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CEFDHAC - Processus de Brazzaville

LA GESTION DES ECOSYSTEMES FORESTIERS


DU CAMEROUN A L’AUBE DE L’AN 2000

Volume 1

Timothée FOMETE NEMBOT

Zachée TCHANOU

Décembre 1998

IUCN, Yaoundé, Cameroun.

SOMMAIRE
Pages
Préambule iv
Remerciements v
Renseignements de base vi
Liste des sigles et abréviations vii
Listes des tableaux et figures viii

1. PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS


1.1 Conclusions 1
1.2 Recommandations 8
1.2.1 Bilan des recommandations passées 8
1.2.2 Principales recommandations 11

2. LES RESSOURCES FORESTIERES 14


2.1 Diversité des forêts 14
2.2 Etendue 21
2.3 Évolution 24

3. LA DIVERSITE BIOLOGIQUE
3.1 Flore 27
3.2 Faune 30

4. LES FORETS DANS L’ECONOMIE NATIONALE


4.1 Bois d’œuvre 35
4.2 Bois énergie 49
4.3 Bois de service 50
4.4 Produits forestiers non ligneux
4.4.1 Aliments 50
4.4.2 Médicaments 51
4.4.3 Autres produits utiles 51
4.5 Produits de la chasse et de la pêche 52
4.5.1 Chasse 52
4.5.2 Pêche 53
4.6 Tourisme et recherche
4.6.1 Tourisme 53
4.6.2 Recherche 55
4.7. Formation 58
4.8 Usages alternatifs des terres forestières 61

5. LE CADRE LEGISLATIF ET INSTITUTIONNEL


5.1 Etat de la législation 62
5.2 Forêts 62
5.2.1 Institutions forestières 62
5.2.2 Situation juridique des forêts 63
5.2.3 Gestion forestière 65
5.3 Flore et faune 69
5.3.1 Institutions 69
5.3.2 Régimes juridiques applicables à la flore et à la faune 70
5.3.3 Gestion 72
5.4 Aires protégées 75
5.4.1 Institutions 75
5.4.2 Régimes juridiques applicables aux aires protégées 76
ii
5.4.3 Gestion 77
5.5 Gestion traditionnelle des forêts

6. LA VOCATION DES TERRES FORESTIERES 78


6.1 Planification des terres 78
6.2 Terres à vocation de production forestière 80
6.3 Réseau d’aires protégées 83

7. LES SITES CRITIQUES


7.1 Définition et critères d’évaluation 85
7.2 Etat actuel du réseau 88
7.3 Evolution durant la décennie 1988-1998 89
7.4 Perspectives 91

Bibliographie 101

8. FICHES DESCRIPTIVES DES SITES CRITIQUES


1. Ayos 104
2. Bakossi 110
3. Banyang Mbo 114
4. Boumba-Bek et Nki 119
5. Cameroun 126
6. Campo / Ma’an 144
7. Dja 154
8. Douala – Edéa 162
9. Korup et Ejagham 169
10. Koupe 183
11. Lobéké 195
12. Lokoundje Nyong 201
13. Manengouba 209
14. Mawne 217
15. Mbam et Djerem 212
16. Nlonako 220
17. Nta-Ali 224
18. Oku 229
19. Rio del Rey 239
20. Rumpi 242
21. Takamanda 248
22. Tchabal Babo 253
23. Yaoundé 258

ANNEXES

iii
PREAMBULE

Au milieu des années 1980, les pays d'Afrique Centrale (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée
Equatoriale, RCA, RDC et São Tomé et Principe) ont exprimé la volonté d'utiliser une partie des fonds
du VI° FED pour développer des actions pilotes de conservation et d’utilisation durable de la
biodiversité forestière de la région. Ainsi est né le Programme ECOFAC (Écosystèmes Forestiers
d'Afrique Centrale). En 1988, en préparation à ce Programme, et avec l'appui technique et scientifique
de l’UICN (Union Mondiale pour la Nature), les pays d'Afrique Centrale ont entrepris une revue
générale de l'état des ressources forestières, de leur utilisation et de leur gestion. Un réseau de sites
critiques pour la conservation de la biodiversité forestière a été identifié, accompagné de
recommandations concernant la protection et l'utilisation durable des ressources forestières nationales
et régionales.

En 1990, les Gouvernements concernés ont intégré officiellement les conclusions de cette étude dans
le cadre de leurs politiques forestières en accréditant le PARAC (Plan d'Action Régional pour l'Afrique
Centrale). Un programme de démonstration de conservation-développement, destiné à tester la mise
en pratique de recommandations du PARAC sur 7 sites, a été mis sur pied. La deuxième phase de ce
Programme ECOFAC est actuellement en cours d'exécution.

En 1996, les Ministres d'Afrique Centrale en charge des Forêts ont organisé à Brazzaville, au Congo,
du 28 au 31 mai, la première Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses et Humides d’Afrique
Centrale (CEFDHAC, connue aussi sous le nom de Processus de Brazzaville). Outre ces hauts
fonctionnaires, elle réunissait des représentants d’organisations internationales, des techniciens du
secteur forestier et des ONG. A la suite de cette première réunion, la Conférence a été
institutionnalisée et l'UICN a été chargée d'en assurer le secrétariat. Son but est d’encourager les
pays d’Afrique Centrale pour qu’ils conservent leurs forêts et veillent à ce que toute utilisation des
ressources forestières soit durable.

La deuxième session de la CEFDHAC a eu lieu en juin 1998 à Bata, en Guinée Equatoriale.


Pratiquement 10 ans après la préparation du PARAC, il est nécessaire d’en faire un nouvel état des
lieux et d’établir le bilan des actions passées. Le présent Projet "Sites critiques pour la conservation
de la biodiversité forestière en Afrique Centrale : bilan et perspectives à l'aube de l’An 2000" s’inscrit
dans cette dynamique. Il est coordonné par le Bureau régional de l’UICN pour l’Afrique Centrale et
soutenu financièrement par le Biodiversity Support Program (BSP) et l’UICN. Dans une première
phase, il vise à évaluer l’évolution des situations forestières du Cameroun, du Gabon et de Guinée
Equatoriale. En tant qu’indicateurs de cette évolution, l’accent est mis sur l'évaluation du réseau de
sites critiques.
La « Gestion des écosystèmes forestiers du Cameroun à l’aube de l’an 2000 » est la contribution du
Cameroun à cette importante étude régionale qui à terme devra couvrir tous les pays de la
CEFDHAC.

iv
REMERCIEMENTS

Ce rapport, a été supervisé par C. Doumenge, Coordonnateur scientifique et A. Ndinga, Représentant


Régional de l'UICN pour l'Afrique Centrale.

De nombreuses personnes ont contribué d'une manière ou d'une autre à sa réalisation, en procurant
des informations, en contribuant à la rédaction, en nous faisant bénéficier de leurs remarques
constructives, ou dans l'organisation logistique du travail. C'est non seulement un devoir, mais aussi
un plaisir, pour nous de remercier ici:

G. Achoundong, Tchouto M.P., A. Tene, P. Nzokou, E. Dounias, S. Gartlan, R. Fotso,


E. Hakizumwami, J.C. Nguinguiri, D. Thomas, E. Underwood, Y. Bello, J. Bessong, W. Adeleke,

v
Renseignements de base
Géographie
Situation entre les latitudes 1° 40’ et 13° 05’ N et les longitudes 8° 30’ et 16° 10’ E
Superficie totale : 475,000 km2. Terre ferme : 469,400 km2
Relief : chaîne montagneuse dirigée SW-NE qui culmine au Mont Cameroun altitude 4,070
m, Mt Oku 3,007 m.
Climat : - Sub tropical humide à 4 saisons au Sud (P = 1,600 mm)
- Tropical très humide à 2 saisons dans la zone côtière (P = 3,000 mm)
- Tropical humide dans les hautes terres de l’Ouest et dans la zone
soudano-guinéenne ; (P =1,500 mm)
- Tropical sec dans la zone sahélienne (P< 900 mm)
Population : 13 millions hbts en 1995 et 14 millions hbts estimés en 1998 avec un taux
d’accroissement de 2,3%
Capitale : Yaoundé, 1,3 million hbts en 1998
Autres villes : Douala, 1,4 million hbts ; Bafoussam : 145.000 hbt
Langues officielles : Français, Anglais ; 220 Langues nationales .

Économie
Monnaie : Franc CFA = 0,01 FF
PNB par hbt : $820 en 1993 ; Dette extérieure : $6,600 millions
Principales productions 1987 1993 1997

Pétrole (106 t) 8,4 7,20 5,5


Bois (106 m3) 2,1 2,15 3,0
Coton (103 t) 123,0 126,0 220,0
Banane (103 t) nc 133,0 210,0
Cacao (103 t) 123,0 96,0 126,0
Café (103 t) 146,0 50,0 105,0

Balance commerciale (109 CFA)


1996 : Exportations = 822 ; Importations = 573 ; Solde = + 249
1997 : Exportations = 983 ; Importations = 708 ; Solde = + 275
Ressources non renouvelables : Pétrole, gaz naturel, bauxite, or, rutile, fer.

Forêts
Superficie des forêts denses humides : 196,000 km2
Taux de déforestation : 0,6% entre 1980 et 1995
Production de grumes : 3 millions de m3 en 1997
Production de sciages : 0,72 million de m3 en 1997
Exportation des grumes : 1,9 millions de m3 en 1997
Exportations des sciages : 0,3 million de m3 en 1997
Exportations de placages et contre- plaqués : 35,000 m3
Production du bois de feu : 12 millions de m3

Conservation
Superficie des aires protégées : 42,650 km2
Superficie des aires proposées pour la protection : 15,000 km2
Superficie des sites critiques : 37,000 km2

Biodiversité
8,000 Plantes supérieures dont 156 endémiques ;
250 Mammifères ; 542 Poissons dont 96 endémiques
848 Oiseaux ; 330 Reptiles ; 200 Amphibiens dont 63 endémiques

vi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

CEFDHAC : Conférence sur les Ecosystèmes de Forêts Denses Humides d’Afrique Centrale
CITES : Convention Internationale sur le Commerce des Espèces de Flore et de Faune
menacées d’Extinction
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CTFT : Centre Technique Forestier Tropical
DfID : Department for International Development
ECOFAC : Écosystèmes Forestiers d’Afrique Centrale
ENEF : École Nationale des Eaux et Forêts
FAO : Food and Agriculture Organization
FED : Fonds Européens de Développement
GEF : Global Environment Facility
GTZ : Agence allemande pour le développement
IRAD : Institut de Recherche Agronomique pour le Développement
CENADEFOR : Centre National de Développement des Forêts
MINEF : Ministère de l’Environnement et des Forêts
MINEFI : Ministère de l’Economie et des Finances
OAB : Organisation Africaine du Bois
OIBT : Organisation Internationale des Bois Tropicaux
ONADEF : Office National de Développement des forêts
ONAREF : Office National de Régénération des Forêts
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PAFT : Programme d’Action Forestier Tropical
PNGE : Plan National de Gestion de l’Environnement
PNUD : Programmes des Nations Unies pour le Développement
PNUE : Programme des Nations Unie pour l’Environnement
SGS : Société Générale de Surveillance
UFA : Unité Forestière d’Aménagement
UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature
WWF : World Wide Fund for Nature.

vii
Listes des Tableaux.
Tableau 1 : Répartition des principaux biomes et autres occupations du Cameroun

Tableau 2 : Listes des mammifères menacés d’extinction, gravement menacés, vulnérables et


endémiques

Tableau 3 : Certificats d’assiette et Vente de Coupe produits de 1989 à 1997

Tableau 4 : Évolution de la production des 5 principales essences entre 1989 et 1996

Tableau 5 : Évolution de la production de 1989 à 1998

Tableau 6 : Répartition des unités et de la capacité de transformation du bois par provinces en


1996

Tableau 7 : Évolution de la production des sciages de 1993 à 1998

Tableau 8 : Évolution des exportations de grumes par destinations entre 1996 et 1997

Tableau 9 : Exportations des grumes par essences en 1999

Tableau 10 : Évolution des taxes forestières de 1993 à 1998

Tableau 11 : Structure et évolution des contributions directes et indirectes du secteur forestier


moderne aux finances publiques

Tableau 12 : Évolution des emplois dans le secteur forestier de 1993 à 1997

Tableau 13 : Exportation des produits forestiers secondaires

Tableau 14 : Répartition des superficies du plan de zonage par affectations

Tableau 15 : Liste et localisation des principales aires protégées

Tableau 16 : Classement des sites critiques du Cameroun par score décroissant

Tableau 17 : Critères et indicateurs de valeur biologique et écologique des sites

Tableau 18 : Critères et indicateurs de dégradation et des menaces pesant sur les sites

Tableau 19 : Évolution des sites critiques du Cameroun

Listes des Figures


Figure 1 : Répartition de la forêt dense humide, et des foyers de gradients de diversité
biologique en Afrique

Figure 2 : Schéma des refuges forestiers durant la dernière phase aride.

Figure 3 : Évolution de la production et des exportations de grumes de 1988 à 1997

Figure 4 : Les principales essences produites en 1997

Figure 5 : Les principaux importateurs de grumes du Cameroun en 1997

Figure 6 : Matrice des sites en fonction de leur valeur et des menaces qu’ils subissent

viii
1- PRINCIPALES CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

1.1- Conclusions
♦ Les Ressources Forestières

Les écosystèmes forestiers camerounais sont très diversifiés : des mangroves et


forêts de basse altitude jusqu’à des formations subalpines, des forêts atlantiques
sempervirentes jusqu’à des forêts semi-caducifoliées. D’après la FAO, les forêts
dont le couvert est supérieur à 10% s’étendent sur près de 197,000 Km2 soit
42% du territoire. Les forêts primaires ne se rencontrent plus que dans le Sud, le
Sud-Est, et le Sud-Ouest. Les zones montagneuses du Nord-Ouest et de l’Ouest
sont quant à elles très déforestées.

Malgré une légère colonisation forestière en zone de contact forêt-savane, on


constate que durant les dix dernières années, le capital forestier a encore
diminué tant en quantité qu’en qualité, au rythme annuel de 0,6% y compris
dans les galeries forestières.

La déforestation a surtout augmenté dans les zones fortement peuplées comme


les montagnes de l’Ouest, du Nord-Ouest, et dans le triangle Ebolowa-
Sangmélima-Yaoundé du fait de l’agriculture et de la collecte de bois.
Localement, une pression importante est exercée sur les mangroves, pour la
collecte de bois destiné au fumage des poissons, en particulier dans la région
Douala-Limbé.
La dégradation des forêts touche des superficies plus importante et a augmenté
sans discontinuer depuis 10 ans sous l’effet de la chasse et de l’exploitation
forestière, qui s’est étendue beaucoup dans le Sud-Ouest, le Sud et l’Est.

Actuellement, on connaît mieux la ressource forestière grâce à l’inventaire de


reconnaissance mené de 1984 à 1991 par l’ONADEF dont les programmes ont
par ailleurs permis de développer une expertise nationale en matière d’inventaire.
Mais le taux de sondage pratiqué (1/1000) reste néanmoins insuffisant dans
l’optique d’une gestion durable de la forêt.

♦ La diversité biologique

Le Cameroun apparaît comme une Afrique en miniature renfermant la diversité la


plus grande des écosystèmes de la sous-région et les forêts parmi les plus riches
du continent. On y a déjà dénombré 8000 espèces de plantes, 874 espèces
d’oiseaux, 250 espèces de Mammifères et 542 espèces de poissons. La majeure
partie de la biodiversité se trouve en zone forestière. Pour les poissons par
exemple, 70% soit 294 sur les 542 espèces vivent en forêt dense. Sur les 96
1
espèces de Poissons identifiés actuellement comme endémiques, 78 proviennent
de la seule zone forestière.

Si les grands Mammifères, les Oiseaux et les Poissons sont relativement bien
connus sur l’ensemble du territoire, il n’en est pas de même pour d’autres
groupes. Leur degré de connaissance est très hétérogène (Reptiles, Batraciens,
etc..). Certains groupes de mammifères sont très imparfaitement connus
(Chauves souris, Insectivores, Rongeurs).

Quelques Mammifères sont presque endémiques du Cameroun (le


Cercopithèque de Preuss, le Drill, le Gorille des forêts). Suivant le classement
UICN, 36 espèces de mammifères et 15 d’oiseaux sont menacées de disparition.

La chasse et la dégradation des habitats sont les principales sources de menaces


pour la faune. La cohabitation de l’agriculture et des animaux sauvages amène
souvent à des conflits mais on a tendance à s’appesantir surtout sur les seuls
dégâts causés par les éléphants en oubliant les ravages des singes et rongeurs.

♦ Les forêts dans l’économie nationale

- Bois d’oeuvre.
Le bois représente le deuxième produit d’exportation après le pétrole, tant en
tonnage qu’en apport de devises. La production forestière a augmenté d’environ
30% entre 1987 et 1997, passant de 2 millions de m3 à 2,8 millions de m3. La
dévaluation du franc CFA de 1994 et le regain d’intérêt des acheteurs asiatiques
pour les bois africains a favorisé l’augmentation de l’exploitation forestière.
L’amélioration des infrastructures portuaires sur la côte (réouverture du port de
Tiko) et routières dans le Sud-Est a aussi stimulé la production de grumes. La
majeure partie de cette production est destinée à l’exportation. En 1997 par
exemple, 40% soit 1,1 million a été exporté sous forme de grumes alors que la loi
forestière n’autorise actuellement que 30% et prévoit à terme (janvier 1999),
aucune exportation de bois non transformé.

L’exploitation des bois porte sur une cinquantaine d’essences dont quinze
fournissent près de 90% du volume total et trois (Ayous, Sapelli, Azobé)
fournissent plus de 60%.

Les échanges internationaux des bois se sont restructuré au cours de la dernière


décennie ; les marchés européens ont cédé la place aux marchés asiatiques
notamment en ce qui concerne les grumes. Depuis 1993, l’arrivée des opérateurs
asiatiques dans la filière-bois, et la demande croissante pour les bois ronds, a

2
entraîné l’élargissement du nombre d’essences exploitées dans le pays. La crise
financière asiatique en 1997 a freiné cette évolution, mais il est sans doute un
peu tôt pour prédire l’influence que celle ci aura à moyen terme sur l’exploitation
forestière.

Le tissu industriel ne s’est pas beaucoup développé au cours des dix dernières
années ; il reste dominé par la première transformation mécanique. On compte
actuellement, 70 unités de transformation dont 60 scieries. Les deuxième et
troisième transformation du bois, malgré un début d’amélioration demeurent
faibles et surtout informelles. A côté de l’exploitation industrielle, il existe une
exploitation artisanale informelle qui fournit des produits de moindre qualité mais
à prix bas assurant ainsi près de 40% de la demande nationale en sciages.

Quelques opérations pilotes d’aménagement ont été initiées dont certaines ont
servi de base à la définition des normes d’aménagement. L’exploitation continue
à s’effectuer sans plan d’aménagement car ce n’est que depuis 1997 que les
premières concessions (UFA) avec obligation d’un plan de gestion durable ont
été attribuées. La taille maximale des concessions pour une même société est
fixée à 2,000 km² pour 15 ans renouvelables. Parallèlement, on assiste à la
multiplication des ventes de coupe dont l’exploitation se fait sans souci de
renouvellement de la ressource.

♦ Bois-énergie et bois de service

L’utilisation du bois de feu accélère la déforestation dans les zones de savane,


autour des villes et campagnes peuplées et dans les régions largement
déforestées. Avec la dévaluation, l’augmentation des prix du pétrole et du gaz a
favorisé la collecte de bois de feu. La production de bois-énergie était estimée par
la FAO à 12,3 millions de m3 en 1995, contre 9,4 millions en 1985. Ce secteur
premier utilisateur des bois est difficile à évaluer avec précision faute de
statistiques fiables ce qui rend difficile l’appréciation de son impact sur la
déforestation.

Les bois de services contribuent de façon significative à la construction de


l’habitat en zone rurale, et dans les zones d’habitation spontanée en zone
urbaine. De nombreux emplois dans l’artisanat et les petits métiers utilisent les
bois de service comme matière première.

♦ Produits forestiers non ligneux (PNFL)

3
Les PFNL sont largement utilisés à tous les niveaux : alimentaire,
pharmaceutique, artisanat... Beaucoup sont destinés à l’autoconsommation, mais
de plus en plus se développe un commerce local et international formel ou
informel. Seules les plantes médicinales (Prunus, Yohimbe, Voacanga) font
l’objet d’une exploitation et d’un commerce réglementés. En 1994 par exemple,
l’exportation du Yohimbe a rapporté environ 55 millions de franc CFA. Quant aux
autres produits (Gnetum, Irvingia, Ricinodendron, Moabi) leur récolte et échanges
relèvent du secteur informel même si les quantités concernées sont importantes
tant au niveau local que du commerce transfrontalier (Gnetum, Ricinodendron).

Pour quatre produits (Dacryodes, Irvingia, Cola et Ricinodendron), une enquête


menée par Ndoye de janvier à juillet 1995 estime à plus de 90 millions de francs
CFA le chiffre d’affaires sur le marché local.

Il est à noter que dans ce cas, certains produits comme le Dacryodes et Cola
sont issus des agroforêts. Bien que globalement le secteur des PFNL soit en
expansion, son potentiel reste peu connu et peu valorisé. Les techniques de
collecte de certains PFNL (Prunus) sont destructives ce qui pose le problème de
leur régénération et partant de pérennité de la ressource. Ces dernières années,
la Recherche a initié des travaux sur la collecte des provenances, la
domestication et l’amélioration des fruitiers sauvages. Il existe quelques
tentatives limitées de plantations de fruitiers améliorés mais ces initiatives restent
insuffisantes au regard des potentialités de ce secteur dans l’économie nationale.

♦ Produits de la chasse et de la pêche.

La chasse est une activité très développée dans la zone forestière. La


consommation de viande de brousse est importante, surtout dans les villages
forestiers mais aussi dans les centres urbains, bien que la consommation de
viande de boeuf reste la plus importante. Malgré la législation en vigueur, les
modalités d’acquisition et d’utilisation des armes de chasse sont mal contrôlées.
La chasse est une activité très rémunératrice par rapport à l’investissement initial
nécessaire. Tous ces facteurs réunis favorisent le développement des réseaux
informels de chasse et commercialisation du gibier frais et boucané. Le
braconnage pour l’ivoire est facilité par certaines autorités.

La pêche continentale et maritime est peu développée malgré une importance


locale dans la zone côtière. Certaines techniques de pêche comme
l’empoisonnement en eaux douces sont très dommageables pour
l’environnement. Sur la côte, la consommation des poissons est plus importante

4
qu’à l’intérieur du pays. Globalement le pays est importateur de poissons du
Sénégal et Mauritanie .

♦ Tourisme
La zone forestière offre des potentialités réelles pour le tourisme qui sont
malheureusement peu exploitées. L’industrie touristique est en train d’être
relancée ; en particulier l’écotourisme. Le Parc National de Korup a par exemple
reçu en 1995, 245 touristes malgré les structures précaires d’accueil.

♦ Formation et Recherche
La formation forestière à différents niveaux existe dans le pays depuis plus de
vingt ans mais les établissements concernés souffrent d’un manque de moyens
qui compromet gravement la qualité des cadres formés. Les forêts
d’enseignement et de recherche outil pédagogique nécessaire à la formation
n’existent pas encore quoique prévues par la législation. La recherche dans ce
domaine n’a jamais pris de l’essor attendu malgré l’importance du secteur dans
l’économie à cause d’un manque de moyens financiers et humains. Les seuls
programmes en cours dépendent des financements internationaux.

♦ Les cadres législatif et institutionnel

- Etat des législations

La loi forestière N° 94/01du 20 janvier 1994, les décrets d’application 95 /466/PM


du 20 juillet 1995 et 95/531/PM du 23 août 1995 ont pour objectif de favoriser
l’exploitation rationnelle des ressources naturelles renouvelables, la conservation
des écosystèmes, avec l’implication des populations locales. Une loi cadre sur
l’environnement datant de 1996, insiste sur les principes de RIO.

- Forêts
Parmi les innovations de la nouvelle loi on note : la définition d’un domaine
forestier permanent devant couvrir au moins 30% du territoire national et d’un
domaine forestier non permanent ; l’instauration des forêts communautaires
définies à l’intérieur des forêts non permanentes. Si la loi forestière précise
l’obligation des plans d’aménagements, la variation annuelle des taxes selon la loi
des finances, compromet la planification des charges et investissements à moyen
terme de la part des industriels. Le contrôle des activités est faible par manque de
moyens humains et financiers de l’administration des forêts alors que les
ressources générées par la filière devrait la mettre à l’abri du besoin.

Si la loi prévoit une redistribution des retombées de l’activité forestière au


bénéfice des populations locales, les mécanismes de gestion locale des fonds

5
sont encore flous et sources potentielle des conflits. La législation est peu connue
et peu respectée par l’ensemble des opérateurs y compris dans l’administration.
A titre d’exemple, la coupe à des fins domestiques de quelques arbres du
domaine forestier national autorisée par décret, donne lieu actuellement à une
généralisation des coupes illégales à des fins commerciales. Le secteur forestier
est considéré comme l’un des plus corrompus avec tout ce que cela comporte
comme manque à gagner au Trésor public.

- Flore et faune

La notion de biodiversité est apparue dans la nouvelle loi forestière mais elle y est
peu développée. En dehors des aires protégées, la loi ne précise pas les
conditions de protection des habitats. En matière de chasse, la nouvelle
législation s’est orientée vers une approche plus participative que répressive, en
définissant les territoires de chasse.

Aires protégées

La Direction de la Faune et des Aires Protégés (DFAP) ne dispose pas de


moyens adéquats pour la gestion de toutes les aires protégées du pays. Seuls les
sites bénéficiant de projets de conservation développement sont un tant soit peu
surveillés et gérés. Des incertitudes persistent quant au devenir des sites après
les projets.

Forêts communautaires et gestion traditionnelle


Quatre ans après leur instauration (mai 1998), seules trois forêts communautaires
avaient été octroyées à cause des procédures longues et coûteuses. Un manuel
de vulgarisation des procédures a été élaboré et approuvé en avril 1998 mais les
conditions de partage des bénéfices issus de la gestion de ces forêts sont
sources potentielles de conflits.

♦ La vocation des terres forestières.

Planification des terres


Le Décret 95/678/PM institue un cadre indicatif d’utilisation des terres en zone
forestière méridionale. Les terres affectées à l’agriculture industrielle se sont peu
étendues ces 10 dernières années. A part un peu d’essor des plantations de
Palmier à huile, il n’y a pas eu de grosses installations.

Terres à vocation de production forestière


Ce plan de zonage, outil de planification définit sur carte des Unités Forestières
d’Aménagement (UFA) et autres utilisations de terres mais leur matérialisation

6
sur le terrain reste à faire. Il existe une forte tendance à l’occupation des
dernières forêts primaires par les exploitants forestiers. Une grande proportion a
déjà été octroyée bien qu’elles soient encore peu parcourues.

Réseau d’aires protégées


Le plan de zonage du Cameroun méridional prend en compte les sites critiques
identifiés en 1988 même si ces derniers n’ont pas été classés entre temps. Les
forêts du Sud-ouest et Nord-ouest ne sont pas actuellement couvertes pas ce
zonage. Dans certains cas, ce qui est prévu en aires protégées a été exploité ou
est déjà octroyé. Sur environ 140,011 km² de territoire couvert par le zonage
actuel, 86,646 km² (soit 63%) constituent le domaine forestier permanent.

Sites critiques
Les sites ont été choisis en fonction de leur représentativité, de la valeur
biologique en terme de richesse et d’endémisme, et des menaces qui pèsent sur
leur maintien.

Etat actuel du réseau


Un premier réseau identifié il y a dix ans ne couvrait pas adéquatement tous les
écosystèmes forestiers. Le réseau identifié actuellement reprend les anciens sites
à l’exception des lacs de cratère n’ayant plus aucune couverture forestière et
s’étend sur tous les types forestiers du pays.

Les sites les plus étendus se trouvent en région forestière (Dja, Campo-Ma’an,...)
et les moins étendus sur des montagnes (Manengouba, Nlonako..). Les sites de
plus grande valeur biologique sont le complexe du Mont Cameroun, Korup,
Campo-Ma’an, tandis que les sites les plus menacés sont ceux proches des
grandes villes et zones montagneuses très peuplées (Yaoundé, Douala-Edéa,
Oku).

Evolution durant la décennie 1988-1998

On dispose maintenant de plus d’informations sur ces sites, du fait de l’activité


des projets de conservation-développement. La situation de terrain ne s’est
améliorée que sur les sites recevant de tels projets. La plupart des sites identifiés
il y a 10 ans et qui n’étaient pas des aires protégées n’ont pas été classés et
certains de ceux qui possédaient un statut légal n’ont connu aucune forme de
gestion.

Perspectives

7
La valorisation des ressources forestières dépasse le cadre de l’exploitation
forestière classique et pourra à terme se développer autour de l’écotourisme, des
PFNL, et de la pisciculture.

La réussite des projets soutenus par la coopération internationale permet


d’imaginer le prolongement des financements et même leur extension sur de
nouveaux sites. Toutefois, le Fonds spécial pour le développement forestier une
fois opérationnel pourrait pallier au problème de manque de moyens financiers
pour les activités de terrain.

On assiste au niveau sous-régional à une multiplication d’initiatives de


concertation et de coopération en matière de gestion des ressources naturelles
(ECOFAC, PRGIE, CEFDHAC, CARPE etc.). Certains sites de par leur position
géographique dans la zone frontalière, sont proches de sites semblables dans un
ou plusieurs autres pays. Ces sites devraient être gérés dans le cadre d’un
collaboration transnationale. C’est le cas du projet de création d’une réserve
trinationale Cameroun-Congo-Gabon englobant les réserves Dja, Minkebé, et
Odzala.

1.2 Recommandations

1.2.1 Bilan des recommandations passées

Le tableau ci-dessous donne un bilan du niveau de réalisation des


recommandations antérieures. Ce bilan sert de base de même que les
conclusions énoncés plus haut, à la formulation de recommandations nouvelles.

8
Bilan de réalisation des recommandations passées

N° Recommandations (Gartlan, 1989) Réalisations Evaluation


Création du Ministère de l’Environnement et des Forêts
1 Rationaliser l’Administration forestière
(MINEF) 1992 ; Création de l’ONADEF. 1991
C
Stopper l’extension de l’exploitation forestière telle que prévu
2 au VIe Plan de Développement
non réalisé ; ventes de coupes anarchiques N
Plusieurs réformes de la fiscalité ont eu lieu (1993,
3 Simplifier le système fiscal et recouvrer les impôts dus
1994, 1995,1997) mais reste peu efficaces.
P
Une nouvelle loi forestière ( Loi n° 94/01) et Décret
4 Améliorer la législation en matière de forêt d’application (Août 1995) et une Loi-cadre sur C
l’environnement (1996)
5 Exportation par la voie congolaise La voie congolaise n’est plus utilisée P
6 Classement des forêts avec plans de gestion Un plan de zonage existe pour le Sud forestier C
7 Etablissement de divers types de forêts protégées. Les différents types sont définis par la Loi. C
Réalisation des catégories classées d’aires protégées ou Les mêmes catégories sont reconduites dans la
8 N
suppression de la loi nouvelle loi avec création des zones tampons
9 Financement et équipement adéquats des zones protégées Non réalisé sauf dans les projets. P
Allouer les concessions forestières sur la base du volume bois
10 sur pied Non réalisé N
Rendre la législation de la chasse plus réaliste et l’appliquer La législation a été revue mais l’application demeure la
11 strictement même
P
Non réalisé, il y a prolifération de tronçonneuse en zone
12 Interdiction des tronçonneuses sauf aux titulaires de Licence N
forestière.
Le système de licence est abandonné au profit de
Allonger la durée des licences et promouvoir le reboisement
13 des terres domaniales. convention d’exploitation de 15 ans au lieu de 5 ans P
auparavant ; Peu de reboisements en forêt et ailleurs.
14 Revoir l’article sur le reboisement des forêts domaniales Non réalisé N
Reversement d’une partie des revenus des parcs aux
15 communautés locales Prévu dans le cadre de la nouvelle Loi forestière. P

16 Améliorer le taux de transformation de bois d’oeuvre en bois débités Très faiblement réalisé. P

9
17 Produire des plans d’aménagement du territoire Zonage du Cameroun méridional forestier. P
18 Diversification des essences exploitées. Partiellement P
Carbonisation des déchets de bois et amélioration des taux de
19 transformation Non réalisé N

20 Produire des plans de gestion pour les forêts domaniales Non réalisé N
21 Inventaires d’exploitation en régie Non réalisé N
22 Revoir les techniques de plantations en régie Non réalisé N
Politique d’encouragement des joint-venture pour les
23 exploitants forestiers nationaux Il y a peu d’entreprise conjointes effective P

24 Réévaluation des plantations industrielles (CDC, Hévécam) Non réalisé N


25 Contrôle des coupes de bois à des fins domestiques Non réalisé N
Non réalisé
26 Plus grande priorité dans la conservation des forêts côtières Les forêts de Campo, Douala-Edéa subissent des N
coupes de bois
27 Corriger la distribution des aires protégées Non réalisé N
28 Evaluation des ressources des aires protégées Partiellement P
29 Evaluation des ressources des forêts du domaine national Non réalisé N
Classement des 20% du territoire avec inclusion des priorités
30 nationales et continentales La loi prévoit 30% du territoire classé N

31 Mise à jour des données concernant les terres domaniales Non réalisé N

Note : C = Concrétisé ; P = Partiellement concrétisé N= Non concrétisé

10
1.2.2 Principales recommandations

Ressources forestières

1. L’administration en collaboration avec le secteur privé devra étendre


l’inventaire forestier et améliorer le taux de sondage car celui de 1‰ ne permet
pas une utilisation en aménagement.

