019. « Un boom très relatif »,

commente prudemment Naji

Morkos, fondateur d’Hodema, un

cabinet de conseils en hôtellerie et

restauration. L’augmentation du

nombre de visiteurs est évidemment positive pour le pays, mais

elle s’apparente à une simple piqûre d’amphétamine : il n’y a pas

de sortie de crise en vue.

Exceptions faites de quelques

lieux idylliques, le plus souvent

réservés à l’hôtellerie, à la restauration ainsi qu’au monde de la fête

et du luxe, la pauvreté saute partout aux yeux. Impossible d’y

échapper : dès l’arrivée à l’aéroport de Beyrouth dont la déliquescence - à défaut d’entretien -

contraste avec les panneaux d’affichage paradisiaques accueillant

les touristes. L’économie est tombée au tiers de son niveau de 2019,

té extrêmement régressive tandis

que la dollarisation de certaines

taxes, impôts et services fournis

par l’État, notamment l’eau et

l’électricité, est envisagée. Des

parlementaires préparent même

une loi pour reconnaître la devise

américaine comme monnaie officielle au Liban. Et ce alors que le

pays souffre d’un déficit extérieur

structurel et qu’aucune politique

économique n’est mise en œuvre

pour le combler.

Politique de l’autruche

Plutôt que de procéder à la restructuration d’un secteur financier dont la faillite restera dans les

annales mondiales et d’entamer la

restructuration des finances publiques, les autorités ont choisi la

politique de l’autruche. Aucune

des mesures prévues dans un accord préalable signé avec le FMI

en avril 2022, qui devait débloquer une facilité de crédit de

3 milliards de dollars, n’a été appliquée. Le laisser-faire a des

conséquences sociales dramatiques, mais les intérêts de l’oligarchie au pouvoir sont préservés.

L’économie continue de tourner

en puisant dans l’épargne en devises des déposants, logée à la

banque centrale, dont il ne reste

plus que 7 milliards de dollars

contre une trentaine de milliards

au début de la crise. La Banque

centrale y puise discrétionnairement de quoi subventionner les

importations ou même les salaires

des fonctionnaires.

Mais ce modèle ne contribue en

rien au développement de l’économie, c’est même l’inverse qui

se produit. « À défaut de contrôle

de capitaux qui est le corollaire indispensable de la dollarisation officielle lorsque cette politique entend servir à canaliser les capitaux

vers l’investissement, ces flux ne

font qu’entretenir le cercle vicieux

de la consommation excessive et

de l’inflation », relève Siham Rizkallah, professeur associée à la

faculté de sciences économiques

de l’Université Saint-Joseph de

Beyrouth. En 2022, les importations ont d’ailleurs retrouvé leur

niveau d’avant la crise pour atteindre la valeur record de

19 milliards de dollars. Au moment où les « expats » libanais

quittent leur pays d’origine,

beaucoup de ceux qui leur disent

adieu avouent avoir peur d’une

rentrée, où le vide politique - le

pays est sans président de la République depuis octobre 2022 - et

l’absence de réformes économiques obscurcissent chaque jour

davantage leur horizon. ■

Des vacanciers

se baignent

sur une plage près

du village de Tehoum,

dans le nord du Liban,

le 12 juillet.

JOSEPH EID/AFP

L’étonnant boom touristique

dans un Liban exsangue

Malgré la situation de chaos et d’hyperinflation, le pays a reçu

2 millions de visiteurs cet été, dont beaucoup issus de la diaspora.

« Entre

la capitale

libanaise

et Tripoli,

les écarts

de prix varient

de 1 à 10 ! Ils

jouent même

entre quartiers

de Beyrouth :

il n’y a plus

aucune logique

hormis la

captation de

microclientèles

de riches ou

d’expatriés»

un Franco-Libanais

en vacances cet été

au liban

menter leurs marges au-delà de ce

qui était nécessaire pour absorber

l’augmentation des coûts ».

Cette boucle prix-profit était

jusqu’ici surtout observée en Allemagne. Dans un billet du début

de l’été, Agnès Bénassy-Quéré

en relativisait la portée en France. Malgré les profits records de

certaines entreprises et la situation particulière de l’agroalimentaire, la sous-gouverneur de

la Banque de France notait que si

les marges des entreprises

avaient progressé en 2022, c’était

essentiellement pour revenir à

leur niveau de 2018. « Il semble

exister un écart important entre ce

froid constat statistique et le “ressenti” d’une nette hausse des

marges des entreprises au détriment des travailleurs », concluait

l’économiste.

Hausse des salaires

La France pourrait alors se retrouver rattrapée par cette tendance d’une inflation soutenue

par les profits, même si la productivité du travail entre aussi

en ligne de compte et que la situation varie beaucoup d’un secteur à l’autre. Au-delà des entreprises du secteur de l’énergie,

les industriels de l’agroalimentaire sont également montrés du

doigt en raison de leur réticence

à répercuter dans les rayons les

baisses de prix des matières premières. En revanche, le phénomène apparaît très minoritaire

dans les services.

La dynamique d’augmentation

des salaires, prévue en France

autour de 4,8 % cette année,

devrait surtout rapidement rééquilibrer le partage de la valeur

en faveur du travail, ces prochains mois. A. G.

redressent

marges

les institutions et les services publics y compris l’école se sont effondrés.

La plupart des résidents sont

exclus de ces agapes estivales, ne

parvenant plus à joindre les deux

bouts au quotidien. Même ceux

qui complètent leurs revenus en

dollars, la livre libanaise ayant

perdu 98 % de sa valeur, sont touchés tant l’inflation est exponentielle (+171,2 % en 2022 selon la

Banque mondiale, l’un des taux

les plus élevés au monde) dans un

pays dont la structure productive

a été dévastée par trois décennies

de politique économique et sociale

désastreuse et qui importe quasiment tous ses besoins de consommation. « Avec le même budget de

vacances, on aurait pu se payer un

séjour aux Bahamas », s’étrangle

une architecte expatriée en Suisse

avec mari et enfants au lendemain

de l’explosion au port de Beyrouth

le 4 août 2020, la catastrophe

ayant poussé au départ nombre de

Libanais qui en avaient les

moyens. Mais elle n’a guère le

choix si elle veut maintenir le lien

entre ses enfants et ses parents

âgés. « C’était parfois plus cher

qu’à Genève, un comble ! »

La facture d’un restaurant avoisine ainsi les 30 à 50 dollars par

personne. « Entre la capitale libanaise et Tripoli (deuxième grande

ville du pays, NDLR), les écarts de

prix varient de 1 à 10 ! Ils jouent

même entre quartiers de Beyrouth :

il n’y a plus aucune logique hormis

la captation de microclientèles de

riches ou d’expatriés », s’énerve à

son tour un Franco-Libanais, en

vacances cet été dans son pays

d’origine, qu’il a, lui, quitté pendant la guerre civile (1975-1990).

D’autant que tout ou presque

est maintenant libellé en dollars.

L’économie informelle dollarisée

représente la moitié du PIB libanais, estime la Banque mondiale.

Le projet de budget 2024, qui couvre à peine les salaires et traitements des agents publics alors que

les besoins sont massifs, indexe les

recettes sur la consommation au

taux de change sans aucune mesure pour rééquilibrer une fiscali171,2 %

Taux d’inflation

au Liban l’an dernier,

l’un des plus élevés au monde

économie 25

21 000

emplois créés

en France

au deuxième

trimestre 2023

Nous

créons

des emplois

et l’objectif

est de créer

des emplois

toujours

mieux qualifiés

et mieux

rémunérés»

Bruno Le Maire,

Ministre de l’économie,

sur Franceinfo

33,2 %

taux de marge

des entreprises

françaises

au deuxième

trimestre 2023

Source : Insee

Au deuxième trimestre 2023,

l’emploi salarié est quasi stable

Évolution de l'emploi salarié en France

-400 000

-300 000

-200 000

-100 000

0

100 000

200 000

300 000

500 000

T2T1 T4T3 T2T1 T4 T2T1 T4T3 T2T1 T4T3 T1 T4T3 T2 T1 T2

T3 T1 T2 T4

T3

2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023

Infographie

François BOUCHON/Le Figaro

P:26

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

26 économie

Sophie Muller £@sophiemuller7

(à Bruxelles)

EuropC’est une nouvelle étape

dans les relations entre l’Union

européenne et le Royaume-Uni,

qui se sont notablement réchauffées depuis la signature de « l’accord de Windsor » en février dernier sur l’Irlande du Nord. Après

des mois de négociations, Bruxelles

et Londres ont annoncé jeudi avoir

conclu un accord sur la participation des Britanniques aux programmes Horizon Europe et

Copernicus. « L’Union européenne

et le Royaume-Uni sont des partenaires stratégiques et des alliés, et

l’accord d’aujourd’hui en est la

preuve. Nous continuerons d’être au

premier plan de la science et de la recherche mondiale », se félicite la

présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Avec un budget de plus de 95

milliards d’euros, Horizon Europe

est le programme d’innovation et

de recherche civil le plus important

au monde, portant sur des sujets

aussi variés que la santé, le climat

ou l’intelligence artificielle. En plus

des 27 État -membres de l’Union

européenne, 18 autres pays participent au programme, dont la Norvège, Israël, la Nouvelle-Zélande,

et désormais, le Royaume-Uni.

Comme avec tous les pays hors UE

associés à Horizon Europe, les États

membres auront toutefois la possibilité de limiter l’accès du Royaume-Uni à certaines activités du

programme jugées stratégiques

pour le bloc. Ces restrictions seront

déterminées chaque année en

fonction du plan de travail élaboré

pour Horizon Europe, explique-ton à la Commission.

Londres rejoint aussi Copernicus, le programme d’observation

de la Terre de l’Union européenne.

Son système de satellites, par

exemple, permet d’accéder à des

données aujourd’hui cruciales sur

l’environnement, le changement

climatique et les catastrophes naturelles.

Pour Michelle Donelan, secrétaire d’État britannique à la Science, à

l’Innovation et à la Technologie,

« c’est une journée formidable pour

la science du Royaume-Uni et (son)

économie tout entière ». « Cet accord

représente une étape essentielle dans

notre mission de devenir une superpuissance scientifique et technologique d’ici à 2030. »

Mais la bonne nouvelle est aussi

financière, estime Rishi Sunak, le

premier ministre britannique :

« Nous avons travaillé avec nos partenaires de l’Union européenne pour

nous assurer que cet accord est bon

pour le Royaume-Uni, en débloquant

l’accès à des opportunités de recherche uniques, mais aussi pour les

contribuables britanniques. »

Selon l’accord, le Royaume-Uni

versera 2,6 milliards d’euros par

an, en moyenne, pour sa participation aux deux programmes. Un

mécanisme d’ajustement a également été prévu pour le cas où le

pays obtiendrait un niveau de financements nettement inférieur à

celui de sa contribution à Horizon

Europe. Un scénario probable,

étant donné que le Royaume-Uni

n’a pas participé entièrement au

programme pendant presque trois

ans. Si la contribution britannique

excède les financements reçus de

16 %, le pays recevrait alors une

compensation financière. Il s’agit là

d’une nouveauté par rapport à l’accord d’association initial, selon le

gouvernement britannique. Par

ailleurs, Londres a obtenu de ne

rien payer pour la période au cours

de laquelle sa participation a été

suspendue.

Depuis leur retrait du programme Horizon Europe en 2020, avec

l’entrée en vigueur du Brexit, les

chercheurs affiliés à des institutions britanniques ont pu, grâce à

un accord transitoire, poursuivre

leur collaboration avec le programme, sans pour autant prétendre aux

financements européens. Avec ce

nouvel accord, ils peuvent dès à

présent soumettre des demandes

pour l’année 2024. Ils pourront

également mener à nouveau des

consortiums de recherche.

Pas de participation

à Erasmus +

« Cela sera un soulagement pour la

communauté scientifique de savoir

que l’incertitude des deux années et

demie passées prend fin, explique

Michelle Mitchell, directrice générale de Cancer Research UK. Presque trois quarts des répondants à

notre sondage auprès des chercheurs

sur le cancer ont cité les financements européens comme un facteur

important dans leur travail, ce qui

montre l’importance de la participation à Horizon Europe pour l’avenir

de la recherche sur le cancer. »

L’Académie des sciences médicales, la British Academy, l’Académie royale d’ingénierie et la Société

royale ont publié un communiqué

conjoint, se réjouissant également

de la nouvelle.

En revanche, Londres a décidé

de ne pas s’associer à Euratom, le

programme européen de recherche

nucléaire, pour poursuivre sa propre stratégie sur l’énergie de fusion. Le Royaume-Uni ne participera pas non plus à Erasmus +.

L’accord annoncé jeudi doit encore être approuvé par le Conseil de

l’Union européenne et le comité

spécial UE-Royaume-Uni sur la

participation de ce pays aux programmes de l’UE. ■

Innovation : Londres remet un pied en Europe

À compter de janvier 2024, les chercheurs britanniques pourront à nouveau bénéficier de financements de l’UE.

Anne Cheyvialle

[email protected]

Afrique Pour sa présidence du

G20, Narendra Modi a décidé de

mettre l’Afrique à l’honneur.

Considérée jusqu’à présent comme

« une organisation internationale invitée », l’Union africaine devrait

obtenir lors du sommet qui se tient

ce week-end à New Delhi le statut

de membre permanent au même titre que l’Union européenne. Par

ailleurs, le Nigeria, pays le plus peuplé du continent avec près de

220 millions d’habitants, figure

parmi les neuf États non-membres

invités, aux côtés du Bangladesh et

de Singapour.

Le nouveau président Bola Ahmed Tinubu, qui a pris ses fonctions

en mai, fait le déplacement dans la

capitale indienne. En ligne de mire

une possible entrée du géant nigérian dans le cercle des plus grandes

économies de la planète. Rien n’est

tranché, précise-t-on à Abuja. Les

discussions sont en cours pour en

évaluer les bénéfices, a indiqué en

début de semaine un porte-parole

du gouvernement. Si l’on s’en tient

au seul critère de la taille de l’économie, point d’entrée du G20 à

l’origine, le Nigeria ne passe pas

l’examen. Dans le classement des

économies mondiales en fonction

du PIB (produit intérieur brut), il est

au mieux dans le top 30, note Julien

Marcilly, chef économiste du cabinet GSA, qui conseille les États.

« Après, remarque-t-il, l’Afrique

du Sud est membre du G20 alors

qu’elle arrive plus bas dans le classement et surtout derrière le Nigeria ».

« Il y a une certaine logique à ce que

la première économie africaine en

fasse partie, appuie Stéphane Alby,

de BNP Paribas, mais c’est une économie très fragilisée qui ne s’est pas

relevée du choc pétrolier de 2014 et en

a enchaîné plusieurs depuis ».

Au-delà de l’enjeu géopolitique,

l’intérêt pour le président nigérian à

vouloir postuler au G20, décryptent

les experts, est de redonner

confiance dans son pays. Car le Nigeria a un grand besoin d’attirer des

investissements pour redresser son

économie. Ses capacités de financement sur les marchés sont

contraintes par des coûts prohibitifs

et il a de faibles marges budgétaires.

« C’est une question de crédibilité

après deux mandats de Buhari qui

ont été un échec sur le plan macroéconomique », souligne Stéphane

Alby. En quelques semaines, le chef

de l’État a engagé une série de réformes - libéralisation du taux de

change, suppression des subventions à l’énergie - qui visent à créer

un environnement plus favorable.

Sauf que ces mesures chocs sont

très douloureuses pour une population dont 41 % vivent sous le seuil

de pauvreté. « La chute de 40 % de

la naira, suite à l’unification des taux

de change, et le triplement des prix

du carburant ont aggravé l’inflation

qui a atteint 24 % en juillet et devrait

encore accélérer », note AnneSophie Fevre, analyste risque pays

de Bpifrance. D’autant plus avec la

récente remontée des prix alimentaires, notamment sur le sucre et le

riz. Malgré les efforts de ces dernières années pour développer la production agricole et la volonté affichée d’être autosuffisant en riz, le

Nigeria reste très dépendant des

importations. Face au climat social

très tendu - l’annonce de la fin des

subventions avait déclenché des

émeutes et il y a encore eu des menaces de grèves récemment - le

président lève le pied sur les réformes. « Il vient de décréter un gel des

prix du carburant et il est question

que la banque centrale intervienne à

nouveau pour soutenir la monnaie »,

commente Anne-Sophie Fevre.

Le secteur pétrolier

au ralenti

Un rétropédalage qui n’est pas de

nature à rassurer les investisseurs

alors que l’économie tourne au ralenti. La croissance ne devrait pas

dépasser les 3 % cette année, un niveau nettement insuffisant compte

tenu de la forte démographie. L’activité a été plombée au premier trimestre par une crise de cash, après la

décision de la banque centrale de

changer des billets - la décision a dû

être ajournée - et au deuxième trimestre à cause de blocages dans l’industrie pétrolière. Une grève en avril

chez Exxon a fait chuter la production. « Avec le choc inflationniste,

l’activité sera atone le reste de l’année », commente Stéphane Alby.

Le secteur pétrolier, dont dépend

fortement le pays - l’or noir représente 80 % des exportations et

40 % des recettes budgétaires - est

symptomatique des fragilités du Nigeria. L’an dernier, malgré la forte

hausse des prix du pétrole liée à la

guerre en Ukraine qui aurait dû lui

profiter, le premier producteur pétrolier du continent n’a pas dégagé

d’excédent courant. C’est dû à un

manque de production : il est sur un

rythme de 1,1 million de barils par

jour, très en de ça du quota Opep de

1,8 Mbj. En cause : un sous-investissement et les problèmes récurrents de sécurité, de sabotage des

infrastructures dans le Delta du Niger. Le contexte sécuritaire très difficile - terrorisme, conflits ethniques et religieux… représente un

frein majeur du pays.

La réforme pétrolière promulguée

en 2021 et l’inauguration, en mai

dernier, d’une première raffinerie

par le groupe Dangote - devraient

améliorer la situation. Mais cela va

prendre du temps. « Le redressement de l’économie ne se fera pas sans

heurt dans un environnement international très incertain. Il va falloir

garder le cap des réformes, l’intensifier », conclut Stéphane Alby. ■

Son économie fragilisée a besoin de crédibilité internationale pour attirer des investissements.

Le géant nigérian frappe à la porte du G20

2,6

milliards

d’euros

Contribution annuelle

moyenne de Londres

aux programmes

Horizon Europe

et Copernicus

«Il y a

une certaine

logique

à ce que

la première

économie

africaine fasse

partie du G20,

mais c’est

une économie

très fragilisée

qui ne s’est pas

relevée du

choc pétrolier

de 2014 et

en a enchaîné

plusieurs

depuis»

Stéphane Alby,

bnpparibas

n brf

Fran : dét

ommra stabn jut

£ Le déficit commercial de la

France sur les échanges de biens

s’est stabilisé à 7,8 milliards

d’euros en juillet, après avoir

atteint 7,7 milliards en juin,

ont indiqué les douanes jeudi.

Les exportations diminuent très

légèrement (- 0,1 milliard

d’euros) pour s’établir à

52,4 milliards d’euros alors que

les importations se maintiennent

à 60,2 milliards d’euros.

Cub d : ouvrturpossb du apta£ « Il est tout à fait clair

que Fosun a vocation à rester

l’actionnaire majoritaire du Club

Med, réaffirme Henri Giscard

d’Estaing, le président de Club

Med, à l’AFP. Mais une ouverture

de capital du Club Med

à des partenaires stratégiques

minoritaires pourrait être

envisagée. » Club Med a réalisé

un chiffre d’affaires semestriel

de 1,061 milliard au premier

semestre 2023, en hausse de 32 %

par rapport à la même période

en 2022 et de 20 % par rapport

à 2019.

+ » ew York interdit

les locations Airbnb

de moins de 30 jours

» « Au secours, je n’aime pas

mon nouveau job ! » :

les solutions pour s’en sortir

www.lefigaro.fr/economie

@

Le premier ministre britannique,

Rishi Sunak, et la présidente

de la Commission européenne,

Ursula von der Leyen, lors

de l’accord post-Brexit, le 27 février,

à Windsor (Grande-Bretagne). DA KTWD/Gey mes vi AFP

P:27

le figaro vendredi 8 septembre 2023

C

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S’engager dans une action avec détermination.

Se lancer

C’est la plus grosse acquisition de

l’histoire d’Artémis. Le holding de

la famille Pinault, principal actionnaire (42 %) du géant du luxe Kering (Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Bottega Veneta…) et de

l’équipementier sportif Puma

(28,5 %) est aussi le propriétaire du

premier grand cru classé Château

Latour, d’Artémis Domaines (Closde-Vougeot, Bouchard, champagne Jacquesson), de la maison de

vente aux enchères Christie’s, du

croisiériste Ponant et d’une collection d’œuvres d’art choisie par

François Pinault, le fondateur de

l’empire.

« Nous sommes un investisseur cohérent, assurait au Figaro, à l’été

2017, son fils François-Henri Pinault,

PDG de Kering et président du holding familial. Tous les actifs essentiels

d’Artémis ont en commun d’être dans

l’univers du luxe au sens large. Fort de

notre expérience dans ce secteur, notre objectif est de créer des leaders

mondiaux. » Et le dirigeant, époux de

l’actrice Salma Hayek, de préciser

que les autres propriétés d’Artémis

(l’hebdomadaire Le Point, le club de

foot Stade Rennais et le Théâtre Marigny, à Paris) étaient des « actifs

sentimentaux ».

L’achat de CAA prouve l’envie

d’Artémis de se diversifier avec une

acquisition majeure et un actif décorrélé des cycles économiques du

marché des biens de luxe. Avec

CAA, le holding familial, centré sur

l’Europe, fait par ailleurs évoluer

son exposition géographique en se

Bryan Lourd, Kevin Huvane et

Richard Lovett.

Chez Artémis, on estime que les

marchés de la production cinématographique, du sport et de la musique, fortement repartis depuis la fin

de la pandémie, sont promis à une

forte croissance dans les prochaines

années, ce qui assure un potentiel

de développement pour CAA. « La

gestion et l’accompagnement des talents sont en train de se professionnaliser, assure un observateur du

secteur. De plus, les stars ont de plus

en plus en plus souvent de diversifier

leurs activités ce qui représente une

opportunité pour leurs agents. » CAA

mise sur deux autres relais de croissance : l’internationalisation de son

activité, avec notamment un développement en Europe, et la gestion

des influenceurs sur les réseaux

sociaux.

« Leader incontesté dans son secteur et fort d’une équipe dirigeante

d’exception, CAA apporte un service

mondialement reconnu à des clients

de notoriété internationale, assure

Francois-Henri Pinault. La société a

tous les atouts pertinents pour faire

partie de la famille Artémis. La vision,

les relations et l’accès exceptionnels

de CAA aux décideurs clés dans des

secteurs clés, ainsi que sa culture de

collaboration et d’innovation, confèrent à la société un rôle essentiel dans

la création, à l’échelle mondiale,

d’opportunités pour sa base de clients

diversifiés et influents. Nous nous réjouissons de soutenir l’agence dans sa

croissance future. » ■

Le montant

de l’acquisition de CAA

est gardé jalousement

secret, mais c’est la plus

grosse acquisition de

l’histoire d’Artémis. CAA

Les Pinault

s’offrent une

agence de stars

de Hollywood

Artémis, leur holding familial, prend

le contrôle de Creative Artists Agency,

valorisée 7 milliards de dollars.

Danièle Guinot £@danieleguinot

Assurance Une nouvelle page

s’ouvre chez Scor. Quatre mois

après son arrivée à la tête du réassureur français (assureur des assureurs), le Franco-Suisse Thierry

Léger a dévoilé jeudi sa stratégie

pour « accélérer la création de valeur » du groupe à horizon 2026. Ce

vétéran de chez Swiss Ré ambitionne de faire progresser sa « valeur économique » (indicateur qui

prend en compte la somme des

fonds propres et les profits futurs

attendus) de 9 % par an pendant

trois ans.