2. Les pouvoirs publics devront encourager et développer toutes les initiatives


tendant à réduire la déforestation et la dégradation des forêts, notamment
l’alternative à l’agriculture itinérante sur brûlis ainsi que les plantations d’arbres
dans le cadre de la foresterie communautaire.

3. Les institutions d’enseignement et de recherche devront synthétiser et mettre à


disposition les connaissances acquises sur le contact forêt-savane, la
régénération forestière et la dynamique des peuplements. Renforcer les
programmes de recherche dans ces domaines. Valoriser les connaissances
sur l’évolution de la couverture forestière et la dégradation des forêts.

Diversité biologique

4. L’État devrait renforcer les capacités de l’herbier pour l’amélioration des


connaissances de base sur la flore (inventaires botaniques, production de la
flore du Cameroun).

5. La recherche devrait améliorer les connaissances sur les peuplements


d’Oiseaux, de Poissons et de Reptiles et décrire les autres taxons de la faune
terrestre et aquatique.

6. Les pouvoirs publics devraient mettre en place des modes de gestion des
conflits faune sauvage agriculteurs qui soient compatible avec la gestion
durable.

La forêt dans l’économie

7. L’administration forestière devrait amener les concessionnaires à mettre en


oeuvre systématiquement des inventaires et des plans d’aménagement
forestiers tels que prévus par la loi.

8. La recherche devrait améliorer la connaissance des produits forestiers autres


que le bois d’oeuvre (ressources, utilisations). Renforcer les programmes en
cours de domestication des produits forestiers autres que le bois d’oeuvre
(Irvingia, Garcinia, etc.) ; développer les techniques de récolte moins
destructives pour la ressource.

11
9. L’État devrait donner à la recherche forestière des moyens proportionnels à la
contribution de ce secteur à l’économie.

10. L’État devrait promouvoir en partenariat avec le secteur privé, l’industrie


touristique dans la zone forestière en général étant entendu que les recettes
pourraient contribuer à améliorer la gestion de certains sites critiques.

11. L’État devrait revoir la fiscalité sur la chasse pour rendre son contrôle plus
efficace et évaluer les potentialités de développement d’élevages de gibier,
d’animaux domestiques, ainsi que la mise en place de systèmes d’exploitation
durable de la faune forestière (territoires de chasse).

12. L’État en collaboration avec les opérateurs privés, devra encourager la


transformation locale des bois en vue de l’exportation des produits semi-finis.

Cadre législatif et institutionnel

13. Les dispositions pertinentes de l’article 46 de Décret 95/531/PM qui permettent


de couper sans autorisation des arbres dans les forêts du domaine national
devraient être clarifiées pour limiter les abus constatés dans l’utilisation
commerciale.

14. L’État devrait trouver des mesures incitatives pour décourager la corruption qui
empêche l’application des lois et règlements, et occasionne une réduction des
recettes publiques.

15. L’administration forestière devrait informer et sensibiliser les opérateurs au


respect de la législation sur la conservation et l’exploitation des ressources
forestières.

16. L’État devrait clarifier les modes de gestion des forêts communautaires et la
redistribution de la rente forestière aux niveaux local et national.

17. L’État devrait renforcer les capacités humaines et financières pour le contrôle
de l’exploitation, l’impact des activités humaines sur les ressources floristiques
et fauniques, la gestion des aires protégées. Le personnel technique devrait
être redéployé sur le terrain pour un meilleur suivi des activités.

Vocation des terres

18. l’Etat devrait rapidement concevoir la mise en œuvre sur le terrain des idées du
Décret 95/678/PM instituant un cadre indicatif d’utilisation des terres en zone
forestière méridionale. Le même zonage devrait s’étendre à l’ensemble de la
zone forestière, puis plus tard à l’ensemble du territoire.

12
Sites critiques

19. L’État devrait classer les sites critiques, faire connaître et matérialiser leurs
limites, et augmenter les possibilités d’action et de conservation à travers la
mise en place effective du Fonds Spécial de développement forestier.

20. Les Etats devraient harmoniser la gestion des sites trans-frontaliers et favoriser
la création des réseaux intégrés de sites critiques.

21. L’État en collaboration avec les ONG évaluer les actions en cours pour
l’intégration des populations rurales dans la gestion des sites et étendre cette
approche en fonction des enseignements.

22. En cas de nouveaux investissements dans les sites critiques, la priorité devrait
être donnée à ceux présentant la plus grande diversité biologique (Mont
Cameroun, Korup, Campo-Ma’an) et ceux qui sont les plus menacés (Collines
de Yaoundé, Douala-Edéa, Oku).

23. L’État devrait favoriser la génération des fonds à travers les utilisations
multiples de certains sites, en vue d’assurer un minimum d’autonomie à leur
gestion.

13
2. LES RESSOURCES FORESTIERES

2.1. Diversité des forêts

Le Cameroun présente du fait de son étalement en latitude une extrême diversité de


paysages, de zones géomorphologiques et climatiques. On y dénombre une si
grande variété d’écosystèmes que le pays apparaît sur les plans du relief, climat
végétation et comme une Afrique en miniature.

Du pont de vue phytogéographique, la forêt dense du Cameroun fait partie du centre


d’endémisme régional guinéo-congolais (White, 1986). On y rencontre aussi, sur de
superficies limitées un autre centre d’endémisme morcelé afro-montagnard. Le Nord
du pays est couvert par des formations végétales du centre régional d’endémisme
soudanien et de la zone de transition entre celui-ci et la région guinéo-congolaise.
Seules les régions guinéo-congolaises et afro-montagnardes intéressent cette
étude.

De la côte atlantique vers l’intérieur, on rencontre les mangroves, les forêts


atlantiques, les forêts congolaises, les forêts semi-caducifoliées et les forêts afro-
montagnardes.

Les mangroves
Les mangroves de la côte camerounaise ne couvraient en 1989 qu’une superficie de
2,300 km² selon Gartlan. Elles sont d’importance inégales et localisées sur trois
zones : à la frontière du Nigeria dans le "cirque" autour du Rio del Rey ; à l’estuaire
du Cameroun, c’est-à-dire à l’embouchure des fleuves Mungo, Wouri, Dibamba et
Sanaga ; et enfin des petites tâches aux embouchures du Nyong, Lokoundje et
Ntem.

L’espèce dominante des mangroves de la côte camerounaise est le palétuvier rouge


(Rhizophora racemosa) qui couvre plus de 90% de la surface totale occupée par les
mangroves. Cette espèce est suivie en abondance par Avicennia germinans. Les
autres espèces typiques de la mangrove sont faiblement représentées. Il s’agit de
Conocarpus erectus, Languncularia racemosa, Rhyzophora mangle et Rhyzophora
harrisonni.

Partout, on observe une certaine zonation des espèces de la mer vers le continent
dans la zone intercotidale. Dans la région du cirque, la succession est la suivante de
la mer vers le sommet sec : Rhyzophora racemosa – Avicennia germinans –
Pandanus candelabrum – Acrosticum aureum – Pandanus candelabrum –
Rhyzophora racemosa.

14
Dans l’estuaire du Cameroun, c’est-à-dire autour de Douala, la séquence se
présente comme suit : Rhyzophora racemosa – Rhyzophora harrisonni –
Rhyzophora mangle – Avicennia germinans – Avicennia associé à Laguncularia.

À l’arrière pays de cette séquence faite d’espèces typiques de mangrove, se suivent


les genres Pandanus, Raphia, Calamus et Phoenix avant d’atteindre la forêt littorale.
Sur substrat sableux, il est fréquent d’observer une séquence faite uniquement de
Avicennia et de Laguncularia à l’arrière de laquelle on retrouve la forêt littorale.

Dans la mangrove fluviale qu’on rencontre le long des fleuves côtiers très loin de la
mer, la zonation n’est pas très nette. Il y a généralement un mélange d’espèce de
mangrove et d’espèce compagnes ou totalement halogènes. C’est ainsi qu’à
Bonaberi-Nord, à trente km de la mer sur le Wouri, on a séquence suivante du
fleuve vers l’intérieur : Rhizophora racemosa – Pandanus candelabrum – Raphia
palma-pinus – Acrosticum aureum – Oxystima manii – Rhizophora racemosa –
Acrosticum aureum – Carapa procera – Guibourtia demeusei – forêt atlantique.

Malgré ce désordre dans la zonation, la végétation de ces mangroves fluviales est


constituée comme celle des mangroves d’estuaire. Elle est formée d’îlots d’espèces
constituant un mosaïque de tâches, faites chacune d’une population
monospécifique.

Mais cette composition très hétérogène des mangroves fluviales pose le problème
de la limite continentale de cette formation. Il semble judicieux de fixer cette limite
dès la disparition d’espèces telles que Avicennia germinans, Laguncularia racemosa
et Acrosticum aureum.

On dispose actuellement de peu d’informations sur la situation des mangroves, bien


qu’il y ait localement les indices de dégâts. Par exemple, les pesticides et les
engrais utilisés dans les vastes plantations industrielles (principalement caoutchouc,
palmier à huile, bananier), qui sont l’une des caractéristiques de la région côtière du
Cameroun, sont drainés vers les mangroves et ont sur elles un effet délétère. Les
engrais provoquent l’eutrophisation et la prolifération des algues qui gênent la
transformation de la mangrove ; quant aux pesticides, ils s’accumulent dans les
chaînes trophiques. Il y a aussi une pollution due à l’extraction pétrolière au large.
Malgré cela, les mangroves du Cameroun ne sont pas protégées, à l’exception
d’une petite surface dans la partie Nord de la réserve de faune de Douala – Edéa
qui malheureusement a fait l’objet d’une intense recherche pétrolière. Les pêcheurs
installés dans la mangrove commercialisent la plus grande partie du poisson sous
forme fumée, ce qui nécessite des grandes quantités de bois issus des palétuviers ;
on assiste de ce fait à une destruction progressive des ressources ligneuses de la
mangrove. Depuis 1994, la mangrove de la presqu’île de Bakassi qui s’étend sur
plus de 1.000 km² est une zone de conflit territorial entre le Cameroun et le Nigeria.

15
CARTE MANGROVE

16
Forêts atlantiques

Elles renferment les forêts côtières et biafréennes.

i. Les Forêts côtières


Les forêts côtières sont celles situées le plus près du Littoral. De par l’abondance de
l’azobé (Lophira alata) et l’ozouga (Sacoglottis gabonensis), ces forêts sont
appelées "Forêts littorales à Lophira alata et Sacoglottis gabonensis". Elles
s’étendent en arc de cercle sur une profondeur de 50 à 100 km autour de Douala,
puis se rétrécit vers Kribi et Campo. Physionomiquement, ces forêts revêtent un
aspect primaire avec un sous-bois léger, et peu de lianes et la présence d’un étage
dominant fait de gros arbres. Du point de vue floristique, en plus de l’abondance et
la dominance des deux essences citées plus haut, on note aussi le Cynometra
hankei et le Coula edulis. Un inventaire sur 150 hectares de cette forêt a montré la
présence de 44,000 arbres de diamètre supérieur à 12 cm ; avec 32 espèces
représentées par plus de 440 individus. On a dénombré par exemple 1,895
Strombosiopsis tetrandra, 1,751 Coula edulis, 1,392 Lophira alata, 1,078 Sacoglottis
gabonensis, et 873 Cynometra hankei. L’analyse a montré que la régénération
naturelle de l’azobé et de l’ozouga se posent quoique l’on rencontre de jeunes
sujets le long des routes.

La présence de grands arbres sans qu’il y ait de jeunes pose le problème de


l’origine de la forêt littorale. Letouzey (1968) pense que ces forêts se seraient
installées sur des jachères datant du 18e et 19e siècle, donnant à cette forêt une
origine anthropique.

ii. Les forêts biafréennes


les forêts biafréennes sont situées plus à l’intérieur de la côte que les forêts côtières
avec lesquelles elles se rejoignent .Elles sont caractérisées par l’abondance de
Caesalpiniaceae (presque deux tiers des 140 espèces camerounaises de cette
famille sont limitées aux forêts atlantiques). Un grand nombre d’entre elles sont
grégaires ,et se trouvent dans les formations forestières monospécifiques qui
s’étendent souvent sur une surface de plusieurs hectares. Des collines adjacentes
dans la zone côtière peuvent être recouvertes d’une espèce grégaire différente.
Scyphocephalium manni est une bonne essence indicatrice de cette formation.

Cette formation a aussi des affinités avec des forêts de l’Amérique du Sud. Les
arbres Erismadelphus exsul et l’Ozouga font partie des familles mal représentées en
Afrique et davantage représentées en Amérique Latine. Andira inernis se trouve
aussi en Amérique Tropicale. La zone est le centre de diversité de quelques taxons,
particulièrement les genres Cola (Sterculiaceae), Diosypyros (Ebenaceae) et
Garcinia (Guttiferae) et le genre Dorstenia (Moraceae). Il existe un grand nombre

17
d’espèces étroitement endémiques, telles que Hymenostegia bakeri, Soyauxia
talbotii, Deinbollia angustifolia, D. saligna, Camplysospemun dusenii, Eugenia
dusenii, Ouratea dusenii et Medusandra richardsiana.

Dans la partie Nord de cette zone se trouve la limite des arbres appartenant à la
flore du Nigeria et de l’Afrique Occidentale, tels que Brachystegia Kennedyi,
Microberlinia bisculata, Monopetalanthus hedinii, Tetraberlinia polyphylla et
Terminalia ivorensis. Dans la région Sud de cette zone, se trouve la limite Nord des
arbres ayant des affinités gabonaises, y compris Aucoumea klaineana, Copaifera
religiosa, Dialium bipindense, Gilbertiodendron pierreanum, Monopetalanthus
letestui, Librevillea klainei, Okthocosmus callothrysus, Testulea gabonensis et
Calpocalyx heitzii.

Une étude récente recensait plus de 200 espèces de plantes ligneuses sur un carré
de 0,1 ha dans cette partie de la forêt. Ceci présente une diversité plus forte que
celle de toutes les autres forêts d’Afrique ou du Sud-Est asiatique, et même que
celle de la plus grande partie des forêts d’Amérique du Sud.

Les forêts côtières montrent de nombreuses espèces communes avec les forêts
d’autres régions, ce qui témoigne des rapports antérieurs avec celles-ci. Il y a des
espèces communes avec la forêt Ituri de l’Est de la République Démocratique du
Congo (Diospyros gracilescens), avec le bassin congolais (Oubanguia alata,
Dichostemma glaucescens, Strombosiopis tetranda, Afzelia bipindensis, Enantia
chlorantha, Diospyros bipendensis, D crassiflora, D. hoyleana et avec des forêts de
la "Haute Guinée", Diospyros kamerunensis et Diospyros piscatoria.

Les forêts congolaises

Les forêts Camerouno-congolaises sont essentiellement des forêts sub-


sempervirentes humides. La diversité de la flore est généralement plus faible que
dans les forêts du Littoral atlantique. Il en est de même du taux d’endémisme qui
semble être inférieur à celui trouvé dans les forêts biafréennes et côtières. Les
espèces qui s’y trouvent ont tendance à être celles dont la distribution est répandue
dans la région guinéo- congolaise, telles que Lannea welwithii, Cleistopholis patens,
Xylopia staudtii, Bombax buonopozense, Cordia platythyrsia, Swartzia fistuloides,
Irvingia grandifolia et Etandrophragma utile. A l’exception notable de
Gilbertiodendon dewevrei, cette forêt n’est pas caractérisée par les Caesalpiniaceae
grégaires. A part les affinités avec les forêts atlantiques, il y a celles avec les
espèces du bassin congolais, telles que Xylopia hypolampra, Fernandoa adolfifrideri
Gilbertiodendron dewevrei, Lebrutodendron leptanthum, Irvingia robur et Celtis
zenkeri. On trouve aussi dans cette aire les forêts marécageuses du Haut Nyong

18
avec Phoenix reclinata et Raphia monbuttorum et des forêts périodiquement
inondées avec Guibourtia demeusei.

Un inventaire effectué sur 6 hectares dans la région de Ngoïla a permis de


dénombrer 54 différentes espèces d’arbres dont 138 ayant un diamètre supérieur à
50 cm, soit une moyenne de 23 arbres à l’hectare. Un autre trait caractéristique de
cette forêt est la présence et l’abondance d’Uapaca paludosa dans les vallées.

Les forêts semi-caducifoliées

Les forêts semi-caducifoliées sont, pour leur part, moins riches en espèces que les
forêts congolaises. Leurs niveaux d’endémisme sont moins élevés. Elles sont
caractérisées par une abondance d’Ulmaceae et de Sterculiaceae. Les
Sterculiaceae sont représentées par les espèces suivantes : Cola lateritia, C.
cordifolia, Mansonia altissima, Pterygota macrocarpa, Sterculia rhinopetala,
Nesogordornia papaverifera, Triplochiton scleroxylon. Quant aux Ulmaceae, on
rencontre les espèces : Holoptelea grandis, Celtis adolfi-frederici, et Celtis soyauxii.

Cette forêt renferme trois importantes Irvingiaceae : Irvingia gabonensis


Desbordesia glaucescens et Klainedoxa gabonensis. Les Légumineuses de la haute
futaie sont largement représentées par les espèces telles que : Erytrophloeum
guineense, Piptadeniastrum africanum, cylicodiscus gabonensis, Distemonanthus
benthamanus, Amphimas pterocarpoïdes, Afzelia bracteata, Newtonia aubrevillei,
Fillaeopsis discophora, Pterocarpus soyauxii, Pentaclethra sp. et Tetraptera
tetrapteura.

Du point de vue physionomique, la forêt semi-caducifoliée est caractérisée par :

- la présence de très nombreux fûts rectilignes ;


- la caducité plus ou moins prononcée du feuillage ; certaines espèces se
dépouillant totalement de leurs feuilles ;
- la présence de lianes nombreuses à tous les niveaux ; et
- un sous-bois très développé avec de grandes Marantaceae et
Zinziberaceae.

Ce sous-bois est aussi caractérisé par :


- le rôle important joué par plusieurs espèces de Rinorea ;
- la profusion occasionnelle de plusieurs Acanthaceae ; et
- l’extrême complexité floristique (227 espèces de moins de 10 cm de
diamètre sur seulement 100 m²).
Au niveau des strates dominantes, on note l’abondance caractéristique des grandes
Sterculiacées et Ulmacées, ce qui justifie l’étiquette de "forêt semi-caducifoliée à

19
Sterculiacées et Ulmacées". Le nombre total d’espèces d’arbres est d’environ 200 et
on peut trouver sur un hectare de cette formation une centaine d’arbres de plus de
50 cm de diamètre et 50 à 100 espèces différentes représentées par des arbres de
plus de 10 cm de diamètre.

Enfin, cette forêt renferme très peu d’espèces endémiques comparée à la forêt
atlantique et à la forêt congolaise.

Les forêts afro-montagnardes

Elles renferment les forêts sub-montagnardes, montagnardes et les formations sub-


alpines.

i. La forêt submontagnarde
Les forêts sub-montagnardes rejoignent la forêt de basse altitude. Ces forêts se
trouvent à différentes altitudes sur différentes montagnes entre 800-1,200 m et
1,500-1,800 n d’altitude et peuvent être caractérisées par une relative uniformité de
la flore et une abondance de plante de la famille des Clusiaceae. Aux altitudes les
plus basses, la composition spécifique est semblable à celle des forêts voisines de
moyenne altitude. Au fur et à mesure que l’altitude augmente, les Epiphytes,
principalement Orchideae, Mousses et Fougères se développent et des espèces
d’arbres commencent à apparaître : Caloncobal lophocarpa, Crotonogyne
manniana, Dasylepis racemosa, Erythrococca hispida, Prunus africana et Xylopia
africana. Les forêts sub-montagnardes sont beaucoup moins connues du point de
vue biologique que les forêts de montagne et basse et moyenne altitude.

ii. La forêt montagnarde


Les forêts de montagnes s’étalent d’environ 1,500-1,800 m jusqu’à 2,400-2,700 m
d’altitude, quelques lambeaux subsistant jusqu’à 3,000 m d’altitude et plus.
Comparativement aux forêts de basse altitude, les arbres des forêts de montagne
sont moins hauts ; leur feuillage est toujours vert, leurs feuilles épaisses. Les lianes
sont rares, le sous-bois est généralement clair et les Mousses et Lichens sont
abondants. Cinq espèces d’arbres caractérisent la zone de montagne, en particulier
l’horizon supérieur : Nuxia congesta, Podocarpus latifolius, Prunus africana,
Rapanea melanophloeos et Syzygium staudtii. On y trouve aussi le bambou
Arundinaria alpina tandis qu’Olea capensis pousse dans les forêts moins humides.
D’autres espèces de montagne peuvent être citées : Crassocephalum mannii,
Hypericum revolutum, Myrica arborea, Philippia mannii et Schefflera abyssinica.
Alors que les niveaux d’endémisme sont assez élevés, la diversité des espèces est
faible.

iii. Les formations herbeuses sub-alpines

20
Les formations herbeuses sub-alpines sont pauvres en espèces et caractérisées par
les familles de Poaceae, Juncaceae, Caryophyllaceae, Asteraceae, Guttiferae,
Rubiaceae et Apiaceae. Les principales affinités se trouvent surtout avec
Madagascar et l’Afrique Australe et Orientale.

Les forêts marécageuses et périodiquement inondées

La forêt atlantique, la forêt congolaise et la forêt semi-décidue renferment des


poches plus ou moins importantes de zone marécageuses et/ou périodiquement
inondées, possédant une flore et une faune particulière.

La forêt marécageuse du Haut Nyong à Sterculia subviolacea et Macaranga sp.


couvre environ 1,000 km² en amont d’Ayos dans la plaine du Nyong et de ses
affluents, à la lisière Sud de la forêt semi-décidue. Les peuplements forestiers
marécageux à Phoenix reclinata, Pericopsis elata et Uapaca paludosa se
rencontrent entre Ngoila et Mouloundou dans la forêt congolaise. Dans la même
région, on rencontre les forêts inondables à Guibourtia demeusei, Uapaca
heudelotii, Parkia filicoidea. Dans la forêt atlantique, le long du Ntem et ses
affluents, on trouve des raphiales marécageuses à Raphia cf. monbuttorum, Leea
guineensis, Macaranga cf. heterophylla, Mytragyna stipulosa, Uapaca guineensis,
U. heudelotii, et Uapaca paludosa. Enfin dans la région comprise entre la mer et
Edéa le long de la Sanaga, on rencontre des forêts sur sols humides
périodiquement inondées à Berlinia bracteosa, Cola hypochrysea, Acosia barteri, A.
pallescens, Alsodeiopsis rowlandii et A. zenkeri.

2.2. Étendue des forêts

Les données relatives à la répartition des biomes et autres occupations du territoire


apparaissent au Tableau 1.

Tableau 1 : Répartition des principaux biomes et autres occupations du Cameroun

Formations végétales et occupation du


% Superficie (km²)
territoire
Forêt dense humide sempervirente (forêt
11,37 54.000
atlantique)
Mangrove 0,48 2.300

21
Cordons littoraux (fourrés) 0,14 650
Forêts congolaises sub-sempervirentes 21,05 100.000
Forêts semi-caducifoliées 8,42 40.000
Forêts afro-montagnardes 0,95 4.500
Formations saxicoles 0,62 2.945
Forêts dégradées et galeries forestières 7,97 37.875
Raphiales et forêts marécageuses 0,65 3.100
Savanes boisées arborées, arbustives et
33,30 158.185
herbeuses
Steppes sahelo-soudanaises 2,32 11.000
Prairies aquatiques et zones inondables 3,40 16.150
Zones en culture (estimation) 8,67 2.935
Lacs et cours d’eau 0,62 2.935
Agglomérations urbaines et rurales 0,04 160
TOTAL 100 475.000
Source : Letouzey (1985), FAO/PNUE (1976), Gartlan (1989).

Il ressort de l’analyse de la répartition des superficies, présentée au Tableau


1 que la plus grande partie du Cameroun est couverte par des forêts, notamment la
forêt dense de l’Est, du Sud et du Sud-Ouest, les forêts dégradées du Centre et du
Littoral, les forêts dégradées et galeries forestières dans le Centre, l’Adamaoua et
l’Ouest du pays. Plus de la moitié de la superficie du Cameroun soit 51,6% est
couverte de forêts qui représentent une importante richesse et contiennent une flore
et une faune remarquable, comme on l’a vu plus haut.

22
CARTE FORMATION VEGETALE

23
2.3. Évolution

i. Variation à l’échelle des temps géologiques


L’histoire de l’Afrique tropicale est relativement mieux connue pour les 40 derniers
millénaires et il est possible d’en constituer de manière plus détaillée les
changements climatiques et forestiers. Cette période s’étend sur une partie de la
dernière glaciation planétaire (qui a duré de –70,000 à –10,000 ans environ),
incluant une glaciation particulièrement rude au Würm II, centrée autour de –16,000
ans et une phase interglaciaire, depuis la fin de la période glaciaire jusqu’à nos
jours. Les détails de la reconstitution des forêts, lors de leur nouvelle expansion de –
16,000 ans, ont une importance capitale pour la compréhension des schémas
évolutifs et les stratégies de conservation des ressources génétiques. Il est en effet
probable qu’à cette époque, les îlots forestiers relictuels furent tout d’abord des
refuges de biodiversité et d’endémisme, puis des foyers de peuplement pour les
espèces se trouvant à la fois dans et en dehors de ces aires (Hamilton, 1981). À
l’inverse, il est plausible que la réparation actuelle des espèces forestières fournisse
des indications sur l’histoire passée de la forêt. Les pôles de diversité biologique au
Cameroun-Gabon et à l’Est du Zaïre furent les plus importants durant la période très
aride, il y a 18,000 ans.

ii. Impact de l’exploitation forestière sur les écosystèmes forestiers

L’exploitation forestière contribue à la destruction des écosystèmes forestiers. En


effet, les exploitants forestiers ne prélèvent que les sujets les plus beaux,
contribuant ainsi à la diminution de la valeur de la forêt. Par ailleurs, leur action est
le plus souvent suivie par celle des chasseurs et des agriculteurs à la recherche de
territoires de chasse et de terres fertiles pour l’agriculture.
L’on estime aujourd’hui que 1,000 à 2,000 km² de forêt disparaissent chaque année
sous l’effet conjugué de ces différents facteurs. Au regard de cette disparition
annuelle du couvert, il en découlerait une perte de matière ligneuse équivalente
(annuelle) de l’ordre de 13,5 millions de m3, soit autant que le volume combiné :
- de l’exploitation formelle 2,5 millions/an
- de l’exploitation de bois de feu 10,5 millions/an
- de l’exploitation artisanale 0,5 million/an.
En somme, la forêt camerounaise continue à régresser du fait de son exploitation
anarchique et multiforme. Les facteurs ayant accéléré le processus sont les
suivants :

24
- La mévente du café et du cacao qui a incité les paysans à diversifier la
production en créant notamment de nouveaux champs pour le vivrier, ceci
au détriment du couvert forestier ;
- La baisse du pouvoir d’achat inhérent à la crise économique qui a favorisé
la consommation accrue de bois énergie en raison de l’inaccessibilité des
autres sources d’énergie alternatives notamment le pétrole et le gaz ayant
subi des hausses substantielles successives.
- La prolifération des coupes frauduleuses du bois par les tronçonneuses. Il
s’agit ici d’un véritable fléau pour les forêts, ce d’autant plus qu’il est
difficilement contrôlable à un moment où l’administration des forêts est
quasi-absente sur le terrain. Ce prélèvement se fait tous azimuts,
notamment autour des grandes villes, Douala, Yaoundé, et sans respect
des règles classiques d’exploitation (diamètre d’exploitabilité).
- Cette exploitation artisanale de la forêt est respectivement liée à la perte
de l’emploi, et l’existence d’un marché local potentiel aussi bien dans les
grandes villes que dans les campagnes. En effet, d’une manière générale
les industries ont fortement privilégié l’exportation au détriment d’un
marché local conquis par les produits provenant de la coupe à la
tronçonneuse (sciage artisanal) relativement à bas prix quand bien même
la qualité est médiocre.
A cette situation, il faudrait ajouter que depuis les cinq dernières années, l’État, à
travers son organisme spécialisé, l’ONADEF, n’a plus réalisé (en raison de la crise
de liquidités) des reboisements. On estime pourtant actuellement à près de 90
millions de m3 les pertes de bois dues aux activités d’exploitations et de
défrichement de la forêt. Il faudrait à cet effet reboiser à un rythme (hypothèse
faible) de 330 km²/an. Il devient évident que l’exploitation industrielle et artisanale de
la forêt contribuent grandement à la déforestation.
En partie à cause des différences de définition et en partie à cause des difficultés
d’évaluation, les estimations de la couverture forestière diffèrent considérablement.
Selon les sources la déforestation varie de 1,000 à 2,000 km2/an. La FAO (1997) a
estimé que la couverture forestière du Cameroun est passée de 202,440 km2 en
1990 à 195,980 km2 en 1995, soit une perte annuelle de 1,290 km2 ou un taux
annuel de déboisement de 0,6%.
Le déboisement touche de façon variable les différents domaines forestiers. Les
forêts de montagne, habituellement situées sur des sols volcaniques fertiles, sont
sérieusement menacées par le défrichement et par le feu. C’est en fait l’essartage
qui a provoqué le remplacement d’une grande partie de la végétation naturelle par
des formations herbeuses secondaires. Les forêts de la côte atlantique ont été très
exploitées souvent plusieurs fois défrichées pour laisser la place à des plantations

25
industrielles, victimes de l’agriculture vivrière et d’une chasse excessive. Les forêts
semi-décidues sur les marges Nord des forêts congolaises sont menacées par
l’installation humaine, la chasse et le feu. La forêt congolaise est le seul type de
forêt dont des surfaces substantielles restent intactes, mais elle est visée par une
exploitation accrue, depuis 1995.
La plus grande partie de l’exploitation a lieu sur le domaine forestier non permanent
dans laquelle l’obligation de plan d’aménagement ne sera effective qu’à partir de
1999. En fait, dès que l’abattage est terminé, la forêt peut être utilisée par la
population locale ; ce qui encourage directement l’invasion de la forêt. Sur un autre
plan, l’élimination des disséminateurs de graines comme les éléphants (Loxodonta
africana) et les Céphalopes (Céphalophus spp.), dans une forêt dont les espèces
d’arbres ont évolué en même temps qu’eux, entraîne un processus de succession
écologique allant vers une forêt à composition spécifique différente. C’est que le
défrichement de la forêt, même sans implantation humaine, peut être suivi par
l’invasion d’une mauvaise herbe agressive, Chromoleana odorata, qui bloque le
cycle de régénération. Certaines forêts ont été exploitées à plusieurs reprises, elle
sont essentiellement composées d’espèces secondaires et tous les mammifères à
l’exception de quelques écureuils et rats ont été éliminés. Ces forêts peuvent
ensuite être dévastées par le feu qui constitue une menace croissante pour les
forêts semi-décidues.
Encore plus préoccupant le taux de dégradation forestière du fait de l’exploitation
dans les zones peu peuplées. Les forêts primaires sont progressivement
transformées en forêts secondaires du fait de l’écrémage, ce qui entraîne une
baisse de la diversité floristique et faunique de la forêt. Les zones non concédées à
l’exploitation forestière sont celles qui renferment encore des rares forêts primaires.
Si la chasse ne détruit pas la couverture végétale, elle perturbe l’écosystème
forestier dans sa structure et son fonctionnement. Nul n’ignore le rôle joué par les
éléphants et les oiseaux dans la régénération naturelle de certaines plantes. C’est
donc dire que l’abattage des éléphants et la destruction de l’habitat des oiseaux sont
de nature à compromettre cette régénération.
iii- Régénération artificielle des forêts
En 1991 l’ONADEF avait déjà réalisé au total 35.000 hectares de planations
artificielles réparties comme suit : 23.000 ha en forêt dense humide, 8.700 ha en
savane humide et 4.100 ha en savane sèche. Pour les seuls écosystèmes
forestiers, on peut donc estimer la superficie plantée à 31.700 ha. Cependant,
depuis 1991, l’ONADEF, faute de moyens n’a pas continué les plantations et la
plupart des parcelles plantées ne bénéficient d’aucun suivi régulier. La foresterie
communautaire encouragée par la loi forestière devrait à terme permettre un
accroissement des surfaces plantées par les populations sans intervention de l’Etat.

26
3. DIVERSITE BIOLOGIQUE

3.1. Flore

La grande diversité floristique observée au Cameroun s’explique par l’évolution de la


flore durant les temps géologiques, et l’existence de deux refuges forestiers durant
les périodes les plus arides du quaternaire. Les figures 1 et 2 basées sur un large
examen des résultats des recherches palinologiques et sur la littérature existante,
présentent pour le cas de la figure 1 (Hamilton, 1983), un modèle général de
distribution des plantes et des animaux. On y remarque les pôles de diversité
biologique et, entre eux, des gradients d’importance décroissante. Les deux
principaux centres se situant au Cameroun-Gabon et à l’Est de la République
Démocratique du Congo. La figure 2 plus récente, (Maley 1996) montre pour le cas
du Cameroun, l’existence de deux refuges forestiers, l’un au Sud-Ouest, incluant les
forêts de plaine et d’altitude, et l’autre au Sud de la Sanaga le long de la plaine
littorale.

Le Cameroun apparaît donc comme l’un des pays d’Afrique les plus variés du point
de vue écologique. On estime à 8,000 le nombre d’espèces végétales se trouvant
au Cameroun, avec 156 endémiques et 45 pour le seul Mont Cameroun (Thomas et
Cheek, 1992). C’est qu’une autre spécificité du Cameroun repose sur l’existence de
la chaîne de montagnes dont fait partie le Mont Cameroun. La plupart des
montagnes du Sud sont couvertes par une végétation forestière. Les forêts de
montagne ont en général une plus faible diversité que celles de plaines mais
souvent, un plus grand nombre d’endémiques dont il semble qu’il soit en rapport
avec l’ancienneté de l’orogenèse, l’étendue, l’histoire climatique et le degré
d’isolement du site. La vaste région montagneuse volcanique, à l’Ouest du
Cameroun et à l’Est du Nigeria, s’est formée au cours des cent derniers millions
d’années. L’île de Bioko (Fernando Po), proche du littoral, appartient au même
ensemble. La flore confère à la région une importance considérable car, il y aurait
quelque 130 espèces endémiques du Nigeria oriental et plus de 150 dans le Nord-
Ouest du Cameroun (Brenan, 1978). La plupart d’entre elles sont les plantes
d’altitude. On trouvera en annexes la liste des 45 plantes à fleur et fougères,
représentant 25 familles, strictement endémiques au Mont Cameroun.

27
FIGURE 1 ET 2 (REFUGES FORESTIERES)

28
Le centre d’endémisme du Sud de la Sanaga possède des particularités que Villiers
(1981) et Letouzey (1983) ont décrit. Les collines de Nkoltsia au Nord-Est de Kribi
sont le siège des plantes endémiques : Amphiblemma letouzeyi, Calvoa calliantha,
Julbernardia letouzeyi. On y a aussi trouvé des plantes fort rares considérées
comme relictuelles : Begonia jussiaecarpa, Costus lateriflorus, Euphorbia letestui,
Bulbophyllum fuscum, Genyorchis platybulbon, Polystachya victoriae, et
Mesanthemum jaegeri. Quelques espèces découvertes dans cette zone n’avaient
pas encore été identifiées comme : Dracaena sp., Gladiolus sp., Homalium sp.,
Panicun sp., Phyllanthus sp., Psychotria sp. et Rutidea sp. Certaines de ces
espèces ont des affinités avec la flore zambézienne d’Afrique australe. La forêt
littorale qui part de Bakundu à Campo constitue l’unique habitat de la
Cesalpiniaceae Leonardoxa africana.

Letouzey (dans Herberg et Hedberg, 1968) donne la liste de quelques espèces de la


forêt littorale qui méritent une attention spéciale en vue de leur conservation. Il s’agit
de : Crateranthus talbotii, Cynastrum cordifolium, Oleandra annetii, Neaoschumannii
kamerunensis, Anthrophylum annetii, Vittaria schaeferi et Elaphoglossum
isabelense.

Quant à la forêt biafréenne, les espèces concernées sont : Phyllobatryum


soyauxianum, Endodesmia calophyllodes, Tapura africana, Poga oleasa, Zenkerella
citrina, Scyphosyce manniana, Melanodiscus africanus, Staurogyne kamerunensis,
Podocarpus barteri et Guaduella macrostachys.

Gartlan (1989) donne la liste des arbres endémiques de la forêt biafréenne confinés
au Sud du fleuve Sanaga : Hymenostegia bakeri, Soyauxia talbotii, Globulostylis
talbotii, Deinbollia anguustifolia, D. saligna, Campylospermum dusenii, Eugenia
dusenii, Outratea dusenii et Medusandra richardiana.

Si les activités humaines (agriculture, exploitation forestière, exploitation des plantes


médicinales, développement urbain, pollution) constituent une menace pour la
diversité floristique, il est difficile de dresser la liste des plantes en voie d’extinction,
ou menacées de l’être. Une telle liste pourrait être trompeuse, car l’existence d’une
plante sur ladite liste ne veut pas dire que cette plante a été étudiée. L’information
concernant la distribution est souvent insuffisante ou inexacte. Il vaudrait mieux se
référer aux groupes phytogéographiques, plutôt qu’aux espèces, car c’est
l’ensemble de la formation qui est menacée et non ses éléments pris
individuellement. On peut cependant dire sans risque de se tromper que la
disparition chaque année de 1,000 km² de forêt doit entraîner l’extinction de
quelques plantes endémiques connues ou non encore décrites.

La description plus loin des sites critiques pour la biodiversité fera ressortir
éventuellement pour chaque zone la liste des plantes endémiques.

29
3.2. Faune

i. Mammifères
Vivien (1991) estime à 250 le nombre d’espèces de mammifères qu’on rencontre au
Cameroun. De ce chiffre, 132 espèces appartiennent à la zone forestière soit 53%.
Quand on y ajoute les 30 espèces ubiquistes, on se rend compte que 162 espèces
vivent en forêt soit 65% du total des mammifères. Les espèces montagnardes sont
représentées seulement par 12 espèces soit 5% du total.

Les forêts camerounaises contiennent un grand nombre d’espèces dont la


distribution est répandue dans le bassin guinéo-congolais. Ces espèces se
retrouvent dans tous les types forestiers à l’exception peut-être de la forêt
montagnarde et des formations herbeuses sub-alpines. De telles espèces
comprennent : Manis tetradactyla, M. trisupis, Felis aurata, Potamochoerus porcus,
Periodicticus potto, Galagoides demidovii, Nandinia binotata, Tragelaphus sriptus,
Cephalophus dorsalis, C. monticola et Pan troglodytes. Le Lamentin, Trichecus
senegalenis, se trouve dans les eaux côtières et les estuaires.

La zone au Sud de la Sanaga, autre centre d’endémisme (Maley 1996) est


également riche et variée, Maindeillus sphinx, Colobus satanas, Cercopithecus
cephus et C. nictitans sont endémiques de cette région.

Il existe quelques espèces qui se trouvent seulement dans la partie de la forêt


limitée par la côte atlantique à l’Ouest, le Congo et son affluent, la Sangha à l’Est et
la limite de la forêt au Nord ; toute la forêt dense et humide camerounaise se trouve
dans cette aire. Les mammifères qui sont limités à cette zone comprennent :
Artocebus calabarensis, Galago alleni, Genetta servalina et Herpestes naso. La
faune forestière de cette section a des affinités avec d’autres forêts d’Afrique. Il
existe des affinités avec les forêts de l’Est de la République Démocratique du Congo
(Gorilla gorilla et Galago elegantulus) avec différentes espèces ou sous espèces
dans chaque section. On observe aussi des affinités avec le bassin congolais,
Potamogale velox, Criniger barbatus et Malimbus erythrogarter se trouvent dans les
deux régions. Il y a des affinités avec les forêts de la Haute Guinée, Cercocebus
torquatus est remplacée par l’espèce C. atys en Haute Guinée et Picathartes oreas
par P. gymnocephalus. L’espèce Cercopithecus nictitans est représentée par la
sous-espèce C.n. stampflii en Haute Guinée.

La faune de la région congolaise du Cameroun comprend Cercocebus galeritus,


Colobus angolensis, Cercopithecus neglectus et Cephalophus nigrifrons. Les grands
mammifères comme Loxondonta africana cyclotis, Syncerus caffer nanus et
Tragelaphus eurycros ont une distribution répandue dans la région guinéo-
congolaise. De fortes affinités, en ce qui concerne la faune sont observées avec les

30
forêts atlantiques Cercocebus albigana, Cercopithecus nictitans. C. cephus C.
pogonias et Poicephalus gulielmi s’y trouvent.

Les mammifères montagnards et sub-montagnards endémiques tendent à être de


petite taille, à l’exception notable de Cercopithecus lhoesti preussi qui est proche de
C. lhoesti lhoesti de l’Est de la RDC. Des sous-espèces de Galagoides demidovii,
G.d. thomasi et l’écureuil Aethosciurus cooperi se trouvent dans les forêts
montagnardes et sub-montagnardes. Proamys hartwigi se trouve sur les monts Oku
et Manengouba.

Il ressort du tableau 2 que des 40 mammifères de la zone forestière, identifiés au


Cameroun par UICN comme menacés d’extinction, gravement menacés ou
vulnérables, 11 y sont endémiques, ce qui donne plus de responsabilité aux
autorités chargées de la faune quant aux mesures à prendre pour leur conservation.

Les éléphants de la forêt méritent une attention particulière à cause de la chasse


illégale pour l’ivoire, malgré son interdiction sur le plan national et international. Ce
n’est que dans les aires protégées comme les réserves du Dja et Banyang Mbo que
les populations d’Éléphants semblent être en sécurité, malgré de nombreux conflits
avec les agriculteurs.

ii. Poissons
Vivien (1991) estime à 542 le nombre d’espèces de poissons d’eaux douces et
saumâtres qu’on rencontre au Cameroun. Ces poissons représentent 53 familles et
179 genres. La répartition par aire géographique montre que les espèces de la forêt
représentent 294 soit 54% des espèces présentes. Quand on y ajoute les espèces
ubiquistes qui sont au nombre de 31 on a en tout 325 espèces qu’on rencontre en
zone forestière soit environ 60%. Si aucune espèce ubiquiste n’est endémique, 79
espèces confinées à la seule zone forestière sont endémiques. Les espèces
strictement lacustres (12) sont toutes endémiques et concernent surtout les lacs de
cratère renfermant principalement des poissons de la famille des Cichlidae.

Les menaces qui pèsent sur les poissons sont la pêche intensive par
empoisonnement, et la pollution dans les estuaires et le long de la côte.

31
Tableau 2 : Listes des mammifères menacés d’extinction (Ex), gravement
menacées (Gr), vulnérables (Vu) et endémiques (End)

Famille Nom scientifique Nom commun Statut


Tenrecidae Potamogale velox Ex
Soricidae Crocidura attila Vu
Crocidura eisentrauti Gr End
Crocidura picae Gr End
Crocidura wimmeri Ex
Myosorex eisentrauti Ex
Myosorex okuensis Vu End
Myosorex rumpii Gr End
Sylvisirex isabella Vu
Sylvisorex morio Ex End
Pteropodidae Nycteris major Vu
Vespertilionidae Chalinolobus alboguttatus Vu
Cercopithecidae Cercopithecus erythrotis Moustac Vu
Cercopithecus pogonias Cercopithèque Vu
Cercopithecus preussi Cercopithèque Ex
Cercopithecus preussi preussi Ex
Colobus satanas Colobe Vu
Mandrillus leucophaeus Drill Ex
Mandrillus leucophaeus leucophaeus Vu
Mandrillus leucophaeus mundamensis Ex
Procolobus badius preussi Colobe bai Ex
Hominidae Gorilla gorilla Gorille Ex
Gorilla gorilla gorilla Ex
Pan troglodytes Chimpanzé Ex
Canidae Lycaon pictus Ex
Felidae Acinonyx jubatus Guépard Vu
Panthera leo Lion Vu
Viverridae Genetta cristata Genet Ex
Trichechidae Trichechus senegalensis Lamentin Vu
Elephantidae Loxodonta africana Éléphant Ex
Rhinocerotidae Diceros bicornis Rhinocéros noir Gr
Bovidae Redunca fulvorufula adamauae Ex
Scivridae Paraxerus cooperi Vu End
Muridae Dendromus oreas Vu End
Hybomys eisentrauti Ex End
Lamottemys okuensis Ex End
Lemniscomys mittendorfi Ex End
Otomys occidentalis Ex
Praomys hartwigi Ex
Praomys morio Vu End
Source : World Conservation Monitoring Center : IUCN Red List. 1998

32
iii. Oiseaux
Le Cameroun compte 850 espèces d’oiseaux selon Decoux et al. (1986), ou 848
selon Stuart et al. (1990).

Les taux d’endémisme sont relativement supérieurs dans les forêts montagnardes et
sub-montagnardes. Parmi les 53 espèces d’oiseaux de la forêt montagnarde dans
les régions montagnardes de l’Ouest du Cameroun, 20 sont endémiques. Parmi ces
20 espèces, 8 peuvent être appelées espèces indépendantes n’ayant pas de
proches relations dans leur genre. Celles-ci sont Andropadus montanus,
Malaconotus kupensis, Uoptilus giberti, Urolais epichlora, Camaroptera lopsei,
Nectarinia ursulae, et Ploceus bannermani. Le pourcentage d’espèces endémiques
dans l’avifaune montagnarde du Cameroun est égal à 38%. Les affinités de
l’avifaune montagnarde sont diverses et comprennent celles avec les montagnes de
l’Afrique Orientale, les régions de basse altitude de l’Afrique Occidentale et une
espèce océanique insulaire (Speirops lugubris). Les affinités de l’herpétofaune
montagnarde n’existent pas avec les espèces d’autres montagnes mais plutôt avec
des espèces des basses altitudes des sections forestières biafréennes et sub-
montagnardes.

Selon l’UICN, des 8 espèces d’oiseaux du Cameroun qui sont menacées de


disparition, toutes appartiennent soit à la zone forestière, soit aux formations
forestières sub-montagnardes et montagnardes. Il s’agit : du Touraco de
Bannerman (Tauraco bannermani), Gobe-mouche caronculé à large bande
(Platysteira laticincta), Pie-grièche du Mont Koupé (Malaconotus kupeensis),
Francolin du mont Cameroun (Francolin camerunensis), pie-grièche verte
(Malaconotus gladiator), Tisserin de Bannerman (Ploceus bannermani), Picatharte
chauve du Cameroun (Picathartes oreas), et Timalie à gorge blanche (Lioptilus
gilberti).

La seule menace qui pèse sur les oiseaux c’est la destruction de leur habitat. La
destruction des forêts de montagne est très préjudiciable aux espèces qui y sont
endémiques.

iv. Autres groupes d’animaux

Depierre (1978) estime à 200 le nombre d’Amphibiens rencontrés au Cameroun.


Stuart et al. (1990) évaluent à 63 ceux endémiques, et à 28 ceux presque
endémiques car communs avec le Nigeria oriental. La seule forêt atlantique
renfermerait 8 genres endémiques de Grenouilles. Environ 60 Amphibiens sont
endémiques des seules montagnes camerounaises, constituant le plus riche
ensemble d’Afrique. les plus répandus sont : Bufo superciliaris, Bufo camerunensis
et Ptychadena aequiplicata. La Grenouille géante Conraua goliath se rencontre près
des cours d’eaux du Sud mais ne possède actuellement aucun statut particulier pour

33
sa conservation. Les Crapauds montagnards sont apparentés à des formes de
plaine des forêts congolaises et non aux espèces montagnardes de l’Afrique
australe.

Quatre espèces de Tortues de mer fréquentent les côtes du Golfe de Guinée : la


Tortue caret (Eretmochelys imgricata), la Tortue verte (Chelonia mydas) et la Tortue
luth (Dermochelys coriacea).

Quand aux Reptiles, Depierre (1978) évalue à 330 le nombre d’espèces rencontrées
au Cameroun. On a aussi trouvé 3 espèces de Crocodile : Crocodylus niloticus, C.
cataphractus et Osteolaemus tetraspis. Cette dernière espèce est considérée
vunérable, et son exploitation intensive mérite d’être reconsidérée. Un Caméléon
Chameleo eisentrauti est endémique des Monts Rumpi. Quatre espèces de
Panaspis sont endémiques des zones d’altitude.

Des récentes recherches au niveau de la canopée à travers l’opération "radeau de


cime" ont débuté en Guyane en 1989 puis dans la réserve de Campo en 1991. Ces
recherches ont montré que la forêt tropicale était très riche en entomofaune. A titre
d’exemple, à Campo sur 117 m² de feuillage on a dénombré 2,271 arthropodes
répartis en 88 familles. (Basset et al. 1992).

34
4- LES FORETS DANS L’ÉCONOMIE NATIONALE

4.1 Bois d’œuvre

4.1.1. Potentiel forestier


Les inventaires réalisés par diverses organisations internationales (FAO, CTFT,
PNUD) et nationale (ONADEF) situent à près de 170,000 km² l’étendue des
formations forestières camerounaises exploitables à des fins de production de bois
d’œuvre.

Les inventaires de reconnaissance ont été menés sur 140,000 km² localisés
principalement autour des provinces du Littoral, du Centre, du Sud et de l’Est. Les
résultats de ces travaux indiquent un potentiel de plus de 1,5 milliards de m3 de bois
sur pieds pour des tiges de diamètre supérieur au diamètre minimum d’exploitabilité.
Sur la base des conditions actuelles du marché, le potentiel exploitable serait de 750
millions de m3 dont plus de la moitié en essences riches et intermédiaires. Ce potentiel
représenterait ainsi une valeur de plus de 50.000 milliards de FCFA, soit plus de 50
fois les ressources propres du pays prévues dans la loi des finances du Cameroun
pour l’exercice 1998/1999 (MINEFI, 1998). Sur la base de ces potentialités, de
nombreux experts situent à 5 millions de m3/an le niveau soutenable de prélèvement
des bois d’œuvre bien que peu d’arguments soient avancés pour le justifier. Il est à
noter qu’en 1997, l’exploitation industrielle et artisanale se situait à près de 4,5 millions
de m3 .

4.1.2. Superficies attribuées et ouvertes à l’exploitation

L’exploitation forestière est menée depuis de longues années au Cameroun.


Commencée dans la région littorale, elle s’est progressivement étendue dans les
autres régions avec le développement des infrastructures routières, ferroviaires et
portuaires.

Cinq des dix provinces du Cameroun peuvent être considérées actuellement comme
forestières. Il s’agit du Centre, de l’Est, du Sud, du Littoral et du Sud-Ouest. Au cours
des 10 dernières années, les trois premières ont été les plus ouvertes à l’exploitation
industrielle.

Le système de licence de 5 ans est resté en vigueur jusqu’à l’avènement de la


nouvelle politique forestière. Dans le cadre des réformes du secteur forestier, le
MINEF a suspendu dès l’exercice 1993/1994, l’attribution des licences pour permettre
un passage harmonieux du système des licences au système des concessions
forestières aménagées. Pour que la filière-bois continue de fonctionner normalement,
des ventes de coupes de 25 km² sont attribuées en vue d’assurer
l’approvisionnement du tissu industriel et du marché.

35
La distribution des superficies effectivement ouvertes dans le cadre des certificats
d’assiette (système de licences) et de vente de coupe ces dernières années se
présente ainsi qu’il suit :

Tableau 3 : Certificat d’assiette et vente de coupe produit de 1989 à 1997

ANNEES Certificat d’Assiette Vente de coupe Total


De coupe
Nbre Superficie Nbre Superficie Superficie
(km²) (km²) (km²)
1989 235 5 875 55 1 375 7 250
1990 233 5 825 85 2 125 7 950
1991 221 5 525 66 1 650 7 175
1992 197 4 925 132 3 300 8 225
1993 257 6 425 171 4 275 10 700
1994 238 5 950 168 4 205 10 155
1995 162 4 050 160 4 005 8 055
1996 154 3 850 45 1 125 4975
1997 150 3 762 165 4 125 9887
Source : Direction des Forêts, com pers. 1998.

Ce tableau montre que les superficies annuellement ouvertes sont restées stables
autour de 8,000 km² avec une nette progression entre 1993 et 1995 quand elles ont
dépassé 10,000 km². La transition entre le système des licences de 5 ans et les
conventions d’exploitation de 15 ans a été accompagnée par l’instauration des
ventes de coupe et des permis de gré à gré.

Les données pour 1996 et 1997 reflètent la diminution des superficies suite à
l’expiration des licences ; les ventes de coupe et autres permis de gré à gré tels que
les coupes dites de récupération dont la saisie statistique est plus aléatoire sont
certainement sous-estimés. Ces permis de petite taille, qui devaient servir de façon
transitoire et prioritairement pour l’approvisionnement des unités de transformation,
ont été très largement distribués, souvent de manière clientéliste. Ce débordement a
favorisé l’arrivée des opportunistes dans la profession.

La distribution des superficies des licences attribuées et en cours de validité par


catégorie d’exploitant en 1996 révèle que les exploitants expatriés disposent de plus
de 60% des superficies en cours de validité, le reste étant attribué à des entreprises
nationales ou mixtes. Les nationaux, bien que de loin plus nombreux que les
expatriés, produisent moins de 15% des volumes de bois annuellement abattus. La
production des opérateurs nationaux reste donc marginale ; la majeure partie des
activités (80%) et des capitaux (85%) dans le secteur est d'origine étrangère
(Fomété, 1997).

36
* Structure de la profession forestière

Le secteur forêt/bois compte 450 personnes physiques et morales agréées à la


profession forestière, dont 350 nationaux et 100 expatriés. (MINEF, 1998).

Dans l’ensemble, ce secteur peut être subdivisé en trois grandes catégories


d'exploitants forestiers :

- La Catégorie I formée de grands exploitants généralement transformateurs,


détient 36% des superficies. Elle produit 65% du volume total et assure 71%
du volume des exportations de grumes et 82% de celui des débités.
- La catégorie II formée d'entreprises moyennes, détient 16% des superficies et
produit 25% du volume total.
- La catégorie III formée de petits exploitants, détient 48% des superficies sous
licences et produit en moyenne 10% du volume total. Dans cette catégorie
rentrent particulièrement les exploitants forestiers nationaux.

Le nombre d’agréments à la profession forestière est passé de 130 en 1988 à 450 en 1998 (Eba’a, 1997).
L’augmentation la plus spectaculaire a eu lieu en 1993 quand il y avait près de 200 entreprises agréées. La
dévaluation du franc CFA, la volonté politique exprimée de faciliter l’accès des nationaux à la profession,
notamment à travers l’octroi des permis de gré à gré et les ventes de coupes, sont à l’origine de cette
inflation des effectifs.

En 1996, moins de la moitié des sociétés agréées étaient en activité, parmi elles, plus de 80% sont à
capitaux étrangers. Bien que les nationaux représentent plus de 75% des effectifs de la profession, leur
activité reste faible et de surcroît beaucoup d’entre eux procèdent à l’affermage (sous-traitance ou location)
de leur permis.

4.1.3 La production forestière

La production forestière camerounaise, après avoir longtemps stagné autour de 2


millions de m³, a connu une augmentation notable depuis 1994 et se situe en 1997 à
près de 3 millions de m³.

Parmi les essences répertoriées (300), une soixantaine fait l'objet d'une exploitation
commerciale, dont une vingtaine de façon systématique et le reste au gré de la
conjoncture.

La figure 3 présente l'évolution de la production forestière nationale de 1985 à 1997.

37
3
Volume x 1000 m
4000
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
Années
Exportations Production

Figure 3 : Évolution de la production et des exportations de grumes de 1988


à 1997 (en milliers de m3)

Ayous
Autres
30%
33%

Ekop Frak é
5% 11%
Azobé Tali Sapelli
5% 7% 9%

Figure 4 : Les principales essences produites en 1997

38
Cette production était constituée en 1996 à près de 70% par 5 essences à savoir
Ayous, Sapelli, Azobé, Fraké, Iroko, dont l'évolution des volumes exploités se
présente comme suit :

Tableau 4 : Évolution de la production des 5 principales essences entre 1989 et


1996 (en milliers de m3)

Essences 1989 1990 1991 1993 1996


Ayous / Obeche 835 710 650 710 845
Sapelli 420 410 315 270 575
Azobé 177 220 270 170 276
Fraké 107 90 105 95 144
Iroko 80 73 105 130 87
Total 1,619 1,503 1,445 1,375 1,926
Production nationale 2,176 2,384 2,191 2,190 2,806
% / production 74 63 66 64 69
Source : Compilation des rapports MINEF

L’accroissement des volumes produits au cours des trois dernières années (1994-
1997) tel qu’illustré au tableau 5 a porté sur les essences traditionnelles mais surtout
sur quelques essences moins connues. En particulier le Fraké est devenu en 1997 la
deuxième essence exportée en grumes.

4.1.4 La Transformation du Bois

a) Première transformation

Le secteur forestier Camerounais est resté cette dernière décennie l'un des plus
industrialisés de l'Afrique Centrale. Toutefois, sa physionomie assez figée est
caractérisée par une préférence du type routinier des industriels sur les opérations de
première transformation.

Le nombre d'unités de transformation en activité est connu de façon peu précise.


Néanmoins, une étude « diagnostic de l’industrialisation des bois au Cameroun »
actuellement en cours (Fomété, 1998) permet de situer autour de 70 le nombre total
des unités qui peuvent être réparties comme suit :

- 60 scieries, répertoriées principalement dans les provinces de l’Est, du Sud,


du Centre et du littoral ;
- 5 Unités de déroulage : SFID (Dimako), SCAF-SOFIBEL (Bélabo), COCAM (
Mbalmayo), ALPICAM et IBCAM à Douala ;
- 1 Usine de tranchage : ECAM PLACAGES à Mbalmayo ;
- 1 Allumetterie : UNALOR à Douala.

La capacité théorique d'absorption du bois de ces usines avoisinerait les 2


millions de m3/an ; moins de 1,5 millions de m3/an sont effectivement consommés par
39
ces usines dont les installations ne tiennent pas toujours compte ni de la richesse de
la forêt alentour ni de la localisation géographique et économique de la forêt obtenue
en licence d'exploitation.
Les usines de placages et de contre-plaqués sont celles qui utilisent le plus de
capacité installée (environ 300,000 m3 grumes/an).

Le Tableau 5 montre l’évolution au cours des dix dernières années de la récolte, de la


transformation et des exportations de bois d’œuvre.

Tableau 5 : Évolution de la production de 1988 à 1998 (en millions de m3)

Année 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997

Volume récolté 1,97 2,1 2,5 2,2 2,3 2,4 2,65 2,95 3,1 3,71
Volume roulé 1,62 1,66 1,72 1,7 1,63 2 2,31 2,61 2,7 3,16
Volume consommé par
0,9 0,96 0,97 0,95 0,95 1,0 1,15 1,15 1,20 1,15
les usines
Volume exporté en
0,72 0,70 0,75 0,75 0,68 1,0 1,16 1,46 1,50 2,01
grumes
Volume roulé / Volume
82 79 70 77 71 83 87 88 87 82
récolté (%)
Taux de transformation
56 58 56 59 59 50 50 48 52 47
(%)
Source : compilations

Le volume roulé correspond à la somme du volume exporté et du volume consommé


par les usines. Le ratio Volume roulé sur Volume récolté permet d’apprécier la
quantité des bois abattus et qui sont abandonnés en forêt lors du façonnage sur parc
où les défauts sont purgés, ainsi qu’au point d’abattage pour les billes défectueuses.
En moyenne, 10 à 20% des bois abattus ne sont pas roulés. Ces pertes ne prennent
pas en compte les dégâts d’abattage et notamment les bois entraînés par la chute
des billes commerciales ni même surtout les abattages liés à la construction des
routes et pistes forestières.

L’évolution des exportations de grumes suit globalement celle de la récolte.


Stationnaire autour de 700,000 m3/an de 1988 à 1992, elle a connu une première
augmentation au cours de l’exercice 1993/1994 lors de la dévaluation (Figure 3) ;
cette tendance s’est poursuivie jusqu’en 1997 grâce à l’essor des importations
asiatiques de grumes africaines.

Dans une conjoncture générale d’augmentation de la récolte, des volumes de grumes


exportés et de ceux consommés par les usines, le taux national de transformation
(calculé comme le rapport du volume consommé par les usines sur le volume roulé),
indicateur sommaire du niveau d’industrialisation de la filière a atteint les 60% en
1991 et s’est maintenu jusqu’en 1993. Il a chuté à 50 % au moment de la dévaluation
et depuis, il oscille autour de cette valeur (Tableau 5).

40
Le rendement matière (Volume entrée/Volume sortie) du sciage qualité export se
situe en moyenne à 35%, ce qui explique la prépondérance des rebuts de bois le plus
souvent non récupérés, favorisant ainsi un gaspillage de la matière, et une faible
rentabilisation des opérations. D’ailleurs, la majorité de ces unités ont des
équipements vétustes, voire inadaptés. Aussi, la productivité est-elle demeurée faible,
accentuée par un manque de personnel qualifié et de normalisation des produits.

L’activité de l’industrie forestière est largement dominée par la province de l’Est. Une
répartition des unités de transformation par provinces et les capacités installées de
transformation en 1997 est fournie au Tableau suivant :

Tableau 6 : répartition des unités et de la capacité de transformation du


bois (en milliers de m3) par provinces en 1996.

Proportion Capacité Proportion


Province Nombre d’unités
(%) installée (%)
Est 21 35 812 42
Centre 15 25 506 25
Littoral 14 24 233 18
Sud 8 13 368 12
Ouest 2 3 69 2
TOTAL 60 100 1.988 100
Source : Eba’a, 1997.

La province de l’Est dispose à la fois du plus grand nombre d’unités (35 %) mais
aussi de la capacité installée la plus grande (42 %). La situation en 1998 serait
sensiblement différente du fait surtout de la multiplication des projets de construction
d’usines dont la plupart se montent autour de Douala, Mbalmayo et Yaoundé.

Les unités de déroulage en particulier pourront voir leur effectif doublé d’ici l’an 2000.
En effet, on assiste actuellement à une course vers l’industrie du bois pour se
préparer à l’avènement de l’interdiction des exportations de grumes prévue à compter
du 20 janvier 1999 par la loi forestière.

La production des sciages au cours des cinq dernières années se présente comme
suit :

Tableau 7 : Évolution de la production des sciages de 1993 à 1998 (en milliers


de m3).

41
1993 1994 1995 1996 1997
Production totale 625 664 718 681 720
Secteur formel 400 425 460 436 460
Secteur informel 225 239 258 245 260
Consommation locale 385 409 443 420 445
Exportation 240 252 265 261 275
Taux d’exportation 60 59 58 60 60
Source : compilations

Le secteur informel du sciage fournit environ 60% de la production nationale. Cette


production est de plus en plus façonnée et rabotée pour l’exportation dans des
proportions non connues. Le marché local des débités est dominé par cette
production artisanale, souvent frauduleuse mais qui sert à la construction et la
menuiserie.

Au cours de l’exercice 1996/1997, la structure de la consommation des sciages s’est


présentée comme suit :
- Entreprises du bâtiment et travaux publics 38 %
- Menuiseries artisanales 28 %
- Menuiseries industrielles 24 %
- Particuliers 10 %

b) Deuxième et troisième transformation

L'industrie de la deuxième et troisième transformation est restée très peu


développée, il en est de même de la menuiserie du type industriel. Ce secteur est
généralement dominé par de micro-entreprises de type artisanal, sous équipées et
non structurées ; elles déversent sur le marché des produits de moindre qualité et de
surcroît ne répondant à aucune norme. Ce phénomène peut être attribué entre
autres :
- à la faiblesse de la consommation locale du bois
- à la nature des industries locales qui sont en général des filiales des grands
groupes européens, ce qui fait que ces unités de transformation privilégient le
plus souvent les exigences des maisons mères au détriment d'une
diversification des produits transformés destinés à l'exportation.

Par ailleurs, les petits artisans du secteur informel, malgré leur grande ingéniosité, ne
disposent pas des moyens et des équipements pour aborder les marchés
d’exportation des articles en bois.

4.1.5 Les exportations de bois

42
Le Cameroun est un pays exportateur de bois en grumes et dans une moindre
mesure de produits sciés, déroulés, tranchés et aussi des contre-plaqués. Les
exportations de moulures et parquets vont augmenter du fait de la création d’unités
spécialisées notamment à Mbalmayo et Yaoundé (IBC, TIB) et de la diversification
des productions des anciennes scieries (SFID, SEFAC…).

Le volume des exportations est resté presque stationnaire entre 1988 et 1993 ;
oscillant autour de 850,000 m3/an dont environ 700,000 m3 de grumes /an, 100,000
m3 de sciages/an et 35,000 m3/an de placages et contre-plaqués.

Les principaux importateurs traditionnels du bois camerounais au cours des deux


dernières décennies ont été les pays de l’Union Européenne avec 70 % de grumes et
90 % des sciages. Cette répartition géographique des échanges s’est
considérablement modifiée depuis 1994, profitant de la raréfaction des ressources en
Asie, les grumes camerounaises ont trouvé de nouveaux débouchés vers les pays
asiatiques. Le tableau 8 donne l’évolution des exportations des grumes au cours des
deux dernières années par destination.

Tableau 8 : Évolution des exportations de grumes par destinations entre 1996 et


1997 (en milliers de m3)

1996 1997 Évolution


Destination
%
Italie 239 298 24
Chine 56 277 394
France 172 212 23
Philippines 75 202 169
Japon 102 201 97
Inde 10 140 1.294
Espagne 90 129 44
Portugal 82 94 15
Turquie 37 66 78
Allemagne 37 63 72
Hongkong 21 62 198
Pays-Bas 52 62 20
Taiwan 72 57 -20
Thaïlande 132 35 -73
Autres 90 119
Total 1.266 2.016 60
Source : SGS, 1998

La Chine est devenue le deuxième importateur des grumes, devant la France ; le


Japon et les Philippines figurent également dans le peloton de tête des importateurs.
La crise économique de 1997 en Asie a modifié ces données dans des proportions
non encore prises en compte par les statistiques officielles à la mi 1998.

Tableau 9 : Exportations des grumes par essences en 1997 (en


milliers de m3)

43
Essence m3 Essence m3
Ayous/Obeche 597 Bilinga 31
Frake/Limba 221 Onzabili/Angongui 31
Sapelli 176 Padouk 31
Tali 137 Bibolo/Dibetou 22
Azobe/Bongossi 107 Faro 18
Naga/Ekop Naga 95 Gombe/Ekop Gombe 18
Iroko 74 Afrormosia/Assamela 15
Aiele/Abel 56 Bosse 14
Movingui 53 Bubinga 13
Eyong 41 Andoung 13
Sipo 35 Homba 12
Fromager/Ceiba 34 Acajou/N’gollon 12
Moabi 33 Okan/A’doum 12
Autres essences 114
TOTAL 2.016
Source : SGS, 1998

Les exportations de grumes sont fournies à 95 % par 25 essences; les 10 premières


essences représentent 77 % du volume total exporté tandis que les 5 premières
(Ayous, Fraké, Sapelli, Azobé, Tali) constituent un peu plus de 60 % des grumes
exportées (voir Figure 4 ).