La présentation de ce plan intervient trois mois après le décès de

Denis Kessler, l’emblématique

homme fort de Scor pendant plus

de vingt ans, qui a hissé le groupe

parmi les premiers réassureurs

mondiaux. Elle était surtout très

attendue. Il y a un an, l’ancien directeur général de Scor, Laurent

Rousseau, avait renoncé à présenter sa propre feuille de route à

moyen terme dans un environnement incertain. Le groupe traversait alors une importante zone de

turbulences. Pénalisé par le coût

des nombreuses catastrophes naturelles qu’il couvrait et par la

guerre en Ukraine, il était tombé

dans le rouge en 2022 (perte de

301 millions d’euros). Ce qui ne lui

était pas arrivé depuis vingt ans.

Ces mauvais résultats ont fait passer Scor de la quatrième à la sixième place des réassureurs mondiaux. Ils ont aussi coûté son poste

à Laurent Rousseau, qui a été remercié en début d’année, après

seulement dix-huit mois à la tête

du réassureur.

Le groupe, désormais présidé

par Fabrice Brégier, a depuis relevé la tête : au premier semestre

2023, il a dégagé 502 millions de

bénéfices nets. Mais il doit confirmer son redressement. Dans ce

contexte, Thierry Léger souhaite

« ne pas perdre de temps ». Le directeur général prévoit de poursuivre les efforts de transformation et de simplification du groupe.

Et de saisir les opportunités de

marché pour atteindre ses objectifs financiers. « Scor veut tirer

pleinement profit des conditions de

marché les plus favorables de ces

deux dernières décennies » pour la

réassurance, précise le groupe.

Bonne santé du secteur

Les réassureurs, qui ont largement

réduit dans l’ensemble leur exposition aux catastrophes naturelles,

bénéficient en effet de puissants

moteurs : une demande croissante

de couverture de la part des compagnies d’assurances, « à des

conditions de marché favorables »,

souligne Scor. De fait, le secteur est

parvenu à très significativement

augmenter ses tarifs. C’est surtout

vrai en réassurance de dommages.

Scor devrait par ailleurs, comme le

reste du secteur, bénéficier de la

hausse des taux d’intérêt. « Je suis

convaincu que Scor va prospérer

dans cet environnement porteur, en

se développant sur des lignes de métier profitables, en atteignant ses

objectifs financiers et de solvabilité », assure Thierry Léger. Il vise

un ratio de solvabilité - un indicateur reflétant la solidité du groupe

face aux perturbations - dans la

norme du secteur (entre 185 % et

220 %). Scor entend par ailleurs

réduire ses coûts de 150 millions

d’euros par an d’ici à la fin de l’année 2026. Ce qui pourrait notamment passer par la rationalisation

d’une partie de son parc immobilier parisien et par la cession de sa

maison d’édition déficitaire, Humensis (PUF, Belin, L’Observatoire). Mais aucune suppression

d’emplois n’est au programme.

Le baptême du feu a été réussi

pour Thierry Léger. Les investisseurs ont applaudi jeudi sa stratégie, l’action Scor gagnant plus de

4 % (29,51 euros) à la Bourse de Paris. « Les objectifs de la nouvelle

feuille de route du réassureur sont

raisonnables, estiment les analystes de JPMorgan. L’exécution du

plan sera déterminante pour l’évolution du cours de Bourse du réassureur à moyen terme. » Morgan

Stanley est aussi positif. Même si le

titre s’envole de 37 % depuis le

1er janvier, Scor reste cependant

très décoté par rapport à ses

concurrents mondiaux. ■

La direction du réassureur arrivée en mai prévoit

d’améliorer les performances financières d’ici à 2026.

Après deux ans difficiles,

Scor ouvre une nouvelle ère

«Je suis

convaincu

que Scor

va prospérer

dans cet

environnement porteur,

en se

développant

sur des lignes

de métier

profitables,

en atteignant

ses objectifs

financiers

et de

solvabilité»

Thierry Léger,

directeur général

de scor

renforçant en Amérique du Nord.

Chez Artémis, on estime qu’il existe

une continuité d’approche, dans la

mesure où CAA, tout comme Kering, a la capacité de gérer des talents créatifs et de développer des

actifs intangibles.

De plus, la capacité à gérer les

exigences des stars, une des clés du

succès de CCA, est proche du savoir-faire dans le traitement des

attentes des riches clients du luxe,

des croisières ou des maisons

d’enchères…

Artémis rachète les 52 % de CCA

détenus depuis treize ans par le

fonds d’investissement américain

TPG. Le fonds singapourien Temasek, de son côté, se renforce au capital de CAA, en reprenant une partie de la participation du chinois

CMC Capital. « C’est une preuve que

Temasek croit au potentiel de croissance de CAA », souligne un proche

du dossier. Les managers de CAA,

qui détiennent 30 % du capital, resteront associés de près au destin de

l’agence. Celle-ci sera dirigée par

“CAA a un rôle

essentiel dans

la création, à l’échelle

mondiale, d’opportunités

pour sa base de clients

diversifiés et influents

Françoisrésiden d’

enri Pinau

rémis

, ”

ivan letessier £@IvanLetessier

services Les stars de Hollywood

ont beau toujours être en grève,

François-Henri Pinault croit plus

fort que jamais dans le potentiel des

acteurs, sportifs et chanteurs américains. Sa famille a signé jeudi un

accord pour prendre le contrôle de

Creative Artists Agency (CAA).

Leader mondial de son secteur, cette agence représente les intérêts de

stars du cinéma (Brad Pitt, Cameron Diaz, George Clooney, Jessica

Biel, Kate Winslet, Leonardo DiCaprio, Natalie Portman, Zac Efron…),

de la chanson (Beyoncé, Justin Bieber, Britney Spears, Selena Gomez,

Bob Dylan…) et du sport (baseball,

basket, football américain mais

aussi football, avec le Français

Raphael Varanne…). Avec ses

2 000 salariés, elle réalise un chiffre

d’affaires annuel de plus de 1,7 milliard de dollars et une marge opérationnelle supérieure à 30 %.

Le montant de l’opération, pour

laquelle Artémis était conseillé par

les banquiers de Rothschild et les

avocats de Cleary Gottlieb, est gardé aussi jalousement secret que les

contrats des stars. Il valoriserait

CAA la bagatelle de 7 milliards de

dollars (y compris la dette du groupe), soit treize fois son Ebitda. « Un

multiple tout à fait raisonnable », insiste un proche du dossier.

Entrpriss 27

P:28

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

28 Entrpriss

jean-yves guérin £@jyguerin

transport La SNCF, une entreprise comme les autres ? Pas tout à

fait. Quand il y a une bonne nouvelle, c’est le ministre des Transports

qui l’annonce. Pourquoi se priver

avec un groupe 100 % public ? Ainsi, c’est Clément Beaune qui a révélé

l’excellente performance commerciale de l’opérateur ferroviaire historique sur les grandes lignes. « Plus

de 24 millions de billets de train vendus cet été. C’est un record absolu

pour l’histoire du train », a-t-il déclaré sur France 2 tôt jeudi matin.

Quelques minutes plus tard,

Christophe Fanichet, PDG de SNCF

Voyageurs, a apporté des précisions : « Cela représente une hausse

de 4 % par rapport à l’été 2022 déjà

record. » Même augmentation de

4 % pour la SNCF à l’international.

En plus des 24 millions de billets de

TGV et d’Intercités vendus sur des

routes franco-françaises, elle a

écoulé 6 millions de tickets : soit sur

des trajets internationaux comme

Paris-Londres opéré par Eurostar ou

Paris-Genève exploité par Lyria, soit

en Espagne via Ouigo, qui concurrence la Renfe, avec des MadridBarcelone ou des Madrid-Valence.

Cette « envie de train », suivant

l’expression de Christophe Fanichet, s’est aussi ressentie sur des

trajets plus courts dans l’Hexagone :

la fréquentation des TER a augmenté en moyenne de 10 % cet été. Et

même de 20 % dans des régions

comme l’Occitanie, les Pays de Loire ou le Sud qui ont proposé des tarifs très attractifs.

Un tableau idyllique obscurci par

l’expérience client : sur les réseaux

sociaux, les passagers se sont plaints

de ne pas trouver de places dans les

TGV ou alors à des prix prohibitifs.

« 40% des TGV étaient complets cet

été, et on a atteint un taux de remplissage de 80 % », indique Christophe Fanichet. Mezzo voce, la SNCF

avait déjà reconnu que faute d’avoir

suffisamment de rames de TGV,

15 % à 20 % de la demande n’avait

pu être satisfaite entre mai et début

juillet. Et, pour ce qui concerne les

TER, la presse quotidienne régionale s’est fait l’écho de trains bondés

avec des passagers debout dans le

couloir.

Sur les TGV, la polémique a enflé

car la lettre spécialisée Mobilettre a

révélé en juillet que, depuis dix ans,

la SNCF avait réduit sensiblement sa

flotte de TGV. Elle est passée de 520

rames en 2013 à près de 360 cette

année. « Oui, nous avons réduit le

nombre de rames TGV au milieu des

années 2010, argumente Christophe

Fanichet. Mais, au final, nous avons

offert cet été 13 % de places en plus. »

La recette : la SNCF a remplacé des

rames à un niveau par des rames

duplex comportant donc beaucoup

plus de sièges. La montée en puissance des TGV low cost Ouigo qui,

grâce à leur entretien efffectué la

nuit, assurent plus de rotations dans

la journée que les inOui, aurait aussi

fait le reste. Et, à l’appui de sa démonstration, la SNCF rappelle

qu’elle a augmenté son offre de

450 000 billets sur les grandes lignes

cet été par rapport à l’été 2022.

Choix contestables

Des explications qui ne convainquent pas Gilles Dansart, directeur

de Mobilettre. « Au milieu des années

2010, l’appareil d’État ne croyait pas

au développement du train malgré la

montée des préoccupations écologistes, raconte-t-il. L’obsession des

gouvernements successifs était de

rétablir les comptes de la SNCF. Ils

ont donc incité le groupe à mettre au

rebut beaucoup de rames TGV. »

Bref à réduire l’offre. Au même moment, avec les mêmes données sur

le réchauffement climatique, l’Italie

a parié sur l’appétit à court et

moyen terme pour le TGV, moyen

de transport le plus écologique.

Pour cela, les Transalpins ont baissé

drastiquement le prix des péages

ferroviaires permettant aux compagnies de chemin de fer opérant

au-delà des Alpes de développer

leur offre avec des billets plus abordables qu’en France. Aujourd’hui

encore, le prix des péages ferroviaires en Italie est quatre fois plus faible que dans l’Hexagone.

Un autre facteur, plus ponctuel,

n’aide pas la SNCF à mettre sur le

marché autant de billets TGV que

nécessaire l’été. Depuis 2016, l’opérateur ferroviaire travaille avec

Alstom pour concevoir le TGV de

demain. Cela a débouché sur la mise

au point du TGV M offrant notamment 20 % de places supplémentaires (740 maximum contre 634

aujourd’hui). « Nous en avons commandé 115. Et, au pire de la crise Covid en 2020, nous n’avons pas revu

nos plans à la baisse », souligne

Christophe Fanichet. Mais la SNCF

recevra les premières rames de TGV

M au plus tôt fin 2024 ou plus probablement début 2025. Et les dernières rames Océane de l’actuelle

génération de TGV ont été livrées au

printemps. Pendant plus de dixhuit mois, la SNCF, qui reçoit habituellement une demi-douzaine de

rames neuves de TGV par an, n’en

aura donc aucune. Pas de chance,

dans cette période où les passagers

se multiplient. « Et il faudra un peu

de temps pour qu’Alstom trouve son

rythme de croisière sur ce matériel

roulant et arrive à sortir une nouvelle

rame de TGV M par mois », confie

un spécialiste.

Bien sûr, la SNCF travaille d’arrache-pied pour rattraper ce retard

en termes de capacités. Avant la fin

de l’année, elle devrait décider de

prolonger la durée de vie des rames

TGV à 50 ans contre 40 ans aujourd’hui. Mais, compte tenu des études

techniques sur ce projet, l’augmentation de l’offre en sièges qui en découlera sera visible au plus tôt en

2026.De même, à partir de 2025,

Ouigo, qui dispose de 38 rames,

compte en ajouter progressivement

douze. Il s’agit d’ex-rames inOui

transformées en Ouigo qui comportent plus de places. Mais, là encore, l’effet ne sera pas immédiat.

Ceux qui se découvrent une passion

pour le train sont prévenus : la

SNCF ne peut pas rattraper les choix

plus ou moins bons faits dans les

années 2010 et multiplier son offre

de sièges du jour au lendemain. ■

Arrivée des passagers

d’un TGV à la gare

de Lyon, fin juin à Paris.

BENOIT DURAND/

Hans Lucas via AFP

SNCF : les TGV bondés cet été faute de rames

Le groupe a vendu un nombre record de billets. Mais, avec plus de voitures, il en aurait écoulé davantage.

annelot Huijgen £@AnnelotHuijgen

à Hendaye

textile Alors que le monde croule

sous les vêtements et les chaussures

usagés, mieux recycler est un impératif pour la planète. Selon

l’Ademe, chaque Français achète

chaque année 10 kilos de vêtements, de chaussures et de linge de

maison et en jette au moins 3,4 kilos. Rien qu’en France, plus de

244 000 tonnes sont collectées et

triées par an. Poussées par le durcissement réglementaire d’un côté

et la demande des consommateurs

de l’autre, mais aussi la hausse des

prix des matières premières, les

marques ont commencé à s’atteler

à la tâche.

La chaîne industrielle de recyclage se met progressivement en

place. Ainsi, le français Carbios a

mis au point un procédé permettant de transformer du textile en

bouteilles PET et travaille avec Salomon, On, Patagonia et Puma sur

le recyclage du polyester. L’américain Eastman a démarré la

construction en France d’une usine

de recyclage de plastique et de textile. Par ailleurs, trois entreprises

du textile - TDV Industries, les Tissages de Charlieu et Mulliez Flory -

ont monté une usine de fabrication

de fibre recyclée près de Laval.

En revanche, aucun projet

d’ampleur n’existe pour les chaussures, que certaines marques,

comme Eram, ont en revanche

commencé à réparer ou à louer. Un

manque que veut aider à combler la

nouvelle plateforme du Cetia, à

Hendaye (Pyrénées-Atlantiques)

qui a été inaugurée mercredi. L’Estia, l’école d’ingénieurs de Bidart, a

des acteurs du luxe, une opération

complexe et pénible, avec souvent

une semelle bimatière, et nécessitant

une grande force », détaille Chloé

Salomon Legagneur. Grâce à l’intelligence artificielle, les semelles et

la tige des chaussures sont ensuite

triées, à raison de 250 paires par

heure, par composition et même

par modèle. De quoi permettre à

Decathlon d’imaginer de recréer

une chaussure de sport à partir de

ses propres paires usagées. Le géant

des équipements sportifs travaille

par ailleurs avec le Cetia et une

vingtaine d’autres partenaires,

dans le cadre d’un programme

européen, à la création d’un maillot

de bain en boucle dite fermée.

« Il n’y aura pas une seule solution

de recyclage. Ce sera une combinaison de technologies. Ici, nous travaillons par exemple sur la détection

puis le découpage à l’aide d’un laser

des points durs – boutons, coutures

ou fermetures éclair - dans les vêtements de différentes matières. Et làbas, nous calibrons une machine capable de trier les vêtements par

couleur et par composition, car les

étiquettes sont souvent manquantes.

Nous avons vocation à étudier tout

ce qui permet de fournir aux recycleurs industriels une matière qui

puisse être réutilisée sous forme de

fil, d’isolant… voire de pièce textile

entière », ajoute la directrice du Cetia, en déambulant au milieu des

installations consacrées chacune à

une problématique.

Des équipements financés majoritairement par la région NouvelleAquitaine, qui a injecté la moitié de

la somme de 2,4 millions d’euros.

L’éco-organisme Refashion vient

d’annoncer de son côté une enveloppe supplémentaire de

900 000 euros. Le Cetia a réalisé un

chiffre d’affaires de 500 000 euros

dès sa première année, en 2022, en

louant une partie de ses équipements et en proposant des formations sur le recyclage et le design.

« Nous avons de la place pour

d’autres programmes avec d’autres

partenaires marques, fabricants ou

collecteurs-trieurs », invite Chloé

Salmon Legagneur.

En mettant en commun leurs

moyens financiers et leurs connaissances, les partenaires du Cetia

comptent aller plus loin, et surtout

plus vite. « L’idée est née lors des

travaux de la chaire Biarritz Life

Style Industry, créée en 2016 avec

nos partenaires, parmi lesquels les

marques Decathlon, Petit Bateau,

Zalando, Eram et le collecteur-trieur

Rediv. Cette inauguration ouvre une

nouvelle ère, celle de l’industrialisation du recyclage en Europe. Les déchets deviendront des matières et ne

seront plus enfouis, incinérés ou

acheminés en Afrique. Les marques

qui s’engagent à nos côtés pour

trouver des technologies performantes et économiques compétitives

auront une longueur d’avance », appuie Gilles Damez, président du

Ceti.

« Le Pays basque, c’est le jambon

de Bayonne, le piment de l’Espelette,

mais aussi des innovations. Nous

sommes fiers d’avoir créé en seulement quatre ans le Cetia, premier

hub d’innovation de France et d’Europe qui permettra aux industriels

du textile et de la chaussure d’accélérer leur transformation », conclut

André Garreta, président du Cetia

et de la CCI Bayonne Pays basque. ■

Au Pays basque, une unité de recherche a été inaugurée, qui travaille avec différentes marques françaises.

Des robots et des machines pour enfin recycler les chaussures

Une salariée dépose

de vieilles chaussures

sur la machine

de tri du cuir et du

caoutchouc, dans l’usine

Cetia, à Hendaye.

GAZKA OZ/AF244 000

tonnes

de vêtements,

de chaussures et

de linge de maison

sont collectées

et triées chaque année

en France

cocréé cette unité de recherche

avec le Centre européen des textiles

innovants (Ceti), un organisme qui

collabore avec des industriels.

« Nous travaillons ici, à Hendaye, en

complément de ce que fait le Ceti à

Tourcoing, sur la levée de verrous

techniques de deux étapes clés de la

préparation au recyclage des matières textiles et cuirs : l’automatisation

du tri et le démantèlement des articles. Notre objectif est de transformer ces déchets en gisements de

qualité et en grande quantité », explique Chloé Salmon Legagneur,

directrice du Cetia, à la tête d’une

équipe de bientôt neuf ingénieurs.

Dans le bâtiment situé près des

usines du fabricant de sièges de bureau – et futur client - Sokoa, les

équipements sont installés un à un

depuis juin dernier. « Notre projet le

plus abouti concerne la décomposition des chaussures. Avec nos partenaires pour ce projet (Decathlon,

Eram, Zalando, Revalorem, l’Atelier

des matières, un acteur du luxe et

l’éco-organisme Refashion), nous

avons imaginé une ligne permettant

de réduire le temps de chauffage des

chaussures nécessaire à la fonte des

colles. Cela permet d’avoir des produits à recycler de meilleure qualité.

Le robot se charge ensuite du décollage des semelles. Aujourd’hui,

l’opération s’effectue à la main pour

“Notre objectif

est de transformer

ces déchets en

gisements de qualité et

en grande quantité

Chloé Salmon Legagneur, dire

ctrice

du Cetia

P:29

le figaro vendredi 8 septembre 2023

MONNAIE 1 EURO=

LIQUID. VALORISAT.

VALEUR DATE DE

LES DEVISES

VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS (OU EN DEVISES), HORS FRAIS

s-Elysées

37 av. des Champ

75008ParisCybèle Asset Management

AUSTRALIE ................................................................................ DOLLAR AUSTRALIEN 1,6767 AUD

CANADA ................................................................................ DOLLAR CANADIEN 1,4625 CAD

GDE BRETAGNE ................................................................................ LIVRE STERLING 0,859 GBP

HONG KONG ................................................................................ DOLLAR DE HONG KONG 8,3961 HKD

JAPON ................................................................................ YEN 157,7 JPY

SUISSE ................................................................................ FRANC SUISSE 0,9557 CHF

ETATS-UNIS ................................................................................ DOLLAR 1,071 USD

TUNISIE ................................................................................ DINAR TUNISIEN 3,354 TND

MAROC ................................................................................ DIHRAM 11,103 MAD

TURQUIE ................................................................................ NOUVELLE LIVRE TURQUE 28,7347 TRY

EGYPTE ................................................................................ LIVRE EGYPTIENNE 33,3493 EGP

CHINE ................................................................................ YUAN 7,8488 CNY

INDE ................................................................................ ROUPIE 89,0955 INR

ALGERIE ................................................................................ DINAR ALGERIEN 147,4458 DZD

LʼOR VEILLE 31/12

Cotation quotidienne assurée par Or en Cash

https://www.orencash.fr/investissement/

Lingot 1KG ................................. 57 675,2€ +5,2 %

Lingot 100g ................................. 5 779,52€ -0,22 %

Lingot 50g ................................. 2 895,26€ -1,32 %

Lingot ONCE (31,10g) ................................. 1 805€ -1,37 %

Lingot 10g ................................. 587,95€ -1,68 %

Lingot 2,5g ................................. 154,91€ -4,4 %

2OFr NAPOLÉON ................................. 359,03€ +4,98 %

20Fr SUISSE ................................. 355,01€ +5,03 %

SOUVERAIN ................................. 449,11€ +5,67 %

KRUGGERAND ................................. 1 918,26€ +2,75 %

50 PESOS ................................. 2 291,4€ +5,06 %

10 DOLLARS ................................. 937,97€ +4,69 %

20 DOLLARS ................................. 1 874,93€ +4,81 %

CLÔTURE

DU CAC 40

+ 0,03 %

à 7 196,10 points

ceaux de mousse insonorisante pouvant provoquer des irritations ou des

maux de tête. Philips avait aussi évoqué

un risque « potentiel » de cancers à long

terme. Le groupe a ensuite fait l’objet de

poursuites dans plusieurs pays. En

France, plus de 200 personnes ont déposé une plainte, dont trois pour homicide involontaire. L’ancien géant de l’électronique a été contraint de procéder à

des économies drastiques. Philips - qui

employait près de 80 000 personnes

dans le monde - a ainsi prévu de supprimer 10 000 postes d’ici à 2025.

Ces derniers temps, l’entreprise a

montré des signes tangibles de redressement. Ses ventes ont grimpé au

deuxième trimestre et elle a affiché des

profits au premier semestre. Elle a également attiré un solide actionnaire. Au

mois d’août dernier, le holding de la famille Agnelli, Exor, a en effet pris une

participation de 15 % au capital de l’entreprise. Le titre Philips a reculé de

0,22 % jeudi sur Euronext Amsterdam. ■

Philips a annoncé jeudi avoir conclu un

accord pour résoudre une partie des

plaintes déposées contre lui aux ÉtatsUnis à la suite d’un vaste rappel d’appareils respiratoires défectueux. Le fabricant néerlandais de matériel médical

précise avoir conclu, avec certaines filiales américaines, « un accord pour résoudre les réclamations pour pertes

économiques », avec à la clé le versement de dédommagements à toutes

les personnes concernées. « L’accord

ne règle en revanche aucune réclamation pour préjudice corporel ou suivi

médical (…) et il doit encore être soumis

à un tribunal », ajoute Philips. Le coût final dépendra quant à lui du nombre de

patients concernés.

L’entreprise, basée à Amsterdam,

avait procédé à partir du mois de juin

2021 à un rappel géant de ces appareils

utilisés essentiellement dans le traitement de l’apnée du sommeil. Il avait en

effet constaté que les utilisateurs risquaient d’inhaler ou d’avaler des morla séance du jeudi 7 septembre

LE CAC

JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12 JOUR %VAR. +HAUTJOUR +BAS JOUR %CAP.ECH 31/12

AIR LIQUIDE ........................... 165,62 +0,58 166,14 163,96 0,088 +25,09

AIRBUS ..............................................136,42 +1,85 137,2 133,52 0,11 +22,88

ALSTOM ..............................................24,02 -3,46 24,84 24,02 0,274 +5,26

ARCELORMITTAL SA ........................... 24,255 -2,57 24,84 24,205 0,269 -1,3

AXA .............................................. 27,53 -0,2 27,775 27,37 0,11 +5,66

BNP PARIBAS ACT.A ........................... 58,57 -0,05 58,96 58,1 0,185 +9,99

BOUYGUES .............................................. 31,54 +0,1 31,73 31,22 0,16 +12,48

CAPGEMINI .............................................. 168,2 -1,32 169,05 167,25 0,177 +7,86

CARREFOUR .............................................. 16,67 +0,33 16,765 16,445 0,268 +6,59

CREDIT AGRICOLE ...........................11,214 -0,41 11,288 11,144 0,138 +14,07

DANONE ..............................................53,22 +0,93 53,31 52,36 0,147 +8,1

DASSAULT SYSTEMES ........................... 36,41 -0,42 36,515 36,16 0,056 +8,7

EDENRED ..............................................57,78 -0,79 58,06 57,42 0,14 +13,56

ENGIE .............................................. 14,656 +1,05 14,7 14,39 0,128 +9,47

ESSILORLUXOTTICA ........................... 173,36 +0,66 174,5 171,16 0,085 +2,46

EUROFINS SCIENT. ........................... 54,6 -1,02 55,3 54,36 0,093 -18,58

HERMES INTL ........................... 1834,4 +0,05 1861,2 1819,4 0,048 +26,95

KERING ..............................................462,85 -1,25 473,45 460,2 0,125 -2,66

L'OREAL .............................................. 398,4 +0,05 401,35 392,4 0,06 +19,42

LEGRAND .............................................. 90,86 -0,55 91,3 90,4 0,115 +21,44

LVMH ..............................................724,1 -1,01 737,9 722,1 0,101 +6,5

MICHELIN .............................................. 29,95 -0,47 30,48 29,94 0,165 +15,26

ORANGE ..............................................10,778 +2,14 10,794 10,516 0,24 +16,13

PERNOD RICARD ...........................174,45 -1,22 177 173,85 0,277 -5,06

PUBLICIS GROUPE SA ..................... 71,82 -1,29 72,42 71,02 0,125 +20,87

RENAULT .............................................. 36,3 +1,17 36,825 35,685 0,437 +16,07

SAFRAN .............................................. 148,46 +1,66 149,52 145,82 0,117 +26,98

SAINT GOBAIN ........................... 57,28 -0,75 57,89 57,21 0,2 +25,48

SANOFI ..............................................99,68 +1,47 99,86 97,87 0,085 +10,95

SCHNEIDER ELECTRIC ..................... 156,98 -0,48 157,92 156,26 0,112 +20,09

SOCIETE GENERALE ........................... 25,415 -0,45 25,65 25,345 0,237 +8,24

STELLANTIS NV ........................... 16,95 +0,17 17,11 16,894 0,09 +27,73

STMICROELECTRONICS ..................... 41,085 -4,11 42,495 40,745 0,267 +24,52

TELEPERFORMANCE ........................... 125,4 -2,34 127,2 124,3 0,45 -43,69

THALES .............................................. 137,3 +0,44 137,4 136,1 0,058 +15,09

TOTALENERGIES ...........................59,88 +0,62 60,14 59,4 0,146 +2,1

UNIBAIL-RODAMCO-WE ..................... 48,54 -1,62 49,26 48,31 0,152 -0,19

VEOLIA ENVIRON. ........................... 28,32 +1,83 28,37 27,69 0,191 +17,1

VINCI .............................................. 102,5 +0,14 103,24 101,94 0,063 +9,87

WORLDLINE .............................................. 27,24 -3,47 27,86 27,06 0,339 -25,43

La valeur du jour [email protected]

Philips règle une partie du litige lié

aux respirateurs défectueux

elsa bembaron £@elsabembaron

énergie Dans un contexte de crise énergétique marquée par des

prix de l’électricité très élevés et

volatils, EDF testera à partir du

18 septembre un nouveau type

d’offres à destination des fournisseurs alternatifs d’électricité, des

traders et des très grands clients.

Cette expérimentation vise à préparer la fin de l’accès régulé à

l’électricité nucléaire historique

(Arenh) fixée au 31 décembre 2025.

Ce dispositif impose à l’électricien

national de céder 100 térawattheures (TWh) à des fournisseurs alternatifs, à 42 euros du mégawattheure (MWh). Les discussions vont bon

train, à la fois à Paris et à Bruxelles,

pour fixer un nouveau cadre réglementaire. EDF anticipe cette

échéance en mettant en place une

nouvelle offre commerciale, destinée notamment à envoyer au marché un signal sur le prix de commercialisation du MWh. Le groupe

veut aussi démontrer que des

contrats à moyen terme, d’une durée de cinq ans, sont viables et qu’il

« ne verrouille pas le marché ».

L’Europe reste viscéralement attachée à la libre concurrence sur le

marché de l’énergie.

Des mégawatts

aux enchères

L’offre présentée par EDF consiste à

vendre des mégawatts à horizon

2027 et 2028. Actuellement, les

fournisseurs alternatifs, les traders

et certaines entreprises peuvent

acheter sur le marché de l’électricité à horizon 2024, 2025 et 2026. En

allongeant l’échéance, le groupe

veut « accompagner la mise en place

d’offres commerciales sur des durées

plus longues avec des maturités plus

stables », explique Karine Revcolevschi, directrice optimisation aval

et trading chez EDF. « Paradoxalement, depuis le début de la guerre en

Ukraine, les prix des contrats à horizon lointain sont inférieurs aux plus

proches », souligne Marc

Benayoun, directeur exécutif groupe EDF en charge du pôle clients.

Avec une offre ferme et à prix fixe,

l’électricien « veut apporter de la visibilité et de la stabilité au marché ».

En ajoutant des échéances à horizon 2027 et 2028, EDF vise à favoriser la mise en place d’un nouveau

type d’offres par les fournisseurs

alternatifs, avec éventuellement

des contrats sur cinq ans dans lesquels les prix pourront être moyennés à la baisse (2027 étant moins

cher que 2026, qui est moins cher

que 2025, etc.). Et ainsi offrir « un

environnement plus favorable aux

clients ».

Le système de vente, tout complexe soit-il, est bien rodé et connu

des professionnels du secteur sous

le nom de «ruban moyen terme».

Dans un premier temps, EDF va

mettre aux enchères des volumes

quotidiens de 5 MW maximum à

horizon 2027 et autant à horizon

2028, avec un minimum fixé à

1 MW. Les acheteurs pourront donc

accéder à des blocs compris entre

1 et 5 MW, avec un prix fixe d’électricité pour chaque heure de la période concernée. Au total, et dans le

cadre de cette expérimentation,

100 MW à horizon 2027 et 100 MW

pour 2028 seront proposés. Les prix

ne devraient pas être sensiblement

différents de ceux observés actuellement pour des contrats à moyen

terme, oscillant entre 85 et

100 euros du MWh.

« Si c’est un succès, le volume mis

à disposition par EDF sera relevé »,

ajoute Marc Benayoun. Il faudra

plusieurs jours, si ce n’est semaines, aux acteurs du marché intéressés pour envoyer à EDF un

« dossier de qualification », qui leur

permettra de participer aux enchères. La première aura lieu le 18 septembre. Le prix d’attribution sera

communiqué publiquement, mais

pas le prix de réserve d’EDF. Enfin,

les grandes entreprises électro-intensives devraient se voir proposer

une autre solution dans les prochaines semaines. ■

F expérimente

un nouveau type de

contrats à long terme

Le groupe anticipe la fin prochaine

des tarifs régulés à l’électricité

nucléaire régulée (Arenh).

chloé woitier £@W_Chloe

concurrence En 1998, Microsoft se retrouvait au cœur d’un

procès antitrust intenté par le ministère américain de la Justice.

Vingt-cinq ans plus tard, un autre

géant de la tech lui succède sur le

banc des accusés : Google. À partir de mardi, et durant dix semaines, le groupe de Mountain View

et l’Administration américaine

croiseront le fer à Washington

face au juge Amit Mehta. Au cœur

du bras de fer, la position ultradominante de Google aux États-Unis

dans le secteur des moteurs de recherche, avec une part de marché

de 90 %. Cette dernière a-t-elle

été acquise grâce à des pratiques

illégales aux yeux des lois de la

concurrence ?

Ce procès, annoncé en 2020,

s’annonce spectaculaire. D’après

le New York Times, Google a dépensé des millions de dollars pour

s’octroyer les services de trois

puissants cabinets d’avocats. Accusation et défense ont versé au

dossier plus de 5 millions de pages

de documents ainsi que 150 dépositions. Sundar Pichai, le directeur général de Google, pourrait

être entendu à la barre, tout comme des membres des directions

d’Apple, de Samsung et d’autres

grands groupes technologiques.

Les débats vont se concentrer

sur les accords de distribution que

Google a noués ces deux dernières

décennies avec des fabricants de

matériel informatique pour que

son moteur de recherche soit installé par défaut sur leurs appareils. Des accords financiers similaires ont été passés avec certains

navigateurs web, comme Mozilla

Firefox. Selon le ministère de la

Justice, ces contrats sont la clé du

succès colossal de Google, qui, en

rémunérant ces acteurs, aurait

privé d’oxygène ses rivaux Yahoo,

Microsoft Bing ou des moteurs alternatifs comme DuckDuckGo ou

Ecosia. La firme californienne argue au contraire que les consommateurs se tournent vers son moteur car il est tout simplement le

meilleur du marché…

Un accord central

avec Apple

Les répercussions de long terme

du contrat entre Google et Apple

devraient être particulièrement

décortiquées. C’est dès 2005 que

la firme de Cupertino a choisi son

voisin de Mountain View pour devenir le moteur de recherche par

défaut de son navigateur Safari

sur les ordinateurs Mac. Cet accord a pris une tout autre ampleur

quand il a été reproduit pour

l’iPhone, lancé en 2007.

Depuis, Google verse à Apple

entre 8 et 12 milliards de dollars

chaque année pour conserver ce

statut. Les deux parties ont tout à

y gagner. Pour Apple, ce chèque

représente près de 20 % de ses bénéfices annuels. Google, lui, obtient un accès privilégié aux possesseurs d’iPhone et de Mac, et ils

sont nombreux. Selon le ministère

de la Justice, près de la moitié du

trafic sur Google Search provient

des appareils Apple. Ce trafic entrant ruisselle ensuite en revenus

publicitaires, via l’affichage de

résultats sponsorisés. Perdre cette

position privilégiée aurait de

lourdes répercussions sur les revenus du groupe.

L’enjeu de ce procès sera de déterminer si ces contrats de distribution, qui ont aussi été signés

avec les fabricants de smartphones Samsung, LG et Motorola,

sont illégaux. Dans sa défense,

Google rappelle que les internautes sont libres de changer dans les

paramètres de leur navigateur

leur moteur de recherche par défaut. Mais encore faut-il que ces

derniers soient au courant de cette fonctionnalité et sachent

fouiller dans les menus.

Google a déjà été condamné par

l’Europe en 2018 pour ces mêmes

pratiques, et a par conséquent mis

en place depuis 2020 dans l’Union

un écran de sélection du moteur

de recherche lors de la configuration d’un smartphone Android.

Cela n’a pas eu d’effet significatif

sur la part de marché écrasante de

Google Search : elle est de 97 %

sur mobile en France…

Un autre procès attend le géant

californien aux États-Unis. En

2024, il s’opposera de nouveau au

ministère de la Justice qui l’accuse

d’abus de position dominante

dans le secteur des technologies

publicitaires en ligne. ■

Avec des contrats à 5 ans, EDF

vise les fournisseurs alternatifs,

les traders et certaines entreprises.

HJBC/stok adoe

90%

Part de

marché

du moteur

de recherche Google

aux États-Unis

Le 24 janvier 2023, le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, annonce la tenue d’un procès antitrust contre Google.

Google au centre d’un procès

historique aux États-nis

Les accords faisant de Google le moteur de recherche par défaut chez

Apple ou Samsung seront au cœur des débats qui s’ouvriront mardi.

VIN LMRQU/RURtepses 29

P:30

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

30 médias et publicité

Caroline sallé £@carolinesalle

audiovisuel Des scores de bon

augure. Cet été, les matchs de préparation du XV de France ont permis à TF1 de doper ses audiences du

mois d’août. À quelques heures du

coup d’envoi du Mondial de rugby,

qui se tiendra en France à partir de

ce vendredi 8 septembre et jusqu’au 28 octobre, les trois diffuseurs de la compétition - TF1, M6 et

France Télévisions - peuvent entrer dans la mêlée avec confiance.

« C’est l’événement sportif de

l’année, assure François Pelissier, le

directeur général adjoint business

et sports de TF1. L’équipe de France

est constituée d’une génération de

joueurs exceptionnelle. Elle a rarement été aussi forte et fait partie des

favoris. La compétition se déroule

dans l’Hexagone, ce qui lui donne

forcément plus d’écho médiatique. Et

plus que jamais, les Français ont besoin de moments fédérateurs, de joie

collective », fait valoir le dirigeant.

Détenteur des droits de diffusion, le groupe TF1 a revendu 28

des 40 matchs du Mondial. Un accord de sous-licence qui va permettre à France Télévisions de proposer 10 rencontres, dont le match

France-Namibie le 21 septembre,

ainsi qu’un quart de finale. Le

groupe M6 proposera, quant à lui,

18 affiches, dont un quart de finale

et les matchs de grandes équipes

comme l’Irlande, l’Australie, l’Angleterre… «Nous sommes régulièrement présents sur les grands événements sportifs, mais M6 n’avait

encore jamais diffusé une compétition de rugby en 35 ans d’existence », souligne Frédéric de Vincelles, le directeur général des

programmes au sein du groupe M6.

Pour accompagner cette « grande

fête populaire », la chaîne retransmettra les matchs en 4K et elle a

enrôlé plusieurs ex-internationaux

français comme consultants : Olivier Magne, Marie Sempéré, Yann

Delaigue, Fulgence Ouedraogo…

Diffuseur historique de la Coupe

du monde de rugby depuis 1991,

TF1 a conservé les 20 meilleures affiches : trois matchs de poules des

Bleus, les deux meilleurs quarts de

finale dont celui avec la France, les

deux demi-finales, le match pour la

troisième place et la finale… « Nous

disposons en exclusivité des extraits

de tous les matchs du Mondial pour

le linéaire et le digital », rappelle le

dirigeant de TF1. La filiale de Bouygues compte s’en servir pour alimenter ses comptes sur les réseaux

sociaux, Snapchat, TikTok, YouTube, Facebook, Instagram… Et sur

MyTF1, « Top Chrono » offrira des

résumés au choix de 5, 10 ou 15 minutes, autour des 48 matchs.

La chaîne, qui a débauché la

« Mme Rugby » de Canal+, Isabelle

Ithurburu, lancera la compétition ce

vendredi soir à 21 h 15 avec le choc

France-All Blacks. Grâce au partage

des droits, «tous les Français vont

pouvoir regarder gratuitement l’intégralité de la Coupe du monde de rugby», commente François Pellissier.

Les accords de sous-licence sont

aussi un moyen pour TF1 de réduire

la facture, qui s’élèverait au total entre 50 millions et 60 millions d’euros

(incluant ce Mondial de Rugby et la

Coupe du monde féminine 2021).

La retransmission du Mondial de

rugby par trois grands groupes de

télévision gratuite constitue une

aubaine pour les ayants droit, selon

Frédéric de Vincelles : « Au lieu

d’un diffuseur, ce sont trois acteurs

qui en font la promotion. C’est la

meilleure façon de faire rentrer ce

Mondial dans tous les foyers français», estime-t-il.

Seront-ils au rendez-vous ? Il

devrait y avoir au moins dix millions de téléspectateurs pour la

rencontre entre la France et les All

Blacks, pronostique un observateur

des médias. «Le public sera extrêmement large. À l’instar du foot depuis 2018, le rugby touche de plus en

Les joueurs du XV de

France à l’entraînement,

jeudi, au Stade de France.

F. Bouchon/Le Figaro

La Coupe du monde de rugby galvanise TF1,

M6 et France Télévisions

À partir de ce vendredi, les Français vont pouvoir suivre gratuitement l’intégralité de la compétition à la télé.

Claudia Cohen £@ClaudiaECohen

PRESSE Cela faisait plusieurs mois

que le dossier circulait au sein de

l’écosystème des médias français.

En cette rentrée de septembre, une

nouvelle page s’apprête officiellement à se tourner pour Konbini.

Selon les informations du Figaro, le

média de pop culture et de divertissement, influant sur la cible des

15-30 ans, va être racheté par le

jeune groupe DC Company, propriétaire notamment du populaire

site parodique Le Gorafi. Les deux

parties sont entrées en phase de

négociations exclusives il y a quelques jours.

Fondé il y a quinze ans durant

l’avènement de la « culture web »,

Konbini compte aujourd’hui

160 collaborateurs, dont 40 journalistes détenteurs de la carte de

presse. Le média spécialiste de la

vidéo, qui s’appuie sur un modèle

économique gratuit, affichait l’an

passé un chiffre d’affaires de

20 millions d’euros. La moitié des

revenus est issue du « brand

content », ces contenus dans lesquelles les marques sont intégrées à

la narration contre rémunération.

Konbini parvenait surtout à atteindre la rentabilité financière en

2022, après des années de lourdes

pertes de plusieurs millions

d’euros. Il revendique une audience en ligne de 4,9 millions de visiteurs par mois et réunit sur les réseaux sociaux 15 millions

d’abonnés, intéressés par les sujets

autour de la santé mentale des jeunes, le climat ou le genre.

ou encore en Suisse. Cette stratégie

était également considérée comme

nécessaire pour préserver ses parts

de marché dans le pays, face à la

montée en puissance de nouveaux

acteurs du numérique comme

Loopsider, Brut. ou Melty.

L’acquisition de Konbini signera

une nouvelle étape de taille dans le

projet entrepreneurial du groupe

de média « pure player » DC Company, créé il y a un peu plus de

deux ans. Son fondateur et directeur général, Geoffrey La Rocca,

qui a commencé sa carrière en tant

que journaliste chez RMC et BFM

avant de devenir directeur général

de l’adtech Teads, ne cesse de multiplier les acquisitions. Il a mis la

main sur Le Gorafi fin 2021, puis sur

le site féminin Les Éclaireuses en

novembre 2022. Geoffrey La Rocca

cible en priorité des médias natifs

du numérique fondés par des entrepreneurs, et pionniers dans des

domaines spécialisés. DC Company, qui emploie une cinquantaine

de personnes, a également lancé un

incubateur (Propuls’her). Il est, par

ailleurs, actionnaire minoritaire

d’IO Media, qui détient les magazines Têtu, Opéra Magazine, Ideat ou

The Good Life.

Pour DC Company, tout l’enjeu

dans les prochains mois sera de

maintenir le cap de la profitabilité

pour Konbini. Et de trouver de

nouvelles sources de revenus, afin

d’être moins dépendant du marché

publicitaire très sensible au

contexte macroéconomique. Audelà du « brand content » et de la

publicité digitale plus classique, le

média avait récemment commencé à diversifier ses activités avec

notamment son agence créative

Kewl, qui travaille sous marque

blanche en conseils et en production de contenu pour des entreprises. Durant le printemps, Konbini

lançait également avec le groupe

M6 sa chaîne Fast, Konbini 24/24,

accessible sur la plateforme 6play.

Dans le paysage des médias

hexagonaux, ces derniers mois, un

nouvel engouement des investisseurs se dessine pour les « pure

players » qui ciblent les jeunes publics. Avant le rachat de Konbini,

Brut. réussissait à lever près de

40 millions d’euros auprès notamment du nouveau magnat des médias Rodolphe Saadé (CMA CGM).

Tandis que le milliardaire tchèque

Daniel Kretinsky mettait la main,

de son côté, sur 45 % du média vidéo Loopsider. ■

Propriétaire du Gorafi, le groupe de Geoffrey La Rocca a soif d’acquisitions.

Le média Konbini va être racheté par DC Company

Geoffrey La Rocca,

fondateur

et directeur général

de DC Company.

Vincent Zanouri

La famille française Perrodo, qui

possède 80 % du capital de Konbini, cherchait à revendre ses parts

depuis déjà un certain temps.

Avant que Konbini tombe entre les

mains de Geoffrey La Rocca, le fondateur et propriétaire de DC Company, nombre de personnalités influentes du secteur comme Xavier

Niel ou encore le groupe Reworld

Media avaient été approchées, selon nos informations. DC Company

va s’emparer des parts de la famille

qui a fait fortune dans le pétrole

mais également des 20 % restants,

jusqu’ici détenus par les fondateurs

du média en ligne, Lucie Beudet et

David Creuzot. Ces derniers, qui

s’occupent de la gestion de Konbini

depuis le départ durant l’été du directeur général, Irakli Lobzhanidze, devraient tout de même rester

engagés dans la stratégie après le

rachat.

Confronté à des difficultés économiques ces dernières années,

Konbini avait fait le choix de recentrer ses ambitions sur le marché

français, en fermant ses bureaux

situés au Mexique, aux États-Unis

Dans le paysage des

médias hexagonaux,

ces derniers mois,

un nouvel engouement

des investisseurs se

dessine pour les « pure

players » qui ciblent

les jeunes publics

en bref

CMI va éder le

agazne « publ »

£ Le groupe CMI France (Télé

7 jours, Marianne, Elle, France

Dimanche…) a annoncé jeudi

entrer en négociation exclusive

avec Heroes Media pour la

cession du magazine Public.

L’hebdomadaire people créé

en 2003 a vu sa diffusion France

payée reculer de 8,1 % en 2022,

à 98 466 exemplaires, selon

l’ACPM. Le groupe indépendant

Heroes Media, dirigé par

Philippe Abreu et spécialisé dans

les titres automobile, horlogerie

et nautisme, a relancé cet été

le magazine mensuel VSD, repris

mi-avril à la barre du tribunal

de commerce de Paris. Le

groupe, qui édite les trimestriels

Auto Heroes, Moto Heroes,

Montre Heroes et Boat Heroes,

visait un chiffre d’affaires

de 8 millions d’euros en 2023.

« a Crox » : un

nouveau dreteur

£ Bayard, propriété de

la congrégation catholique

des Augustins de l’Assomption,

a recruté Antoine Daccord,

directeur du supplément télé

de la PQR Diverto, qui rejoindra

le groupe dans les prochaines

semaines comme directeur

délégué, directeur du quotidien

La Croix et membre du comité

exécutif de Bayard. Il sera

rattaché au président du

directoire, Pascal Ruffenach.

« La direction de la rédaction

et l’ensemble des directions

opérationnelles de La Croix

lui sont rattachés. Il aura

pour objectif de poursuivre

et d’accélérer la transformation

du titre », a précisé le groupe.

» Lire aussi

pages 2 à 4 et 28 à 30

+ « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge fiatteur » Beaumarchais

plus de femmes », assure Frédéric

de Vincelles.

«Il y a une forte attente du public

et également des annonceurs, ce qui

est rassurant», souligne François

Pellissier. Même son de cloche du

côté de M6 : «Les annonceurs répondent présents. Cet engouement

n’est pas étonnant : cette compétition bénéficie d’un halo très positif»,

constate Frédéric de Vincelles.

Après avoir souffert au premier

semestre de la baisse des investissements publicitaires, les diffuseurs

espèrent profiter de la retransmission de cette Coupe du monde.

«Nous avons rarement eu un niveau

de remplissage des écrans publicitaires aussi élevé», constate François

Pellissier. Dans le top 5 des plus gros

annonceurs sur la Une, le secteur

automobile arrive en tête, suivi de

l’hygiène, des télécoms, de la grande distribution et, enfin, de la restauration. Les cinq grands sponsors

ont déboursé entre 1,8 millions et

2,250 millions d’euros nets chacun.

Le prix des spots publicitaires oscille, quant à lui, entre 52 000 euros

brut et 350 000 euros pour l’écran

de la mi-temps en finale sur TF1 si

les Bleus se qualifient.