En 1994, l’Europe a été le marché principal pour les exportations camerounaises,


sauf pour les grumes où le marché asiatique a absorbé 13% des exportations. Quant
aux sciages, placages et contre-plaqués, ils sont pratiquement tous exportés vers
l’Europe.

Les grumes sont importées par l’Italie (36 %), la France (28 %), l’Espagne (12%),
l’Allemagne (10 %) et les Pays Bas (8 % ). Pour les sciages, l’Espagne vient au
premier rang avec 29 %, viennent ensuite la France et les Pays Bas avec 16 %
chacun, l’Italie (12%), la Belgique (12 %) et le Royaume Uni (11 %). Ces six pays
totalisent 95% des exportations du Cameroun vers l’Union Européenne en 1995. La
destination des exportations reflète aussi la nationalité d’origine des actionnaires des
sociétés qui opèrent les plus importantes unités de transformation.

En 1997, la géographie des exportations des bois est considérablement modifiée ; les
pays asiatiques dominent les échanges. La Chine, le Japon et les Philippines à eux
seuls ont importé environ 700,000 m3 de grumes soit 34 % des exportations du pays
(Figure 5). Le ralentissement de cette tendance avec la crise asiatique affecte surtout
les essences secondaires ; Le marché chinois n’a pas été touché par cette crise qui
a mis en évidence le rôle structurel des marchés européens et une place
conjoncturelle pour les nouvelles destinations (Fomété, 1998).

44
Italie
15%

Autres
40% Chine
14%

France
11%
Japon Philippines
10% 10%

Figure 5 : les principaux importateurs des grumes du Cameroun en 1997

4.1.6 Importance économique du secteur forestier

Le secteur forestier a une valeur économique très importante pour l’économie


camerounaise. En effet, en termes de valeur, les produits ligneux occupent le
second rang après les hydrocarbures bien avant des produits comme, le Cacao et le
Café.

De même concernant la production nationale totale, le secteur forestier a


considérablement amélioré sa part dans le PIB national en la faisant passer de
4,3% en 1992 à près de 6 % en 1997. En réalité, cette part du secteur forestier
ne représente que la production de bois d’œuvre. Si on y incluait les produits
forestiers non ligneux et les plantes médicinales, elle se situerait autour de 10 à
11% (MINEFI, 1998).

La contribution du secteur forestier à l’économie nationale peut être estimée au plan


financier par sa contribution aux finances publiques. Cette contribution est constituée
des éléments suivants :
- la fiscalité directe applicable aux grumes et aux produits transformés et qui
comprend la taxe d’abattage, la redevance de superficie, les droits de sortie,
la surtaxe progressive, le cautionnement,…
- Les droits et taxes à l’importation des entreprises du secteur, la taxe sur le
chiffre d’affaire (TCA), l’impôt sur les sociétés, les émissions sur les
importations de véhicules et des engins forestiers, la taxe spéciale sur les
produits forestiers, la TCA et les droits de douane générés par la
consommation des produits pétroliers par les entreprises du secteur du
transport des bois, les autres impôts indirects de même que les cotisations
sociales payées à la CNPS.

45
Le tableau 10 donne l’évolution des principales taxes forestières au cours des six
dernières années. La taxe d’abattage et la redevance de superficie sont les deux
taxes directes qui forment les revenus de la taxation de l’exploitation forestière;.

Tableau 10 : Évolution des taxes forestières de 1993 à 1998 (en millions de


FCFA)

Redevance
Année Fiscale Taxe d’abattage Autres taxes Total
de superficie
Valeur et (%) Valeur et (%) Valeur et (%) Valeur
1992/93 1,149 (75) 199 (13) 184 (12) 1,532
1993/94 1,744 (70) 345 (14) 405 (16) 2,494
1994/95 1,823 (70) 365 (14) 416 (16) 2,604
1995/96 3,030 (68) 1,119 (25) 301 (7) 4,450
1996/97 4,142 (65) 1,242 (19) 1,003 (16) 6,387
1997/98 5,031 (69) 1,167 (16) 1,102 (15) 7,300
(estimations)
Source, MINEFI, 1998.

Le poids de la taxe d’abattage tend à baisser au profit de la redevance de superficie


dont la valeur est passée de 300 FCFA/ha à 1500 FCFA/ha entre 1995 et 1997 pour
les concessions. Cette dernière prendra encore plus d’importance avec la mise en
œuvre effective du système des UFA.

La contribution des autres taxes à l’économie nationale peut être résumée dans le
tableau 11.

46
Tableau 11 : Structure et évolution des contributions directes et indirectes du secteur
forestier moderne aux finances publiques (Millions de F CFA)

Exercices
Intitulés 1994/95 1995/96 1996/97 1997/98(*)
Valeurs % Valeurs % Valeurs % Valeurs %

Droits de sortie sur le bois 18,365 39 18,436 36 21,072 35 27,002 39

Recettes forestières en régie 2,604 5 4,450 9 6,387 11 7,300 10


Droits et taxes à l’importation des
entreprises du secteur
1,251 3 1,132 2 1,216 2 1,306 2

TCA intérieure 1,002 2 3,735 7 4,925 8 4,986 7

Impôts sur les sociétés du secteur 3,530 7 3,334 6 3,701 6 4,108 6


Droits et taxes sur les produits pétroliers
consommés par le secteur 8,810 19 10,774 21 12,273 20 12,799 18
Émissions douanières sur les importations
des véhicules et engins forestiers 1,554 3 917 2 1,178 2 1,513 2

Autres droits et taxes indirects 5,799 12 4,665 9 5,661 9 6,414 9

Cotisations sociales du secteur 4,795 10 4,402 8 4,546 7 4,738 7

Total 47,410 100 51,845 100 60,959 100 70,166 100

Source, MINEFI, 1998.

Ce tableau, sans être exhaustif, récapitule les contributions directes et indirectes du


secteur forestier aux finances publiques au sens large pour quatre exercices fiscaux.
Les données de 1998/99 sont des estimations à partir des dix premiers mois de
l’exercice.

La prédominance des droits de sortie qui avoisinent 40 % du total annuel, illustre


bien la contribution de l’exportation des grumes aux recettes de l’État. Ceci constitue
d’ailleurs un argument avancé par certains opérateurs pour justifier les oppositions à
l’arrêt de l’exportation des bois non transformés.

• Création d’emplois

L’exploitation et la transformation des bois d’œuvre crée directement et indirectement


de nombreux emplois. Les informations disponibles sur l’évolution des emplois dans
l’industrie forestière camerounaise font état de la situation générale suivante :

Tableau 12 : Évolution des emplois dans le secteur forestier de 1993 à 1997

1993 1994 1995 1996 1997


Exploitation forestière 6,057 6,572 7,610 8,512 8,283

47
Transformation 2,655 3,403 4,162 4,236 7,159
industrielle
Transport du bois 2,138 2,620 3,091 3,658 3,555
TOTAL 10,850 12,595 14,863 16,406 18,997
Source : MINEF, MINEFI, 1998

Ces données ne prennent pas en compte le secteur informel et surtout les emplois
indirectement créés par effet redistributif au plan socio-économique. On estime à
environ 90,000 le nombre d’emplois générés par le secteur forêt/bois (MINEF,
1995). Ils se répartissent entre exploitation/transformation des bois (50,000
emplois), et exploitation du bois de feu et charbon de bois (40,000 emplois).

Autres contributions du secteur forestier

Si on prend en compte l’impact des activités forestières sur les autres secteurs de
l’économie en terme de demande en biens et services intermédiaires à eux
adressée, en terme de la distribution des revenus aux ménages et de leur emploi
principal en dépenses de fonctionnement de l’État, en terme de l’utilisation par les
entreprises de leurs revenus pour l’acquisition des biens d’équipement, on s’aperçoit
que les autres effets amont et aval sont très importants.
Au delà du secteur moderne, les participations au développement du pays de la
filière bois doivent prendre en compte :

- L’amélioration des infrastructures routières notamment dans les zones


enclavées
- Le bénéfice des secteurs des assurances et des banques lié aux
transactions des sociétés forestières
- Dans le cadre des obligations conventionnelles incluses dans le cahier des
charges, les exploitants forestiers réalisent de nombreuses œuvres sociales
dans le monde rural au profit des populations riveraines (routes, ponts, puits,
écoles, dispensaires, électrification, terrains de sport etc…)

Conclusions
L’exploitation industrielle des bois d’œuvre malgré son importance décrite
précédemment, souffre de nombreux problèmes. D’abord, le rythme actuel des
prélèvements et l’absence de planification qui le caractérise ne sont pas des
indicateurs de durabilité des pratiques d’exploitation forestière en vigueur.

La prolifération des coupes frauduleuses du bois et sciages à la tronçonneuse dans


des massifs forestiers classés ou non constitue un véritable fléau pour les forêts, ce
d'autant plus qu'il est difficilement contrôlable par l'administration des forêts quasi-
absente sur le terrain.

La transformation locale prônée dans la loi forestière a besoin d’outils réglementaires


définis dans le cadre d’une véritable politique industrielle.

48
4.2 Bois énergie

Il reste indéniable que cette filière est très importante quand on sait que 80 % de la
population tire son énergie du bois, dépendance procédant de l'inaccessibilité à la
majorité des énergies alternatives utilisables actuellement (gaz, électricité, solaire….)
En outre, l'utilisation de ces sources d'énergie nécessite un appareillage assez
onéreux.

L'on ne peut ainsi connaître la production du bois énergie que sur la base des taux de
consommation établis soit à travers certaines études au niveau national, ou alors
suivant des normes établies par les organismes internationaux.

A titre d’exemple, la FAO estime de 0,5 à 0,75 m3/habitant/an la consommation


moyenne de bois énergie applicable au Cameroun.

Sur cette base la production de bois de feu et charbon de bois est estimée à 9,4
millions de m3 en 1990 et 12,3 millions de m3 en 1995 (FAO, 1998).

L’approvisionnement en bois énergie se fait à partir des formations naturelles, des


plantations et des sous produits et déchets d’industrie. En zone rurale, la quasi totalité
du bois consommé pour la cuisson des aliments, le séchage des produits agricoles et
le fumage des poissons ou viandes est prélevé sur les peuplements forestiers
primaires ou secondaires ainsi que dans les champs agricoles. Ce mode d’extraction
en zone forestière et côtière ne présente des risques qu’au voisinage des grandes
agglomérations.

La situation des régions de savane est différente ; la forte pression démographique a


entamé le capital de ressources naturelles. L’approvisionnement en bois de chauffage
se fait à partir des petits boisements de particuliers et surtout par émondage ou
abattage des arbres et arbustes du système agroforestier.

Les plantations en régie ont été développées dans les années 70 par l’ONAREF. La
plupart de ces plantations n’ont pas bénéficié du suivi et de la protection nécessaires;
elles ont fait l’objet de coupes abusives aussi bien par les populations avoisinantes
que par les gestionnaires. Les reboisements communautaires et communaux sont
encore insignifiants pour la production des bois de chauffage et de service.

Les déchets et sous produits de la transformation industrielle des bois constituent une
source appréciable d’énergie ; sa valorisation est très importante aux abords et dans

49
les grandes villes. Quelques cas de carbonisation des déchets de scieries éloignées
pour produire du charbon revendu en ville ont été constatés.

Au début des années 80 l’ONAREF a tenté sans succès une opération de production
en régie du charbon de bois en zone forestière pour fournir les autres régions du
pays.

4.3 Bois de service

Au delà du bois d’œuvre et du bois de chauffage, il y a de nombreuses utilisations


des bois dits de service notamment dans la construction de l’habitat, la fabrication
d’objets utilitaires, l’artisanat etc.

La construction des cases en zone forestière est basée sur l’utilisation des perches et
piquets en bois coupés dans les formations forestières proches des villages. Les
maisons en zone rurale surtout sont faites en terre battue (ou poto-poto)

Dans les régions côtières, les pêcheurs fabriquent des pirogues en bois utilisant
quelques essences particulières.

Les ustensiles de cuisine (plat, louches, spatules, planche à écraser, mortier,


pilon….), les meubles, les instruments de musique (tam-tam, balafon, …) utilisent
des bois locaux (lit, armoires, chaises, tables …). L’artisanat, la sculpture, la vannerie
et les autres produits confectionnés à base des produits forestiers autres que le bois
d’œuvre (rotins, lianes, peaux d’animaux, trophées, plumes, ivoire, etc…) jouent un
rôle économique important en zone rurale et urbaine.

4.4 Produits forestiers non ligneux

4.4.1 Aliments

De nombreux produits forestiers ont un usage alimentaire. On peut distinguer


les espèces utilisées comme vivrier, des fruitiers et des cultures de rente. Comme
vivrier on distingue : 3 espèces de riz sauvage (Oryza sp) ; 3 ou 4 espèces de haricot
(niébé) sauvage ; des racines et tubercules : igname sauvage (8 ou 9 espèces) ; les
légumes : Ndolé (Vernonia sp.) Okok, Kona/Zogola, Ajaman, eru ; des Champignons
(4 espèces).

Environ 205 espèces de fruitiers d’après Fondou et Foteu (1995) sont recensées ;
elles sont consommées sous diverses formes :
• pulpe comestibles (18 espèces)
• amandes comestibles (5 espèces)

• fruits à amandes non utilisées en cuisine (3 espèces)

50
• fruits à amandes subissant des transformations (3 à 5 espèces)
• amandes transformées en bouillie (5 espèces)
• huile alimentaire ou industrielle (5 à 7 espèces)

4.4.2 Médicaments

Le système de production reste artisanal à l'exception des plantes médicinales


(Prunus) dont l'exploitation/exportation est soumise à une autorisation.

Certaines plantes médicinales donnent lieu à un commerce d'exportation régulier, soit


après transformation soit sous forme brute (Prunus, Cinchona, Yohimbe, etc...) Une
usine de traitement des écorces de plantes médicinales basée à Mutenguene
(PLANTECAM) exporte les extraits vers des laboratoires européens.

La PLANTECAM qui est aujourd’hui un point franc industriel, a été créé en 1972. Elle
dispose d’équipes qui récoltent sur les versants du Mont Cameroun environ 300
tonnes par an d’écorces de Prunus, soit 40% de son approvisionnement, les 60%
restant sont fournis par des contractuels.

Le plus gros danger pour cette espèce réside dans la technique destructrice
d’exploitation qui enlève toute l’écorce et son exploitation illégale. Des efforts
conjoints du MINEF, du Projet Mont Cameroun et de la PLANTECAM sont déployés
actuellement pour former et associer les villageois à une exploitation plus rationnelle
des ressources en Prunus.

4.4.3. Autres produits utiles

La filière "autres produits forestiers" reste importante. Ce domaine suscite en milieu


rural de grosses activités et génèrent des ressources importantes mais peu
monétisées.

- Les plantes nutritives (fruitiers sauvages, légumes, feuilles etc...)


interviennent de façon notoire dans l'alimentation et la pharmacopée
traditionnelle, particulièrement dans l'arrière-pays.

- Les plantes de services : Rotin, Bambous, etc..., principales matières


premières de l'artisanat camerounais. l'exploitation du rotin représente 7,500
t/an soit 2,650 milliards

Les statistiques sur ce secteur sont trop éparses et disparates pour être compilées.
Mais ce qui reste certain, il s'agit d'un secteur en nette progression qui impose
qu'une stratégie soit immédiatement mise sur pied pour sous-tendre son
développement.

Le tableau 13 donne une indication des exportations de quelques produits forestiers


secondaires :
51
Tableau 13 : Exportations des produits forestiers secondaires.

1991 1992 1993 1994


Valeur x Valeur x Valeur x
Valeur x
PRODUITS Tonnage 1000 F Tonnage Tonnage 1000 F Tonnage 1000 F
1000 F CFA
CFA CFA CFA
Feuilles 146 14,491 314 21,896 531 29,365
Noix de cola 1,336 21,614 3,302 53,510 1,127 11,152 2,875 25,047
Yohimbe 2,025 80,702 1,608 87,566 881 48,073 1,054 54,882
Strophantus 273 35,472 1,520 152,080 372 37,836 5 1,326
Bambous 24 707 16 937 5 479
Rotin 11,913 849,824
Autres écorces 10,189 2,045,459 3,085 518,807 5,104 523,500
Autres plantes 6,534 774,949 4,426 903,214
Source : Direction des Forêts, Com. Pers., 1997.

4.5 Produits de la chasse et de la pêche

4.5.1 Chasse

Le gibier ou viande chasse constitue la principale source de protéines animales dans


les zones rurales. En zone urbaine, la viande de brousse est particulièrement
recherchée par une clientèle de plus en plus nombreuse. Cet effet de mode entraîne
une pression grandissante sur les ressources fauniques alentours et lointaines. De
véritables filières de production et commercialisation de viandes de brousse fraîches
ou fumées sont à l’œuvre pour approvisionner les grandes villes des régions
forestières (Sangmelima, Ebolowa, Bertoua, …). Il y a des places de marché
spécialisées pour le commerce du gibier.

La chasse est pratiquée exclusivement par les hommes dont l’effectif a connu une
inflation au cours de la dernière décennie à cause de la crise économique. En effet,
cette activité nécessite un investissement de départ faible, mais procure surtout un
revenu substantiel et rapide. C’est l’aspect commercial de la chasse qui constitue en
effet une grave menace sur les ressources, car l’autoconsommation en zone
forestière à démographie faible est très limitée.

La chasse commerciale se fait pour la viande mais aussi pour la fourniture de


trophées, de sous-produits comme l’ivoire (Éléphant), les peaux (Reptiles, Panthères,
etc…) qui alimentent de même que les animaux vivants des trafics internationaux mal
maîtrisés à présent (Yadji, 1998).

La chasse n’est malheureusement pas limitée dans l’espace. Elle opère ainsi dans les
aires protégées. À titre d’exemple, une étude effectuée par Infield (1995) dans le parc
de Korup, a montré que 70% des familles ont recours à la chasse comme source de
revenus; cette activité constitue 56% de leur budget. Parmi les espèces chassées, les
céphalophes bleus et à bande dorsale noire totalisent 50% des animaux tués par les

52
chasseurs ; les autres étant l’athérure (Atherurus africanus) pour 13%, le Colobe bai
de Preuss pour 7%, le drill pour 6%, tandis que les 25% restants se répartissent entre
18 mammifères et 4 reptiles.

La chasse se fait par piégeage et au moyen d’armes à feu le jour et la nuit. La chasse
nocturne pratiquée malgré les restrictions réglementaires présente beaucoup de
danger contrairement à l’activité diurne qui donne la possibilité au chasseur de
distinguer l’espèce, le sexe, l’âge et la taille pour un abattage sélectif.

Bien qu’elle ait une contribution socio-économique indéniable, la chasse est


globalement gérée d’une façon qui n’assure pas la pérennité des ressources. La
réglementation en la matière n’est pas appliquée et respectée de tous. Les
connaissances locales en matière de gestion et régulation restent peu documentées.
Des études dans ce domaine de même que celui de l’élevage du gibier sont à
encourager.

4.5.2 Pêche

La pêche continentale et maritime sont pratiquées de façon localisée. Ce sont les


régions côtières bordant les mangroves qui sont les plus significatives à cet égard. En
effet, la région littorale regorge des populations de pêcheurs réparties dans des petits
villages ou campements de pêche. Leur production dont une grande partie est fumée
sur place, est transportée en pirogues et commercialisée dans les villes.

Cette activité représente par endroits une menace sérieuse sur l’écosystème de
mangrove. La pêche est également active autour des retenues d’eau que constituent
les barrages hydroélectriques (Bamendjin, Mape, Lagdo, etc…).

La pisciculture en régie ou privée a longtemps été encouragée mais ne connaît pas


encore l’essor souhaité. Le complément alimentaire issu des poissons est fourni en
grande partie par l’importation des produits de mer. Les poissons d’eau douce sont
consommés localement près des lieux de pêche.

4.6 Tourisme et recherche

4.6.1. Tourisme
En 1992, les aires protégées qui relevaient du Ministère du Tourisme
(MINTOUR) ont été transférées au Ministère de l’Environnement et des Forêts
(MINEF), sous la tutelle de la Direction de la Faune et des Aires Protégées. Mais les

campements et les infrastructures touristiques à l’intérieur des aires protégées


continuent à relever du MINTOUR. Cette situation n’est pas de nature à assurer une
bonne coordination des activités dans le but d’attirer les touristes qui à travers les
taxes diverses pourront contribuer au budget de fonctionnement des aires
53
protégées. C’est ainsi que la visite des aires protégées par les touristes nationaux et
expatriés a beaucoup diminué depuis 1987, année où l’on est passé de 9,000
visiteurs à 5,000 en 1996 (Culverwell, 1997). Ces chiffres concernent l’ensemble du
pays y compris les zones septentrionales couvertes de savanes et steppes. Mais les
touristes intéressés par les zones cynégétiques ne sont pas pris en compte. Cette
baisse s’explique par la mauvaise situation politique des années 1990 et l’insécurité
causée par le brigandage dans le Nord du pays.

La zone forestière malgré d’énormes potentialités reste très peu visitée. La forte
nébulosité, l’abondante précipitation et l’état déplorable des voies de communication
vers les sites potentiels expliquent cet état des choses. Il ne faudrait pas oublier que
la législation Camerounaise ne prévoit les droits d’entrée que dans les parcs
nationaux. Ces droits s’élèvent à 5,000 CFA pour les non résidents, 3,000 CFA pour
les résidents et 1,500 CFA pour les nationaux. Il est aussi prévu une taxe sur les
appareils photos qui est de 2,000 CFA pour les amateurs. Les autres charges
comprennent les droits de campement et les frais du guide ou du porteur. Quoique
la zone forestière ne possède qu’un seul parc national, celui de Korup, l’on
considère que trois sites y attirent les touristes ; ce sont : le Mont Cameroun, Korup,
et la réserve de faune de Campo.

La société GUINESS Cameroun organise tous les deux ans l’ascension du Mont
Cameroun, événement sportif et culturel qui attire beaucoup de touristes à Buéa et
dans les environs. Mais au cours de l’année il y a les individus ou des groupes qui
après paiement des droits, louent les services des guides–porteurs pour l’ascension
de la montagne. De 1990 à 1996 les entrées dans le parc de Korup ont varié de 155
à 289 selon les années. Quant à la réserve de faune de Campo on a enregistré en
1992 seulement 15 touristes. La réserve de faune du Dja a entrepris depuis 1995 la
construction des structures d’accueil des touristes qui pour la plupart sont des
chercheurs et des naturalistes.

Le développement du tourisme dans les sites critiques de la zone forestière passe


par un certain nombre d’actions que l’État doit entreprendre. Le MINEF et
MINTOUR doivent clairement définir les droits et les obligations des uns et des
autres ; les inventaires et les plans d’aménagement doivent être effectués en tenant
compte de l’aspect touristique ; les routes et les infrastructures d’accueil doivent être
conçues et entretenues ; la sécurité des touristes dans les campements à construire
ou à
maintenir, doit être assurée, enfin le marketing de la destination Cameroun doit
recevoir une promotion adéquate.

4.6.2. Recherche

54
La recherche forestière s’effectue au sein de l’Institut de Recherche Agricole pour le
Développement (IRAD), au sein de certains projets spécifiques de la Coopération
Internationale, et dans le Département de Foresterie de la Faculté d’Agronomie de
l’Université de Dschang.

L’Institut de Recherche Agricole pour le Développement

L’IRAD a été créé en 1996 par Décret n° 96/050 du 12 Mars 1996, en remplacement
des Instituts de Recherche Agronomique (IRA), et de l’Institut de Recherche
Zootechnique et Vétérinaire (IRZV). Bien avant 1996, la recherche forestière était
menée au sein de l’IRA par les chercheurs du programme forêt, et les botanistes de
l’Herbier National.

À l’IRAD, la recherche forestière est sous la supervision d’un coordonnateur


scientifique en « production forestière et environnement » qui en plus de la
recherche forestière proprement dite, coordonne, la pédologie, la faune et la
bioclimatologie. Il est à noter que ces deux derniers domaines de recherche, à
savoir, la faune et la bioclimatologie, ne sont qu’au stade de projet.

Sur le plan géographique, il existe à l’IRAD des centres régionaux, des stations
polyvalentes, des stations spécialisées et des antennes de recherche. Le centre
régional de Bambui/Mankon s’occupe entre autres de la recherche agro-forestière,
celui de Nkolbisson de la forêt, botanique, pédologie, télédétection et agro-
climatologie.

Pour combler les lacunes tant sur le plan structurel que géographique, le plan
national à moyen terme de recherche agricole élaboré en 1996 par le Ministère de la
Recherche Scientifique et Technique a prévu la création des structures de
recherche et le recrutement des chercheurs. C’est ainsi qu’il est prévu que la station
de Nkoenwone au Sud d’Ebolowa qui est actuellement spécialisée sur le cacaoyer,
devrait abriter un chercheur sur la faune forestière. De même, il est prévu une
antenne à Meyomessala, ville située à l’Ouest de la réserve de faune du Dja, pour la
recherche sur les écosystèmes forestiers avec sa composante faune. Concernant
les ressources humaines, on a, en Septembre 1998, 7 chercheurs dont 6 sur la forêt
et un botaniste à l’herbier. Le plan prévoit à terme, 4 chercheurs pour la forêt et
botanique, et 2 pour la faune.

Quant aux résultats, l’ancien programme forêt avait concentré ses recherches sur
les techniques de production des plans forestiers et la conduite des peuplements en
sylviculture sur les essences tant locales qu’exotiques. L’Office National de
Régénération des Forêts utilise pour ses plantations les techniques mises au point
par la recherche. C’est surtout dans le domaine d’appui au développement que la

55
recherche s’est montrée très active parce qu’il s’agissait des prestations payantes,
et non des opérations à financement interne, en veilleuse depuis 1987. C’est ainsi
qu’à la demande des services vétérinaires, la recherche a établi dans la province du
Sud-Ouest, des plantations avec des essences produisant du tannin comme le
Bridelia sp et Pentachletra macrophylla. La société qui fabrique les allumettes
(UNALOR) a obtenu la mise sur pied des techniques sylvicoles pour le Funtumia
elastica.

La recherche au Cameroun a beaucoup souffert de la crise économique. Depuis


1987, on a assisté à des compressions successives du personnel et à la paralysie
des programmes et opérations qui dépendaient des seules ressources nationales.
La restructuration en cours de la recherche forestière tend à diminuer le nombre de
chercheurs dans une proportion compatible avec le budget national. Mais force est
de constater qu’au moment où le secteur forestier contribue de plus en plus au PIB,
la recherche forestière bat de l’aile. Au lieu d’un plan de recrutement et de formation
des chercheurs, de constructions et d’équipement de stations de recherche, on est
en train de réduire le nombre de chercheurs. La seule nouvelle digne d’intérêt dans
le plan à moyen terme de la recherche de 1996, c’est le recrutement de 2
chercheurs sur la faune dont 1 sera basé en forêt dense du Sud Cameroun.

Projets spécifiques de la Coopération Internationale

Le programme TROPENBOS – Cameroun de la Coopération Néerlandaise est de


loin celui qui est le plus actif dans le domaine de la recherche forestière. Les
chercheurs forestiers de l’IRAD, ceux de l’Université de Wangenigen ainsi que
certains de l’Université de Dschang sont impliqués dans les travaux qui se déroulent
dans la zone de Kribi et celle de Campo/Ma’an. Le programme se propose de définir
et de tester des bases scientifiques d’un aménagement durable en forêt dense
humide du Sud Cameroun.

Le projet Global Environment Facility (GEF) finance entre autres la recherche


botanique au niveau de l’herbier national, ainsi que la recherche en matière de
faune en collaboration avec WWF et WCS.

Le projet Korup travaille dans le parc de Korup, les réserves d’Ejagham et des
monts Rumpi. En plus de la recherche sur la faune, il possède une composante
active dans
les techniques de multiplication d’Ancistrocladus korupensis. Le projet Mont
Cameroun quant à lui travaille principalement sur le Prunus africanum, tandis que
WCS est actif sur la faune à la périphérie du sanctuaire de Banyang Mbo.

56
À la périphérie de la réserve du Dja, l’Avenir des Peuples des Forêts Tropicales
(APFT) possède une équipe multidisciplinaire de géographes forestiers
anthropologues au sein du programme « Écosystèmes et Paléoécosystèmes des
forêts intertropicales » (ECOFIT). L’APFT parraine un autre programme d’écologie
humaine avec 6 chercheurs camerounais de l’Institut Catholique, l’Université de
Yaoundé I, 4 chercheurs de l’ORSTOM, 4 du CNRS, et 1 du Centre Pasteur.

Les programmes ECOFAC et UICN sont basés le premier à Somalomo (Ouest du


Dja) et le second à Lomié (Est du Dja) où ils mènent des recherches sur les
communautés riveraines et la pression sur les ressources de la réserve de faune du
Dja.

Département de Foresterie de l’Université de Dschang

Les missions statutaires des enseignants du Supérieur incluent la recherche et


l’appui au développement. En plus des travaux individuels ayant abouti à des thèses
sur la foresterie camerounaise, les enseignants supervisent les étudiants pour leurs
mémoires de fin d’études au sein des projets cités plus haut, à savoir : Korup, Mont
Cameroun, TROPENBOS, ECOFAC, UICN. Dans le domaine d’appui, le
Département a mené des études d’impact préalables à la mise en eau du barrage
de la Mapé, et a participé à l’élaboration du Programme d’Action Forestier Tropical
(PAFT) et au Plan National de Gestion de l’Environnement (PNGE).

Dans le domaine spécifique de la recherche forestière, les 10 enseignants –


chercheurs du Département de Foresterie mènent des activités sur les thèmes
relevant des domaines suivants :

i. Pratiques agroforestières en savane humide d’altitude ;


ii. Modèles de croissance des essences utilisées dans les plantations
forestières ;
iii. Études économiques et valorisation des ressources forestières ;
iv. Amélioration de la pisciculture villageoise ;
v. Modèle d’aménagement de la forêt dense ;
vi. Dynamisme des écosystèmes forestiers et biodiversité ;
vii. Protection des mammifères menacés.

Malgré cette diversité des thèmes, on peut déplorer l’absence de projets pluri-
disciplinaires impliquant toutes les compétences du Département. En 1998,
l’Université de Dschang a manifesté son intention de financer à nouveau la
recherche à partir de son budget propre comme cela se passait jusqu’en 1986. On
peut espérer qu’à terme, la recherche reprenne la place qui est la sienne au sein de

57
l’Université, ce qui suppose l’acquisition des moyens de déplacement, l’équipement
des laboratoires, ainsi que l’amélioration des conditions de travail des enseignants –
chercheurs.

4.7. Formation
La formation au Cameroun des cadres pour la gestion des écosystèmes forestiers
couvre le secteur de la foresterie et de la faune. La formation forestière s’effectue au
sein de deux établissements que sont l’École Nationale des Eaux et Forêts de
Mbalmayo et au Département de Foresterie de la Faculté d’Agronomie et des
Sciences Agricoles de l’Université de Dschang. Quant aux spécialistes de la faune,
ils sont formés à l’École de Faune de Garoua.

École Nationale des Eaux et Forêts de Mbalmayo

C’est en 1949, par Arrêté n° 351 du 18 Juillet que fut créé le Centre d’Apprentissage
Forestier de Mbalmayo, qui était chargé de former des prospecteurs topographes
pour les entreprises forestières. Par Arrêté n° 706 du 27 Novembre 1952 le Centre
fut transformé en École Technique Forestière, avec pour mission de former des
agents subalternes indigènes des Eaux et Forêts, en deux années d’études après le
Certificat d’Études Primaires. En 1966, l’École des Eaux et Forêts remplaçant
l’École Technique Forestière avec comme innovation le recrutement des titulaires du
Brevet d’Étude du Premier Cycle pour la formation en plus des agents, des
techniciens des Eaux et Forêts. Enfin, en 1980, le Décret n° 80/375 du 11
Septembre mettait en place l’École Nationale des Eaux et Forêts (ENEF), avec trois
cycles de formation : des agents techniques pour les titulaires du Brevet ; des
techniciens titulaires de l’Examen Probatoire et des techniciens supérieurs pour les
titulaires du Bac.

Sur le plan des infrastructures, en 1966, avec l’aide de la coopération soviétique,


une cité des enseignants et un nouveau campus est construit. Les salles de classe
et les ateliers sont équipés en matériel de technologie et de transformation du bois.
Après dix ans de service, les soviétiques partent en laissant des équipements qui
sont vite tombés en désuétude.

En 1970, la formation des techniciens passe par un tronc commun d’une année au
Collège National d’Agriculture de Dschang et deux années de spécialisation
forestière à Mbalmayo. Cette expérience n’a duré que quelques années.

En 1987, face à la crise économique la Fonction Publique Camerounaise cesse de


recruter, ce qui a entraîné en 1988 la fermeture de l’École pour près de six ans. Ce
n’est qu’en 1993 que l’ENEF a repris la formation pour le seul secteur privé avec
des effectifs variant de 40 à 50 pour chacune des années des trois cycles. Quand
on formait des fonctionnaires, l’accent était mis sur la législation que la plupart des

58
diplômés étaient chargés d’appliquer, mais les programmes actuels n’ont
malheureusement pas évolué pour s’adapter à la nouvelle situation. La plupart des
diplômés manquent d’emploi. En Juillet 1998, des 30 diplômés du cycle des
techniciens supérieurs sortis en 1995, seuls 10 étaient dans la vie active !