Le fait qu’une bonne partie des

matchs soit diffusée en prime time,

une heure de grande écoute, devrait jouer en faveur des audiences

et donc des rentrées publicitaires.

Mais c’est bien le parcours des

Bleus qui permettra de faire exploser - ou pas - l’Audimat. ■

“C’est l’événement

sportif de l’année. (...)

Plus que jamais, les

Français ont besoin de

moments fédérateurs,

de joie collective

François Pelissier,

directeur général adjoint

business et sorts de F1

160

collaborateurs

travaillent

pour Konbini,

dont 40 journalistes

détenteurs

de la carte de presse

P:31

vendredi 8 septembre 2023 le figaro - N° 24 586 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

Enchèrs

Les souvenirs de oger moore

en vente pour e 50e anniversaire

de son premier « James Bond » Page 31

Télévision

Jonathan Cohen, fi et hanteur

de harme dans e fim « entinee »

sur mazon rime ideo Page 32

Bonhams ; Bonhams

Le polytechnicien

Philippe Jost à la tête du

chantier de Notre-Dame ● Patrimoine ● Emmanuel Macron a privilégié la continuité

en choisissant le bras droit du Général Georgelin.

Claire Bommelaer

[email protected]

Une continuité qui devrait

rassurer les entreprises

du chantier de NotreDame de Paris. Vingt

jours après le décès brutal du général Georgelin, le président

de la République a décidé de nommer

Philippe Jost pour prendre sa succession à la tête de l’établissement public

pour la restauration de Notre-Dame

de Paris. Depuis quatre ans, ce dernier

était le bras droit du général, avec qui

il formait un tandem. « Le choix présidentiel est non seulement une décision

de continuité, mais aussi une marque de

fidélité au général », explique-t-on

dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Philippe Jost connaît les méandres des travaux sur le bout des

doigts. Polytechnicien de formation,

âgé de 63 ans, possédant une réputation de gros travailleur, Jost a fait toute sa carrière dans la défense.

C’est le général qui avait fait venir

auprès de lui cet homme discret,

pour redresser la cathédrale. Leur

duo était rodé : Jean-Louis Georgelin, doté d’un fort caractère, occupait le devant de la scène, laissant

son directeur délégué gérer les affaires et la technicité des opérations. À

quinze mois de la réouverture de Notre-Dame, et fort de son expérience,

il sera donc l’homme de la dernière

ligne droite. Il n’a d’ailleurs pas été

nommé « représentant spécial du

président », comme l’était le général

Georgelin - il faut comprendre que le

vrai représentant est désormais

Emmanuel Macron lui-même.

Plusieurs candidats étaient sur les

rangs pour le poste. Bien que le président de la République ait laissé entendre, après l’hommage aux Invalides pour le général, que sa décision

était déjà prise, l’armée et l’archevêque de Paris plaidaient pour qu’un

militaire reprenne le flambeau. Face

à eux, « ceux du chantier », compagnons, salariés, architectes et entreprises poussaient pour le directeur,

afin de déstabiliser le moins possible

l’équilibre des choses.

« Lorsque je me suis rendue à leur

rencontre après le décès du général,

j’ai senti une unité autour de Philippe

Jost, chacun mettant en avant le lien de

confiance qu’il avait avec lui », raconte au Figaro la ministre de la Culture,

Rima Abdul Malak. Détail d’importance, pour ces travaux exclusivement financés sur fonds privés : l’ensemble des grands mécènes et des

fondations lui avait également fait

part de leur souhait de voir le directeur délégué reprendre les rênes de

l’établissement public. « Tout le monde souhaite maintenir l’état d’esprit

collectif qui règne sur le chantier »,

poursuit la ministre. Il faut éviter que

l’élan ne retombe, d’autant que chacun, Jost en tête, a promis au défunt

de tout faire pour que la cathédrale

rouvre en décembre 2024. ■

Le rugby, Le rugby,

tout un art tout un art

de vivre ! de vivre !

ReRenconttree aveec lees grands s grands jjoueeurs

deeveenus vign nus vigneerons, plongé rons, plongéee dans

la ttradittion du banqu ion du banquetet d’après-ma d’après-mattch

etet voyagee een AAnglete eterree, dans la vill , dans la villee

beerceeau dee l’ovali l’ovaliee. Pages 28 à 30 Pages 28 à 30

Grégory Alldritt (à gauche),

Anthony Jelonch et Cyril Baille,

joueurs professionnels

et vignerons, signent

une cuvée commune.

P:32

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

32 l'événement

uSébatien Chabal

Ceux qui ont vu jouer l’ancien troisième ligne du Racing Métro 92, aux

62 sélections internationales et deux

coupes du monde, se souviennent de

sa puissance élégante. Toujours aussi

barbu, Sébastien Chabal est devenu

vigneron en 2017, grâce à la rencontre

avec Christophe Novara, président de

la cave du Gard, le Cellier des Chartreux. À la tête de 6 hectares à Pujaut,

dans le Gard, il élabore plusieurs cuvées, vinifiées à la cave.

Cellier des Chartreux, Avec l’art

& la manière 2022, Côtes-du-RhôneVillages Saint-Gervais, 12,70 €.

uOlivier ruzet

et Raphaël bañez

Au Château Francarney, le rugby est

Béatrice Delamotte

L

à où il y a du vin, il y a du

rugby. Qu’ils soient amateurs ou professionnels, de

nombreux joueurs sont passés de la pelouse aux vignes.

Si le grand Sud-Ouest est en première

ligne, la vallée du Rhône et le Languedoc sont aussi bien représentés avec

quelques grands noms du rugby, devenus aujourd’hui des vignerons internationalement réputés. Les valeurs

de partage et de convivialité, d’entraide et de discipline sont aussi au

cœur des domaines. Et puis il y a ceux

qui se sont lancés dans le négoce de

vins ou dans le conseil œnologique.

Pour chacun, la vision stratégique et

le sens de la compétition restent de

véritables atouts.

uGrégory Alldritt,

Anthony Jelonch,

Cyril Baille

Anthony Jelonch, fils de vignerons en

AOC Saint-Mont et ailier de troisième

ligne du Stade Toulousain, fait partie

des 33 joueurs sélectionnés par Fabien

Galthié pour la Coupe du monde 2023.

Tout comme le Toulousain Grégory

Alldritt, troisième ligne du Stade Rochelais. Quant à Cyril Baille, pilier

gauche du Stade Toulousain, il participera également à la compétition

malgré une blessure récente. Ces trois

enfants du Sud-Ouest, attachés à leur

région d’origine, sont devenus ambassadeurs des appellations SaintMont, Madiran et Côtes de Gascogne.

Avec Plaimont, ils signent tous les

trois une cuvée baptisée « Ma terre,

mes origines», uniquement disponible en magnum pour célébrer des

troisièmes mi-temps conviviales.

Ma terre, mes origines, 2022.

uGérard Bertrand

On ne présente plus l’homme à la

tête de 16 châteaux et domaines du

Languedoc, internationalement récompensé pour ses vins. C’est pourtant dans le rugby qu’il a fait ses débuts, d’abord au RC Narbonne, sa

ville natale, puis au Stade Français,

dont il sera le capitaine. Le décès prématuré de son père précipite sa reconversion et l’oblige à reprendre le

domaine familial de Villemajou, dans

les Corbières. Un défi qu’il mènera en

parallèle avec sa carrière sportive,

jusqu’en 1993. Gérard Bertrand n’a

jamais vraiment quitté le ballon ovale, puisqu’il est un des actionnaires

majeurs de son club de cœur, le RC

Narbonne.

Château de Villemajou 2021,

Corbières, 29 €.

uJean-aptite afnd

Chez les Lafond, on est rugbyman

de père en fils. Après André, international, c’est donc Jean-Baptiste qui

reprend le flambeau notamment pendant la Coupe du monde 1991, qu’il

terminera meilleur marqueur d’essais, alors qu’il est au Racing Club. Il

passera également au CA Bègles-Bordeaux, au Stade Français puis au RC

Narbonne, avant de s’occuper des

grands comptes du négociant JeanBaptiste Audy. Ce qui ne l’empêche

pas d’être aussi consultant sur la

chaîne Eurosport.

Château Beauséjour de Bonalgue 2018,

Pomerol, 27 €.

uYannick Jauzion

Le Tarnais, ancien trois quart centre

du Stade Toulousain et international

avec 73 sélections, ingénieur agronome

spécialisé en viticulture-œnologie, est

un ardent défenseur des vins de Gaillac

au-delà de nos frontières. C’est

d’ailleurs avec Bertrand Ravache, le

négociant saint-émilionnais, qu’il lance

la cuvée Aligança (« alliance », en occitan), qui se décline en rouge et en rosé.

Aligança 2020, Gaillac, 6 €.

uChristophe Urios

La longue carrière du talonneur

montpelliérain, que ce soit au Castres

Olympique ou à l’US Carcassonne, l’a

conduit à devenir entraîneur de l’Union

Bordeaux-Bègles et aujourd’hui de

l’ASM Clermont. Titulaire d’un BTS viti-œno, il a acquis le château Pépusque,

à Pépieux dans le Minervois, dont son

père était régisseur. Quinze hectares sur

les premières pentes de la Montagne

noire.

Château Pépusque, Terre

de Pépusque 2021,

Minervois, 21 €.

uChristian Califano

Surnommé « Cali », Christian Califano a été classé 2e parmi les 10

meilleurs joueurs de l’histoire du Stade Toulousain, avant de poursuivre sa

carrière en Nouvelle-Zélande et en

Angleterre. Sélectionné 69 fois avec le

XV de France, il a participé à deux

coupes du monde, en 1995 et 1999. Il

incarne désormais le label Producteur

d’ici d’Intermarché. Passionné de

vins, il est aussi actionnaire du domaine Gentile, en Corse, pour lequel

il supervise la communication et la

distribution des vins.

Patrimonio rosé,

Cuvée Authentica 2022 bio, 16 €.

Le XV de choc

des rugbymen

vignerons

de nombreux joueurs manient

avec la même dextérité le sécateur

et le ballon ovale. Passage en revue.

1. Anthony Jelonch, Grégory Alldritt

et Cyril Baille.

2. Sébastien Chabal.

3. Gérard Bertrand.

4. Jean-Baptiste Lafond.

5. Olivier Brouzet

et Raphaël Ibañez.

6. Christian Califano.

Plaimont, Serge Chapuis, Marie Ormieres,

Gérard Bertrand et Service de presse

» Lire aussi + « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge fiatteur » Beaumarchais

pages 2, 3, 4 et 26

4

une religion. Propriété du Biterrois

Olivier Brouzet, 71 sélections en équipe de France, et du Dacquois Raphaël

Ibañez, 98 sélections et 3 coupes du

monde, le domaine réunit une véritable équipe de plusieurs anciens

joueurs professionnels dont Igor

Juzon. On imagine facilement l’ambiance qui règne pendant les vendanges…

Château Haut-Francarney 2020,

Canon-Fronsac, 28,80 €.

uieter de illierLe Sud-Africain naturalisé Français a évolué au poste pilier droit du

Stade Français et a été sélectionné

69 fois en équipe nationale. Avec son

ami Sylvain Marconnet, pilier droit

aux 84 sélections, ils sont devenus actionnaires du Mas Angel, 6,5 hectares

dans l’Hérault. Un environnement

qui ne dépayse pas l’international et

lui rappelle l’environnement de Darling, près du Cap, où la famille de Villiers exploite un domaine viticole depuis trois générations. Avec Ludovic

Aventin, Pieter de Villiers a également créé le domaine Montgros, toujours en Faugères, à l’actionnariat exclusivement réservé aux rugbymen.

Mas Angel, cuvée Marius 2017,

Faugères, 34 €.

uSébatien Galtier

Passé par le Castres Olympique et

le Montpellier RC, le troisième ligne

aile s’est reconverti en vigneron à

l’approche de la quarantaine. En

2013, il acquiert 12 ha de vignes certifiées en bio et c’est le début du Mas

des Colibris et entame une formation

en « immersion totale ». Le premier

millésime voit le jour deux ans plus

tard. La propriété est certifiée Demeter depuis 2020.

Mas des Colibri, Escapade 2018,

Languedoc Grès de Montpellier, 17,50 €.

1

3

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5 6

P:33

le figaro vendredi 8 septembre 2023

l'événement 33

uMaxim Lannay

En 2017, le joueur de rugby et son

épouse, sommelière, créent le domaine avec un petit hectare de vignes

dans le Jura. Les premières cuvées nature rencontrent un véritable succès

et le couple lance une activité de négoce, le Domaine des Barbatruks.

Maxim continue à jouer à ses rares

heures perdues et met un point

d’honneur à faire figurer le ballon

ovale sur ses étiquettes.

Lannay Delahaye, Drop 2020,

vin de France, 28 €.

uImanol Harinordoquy

Avec 82 sélections en équipe de

France, le Bayonnais, passé par le Biarritz Olympique et le Stade Toulousain, a

créé en 2014 un concept de cave à vin

avant de se lancer, l’année suivante,

dans l’importation de vins étrangers

avec son compère Lionel Osmin. Avec

les Passeurs de vins, il conjugue sa passion pour les voyages à celle pour les

grandes nations rugbystiques que sont

l’Afrique du Sud, le Chili ou l’Argentine.

Sierra de Plata 2022, IG Mendoza, 11 €. ■

Guy Savoy (qui fait partie des stars

invitées à la cérémonie d’ouverture

au Stade de France), Pierre Augé,

Amandine Chaignot, Christian

Constant, Stéphanie Le Quellec,

Christian Etchebest, Alexandre

Gauthier, Alain Ducasse, Christelle

Brua, Mathieu Viannay, Michel Sarran,

Gilles Goujon, Christopher

Coutanceau, Alain Dutournier,

Franck Putelat, Jean-François Piège…

Il ne s’agit pas de la liste des invités

au Guide Michelin, mais de la solide

équipe de 23 chefs amateurs d’ovalie

réunie sur une initiative de Claude

Atcher et Bernard Laporte,

alors président de la FFR,

par Yves Camdeborde pour

que la gastronomie et l’art de vivre

à la française fassent bonne figure

pendant la Coupe du monde.

La mission de ce « XV de la

gastronomie » ? Accompagner

- bénévolement - la restauration

dans et autour des neuf stades

mobilisés pour la compétition,

du sandwich aux repas servis

dans les salons et loges officielles.

Pas de passage derrière les fourneaux

au programme mais, dans chaque ville,

la conduite d’appels d’offres auprès

de traiteurs locaux (et non nationaux)

qui avaient pour cahier des charges

de valoriser les produits régionaux,

de saison, en circuits courts

et les spécialités locales. « Pas

question d’avoir des tomates-mozza

partout, explique le capitaine Yves

Camdeborde. Les touristes français

comme étrangers doivent se rendre

compte qu’ils assistent à un match

à Lille ou à Marseille ! Mais nous avons

aussi dû être réalistes et tenir compte

du fait que certains repas devraient

être servis à 3 000 personnes. »

À l’issue de deux ans de tests

et dégustations, le trio de chefs

référents par stade, qui sera présent

sur place dès la veille de chaque

match, a validé les menus avec le

traiteur retenu. « Nous sommes très

fiers de participer à cet événement

mondial et d’y faire rayonner notre

gastronomie, considérée comme

l’une des meilleures, auprès de

milliers de spectateurs… En espérant

que cela porte chance aux Bleus ! »,

conclut le chef béarnais. A. B.

23 GRANDS chefs sur le terrain

pour régaler les spectateurs

Sébastien Bruno (tataki de thon) et

Franck Mesnel (salade de roquette,

mâche, poire, gorgonzola et pignons),

aucun sportif n’a indiqué de plat léger :

sans doute les réservent-ils aux jours

d’entraînement !

D’Yves Camdeborde et sa bande du

Sud-Ouest (Christian Constant, Julien

Duboué, Pierre Augé…) à Guy Savoy -

qui a lui-même joué, adolescent, dans

sa ville natale de Bourgoin-Jallieu

(Isère) -, les chefs sont nombreux à

souligner les similitudes entre leur

métier et celui d’un entraîneur de

rugby. « Le principal point commun,

analyse Camdeborde, est la rigueur, la

discipline de répéter à l’infini un geste

avec une régularité et une précision extrêmes, que ce soit une passe à droite à

l’entraînement ou l’ouverture d’une

saint-jacques pour un apprenti. Il faut

rendre les mains intelligentes ! » Équipe comme brigade doivent s’investir

mentalement comme physiquement

pour que le collectif atteigne son objectif - la victoire ou le plaisir du

client - malgré la pression. « L’attachement au maillot est très important :

un chef, comme un entraîneur, fait tout

pour que ses équipes soient heureuses

de travailler ensemble et se respectent,

sinon cela ne peut pas fonctionner. » Et

rien de tel pour renforcer les liens que

de partager un moment à table. ■

© Pauline Darley

© Céline Nieszawer

Pascal Ito © Flammarion

© Juliette Poulain

© Monica Linzmeier

© Valentine Magendie

PRIX DU ROMAN

FNAC 2023

EN PRÉSENCE DE

JEAN-BAPTISTE ANDREA,

DIGLEE,

ALEX MONTEMBAULT,

HUGO LINDENBERG,

JOY MAJDALANI

ET FÉLIX RADU

SOIRÉE FNAC

RENTRÉE LITTÉRAIRE

MERCREDI 20 SEPTEMBRE À 19H, CITÉ DU VIN, BORDEAUX

#RDVFNAC - PLUS D’INFOS SUR LECLAIREUR.FNAC.COM/AGENDA

SUR RÉSERVATION

Dans la limite des places disponibles

1

En haut : banquet d’après-match

suite à la victoire de l’équipe

de France contre le Pays de Galles

(8-6), le 25 mars 1961, au Stade

de Colombes. Cette année là,

la France remporte le Tournoi

des Cinq Nations et réalise

pour la deuxième fois

de suite le Petit Chelem.

En bas : le soufflé au fromage

de ma grand-mère Simone,

recette de Thierry Dusautoir

pour Le XV passe à table

(La Martinière).

Pierre Louis Vie/d.de La Martinière éditions bin MicheQuand ovalie rime

avec gastronomie

tation des joueurs a gagné en légèreté,

en fraîcheur, en végétaux, mais la plupart des rugbymen restent des épicuriens ! » Un constat partagé par Philippe Toinard dans la réalisation de son

dernier ouvrage, pour lequel il a demandé à 57 joueurs de livrer la recette

de leur plat préféré : « Ils étaient

contraints de répondre spontanément,

sans prendre le temps d’y réfléchir. Moi

qui m’attendais à n’obtenir que du cassoulet, du magret de canard et de la côte

de bœuf, je n’ai finalement eu qu’un seul

doublon, le pot-au-feu ! Le panorama

dessiné par les réponses révèle une diversité de grands classiques du patrimoine français qui traversent toutes les

générations, liés à l’histoire personnelle

de chaque joueur, mais aussi des touches

d’exotisme. J’ai eu la bonne surprise de

découvrir plus de desserts qu’espéré. »

De nombreux joueurs, tous âges

confondus, ont mis en avant des recettes familiales et des souvenirs de

grands-mères - la croustade aux pommes pour Fabien Pelous, le soufflé au

fromage pour Thierry Dusautoir, le

jambon à la chablisienne pour Camille

Chat. La viande est, bien sûr, très présente, souvent mijotée, au même titre

que des clins d’œil aux villes d’origine

(carbonade flamande pour Alexandre

Flanquart) et aux clubs des joueurs (la

sole meunière pour Grégory Alldritt,

qui évolue à La Rochelle). En dehors de

“L’attachement

au maillot est très

important : un chef,

comme un entraîneur,

fait tout pour que ses

équipes soient heureuses

de travailler ensemble

et se respectent, sinon cela

ne peut pas fonctionner

Yves Camdeborde

Alice Bosio [email protected]

Pas moins de quatre beaux livres débarquent au rayon cuisine à l’occasion de la

Coupe du monde en France. Et pour

cause, de banquets en troisièmes mitemps, la bonne chère n’est jamais loin

du ballon ovale depuis ses origines.

Préfacés tous deux par Guy Savoy, Le

XV passe à table (La Martinière), du

journaliste culinaire Philippe Toinard,

recense 57 recettes d’internationaux

bleus, retraités ou en activité, tout

comme La Grande Mêlée. Cuisine

& rugby (Solar), de Gilles Navarro,

journaliste sportif, où figurent en sus

des plats de chefs et de personnalités

fans d’ovalie du monde entier. Dans les

prochains jours, XV à table. Le festin de

la Coupe du monde (Hachette Pratique),

du journaliste sportif Frédéric Viard et

du chef Christian Etchebest, et Ovalix

(Albin Michel), du créateur de la bistronomie Yves Camdeborde et de l’ancien rédacteur en chef de L’Équipe Olivier Margot, compléteront la

bibliothèque. Le premier s’intéresse

aux traditions et recettes d’une vingtaine d’équipes internationales. Le second adopte le prisme original des

banquets, ces repas d’avant ou aprèsmatch souvent pantagruéliques.

« Le souvenir des banquets, ces moments magiques auxquels j’ai parfois

participé, nous a semblé un point de départ encyclopédique décalé, avec Olivier ;

nous avons donc épluché nos carnets

d’adresses à la recherche d’anciens menus conservés religieusement », explique

Yves Camdeborde. De 1892 à 2011, la

trentaine d’agapes évoquées, richement illustrées de documents d’archives et assorties à chaque fois d’une recette simplifiée et mise au goût du jour

pour les soirées entre copains, dessine

en filigrane l’histoire d’un sport où la

table a toujours joué un rôle primordial.

« Même si, depuis quelques années, avec

la professionnalisation croissante, les

joueurs ne sont plus conviés aux banquets, partager un repas reste un moment de liant nécessaire pour l’équipe.

Après le combat et la retenue du match,

c’est là que l’on se réunit pour se ressourcer, libérer la parole, chacun assis à

la même hauteur. » Peut-on dès lors

parler d’une gastronomie du rugby ?

« Oui, mais elle ne se caractérise pas par

des recettes spécifiques. Il s’agit plutôt

d’un art de vivre autour de la table : belle

nappe, verres en cristal, porcelaine de

Limoges, smokings… Comme sur le terrain, on respecte le passé et les traditions. Cela peut sembler ringard ou

conservateur, mais qu’est-ce que ça fait

du bien ! », se réjouit le chef palois.

Selon « Camde », il n’y aurait donc

point de plats emblématiques de la

gastronomie ovale. Depuis 1996 et le

passage du rugby au statut professionnel, nul doute que la diététique est plus

contrôlée. « Les habitudes ont beaucoup

évolué, confirme le cuisinier. L’alimen-

P:34

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

34 l'événement

School, seule équipe dans tout le

Royaume-Uni à pouvoir revêtir cette

fameuse couleur pendant ses matchs.

Casquettes symboliques

Et l’histoire se poursuit. En 2015, le

prince Harry ajoute sa pierre à l’édifice

en figurant dans un petit film diffusé

pour la Coupe du monde. Il y joue un

balayeur aux côtés du célèbre joueur

Jonny Wilkinson. En voyant le jeune

William Webb Ellis (un acteur, cela va

sans dire) passer devant lui, il dit : « Ne

t’inquiète pas, Jonny, ça ne marchera

jamais. » Difficile de faire plus british.

Le musée de l’école ne manque pas de

rappeler ces épisodes, au milieu des

documents historiques et des caps. Ces

casquettes en velours de toutes les

couleurs servaient à distinguer les

joueurs des deux équipes. « Elles ne

sont plus portées pendant les matchs,

mais elles revêtent une vraie symbolique

lors de certains événements », explique

Jennifer Hunt, documentaliste en chef

Sophie Vincelot [email protected]

Envoyé spécial à Rugby

Quand on sort de la gare, la

quiétude règne. La dominance de briques aux

couleurs rouge et marron, des bâtiments et des

petites maisons en enfilade, des jardins fleuris par le soleil

d’été… Rien ne semble distinguer cette petite bourgade des Midlands

d’autres villes britanniques. Après

quelques minutes de marche pour rejoindre le centre-ville, la légère agitation des rues nous gagne et quelques

indices dévoilent peu à peu la singularité de notre destination, dont un

particulièrement visible. Un grand

ballon ovale recouvert de dessins

d’enfants joue les hôtesses d’accueil

juste à l’entrée de l’office du tourisme. Pas de doute, Rugby tient à rappeler au visiteur son histoire.

Située à une heure de train de

Londres, la ville de près de 80 000 habitants doit sa renommée à l’un des

sports les plus populaires au monde : le

rugby. C’est là qu’est née la discipline,

en 1823. Deux siècles plus tard, le

ballon ovale continue d’agiter les

foules. Du 8 septembre au 28 octobre

se déroule la 10e édition de la Coupe du

monde de rugby à XV, dont les

48 matchs se jouent en France. Près de

600 000 visiteurs internationaux sont

attendus dans l’Hexagone. L’occasion

pour Rugby de briller. Fin août,

l’ultra-marathonien britannique Jake

Barraclough s’est élancé depuis la

petite ville anglaise pour rallier en

quelques jours Paris. Sa course est

partie d’un lieu symbolique : le terrain

où tout aurait commencé, à la Rugby

School. Cette école privée, parmi les

plus prestigieuses du Royaume-Uni,

cultive savamment la légende.

Légende locale

À l’automne 1823, William Webb Ellis,

élève de l’établissement, y aurait transgressé les règles du football par un simple geste. « Il a pris la balle à la main et a

couru avec. C’est devenu un moment clé

dans l’histoire du rugby », raconte Peter

Green, le directeur exécutif de l’institution, au Figaro. Et de pointer ledit

endroit : un terrain de rugby à l’herbe

soigneusement entretenue, appelé

« The Close » en anglais. Ce geste aurait

pu rester anonyme. Pourtant, il est

passé à la postérité avec Matthew H.

Bloxam. Cet antiquaire, qui a vécu à

Rugby, a écrit un article à ce sujet,

achevant de nourrir la légende locale.

Régulièrement, ce témoignage interroge pourtant quant à sa véracité.

« William Webb Ellis a existé et il a bien

été élève à la Rugby School. Mais pourquoi l’a-t-on choisi pour entrer dans

l’histoire ? On ne le sait pas vraiment.

C’était un jeune garçon issu d’un milieu

modeste dont le père avait été tué quelques années plus tôt (pendant la guerre

d’Espagne, en 1811, NDLR). Il était

entouré de camarades issus de l’aristocratie anglaise, qui auraient pu être

choisis à sa place », poursuit Peter

Green. Seule certitude : William Webb

Ellis n’a jamais connu les répercussions

de son présumé geste. Il est devenu

vicaire et a fini sa vie à Menton, en

France, où se trouve sa tombe.

Mais qu’importe. La Rugby School

s’est rendue en Provence avec

quelques élèves pour marcher sur les

traces de ce créateur. Une initiative

qui s’ajoute à d’autres, lancées tout au

long de l’année 2023 pour célébrer le

bicentenaire. Mais c’est pour elle une

immense fierté tant le rugby (ou le

« rugby football », comme on l’appelle

ici) est devenu un sport majeur. C’est

d’ailleurs dans ses rangs que des

étudiants ont écrit les premières

règles, en 1845, incluant l’essai, le

hors-jeu ou encore l’arrêt de volée.

Pierre de Coubertin, la tête pensante

des Jeux olympiques modernes, a

même suivi avec intérêt les travaux de

Thomas Arnold, l’un des directeurs de

l’école, qui a contribué à son développement dans l’éducation sportive.

Jusqu’au début des années 2000, le

capitaine du XV de la Rose devait

même « demander la permission » de

porter le polo blanc auprès de la Rugby

À la découverte de Rugby,

en Angleterre, berceau de l’Ovalie

Située à une heure de train

de Londre, a petite

bourgade de Midandnourrit ’hitoire

et eégende du baon

ovae, qui y et né

i y a deux ièce.

à la Rugby School. Preuve en est : en

amont de la Coupe du monde, les

joueurs sélectionnés ont reçu cette

coiffe lors des différentes cérémonies

d’accueil.

Le Webb Ellis Rugby Football

Museum affiche ces casquettes avec

fierté. Ce petit musée, à quelques pas

de la Rugby School, constitue l’autre

témoin d’un passé flamboyant. Pour y

accéder, il faut passer près de la statue

de William Webb Ellis, repère pour les

visiteurs d’un jour, puis pénétrer par

la boutique d’à côté, spécialisée dans la

vente d’articles de sport. Le lieu étroit

nous plonge dans un autre pan de

l’histoire de Rugby. À l’origine, le

bâtiment abritait la société Gilbert,

spécialisée dans la fabrication de ballons ovales et devenue le célèbre sponsor de la Coupe du monde. Longtemps

fleuron de la ville de Rugby, l’entreprise a subi de plein fouet les effets de

la mondialisation et de la fabrication à

la chaîne. En 2002, elle a été rachetée

par l’équipementier Grays International. Sa production a été délocalisée,

comme celle de ses concurrents.

Livre d’or

Il y a quatre ans sortait des usines

locales le dernier ballon ovale « made

in Rugby ». Une trajectoire qui traduit

le destin de nombreuses villes des Midlands, frappées par la crise économique. Difficile d’y échapper en se promenant dans les rues : des commerces

indépendants qui ferment, une vie locale timide. Pourtant, plusieurs milliers de visiteurs y vont chaque année

pour rendre hommage au sport qu’ils

supportent. Et le Webb Ellis Rugby

Football Museum est devenu une étape

incontournable de leur parcours.

Le bâtiment - racheté en 1983 par

Robert Webb, un ancien international

anglais de rugby sans aucun lien familial avec William Webb Ellis - offre une

riche collection d’articles en tout

genre. Une pièce en particulier est

considérée comme l’un des joyaux du

musée : le ballon fabriqué par William

Gilbert a été présenté à Londres lors de

l’Exposition universelle de 1851. Ce

petit trésor se mêle à d’autres archives,

dont plusieurs ballons ovales et des

uniformes de différents clubs et époques. D’ailleurs, les passionnés de rugby semblent y trouver une satisfaction

émue, comme en témoigne le livre d’or

laissé à la disposition des visiteurs dans

le musée. Hanna, venue du Japon, y a

écrit : « Je suis allée à Rugby avec ma

famille parce que mon père et mon frère

jouaient au rugby. Aujourd’hui, je suis

heureuse de les voir aussi enthousiastes. » Par-delà les frontières, l’aura

de la bourgade a transformé l’essai. ■

En haut : une vue d’ensemble de la plus

ancienne et prestigieuse école privée

du Royaume-Uni, la Rugby School.

Ci-dessus : l’équipe féminine de la Rugby

School (maillot blanc) dispute un match.

Rugby School

En banlieue de Londres, Twickenham

offre une autre lecture de l’histoire du

rugby en étant, depuis son ouverture

le 2 octobre 1909, le seul stade en

Europe consacré à ce sport. Propriété

de la Fédération anglaise de rugby,

les visites guidées permettent une

plongée dans l’histoire du XV de la

Rose, mais aussi dans les coulisses du

stade, dont les gradins (82 000 places

tout de même), les loges

et les vestiaires s’explorent. Émotion

garantie pour les passionnés du ballon

ovale. Sans oublier le musée du stade,

qui vient d’inaugurer une exposition

sur l’héritage de William Webb Ellis.

S. V.

Visites guidées tous les jours,

du mardi au dimanche :

32 € adultes, 27 € étudiants,

20,50 € enfants (5 à 15 ans).

Twickenhamstadium.com

Visiter Twickenham,

stade unique en Europe

y ALLER

En train, Eurostar

(eurostar.com/fr-fr) propose

des trajets pour ondres

au départ de aris (2 h 15)

et de ille (1 h 20) à partir

de 88 € aller/retour.

ne fois à la gare de aintancras, il faut rejoindre celle

d’Euston, à 10 min à pied.

e trajet entre ondres et Rugby

dure 55 minutes environ.

partir de 10 €.

Westmidlandsrailway.co.uk

SéjounCoombe Abbey Hotel.

20 minutes en voiture

de Rugby, cette ancienne

abbaye du Xe siècle, reconvertie

en hôtel, offre une expérience

splendide et hors du temps. oup

de cœur pour la chambre ady

raven, avec sa déco d’époque,

son lit à baldaquin et sa vue

plongeante sur le parc.

partir de 115 € la nuit

pour une chambre standard.

Coombeabbey.com

boi un vThe Merchant’s Inn.

’un des pubs les plus connus

de Rugby, et surtout

un lieu incontournable pour

les supporteurs. arge choix

de boissons et ambiance folle

les soirs de matchs.

Tél. : +44 1788 571119

À voiLa Rugby School.

’école organise des « school

tours », avec visite de l’école,

du musée et de la boutique.

Rugbyschoolenterprises.

com/tours

Le Webb Ellis Museum. ’entrée

se fait par le magasin d’articles

de sport situé à côté. i la porte

du musée est fermée, demander

aux gérants du magasin

de l’ouvrir. ratuit.

Tél. : +44 1788 567777

Le Rugby Art Gallery & Museum.

e bâtiment abrite également

le isitor entre. e petit musée

propose des expositions

temporaires et des collections

permanentes sur l’histoire de la

région. ratuit. Ragm.co.uk

Snignisitbritain.com/fr ;

visitbirmingham.com

et therugbytown.co.uk

+N

T Sophie Vincelot

+ » Lire aussi pages 2 à 4 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge fiatteur » Beaumarchais

+ » Lire aussi page 26 « Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge fiatteur » Beaumarchais

P:35

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Culture 35

La Réunion des musées

nationaux-Grand Palais

propose une série de

conférences captivantes qui

enrichissent notre culture et

nous apprennent à regarder

les œuvres autrement.

P

our la huitième saison consécutive, les conférenciers de la

Réunion des musées nationaux

(RMN-GP), historiens de l’art

passionnés et experts de leur domaine

partagent leurs connaissances avec

fougue et précision. Pendant que les

travaux du Grand Palais continuent,

les conférences organisées par cette

grande institution se déroulent les samedis au musée de l’Armée – hôtel

national des Invalides, juste de l’autre

côté de la Seine. Elles sont également accessibles en replay pendant

quatre semaines ainsi que directement

en ligne, pour celles et ceux qui ne

peuvent être présents physiquement.

« Nos conférences attirent un public

grandissant. Elles sont un moment de

plaisir et de découverte, aussi stimulant

que si vous visitiez un musée en compagnie d’un conférencier. À la fois pédagogiques et divertissantes, elles

peuvent être achetées à l’unité ou

dans le cadre d’un abonnement. Tout

dépend des envies et du temps dont on

dispose », assure Cléa Richon, directrice du programme.

IL ÉTAIT UNE FOIS

L’HISTOIRE DE L’ART

Pendant quatre-vingt-dix minutes

ou deux heures, selon le sujet choisi, chaque conférence s’appuie sur

une série d’œuvres exemplaires,

posément regardées et amplement

commentées. Un temps de questions-réponses avec la salle (ou via

écran interposé) est également prévu.

Les conférences d’histoire générale

de l’art, de la Préhistoire à nos jours,

s’intéressent en 21 questions à l’Antiquité (« Comment comprendre l’art

grec ? »), à l’art gothique (« Pourquoi

monter si haut ? ») ou au XXe siècle

(« L’art peut-il être industriel ? »),

entre autres. Pour les personnes

qui manquent de temps, le cycle

« 30 000 ans d’art en 540 minutes »

donne les clés pour se repérer dans

les différentes périodes de l’histoire

de l’art et y situer quelques-unes des

œuvres principales, en six conférences seulement.

UNE OFFRE TRÈS DIVERSE

Pour approfondir ses connaissances, le cycle « Et si nous parlions

de… » s’intéresse à des sujets aussi

divers que « Le merveilleux dans

l’art médiéval », « L’âge d’or de

l’ébénisterie française » ou « La

toilette dans l’art ». Les conférences

Histoires d’art évoquent également

d’autres continents, à travers des

sessions consacrées à la Perse

antique, au japonisme ou encore

à l’art contemporain africain.

D’autres encore font le point sur un

grand artiste, les grands mouvements de l’art ou apprennent à lire

correctement une œuvre. Ce sont

au total 129 moments de culture

et d’intelligence à partager sous

l’égide de la RMN-GP, en présence

ou à distance, mais toujours avec

convivialité !

Pour en savoir plus : grandpalais.fr/

fr/conferences-histoires-dart

Histoires d’art du Grand Palais : l’art n’aura

plus de secret pour vous

Publi-communiqué réalisé par 14H

en collaboration avec

Gustave Courbet, L’Atelier du peintre (détail),

Paris, musée d’Orsay

© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) /

Hervé Lewandowski

Grotte de Lascaux : la salle des taureaux,

Montignac, grotte de Lascaux © Ministère de

la Culture - Médiathèque du patrimoine et de la

photographie, Dist. RMN-Grand Palais / image IGN

Léonard de Vinci, La Vierge, l’Enfant Jésus

et sainte Anne (détail), Paris, musée du Louvre

© RMN-Grand Palais (musée du Louvre) /

René-Gabriel Ojeda

François Morellet, Lunatique neonly n 1,

Rennes, musée des Beaux-Arts

© Adagp, Paris, 2023 Photo © MBA, Rennes, Dist.

RMN-Grand Palais / Louis Deschamps

La vente Bonham’s montre à quel point

sir Roger Moore était aussi élégant

à la vie qu’à l’écran. bonhams

Pour le 50e anniversaire de son remier

« James Bond », ses héritiers vendent

chez Bonhams, le 4 octore à ondres, rès

de deux cents souvenirs de la star ritannique.

Roge Mooe

sa collection, rien

que pour vos yeux

35 000 euros) (5). Pour retrouver deux

sous-marins nucléaires - l’un russe,

l’autre britannique, - James Bond fait

équipe avec l’agent soviétique Anya

Amasova et affronte le redoutable géant

Jaws (Requin) avec sa mâchoire en

acier. Confectionné par Angelo Roma,

le costume, par sa coupe élégante et

ajustée, est en total décalage avec l’action dans le temple de Karnak en Égypte, mais il a immortalisé l’acteur à

l’écran ! Plusieurs déclinaisons de ce

smoking d’autres James Bond sont à

vendre, à des estimations similaires.

Autre pièce mythique : sa combinaison

de ski blanche à capuche bordée de fourrure de renard qu’il porta dans Dangereusement vôtre, lors de la spectaculaire

course-poursuite au sommet du Schilthorn, dans les Alpes bernoises (18 000 à

29 000 euros). Ou encore la Seamaster

Omega édition spéciale 50 Years of 007

(23 000 à 35 000 euros) (3) dont la boucle

est gravée : « To Roger Love from Michael

and Barbara ». Il ne s’agit pas de la montre à son poignet dans un James Bond,

mais de celle, commémorative, pour le

cinquantenaire du plus célèbre de tous

les espions. À noter aussi : sa collection

de vingt Swatch pour le quarantième anniversaire des James Bond (12 000 à

23 000 euros).

Grosse cote d’amour

Les effets personnels de Roger Moore

montrent à quel point il était aussi élégant dans la vie qu’au cinéma. Cette

icône du style avait gardé tous ses costumes mais aussi ses cravates en soie

(beaucoup signées Hermès) proposées

en série de douze et rangées par couleur

(de 470 à 700 euros), ainsi que ses boutons de manchettes Breguet, Tiffany (4)

ou Asprey (jusqu’à 350 euros). Même

raffinement dans son « home sweet

home » où il caressait quotidiennement

le cuir patiné marron de son carnet

d’adresses Gucci, gravé à ses initiales or

R. M. et contenant les contacts de J. Paul

Getty, Yul Brynner ou Sean Connery

(1 200 à 1 800 euros) (1). Tout comme son

stylo Montblanc (1 200 à 1 800 euros), sa

montre de poche en or Jean Roulet des

années 1960 (230 à 250 euros), son porte-lettres et cartes en cuir, lui aussi monogrammé (90 à 140 euros) ou encore

son backgammon portatif (350 à

480 euros). On adore aussi sa petite

machine à

écrire Olympia

SM3 DeLuxe de

1958 (1 200 à

1 800 euros) ou

sa valise aluminium portative - avec

l’inscription

« Roger Moore

Pinewood Studios » - qui l’a

suivi dans ses

tournages (250

à 350 euros).

Roger Moore a longtemps

vécu à Gstaad,

avant de déménager à

Crans Montana, en 1996, autre station

de sports d’hiver suisse de la jet-set.

En athlète de haut niveau, il y dévalait

les pentes. En témoignent ses paires de

skis à vendre à partir de 500 à

700 euros. Passons sur les quelques

œuvres d’art sans grand intérêt de ce

qui reste de la succession Roger Moore.

Un rien par rapport aux photos (2), affiches de films, trophées et récompenjamais vendu aux

enchères est une Aston Martin DB5 argentée de

1965, l’une des deux voitures publicitaires fabriquées pour les premiers films

de Bond et comportant des gadgets inventifs, comme les mitrailleuses dans

les pare-chocs et une lunette arrière

pare-balles rétractable. Elle a été achetée 6,4 millions de dollars (5,2 millions

de livres sterling), en 2019, aux enchères, à Monterey, en Californie. Il n’y a

pas un lot de ce calibre, le 4 octobre,

chez Bonhams à Londres. Mais les enchères vont à coup sûr flamber pour cet

ultime hommage à Roger Moore. Emporter à prix d’or l’un de ses derniers

souvenirs, c’est le rendre aussi éternel

que ses diamants… ■

www.bonhams.com

Béatrice de ocheouët

[email protected]

Au seul nom de sir Roger

Moore, qui a le plus incarné

James Bond, l’agent secret

007, à l’écran, les fans devraient accourir nombreux,

le 4 octobre prochain, à Londres, chez

Bonhams, pour la dispersion de ses effets personnels et souvenirs de scène.

Ils sont vendus par ses enfants, Deborah, Geoffrey et Christian, à l’occasion

du 50e anniversaire de sa première apparition, dans Vivre et laisser mourir,

une adaptation cinématographique du

roman de Ian Fleming qui allait le rendre à jamais célèbre.

«Nous savons à quel point notre père a

compté pour un grand nombre de cinéphiles à travers le monde. Pour beaucoup, il était James Bond et le Saint, mais

c’était aussi une personne charmante et

surtout généreuse, aussi fière de son travail caritatif que de sa carrière d’acteur », affirme le trio familial. Celui-ci a

décidé de reverser une partie des bénéfices de la vente au Fonds des Nations

unies pour l’enfance (Unicef), qui avait

nommé leur père ambassadeur, en

1991, sur introduction d’Audrey

Hepburn.

Au total, ce sont 180 lots de la collection de Roger Moore qui sont mis à l’encan, plus de six ans après sa mort des

suites d’un cancer, le 23 mai 2017, en

Suisse, à l’âge de 89 ans. De quoi exciter

toute une génération d’amateurs qui

ont adulé l’acteur en smoking et nœud

papillon, quintessence du chic britannique, mariant l’humour et les gadgets.

Mais aussi son cercle plus intime, qui a

connu l’homme de près, le tombeur en

apparence, marié quatre fois, peu heureux de ses deux premières noces. À

l’écran, Moore a mené sa brillante carrière en s’illustrant dans pas moins de

sept James Bond qui lui ont permis de

fouler le tapis rouge : Vivre et laisser

mourir (1973), L’Homme au pistolet d’or

(1974), L’Espion qui m’aimait (1977),

Moonraker (1979), Rien que pour vos

yeux (1981), Octopussy (1983) ou encore

Dangereusement vôtre (1985). Après

quoi, il tira sa révérence d’espion, laissant le rôle à Timothy Dalton, puis Pierce Brosnan, et enfin Daniel Craig en

2006, dans un tout autre genre.

Avant le cinéma, Roger Moore avait

fait ses débuts dans les séries télévisées,

dès les années 1950, avec le chevalier

Ivanhoé dans la série du même nom.

Puis, The Saint (1962-1969), où il joua

l’aventurier de charme, mélange de

justicier, détective amateur et de Robin

des Bois moderne. Ou encore Amicalement vôtre (The Persuaders!), où il incarna l’aristocrate Lord Brett Sinclair,

beau parleur cultivé et rentier de Londres, face à

l’homme d’affaires sorti des

bas-fonds de

New York,

énergique et

espiègle, Daniel Wilde, dit

« Danny », interprété par

Tony Curtis.

La vente fait

revivre cette

époque des

missions périlleuses menées avec

autant de talent que d’insouciance, des

courses-poursuites à suspens et cascades où le bon l’emporte toujours sur le

méchant, des meurtres loin des bains de

sang des derniers James Bond ! Nombre

de pièces phares les incarnent, à des estimations attractives qui font s’envoler

les prix. Parmi les plus chères, on

compte son smoking en mohair à double boutonnage identique à celui porté

dans L’Espion qui m’aimait (23 000 à

1

2

3

4

5

ses qui sont le noyau dur de cette dispersion.

Roger Moore, parce qu’il fut James

Bond, a toujours eu une grosse cote

d’amour. L’objet souvenir le plus cher

P:36

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

36 Télévision

Vous rêviez de voir Jonathan Cohen coupe mulet, cheveux blonds décolorés,

chemise hawaïenne et costume eighties

façon Deux flics à Miami ? Sentinelle l’a

fait ! Le créateur de La Flamme et du

Flambeau, y tient le rôle-titre. Celui d’un

capitaine de police sur l’île de La Réunion

qui est aussi chanteur de charme. Le Kiki

fut d’ailleurs son grand tube de jeunesse.

Le nouveau long-métrage de Hugo

Benamozig et David Caviglioli, qui fait

montre du même humour absurde que

leur précédent, Terrible jungle, dans lequel jouait déjà Jonathan Cohen, est un

vrai polar, avec une enquête, de l’action, et des punchlines qui resteront :

« Les lois, c’est fait pour les voyous, pas

pour la police ! » ; « Elle est chez elle, elle

a le droit d’être raciste »…

Pieds nickelés

Le personnage de François Sentinelle,

loser campé avec une profonde sincérité,

se révèle finalement très touchant. Car,

au-delà de son ego démesuré et de sa

gloire passée, son amour pour la musique le sauve. Il ne vit qu’à travers elle et

pour elle. Mais les autres comédiens se

révèlent tout aussi formidables : Emmanuelle Bercot (Mon roi) en contre-emploi

jubilatoire, celui d’une politicienne folle

furieuse prête à tout pour remporter les

élections, Ramzy en producteur de musique, Raphaël Quenard (Cash, Yannick),

dans le rôle de son adjoint en mode

clown blanc, et toute une bande de flics

pieds nickelés, incompétents et débiles,

mais attendrissants par la conscience

qu’ils ont de ne pas être des Prix Nobel…

Avec son clip kitsch et décalé, à l’esthétique léchée, qui circule déjà sur internet, Sentinelle pourrait devenir aussi

culte que La Flamme et sa fête de la Jean

Guile. Et sa fin, très ouverte, laisse place

à de nouvelles aventures… ■ C. F.

Enquête au royaume de l’absurd créatur d « a Flamm » t du « Flambau »

st l héros d « ntinll ». n comédi louoqudans laqull il st à la ois lic t chantur d charm.

PROPOS RECUEILLIS PAR

Céline ontana £@CelineFontana

Auteur, réalisateur, interprète et producteur, Jonathan Cohen affiche à

43 ans une belle filmographie où la comédie, sous

toutes ses formes, a la part belle :

Coexister, Budapest, En même temps,

Astérix et Obélix : l’empire du Milieu

sur grand écran ; Bref, Serge le mytho,

La Flamme, Le Flambeau, Family Business sur le petit. En cette rentrée, il

défend trois films : Une année difficile,

d’Éric Toledano et Olivier Nakache, le

18 octobre, puis Daaaaaali !, de Quentin Dupieux, et Sentinelle, aujourd’hui

sur Prime Video. Il nous a reçus dans

les bureaux de sa société de production à Paris.