En 1998, force est de constater que l’ENEF bénéficie d’un environnement didactique
très favorable avec la réserve forestière de Mbalmayo, la présence dans la ville
d’usines de transformation du bois ainsi que d’exploitants forestiers nationaux et
expatriés. Mais l’ENEF manque de moyens matériels pour son fonctionnement et le
personnel enseignant est peu motivé. Les structures de base pour une bonne
formation (bibliothèque, laboratoires, parc informatique, véhicules de liaison) font
cruellement défaut. Le Ministère de l’Environnement et des Forêts devrait doter
cette institution des moyens pour mieux former les 250 étudiants présents sur le
campus en 1998.

L’ENEF a eu à former des étudiants de Guinée Équatoriale, Burundi, Tchad et Togo.

Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles

La formation forestière supérieure n’a débuté au Cameroun qu’en 1977 au sein de


l’École Nationale Supérieure Agronomique (ENSA) située en ce temps à Yaoundé.
Bien avant cette période les cadres supérieurs forestiers étaient formés en France,
Grande Bretagne, Belgique, Canada et Gabon.

Avec l’aide de la coopération française, un centre d’application forestier est construit


à Belabo pour profiter de la proximité de la Société Forestière Industrielle de Belabo
(SOFIBEL), pour y effectuer les visites d’usine et les travaux pratiques.

En 1985, l’ENSA est transférée à Dschang et la formation forestière s’effectue en


savane, très loin de la forêt dense, et des usines de transformation du bois, et à
deux jours du centre d’application forestier de Belabo. La durée de formation était
de 5 années après le Bac.

En 1988, l’Institut National du Développement Rural (INADER) remplace l’ENSA et


la durée de formation passe à 4 ans. Les effectifs sont de l’ordre de 20 par
promotion.

En 1993, la Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) remplace


l’INADER et la durée de formation est portée à 5 ans. Dans le même temps, les
effectifs doublent pour atteindre en 1998 44 par promotion. Ce doublement des
effectifs ne s’est pas accompagné d’une augmentation du nombre d’enseignants
permanents. Bien au contraire, on a assisté, entre 1990 et 1996, au départ de
quelques enseignants, ce qui a perturbé la qualité de l’encadrement. D’autre part, la
crise économique a entraîné une baisse drastique des subventions de l’État au profit
des universités où les seuls frais de scolarité des étudiants ne permettent pas le
59
fonctionnement des activités académiques. Les conséquences de cette crise se
sont traduites par l’absence des travaux pratiques de terrain et des voyages d’étude
de plus en plus rares. Au fil des années, les enseignements sont devenus de plus
en plus théoriques et le centre d’application forestier, devenu antenne de
l’Université, ne reçoit plus d’étudiants pour les travaux pratiques. Malgré cette crise,
le Département de Foresterie de la FASA a formé et continue à former des
étrangers appartenant aux pays comme le Bénin, Centrafrique, Sénégal, Tchad et
Togo.

En 1997, a débuté à Yaoundé au sein d’un établissement de la Francophonie,


rattaché à la FASA de l’Université de Dschang, le Centre Régional d’Enseignement
Spécialisé en Agriculture, Forêt-Bois. (CRESA Forêt-Bois), une formation supérieure
qui recrute des diplômés de l’enseignement supérieur (BAC + 5) dans les filières
« valorisation industrielle du bois » et « Aménagement et gestion participative des
ressources forestières ». La formation dure 15 mois. Le Centre dispose de moyens
pour assurer une formation de qualité, mais avec des effectifs réduits de 8 étudiants
par filière dont 2 camerounais, on pense que l’existence du CRESA n’est pas de
nature à changer à terme la façon dont les écosystèmes forestiers du Cameroun
sont gérés.

École de Faune de Garoua

En 1963, l’UICN avait vivement recommandé la création d’un établissement de


formation des spécialistes de la faune pour les pays francophones d’Afrique. C’est
en 1966 que le Cameroun a accepté abriter un tel établissement, et a débuté, avec
l’aide du PNUD, la construction à Garoua de l’École pour la formation de
spécialistes de faune ou École de Faune de Garoua, (EFG), placée sous la tutelle
du Ministère de l’Agriculture. De 1982 à 1992, l’EFG est sous la tutelle du Ministère
du Tourisme puis, depuis 1992, sous l’autorité du Ministère de l’Environnement et
des Forêts.

L’EFG recrute tous les 2 ans des stagiaires du milieu professionnel ayant déjà une
formation en foresterie ou en élevage. L’École possède deux cycles : un moyen
pour les titulaires du Brevet et un supérieur pour les titulaires du Bac. Étant donné
que c’est une institution régionale, les stagiaires proviennent en plus du Cameroun,
du Burkina Faso, Congo, Gabon, Guinée, Niger, Madagascar, Mali, Mauritanie,
Rwanda, R.C.A, Sénégal, Tchad, Togo, Zaïre. Tous les étudiants étrangers sont
boursiers à travers les organismes comme FAO, PNUD, FED, IDA, UNESCO, WWF
ainsi que les pays comme l’Allemagne, la France et les Pays-Bas.

Pour son fonctionnement, l’EFG bénéficie des subventions de l’État, des bourses
des stagiaires et une importante allocation des Pays-Bas. Du fait de la crise, la
subvention de l’État est passée de 66,5 millions en 1985 à 5 millions en 1995.

60
On peut dire que grâce à la coopération internationale, l’École de Faune de Garoua
fonctionne mieux que les autres établissements ; de plus les programmes de
formation ont été modifiés en 1996.

4.8. Usages alternatifs des terres forestières

Les terres forestières font l’objet de nombreuses convoitises liées à l’augmentation


de la population, à l’urbanisation et l’industrialisation. Les forêts constituent en effet
une réserve foncière ; pour ne pas empiéter sur les terres agricoles, on étend les
villes et les zones dites industrielles en défrichant la forêt. En zone de savane,
l’urbanisation est précédée par le déboisement pour la récolte de bois de feu, ce qui
entraîne un recul des formations végétales naturelles.

Pour l’agriculture, on distingue les cas des cultures vivrières et des cultures
industrielles. Pour les cultures vivrières, c’est l’agriculture itinérante dont les
conséquences sont particulièrement néfastes dans les zones écologiques difficiles ;
en zone forestière, bien que ses effets ne soient pas toujours directement
perceptibles, ce mode de mise en valeur se traduit par une dégradation et le recul
de la forêt.

Dans le cas des cultures industrielles, le problème est encore plus grave, à cause
de la puissance des moyens mis en œuvre et de l’importance des surfaces
concernées. Il s’agit surtout des cultures d’hévéa, du palmier à huile, du thé, du
cacao et du café. Pour les deux premières spéculations, les plantations se font
après défrichage des forêts naturelles.

Les usages alternatifs des terres forestières ont une importance socio-économique
indéniable ; il doivent s’insérer dans un cadre général précis de planification de
l’utilisation des terres. La conversion des forêts pour des usages autres doit être
précédée des études d’impact adéquates et les mesures d’atténuation des effets sur
l’environnement envisagées. Ceci semble être le cas pour les projets en cours de
barrages hydroélectrique (Pangar et Djerem, Mapé) et d’Oléoduc.

61
5. CADRE LEGISLATIF ET INSTITUTIONNEL

5-1. État de la législation

Historiquement, la forêt et la faune ont eu des cadres juridiques communs. La


législation a été revue périodiquement ; les principales étapes de cette évolution
sont marquées par :

§ L’ordonnance 73/18 du 22 Mai 1973 et son décret d’application n° 74/357 du 17


Août 1974.

§ La loi n° 83/13 du 27 Novembre 1981 portant régime des forêts, faune et pêche.
Elle est sous-tendue par les décrets suivants :

- n° 83/169 du 12 Avril 1983 fixant le régime des forêts ;

- n° 83/170 du 12 Avril 1983 relatif au régime de la faune ;

- n° 83/173 du 12 Avril 1983 portant sur la pêche.

§ La loi n° 94/01 du 20 Janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la


pêche et ses textes d’application, notamment :

- Le décret n° 95/466 du 20 Juillet 1995 fixant les modalités d’application du


régime de la faune.

- Le décret n° 95/531 du 23 Août 1995 fixant le régime des forêts ;

- Le décret n° 95/413/PM du 20 Juin 1995 fixant certaines modalités


d’application du régime de la pêche.

La loi N° 96/12 du 05 Août 1996 portant loi cadre relative à la gestion de


l’environnement, fixe le cadre général de la gestion de l’environnement. Elle traite
dans son chapitre 5 de la gestion des ressources naturelles et de la conservation de
la diversité biologique.

Le régime de propriété des forêts et des établissements aquacoles est défini par les
législations foncières et domaniales.

5-2. Forêts

5-2-1. Institutions forestières

Jusqu’en 1991, la gestion des ressources forestières était effectuée par une
multitude d’intervenants issus des Ministères de l’Agriculture, Pêche et industries

62
animales, Aménagement du territoire etc;.. Depuis 1992, la création du Ministère de
l’Environnement et des Forêts est venue mettre un terme à ce problème.

Les organismes publics d’intervention en milieu forestier ont été restructurés et ont
abouti à la création de l’Office National de Développement des Forêts (ONADEF)
découlant de la fusion de l’ex Office National de Régénération des Forêts
(ONAREF) et le Centre National de Développement des Forêts (CENADEFOR).
L’objectif de cet acte était de disposer d’un organisme plus souple et performant. Il
est à relever que l’ONADEF dispose aujourd’hui de l’une des meilleures expertises
de la sous-région pour les opérations d’inventaires, de régénération et de
reboisement. Il dispose en outre d’un Centre de Cartographie Forestière le plus
performant de la sous-région de l’Afrique Centrale.

La recherche forestière est assurée par l’Institut de Recherche Agronomique pour le


Développement (IRAD) du Ministère de la Recherche Scientifique et Technique ;

La formation est assurée par l’Université de Dschang (pour les Cadres Supérieurs)
et l’École Nationale des Eaux et Forêts de Mbalmayo, l’École de Faune de Garoua
pour les Cadres Moyens en matière de Forêt et de Faune.

D’après le MINEF (1996), l’administration forestière compte :


- 246 Ingénieurs Forestiers
- 127 Techniciens supérieurs
- 320 Techniciens
- 248 Agents Techniques
- 477 Agents Techniques Adjoints.

Ces chiffres ne tiennent pas compte du personnel forestier en détachement soit à


l’ONADEF, soit aux projets relevant du MINEF ainsi que des institutions privés.

5-2-2. Situation juridique des forêts

Le code forestier Camerounais a été périodiquement remis à jour afin de l’adapter


au contexte économique et social ainsi qu’à l’environnement international. La loi n°
94/01 du 20 Janvier 1994 portant régime des forêts de la faune et de la pêche est
celle en vigueur aujourd’hui.

Ce nouveau code forestier consacre la division du domaine forestier ; en effet, celui ci est constitué des
domaines forestiers permanents et des domaines forestiers non permanents.

1. Domaines forestiers permanents


Encore appelées forêts classées, il s’agit des terres définitivement affectées à la forêt et/ou l’habitat de la
faune.

63
a) Les forêts domaniales :
Ce sont des forêts ayant fait l’objet de classement au profil de l’État ; appartenant au domaine privé de
l'État, la responsabilité de la gestion forestière incombe à l’Administration chargée des forêts. Toute
activité forestière doit se conformer au plan d’aménagement dont l’Administration chargée des forêts
assure le contrôle. Sont considérées comme forêts domaniales les terres suivantes :
- Les aires protégées pour la faune : Les parcs nationaux ; les réserves de faune, les zones
d’intérêt cynégétique, les games-ranches d'État, les jardins zoologiques, les sanctuaires de
faune et les zones tampons.
- Les réserves forestières : sanctuaires de flore, forêts de protection, forêts de récréation, forêts
d’enseignement et de recherche, les périmètres de reboisement, les jardins botaniques, les
forêts de protection ;

Les forêts de production sont des périmètres destinés à la production soutenue et durable de
bois d’œuvre, de service ou tout autre produit forestier (les droits d’usage en matière de chasse, de
pêche et de cueillette y sont réglementés).

b) Les forêts communales


Il s’agit des forêts ayant fait l’objet d’un acte de classement pour le compte de la Commune ou forêts
plantées par la commune sur un terrain communal. Elles appartiennent au domaine privé de la commune
et la responsabilité de la gestion forestière incombe à celle ci, sous contrôle de l’Administration, chargée
des forêts. Le plan d’aménagement arrêté par le Ministre chargé des forêts est mis en œuvre par la
commune, sous le contrôle et suivi de l’Administration.

2) Des domaines forestiers non permanents


Ce sont des terres forestières susceptibles d’être affectées à des utilisations autres que forestières ; on y
distingue les forêts du domaine national, les forêts communautaires, les forêts de particuliers.

c). Forêts du domaine national


Ce sont les forêts ne rentrant pas dans la définition de forêt domaniale et communale. Les produits
forestiers appartiennent à l'État, sauf s’il existe une convention de gestion avec une communauté
villageoise. Les populations riveraines y conservent leurs droits d’usage de récolte (produits forestiers
secondaires, produits alimentaires, bois de chauffage et de construction) ; justification obligatoire si
contrôle forestier et commercialisation interdite dans ce cas. La gestion conservatoire est effectuée
suivant des normes fixées par l’Administration chargée des forêts.

d) Forêts communautaires
Une des innovations de la loi de 1994 est l’introduction de ce type de forêts qui font l’objet d’une
convention de gestion entre une communauté villageoise et l’Administration chargée des forêts. La durée
de la convention est égale à la durée du plan simple de gestion, révisée au moins 1 fois tous les 5 ans ;

64
renouvelable si les engagements souscrits au plan ont été respectés par la communauté. La
responsabilité de la gestion forestière incombe à la communauté villageoise qui bénéficie à cet effet de
l’assistance technique (gratuite) de l’Administration chargée des forêts. Les produits forestiers
appartiennent à la communauté villageoise, sur une superficie ne pouvant excéder 50 km². Toute activité
forestière doit se conformer à son plan simple de gestion.

e) Forêts des particuliers


Elles sont établies sur un domaine acquis (titre de propriété) ; la responsabilité de la gestion forestière
relève du propriétaire sous le contrôle technique de l’Administration chargée des forêts qui met en œuvre
le Plan de gestion avec l’aide de l’Administration chargée des forêts en vue d’un rendement soutenu et
durable.

5-2-3. Gestion

La philosophie de base de la nouvelle politique forestière, est « de pérenniser et


développer les fonctions économiques, écologiques et sociales des forêts dans le
cadre d’une gestion intégrée et participative qui assure de façon soutenue et
durable la conservation et l’utilisation des ressources et des écosystèmes
forestiers ». Elle s’articule autour de cinq grandes orientations ayant chacune des
stratégies de mise en œuvre.

Orientation 1
Assurer la protection du patrimoine forestier et en particulier veiller à la sauvegarde
de l’environnement et à la préservation de la biodiversité de façon pérenne.

Stratégies :
1. Intégrer la composante « environnement et équilibre des écosystèmes »
dans la politique d’aménagement du territoire ;

2. Créer un domaine forestier et des aires protégées représentant la


biodiversité nationale (réserves de faune et de flore) ;
3. Développer des mesures de protection, d’amélioration et de conservation
de l’ensemble des ressources forestières.

Orientation 2
Améliorer la participation des populations locales dans la conservation et la gestion
des forêts afin que celles-ci contribuent à élever leur niveau de vie.

Stratégies :
1. Organiser la filière bois ;
2. Promouvoir la gestion conservatoire des ressources forestières par les
collectivités ;
3. Promouvoir le développement des forêts privées et de l’élevage du gibier
en milieu rural ;
4. Développer l’agroforesterie dans les systèmes agraires.
65
Orientation 3
Mettre en valeur les ressources forestières en vue d’augmenter la part de la
production forestière dans le PIB tout en conservant le potentiel productif.

Stratégies :
a) Sous-secteur 1 : bois–énergie et bois de service
1. Améliorer l’offre en produits de bois énergie et bois de service tout en
maintenant le potentiel grâce à une meilleure utilisation des ressources
disponibles et un développement des moyens de production ;
2. Orienter la demande vers des moyens peu coûteux en énergie ou vers des
solutions de substitution ;
3. Promouvoir une gestion participative des intervenants dans la filière bois-
énergie et bois de service ;
4. Organiser et encourager le secteur informel.

b) Sous-secteur 2 : bois d’oeuvre


1. Assainir la situation actuelle des titres d’exploitation forestière et le
paiement des redevances ;
2. Améliorer la gestion de la matière première forestière afin d’optimiser le
potentiel productif par la mise en place d’un système d’aménagement à
rendement soutenu et durable ;
3. Assurer le renouvellement des ressources forestières, ainsi que la gestion
des plantations forestières existantes ;
4. Promouvoir l’utilisation et la diversification des produits transformés en vue
d’augmenter le taux de transformation et de favoriser le développement
des exportations de produits semi-finis ;
5. Mettre en place un environnement économique favorisant l’intervention du
secteur privé et la participation des nationaux à la gestion des ressources
forestières.

c) Sous-secteur 3 : Autres produits forestiers


1. Identifier le potentiel naturel en vue d’une gestion conservatoire des
ressources ;
2. Promouvoir et organiser la mise en marché des autres produits forestiers
au niveau national et à l’exportation.

d) Sous-secteur 4 : Ressources fauniques


1. Maîtriser et améliorer la connaissance du potentiel des ressources
fauniques ;
2. Augmenter et valoriser le potentiel faunique afin que la ressource participe
au développement économique du pays ;
3. Développer l’ensemble des activités de conservation ;
4. Assurer la protection des personnes et de leurs biens.

66
Orientation 4
Assurer le renouvellement de la ressource par la régénération et le reboisement en
vue de pérenniser le potentiel.

Stratégies :
1. Régénérer et reboiser en essences utiles dont la sylviculture est maîtrisée ;
2. Promouvoir la participation de tous les intervenants ;
3. Assurer l’aménagement des forêts galeries et la protection des bassins
versants.

Orientation 5

Dynamiser le secteur forestier en mettant en place un système institutionnel


efficace et en faisant participer tous les intervenants dans la gestion du secteur.

Stratégies :
1. Redéfinir globalement les tâches des intervenants du secteur
(administration, privés, collectivités, ONG) ;
2. Améliorer l’organisation et la coordination des institutions intervenant dans
l’utilisation des ressources forestières ;
3. Promouvoir une formation adaptée aux objectifs de la nouvelle politique
forestière ;
4. Améliorer la gestion des ressources humaines ;
5. Appuyer le développement du secteur forestier ;
6. Assurer le financement des activités du secteur forestier sur une base
prioritaire.

Les innovations :

Par rapport à la situation antérieure, la politique forestière apporte des innovations


suivantes :
- La décentralisation de la gestion des forêts et de la faune par l’intéressement
et la responsabilisation des collectivités publiques et des programmes
communautaires et villageoises ;
- Une plus grande protection de l’écosystème ;
- La mise sur pied de mesures de soutien pour le maintien et le renforcement
de la place des nationaux dans l’activité forestière ;
- Le financement des activités de développement forestier à travers des
programmes, et non plus par l’affectation des recettes à des organisations ;
- Une augmentation des superficies du domaine privé de l’Etat de 20 à 30% ;
- Une différenciation dans la gestion des forêts permanentes et des forêts à
usages multiples ;

67
- La protection des ressources phytogénétiques ;
- Une plus grande responsabilisation des exploitants forestiers dans la
gestion des forêts ;
- Une meilleure cohérence avec les principes forestiers et les directives de
l’OIBT, notamment en ce qui concerne :
* La reconnaissance des droits des populations sur les ressources
naturelles ;
* La participation des populations ;
* Le relèvement des zones à protéger ;
* Le réinvestissement d’une partie des recettes dans la conservation
du capital forestier ;
* Les forêts privées et communales ;
* La participation des opérateurs privés, des syndicats, des ONG … à
la gestion et à la conservation des ressources forestières.

L’ensemble des réformes du secteur forestier a été traduit en terme opérationnel à


travers un Programme d’Action Forestier National (PAFN) qui expose les actions à
mettre en œuvre à court et moyen terme pour réaliser les objectifs de la politique
forestière.

Le PAFN, dont l’élaboration a été financée par la Coopération Canadienne et le


PNUD, comporte 82 fiches de projets dans les six domaines prioritaires suivants :

- Constitution et aménagement du domaine forestier


- Foresterie rurale
- Développement industriel
- Faune et biodiversité
- Valorisation des autres produits forestiers
- Renforcement des institutions.

Pour la mise en œuvre du programme, le Cameroun a créé un Fonds Spécial de


Développement Forestier dont les modalités d’alimentation à partir des recettes
fiscales du secteur ont été précisées par le décret N° 98/009 PM du 23 janvier 1998
fixant l’assiette et les modalités de recouvrement des droits, redevances et taxes
relatifs à l’activité forestière. On constate, toutefois que ce fonds n’est pas encore
opérationnel ; le soutien international demeure indispensable à la mise en œuvre de
ce programme et pour le développement du secteur forestier en général.

5-3. Flore et faune

5-3-1. Institutions

68
Les principaux départements Ministériels qui interviennent dans la gestion des
ressources fauniques sont :
- Le Ministère de l’Environnement et des Forêts (MINEF). A travers sa
Direction de la Faune et des Aires Protégées (DFAP), il est chargé de
l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique nationale de la faune et
de la chasse ainsi que la protection et la gestion des aires protégées. Il
assure le contrôle de toutes les activités d’exploitation de la faune.
- Le Ministère de l’Administration Territoriale (MINAT) qui délivre les
autorisations d’achats d’armes de chasse et de munitions. A ce moment, le
nécessaire cadre de concertation entre le MINAT, qui devrait ajuster les
quantités d’armes et de munitions à autoriser aux quantités d’animaux dont
le prélèvement est autorisé, n’existe pas.
- Le Ministère de l’Élevage, des Pêches et des Industries Animales
(MINEPIA). C’est de ce Ministère que dépendent entre autres, la gestion de
la faune aquatique, la réglementation et le suivi de la pêche continentale et
la pisciculture.
- Le Ministère du Tourisme (MINTOUR). Le MINTOUR suit l’activité
touristique sur le territoire national, activité touristique qui se déroule en
grande partie dans les aires protégées et les zones cynégétiques. En raison
de l’importance des ressources fauniques dans l’activité touristique, le
MINEF, gestionnaire de la faune, est représenté dans le Comité National de
Facilitation du Tourisme créé par décret N° 90/1337 du Juillet 1990 et
complété par décret N° 92/251 du 21 Septembre 1992.
- Le Ministère de l’Enseignement Supérieur (MINESUP). Ce Ministère est
chargé de la formation des cadres techniques dans la gestion de la faune et
l’aménagement des aires protégées (ingénieurs des eaux, forêts et chasse)
à travers l’université de Dschang, de plus, les Facultés des Sciences et
d’Agronomie présentes dans la plupart des Universités Camerounaises
comportent toutes des programmes de recherche en matière de faune.
- Le Ministère de la Recherche Scientifique et Technique (MINREST). A
travers l’Institut de Recherche Agronomique pour le Développement (IRAD),
ce Ministère mène des recherches sur la faune sauvage

La gestion de la faune aquatique continentale de façon séparée des autres


ressources fauniques et des forêts peut par moment poser des problèmes de
coordination. Car, toutes ces ressources faisant partie des mêmes écosystèmes,
une action sur l’une peut avoir des répercussions plus ou moins importantes sur
l’autre.

69
5.3.2. Régimes juridiques applicables à la flore et à la faune

La loi n° 94/01 du 20 Janvier 1994, qui fixe ces dispositions les regroupe en quatre
types :

i. Les dispositions relatives à la protection de la faune et de la biodiversité


Dans le cadre de cette disposition, les espèces animales sont divisées en trois
classes A, B, C, selon les menaces d’extinction qui pèsent sur elles. Ainsi, les
espèces de la classe A (les plus menacées) ne peuvent en aucun cas être abattues,
celles du groupe B peuvent être abattues sous la condition d’obtention d’un permis
de chasse et celles du groupe C qui sont partiellement protégées ont des modalités
d’abattage fixées par le Ministre de la faune. Les autres dispositions visant la
protection identifient et interdisent les techniques de chasse qui peuvent être
hautement destructives pour la faune.

ii. Les dispositions relatives à la protection des personnes et biens contre


les animaux
A ce niveau, le droit à la légitime défense des personnes est reconnu face aux
menaces qui pourraient provenir des espèces animales même les plus protégées.
Toutefois, si l’abattage était conduit pour un tel motif, la loi précise que la preuve de
légitime défense doit être fournie et les trophées remis à l’administration chargée de
la faune.

iii. Les dispositions concernant l’exercice du droit de chasse


La loi reconnaît aux populations le droit d’exercer la chasse traditionnelle sur
toute l’étendue du territoire national, exception faite des aires protégées pour la
faune. En dehors de la chasse traditionnelle, la loi subordonne toute autre activité
de chasse à l’obtention d’un permis de chasse ou d’une licence qui ne peut être
délivré qu’aux personnes qui se sont conformées à la réglementation en vigueur sur
la détention des armes de chasse. Les personnes ayant obtenu des permis de
chasse sont tenues de payer des taxes pour l’abattage et la capture de certains
animaux dont la liste est établie par le ministre chargé de la Faune. La loi fixe
également les modalités d’établissement des zones cynégétiques dans les forêts du
domaine national et de leur exploitation, soit en régie soir par affermage.

70
En plus, l’exercice de la profession de guide de chasse est défini ainsi que les
conditions de détention de trophées. Sont considérés comme trophées, les pointes,
carcasses, crânes et dents des animaux, les queues d’éléphants ou de girafes, les
sabots ou pieds, les cornes et les plumes, ainsi que toute partie de l’animal
susceptible d’intéresser le détenteur. La loi précise les conditions de détention et de
circulation à l’intérieur du territoire national d’animaux protégés vivants, de leurs
dépouilles ou de leurs trophées, ainsi que leur éventuelle exposition. Toujours en
relation avec l’exploitation de la faune, les règles relatives au fonctionnement des
« games-ranches » appartenant à l’État où à l’élevage des animaux sauvages en
« ranch » sont fixées.
Afin de faciliter l’aménagement des aires protégées, la loi prévoit la création
d’un fonds spécial d’aménagement et d’équipement des aires de conservation et de
protection de la faune, qui est alimenté par 30% des sommes résultant du
recouvrement des droits de permis et licences de chasse ainsi que les produits des
taxes d’abattage, de capture et de collecte.

iv. Les conditions relatives aux armes de chasse


A ce niveau, la loi donne une liste des moyens de chasse prohibés dont les
armes ou munitions de guerre composant ou ayant composé l’armement
réglementaire des forces militaires ou de police, les armes à feu susceptibles de
tirer plus d’une cartouche sous une seule pression de la détente, les projectiles
contenant des détonnants, les tranchées et les fusils de traite, les produits
chimiques. La loi donne également mandat au ministre chargé des forêts d’interdire
l’utilisation d’autres modèles d’armes et munitions si besoin se fait sentir. Enfin, la loi
précise les conditions dans lesquelles les entreprises de tourisme cynégétique
peuvent mettre des armes de chasse à la disposition de leurs clients.

5-3-3. Gestion
Les innovations de la loi n° 94/01 du 20 Janvier 1994 par rapport à la
Loi n° 81/13 du 27 Novembre 1981

Plusieurs dispositions ont été prévues dans le sens de la gestion conservatoire des
ressources biologiques.

La protection de la faune et de la biodiversité réglementée (TITRE IV) :


• Ressources génétiques
• Feux de brousse
• Classement des aires protégées
71
• Exercice de droit de chasse
• Protection des personnes et de leurs biens
• Retombées économiques aux populations locales ou à l’État
• Créations d’un fonds Spécial (art. 105).

Toutes ces dispositions visant à accroître et à renforcer la dynamique de la


conservation ont été l’objet d’un décret d’application n° 95/466/PM du 20 Juillet
1995 dont le but est de réglementer avec plus de précisions les innovations de la loi.

Les dispositions du Décret 95/466/PM du 20 Juillet 1995

En date du 20 Juillet 1995, le Premier Ministre, a signé le décret fixant les modalités
d’application du Régime de la faune ; ce décret qui a intégré tant les préoccupations des
communautés villageoises, que les recommandations des bailleurs de fonds internationaux, constitue
désormais un appréciable instrument de travail devant permettre la réalisation des objectifs de la politique
gouvernementale en matière de ressources fauniques notamment :

- La protection et la conservation de la biodiversité ;


- La gestion rationnelle des ressources fauniques
- La maximisation des recettes fiscales devant contribuer à la réalisation du
budget 95/96.

Ce texte dont l’élaboration a duré presque deux années consécutives, a consacré


plusieurs innovations dont la mise en œuvre a été subordonnée à l’élaboration
préalable des textes d’application y afférents.
Contrairement à l’ancien texte, le présent décret dans ses dispositions générales fait
état de certaines notions dont l’absence et l’ignorance constituaient des handicaps
réels à la gestion de la faune ; on peut citer à titre d’exemple :

- Le plan de gestion ;
- Le plan de chasse ;
- La convention de gestion ;
- Le territoire de chasse communautaire ;
- La collecte des produits fauniques ;
- L’arme de chasse ;
- La diversité biologique ;
- L’écosystème ;
- La mutation ;
- La prise de participation.

72
Dans son corps, certaines de ces innovations sont traitées de manière exhaustive,
d’autres sont renvoyées à des textes particuliers. Nous pouvons noter :

- Les modalités d’obtention des permis de collecte tant souhaités par les
usagers, notamment le permis de collecte des dépouilles d’animaux.

- Le métier de guide de chasse ne sera plus désormais exercé en solitaire ; le


guide de chasse devra exercer dans le cadre d’une société dûment
constituée à cet effet, avec siège social établi dans son unité
administrative ; ainsi présenté, cette profession pourra générer pour l’Etat,
un peu plus de recettes fiscales.

- La chasse à l’arc est désormais autorisée.

- La profession de guide de touristes dans les aires protégées est désormais


accessible et réglementée.

- Une commission technique consultative a été créée avec pour mission de


donner son avis sur les demandes d’agrément.

- Les retombées économiques ou financières de l’utilisation des


connaissances des communautés villageoises riveraines, les résultats des
recherches sur les ressources génétiques exploitées à des fins
commerciales donnent lieu au paiement à l’Etat, des royalties.

- Le titulaire d’un permis de capture à but scientifique est astreint au respect


des clauses d’un cahier de charges dont l’inexécution entraîne de graves
sanctions.

- L’engagement du captureur à partager équitablement avec la République


du Cameroun tous les avantages découlant de l’utilisation durable de la
diversité biologique, traduit une réelle volonté de l'État de mettre fin à
l’exploitation vile de ses ressources fauniques.

- Les jardins zoologiques peuvent être donnés en gérance libre à toute


personne physique ou morale.

- Les Délégués provinciaux peuvent recevoir délégation expresse du Ministre


pour délivrer les permis de collecte.

- L’exploitation d’un game-farming est subordonnée à l’obtention d’une simple


autorisation délivrée par le responsable local de l’administration chargée de
la faune.

73
- La prestation de serment qui conférait à son titulaire la qualité d’Officier de
Police Judiciaire à compétence spéciale n’est plus réservée à une catégorie
de responsables comme par le passé.

- La transaction des infractions sera réglementée par un arrêté du ministre


chargé de la faune.

- Aucune transaction n’est dorénavant admise, même à titre exceptionnel


pour les infractions commises dans les aires protégées, en cas d’abattage
d’un animal intégralement protégé, en cas de récidive, de pollution des eaux
par empoisonnement.

- Les prises de participation et les cessions de parts des capitaux des


sociétés d’exploitation faunique sont désormais réglementées.

- La sous-traitance de certaines activités fauniques est désormais reconnue


et réglementée.

Les autres textes influençant la gestion de la faune

Ce sont des conventions et accords dont le Cameroun est signataire et qui entrent
dans le cadre du droit international. Parmi ces textes, on peut distinguer :

* Les textes à portée universelle


- la convention sur la protection du patrimoine culturel et naturel (Paris, 1972).
- La convention sur le commerce international des espèces de faune et de
flore menacées d’extinction (CITES), (Washington, 1973).
- La convention sur la protection de la couche d’ozone (Vienne, 1985)

- Le protocole sur le contrôle des chlorofluorocarbone (CFC), (Montréal, 1987)


- La convention sur les changements climatiques (Rio de Janeiro, 1992).
- La convention sur la diversité biologique (Rio de Janeiro, 1992).
- Les accords de coopération avec les ONG internationales (IUCN, WWF,
OIBT).

* Les textes à portée continentale

- La convention sur la conservation de la nature et des ressources naturelles


(Alger, 1968).

74
- La convention sur l’importation des déchets toxiques en Afrique et les
mouvements transfrontières des déchets dangereux et leur gestion.
- L’organisation Africaine du Bois (OAB).

* Les textes à portée sous-régionale

- L’accord portant création de la commission du Bassin du Lac Tchad.


- L’accord sur le règlement conjoint sur la faune et la flore dans le Bassin du
Lac Tchad (ENUGU. 1977).
- La convention relative à la coopération en matière de protection et de mise
en valeur du milieu marin et des zones côtières de L’Afrique de l’Ouest et
du Centre (Abidjan, 1981).
- L’accord de coopération et de concertation entre les états d’Afrique Centrale
sur la faune sauvage (Libreville, 1983)

5.4 Aires protégées

5.4.1 Institutions

Les aires protégées sont sous la responsabilité pour leur gestion, de trois types d’institutions à savoir : les
institutions publiques et parapubliques, les opérateurs extérieurs et les communautés rurales.

Les institutions publiques et parapubliques sont constituées essentiellement des Ministères indiqués
précédemment (cf 5.3.1) auxquels il faudrait ajouter les Ministères de la Défense, du Plan et de
l’Agriculture.

Les opérateurs extérieurs sont constitués par les projets, les ONG, les guides chasses et gérants des
campements.

Les communautés rurales à travers les chefferies traditionnelles et les communes rurales sont impliquées
dans la gestion des aires protégées.

5.4.2 Régimes Juridiques applicables aux aires protégées.

Le décret N° 95/468/PM du 20 Juillet 1995 fixant les modalités d’application du régime de la faune, définit
les principales notions et concepts relatifs aux aires protégées.

Une aire protégée est une zone géographiquement délimitée et gérée en vue d’atteindre des objectifs
spécifiques de conservation et de développement durable d’une ou de plusieurs ressources données.

Un plan d’aménagement : c’est un document technique élaboré par l’Administration chargée de la faune
ou toute personne physique ou morale commise par elle, qui fixe dans le temps et dans l’espace la
nature et le programme des travaux et études à réaliser dans une aire protégée et auquel cette dernière
est assujettie. Toutefois, les plans d’aménagement des aires protégées gérées par les particuliers
peuvent être élaborés par eux-mêmes et approuvés par l’Administration chargée de la faune.

Un plan de gestion : C’est un document technique élaboré par l’Administration chargée de la faune ou par
toute personne physique ou morale commise par ladite Administration, en vue de planifier dans le temps
et dans l’espace toutes les stratégies à mettre en œuvre pour une utilisation durable d’une ou de
plusieurs ressources fauniques données.

75
Une convention de gestion est un contrat par lequel l’Administration chargée de la faune confie à une
communauté un territoire de chasse du domaine national, en vue de sa conservation et de l’utilisation
durable des ressources fauniques, dans l’intérêt de cette communauté.

Une réserve de faune est une aire : mise à part pour la conservation, l’aménagement et la propagation de
la vie animale sauvage, ainsi que pour la protection et l’aménagement de son habitat ; dans laquelle la
chasse est interdite, sauf sur autorisation du Ministre chargé de la faune, dans le cadre des opérations
d’aménagement dûment approuvées et où l’habitation et les autres activités humaines sont réglementées
ou interdites.

Un parc national est un périmètre d’un seul tenant, dont la conservation de la faune, de la flore, du sol, du
sous-sol, de l’atmosphère, des eaux, et en général du milieu naturel, présente un intérêt spécial qu’il
importe de préserver contre tout effort de dégradation naturelle, et de soustraire à toute intervention
susceptible d’en altérer l’aspect, la composition et l’évolution.

5.4.3. Gestion des aires protégées

Beaucoup de dispositions ont été prises au cours de la décennie 1988-1998 pour assurer la conservation
de la biodiversité à l’intérieur et hors des aires protégées.

En particulier une nouvelle génération de projets de conservation/développement a vu le jour. Ces projets


visent la conservation de la biodiversité dans les aires protégées en liaison avec le développement socio-
économique local. C’est le cas des projets ECOFAC et IUCN dans la réserve du Dja, des projets
WWF/GTZ/DfID dans le parc national de Korup, du projet IUCN-Waza-Logone dans le parc de Waza et
du programme GEF/Biodiversité.

Le programme GEF est exécuté sur une dizaine de sites qui sont tous des aires protégées ; il s’agit de la
plus grosse initiative du pays dans le domaine ; elle met en commun les fonds des agences
multilatérales, bilatérales et des ONG internationales pour l’exécution de projets qui ont été ciblés sur les
principales zones écologiques sensibles du pays. On a par exemple :

- Les hautes terres de l’Ouest (Kilum/Ijim, Koupé, Mont Cameroun).


- La zone côtière du golfe-congolais (Réserve de Campo)
- Les écosystèmes de savane (Faro, Bénoué, Boubandjida)
- La forêt dense humide de l’Est (Lobéké, Boumba-Bek et Nki)

Le projet GEF apporte aussi un soutien à l’Herbier National pour étendre son
programme d’inventaires botaniques.
La mise en œuvre du projet GEF/Biodiversité a connu des sorts très variables suivant les sites. En effet,
on a assisté à une concentration très inégale des priorités de financement. Alors que les ONG et bailleurs
de fonds se sont bousculés sur certains sites (Korup par exemple), d’autres ont eu beaucoup de mal à
trouver une institution partenaire pour le financement complémentaire ou la mise en œuvre des objectifs
de conservation.

Les problèmes récurrents de gestion des aires protégées sont liés au manque de moyens matériels et
humains, l’inapplication et parfois l’inadéquation des réglementations en vigueur ; les actions
anthropiques constituent une des plus graves menaces à la protection des aires protégées.

76
6- LA VOCATION DES TERRES FORESTIERES

6.1. Planification des terres

Le plan de zonage s'inscrit dans le cadre d'une démarche visant la rationalisation de


l'utilisation du territoire forestier Camerounais en vue de freiner le développement
désordonné constaté (Côté, 1992).

L'objectif global du plan est de délimiter les zones à vocation :

- Forestières,
- de conservation de la nature,
- agricole et agro-forestières,
- agro-industrielles,
- minières,
- récréatives.

Cet exercice de planification spatiale a conduit à la délimitation du domaine forestier


National Permanent.

Pour l'élaboration du plan de zonage, une équipe multidisciplinaire à été mise sur
pied rassemblant les représentants des ministères et organismes suivants :

- Ministère de l'Environnement et des Forêts (MINEF)


- Ministère du Plan et de l'Aménagement du Territoire (MINPAT)
- Ministère de l'Urbanisme et de l'Habitat (MINUH)
- Ministère du Tourisme (MINTOUR)
- Ministère de l'Agriculture (MINAGRI)
- Ministère de l'Élevage, des Pêches et de l'Industrie Animales (MINEPIA)
- Ministère des Mines, de l'Eau et de l'Énergie (MINMEE)
- Ministère de l'Administration Territoriale (MINAT)
- Ministère de Travaux Publics (MTPT)
- Institut des Recherches Agricoles pour le Développement (IRAD)

Ces représentants avaient pour tâches de :

- fournir des informations relatives aux différents projets planifiés dans leurs
secteurs d'activités respectif ,
- approuver la méthode de travail proposée,
- discuter des propositions d'affectation des terres,

77
Le plan de zonage ainsi proposé a fait l'objet d'un consensus au sein des parties
impliquées au niveau technique.

La méthode retenue, basée sur une approche écologique est fondée sur la
reconnaissance des variables environnementales essentielles qui correspondent
aux facteurs permanents du milieu : bioclimat, géomorphologie, pédologie,
auxquels viennent s’ajouter les informations relatives à l’organisation et l’occupation
humaine du territoire ainsi que les aptitudes agricoles, forestières, minières et
touristiques, etc…

La réalisation complète du plan de zonage repose sur la confection de plusieurs


cartes thématiques dont la superposition et l'intégration a conduit au zonage du
territoire forestier du Cameroun méridional. Le travail a été réalisé à l'échelle
1/200,000 compte tenu des informations disponibles et le plan de zonage définit les
vocations prioritaires, ce qui n'exclut pas un aménagement intégré permettant la
tenue d'autres activités dans la mesure où celle-ci n'entreront pas en conflit avec la
vocation prioritaire.

Répartition des superficies dans le plan de zonage

Les types d'affectations identifiées au plan de zonage sont les suivants :

A l'intérieur du Domaine Forestier Permanent :

- les parcs et réserves


- les forêts de protection
- les forêts d'enseignement et de recherche
- les forêts destinées à la production des bois
- les forêts des collectivités publiques

A l'extérieur du Domaine Forestier Permanent :

- les zones d'influence de l'occupation humaine (habitation, agriculture, agro-


foresterie, zones industrielles, forêts du domaine national, ...),
- les zones agro-industrielles,
- les zones d'exploitation minière,
- les bassins d'inondation des projets hydroélectriques.

Suite à l'élaboration du plan de zonage, les différentes feuilles au 1/200,000 ont été
planimétrés par affectation. Ces résultats sont présentés au Tableau 1.

Il en ressort que parmi 140,111 km² zonés, le domaine forestier permanent couvre
une superficie de 89,836 km², soit 64,22 % du territoire concerné. Si on retranche
les

78
enclaves prévues à l'intérieur de ces zones (Af-RF, Af-Rf, Af-Pn), il reste une
superficie de 89,113 km² qui devrait être couverte de forêts de façon permanente,
soit 63,60 % du territoire couvert.

Tableau 14 : Répartition des superficies du plan de zonage par affectations

Superficie Pourcentage
Type d'affectation
(km²) (%)
zone d'occupation humaine (Af) 44,174 31,53
zone d'occupation humaine et agro-industrielle
378 0,27
(Af-AI)
zone d'occupation humaine et exploittaion
4,021 2,87
minière ( Af-Em)
zone d'occupation humaine et projet de réserve
124 0,09
de faune (Af-Rf)
zone d'occupation humaine et réserve de faune
360 0,26
(Af-Rf)
zone agro-industrielle (AI) 779 0,56
projet agro-industriel (Ai) 179 0,13
zones d'exploitation minière (EM) 670 0,48
projet hydro-électrique (Hy) 75 0,05
forêts d'enseignement et de recherche (Fe) 344 0,25
forêts de protection (Fp) 5,576 4,12
forêts de récréation (Fr) 122 0,09
forêt de production (Fx) 60,246 43,00
forêt de production et exploitation minière (Fx-
688 0,49
Em)
projet de sanctuaire (Ps) 235 0,17
réserves écologiques intégrales (Ré) 2,354 1,68
réserves de faune (RF) 6,693 4,78
projets de réserves de faune (Rf) 7,158 5,11
réserves de faune et forêt de protection (RF-Fp) 299 0,21
projet de réserve de faune et forêt de protection
124 0,09
(Rf-Fp)
projet de réserve de faune et réserve
206 0,15
écologique intégrale (RF-Ré)
forêt de collectivité (Fc) 2,752 1,96
forêt de collectivité et exploitation minière (Fc-
93 0,07
Em)
Parc National (Pn) 2,023 1,44
Occupation humaine et parc national (Af-Pn) 239 0,17
Total du territoire zoné 140,111 100,00
Domaine forestier permanent (DFP) 89,836 64,12
DFP dans le domaine privé de l'État 86,647 62,09

6.2 Terres à vocation de production forestière

Les forêts destinées à la production des matières ligneuses (Fx et Fx-Em) occupent
pour leur part une superficie de 60,934 km², soit 43,5 % de l'ensemble du territoire

79
zoné. Ces forêts devront être aménagées et exploitées sur la base d'un rendement
soutenu, conformément à la nouvelle politique forestière. Ces zones devront donc
faire l'objet d'un découpage en vue de la délimitation des concessions qui seront
octroyées dans le cadre de contrats d'aménagement-exploitation. De façon globale,
en supposant une récolte à l'hectare de 10 m3/ha et une rotation de 40 ans, la
possibilité annuelle de coupe à l’intérieur des forêts destinées à la production de
matière ligneuse serait donc de l'ordre de 1,5 millions de mètres cubes.

Quant à la dispersion de ces forêts de production à l'intérieur du territoire couvert


par le plan de zonage, on constate aisément qu'elle ne s'avère pas uniforme. Cet
état de fait est la conséquence de l'occupation humaine du territoire dont le niveau
de pénétration est plus intense dans le Centre et vers le Littoral, qui constituent de
plus des régions où les taux d'accroissement de la population sont les plus élevés.
D'autre part, les massifs forestiers restant destinés à la production de matière
ligneuse dans la partie ouest du plan zonage, sont formés en grande partie des
forêts actuellement ou récemment exploitées et dont l'état est tributaire de
l'exploitation forestière de type minière passée et présente.

Dans ce contexte, il sera probablement impossible d'assurer un approvisionnement


à long terme pour l'ensemble des unités de transformation du Littoral et du Centre,
dans des zones proches de leur localisation actuelle. Cette situation qui découle
d'une gestion à court terme, d'avantage basée sur les besoins de l'industrie plutôt
que sur le potentiel offert par les ressources, rendra l'aménagement de ces massifs
problématique, étant donné que le stock disponible pour l'approvisionnement à
brève échéance s'avère déjà appauvri.

Le territoire forestier a été découpé en 90 blocs forestiers d'aménagement appelés


Unités Forestières d'Aménagement (UFA) destinées à être gérées durablement. Les
superficies de ces UFA varient de 300 km² à 1,600 km² ha.

Sur le plan juridique et pour sécuriser leurs différents plans d'aménagement, elles
seront classés au domaine privé de l'État (délivrance des titres fonciers au profit de
l'État) et seront attribuées aux opérateurs en concession.

Les premières UFA ont été attribuées aux enchères en novembre 1997 ; cette
attribution a porté sur 26 UFA soit une superficie totale d’environ 20,000 km² . La
mise aux enchères a été vivement critiquée par beaucoup d’opérateurs (Carret,
1998) ; le WRI (1998) par exemple a relevé que 70% des UFA n’ont pas été
attribuées aux meilleurs enchérisseurs ce qui aurait causé un manque à gagner
potentiel d’un peu moins de 2 milliards de francs CFA.. Beaucoup de dossiers bien
classés par la Commission Interministérielle d’attribution des concessions n’ont pas
80
connu de suite favorable. Des personnalités nationales importantes (Députés,
Généraux de l’armée, etc…) ont obtenu des UFA et pour beaucoup, les ont
immédiatement proposées aux entreprises en échange d’une redevance de
fermage. Par ailleurs, certaines UFA ont fait l’objet d’exploitation sous forme de
licences ou ont été grignotées par des ventes de coupe et gré à gré, ce qui pourrait
compromettre la mise en œuvre des plans d’exploitation durables.

Pour la poursuite du processus de zonage, les étapes ci-après ont été préconisées :

- la préparation d'un texte de loi qui donnera une valeur légale au zonage
- la mise sur pied d'une véritable campagne de sensibilisation et d'information
sur le plan de zonage auprès des différentes administrations et des
populations ;
- dès l'adoption du texte de loi, le début du processus de matérialisation des
limites du Domaine Forestier Permanent. Le texte de loi précisera que les
limites proposées pourront être modifiées pour mieux correspondre aux
réalités du terrain. Toutefois la répartition des superficies prévues pour les
forêts du Domaine Forestier Permanent devra rester telle que planifiée ;
- l'élaboration des plans d'aménagement dans le Domaine Forestier
Permanent ;
- l'élaboration des micros projets permettant la récolte de nouvelles données
pour une meilleure connaissance du territoire et un aménagement rationnel
de la zone d'occupation humaine.

Seule la première étape peut être considérée comme réalisée à ce jour. En effet, le
décret n° 95/678/PM instituant un cadre indicatif d’utilisation des terres en zone
forestière méridionale reconnaît ce plan comme base pour les démarches
subséquentes.

Le plan de zonage a permis de délimiter le domaine forestier permanent où seront


entreprises des actions concrètes en matière d'aménagement forestier, ce qui
permettra de sauver les forêts du Cameroun.

Il devait également permettre de susciter une prise de conscience de la


problématique actuelle en matière d'utilisation du territoire et d'orientation des
décideurs politiques, d'orienter et de délimiter dans l'espace les informations à
récolter pour la planification au niveau local.

Dans la pratique on constate que le zonage demeure figé. Même s'il a été adopté
par l'Assemblée Nationale, le plan de zonage du Cameroun méridional n'a pas
encore été matérialisé sur le terrain.

81
Des conflits apparaissent entre le plan de zonage et les modes d'occupation
actuels. Les travaux de sensibilisation des autres administrations et de mise en
cohérence des diverses initiatives basées sur l'usage d'un même espace demeurent
fragmentaires.

6.3 Réseau d’aires protégées

Les aires protégées ont été créées à partir des années 30 ; pour beaucoup d’entre
elles, le classement n’est intervenu que dans les années 60 à 70. Entre 1988 et
1998, le réseau des aires protégées n’a pratiquement pas évolué. Ce réseau couvre
une superficie totale d’environ 42,329 km², représentant près de 9% du territoire
national. La répartition se présente comme suit :

Types d’aires protégées Nombre Superficie (km²)


- Parcs nationaux 07 10,309
- Réserves de faune 07 10,030
- Zones cynégétiques 26 22,000
- Jardins zoologiques 03 4
Total 43 42,343

Trois de ces aires protégées sont inscrites comme réserves de la biosphère (Waza,
Dja, Benoué). Les parcs de Waza et la réserve de faune du Dja sont classés comme
sites du patrimoine mondial.

De nombreux projets de classement des aires protégées, aussi bien pour la faune
que la flore sont envisagés dans le Plan d’Action Forestier National (MINEF, 1995).
Ils concernent les forêts de production (26,470 km²), les forêts de protection (4,508
km²), les forêts d’enseignement et de recherche (2,000 km²), les réserves
écologiques intégrales (2,305 km²), etc…

Le tableau 15 présente les aires protégées classées et leurs localisations.

Tableau 15 : Liste et localisation des principales aires protégées

Nom de l’aire protégée Superficie Date de Localisation

82
(km²) création
Parc national de Waza 1,700 1932-1968 Waza
Parc national de Kalamaloué 45 1932-1968 Kousseri
Parc national de Mozogo 14 1932-1968 Mozogo
Parc national de la Benoué 180 1932-1968 Benoué
Parc national du Faro 3,300 1948-1980 Faro
Parc national de Bouba-Ndjida 2,200 1932-1968 Tcholliré
Parc national de Korup 1,259 1960-1986 Mudemba
Réserve de faune du Dja 5,260 1950 Somalomo
Réserve de faune de Campo 3,300 1932 Campo
Réserve de faune de Douala Edea 1,600 1932 Mouanko
Réserve de faune de Santchou 70 1964 Santchou
Réserve de faune de Kimbi 56 1964 Kimbi
Réserve de faune du lac Ossa 40 1968 Dizangue
Réserve forestière du cratère Mbi 4 1964 Bui
Zoo de Yaoundé 0,02 1951 Yaoundé
Zoo de Limbé 0,005 1885 Limbé
Zoo de Garoua 0,015 1966 Garoua

Source : MINEF, 1995.

83
7 - LES SITES CRITIQUES

7.1 - Définition et critères d'évaluation

Les "sites critiques" sont des "aires d'une importance particulière en terme de diversité
biologique, pour la conservation d'espèces menacées de disparition ou pour la
protection des systèmes biologiques servant de base au développement de la vie"
Doumenge (1998).

Le développement des pays d'Afrique Centrale est largement fondé sur l'utilisation des
ressources naturelles de la région. Il ne peut être durable que dans la mesure où
l'utilisation des ressources, en particulier forestières, est rationnelle et ménage la
capacité de charge du milieu. Le développement durable en question doit tenir compte
d'objectifs tels que présentés dans la Stratégie Mondiale de la Conservation (1980),
repris et étendus dans "Sauver la Planète : Stratégie pour l'avenir de la vie" (UICN et
al., 1991). Ces objectifs se résument ainsi qu’il suit :

1. maintenir les processus écologiques essentiels et les systèmes vitaux dont


dépendent la survie et le développement humain,

2. préserver la diversité biologique dont dépendent la variété et le fonctionnement de


ces processus,

3. respecter la capacité de régénération des ressources naturelles pour assurer une


utilisation durable des espèces et des écosystèmes qui sont à la base de
nombreuses activités tant traditionnelles qu'industrielles.

Toute communauté humaine ne peut se développer durablement que si les systèmes


vivants dont elle dépend sont préservés. A cette fin, il est nécessaire de déterminer un
réseau de sites qui, s'ils sont correctement protégés et gérés, permettront la
conservation du maximum de la diversité biologique du pays, ainsi que la permanence
des systèmes écologiques en question.

La sélection des sites critiques pour la conservation des forêts est d'abord basée sur la
reconnaissance des zones supportant de vastes surfaces de forêts primaires. Les forêts
denses humides primaires sont en effet les écosystèmes les plus riches de la planète.
Comparativement aux forêts secondaires, elles renferment un plus grand nombre
d'espèces dans un meilleur état de conservation. Certaines de ces forêts sont plus
diversifiées que d'autres mais leur composition floristique et faunique est variable sur
l'étendue des pays et de la région. Des végétations non forestières apportent aussi leur

84
contribution à la diversité biologique totale. Afin d'inclure dans le réseau de sites
critiques le maximum de la diversité biologique et écologique, il est nécessaire d'y
inclure ces divers types d'écosystèmes (mangroves, forêts marécageuses, formations
arbustives et herbeuses, etc.).

Les forêts de collines et de montagnes sont d'une importance particulière pour la


captation des eaux dans ces zones de précipitations abondantes. Elles permettent de
réguler les écoulements des fleuves dont dépendent de nombreuses populations en
aval, de protéger les têtes de sources, de limiter l'érosion des sols. Certaines
formations montagnardes et submontagnardes ne portent pas une végétation
forestière, mais renferment de nombreux oiseaux et amphibiens endémiques. Des
écosystèmes tels que les mangroves sont d'une importance particulière en tant que
zones de reproduction des poissons et des crevettes, d'une importance capitale pour la
pêche. Toutes ces zones forestières jouent un rôle important dans le maintien des
processus écologiques et sont prises en compte à ce titre dans le réseau de sites
critique.

En fait, tous ces sites critiques répondent d'une manière ou d'une autre à l'un ou l'autre
de ces critères. Afin de rationaliser ce choix, et d'indiquer par la suite un ordre
d'importance et d'urgence d'intervention, un ensemble de critères et d'indicateurs ont
été appliqués. Ils sont classés en 2 groupes:

• valeur biologique et écologique, mesurée par:


1. la diversité biologique et écologique,
2. l'endémisme,
3. la rareté de l'habitat et des espèces,
4. la taille des populations;

• degré de dégradation et de menaces, mesuré par:


1. le degré de dégradation,
2. l'isolement des habitats,
3. le degré de protection,
4. l'isolement géographique.

Une valeur (1, 3 ou 5) est affectée par site à chaque indicateur. On calcule ensuite la
somme par critère : valeur biologique et écologique, puis degré de dégradation et de
menaces. Des totaux élevés indiquent respectivement une haute valeur biologique et
écologique, donc l'importance du site dans le réseau, et un degré de dégradation et de
menaces élevé, donc l'urgence d'intervention pour la protection du site. Le total

85
général des deux critères permet de classer les sites en combinant à la fois
l'importance biologique et l'urgence de protection.

La méthode de classement et le détail des indicateurs sont précisés en annexe. Ces


classements sont basés sur des avis d'expert intégrant un vaste ensemble de
paramètres. Ils pourront être vérifiés ultérieurement et affinés lorsqu'une méthode
standardisée sera définie plus précisément et lorsque suffisamment de données de
base cohérentes et comparables seront disponibles. Cela n'est pas encore le cas. On
estime toutefois que ce début de rationalisation du classement des sites critiques est
suffisamment fiable pour procurer une bonne base aux prises de décision pour actions.

Tableau 16 : Classement des sites critiques du Cameroun par score décroissant

Site Valeur Menaces Total


Numéro
1 Mont Cameroun 18 12 30
2 Douala-Edéa 10 18 28
3 Oku 10 16 26
4 Campo-Ma'an 14 10 24
5 Koupé 12 12 24
6 Yaoundé 6 18 24
7 Korup 16 6 22
8 Bakossi 12 10 22
9 Dja 12 10 22
10 Lokoundjé-Nyong 10 12 22
11 Nlonako 10 12 22
12 Tchabal Mbabo 8 14 22
13 Banyang Mbo 10 10 20
14 Manengouba 4 16 20
15 Mawne 4 16 20
16 Boumba Bek-Nki 12 6 18
17 Ayos 8 10 18
18 Mbam et Djérem 8 10 18
19 Rumpi 8 10 18
20 Takamanda 8 10 18
21 Lobéké 10 6 16
22 Rio del Rey 8 6 14
23 Nta Ali 6 8 14

7-2 État actuel du réseau

86
Le réseau de sites critiques identifié pour la conservation de la biodiversité et des systèmes écologiques
forestiers du Cameroun s’étend sur près de 37.000 km2 soit environ 8% du territoire national. Un peu plus
de 15.000 km2 de ses sites ont été classés alors que plus de la moitié n’est pas encore classée.

Ce réseau comporte des sites à valeur internationale, nationale ou locale. Il comprend la plupart des
sites identifié en 1988 (Gartlan, 1989) auxquels ont été ajoutés quelques sites notamment en zone de
contact forêt savane (Ayos, Yaoundé,...). Plusieurs sites ont été identifiés dont l’importance peut être
considérée comme locale (Tabenken, forêts sacrées des chefferies en pays Bamiléké). D’autres sites tels
le Lac Ossa (malgré son statut de réserve aviaire) et de nombreux lacs de cratère (Mbi ...) ne sont pas
traités en détail dans ce réseau ; il en est de même des sites de grande importance situé hors de la zone
forestière. Néanmoins, des actions spécifiques au niveau local doivent être entreprises pour leur gestion
conservatoire. D’ailleurs il existe des structures administratives de gestion sur certains de ces sites.

Le réseau des sites critiques proposé comprend toutes les grandes formations floristiques de la partie
forestière du Cameroun. Il s’agit du capital minimum de biodiversité à préserver pour conserver au mieux
les potentialités forestières nationales. Ce sont également les principales réserves de la faune. La faune
fournit aussi des opportunités de développement touristique dans le Sud du pays de même que
l’écotourisme dont les potentialités sont globalement inexplorées à présent.

Quelques sites identifiés ont une importance dépassant largement le cadre national. Le complexe du
Mont Cameroun et le Parc National de Korup sont les plus significatifs à cet égard.

De même, de par leur position aux frontières les sites de Lobeké, Campo-Ma’an, Korup, offrent des
possibilités de collaboration pour une gestion concertée des sites transnationaux dont il convient de
définir les contours.

De manière générale, les sites sont en moyenne plus petits en zone montagneuse, plus grands dans les
blocs forestiers de basse et moyenne altitude. La diversité biologique et l’endémisme sont généralement
plus importants sur les reliefs que dans les plaines, mais les sites montagneux sont plus fréquemment
isolés au milieu d’habitats très dégradés. Le Mont Cameroun, devrait faire l’objet d’un intérêt particulier
pour la conservation car il contient en son sein toute la gradation des formations végétales depuis les
basses altitudes jusqu’aux étages montagnard à subalpin.

Si certains de ces sites sont déjà classés, bon nombre d’entre eux attendent encore de l’être.
L’élaboration des plans de gestion et d’aménagement n’est en cours que sur un petit nombre de sites
bénéficiant d’un projet de conservation/développement avec soutien financier international (Dja, Korup,
Mont Cameroun), tous les sites du projet GEF. Ailleurs, et bien qu’un tel plan soit requis par les
législations sur les forêts classées ou les aires protégées, cette disposition légale n’est pas appliquée.

87
Diverses formes d’exploitation peu ou pas réglementées, sévissent dans les sites. Exploitation forestière
et chasse sont les deux principales causes de la dégradation des ressources, la première ayant un
impact plus important dans la zone littorale comparativement à l’intérieur des pays. La chasse
commerciale profite des voies de pénétration ouvertes par les forestiers pour pénétrer de plus en plus
vers l’intérieur et menacer les sites jusqu’à présent plus ou moins protégés par leur isolement (Lobéké,
Boumba-bek...). L’agriculture sur brûlis n’est vraiment destructive qu’au voisinage des centres urbains et
dans les zones montagneuses densément peuplées dans l’Ouest (Oku, Manengouba, Nlonako...)

7.3- Évolution durant la décennie 1988-1998

Depuis 1988, le réseau des sites critiques du Cameroun n’a pas subi des modifications importantes.
Dans l’ensemble les connaissances ont été améliorées et des activités de terrain engagées sur plusieurs
sites. Par rapport à la première identification, quelques sites ont été supprimés par ce qu’ils ont perdu de
leur valeur (Bonepoupa, ...) ou parce qu’ils ne présentent qu’un intérêt local, ou parce que leur valeur
forestière est limitée (Barombi Mbo, Lacs de cratères...).

La grande innovation réside dans le regroupement de certains sites pour constituer des ensembles plus
grands et facilement gérables. C’est le cas de ceux constituant maintenant les complexes du Mont
Cameroun (Mont Cameroun, et Rivière Mokoko, Rivière Onge et région du mont Etinde) ; de même, Nki
et Boumba Bek devraient être reliés par des corridors pour former ensemble un site critique à plus haute
valeur biologique

De nouveaux sites ont été ajoutés au réseau de 1988, afin de combler certaines lacunes (les Collines de
Yaoundé, les marécages du Haut Nyong, Lokoundje Nyong,...)

Les connaissances sur ces sites ont progressé, tant en ce qui concerne la faune que la flore, mais de
façon très inégale. Les sites favorisés sont ceux qui ont bénéficié de projets de terrain, en particulier le
site ECOFAC (Dja) et le Parc National de Korup, le Mont Cameroun, et les sites du projet GEF (Campo,
Koupé, Kilum-Ijim, ...). Les sites ayant bénéficié de tels projets ou ceux bénéficiant d’une certaine
protection naturelle du fait de conditions géomorphologiques ou d’un isolement géographique, sont aussi
les seuls pour lesquels la situation sur le terrain a été stabilisée ou améliorée. Toutefois, les résultats
observés ne sont pas toujours à la hauteur des moyens engagés ; ainsi, sur le plan de la conservation,
les sites du Dja et de Korup ont un résulta plutôt mitigé. En effet, le manque de coordination observé
entre les différents volets du projet et entre les bailleurs de fonds ou agence d’exécution n’a pas permis
une bonne capitalisation des acquis.

Dans la grande majorité des cas, l’exploitation des ressources naturelles a augmentée au cours de la
décennie passée, sans que soient effectivement mis en place les garde-fous nécessaires pour une
utilisation raisonnée et durable des ressources naturelles en conformité avec les nouvelles politiques et

88
législations qui mettent pourtant l’accent sur la protection et l’exploitation durable des forêts. Mais cette
volonté politique tarde à se concrétiser sur le terrain.

Le principal point d’amélioration qu’il convient de souligner concerne les statuts de protection accordés à
certains site. Ce classement devrait permettre de procurer un cadre légal plus contraignant que partout
ailleurs pour la protection et l’utilisation rationnelle des ressources forestières des sites. Mais la définition
d’un statut de protection bien que nécessaire, s’avère totalement insuffisante pour la protection des
ressources et leur gestion rationnelle du fait de fortes pressions d’exploitation et de l’insuffisance de prise
en compte des valeurs des sites critiques dans les décisions d’affectation des terres.

Les sites sont connus et reconnus par les administrations en charge des aires protégées mais ne sont
soit pas connus, mais surtout pas pris en compte par les autres institutions étatiques et privés. Seule, la
présence des projets internationaux sur les sites mêmes arrive à freiner quelque peu les appétits de
certains exploitants forestiers ou limiter la pression de chasse (cas de la réserve du Dja et du Mont
Cameroun).

Presque partout, l’exploitation forestière s’est répandue, sauf dans certaines zones difficiles d’accès. La
chasse a suivi invariablement l’ouverture des voies de pénétration et les activités forestières. Les autres
pressions, agricoles ou extractivistes, ne se sont avérées importantes que localement

Le manque de synergies entre les projets internationaux et les administrations locales est fréquent ; cela
pose le problème de la conception même de ces projets, de leur rôle, limité dans le temps, par rapport
aux gestionnaires nationaux et de la mise en place d’une transition douce "d’après projet".

Ces projets de conservation/développement constituent généralement d’importants laboratoires pour


l’expérimentation et l’identification des problèmes ainsi que des voies et moyens pour la mise en œuvre
des nouvelles politiques forestière en matières de conservation, d’exploitation durable, de foresterie
communautaire et de cogestion. C’est le cas par exemple du projet Mont Cameroun pour la gestion
communautaire ou des projets ECOFAC/Dja, GEF/Sud-est, etc. pour les préparations de plans
d’aménagement des réserves.

7.4- Perspectives

La consolidation et le développement des sites critiques identifiés passent par l’octroi des statuts légaux
adéquats et en particulier au classement des sites qui ne le sont pas encore.

Face aux pressions diverses pour le déclassement ou l’exploitation privé de certaines ressources, il est
important de rechercher l’adhésion des hommes politiques de haut niveau et de la société civile.

89
Les sites critiques identifiés dans le Cameroun méridional ont été pris en compte par le décret 95/678/PM
instituant un cadre incitatif d’utilisation des terres en zone forestière méridionale, qui constitue une
volonté d’intégration effective dans les plans d’affection des terres. Les autres sites devront être pris en
compte dans toute nouvelle initiative de planification du territoire.

Mise en place des structures de gestion locales

La quasi- totalité des sites classés et gérés le sont officiellement par l’Administration. Certains droits
d’usage sont reconnus officiellement aux populations locales, mais la reconnaissance de la nécessité de
les intégrer à la gestion des sites n’est pas encore effective. Les projets en place sur les Monts
Cameroun et Oku, par exemple, ont pourtant accumulé une expérience et des connaissances
importantes dans le domaine de la gestion communautaire des ressources. Il en va de même des projets
SNV et IUCN en périphérie du Dja. Mais la prise en compte de ces connaissances dans les processus de
mise en œuvre des législations n’est pas encore totalement effective. Les sites critiques devraient
devenir des sites pilotes pour la mise en place de systèmes de cogestion avec les différents acteurs en
présence en leur sein et en périphérie.