LE FIGARO. - Hugo Bénamozig

et David Caviglioli, avec qui vous aviez

déjà tourné Terrible jungle (2020),

ont-ils écrit Sentinelle pour vous ?

Jonathan COHEN. - Oui, nous nous

étions tellement bien entendus ! L’absurde, l’intelligence… C’est à la fois grotesque et fin. J’ai accepté le rôle et décidé de produire le film également. Nous

avons passé un an à écrire et à réécrire.

L’histoire s’est étoffée, avec une enquête policière qui nous tient tout au long

de cette comédie.

Comment vous êtes-vous approprié

le personnage de François Sentinelle ?

C’est une collaboration. Le rôle se prépare au fur et à mesure des versions.

J’ai pioché dans toutes, j’en étais imprégné. Nous avons voulu donner à

Sentinelle une touche très graphique,

comme une BD, pour le rendre iconique dans son aspect.

Quelle est la part d’improvisation ?

Elle me paraît indispensable, en tout

cas en comédie, car il faut être créatif

tout le temps. On ne rentre pas dans

une scène, on crée une scène. On se

chauffe à la base avec le texte et, à un

moment, on essaie de pousser les

curseurs.

Est-ce compatible avec le rythme

de la comédie, souvent précis ?

Il se trouve au montage, ce rythme. Il

faut proposer beaucoup de choses, aller

chercher la quintessence de l’humour

de la séquence. On peut la jouer rythmée, mais c’est vraiment au montage

que ça se passe.

C’est purement subjectif. Je sabote

beaucoup de prises à cause de ça mais je

suis très rieur. Si je craque, c’est une

bonne piste. Avec Pierre Niney ou

Ramzy, quand nous commençons à

avoir des fous rires, on sait qu’il faut

creuser. Et au montage, si ça nous fait

rire automatiquement à chaque fois, on

sait que c’est bon.

Que gardez-vous de votre rencontre

avec les journalistes du Papotin,

diffusée le 2 septembre sur France 2 ?

J’ai été tout bonnement bouleversé.

J’avais vu l’émission de Gilles Lellouche. Je me suis retrouvé face à des gens

qui n’avaient pas d’armure, donc on

enlève la sienne. Il m’a fallu une bonne

journée et demie pour m’en remettre.

On a rarement affaire à des êtres aussi

beaux humainement. Je pense souvent

à eux, à des phrases, des situations drôles, touchantes. C’est une expérience

qu’on n’oublie pas.

Vous rêviez de jouer Hamlet,

est-ce toujours d’actualité ?

Regardez, le livre est là, je ne peux pas

vous mentir ! Je le lis souvent, je souligne des passages. Je relis régulièrement

tout Shakespeare ou Tchekhov. J’ai besoin de me remettre dans ce bain-là. Il y

a une grandeur, une pureté dans ces

histoires que notre environnement n’a

plus. Ça apporte de la beauté en nous, de

l’excellence, c’est comme une petite

bombe d’oxygène pour réaffronter ce

qui nous environne. J’aimerais un jour

jouer Hamlet sur scène. Mais je ne l’initierai pas, je laisse faire la vie. ■

Pour Marc, votre personnage

de La Flamme et du Flambeau,

série créée pour Canal+, comment

avez-vous trouvé l’équilibre entre

les préoccupations féministes actuelles

et ce macho, voire goujat, pur jus ?

Marc est le fruit de son époque, celle des

années 1980. Il n’a que les mauvaises références et n’est pas en adéquation avec

les problématiques d’aujourd’hui. Il

s’est construit avec Top Gun, l’homme

tout-puissant, l’homme action.

Il représente le mâle alpha mais

est totalement à côté de la plaque. Il est en décalage avec

l’évolution des mœurs, c’est ce

qui était intéressant à montrer.

Il ne comprend pas pourquoi ça ne marche pas. Il est resté un enfant gâté, touchant quand il n’a pas ce qu’il veut.

La dimension sociétale,

l’aviez-vous anticipée, souhaitée ?

Nous avons fait très attention au moment de l’écriture. Il faut éviter la gratuité et se battre pour un minimum de

fond. Il y a d’un côté un personnage

d’idiot, sans filtre, Marc, qui sort les

choses abruptement sans savoir qu’il

choque. Et de l’autre, toujours un

contrepoids qui lui répond : « Non,

Marc, on n’a pas le droit de dire ça… »

Qu’est-ce qui vous plaît dans l’humour

anglo-saxon dont vous vous inspirez ?

L’intelligence de l’absurde. Des acteurs

qui jouent au premier degré des situations auxquelles on croit. J’ai des références en matière d’humour français

mais, quand j’ai vu les productions

anglo-saxonnes – les séries The Office

ou Arrested Development, les films

d’Adam McKay comme Anchorman ou

Don’t Look Up, le travail de Ricky Gervais… -, je me suis dit : « C’est ça que je

veux faire un jour. »

L’important, c’est donc la sincérité

avec laquelle on joue ?

Oui. Quand l’histoire est solide, l’interprétation sincère, les vannes ont plus

de chances de faire rire. Dans La Flamme et Le Flambeau, on oublie très vite

les comédiens pour s’intéresser aux

personnages. Leïla Bekhti, on l’appelle

Alexandra dans la rue, moi on m’appelle Marc.

Comment savez-vous lorsque

quelque chose est drôle ?

○○○◐

« Quand l’histoire est solide,

l’interprétation sincère, les vannes

ont plus de chances de faire rire »,

explique Jonathan Cohen, loser touchant

dans Sentinelle. Prime Video

Jonathan Cohen :

« Je relis régulièrement

hakespeare »

MOTS CROISÉS Par Vincent Labbé

Vendredi 08 septembre

PROBLÈME N° 6391

HORIZONTALEMENT

1. Chemins de fer pour Monte-Carlo. - 2. Sport avec

un « vél’eau ». - 3. Donner quelque instruction. - 4.

Fait du tapage publicitaire avec son double. Prend la tête.

- 5. Prend la tête. Pronom. - 6. Caractère de Viking.

Proche de l’oméga. - 7. Petit point dans l’eau. - 8.

En action. Beau au cinéma. - 9. Passage angoissant

dans un tunnel. Belmondo y croisa les fi lles d’Ipanema.

- 10. Descente rapide et dangereuse à contresens.

Pot de colle. - 11. Allégées après la traite. - 12. On y est en

pleine Renaissance ou dans les beaux quartiers parisiens.

VERTICALEMENT

1. Produits désinfectants. - 2. Empoissonne le littoral.

- 3. Est à son maximum. Compagnon de chaînes.

- 4. Ronronne sur les fauteuils de Buckingham. Plat

même s’il est relevé. Met au niveau. - 5. Grand fossé qui

s’est creusé. Dur dans la campagne. Diviseur. - 6. Bord

de la nappe. Point de l’orbite d’un astre le plus proche

de la Terre. - 7. Fruits secs. Géant d’argile du judaïsme.

- 8. État du pacifi que. N’est pas sorti indemne du

service.

SOLUTION DU PROBLÈME N° 6390

HORIZONTALEMENT 1. Emblaver. - 2. Xylocope. - 3. Crevotes. - 4. Aisément. - 5. Vas. Pète. - 6. Adent.

Hé. - 7. Ter. Étés. - 8. Aises. - 9. Ibis. Reg. - 10. Créées. - 11. Éon. Père. - 12. Suturées.

VERTICALEMENT 1. Excavatrices. - 2. Myriade. Brou. - 3. Blesseraient. - 4. Love. Ise. - 5. Acomptes.

EPR. - 6. Votée. Tersée. - 7. Épenthèse. Ré. - 8. Restées. Gués.

1

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3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

1 2 3 4 5 6 7 8

MOTS MÉLANGÉS

Barrez dans la grille tous les mots proposés. Cherchez-les horizontalement, verticalement ou

diagonalement. Il ne vous restera alors que les lettres formant le mot mystérieux.

ABBATIALE

BATTUE

BROC

BRUIT

CAUSÉ

CHAHUTEUR

ÉGOUT

FLORAISON

FORSYTHIA

GLUTEN

HASARD

HÂTIVE

PLUME

RAIDILLON

RAPIAT

RATAFIA

RÉALISTE

SPAGHETTI

STADE

TASSER

TRÊVE

VERNI

VOUIVRE

LIÈGE

MÊLÉE

NÉNUPHAR

NOUS

ORDRE

PASSIF

6 5 4 7 9 1 8 2 3

2 7 8 5 3 6 9 1 4

9 3 1 2 8 4 6 5 7

7 8 9 3 6 2 5 4 1

3 4 6 8 1 5 2 7 9

5 1 2 4 7 9 3 8 6

4 9 3 1 2 8 7 6 5

8 6 5 9 4 7 1 3 2

1 2 7 6 5 3 4 9 8

5 3 8 6 1 7 2 9 4

4 1 7 2 9 5 3 6 8

6 2 9 4 8 3 7 1 5

9 4 3 1 5 6 8 7 2

7 5 1 9 2 8 4 3 6

8 6 2 7 3 4 1 5 9

2 7 4 3 6 9 5 8 1

1 8 6 5 7 2 9 4 3

3 9 5 8 4 1 6 2 7

SOLUTION DU N°4477 SOLUTION DU N°4478

R C A U S E E T V F P G N N M

U A I B V P O U L O L L O E E

E I H I B D A O T U U L U T L

T F T P R A R G T T L I S M E

U A Y A U A T E H I A I V V E

H T S S I N N I D E L B E R U

A A R S T P E I A A T R R G E

H R O I E V A N E L T T N O E

C N F F O R D R E R E S I E C

SOLUTION DU MOTS À MOT

Les mots sont :

DURCIR - SPEECH - ÉTUVER.

08_09_23_P2 13 07/08/2023 10:02

P:37

le figaro vendredi 8 septembre 2023

télévision météo par 37 Tous les programmes

dans TV Magazine et sur l’appli TV Mag

À LA DEMANDE

21.05

Rugby : Coupe du monde

Sport

21.09

Le temps des secrets

Film. Comédie dramatique

Poule A : France- Nouvelle-Zélande.

En direct. Le grand jour est arrivé

pour le XV de France ! Après avoir

préparé cette compétition durant de

long mois, les Bleus entrent en lice

dans leur Coupe du monde face à la

Nouvelle-Zélande.

23.15 Le mag de la Coupe du monde

de rugby. Magazine sportif. Inédit.

Fra. 2022. Réal. : Christophe Barratier.

1h44. Avec Léo Campion. Début d’été

1905. Un adolescent de Marseille

souhaite profiter pleinement de ses

trois mois de vacances scolaires

avant sa rentrée prochaine au lycée.

22.51 La guerre des Lulus. Film. Aventures. Avec Tom Castaing.

18.09 Touche pas à mon poste !

Divertissement-humour. Prés. : Cyril

Hanouna. Best of. Inédit.

21.19 Le sang de la vigne

Série. 2012. Saison 2. Avec Pierre Arditi. Noces d’or à Sauternes. Alors qu’il

s’apprête à se rendre chez un couple

de sexagénaires, Benjamin Lebel

apprend qu’ils ont été assassinés.

22.58 Le sang de la vigne. Série.

20.00 C à vous la suite. Talk-show.

21.05 Hippocrate

Film. Comédie dramatique. Fra.

2014. Réal. : Thomas Lilti. 1h42. Avec

Vincent Lacoste. Pour son premier

stage d’internat dans le service de

son père, un jeune médecin découvre

les difficultés du métier et se

demande s’il a fait le bon choix.

22.45 Godard par Godard. Doc.

21.10

Capitaine Marleau

Série. Policière

20.55

Meurtres à Sandhamn :

Enquête 15

Fra. 2020. Saison 3. Avec Corinne

Masiero. Au nom du fils. Le conducteur d’un train touristique est retrouvé

mort alors que cinq ans auparavant il

était déjà responsable d’un accident

ferroviaire qui avait coûté la vie à un

adolescent.

22.45 Capitaine Marleau. Série.

Veuves... mais pas trop- Double jeu

Série. Policière

Suè. 2022. Saison 15. Avec Alexandra

Rapaport. Lili. L’épouse du golfeur

le plus connu de Suède est portée

disparue, on craint qu’elle ne se soit

noyée. L’affaire est traitée en priorité.

22.30 Barry White : A Dream of Love.

Documentaire. Réal. : Oliver Schwabe.

19.50 Les cinquante. Jeu. Inédit.

21.05 Enquête d’action

Magazine. Prés. : Marie-Ange Casalta.

Pompiers des Bouches-du-Rhône :

coups de chaud en Méditerranée.

Martigues et Vitrolles sont des

stations balnéaires très fréquentées.

Elles donnent beaucoup de travail

aux pompiers.

23.00 Enquête d’action. Magazine.

20.10 Direct Quinté. Magazine sportif.

21.10 Philae, derniers temples

de l’Egypte antique

Doc. Fra. 2022. Réal. : Benoît Poisson.

A Assouan, au sud de l’Egypte, un site

exceptionnel émerge des eaux du Nil

et impressionne par sa magnificence :

les temples de Philae.

22.15 Les derniers secrets du Sphinx

de Gizeh. Documentaire.

21.10

Le grand show de l’humour

Divertissement

21.10

Recherche appartement

ou maison

Prés. : Jean-Luc Lemoine. 2h10.

Quels sont vos humoristes préférés

en 2023 ? Depuis le Dôme de Paris,

Jean-Luc Lemoine révèle en exclusivité le classement 2023 des humoristes préférés des Français d’après

un grand sondage national IFOP.

23.20 Coluche, une époque formidable. Doc. Réal. : Matthieu Jaubert.

Téléréalité

2023. Spéciale biens atypiques. Tandis que Laurine souhaite investir dans

son premier appartement, Sophie

et Genséric rêvent d’une maison et

Anna veut quitter son appartement.

22.45 Recherche appartement ou

maison. Téléréalité.

20.45 Quotidien. Divertissement.

21.25 Céline Dion : une voix, un

destin

Doc. 2022. 2 épisodes. L’incroyable

destin de Céline Dion, la diva à la voix

d’or qui fête ses 40 ans de carrière,

grâce à des anecdotes dévoilées par

ceux qui la connaissent le mieux.

23.20 Les 30 chansons de Céline Dion

que vous n’oublierez jamais. Doc.

20.00 Créatures de légendes. Doc.

20.50 L’ombre d’un doute

Magazine. 2 volets. Prés. : Franck

Ferrand. Guerre des dames à la cour

du Roi-Soleil. Derrière chaque grand

homme se cache une femme dit un

proverbe. A Louis XIV, il en fallu deux :

mesdames de Montespan et de

Maintenon, deux femmes d’exception.

23.30 Histoires d’une nation. Doc.

A Londres, en 1882, Eliza Scarlet

se retrouve dans le besoin après

la mort inopinée de son père. Refusant de se marier uniquement

dans le but d’assurer sa subsistance, elle décide de prendre la

tête de l’agence de détectives

de son père. Pour l’aider dans sa

tâche, elle bénéficie du concours

de son ami d’enfance William

Wellington, un Ecossais bourru,

inspecteur de Scotland Yard, qui

lui ouvre les portes d’un monde

dominé par les hommes. Si

l’ensemble des quatre saisons de

cette série policière ne brille pas

par son originalité, on se laisse

facilement charmer par les costumes et la reconstitution soignée

de l’Angleterre victorienne et

par le duo Kate Phillips / Stuart

Martin, à l’alchimie évidente.

Miss Scarlet,

détective privée

6.00 Points de vue. Rediffusé

à 12.00, 17.30 et 23.30. Présenté

par Timothée Dhellemmes.

18.30

Le Buzz TV

Magazine. Philippe Risoli

(notre photo), auteur du livre

Dites bien à mon fils que je l’aime

(L’Archipel). Interviewé

par Nicolas Vollaire

et Sarah Lecœuvre.

19.00 Bienvenue en Île-de-France.

Présenté par Victoire Sikora.

Invitée culture : Virginie Chardin,

commissaire de l’exposition

« Frank Horvat. Paris, le monde,

la mode ».

22.30 Libre à vous. Guyonne

de Montjou reçoit Éric Mestrallet,

fondateur d’Espérance Banlieues.

Berzane asser/BCMOTS FLÉCHÉS DU FIGARO N°3620

ESPÈCES

ÉLEVEUR

DE SERINS

RÉORGANISER

SURGISSANT

DÉPARTEMENT EN

PICARDIE

ATTACHÉ

PRENDRA

LE CHEMIN

COUP AU

TRICTRAC

ORNEMENT

FLORAL

POIDS

PHOTOGRAPHE

DES STARS

DU PASSÉ

SOUSOFFICIER

COMME LE

LURON

QUI TIRE

SUR LE

JAUNE

ACCORD

DU CHEF

EXCLAMATION

ARTICLE

GRIS-BEIGE

CANARD

SAUVAGE

FIBRES

ANIMALES

COURS

D’IRLANDE

PRÉNOM

MASCULIN

RÉUNION

DE MÉTAUX

ÉPOUSE

DE LORD

IL CONDUIT

LA

CARAVANE

TRIMER

EMBARCADÈRES

TROP

FATIGUÉ

ARRÊT DE

LA RESPIRATION

RÉALISÉE

PETITE

ROUGEUR

MIS À

L’ÉCART

A TOUJOURS

LE MOT

POUR RIRE

SEL DE

TANNERIE

HÔPITAL

ALPIN

ARCHIPEL

DANOIS

PLUS QUE

STRIDENTE

À CE

MOMENT

ENCERCLÉ

RÊVÉE

GERMANDRÉE

ENTAILLE

RAPATRIER

JAMES

BOND

ÉLIMINERA

ÉPUISANTE,

HARASSANTE

BOYAUX

DIX FOIS

MOINS

QU’UN

LITRE

C’EST DE

LA BOMBE !

RICHESSE

D’ÉTAT

ARTISTE

DADAÏSTE

CERVIDÉ

DIRECTION

DE

BIARRITZ

DEVANT LA

SAINTE

VIERGE

COUPER

LE RUBAN

MONNAIE

D’ÉCHANGE

DONT IL NE

RESTE RIEN

BOUCLIER

FORTUIT

UN PROCHE

D’ATTILA

GOUSSE DE

HARICOT

VÉHICULE

LÉGER

BONNE OU

MAUVAISE

VOLONTÉ

VIEUX OUI

NOM

HÉBREU

DE NOÉ

RADIUM

ÇA LAISSE

PRÉSAGER

UNE SUITE

DRÔLEMENT REMONTÉES

SIDÉRALE

BLESSURE

PAR ARME

TRANCHANTE

SUIVIE SUR

TOUTE LA

LIGNE

EXERCE

SON

ACTIVITÉ

AUX POILS

TIGE DE

VIGNE

E R K A O R A D E D A B F

I M P E R I S S A B L E G N O U F E N G L U E R

M A T E L A S S E S C E A U F A R N A R R A

R A T I F I C A T I O N E N T R E L A C E M E N T

G N E M E S I S A O S T E T O T A L I S E R

T A P E R R S S I R A R C P E P I N S I

S A M O D E R E S A L I A S E I N E P T E

H I A E R O S T A T C O S S U C E T

N I N E C A R T P L I A R N I C A

G E N E R E E I S A I E A M I E O N

SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT

08_09_23_P1 3611 07/08/2023 10:01

ALGER

BARCELONE

BERNE

COPENHAGUE

LONDRES

RABAT

AMSTERDAM

BELGRADE

BRUXELLES

DUBLIN

MADRID

ROME

ATHÈNES

BERLIN

BUDAPEST

LISBONNE

PRAGUE

TUNIS

SAMEDI DIMANCHE LUNDI

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SAMEDI

19/32

DIMANCHE LUNDI

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BUDAPEST 14/28

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BUDAPEST

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20

20

Soleil : Lever 07h17 - Coucher 20h18 - Dernier quartier de Lune

ÉPHÉMÉRIDE St-Adrien

APRÈS-MIDI

MATIN

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GRATUITE

La Chaîne Météo

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<-10 à 0 0 à 10 10 à 20 20 à 30 30 à >40

T (en °c)

P:38

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

38 Scope

Brasseries, istrots, ars à vin, restaurants gastronomiques, végétaux, viandards ou voyageurs : tour de piste des nouveautés fraîchement ouvertes dans Les 15 tabes incontournabes de la rentrée testées pour Alice Bosio [email protected]

et mmnuel Ruin

E

lles ont ouvert pendant l’été

- ou un peu avant - et font

courir les Parisiens. Mais que

valent vraiment les tables de

la rentrée ?

8/10

Hémicycle

MENUS : 49 € (déj.), 85 € et 105 €.

CARTE : env. 125 €.

5, rue de Bourgogne (7e).

Tél. : 06 07 16 18 64. Tlj sf dim. et lun.

Fidèle à sa marche en avant menée table

battante (une par an), le Groupe Éclore

(Substance, Contraste, Granite, Braise…)

s’incruste pour la première fois rive

gauche à deux pas de l’Assemblée nationale et à la reprise de ce qui fut l’une des

tables de Bernard Loiseau à Paris. Sous

panache assumé d’Hémicycle, l’adresse

entend bien ouvrir les débats. Moins

pour cette salle de marbre (et ses étages

promis) lorsqu’elle installe une savante

rupture avec les codes feutrés chers au

quartier. Plus sûrement pour l’expression libre et forte de la cuisine de Flavio

Lucarini, tout à la fois soutenue par un

sacré aplomb technique, une singularité

de composition et cette haute tension

qui poussent les saveurs dans le haut de

la gamme. Tomate glacée à la fève tonka

(carottes fermentées, concentrée de

gingembre, smoothie d’oseille), truite

de mer (à l’émulsion de poivre,

concombre préservé et feuille de citronnier), pigeon poché (kosho de cerises

mole, raviolo croustillant d’aubergine et

cuisse en tempura d’épices) : trois recettes, trois puissances, rares et incisives à

moduler les amers, les aigus, les acides.

Voilà qui pourrait faire tourner quelques

palais mais la bouche cogne, ici, soudain, comme parfois les cœurs battent.

Une sensation de chef accompagnée à la

pâtisserie par le chavirant baba au vin

jaune de la jeune Aurora Storari ainsi

qu’en salle et en cave par deux enthousiastes porte-parole.

Le plat à ne pas laisser filer. Anguille fumée farcie aux champignons de

Paris, marjolaine, sirop de tamarin et

moutarde.

Le moment propice. Mardi ou jeudi -

les soirs du Paris qui sort.

8/10

Tracé

MENU : 130 €.

15, rue de Richelieu (1er).

Tél. : 01 71 60 91 30. Tls sf dim. et lun.

C’est peut-être l’un des plats les plus

émouvants de cette rentrée. Une salle

monacale, un service investi dès les

premiers mots et ce plat qui ajoute à la

surprise du menu unique. Installée au

cœur de l’assiette, une simple tranche

de tomate séchée que vient réhydrater

la pluie soudaine d’une vinaigrette de

fleur de figuier et de tagette. Glissée en

bouche comme une intrigue, elle révèle

la force d’une évidence, le fruit sublimé, une pure gastronomie de la

cueillette. Avant comme après elle, un

sabayon d’œuf de poule sur un nid

d’œufs de hareng et truite, une langoustine en deux temps (parfumant un

bouillon de poivre, juste saisie sous un

lard de seiche), un turbot en beurre de

ciboulette, un pigeon et son printemps

préservé (on n’en dit pas plus), une glace à la reine-des-prés et toute la sensibilité de Clément Vergeat, jeune chef

poète étonnant de maturité.

Le plat à ne pas laisser filer. La

tomate bien évidemment et la tartelette

groseille basilic.

Le moment propice. Le samedi soir

pour savourer l’instant sans penser au

lendemain.

7,5/10

La Baignoire

CARTE : 45-65 €.

7, rue Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle (2e).

Tél. : 06 52 42 11 89. Tls sf dim.

On a retrouvé Cécile Lévy ! L’Israélienne qui nous avait régalés chez Tekés est

partie voler de ses propres ailes dans

cette petite table (14 couverts) planquée

des Grands Boulevards. Le cadre joue la

Méditerranée chic - tomettes, nappes

blanches, bougies, colonnes - avec

quelques touches déroutantes - tuyau

apparent, téléphones rétro, et… baignoire. La courte carte d’une douzaine

de propositions, qui n’enjoint pas au

partage, révèle la patte d’une cuisinière

généreuse cherchant à surprendre avec

des goûts marqués et qui manie, héritage de l’école Granit, les végétaux avec

malice et gourmandise, comme dans

cet effiloché de poireau confit, méconnaissable dans son dressage en rouleau

caché sous du kishk (yaourt séché)

râpé, bien équilibré entre sucrosité et

acidité (vinaigre de sapin, yuzu) ou

dans cette brochette d’endive au miso

blanc et zaatar, brûlée au chalumeau en

salle, à la texture parfaite, sans amertume bien qu’un poil trop salée.

Le plat à ne pas laisser filer. Le

tartare de langoustine soyeux, titillé par

une vinaigrette acidulée à la fraise, à

saucer avec le délicieux pain maison.

Le moment propice. Un soir de début

de semaine en duo.

7,5/10

Faubourg Daimant

CARTE : 45-65 €.

20, rue du Faubourg-Poissonnière (10e).

Rés. en ligne. Tlj.

Faire d’une table végétale un repaire

canaille et gourmand que ne renieraient

pas les plus viandards d’entre nous. Tel

est le pari engagé et ambitieux d’Alice

Tuyet, déjà à l’œuvre chez Plan D,

sandwicherie réussie du canal SaintMartin. Malgré quelques erreurs de jeunesse (le service qui s’enflamme à demander de « sortir des carcans de la

restauration traditionnelle » pour simplement inciter au partage, ou s’obstine

à qualifier le repas d’« expérience »), le

résultat est bluffant. Grâce à un travail

admirable sur les sauces et les cuissons,

on se régale de rillettes de lentilles, petits farcis ou fausse bouillabaisse, escortés de boissons soignées, dans un décor

glamour très brooklynien. Seul bémol :

l’addition trop salée au regard des portions, qui réfrène notre envie de revenir

soutenir une entreprise utile.

Le plat à ne pas laisser filer. Les

croquettes « cochonnes » et sauce ravigote, en réalité aux champignons et à la

pâte de soja fumée, agrémentées d’une

fine gelée à s’y méprendre.

Le moment propice. Un soir de

semaine, pour profiter de l’ambiance

tamisée.

7/10

Donna

CARTE : 40-60 €.

157, rue Saint-Martin (3e).

Tél. : 06 60 19 48 28.

Tls sf lun. et mar.

Égaré au milieu des spots à touristes et à

beuverie des abords de Beaubourg, le

bar à vin sur deux étages de Marc

Le Berre (cave Rouge ou Blanc, 6e) et du

chef Masahide Ikuta (ex-Les Enfants du

Marché) dénote. À la fois pour son design brutaliste (murs, sols et tables sur

mesure gris, comptoir central en pierre

blanche surmonté d’une suspension en

voile), mais aussi pour sa sélection

pointue d’une centaine de vins nature

français, concurrencée par les assiettes

créatives, précises et bien sourcées du

cuisinier nippon : forestière fricassée de

girolles, noisettes, œuf mollet et épinards ; savoureuse échine de cochon

sarthois maturée, haricots verts

croquants, abricots frais et arroche ;

estivale tarte rhubarbe, fraise et amandes effilées.

Le plat à ne pas laisser filer. La

sériole ikejime crue, bien ferme,

agrémentée de concombre, chourave, mangue et huile d’olive à la

vanille.

Le moment propice. Un samedi soir

pour profiter des DJ sets disco-funk (le

nom de l’enseigne est un hommage à

Mrs Summer).

crues, yaourt à l’orgeat, sorbet mara

des bois et amandes caramélisés.

L p à pi fi. La

pintade du Gâtinais en deux cuissons,

blettes, haricots verts, ail noir et

piquillos fumés.

Lo popi. Opportun pour

nourrir le dimanche.

7/10

oaille

RMULE : 23 € et 30 € (déj.).

CARTE : 35-50 €.

9, rue Antoine-Vollon (12e).

Tél. : 01 45 85 30 65.

Tlj sf dim. et lun.

P1 Bouche (18e). Griffes (16e).

scope à paris ...

Arnaud Baptiste,

chef du Colvert (6e).

7/10

ColverCARTE : 55-65 €.

54, rue Saint-André-des-Arts (6e).

Tél. : 01 42 03 73 67. Tlj.

Preuve que l’on peut enfin remettre les

couverts entre Saint-Germain et Odéon

(il était temps), ce bistrot éclairé par un

certain Arnaud Baptiste, ex-saisonnier

de « Top Chef », véloce à dégainer des

assiettes à fleuret moucheté. De celles

que l’on bouffe d’abord du regard, à qui

on lâcherait presque un « t’as de beaux

yeux », toutes si joliment dressées que

la fourchette s’en trouve presque intimidée, honteuse de les bousculer. Toutes dans la gravure, l’estampe, l’aquarelle et pourtant sans maniérisme, sans

affèterie, affriolantes à prendre la bouche et franchement promptes à lâcher

les chevaux d’une fine tartelette tomate, pesto et gel de cerise, d’un saumon

gravelax, concombre cru et mariné,

yaourt condimenté aneth, huile de curry et de ces ultimes fraises cuites et

Faubourg Daimant (10e).

P:39

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Scope 39

la capitale.

vous

derrière lequel deux jeunes femmes envoient des cocktails pointus), les serveurs en costume et l’assiette, confiée à

Thomas Coupeau et Orfeo Ranieri, soigne les classiques dans une vaisselle siglée : œufs mimosa modèles, poireau

vinaigrette graphique avec une belle

acidité, mac & cheese au vin jaune très

gourmand, sole meunière, mousse choco à l’huile d’olive et câpres frites…

Le plat à ne pas laisser filer. Le

faux-filet maturé 60 jours de Blonde de

Galice grillé sur l’os, escorté de son trio

de sauces, tendre et goûteux.

Le moment propice. Une soirée entre

copains pour pouvoir partager la viande

susnommée et ses accompagnements

de qualité (purée lisse et beurrée, salade

Caesar et sa chips de peau de poulet,

frites maison).

6,5/10

Griffes

CARTE : 30-50 €.

7, rue Gros (16e). Tél. : 01 40 50 88 30.

Tlj sf dim.

Apparue la veille de ces dernières vacances, à la succession du Petit Chêne,

second bouclard pour Léopold Imbert

et ses complices qui, comme au Sables

de la rue La Fontaine, ne s’embarrassent pas à faire dans l’inédit. Ça prend

les mêmes et ça recommence avec la

carte tradi bien fournie, les bandes du

16e en petite folie et le courant qui ne

traîne jamais à passer entre ces deux-là.

On a d’ailleurs vite compris (et suivi) en

lessivant le guéridon complet d’un gratin dauphinois doublé d’un bœuf

Wellington, en chair, en sauce et en

feuilletage, aussi culotté à débarquer en

plein été qu’à convaincre de sa régalade. Le genre de hardiesse qui place

d’office le bistrot parmi les plus remontés de la saison.

Le plat à ne pas laisser filer. Le

bœuf Wellington, gratin dauphinois.

Le moment propice. Vendredi soir,

avec sa troupe !

6,5/10

Rives

FORMULE : 21 € et 24 € (déj.).

CARTE : 35-50 € (dîn.).

31, rue Saint-Maur (11e).

Tél. : 01 47 00 97 89.

Tlj sf lun. et mar.

L’Express Bar, reconnaissable à sa

chouette devanture en mosaïque rouge,

a été repris par un vingtenaire qui a tout

compris au troquet de quartier

d’aujourd’hui. Cadre décontracté (bien

que manquant un poil de cachet), service amical, boissons soignées (bières et

softs artisanaux, vins nature), carte ramassée de classiques bistrotiers bien

troussés changeant régulièrement à

prix tenus : voici le genre d’adresses

que l’on fréquente sans modération

lorsqu’on l’a en bas de chez soi. Avec

comme mot d’ordre « La panse mène la

danse », la cuisine ouverte envoie ainsi

une terrine campagnarde et vinaigrette

à l’ancienne, des poireaux fouettés par

une ravigote, un cabillaud nacré à la

peau croustillante et petits pois croquants ou encore un beau steak sauce

poivre, frites et mesclun.

Le plat à ne pas aisser fier.

L’enivrante crème brûlée au vin jaune.

Le moment propice. Un apéro à rallonge entre copains sur la terrasse, à

prolonger d’un dîner voire de quelques

pas de danse (la maison sort platine et

vinyles un samedi par mois).

6,5/10

Sharmaji

CARTE : env. 55 €.

16, rue Frémicourt (15e).

Tél. : 09 78 80 52 78.

Tlj sf dim. (dîn.) et lun.

Où l’on retrouve l’iconoclaste Manoj

Sharma qui, depuis le Desi Road il y a

huit ans, surprend tout son monde en

osant une rare cuisine d’auteur du côté

de la cuisine indienne. Le voilà qui

aujourd’hui prolonge le parti pris dans

un 15e sage comme une image et où,

sans surprise, les quatre murs de la salle

choisissent l’épure. Vishnou y es-tu ?

Vishnou y est pas ! Aux quatre coins du

menu, en revanche, la personnalité

pointe désormais vraiment sous l’épice,

les compositions gagnent en expression

comme en maturité et les assiettes

ouvrent les neuf chakras de calamars

sautés au piment et feuilles de curry,

d’une aubergine inspirée à découvrir

une très friande sauce tamarin-sésame

tandis que la daurade rôtie chavire dans

les herbes, le chutney Cafrael, l’épinard

Poriyal, l’ananas et la sauce moilee, coriandre, citron. Sur ce dernier plat, pas

loin d’un petit océan Indien qui raconte

l’adresse tout entière.

Le plat à ne pas aisser fier. Poulet grillé, fenouil kashmiri, yaourt

gingembre.

Le moment propice. En paix, un

dimanche midi.

6,5/10

P1 Bouche

CARTE : 20-40 €.

151 bis, rue Marcadet (18e). Pas de rés.

Tlj sf lun. et mar., de 8 h 30 à 17 h 30.

Alors que le petit déjeuner gagne ses

lettres de noblesse dans les restaurants, la boulangerie référente du nord

de la Butte, Atelier P1, s’est dédoublée

avec ce petit local qui sert viennoiseries, œufs, tartes et tartines, du petit

déjeuner au goûter. Le cadre michampêtre mi-loft brooklynien brut

ravira les bobos, avec sa cuisine ouverte sur la salle, son parquet peint en

vert, ses tables en bois clair collées serrées, ses plantes vertes et ses chaises

dépareillées. Le pain au chocolat praliné et le pain au levain naturel sont imparables, mais la maison maîtrise aussi

les œufs brouillés baveux, relevés au

piment d’Espelette et à l’huile d’olive,

le granola ou le gaspacho. Mention

spéciale à l’offre soignée de boissons

chaudes et froides, avec option végane

(chaï latte, infusion glacée), ainsi qu’au

service hyperchaleureux de Yasmine,

cofondatrice du lieu.

Le pat à ne pas aisser fier. La

délicieuse tarte à la tomate, oignons

rouges, poivrons grillés, pistou et olives

de Kalamata, à la pâte rustique, servie à

partir de midi.

Le moment propice. Un brunch en

semaine, quand l’adresse est un peu

moins courue (d’autant que les résas ne

sont pas acceptées).

6/10

ux Perchés

: 45-50 €.

25, rue Servandoni (6e).

Tél. : 06 74 35 01 90.

Tlj sf dim. et lun.

Le toujours paisible quartier du Luxembourg dépose ce sympathique petit bistrot, porté par le sourire d’une jeune

patronne. Pas franchement effarouchée

de se retrouver seule en salle, à déléguer les plats à l’ex-chef du Petit Plat.

C’est généreux, et même si souvent

abrupt dans les dressages, plutôt bien

soutenu en gueule (œuf parfait, champignons poêlés et galette de sarasin ; supions farcis, tomates en sauce, pesto

pistache origan). On aurait simplement

préféré que le décor soit un peu plus

habillé et l’addition un peu moins fagotée. Touristes américains et sénateurs

voisins devraient s’y retrouver.

Le pat à ne pas aisser fier. Pour

sa belle cuisson, le quasi de veau à la

purée de figues, figue rôtie et polenta.

Le moment propice. Une table du

mercredi !

6/10

Bomance

: 40-60 €.

40, rue des Blancs-Manteaux (4e).

Tél. : 01 45 35 44 62.

Tlj sf sam. et dim.

Rentrée pour rentrée et au plancher du

Marais, ce repaire fort en bande (monté

par des copains, pour des copains) accorde à l’Homo bistronomicus une très

correcte séance de révision (ou de rattrapage) avec la salle en couloir, les

courtes tablées de bois brut et une céramique d’assiette bien lestée du best of

quasi complet de la gueule néocanaille :

pâté (croûte), œuf (parfait), tartare (de

maigre)… La suite du même pli et la

faim de bon acabit.

Le pat à ne pas aisser fier. Sandre rôti au beurre, purée de panais,

panais rôti, sauce matelote.

Le moment propice. Vendredi soir,

entre amis.

5,5/10

ma

: 50-65 €.

À l’hôtel Château des Fleurs.

19, rue Vernet (8e).

Tél. : 01 47 20 41 73.

Tlj sf dim. et lun.

Avec ses beaux albums dormant dans la

bibliothèque et son beau linge au rebond de la banquette, la table « boudoirisante » d’un de ces nouveaux grands

hôtels de décorateur où les pressés de la

planète comme ceux de l’Étoile frétillent devant les recettes attendues de

la mondaine (burrata, ceviche, saumon

aux agrumes) en même temps qu’au

dernier cri de quelques spécialités coréennes. Les épices y sont dociles,

l’exotisme fonctionnel, l’ensemble

gentiment disposé par un personnel

que l’on croirait tout droit descendu du

room-service.

Le pat à ne pas aisser fier. Le

mulhué : bouillon glacé et pimenté aux

poissons crus et légumes.

Le moment propice. Aux affaires, en

semaine, au déjeuner.

lara rioux, GFFS, éric Barroca,Florian Domerue, lizée ailliau/Hémicycle, Joann ai, Te Social FooTracé (1er).

scope nouveaux restos

Le caviste nature Pur Vin s’est dédoublé

à deux pas, toujours en lisière du charmant square Trousseau, avec une « table de copains » au look scandinave (tables en bois massif, luminaires design)

mais chaleureux. L’assiette est ici aussi

soignée que le verre, par le jeune Mickael Bui, ancien de l’étoilé Tomy & Co.

Une bistronomie comme on l’aime, généreuse et ouverte sur le monde, offrant aussi un joli choix végétarien,

comme le très gourmand crispy rice

aux saveurs asiatiques parfumées ou

l’assiette de légumes crus et cuits sur lit

de millet. Et pour les viandards ? Onglet

de bœuf grillé, gnocchis frits, cébette

thaï, jus et sauce barbecue, ou côte de

veau à la scamorza à partager.

Le plat à ne pas laisser filer. Le

délicieux poireau brûlé, en tronçon et

en crème, escorté de croûtons, gel de

poire et oxalys.

Le moment propice. Un soir de fin de

semaine afin de se frotter à la riche sélection de quilles.

7/10

Cloche

MENU : 80 €.

CARTE : 60-120 €.

1, rue Coq-Héron (1er).

Tél. : 01 42 36 03 63. Tlj sf dim. et lun.,

de 16 h à 2 h.

Allergiques à la branchitude parisienne,

passez votre chemin ! Le trio d’OniiSan et Ojii a transformé ce bistrot emblématique des Halles dont la cloche -

toujours accrochée - sonnait la fin du

marché, avant son déménagement à

Rungis, en brasserie glamour où se serre une clientèle chic à prix choc. Le décor est d’inspiration Art déco (panneaux en bois sombre, fauteuils en cuir

vert sapin, nappes blanches, bar central

Hémicycle (7e).

Cloche (1er).

Sharmaji (15e).

P:40

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

40 Scope

50 m

1

5

3

4

9 10

8

6

2 7

Port

Tino Rossi

Casino

Palais des

Congrès

Collectivité

de Corse

Gare

maritime

Cathédrale Santa Maria Assunta

Boulevard Pascal Rossini

Bd Lantivy

Rue Bonaparte

Rue du

Cardinal

Fesch

R. du Roi de Rome

R. Sergent Casalonga

R. du Mal d’Ornano

Cours Grandval

Bd du Roi

Jérôme

Cours Napoléon

Quai Napoléon Quai l’Herminier

G o l f e

d ’ A j a c c i o

Plage Saint-François

Place

Charles

de Gaulle

Place

Foch

Pl. César

Campinchi

Parc des

Oliviers

Infographie

SOPHIE DE SANTIS [email protected]

envoyée spéciale à ajaccio (Corse-du-Sud)

Après la frénésie estivale, la

première ville de Corse retrouve son rythme de croisière. Celui qui file tout en

douceur, de jour comme de

nuit. C’est dans cette atmosphère plus

sereine, moins chaude, que le « slow

tourisme », prôné par la commune,

prend tout son sens. Même si l’on aperçoit de loin quelques impressionnants

paquebots en escale, certaines rues du

centre sont rendues aux piétons. Pour

qui sait les saisir, Ajaccio sait offrir de

bons moments d’authenticité. Le festival Notte Sacre (du 13 au 15 septembre)

en est un. Il accueille dans les sites les

plus emblématiques de la ville - comme

la cathédrale Santa Maria Assunta - des

concerts nocturnes de jazz (Thomas de

Pourquery, Lizz Wright) ou de chants

corses (Voce Ventu). De la citadelle au

chemin des crêtes, la terre natale de

Napoléon et de Tino Rossi valorise au

sein de ses vieilles pierres les talents

d’aujourd’hui.

VISITES

1. LA CITADELLE retrouvée

Impénétrable pendant cinq siècles, ce

mystérieux bastion est enfin rendu à

ses habitants, qui l’ont toujours fantasmé comme un trésor inaccessible.

Propriété de l’armée française jusqu’en 2005, la citadelle érigée vers

1580 afin de protéger l’île de ses ennemis a été rachetée par la municipalité

d’Ajaccio à l’État en 2019. Édouard

Philippe, alors premier ministre, est

venu lui-même remettre symboliquement les clés de la citadelle au maire.

Depuis, le site a ouvert partiellement

ses portes au public, qui vient y déflorer près de 500 ans d’histoire. Même si

les lieux nécessitent un lourd travail de

réaménagement et de dépollution estimé à une vingtaine d’années, on peut

depuis peu déambuler dans l’enceinte

de la fortification et profiter d’un programme d’animations culturelles et

festives. L’immense site patrimonial

de 2,5 hectares, entouré de douves, incroyablement préservé, offre des

points de vue inédits sur la mer et la

baie d’Ajaccio. En attendant les fouilles

archéologiques et la remise en conformité, des expositions d’art contemporain sont organisées par le Frac Corsica

dans les murs de l’ancienne poudrière.

On peut voir jusqu’au 23 septembre les

œuvres d’une dizaine d’artistes (peintres, vidéastes, photographes) qui ont

travaillé sur le thème intemporel et

hédoniste de « Méditerranée ». Plus

loin, au fil de la balade entre les vieilles

pierres, il faut lever les yeux pour

apercevoir au détour d’un chemin

l’œuvre Tra i Pietri (« entre les pierres ») de Gilles Brusset. Le plasticien a

dispersé sur le mur d’enceinte des

fragments de tôle en inox polis, découpés sur mesure à la forme des joints

originaux. Selon les heures de la journée, ces modules, tels des miroirs ondoyants, réfléchissent la lumière

changeante. Superbe ! Dans les années

à venir, un projet d’aménagement des

douves devrait accueillir un terrain de

sports aquatiques. Pour l’heure, le visiteur peut prendre un apéro à la guinguette sous les arbres centenaires. Petite carte légère de produits frais en

circuit court et jus de fruits bio, dans

une ambiance musicale décontractée

animée par un DJ et des groupes de

chants corses. On peut aussi faire des

emplettes dans les petites boutiques

artisanales logées dans les anciennes

casemates (accessoires de mode, travail sur le liège, galerie d’art…).

■ 8-10, bd Danielle-Casanova. Tlj de 9 h

à 20 h et jusqu’à 23 h lors d’événements

festifs. ametarra.fr/la-citadelle

2. LA MAISON BONAPARTE

Napoléon y est né le 15 août 1769 et l’a

quittée à l’âge de 9 ans. Il n’y reviendra

que cinq fois. Et pourtant, cette maison

familiale à la façade jaune provençal et

aux volets bleus attire chaque année

près de 90 000 visiteurs curieux de

connaître le berceau du plus célèbre des

Corses. Il faut dire qu’ici, on touche au

plus près les racines de l’Empereur. Ses

ancêtres génois arrivés sur l’île depuis

1503 font souche avec Francesco Buonaparte. Des documents témoignent de

l’installation en 1682 des Bonaparte (qui

francisent leur nom). La restauration de

la maison a permis de reconstituer les

décors peints sur les murs et les plafonds inspirés des originaux. Suivez le

guide passionné, Pierre-André, qui a

tout le talent pour capter son auditoire.

■ Casa Buonaparte, rue Saint-Charles.

Tél. : 04 95 21 43 89.

musees-nationaux-malmaison.fr

L’EXPOSITION à voir

3. « Plon-plon, UN BONAPARTE

ROUGE ET OR »

Le prince Napoléon (1822-1891), qui

porte le même prénom que l’empereur,

est surnommé Plon-Plon depuis son

enfance. Un sobriquet qui restera. Il est,

selon les historiens, le plus sympathique mais aussi le plus mal traité par

l’histoire. Un personnage tout en

contrastes, à la fois mondain et s’opposant aux réactionnaires de son temps.

Comme sa sœur, la princesse Mathilde,

il est attaché à l’origine corse de sa famille. Il devient même député de la

Corse en 1848. Très documentée, la riche exposition « Plon-Plon, un Bonaparte rouge et or » tente de réhabiliter

le prince Napoléon, héritier fantasque

et amoureux des arts, fidèle aux idéaux

de la Révolution, qui joue en outre de sa

ressemblance frappante avec son oncle.

Mais la légende lui prête une vie dissolue et une réputation d’agitateur. D’où

ces deux facettes : « rouge », par son

engagement politique - il est farouchement opposé à son cousin Napoléon III ;

« or », pour son assiduité à fréquenter

les salons parisiens en vue. Né à Trieste,

de mère allemande, une Wurtemberg,

Plon-Plon bénéficie d’une éducation

multiculturelle. Il étudie en Angleterre

et en Espagne, et à travers ses voyages

développe un goût pour la peinture et

l’archéologie. Mécène actif, il achète

des toiles de jeunes peintres de son époque, Gustave Moreau ou Gustave Courbet, et devient un ami proche d’Ingres,

de Delacroix et de George Sand, de dixhuit ans son aînée. Sous le second Empire, le prince Napoléon constitue une

collection d’art riche de plus de

1 000 œuvres, qui sera léguée à la ville

d’Ajaccio. Au fil des salles du beau paL’été indien ne fait que commencer sur les hauteurs de l’ancienne cité génoise. C’est le moment d’y savourer autant e panorama que ’art de vivre insuaire, AJACCIO du haut de Sa citadelle

La citadelle d’Ajaccio.

scope votre week-end à ...

macramé, le chef italien Ermanno Nicolella propose des produits frais comme l’assiette méditerranéenne, aussi

savoureuse que colorée : mozzarella di

buffala, trio de petites tomates et tataki

de thon. On enchaîne avec un plat de

spaghettis alle vongole, très al dente !

(Comptez environ 60 € à midi.) À

l’heure de l’apéro, au bar le Carl’s, place à une belle carte de cocktails accompagnés de tapas et de piattini du chef.

■ Chambre double à partir de 200 € la nuit

sans le petit déjeuner (21 €).

8, bd Danielle-Casanova.