Coordination entre sites

La mise en place des sites transfrontaliers permettrait :


• d’augmenter la superficie protégée d’un seul bloc, d’augmenter la valeur des sites et la possibilité de
conservation d’échantillons suffisamment importants des écosystèmes forestiers ;

• d’initier une collaboration entre organismes de recherche ou de gestion pour la collecte d’information,
la mise en cohérence des données et leur comparaison, la mise en place de programmes de
recherche communs ou tout au moins coordonnés. Cela permettrait aussi de faciliter la diffusion des
connaissances et des informations entre ressortissants des pays voisins, souvent gênés par une
relative imperméabilité des frontières ;

• de mettre en place un cadre de collaboration entre les responsable de la gestion des sites pour des
activités plus efficaces de suivi biologiques ou d’activités humaines, de contrôle, d’activités de gestion
et d’aménagement ;

• de mettre en cohérence les textes de lois définissant le statut des sites, et aussi de s’appuyer
mutuellement pour la mise en place de législations adaptées aux conditions locales ;

• de concrétiser le processus de concertation et de coordination entamé par la CEFDHAC à un haut


niveau, par des actions de terrain en accord avec ce processus.

IL serait tout aussi utile de favoriser la collaboration entre sites non contigus mais situés dans le même
contexte environnemental et humain, par exemple, on pourrait mettre en place plusieurs petits réseaux
regroupant les sites ou les aires protégées de la partie montagneuse du pays, ou celles de la zone
littorale, ou encore celles du bloc forestier Sud et Est, et celles de la zone de contact forêt- savane. Cela
pourrait constituer un pas vers la planification stratégique nationale des aires protégées.

90
CARTE DES SITES TRANSFRONTALIERS

91
Développement des projets et continuité

Le besoin du soutien international pour la mise en œuvre des politiques de conservation et d’utilisation
durable des ressources naturelles est important. Cet appui prend en particulier la forme de projets de
conservation/développement. Toutefois, les cadres institutionnels de préparation et d’exécution de ces
projets ne facilitent pas toujours leur bonne intégration dans le contexte institutionnel local. De plus, la
durée des projets pose régulièrement la question de continuité des activités et de durabilité des résultats.
Une réflexion commune des différents partenaires et, très probablement, une évolution des contextes
institutionnels sont nécessaires.

Priorités d’investissement et d’action

Afin de procurer une base de réflexion aux décideurs quant à l’affectation des moyens humains et
financiers pour la gestion et l’aménagement des sites critiques, nous avons réalisé une évaluation selon 2
ensembles de critères : d’une part, la valeur biologique et écologique (Tableau 17), et d’autre part, le
degré de dégradation et de menaces pesant sur les sites (Tableau 18). Le résultat synthétique de cette
évaluation est présenté sur la Figure 6. Le détail des évaluations est fourni par le Tableau 19.

Le premier indicateur souligne l’importance biologique des sites, le second l’urgence d’intervention. Le
quart Nord-est de la figure inclue les sites à la fois plus riches et menacés que la moyenne (Bakossi, Dja,
Douala-Edéa, Oku): ceux qui devraient être dotés les premiers, ou dont les actions en cours devraient
être prolongées jusqu’à stabilisation de l’état des ressources. Le quart Nord-ouest renferme les sites de
valeur biologique inférieure mais plus menacés que la moyenne (Manengouba, Yaoundé, Mawne,
Tchabal Mbabo, Mbam et Djerem),. Le quart Sud-est rassemble quant à lui les sites plus riches et moins
menacés que la moyenne (Korup, Boumba-bek-Nki, Lobéké, Campo, Banyang Mbo). L’investissement
restant devrait être plus ou moins partagé entre ces 2 catégories, avant d’être éventuellement affecté aux
sites du quart Sud-ouest (Nta-ali, Rio del Rey, Takamanda, ).

Le redéploiement des moyens humains et financiers des institutions nationales vers le terrain constitue
un problème d’actualité. Si la gestion peut être décentralisée en partie au bénéfice des populations
rurales, l’État doit garder la maîtrise de certains sites et développer des activités d’appui à ces
populations ainsi que de suivi et de contrôle. Ces activités ont un coût non négligeable. L’appui
international doit donc se poursuivre, en particulier sur les sites d’une valeur internationale pour la
conservation de la biodiversité. Les instruments légaux que sont la convention sur les sites du patrimoine
mondial, la Convention de Ramsar ou la Convention sur la Biodiversité, devraient servir de cadre légal à
cette collaboration internationale.

92
Figure 6 : Matrice des sites en fonction de leur valeur et des menaces qu’ils
subissent

93
Tableau 17 : Critères et indicateurs de valeur biologique et écologique des sites

1. Diversité biologique Elevée (5 ou plus types de végétation et/ou végétation 5


et écologique riche; diversités floristique et faunique élevée)
Moyenne (3-4 grands types de végétation et/ou richesse 3
moyenne; diversités floristique et faunique moyenne)
Faible (1-2 grands types de végétation et/ou végétation 1
pauvre; diversité floristique et faunique relativement
faible)
2. Endémisme Elevé (plusieurs espèces endémiques et/ou espèces 5
endémiques du site; nombreuses sous-espèces
endémiques)
Moyen (rares espèces endémiques et/ou espèces 3
endémiques débordant un peu du cadre strict du site;
quelques sous-espèces endémiques)
Faible (peu ou pas d'espèces endémiques et/ou des 1
espèces endémiques régionales; rares sous-espèces
endémiques)
3. Rareté de l'habitat et Elevée (habitat ou zone spécifique ne se rencontrant que 5
des espèces dans 1-3 sites, bien représenté dans le site; présence de
plusieurs espèces rares)
Moyenne (habitat ou zone spécifique se rencontrant dans 3
quelques sites, ou habitat rare mais pas très bien
représenté dans le site; présence d'une espèce rare)
Faible (habitat ou zone spécifique assez largement 1
représentés; pas d'espèce rare)
4. Taille des 2 5
Grande (site très étendu, dépassant 3.000 km , et/ou
populations populations importantes)
2 3
Moyenne (site de taille moyenne, entre 1.000-3.000 km ,
et/ou populations de taille moyenne)
2 1
Petite (site petit, inférieur à 1.000 km , et/ou populations
peu importantes)

94
Tableau 18 : Critères et indicateurs de dégradation et de menaces pesant sur les
sites

5. Degré de Elevé (plus de 50 % du site dégradé et/ou très 5


dégradation importantes dégradations plus localisées)
Moyen (entre 10 et 50 % du site dégradé et/ou de façon 3
pas trop importante)
Faible (moins de 10 % du site dégradé et/ou faiblement 1
ou pas du tout)
6. Isolement des Elevé (site isolé au milieu d'habitats très dégradés) 5
habitats
Moyen (site entouré d'habitats plus ou moins dégradés) 3
Faible (site entouré d'habitats bien conservés) 1
7. Degré de protection Faible (pas de texte de loi, pas de protection effective 5
par l'administration ou les populations locales et/ou pas
de protection naturelle)
Moyen (texte de loi, pas ou peu de protection effective 3
par l'administration ou les populations locales et/ou
protection naturelle assez peu importante ; voire
protection plus ou moins effective mais sans texte de loi)
Elevé (texte de loi, protection effective par 1
l'administration ou les populations locales et/ou
protection naturelle importante)
8. Isolement Elevé (site éloigné de plus de 150 km environ d'autres 5
géographique sites critiques)
Moyen (présence d'autres sites critiques à plus ou 3
moins grande distance)
Faible (site entouré d'autres sites critiques à à moins de 1
50 km environ et/ou sites jointifs)

95
Tableau 19 : Évaluation des sites critiques du Cameroun

Sites Valeur Menaces Total


1 2 3 4 S-total 5 6 7 8 S-total
Ayos 1 1 5 1 8 1 3 3 3 10 18
Bakossi 3 3 5 1 12 1 3 5 1 10 22
Banyang Mbo 3 3 3 1 10 1 3 5 1 10 20
Boumba Bek-Nki 3 1 3 5 12 1 1 3 1 6 18
Cameroun 5 5 5 3 18 3 5 3 1 12 30
Campo-Ma'an 5 1 3 5 14 3 1 3 3 10 24
Dja 3 1 3 5 12 1 3 3 3 10 22
Douala-Edéa 3 1 3 3 10 5 5 5 3 18 28
Korup 5 3 5 3 16 1 1 3 1 6 22
Koupé 3 3 5 1 12 3 5 3 1 12 24
Lobéké 3 1 3 3 10 1 1 3 1 6 16
Lokoundjé-Nyong 1 3 3 3 10 3 3 3 3 12 22
Manengouba 1 1 1 1 4 5 5 5 1 16 20
Mawne 1 1 1 1 4 5 5 5 1 16 20
Mbam et Djérem 1 1 1 5 8 1 1 3 5 10 18
Nlonako 3 3 3 1 10 3 5 3 1 12 22
Nta Ali 3 1 1 1 6 1 3 3 1 8 14
Oku 1 3 5 1 10 5 5 3 3 16 26
Rio del Rey
Rumpi 3 1 3 1 8 3 3 3 1 10 18
Takamanda 3 1 3 1 8 3 3 3 1 10 18
Tchabal Mbabo 3 1 3 1 8 3 3 3 5 14 22
Yaoundé 1 1 3 1 6 5 5 3 5 18 24

96
CARTE DES SITES

97
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100
CEFDHAC - Processus de Brazzaville

LA GESTION DES ECOSYSTEMES FORESTIERS


DU CAMEROUN A L’AUBE DE L’AN 2000

Volume 2
(Monographies des sites critiques et annexes)

Timothée FOMETE NEMBOT

Zachée TCHANOU

Décembre 1998

IUCN, Yaoundé, Cameroun.


MONOGRAPHIES DES SITES CRITIQUES

SOMMAIRE

Pages

1. AYOS 105

2. BAKOSSI 111

3. BANYANG MBO 115

4. BOUMBA-BEK ET NKI 120

5. CAMEROUN 127

6. CAMPO / MA’AN 145

7. DJA 155

8. DOUALA – EDEA 163

9. KORUP ET EJAGHAM 170

10. KOUPE 184

11. LOBEKE 196

12. LOKOUNDJE NYONG 202

13. MANENGOUBA 210

14. MAWNE 218

15. MBAM ET DJEREM 213

16. NLONAKO 221

17. NTA-ALI 225

18. OKU 230

19. RIO DEL REY 240

20. RUMPI 243

21. TAKAMANDA 249

22. TCHABAL BABO 254

23. YAOUNDE 259

ANNEXES 264
AYOS
(Forêt marécageuse du Haut-Nyong)

Situation géographique
Le massif s'étend sur deux provinces : l’Est avec le département du Haut Nyong à
Abong Mbang et le Centre avec le département du Nyong et Foumou à Akonolinga.
Il s'étend entre les latitudes 3°35' et 4°40'N et les longitudes 12° 05' et 13°30' Est.
La partie Sud se repère sur la carte I.G.N., au 1/200,000 feuille d'Akonolinga, NA 33
XIX, la partie Nord comprenant essentiellement l'affluent Yerap se repère sur la
feuille de Nanga Eboko, NB-33-1. Une très petite partie pourtant très caractéristique
de ce type de forêt visible à Abong Mbang se repère sur la carte de Bertoua NB-33-
11. L'ensemble du bassin versant se repère sur la feuille 6 de la carte de
Phytogéographique de Letouzey (1/500,000).

Limite et étendue
Vers l'Ouest, et le Nord-Ouest la forêt marécageuse du Haut-Nyong s'étend jusqu'à
la région d'Abong Mbang. Vers le Nord l'affluent Yerap atteint la région de
Ngélémedouga. Vers le Sud, la forêt marécageuse s'étend jusqu'à Nkol Nlong, à 18
km à l'Est d'Akonolinga. Elle couvre environ 10,000 ha (Letouzey 1985).

Relief et réseau hydrographique


La forêt du Haut-Nyong est située sur une altitude moyenne de 650 m. La vallée est
extrêmement plate, longitudinalement et latéralement. Les écoulements sont très
lents, la pente est de l'ordre de 0,6/1,000 entre la source et Abong Mbang,
0,16/1,000 entre Abong Mbang et Ayos, 0,05/1,000 entre Ayos et Akonolinga. Le lit
du fleuve est très sinueux à l'intérieur d'une vallée inondable dont le lit varie de 3 à 6
km. La hauteur et la durée de la submersion varie avec la distance du fleuve et des
rivières. La crue peut atteindre 3 m et durer plusieurs semaines. Les autres
principaux cours d'eau sont les affluents du Nyong: Long Mafok, Yerap,

Formations géologiques et sol


Comme pour l'ensemble du Cameroun, la couverture géologique montre une
prédominance des formations du complexe de base du précambrien. Dans la région
étudiée, le complexe de base comporte deux variantes : la série d'Ayos à faible
métamorphisme et la série grenatifère ayant subi localement une migmatisation. Sur
ce complexe de base reposent des formations superficielles (éluvions, terrasses et
alluvions, latérites abondantes).

Les sols hydromorphes argilo-organiques de cette forêt sont gorgés d'eau. Ils sont
constituées d'une épaisse litière de débris végétaux en décomposition. Ils sont
exceptionnellement riches en carbone (Seffermann 1959).

Climat
Deux stations météorologiques, Akonolinga, Abong Mbang, fournissent les données
sur le climat. La région appartient au même groupe climatique que Yaoundé, c'est-
à-dire au climat subéquatorial, à régime pluviométrique bimodal, à petite saison
sèche plus marquée. Elle comporte 4 saisons, 2 saisons de pluies et 2 saisons
sèches. La grande saison des pluies culmine de septembre à octobre la petite de
mars à juin. La grande saison sèche va de décembre à février, la petite de juillet-
août. L’indice pluviométrique est de 1,700 mm. Les températures moyennes
annuelles varient entre 23°2 et 24°6'. L'amplitude thermique est faible.

Végétation
La forêt inondable du Haut Nyong appartient au massif de forêt dense équatoriale
du domaine guinéo-congolais (White 1983). Elle est incluse dans le district
congolais du Dja à cause des ses affinités avec les bassins zaïrois.

Selon Letouzey (1985) physionomiquement, la forêt comporte une strate


arborescente supérieure, que l'on peut considérer comme exclusivement constituée
des cimes de Sterculia subviolacea, le recouvrement des cimes pouvant être évalué
à 50 %. Au maximum, la hauteur des arbres atteint 25 à 30 m et certains fûts près
de 80 cm de diamètre. L’arbre est caractérisé par sa base conique inclinée à 45°,
formée de nombreux contre-forts aliformes, sinueux, ramifiés et enchevêtrés ,
atteignant parfois 5 à 6 m de hauteur; le rhytidome est de teinte grise et crevassée,
la cime assez fournie et le feuillage vert argenté.

Entre les fûts de sterculia subviolacea s’élève une strate arborescente inférieure et
formée pour majeure partie de petits arbres élancés, atteignant 20 à 25 m de
hauteur, à cime légère aux reflets argentés ou dorés ; il s’agit là d’une espèce de
Macaranga à feuille peltée non encore déterminée et sans doute nouvelle. Dans
cette même strate apparaissent quelques autres espèces: Macaranga staudtii,
Pauridiantha pyramidata, Spondianthus preussii, cf. Wildemaniodoxa laurentii,
Xylopia spp. (X.aethiopica, X. rubescens, X. staudtii) mais cette strate se prolonge
vers le bas par d’autres strates arbustives puis suffrutescentes peu differnciées
physionomiquement, assez denses, floristiquement extrêmement riches, important
en particulier un grand nombres d’Euphorbiaceae et de Rubiaceae.

Ce peuplement de Sterculia subviolacea n'est connu qu'en cet endroit au Cameroun


même si quelques pieds isolés de l'espèce ont été localisés, çà et là entre Djoum et
Moloundou. Le haut bassin du Nyong pourrait donc représenter un bassin fossile et
ce peuplement de Sterculia subviolacea une relique du passé paléo-botanique du
Sud-Est camerounais, autrefois en connexion avec le bassin central zaïrois.

Faune
Les eaux du Nyong renferment l'Heterotis niloticus au voisinage d'Ayos et
d'Akonolinga et moins à Abong Mbang, Miende et Goulmakong. Les silures sont
présentes à Atok. Le Clarias sp., et Hepsetus adoe sont les seuls poisson du Nyong
capables d'atteindre ou de dépasser 1 kg (Depierre et Vivien 1977).

Un commerce florissant de Perroquet s'effectue entre Akonolinga et Douala dans


des véhicules équipés. La chasse au canard sauvage est aussi fructueuse.

Peuplement humain
Le bassin versant de la vallée inondable du Haut-Nyong inclut des petits centres
urbains dont Akonolinga (43,000 habitants, Abong Mbang (39,000 habitants), Ayos
(24,000 hbts), Messamena, Nguelmedouga. Les abords sont fortement habités en
particulier entre Akonolinga et Abong Mbang. Ce facteur humain devrait s'avérer
d'une importance capitale dans les évolutions ultérieures de ce milieu.

Infrastructure
Un tracé de route plus ou moins parallèles aux abords fortement habités longe le
fleuve de part et d'autre, d'Akonolinga jusqu'à Abong Mbang. Une route bitumée, la
Nationale n° 10 relie Yaoundé à Ayos. Les travaux de bitumage ont commencé en
1997 entre Ayos et Abong-Mbang.

Activités humaines
Les populations du bassin du Nyong sont des producteurs de Cacao et de Café. Ils
pratiquent une agriculture vivrière faite principalement de manioc, plantain,
concombre. Pour le moment ils ne s'intéresent pas à la vallée inondable, malgré le
fait que cette zone serait propice aux légumes de contre saison et à la riziculture
inondée. L’élevage traditionnel du petit bétail est généralisé autour du site.

Statut légal et gestion


La zone proposée n'a pas de statut légal pour sa protection. Mais plusieurs études
(Culverwell, 1997, Fürstenberg, 1987), l'ont proposée à la conservation.

Etat de conservation et valeur du site


Cette forêt inondable représentée au Cameroun que dans les vallées du Nyong et
de ses affluents Long Mafock, Yerap, et la rivière Ayong Kom est la seule relique
d'un type de forêt qui existe dans les marécages du fleuve Congo entre Kinshassa
et Kisangani, mais sont ici les seuls représentants au Cameroun. Il ya peu
d'informations à leur sujet. La pression humaine étant peu importante dans la zone ,
le site est bien conservé et garde toute sa potentialité tant du point de vue floristique
que faunique et aussi qu’en tant qu’écosystème ripicole. Si économiquement la
zone n’intéresse personne pour le moment, il conserve une grande valeur
écologique et scientifique.

La forêt inondable ainsi que la prairie ne sont pas sollicitées par l'agriculture d'après
Amougou (1986) cette inoccupation serait due à trois raisons : l'absence de
pression démographique, la fertilité des terres fermes de la région, du fait que les
produits pouvant y êtres cultivés (céréales, et produit maraîchers) ne rentrent pas
dans les habitudes alimentaires des autochtones. Seuls les feux annuels grignotent
sur les bords, la forêt. La zone est bien conservée.

Citant des études de Sieffermann (1959), Amougou (1986) montre que les couches
argilo-organiques pourraient être utilisées comme engrais après traitement à la
chaux. La forêt inondable pourrait être utilisée comme réservoir d'engrais.

Problèmes indentifiés
Le manque d’un statut légal pour la protection du site constitue le problème majeur
pour sa conservation.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utisation durable des


ressources
En accord avec les populations environnantes, on doit rapidement classer cette forêt
parmi les aires protégées, élaborer un plan d'amménagement, pour que cette région
soit un site écologique. Ceci suppose que des études écologique est un inventaire
floristique et faunique soit menés.

Bibliographie
Amougou Akoa, 1986. Etude botanique et Ecologique de la Vallée inondable du
Haut-Nyong et de ses Aflluents. Thèse, Université de Yaoundé
320 pp
Culverwell, J. 1997 Long-term recurrent costs of protected area management in
Cameroon. WWF Cameroon/MINEF Yaoundé. 80 pp + annexes.
Depierre D. & Vivien J. 1977: Une réussite du service forestier du Cameroun.
L'introduction d'Heterotis niloticus dans le Nyong. B.F.T. 173: 59-
68.
Fürstenberg, 1987. Mission conjointe Interagences FAO/PNUD Revue et
planification du Secteur Forestier de la république du Cameroun.
Aménagement de la faune et des aires protégées Rapport de
Mission; 60p.
Letouzey R., 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500.000. Toulouse, Institut de la carte Internationale de
Végétation et Yaoundé, Institut de la Recherche Agronomique, 5
fascicules.
Siffermann G., 1959. Notes sur les boues du Nyong. Publ. ORSTOM/IRCAM, 5 p.
Olivry J. C., 1979. Monographie du Nyong et des fleuves côtiers II. Hydrologie du
Nyong. O.N.R.E.S.T. Yaoundé 230 P. ronéo.

Auteur : Achoundong G. et Tchanou Z., 1998


CARTE D’AYOS
BAKOSSI
(Monts Bakossi)

Situation géographique
La réserve de Bakossi est située dans la province du Sud-Ouest, Département de
Koupé-Manengouba. elle s'étend entre 4°50'N 5°20' de latitude Nord et 9°30' et 9°46'
de longitude Est. Sur la carte au 1/200,000, elle se repère sur les feuilles de Mamfe NB-
326-X et de Douala XXX et sur la carte phytogéographique (Letouzey 1985) au 1/500
000, elle se repère sur la feuille 3.

Limite et étendue
Le site n'a pas actuellement des limites précises. Il est divisé en deux blocs, Nord et
Sud, par une vallée large cultivée s'étendant de Bangem (5°13N ; 9°46'E à
Enyandong, Bahbulok et Bambe (5° 13 N ; 9°36'E). Cette vallée renferme un lac de
cratère, le lac Beme.

Le bloc Sud est limité à l'Est par la vallée surexploitée de Nyassosso/Bangem, au


Nord par la vallée Bangem-Bambe, et au Sud-Ouest vers kupé par l'escarpement de
la chaîne de montagne. Au Sud, la limite suit la vallée Bakol-Nyandong-Messake. Le
bloc Nord est englobé d'une montagne au sommet largement aplati, et se prolonge
vers le Nord-Ouest puis descend vers la réserve forestière de Banyang-Mbo. La
superficie de l'ensemble est de 500 km².

Relief et réseau hydrographique


Les monts Bakossi sont accidentés surtout dans la partie australe. La zone est riche
en vallées profondes où coulent des rivières entrecoupées de longues crêtes
montagneuses. Le point le plus élevé se trouve à une altitude de 1,819 m. La partie
méridionale est escarpée à la périphérie et elle présente des sommets relativement
plats. Il y a un plateau de 1,000 à 1,300 m et un second de 1,500 à 1,700 m.

Formation géologique et sol


La région est essentiellement volcanique. Le sol est ferralitique avec des formations
superficielles essentiellement argileuse.

Végétation
La région de Bakossi compte parmi les hauts sommets presque entièrement
couverts de forêt dense (Thomas & Achoudong, 1994). Forêts secondaires et
plantations entourent les villages. Les forêts denses humides et sempervirentes et
forêts submontagnardes avec des communautés saxicoles sont dispersées. Toute
la zone, et particulièrement la partie du Nord, est peu connue biologiquement.

Faune
Les monts Bakossi abritent une faune semblable à celle de la forêt de basse altitude
de la région. Les forêts situées en altitude semblent plutôt pauvres en mammifères.
L'avifaune est riche avec à la fois les éléments de basse et de haute altitude. Les
mammifères endémiques ou menacés rencontrés dans la forêt sont :Mandrillus
Leucophaeus, Cercopithecus erythrotis, Pan troglodytes et cercopithecus Ihoesti
preussi dont l'existence est probable. L'avifaune des hautes terres est très riche et
comprend plusieurs espèces endémiques telles que Malaconotus kupeensis, connu
uniquement à partir du type localisé au Mt Koupé et dont on n'a pas confirmé
l'apparition depuis 30 ans et Picathartes oreas dont l'existence est probable.

Peuplement humain
Il existe peu de colonies de peuplement dans la région définie ci-dessus Il y a
environ six villages de 1 à 4 maisons dans le Sud (Manyum et Ekanjock non
compris) et probablement un dans la partie Nord. La majeure partie des habitants
possède des plantations sur les basses terres et ils ne passent qu'une partie de
l'année dans les montagnes. Il y a beaucoup de villages Bakossi au pied des
collines et dans les vallées qui entourent le site.

Infrastructures
La région est montagneuse et d'accès difficile. On y accède par des pistes
accidentées. Seule la route Tombel Bangem est praticable en toute saison malgré
son mauvais état.

Activités humaines
Les populations pratiquent une agriculture de subsistance concentrée autour des
petits villages. Le site connaît un braconnage peu intensif.

Statut légal et gestion


Le site fait partir du domaine national. La zone ne bénéficie d'aucune protection
juridique. La partie Nord de la région de Bakossi est actuellement rattachée à la
réserve de Banyang Mbo pour constituer le sanctuaire à éléphant de Banyang-Mbo.
Un plan d'aménagement est en voie de rédaction par le W.C.S., tandis que la partie
Sud de la réserve est en cours d'étude par le W.W.F.

État de conservation et valeur du site


Les forêts de cette région sont d'accès difficile et sont de ce fait bien conservées, du
fait de la faible pression démographique. Les forêts d'altitudes sont très différentes
de celles de basse altitude dans leur structure, leur composition spécifique et la
charge épiphytique. Elle sont plus riches en espèces endémiques. La forêt
montagnarde est pauvre en espèces et est peu aménagée dans la région de
Bakossi. Les forêts submontagnardes sont d'un très grand intérêt. Nulle part ailleurs
ces formations ne sont si bien développées. Des formations analogues se
rencontrent sur le mont Rumpi mais ce dernier est très cultivé et n'a pas d'habitat
submontagnard aussi bien varié et étendu que dans le mont Bakossi.

Les mammifères sont peu connus mais il semblerait que les espèces soient celles
des forêts de basse altitude telle que Korup, bien que les Colobes y semblent
absents. L'avifaune est très diversifiée.

Pris ensemble avec le mont Koupé, les monts Bakossi doivent probablement abriter
la plus importante superficie de forêt submontagnarde du Cameroun. A côté des
versants escarpés des forêts de montagne, il y a aussi de vastes plateaux situés
entre 1,000 et 2,000 m d'altitude. La région est peu connue biologiquement.
Cependant la topographie révèle une flore riche avec des habitats qui conviennent à
plusieurs formations endémiques de forêt submontagnarde. Il existe un gradient
altitudinal des forêts denses humides de basse altitude aux forêts
submontagnardes.

Problèmes identifiés
Malgré l'intérêt porté sur le sanctuaire de faune de Banyang-Mbo tout près de
Bakossi, on a l'impression que le site n'intéresse pas encore les scientifiques alors
que le potentiel écologique est élevé.

L'absence de protection juridique constitue un frein pour la mise en valeur du site.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation des


ressources.
En 1989, Gartlan avait déjà proposé les deux actions suivantes : Établir avec l'aide
des populations locales une carte de la région et délimiter le noyau forestier.
Concevoir pour le massif un plan d'aménagement pour tout le massif qui permette
diverses utilisations allant de la récolte des produits naturels à la protection de
l'habitat forestier.

L'aménagement de la région doit être la conjugaison de tous les efforts (du


gouvernement et des villageois). Un programme d'information et d'éducation des
populations locales sur l'environnement est nécessaire, il favorise l'exécution du
plan d'aménagement.

Mais force est de constater que rien de cela n'a été fait. On ne peut que
recommander les mêmes actions.

Bibliographie
Letouzey R., 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500,000. Toulouse, Institut de la carte Internationale de
végétation et Yaoundé, Institut de la Recherche Agronomique, 5
fascicules.
Garlan S.1989 : La conservation des Écosystèmes forestiers du Cameroun, le
programme de l'UICN pour les forêts tropicales.
Thomas D.& Achoundong 1994. Montane forest of western africa ; Pr. XIIIth
plenary meeting AETFAT, Malawi, 2 : 1015-1025 pp

AUTEURS : G. Achoundong et Z. Tchanou 1998


BANYANG-MBO
(Sanctuaire de Banyang-Mbo)

Situation géographique
Le sanctuaire de Banyang-Mbo est situé dans la province du Sud-Ouest, à cheval
entre les départements de Kupe Manengouba et Manyu ; et couvre les
arrondissements de Nguti, Bangem et Upper Banyang. Le site est compris entre les
coordonnées 5°10’ – 5°34’N et 9°26 – 9°45’E. Le sanctuaire se repère sur la carte
du Centre Géographique National au 1/200,000 Feuille Manfe NB-32-X 1979.

Limites et étendue
Le sanctuaire est entièrement situé à l’Est de la route Nationale N° 8 au niveau de la
ville de Nguti. Il est limité à l’Est par la rivière Mfu à l’Ouest par la rivière Mbu et au
Nord par Mfi. Au Sud le site va jusqu’aux contreforts Nord du massif du
Manengouba et des monts Bakossi, à 8 km au Nord de la ville de Bangem. Le
sanctuaire s’étend sur une superficie de 66,220 hectares.

Relief et réseau hydrographique


La zone s’étend sur une pente orientée Sud – Nord. Au Sud le mont Mbila atteint
une altitude de 1,756 m tandis que le centre forme un plateau de 400 m d’altitude et
le Nord descend jusqu’à 300 m. Le sanctuaire est entièrement dans le bassin de la
Cross River et toutes les rivières coulent en direction du Nord. Les principales
rivières sont Mbu, Mfi-Mie, Mfi et Mfu.

Formations géologiques et sol


La grande partie du sanctuaire se trouve sur un socle complexe du précambrien. Le
Sud possède des vastes zones volcaniques tandis que le Nord est un socle
métamorphique. On rencontre les sols riches d’origine volcanique, des sols acides
d’origine granitique et des sols sédimentaires plus anciens.

Climat
Le climat est pseudo tropical humide à régime pluviométrique unimodal, caractérisé
par une courte saison sèche (Novembre à Février) et une longue saison des pluies
(Mars à Octobre). L’indice pluviométrique atteint par endroit 3,500 mm. La
température moyenne varie de 24°C à l’altitude 200 m à 16°C au sommet des
montagnes du Sud.

Végétation
Le sanctuaire est composé de quatre types de formations végétales selon Letouzey
(1985). La majeure partie au centre et au Nord est occupée par la forêt atlantique à
Cesalpiniaceae. Au Sud on rencontre successivement la forêt submontagnarde, la
forêt atlantique à Cesalpiniaceae rares avec éléments de forêts semi-caducifoliées,
et le faciès de dégradation prononcée des forêts sempervirentes autour des points
d’occupation humaine.

Faune
L’article 2 du décret qui classe le sanctuaire stipule clairement que le site assure la
conservation de la biodiversité faunique et notamment les espèces éléphant,
chimpanzé, panthère, buffle, chevrotain aquatique, drill, pangolin géant, crocodile à
museau allongé, crocodile du Nil, crocodile nain et tortues. Si le décret donne cette
liste, il est entendu que le sanctuaire renferme beaucoup plus d’espèces fauniques
et aviaires. Un inventaire sommaire a montré que la zone possède presque les
mêmes espèces que le parc de Korup et qu’on rencontrait dans le lac de cratère de
Beme à la périphérie Sud-Ouest du sanctuaire neuf espèces endémiques de
poisson de la famille des Cichlidae qui renferme les genres Hemichromis,
Stomalepia ; ce qui donne à ce lac l’une des plus grandes concentrations en
poissons endémiques par unité de surface (Culverwell, 1997).

Peuplement humain
Il y a deux pôles de concentration humaine autour du sanctuaire : à l’Est de Nguti et
au Nord de Bangem. Mais d’une façon générale la densité de la population est très
faible à la périphérie du sanctuaire. Les limites actuelles du sanctuaire passent à 5
km de la route nationale n° 8 au lieu de la côtoyer comme du temps de la réserve
forestière. Les gros villages longent la route nationale. Les groupes ethniques sont
représentés par les Banyangi, Mbo, Banyu et Bakossi.

Infrastructure
Toute la façade Nord-Ouest de la réserve est proche de la route nationale n°8
Kumba – Manfé. La ville de Nguti avec son aéroport et son hôpital constitue le siège
du projet WCS qui gère le sanctuaire. Le bitumage en cours de la route carrossable
Kumba – Manfé facilitera l’accès au site à partir de Douala. Une autre route
carrossable Fontem – Makebe permet d’accéder au site à partir de Dschang. La
route Loum – Tombel Bangem permet d’atteindre le Sud du sanctuaire. Il existe à
Nguti un minimum d’infrastructures pour le projet WCS et on projette d’y construire
un centre de recherche.

Activités humaines
L’agriculture, la chasse et la collecte des autres produits forestiers constituent les
principales activités à la périphérie et à l’intérieur de la réserve. Les cultures
vivrières, la cacaoculture et la caféiculture sont les principales activités agricoles.
Malgré la très faible densité de la population, à l’intérieur de la réserve, cette activité
est toujours conflictuelle avec la faune sauvage. Le braconnage est d’autant plus
facile que le gibier est abondant et il manque des gardes de chasse. La collecte des
autres produits forestiers est quelque peu marginale car les grands centres de
consommation sont éloignés et les collecteurs préfèrent Korup et Ejagham plus
proche du Nigeria.