Tél. : 04 95 21 13 84. hotel-sancarlu.com

Hô L MouAu bout de la baie, après la citadelle,

cette ancienne villa corse du XIXe siècle aux murs roses est composée de

plusieurs bâtisses réunies. On y est

reçu comme dans une grande maison

de famille noyée dans la verdure, en

surplomb du rivage. Palmiers, pins parasols et eucalyptus entourent la grande terrasse et la piscine d’eau de mer.

Les chambres aux tons du Sud, blanc et

jaune doré, offrent un confort douillet,

les suites junior ont leur jardin privatif

(à partir de 560 € sans petit déjuener).

Les supérieures avec vue mer sont à

350 €, et sans la vue à 230 €. La petite

plage privée de sable fin, en contrebas,

est un petit privilège. Il suffit de hisser

le drapeau pour commander une boisson rafraîchissante. « Attention aux

oursins », prévient un petit panneau ;

des sandales en caoutchouc sont mises

à disposition par précaution. Bien vus,

aussi, les cours de yoga offerts autour

de la piscine (les mar. et vend.). En

cuisine, le chef italien Alessandro Capone propose une carte de la mer avec

cœur d’espadon au risotto de courgettes et brioche perdue à la cerise (env.

90 €). La carte du midi, nettement plus

accessible, décline une salade César

(22 €) ou une assiette de charcuterie

lais Fesch, une centaine de pièces sont

ainsi dévoilées. Peintures, sculptures,

porcelaines et même photographies

nous racontent la vie publique et intime

de ce personnage hors du commun.

■ « Plon-Plon, un Bonaparte rouge et or »,

au Musée Fesch, jusqu’au 2 octobre.

50-52, rue du Cardinal-Fesch.

Tél. : 04 95 26 26 26. musee-fesch.com

Où drmr ?

4. Hôtel S Cru CAvec sa vue directe sur la citadelle et

l’horizon azur, le 4-étoiles entièrement restauré l’an dernier embrasse la

baie d’Ajaccio tout entière. Les

35 chambres élégantes habillées de

marbre noir et blanc sont fonctionnelles et sobres. Du haut de son nouveau

rooftop, on peut voir le ciel changer de

couleur au fil de la journée. À midi,

alors qu’on est installé dans les fauteuils en rotin nantis de coussins en

La cathédrale Santa Maria Assunta.

« Apéro sunset »

A Piuma.

Hôtel Les Mouettes.

P:41

le figaro vendredi 8 septembre 2023

Scope 41

LE LIEU. Dans la salle du restaurant, rénovée avec soin par l’architecte Amandine Albertini, une imposante table

haute en marbre accueille les clients.

Pour les plus discrets, des tables classiques sont disposées sous une alcôve

chaleureuse et végétalisée. Les luminaires signés parachèvent l’ornement.

Le service, discret et efficace, est

notamment assuré par le patron,

Ghjuvanni Colonna.

L’ASSIETTE. Le pain du bandit est la signature de l’adresse : un pain toasté

qui abrite tout le pep’s de la Corse :

tome, prisuttu, confiture de figue, herbes de Provence et huile d’olive, à partager autour d’un vin de Patrimonio.

C’est ensuite que ça se complique : les

linguine à la chair de crabe, le tataki de

thon mariné et le risotto façon carbonara rendent le choix délicat.

BRAVO. L’ambiance tamisée à la tombée de la nuit, encore plus conviviale.

DOMMAGE. Au bout de la table haute, la

présence d’un écran, hypnotique, sans

charme.

La pus « nustrae »

L’auberge du Prunei

CARTE : 30-50 €.

Lieu-dit Pisciatella,

D55Bis (Bastelicaccia).

Tél. : 04 95 20 02 75. Tlj sf mar.

LE LIEU. À l’écart de l’effervescence

du centre-ville, l’auberge longe les rives du fleuve Prunelli. Deux étages,

deux propositions culinaires. Traditionnelle en haut, où les recettes de

minnana (grand-mère) régalent les

Pantagruel sur des tables en olivier.

Ode au partage en bas, dans les canapés club et le mobilier design, avec

vue sur la cave à vin panoramique.

Point commun : l’accueil de Valentin

et César Orlandazzi, les maîtres des

lieux, passionnés de circuits courts et

de crus insulaires.

L’ASSIETTE. La carte de la salle inférieure est un appel aux excès. Tout y

est décliné pour l’ensemble de la table

dans l’esprit des mezzes orientaux,

mais à l’accent corse prononcé. Le poireau vinaigrette y est roulé façon maquis, la terrine de veau dépend de

l’humeur du chef, le taco de crabe est

délicatement imposé par la direction,

l’épaule d’agneau a cuit sept heures

avant de s’effilocher dans des batbouts

fait maison et le fromage de chèvre rôti

de Pierre-Thomas Graziani clôture la

farandole par une délicieuse anesthésie

du palais.

BRAVO. L’audace du chef Jacques Gaboriaud, qui n’hésite jamais à s’offrir

un défilé parmi ses convives. La cave

des vieux millésimes corses, rescapés

d’une crue centennale en 2019.

DOMMAGE. L’accès aux lieux et l’éloignement du centre-ville ne permettent pas aux amateurs de flacons de

s’offrir un dernier verre pour la route.

guré cette table il y a tout juste un an.

Installé à l’entrée d’une rue piétonne à

la belle saison, le restaurant vit dehors

l’été, sur une étroite terrasse d’où

rayonne la citadelle d’Ajaccio. À l’intérieur, des murs aux pierres apparentes

accueillent une trentaine de clients.

L’ASSIETTE. Jan confectionne ses plats

seul. En salle, Maeva distribue alors

cuisses de grenouille et carpaccio de

saint-jacques. Une bouillabaisse à la

mode corse, agrémentée de rougets, vives ou saint-pierre, est proposée sur la

carte estivale. Pour finir, il ne faut pas

manquer le pain perdu brioché fait minute : une gourmandise coupable, mais

indispensable.

BRAVO. La personnalité des menus, revendiqués comme une bistronomie à

l’accent corse.

DOMMAGE. Un peu d’attente entre les

plats.

La plus conviviae

Prova (10)

CARTE : 20 -30 €.

13, boulevard du Roi-Jérôme.

Tél. : 04 95 22 05 28. Tlj.

Jeanne Colonna £@jeannecolonna

Ajccio

À Ajaccio, plus qu’ailleurs en

Corse, le centre-ville regorge de commerces de

bouche, souvent pris d’assaut au déjeuner, quand le

soleil inonde les rues. Dans ce foisonnement aux qualités inégales, quelques

incontournables sortent du lot.

La pus courue

Caata (7)

CARTE : 25 -50 €.

Boulevard Danièle-Casanova.

Tél. : 04 95 22 19 53. Tlj.

LE LIEU. Surplombant le port de plaisance Tino-Rossi, A Calata attire le tout

Ajaccio et ses environs. La vaste terrasse

recueille l’air marin quand le reste de la

ville suffoque, et, l’hiver, les deux cheminées réchauffent les cœurs quand le

port grelotte. Jean-Simon Bucchini

(marqué à la culotte par Ambroise, le

proprio) est à la manœuvre, dispatchant

les clients et les quilles comme le meneur

de jeu argentin qu’il aurait rêvé d’être.

L’ASSIETTE. Simplicité, abondance,

générosité : ici, en toute saison, on ne

lésine pas sur les portions, sans pour

autant renoncer à la créativité. Beignets de courgettes XXL, tartare de

thon rouge (hameçonné sur le bateau

amarré en contrebas) sur lit de poireaux braisés, tagliata de rumsteck

froid mariné dans une délicieuse sauce

chimichurri, pizze napolitaines : la Méditerranée et tous ses rivages bordent

une carte qui se charge en calories

quand l’hiver s’installe. Sur la grille de

l’âtre central, le figatellu, la salsiccia et

les côtes de bœuf jouent alors des coudes au-dessus de la braise.

BRAVO. Une cave à vin ahurissante où

le si rare Granit 174 du domaine Vaccelli

repose à proximité d’un Château Rayas.

DOMMAGE. La carte se renouvelle assez

peu. Ce qui n’empêche pas le succès depuis l’arrivée, en 2019, de nouveaux

propriétaires.

La plus gastronomique

La Table d’Antoine (8)

CARTE : 50 -70 €.

34, rue Cardinal-Fesch.

Tél. : 04 95 21 61 03. Tlj sf dim. et lun.

LE LIEU. Posé dans la rue piétonne du

centre-ville, le décor de bois se prolonge sur une terrasse étriquée, traversée

par les flots de touristes qui arpentent

l’artère en haute saison. À l’intérieur,

sous le plafond voûté, le calme s’installe

autour d’un mobilier élégant jonglant

avec le marbre et le velours. Sur les

murs, les vestiges d’un Ajaccio qui

n’existe plus ornent une décoration minimaliste.

L’ASSIETTE. Un pur régal. Aux fourneaux, les Duffard père et fils se renouvellent chaque mois, épousant les saisons pour les traduire dans la marmite.

La carte, réduite, chevauche les saveurs

terre-mer, le poulpe grillé côtoie la

saucisse de veau, et la daurade nage au

milieu des agrumes locaux. Mention

spéciale pour l’assaisonnement des légumes et pour la cuisson des abats

quand vient l’hiver.

BRAVO. Le talent du fils, Antoine, reconverti en maître des fourneaux après

des études de chimie. Il est secondé par

Michel, son papa. Tandis que Chantal,

sa maman, officie en salle.

DOMMAGE. Une carte des vins minimaliste qui n’honore pas le génie créatif de

la cuisine.

La plus récente

Marinette (9)

CARTE : 30 -50 €.

19, rue Roi-de-Rome.

Tél. : 04 95 73 49 91. Tls.

LE LIEU. Maeva Maillard et son mari,

Jan Journot, aux fourneaux, ont inauNos ciq adresses ajacciees

coups de cœur

L D-, os tabes incontournabes pour éguster

a richesse u terroir orse ans a capitae.

locale (29 €). Le spa sur le toit-terrasse permet de s’offrir un massage

à base de plantes du maquis corse.

Bon à savoir : des villas bénéficiant

du service hôtelier sont à louer dans

les environs.

■ 9, cours Lucien-Bonaparte.

Tél. : 04 95 50 40 40.

hotellesmouettes.fr

BALADES

RANDO APéRO SUNSET

Brice Sarti, 34 ans, allure bohème, a

tout du randonneur passionné qui

partage généreusement son amour

de la nature et de la marche avec le

public. D’un pas léger, celui qui a

baptisé son concept A Piuma (« La

plume ») vous emmène (par petits

groupes de 6 à 12 personnes) sur le

chemin des crêtes, dans les hauteurs

d’Ajaccio. Tout en douceur, on grimpe des sentiers caillouteux, sans dénivelé abrupt. Une fois arrivés au

sommet, cet adepte du slow tourisme

vous laisse admirer le coucher du soleil sur les fameuses îles Sanguinaires, avant de sortir sa guitare pour un

« Apéro sunset ». Une expérience

décontractée sur mesure. Pendant

que Brice fredonne quelques chansons du cru, on déguste une assiette

de fromages et charcuterie corses

avec un petit verre de blanc frais. La

belle vie, en somme !

■ Point de rendez-vous au bois des

Anglais, devant la résidence Le Forcone,

à 19 h. Enfants à partir de 8 ans. Balade

de 3 heures (apéro inclus) : 50 €.

Tél. : 06 64 82 67 32.

ajaccio-tourisme.com

SORTIE en CATAMARAN ET YOGA

L’Étoile Méditerranée a fière allure,

avec ses 16 mètres sur 8. Sorti des

chantiers de Bob Escoffier, à Brest, le

catamaran peut accueillir jusqu’à

28 passagers. La sortie en mer proposée par Anaïs Piogé est réservée à une

douzaine de personnes qui, en plus

des charmes marins, apprécient la

détente et la méditation. Une fois déposés dans la crique sauvage d’Isolella, les yogis suivent un cours d’une

heure les pieds dans le sable fin, suivi

d’un bain de mer ou d’une séance de

paddle. Au retour, une collation végane est servie à bord (quinoa, fruits

et jus de légumes frais).

■ Le samedi matin de 9 h 30 à 13 h 30,

120 €. Port Charles-Ornano,

à Voglia di Mare. Tél. : 06 46 02 06 15.

ajaccio-tourisme.com

EXPÉRIENCES

GOURMANDES

5. DéGUSTATION DE PRODUITS

FRAiS AU MARCHé

Le Marcatu d’Aiacciu (place Campinchi. Tlj de 7 h à 13 h) est une vaste

halle faisant face au port de commerce, où les stands de bouche

embaument le maquis et la mer.

Des fromages et de la charcuterie

AOP du Vivario, dans l’arrièrepays, des canistrellis à la châtaigne

ou à la pistache, mais aussi des maraîchers et des bancs de poissons et

de calamars du jour. Parmi les

commerçants, le chef Yannick

Lambert et son frère Benjamin, qui

tiennent également un savoureux

bistrot dans la vieille ville (A Merendella Citadina, 19, rue Conventionnel-du-Chiappe), animent en

fin de semaine un atelier dégustation au cours duquel ils font découvrir les produits des petits producteurs et amis. Passionné par le

terroir corse, le chef, alsacien

d’origine, a trouvé depuis plus de

quinze ans sur l’île son répertoire

d’arômes et de saveurs préféré.

■ Durée de la visite : 2 heures (10 h-12 h).

Départ à 10 h devant l’office de tourisme

(3, bd du Roi-Jérôme).

Groupe de 12 personnes max.

Visite et dégustation : 30 €.

ajaccio-tourisme.com

6. LE GLACIER FILIDORI

Maison Filidori. Rien de plus

agréable que de s’attarder dans ce

récent glacier du centre-ville. Sur

le cours Napoléon, les Ajacciens

connaissent la pâtisserie-confiserie

depuis une dizaine d’années ; ils

raffolent désormais de la gelateria

pour ses glaces maison aux fruits de

saison, de châtaigne ou de canistrelli (6 € la double).

■ 25, cours Napoléon.

Tél. : 04 95 21 03 37. maisonfilidori.fr

en étirant encore un peu les plaisirs de la saison.

scope les bonnes tables de ... J. Harixcalde, T, iuma, eouee, naiioé

aeva aillard, @omacarloi, Talbogency, élia Marinette.

Prova.

La Table d’Antoine.

Auberge du Prunelli.

Catamaran et yoga.

P:42

vendredi 8 septembre 2023 le figaro

42

Coupe [kou-p’] n. f.

Trophée qui, s’il échappe au XV de France, nous trouvera catastrophés.

Aujourd’hui commence la Coupe du monde de rugby qui a lieu en France. Le mot

vient du latin cuppa, qui signifie barrique et désigne un verre à boire, plus large

que profond. C’est à cette coupe, remplie de champagne,

que les Français veulent goûter le 28 octobre prochain après la finale.

Pendant la compétition, il s’agit de couper l’herbe sous le pied de nos adversaires pour

les terrasser : il va s’agir de procéder à quelques coupes : non de gorges ou de jarrets,

mais quand même, des coupes claires ou sombres à effectuer dans les lignes

adverses.

Bien évidemment, le déroulement de cette compétition nourrira une longue litanie

de commentaires mais, on le sait, des lèvres à la coupe, la route est longue

et forcément tortueuse.

Si les joueurs français ne lèvent pas la coupe dans sept semaines, alors ils seront tenus

pour coupables. Mais s’ils sont vainqueurs, alors ils arroseront ça d’abondance dans

la liesse, et alors le précieux vase aura des reflets de coupe rose. ■

I

l était encore petit garçon lorsqu’il allait avec son frère, dans

les rues d’Argentan, porter des

parts de gâteaux ou un brin de

muguet aux personnes âgées de

la maison de retraite. La maman était derrière l’idée alors,

mais le geste est fondateur pour

l’homme. Plus de vingt après, il est animé de la même félicité lorsqu’il visite

chaque mois ses maisons abritant des

colocations de seniors.

Elles sont désormais soixante-six,

disséminées dans toute la France et

Paul-Alexis prévoit d’en ouvrir cent

supplémentaires par an, ici et ailleurs :

plusieurs pays européens sont déjà

prêts à accueillir le concept de CetteFamille. Et si son idée fonctionne, c’est

bien parce qu’en France, l’accueil des

personnes âgées est en crise. « Pour

moi, l’Ehpad comme modèle historique

est mort, j’en suis convaincu, assure

Paul-Alexis. Personne ne veut y être hébergé, ni même y travailler. Cette atmosphère médicale, le grand nombre de résidents et un personnel insuffisant

conduisent inévitablement à l’échec. »

Un avis partagé par les familles qu’il a

rencontrées, en quête d’un nouveau

modèle pour elles-mêmes ou pour leurs

proches.

Un modèle de colocation inédit

À 34 ans, l’entrepreneur a déjà une longue expérience de créateur d’entreprise

derrière lui, entamée à 16 ans, lorsqu’il

monte un projet de location de vélos

pour les entreprises de sa commune

normande. Il confirme sa vocation en

intégrant Dauphine en économie, où il

sera président de la junior entreprise,

Dauphine Junior Consulting, qui permet d’accompagner des micro-entrepreneurs désireux de se lancer. Il se dirige ensuite vers la finance d’entreprise

en private equity, chez Bpifrance puis à

la Caisse des dépôts. Mais c’est dans la

banque d’affaires qu’il retrouve l’aspect

humain qui lui manquait, lorsqu’il rejoint deux amis qui fondent la banque

Raphaël en 2015, et s’intéresse aux

Small & Mid caps, des entreprises de

moins de 250 salariés et moins de

50 millions d’euros de chiffre d’affaires.

En 2015, il est contacté par un de ses

amis qui cherche, en vain, un Ehpad

pour son père en perte d’autonomie.

Ceux qu’ils visitent sont pleins à craquer, très chers et destinés à des personnes très dépendantes. Il redoute le

syndrome de glissement et se penche

sur les alternatives.

« Le médecin de famille avait découpé

un article dans le journal, évoquant une

UN derie mot Par étienne de Montety [email protected]

dame qui accueille à temps plein les personnes âgées, raconte Paul-Alexis. Je

suis allé la voir, j’avais besoin de comprendre son métier et j’ai constaté que les

personnes hébergées chez elle vivaient

plus longtemps et en bonne santé. » Tout

le modèle est à revoir, songe alors le

jeune entrepreneur, qui va commencer

en lançant une plateforme de mise en

relation avec des familles d’accueil.

Mais le nombre d’accueillants n’est pas

suffisant pour faire face à la demande, à

laquelle il répond en créant ses propres

maisons, un modèle de colocation encore inédit. La première ouvre en 2021 à

Juliette-en-Quercy, dans le Lot-etGaronne, dotée de douze suites, d’un

grand jardin, d’un potager… « Elles ne

sont pas médicalisées, c’est ce qui nous

affranchit d’un certain nombre de règles

qui nous empêcheraient de faire vivre

l’aspect “maison”, précise Paul-Alexis.

Quand j’entends un médecin expliquer à

une personne de 96 ans qu’elle ne doit

pas boire son petit verre de vin chaque

jour, je m’interroge sur la qualité du médecin. » Quelle que soit la taille des maisons, tout est imaginé pour que les personnes âgées puissent vivre librement,

collection personnelle

comme chez elles, sans contraintes.

« Quand on sait que la France devrait

compter 3 millions de seniors en perte

d’autonomie d’ici 2030 et que les modèles

existants sont saturés, il est impératif

d’imaginer de nouvelles solutions d’habitat adaptées », souligne Paul-Alexis.

Non sans fierté, il a planifié son développement sur cinquante ans, et espère

bien qu’à ce moment-là, il sera résident

dans l’une de ses maisons, probablement en train de biner le potager… En

attendant, il martèle son message avec

conviction, patience et passion : « Le

lieu de vie impacte profondément la façon

de vieillir : un environnement façonné par

une maison vivante, un poulailler, un village accessible à pied… CetteFamille veut

changer le monde en mieux. » Une grandiloquence assumée, qui n’éclipse pas

son évidente bienveillance. Paul-Alexis

prend soin également de ses salariés,

dont les jours de bénévolat au sein

d’une association choisie sont financés

par l’entreprise. De son côté, il s’est engagé en tant que président de l’UNA

Normandie, Union nationale de l’aide,

des soins et des services aux domiciles :

« Cette mission me permet de donner un

peu de temps à ceux qui en donnent au

quotidien : les auxiliaires de vie. Cela

touche directement à ma passion, le soin

des personnes âgées, et me permet de

compléter mes connaissances et compétences sur le secteur. Avec CetteFamille

c’est de l’hébergement et de l’accompagnement, avec l’UNA, c’est du service à

domicile. Et ce sont des modèles complémentaires : CetteFamille, c’est du capitalisme social et solidaire, oui cela existe,

l’UNA, c’est de l’associatif. »

Aider son prochain

En parallèle, il donne des conférences

et a même trouvé le temps d’écrire un

livre, Faut-il du courage pour être soi ?,

publié en 2020 aux Éditions Eyrolles.

Un opus pour apprendre à débloquer

cette vertu, présente en chacun de

nous, afin d’aller au bout de ses idées,

sans craindre les échecs et les difficultés. Chez Paul-Alexis RacineJourdren, c’est surtout l’envie d’aimer

et d’aider son prochain qui le motive

chaque jour pour avancer. « La grandeur

d’un métier est d’unir les hommes, déclare-t-il en citant Saint-Exupéry, qu’il

admire au point d’avoir rejoint le cercle

culturel et intellectuel dédié aux valeurs

de l’écrivain aviateur. J’ai ce luxe de dire

que j’ai trouvé ma voie, c’est rare dans la

vie d’un entrepreneur. D’être aussi aligné,

entre son for intérieur et ses réalisations.

J’ai le sentiment d’avoir le plus beau métier du monde. » ■

Paul-lexis

Racine-Jouden au service de ses aînés

PORTRAIT Cet entrepreneur

de 34 ans a réé

CetteFamille, des maisons

en oloations pour

seniors. ujourd’hui,

soixante-six sont

disséminées dans toute

la Frane et il entend

en ouvrir ent de plus.

ne alternative aux hpad.

Marie Létang

[email protected]

FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ

François Compaoré ne peut être extradé de France vers le Burkina Faso

La Cour européenne des droits de l’homme, dans un arrêt rendu

ce jeudi, vient de s’opposer à l’extradition de France de François

Compaoré (photo) vers le Burkina Faso. La CEDH considère,

en effet, que la situation politique actuelle dans ce pays du Sahel -

où deux coups d’État militaires ont eu lieu en 2022 - ne peut

permettre au gouvernement français d’avoir les assurances

diplomatiques qui avaient été données auparavant. Les défenseurs

de François Compaoré, l’ancien bâtonnier de Paris Pierre-Olivier

Sur et François-Henri Briard, avocat au Conseil d’État et à la Cour

de cassation, ont accueilli cette décision « avec soulagement ». Ils regrettent

cependant que la France n’ait pas pris l’initiative de retirer le décret

d’extradition signé le 21 février 2020, alors que, sur place, la situation n’a cessé

de se dégrader. François Compaoré est le frère de Blaise Compaoré,

l’ex-président burkinabé, chassé par un soulèvement populaire en 2014

après vingt-sept ans de pouvoir et réfugié en Côte d’Ivoire.

Vladimir Fédorovski publie son autobiographie

L’écrivain d’origine russo-ukrainienne sortira, début octobre, Le Diplomate venu

du froid (Balland), un livre dans lequel il évoque son itinéraire personnel. Au fil

du récit, Vladimir Fédorovski, né en 1950 d’un père ukrainien héros de la Seconde

Guerre mondiale et d’une mère russe, mêle la grande histoire et son propre

parcours. Le gamin, né sous Staline, qu’il compare à Poutine, est devenu un influent

diplomate de l’ère Gorbatchev avant de réaliser son rêve d’enfance en France

en devenant écrivain à succès.

AHMD UBA/AFDu 23 sept.

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CHEFFE DES CHŒURS

Ching-Lien Wu

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Piotr Beczala

Johanni van Oostrum / Sinéad Campbell-Wallace

Wolfgang Koch

Nina Stemme / Ekaterina Gubanova

Kwangchul Youn

Shenyang

Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

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