Statut légal et gestion


La réserve forestière classée en 1932 couvrait une superficie de 38,500 hectares.
En 1996, le décret 96/119/PM du 12 Mars créait un sanctuaire qui s’étend beaucoup
plus au, Sud et couvre actuellement 66,220 hectares. Le décret reconnaît
implicitement aux populations dans son article 5, les droits d’usage sur la pêche et
la collecte des produits forestiers à condition de ne pas "compromettre l’objectif de
conservation des espèces fauniques". Le site relève désormais de la Direction de la
Faune et des Aires Protégées. La gestion quotidienne est sous la supervision de la
"Wildlife Conservation Society" (WCS) assisté de la "Cameroon Biodiversity Project"
(CBP). Les opérations de terrain se font à travers trois sections : i) la section
biologique chargée des recherches sur les mammifères, reptiles et batraciens ; ii) la
section sociologique et anthropologique travaille avec les populations locales en vue
d’une meilleure conservation de la faune ; et iii) la section éducation
environnementale sensibilise les ruraux sur la conservation de la biodiversité. En
1997, WCS employait 16 cadres comme sociologues, biologistes, techniciens et
administrateurs. La philosophie de WCS repose sur la participation des populations
à la conservation du sanctuaire tout en maintenant leur droit d’usage, et en les
aidant à améliorer leur niveau de vie. WCS collabore avec les institutions de
recherche nationales et l’Université Agricole de Wageningen aux Pays-Bas.

État de conservation et valeur du site


L’extension de l’ancienne réserve forestière lors du classement du sanctuaire a
permis d’incorporer les zones d’altitude d’une partie des monts Bakossi au site. Les
formations submontagnardes avec leur flore et faune ont accru la valeur biologique
du sanctuaire de Banyang-Mbo. La faible densité de la population dans toute la
région constitue un atout dans la préservation du site. Le projet WCS en charge de
la gestion du sanctuaire est considéré comme l’un des plus novateurs dans la
recherche de la participation des populations riveraines à la conservation de la
biodiversité. La zone offre des paysages magnifiques renfermant une faune riche et
diversifiée ; ce qui pourrait bien attirer des touristes. Les composantes recherche et
éducation environnementale sont bien développées par le projet.

Problèmes identifiés
Le problème majeur du site réside dans la cohabitation agriculture – faune sauvage.
Si la déprédation des cultures est importante, les paysans semblent plus se plaindre
des seuls éléphants. Aucune stratégie n’est mise en place pour résoudre le
problème éléphant à court terme.

Si la coopération internationale semble montrer beaucoup d’intérêt pour le site,


l’administration forestière n’est pas très impliquée depuis la transformation de la
réserve en sanctuaire. Elle est de ce fait presque absente de sa gestion, ce qui se
traduit par le manque total d’infrastructures de base pour protéger le sanctuaire,
éduquer les populations et attirer des touristes.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources
En 1989, Gartlan avait proposé une étude écologique et le classement du site en
forêt de production et de protection. On peut considérer que WCS est en train de
mener l’étude écologique et que le classement de l’ancienne réserve en sanctuaire
ainsi que son extension, sont allés bien au-delà de ce qui avait été proposé.

Pour les années à venir et dans le souci de conserver la biodiversité exceptionnelle


du site et non la seule faune, le Ministère de l’Environnement et des Forêts devrait :
i. affecter du personnel de toute catégorie pour participer à la gestion du
sanctuaire ;
ii. mener une étude spéciale sur la densité des éléphants et prendre des
mesures pour réduire les conflits avec les agriculteurs ;
iii. développer les infrastructures de communication et d’accueil dans la
perspective d’attirer des touristes.
Bibliographie
Culverwell J. 1997. Long-term recurrent cost of protected area management in
Cameroon. WWF/MINEF Yaoundé 80p. + Annexes
Gartlan S. 1989. La conservation des écosystèmes forestiers du Cameroun.
UICN, Gland.
Letouzey R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500,000. ICIV Toulouse

Auteur : Z. TCHANOU 1998


BOUMBA-BEK ET NKI
(Réserves forestières proposées de Boumba-Bek et de Nki)

Situation géographique
Les réserves de Boumba-Bek et Nki sont situées au Sud-Est du Cameroun, dans
les départements de la Boumba et Ngoko et du Haut Nyong, province de l’Est. Ces
deux sites s’étendent entre les latitudes 2°00’ - 3°00’ N et les longitudes 15°30’E.

Limites et étendues
Ce site est limité à l’Ouest et au Sud par le Dja (pour Nki) et par la rivière Bek (pour
Boumba-Bek). Au Nord, par la rivière Loloyé (pour Nki) et les rivières Gbwogbwo et
Apom (pour Boumba-Bek). A l’Est par la rivière Leké (pour Nki) et la rivière Boumba
(pour Boumba-Bek).

La superficie de ce site est de 4.315 Km2 ha répartie en 250.00 Km2 pour Boumba-
Bek et 1.815 Km2 pour Nki.

Relief et réseau hydrographique


Le site est situé sur le plateau sud étendu d’un relief faible (300 à 700 m), accidenté
par les bandes de dolorite dure qui créent les changements abruptes et produisent
des chutes et des rapides dans les rivières de la région.

Les forêts de Boumba-Bek qui sont bien drainées, on distingue d’une part le
système de Boumba-Bek avec les rivières Lopondji, Lokomo, Bangué, Gbwobwo,
Apon, Lobe, Kandé, Loupi et d’autre part, le système de Dja dont les rivières
tributaire sont Djampouo, Djombi, Baka, Belé, Leké, Lolobyé et Léa.

Le système hydrographique fluvial coule vers le Sud jusqu’à la rivière Ngoko et le


fleuve Dja.

Formations géologiques et sols


Géologiquement, la région est d’origine précambrienne. On distingue de la base au
sommet :

• Des formation plissées comprenant :


a- le complexe de base composé de granites migmatitiques anciens et des
embréchites,
b- la série peu métamorphique d’Ayos et de Mbalmayo-Bengbis, la série
schisto-quartzitique.
c- la série du Dja inférieur et le complexe tillitique.
• Des formations de couverture caractérisées par :
d- des grès horizontaux, la série sablo-argileuse faite des dépôts récents, de
type colluvial, caractérisés par le réseau hydrographique et leur allure de
recouvrement.
• Enfin, des formations superficielles parmi lesquelles, on retrouve des alluvions
récents et des latérites.

Les sols sont ferralitiques, rouge ou rouge-brun provenant de la décomposition de la


roche mère métamorphique. Ces sols sont acides, argileux avec une couche
d’humus peu épaisse et sont pauvres en matière organique, azote et bases
échangeables.

Climat
Le climat de la forêt de Boumba-Bek et de Nki est de type équatorial avec quatre
saisons. Une grande saison des pluies entre septembre et novembre et la petite
saison entre mars et juin. La longue saison sèche est située entre juillet et août. Les
précipitations moyennes annuelles sont de 1,500 mm et la température moyenne
annuelle est de 24°C.

Végétation
La végétation ici est celle d’une forêt de :
e- transition composée d’un mélange d’une forêt du type Dja Sempervirente
avec les éléments de forêt sémi-caducifoliés.
f- transition composée d’un mélange du type semi-caducifoliés avec des
éléments de forêt du type Dja Sempervirente,
g- type Dja sempervirente.
La forêt du type Dja est marquée par sa pauvreté en Caesalpiniacées. On y note
cependant une exception marquée par une présence d’abondants Gilbertiodendron
deweiwrei. Elle est riche en Pentaclethra macrophyla, Strombosiopsis tetrandra,
Scorodophloeus zenkeri, Desbordegia glaucescens et une variété d’Irvingia.
La forêt du type caducifoliée a une caractéristique principale, la plupart des arbres
dominants restent sans feuilles pendant plusieurs semaines chaque année. La flore
est dominée par les familles des Sterculiacées et Ulmacées. D’autres espèces y
sont aussi bien représentées, particulièrement Terminalia superba,
Entandrophragma cylindrium, Ptericopsis alata.

Au milieu de la forêt primaire, existe un système unique d’Ilots de clairière. Ces


clairières n’ont pas des grands arbres. Le sol est couvert d’une abondante
végétation herbacée.

La faune
Les grands mammifères sont fortement représentés dans les sites de Boumba-Bek
et Nki.

Les mammifères largement rencontrés dans les réserves de Nki et Boumba-Bek


sont donnés par le tableau 1.

Tableau 1 : Les grands mammifères de Boumba-Bek et Nki


Noms communs Noms scientifiques
Céphalopode Cephalophus spp
Eléphant Loxodonta africana
Pangolin géant Manis gigantea
Guenon à nez blanc Cercopithecus nictitans
Mangabey Cercocebus albigena
Chimpanzé Pan troglodytes
Gorille Gorilla gorilla
Cercopithèques de Brazza Cercopithecus neglectus
Guenon à moustaches Cercopithecus cephus
Bongo Tragelaphus spekei
Colobe noir et blanc Colobus guereza
Sitatunga Tragelaphus spekei
Mona Cercopithecus mona
Chat doré Profelis aurata
Léopard Panthera pardus
Porc-épic Artherurus africanus
Source : ATANGA (1997)
Le couloir qui sépare les deux réserves a fait l’objet d’inventaires floristiques et
fauniques. Les résultats indiquent une végétation de type forêt dense humide
sempervirente. 227 espèces réparties en 54 familles ont été identifiées.
9 familles de grands mammifères ont été rencontrées dans cette zone avec une
prédominance des céphalophes, éléphants, potamochères et pangolins.

Peuplement humain
La région est très peu peuplée (moins d’un habitant au km²) et la population se
concentre le long des routes principales. Il n’y a pas de populations vivant en
permanence dans le site mais les chasseurs et les pêcheurs y font des expéditions.
Quelques villages de pêcheurs s’implantent le long du DJA.

Les principaux centres urbains de la région sont Yokadouma, Moloundou et Lomié.

Les principaux groupes ethniques rencontrés dans la région sont les Bangomdo,
Djem, Mbimou, Konabembe, Bamiléké, Kaka, Ewondo. Les pygmées Baka vivent
dans toute la zone et construisent le long des routes et des pistes.

Les infrastructures
Il n’existe pas de voie d’accès routier dans le site. La voie routière proche de
Boumba-Bek est la route Yokadouma - Mouloundou (10 à 15 km) et à l’Ouest, la
route Lomié- Ngoila est la seule voie routière proche de Nki (15 à 20 km).

Activités humaines
Les populations pratiquent une agriculture itinérante sur brûlis pour la subsistance.
Les plantes cultivées sont :
h- le maïs
i- le manioc
j- le plantain
k- la banane
l- le macabo
Le cacao et le café représentent les principales sources de revenu. Mais ces
cultures ne sont pas à grande échelle.

Les populations entrent en permanence en forêt pour récolter les ressources


naturelles (miel, feuilles, fruits, gibier, etc..). La pêche se fait activement dans les
rivières Boumba, Bek, Dja et Ngoko. Mais la principale activité est la chasse.

La pression sur la faune devient de plus en plus forte. Cette pression n’est pas
seulement l’oeuvre des populations, mais surtout due à la destruction de leur habitat
par les compagnies forestières qui opèrent dans la région depuis plus de 20 ans.
L’exploitation forestière industrielle prélève : le Sapelli, l’Ayous, le Kossipo, le Sipo,
l’Azobe et l’Iroko.

Statut légal et gestion


Boumba-Bek et Nki ont été proposés en classement comme réserve de faune. Ces
sites actuellement gérés dans le cadre du projet GEF-Sud-Est dans lequel
interviennent le Gouvernement du Cameroun, le WWF et la GTZ. L’objectif de cette
composante est de conserver la biodiversité à travers des activités intégrées de
conservation et de développement.

Le WWF mène les études biologiques tandis que la GTZ est en charge du volet
socio-économique.

A terme, le projet vise également à améliorer la capacité managériale et les effectifs


du MINEF. Pour le moment, 9 gardes forestiers sont déployés dans la zone du
projet et un Ingénieur forestier détaché au projet est responsable de la coordination
des travaux sur Boumba-Bek et Nki.

Problèmes identifiés
La conservation des ressources biologiques est confrontée aux problèmes suivants:
le braconnage et l’extension de l’exploitation forestière industrielle.

Le braconnage est l’oeuvre des chasseurs qui prélèvent de grandes quantités de


gibier destinées à l’approvisionnement des agglomérations urbaines. Les
populations locales et plus particulièrement les Baka sont sollicitées pour abattre les
éléphants à la recherche de l’ivoire pour des commanditaires qui fournissent des
armes aux chasseurs.

La proximité des frontières et le manque de contrôle transfrontalier favorise l’activité


des braconniers Congolais.

En plus du gibier, il y a aussi la capture d’animaux vivants parmi lesquels, gorilles,


chimpanzés, lézard, bongo et les trophées (peaux, ivoire) qui constitue une source
de revenus importants.

L’exploitation forestière industrielle se poursuit sous diverses formes autour des


réserves proposées, le risque de violation des limites demeure élevé.
Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des
ressources.
Boumba-Bek et Nki sont faiblement connus sur le plan botanique. La végétation y
est comparable à celle de la réserve du Dja.

En plus des études biologiques pour une meilleure connaissance de la flore et de la


faune, les actions à mener ici doivent viser :
m- la limitation de l’exploitation forestière industrielle
n- la lutte contre le braconnage
o- la promotion d’une gestion intégrée des ressources biologiques dans le
p- cadre du plan de développement régional
q- le classement des deux réserves de faune et leur délimitation.
Gartlan (1989) a recommandé aussi une enquête sur la possibilité du
développement d’une infrastructure touristique. Les chutes de Nki sont en effet une
attraction touristique potentielle ayant des implications économiques importantes. La
mise en œuvre du projet GEF - SUD-EST devra permettre d’initier quelques unes de
ces actions.

Bibliographie
Atanga E., 1997 : Rapports d’activités, WWF, Yokadouma pp 1-21
Atanga E., Ndo. Nkoumou J, 1995 : Projet de gestion des éléphants des forêts
dans le Sud-Est du Cameroun. WWF, 40 p.
Culverwell J, 1991 : Long tern recurrent costs of protected area management in
Cameroon WWF, MINEF, Yaounde Cameroon 80 p + annexes.

Auteur : FOMETE N. Timothée, 1998.


CARTE BOUMBA BEK
CAMEROUN
(Mont Cameroun, Réserve forestière de Bambuko, Réserve de la rivière Mukoko,
Mont Etinde)

Situation géographique
Le Mont Cameroun est la plus haute montagne d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Cet
immense massif volcanique de 4095 m d’altitude est situé au fond de la baie du
Biafra dans le golfe de Guinée, avec un grand axe qui s’étend du Sud-ouest au
Nord-est sur près de 45 km de long et 30 km de largeur. Le site situé dans la
province du Sud-Ouest, est à cheval entre les départements de Fako et Meme. Ses
coordonnées géographiques sont comprises entre 3°57’- 4°27’N et 8°58’- 9°24’E.
Ce site est visible sur la carte IGN au 1/200 0000 feuille Buéa-Ndian NB -32-III / IV,
(République Fédérale du Cameroun, Yaoundé, 1971).

Limites et étendue
Le complexe Mont Cameroun couvre une zone d’environ 2500 km², dont quelques
750 km² sous couvert forestier. Il est constitué de plusieurs sous sites parmi
lesquels on compte trois réserves forestières déjà classées et délimitées, et quatre
sous sites en voie de classement. Ces trois réserves forestières sont:

• La réserve forestière de Bambuko créée en 1939 est située au Nord-ouest du


mont (4°27’- 4°12’N et 9°16’- 9°19’E ) avec une superficie de 267 km².

• La réserve forestière de la rivière Mokoko (4°21’- 4°28’N et 8°59’- 9°07’E ) créée


en 1952 est située au Nord-ouest de la réserve forestière de Bambuko et couvre
une superficie de 91 km².

• La réserve forestière du Sud Bakundu est située au Nord-est de la réserve


forestière de Bambuko et couvre une superficie de 194km².
Les autres sous sites en voie de classement sont les suivants:

• Le sous-site de la région côtière ou «West Coast» est situé sur le versant Sud-
ouest du Mont Cameroun. Il correspond à la zone anciennement connue sous le
nom de «Etinde» ou «Petit Mont Cameroun» qui s’étale du village Etome à
Bomana avec une superficie de 360 km². Ce sous site est probablement la partie
la plus riche et la plus diversifiée du Mont Cameroun (Tchouto, 1996). Il possède
l’un des points les plus humides du monde à savoir le Cap Debundscha qui
reçoit 10 à 15 m de pluies par an. En plus, c’est l’unique partie du Mont
Cameroun où la végétation s’étale du niveau de la mer jusqu’au sommet situé à
1750 m.

• La région côtière de Mabeta-Moliwe a une superficie de 36 km². Elle est située


au pied du Mont Cameroun au versant Sud-est à l’Est de Limbe et s’élève
jusqu'à 300 m d’altitude.

• La région côtière de la rivière Onge est située au Sud de la réserve forestière de


la rivière Mokoko et couvre une surface de 180 km².

• Les villages d’altitude dénommés «Upper Villages» situés au Sud et au Sud-est


du Mont Cameroun, s’étalent de Lower Boando au Sud à Bonakanda au Sud-est.

Relief et réseau hydrographique


Le site s’étale du niveau de la mer à 4095 m d’altitude au sommet du Mont Cameroun.
C’est l’un des volcans les plus actifs d'Afrique, et le plus haut sommet de l'Afrique
centro-occidentale. Il possède de nombreux petits cônes secondaires parmi lesquels le
Mont Etinde qui culmine vers 1715 m, sur le flanc Sud au-dessus de Bakote. Certains
endroits mettent en évidence de grands glissements de terrain. La topographie est
fortement contrastée avec des pentes raides et abruptes.

Malgré une pluviométrie abondante, on trouve peu de cours d'eau permanents sur le
massif principal. Par contre le site est parcouru par de nombreux ruisseaux, sources,
rivières et lacs, surtout en basse altitude autour de Bakingili, Idenau, Mabeta, Moliwe,
Mokoko, Onge et Bomana. Les cours d’eau les plus importants sont les rivières
Lokange, Mokoko et Onge.

Formations géologiques et sols


Le Mont Cameroun est formé d’une mosaïque de coulées de laves et de boues de
différents âges. La mise en place de ces coulées remonte au Pléistocène supérieur
ou à l’Holocène inférieur. Le flanc Ouest du Mont Cameroun est formé des andosols
qui se sont développés à partir des basaltes quaternaires qui se présentent soit
sous la forme des coulées fluides, soit sous la forme des produits pyroclastiques. Au
dessus de 2000 m, les hautes pentes du Mont Cameroun sont couvertes des
cendres et des laves basaltiques plus ou moins anciennes. Les sols sont jeunes et
fertiles et ils ont une faible capacité de rétention d'eau.

Climat
La région du mont Cameroun a un climat subéquatorial sous régime de mousson à une
saison sèche (novembre à mai) et une saison humide (juin à octobre). Le flanc Sud-
ouest, face au flux de la mousson est excessivement pluvieux et humide avec plus de
12 m de pluie par an à Cap Debundscha. Cette pluviosité diminue à moins de 3 m vers
le flanc oriental (Buea - Muyuka) et le flanc occidental (Bomana - Bokoss).

A la base, les températures moyennes sont voisines de 25,5 à 27°C et peuvent parfois
atteindre 32 à 35°C pendant les mois les plus chauds (mars à avril). En altitude la
température moyenne diminue de 0,6°C pour toute élévation de 100m. De plus, il y
règne un climat à faibles précipitations et à forte humidité.

L’humidité relative est très forte dans la zone côtière Ouest (moyenne annuelle 85%),
elle diminue à moins de 75% pour les autres zones. La zone située entre 1200 et 2000
m d’altitude est appelée «forêt montagnarde à brouillards» parce qu’elle reçoit le
maximum de l’ennuagement qui persiste durant une grande partie de l’année (Tchouto,
1996). Cet ennuagement est favorisé par l’effet orographique qui accentue le
développement des nuages et des brouillards.

Végétation
Le Mont Cameroun a une richesse biologique unique avec un couvert végétal riche,
dense et diversifié. C’est la seule zone en Afrique où la végétation s’étale du niveau de
la mer jusqu’à son altitude maximale. Le site a une diversité de végétation et d’espèces
floristiques, ainsi qu’une végétation étagée qui est fortement influencée par l’altitude, la
topographie du terrain, le volcanisme, le climat, la formation géologique, le sol et les
facteurs biotiques. Parmi les différents types de végétation qu’on rencontre dans la
région du mont Cameroun on peut citer :

Forêts atlantiques biafréenes de basses altitudes (0–700 à 800m)


Ce sont des formations forestières plus ou moins fermées qu’on trouve sur les versants
Ouest, Sud, Sud-ouest et Nord-ouest du Mont Cameroun. Ces formations sont
constituées de très grands arbres pouvant atteindre 35 à 40 m de hauteur qui forment
un peuplement fermé à plusieurs strates (3 en général). La plupart des arbres de la
strate supérieure ont un fût droit avec des contreforts. En principe, le sous-bois est
formé des plantes suffrutescentes et plus rarement des plantes herbacées (sauf en cas
de trouées). On y dénote une présence fréquente des grandes lianes, des épiphytes et
de cauliflorie. Ces formations se distinguent par leur grande richesse floristique. Dans
la région du Mont Cameroun on distingue plusieurs types de forêts altlantiques
biafréennes qui sont :
a) Forêts altlantiques biafréenes à Ceasalpiniaceae et à cimes continues
Ce sont des peuplements fermés à cimes plus ou moins jointives qu’on trouve en basse
altitude sur le Mont Etinde et sur le flanc Ouest du Mont Cameroun dans les régions de
Bakingili et de Scipio. Fréquemment, s’y rencontrent les espèces de Caesalpiniaceae,
Myristicaceae, Olacaceae, Guttiferae et Sapotaceae, parmi lesquelles les arbres les
plus caractéristiques sont : Pycnanthus angolensis, Coelocaryon preussii, Symphonia
globulifera, Tapura africana, et Strombosia spp.

b) Forêts atlantiques biafréenes à Ceasalpiniaceae et à cimes


discontinues
Elles sont situées le long de la côte Ouest de Bakingili à Bibundi et sont caractérisées
par un peuplement ouvert avec des grands arbres à cimes dispersés. Floristiquement
les arbres les plus caractéristiques sont : Crudia gabonensis, Baikaiea insignis, Berlinia
bracteosa, Anthonotha cladantha, et Coelocaryon preussii. Ces espèces sont
accompagnées des Myristicaceae, Annonaceae, Flacourtiaceae, Sterculiaceae,
Violaceae, Rubiaceae et Euphorbiaceae. Ces formations sont parsemées des trouées
colonisées par de petits peuplements isolés de Marantaceae et Zingibéraceae.

c) Forêts atlantiques biafréenes à Ceasalpiniaceae avec Lophira alata et


Desbordegia glaucescens
Elles sont situées dans la région de Mabeta-Moliwe et formées des peuplements
fermés avec des grands arbres à cimes plus ou moins jointives. Ces formations sont
très riches en Lophira alata, Desbordegia glaucescens, Tapura africana et Maesobotrya
barteri qui sont accompagnées des espèces telles : Pycnanthus angolensis,
Coelocaryon preusii, Scyphocephalium mannii, Homalium letestui, Strombosia
grandifolia, Hylodendron gabunense, Hymenostegia afzelii, Anthonotha macrophylla,
Pterocarpus soyauxii, Dacryodes Klaineana, Irvingia gabonensis, Rinorea spp., Cola
spp., et Diospyros spp.

d) Forêts altlantiques biafréenes à Ceasalpiniaceae encore abondantes


avec Oubanguia alata et autres indices littoraux
Elles sont situées au pied du massif dans la région côtière de la rivière Onge et la partie
Sud de la réserve forestière de la rivière de Mokoko. Fréquemment s’y rencontrent
plusieurs espèces de Caesalpiniaceae, Oubanguia alata, Protomegabaria stapfiana,
Dischostemma glaucescens, Octoknema affinis, et Tapura africana, associées à des
Olacaceae, Rubiaceae et Euphorbiaceae.
e) Forêts atlantiques biafréenes à Ceasalpiniaceae encore abondantes
avec Medusandra richardsiana
Elles se localisent au Nord de la réserve forestière de la rivière de Mokoko et sont
caractérisées par leur richesse en Medusandra richardsiana qui est une espèce
endémique à la région du Mont Cameroun. Cette espèce est accompagnée par
plusieurs espèce de Caesalpiniaceae (Hymenostegia afzelii, Microberlinia bisulcata,
Tetraberlinia bifoliolata, Pagiosiphon longitubus, et Monopetalanthus spp.), Olacaceae,
Euphorbiaceae, Ebenaceae et Burseraceae.

Forêts semi-caducifoliées à Sterculiaceae et Ulmaceae


Cette tache de forêt est située au Nord-nord-est du massif de Bavenga à Munyengue et
dans la réserve forestière du Sud Bakundu dans une zone de faible pluviométrie à l’abri
de la mousson. Parmi les arbres caractéristiques peuvent être cités : Mansonia
altissima, Pterigota macrocarpa, Sterculia rhinopetala, Cola lateritia, Triplochiton
scleroxylon, Celtis philippensis, Celtis zenkeri, Celtis aldofi-frederici, Anthonotha
cladantha, Amphimas pterocarpoides, Mildbraediodendron excelsum, Entandrophragma
angolense, Entandrophragma cylindricum, Khaya anthotheca, et Trilepisium
madagascariense. Ces arbres sont accompagnés des arbustes tels : Cola flavo-
velutina, Cola pachycarpa, Cola rostrata, Drypetes spp et Diospyros spp.

Forêts submontagnardes (800 – 1,600 à 1,800 m)


On distingue deux types de forêts submontagnardes : la forêt submontagnarde à cimes
plus ou moins continues et la forêt submontagnarde à cimes discontinues. Cette forêt
est semblable à la forêt dense humide de basses altitudes, mais les arbres sont moins
élevés. On rencontre peu de contreforts, moins de cauliflorie et peu de grandes lianes.
La portion de forêt comprise entre 1200 à 2000 m d’altitude est souvent appelée «forêt
montagnarde à brouillard» à cause de la forte humidité et du couvert nuageux qui
persiste dans la zone. De plus, la plupart des arbres et arbustes ont des troncs et des
branches recouverts d’épiphytes, des fougères, des mousses et des lichens.

La forêt submontagnarde à cimes continues que l’on rencontre uniquement sur le mont
Etinde est caractérisée par un peuplement fermé avec des arbres de moyenne taille
(25-30 m de hauteur) dont les cimes sont plus ou moins jointives. Floristiquement les
arbres les plus caractéristiques sont de la famille des Sapotaceae, Guttiferae,
Sterculiaceae, Meliaceae, Olacaceae, Flacourtiaceae, et Euphorbiaceae.

En dehors du mont Etinde, c’est la forêt submontagnarde à cimes discontinues qu’on


retrouve un peu partout. Cette forêt est caractérisée par un peuplement ouvert avec des
arbres à taille moyenne à cimes dispersées. Les arbres les plus fréquents sont
Anthonotha cladantha, Allophylus africana, Prunus africana, Caloncoba lophocarpa,
Camptostylus mannii, Dasylepis racemosa, Xylopia spp., Alangium chinense, et
Drypetes spp. Cette végétation est parsemée de broussailles riches en Marantaceae et
en Aframomum. Certaines trouées sont également colonisées par de petits
peuplements de fougères arborescentes telles que Cyathea manniana et C.
camerooniana.

« Brousses à éléphants »
Ce sont des formations forestières clairsemées à Marantaceae et Zingiberaceae qu’on
rencontre fréquemment entre 500 m et 1800 m d’altitude sur les versants Nord-ouest et
Ouest du Mont Cameroun. Ce paysage particulier a été décrit par Letouzey (1985)
comme «Brousses à éléphants» parce qu’il est le domaine favori des éléphants qui y
trouvent une nourriture abondante. Cette végétation est formée de hautes plantes
herbacées où dominent les Marantaceae (Hypselodelphis scandens, Marantochloa
leucantha, M. ramosissima, Sarcophrynium schweinfurthianum), Zingiberaraceae
(Aframomum spp., Ranealmia spp.), Gramineae (Pennisetum pupureum, Setaria
megaphylla), et Acanthaceae.

On y rencontre également quelques arbres plus ou moins isolés et dispersés parmi


lesquels les plus abondants sont : Alstonia boonei, Coelocaryon preussii, Kigelia
africana, Tabernaemontana spp., Milicia excelsa, Musanga cecropioides, Bridelia
micrantha, Neoboutonia glabrescens, Myrianthus arboreus, Voacanga africana, et Ficus
spp. Ces formations forestières clairsemées se développent sur des sols formés sur
d’anciennes coulées boueuses très consolidées et largement étalées.

Forêts montagnardes (1,600 – 2,000 à 2,600 m)


Cette forêt est clairsemée avec des arbres pouvant atteindre 15-20 m de hauteur. La
strate arbustive est peu dense et l’éclairement du sous bois est assez intense avec des
taches herbacées dans les trouées. La plupart des arbres et arbustes ont des troncs
tortueux et des branches recouvertes d’épiphytes, des fougères, des mousses et des
lichens.

La forêt montagnarde est floristiquement moins riche que la forêt submontagnarde et la


forêt de basse altitude. Les arbres et arbustes les plus caractéristiques sont Schefflera
abyssinica, S. mannii, Syzygium staudtii, Prunus africana, Rapanea melanophlaeos,
Ilex mitis, Allophylus bullatus, Canthium dunlapii, nuxia congesta, Clausena anisata,
Pavetta hookeriana et Ficus spp. Au niveau de la zone de transition entre cette forêt et
la prairie montagnarde les arbres les plus fréquents sont Agauria salicifolia, Myrica
arborea, Hypericum lanceolatum, et Lasiosiphon glaucus. Cette zone de transition est
régulierement affectée par les feux de brousses.

Le sous bois est souvent constitué de peuplement de Mimulopsis solmsii, Acanthopale


decempedalis, Oreacanthus mannii, Plectranthus insignis, et Brillantaisia spp. Qui
forment des taches de tiges atteignant 3-5 m de hauteur, fleurissant tous les 7-12 ans
puis disparaissent. A ceci s’ajoute un bon nombre de plantes herbacées et
lianescantes, et des fougères.

Prairies montagnardes (2,000 – 2,800 à 3,200 m)


Les prairies montagnardes sont clairsemées et caractérisées par la présence de hautes
touffes de Gramineae et d’autres plantes herbacées éparses pouvant atteindre 1-2 m
de hauteur. Les plantes herbacées les plus abondantes sont : Loudetia camerunensis,
Andropogon lima, Pennisetum monostigma, ndigofera alatipes, Cyanotis barbata,
Trifolium simense, Hypoxis camerooniana, Swertia abyssinica, Kyllinga odorata,
Holothrix tridentata et Habenaria spp. Cependant on rencontre également de petites
populations d’espèces arbustives telle que : Agauria salicifolia, Myrica arborea,
Hypericum lanceolatum, Adenocarpus mannii, Philippia mannii, Satureja robusta et
Pentas schimperiana dans les vallées et les crêtes isolées.

Les feux de brousse accidentels des chasseurs et des collecteurs de miel sont les
principaux facteurs biotiques qui influent sur les formations végétales de ces prairies.

Prairies subalpines (2,800 – 3,200 à 4,095 m)


Ce sont des prairies très clairsemées caractérisées par la présence de petites touffes
dispersées de Gramineae et d’autres plantes herbacées éparses. Les espèces les plus
caractéristiques sont : Deschampsia mildbraedii, Agrostis mannii, Koeleria cristata,
Festuca abyssinica, Bulbostylis erratica, B. cappilaris, Andropogon distachyus, A. lima,
A. mannii, A. amethystinus, Aira caryophyllea, Crepis camerooniana et Silene biafrae.

On rencontre par endroits quelques petits arbustes rabougris tels que Adenocarpus
mannii et Blaeria mannii. Les abords du sommet ressemblent à un désert malgré la
présence de touffes dispersées de Gramineae et d’autres plantes herbacées.

Colonisation sur coulées de laves récentes


En haute altitude (> 2000 m), la colonisation s’effectue à partir des prairies voisines.
Les mousses et les lichens ont un rôle pionnier et on les rencontre en permanence sur
de grandes surfaces aux plus hautes altitudes.
En dessous de 2,000 m d’altitude, on distingue les coulées d’Ekona (1959) et les
coulées de Bibundi (1922). Ces coulées sont colonisées par des végétations pionnières
constituées des plantes de jachères telles Harungana madagascariensis, Alchornea
cordifolia, Bridelia micrantha, Musanga cecropioides, Cecropia peltata, Hymenodictyon
biafranum, Ceiba pentandra, Lannea welwitschii, Trema occidentalis, Alstonia boonei et
Ficus spp. Ces arbres et arbustes sont de taille moyenne et ne dépassent pas 20 m de
hauteur. On y rencontre également de nombreuses fougères, des orchidées, des
mousses et des plantes herbacées telles Chromolaena odorata, Melanthera scandens
et Emilia coccinea. D’autres espèces arbustives telles Syzygium guineense var.
littorale, Psorospermum tenuifolium et Tarenna conferta sont fréquents et abondants
sur les coulées de Bibundi.

Savanes herbeuses à Imperata cylindrica avec Borassus aethiopicum


(rônier)
On les trouve au pied du versant septentrional du Mont Cameroun de Kuke Bova à
Mundongo et plus au Nord-ouest à Ekumbe Liongo. Ces savanes herbeuses riches en
rôniers sont accompagnées de Bridelia ferruginea, Ficus sur, Ficus exasperata,
Allophylus sp, Alchornea cordifolia, avec çà et là Imperata cylindrica, Andropogon
tectorum, Aspilia africana et Hyparrhenia sp. Il faut noter que certaines de ces savanes
sont cultivées et que celles qui ne le sont pas sont colonisées sur leur périphérie par les
forêts voisines qui étouffent progressivement les rhôniers.

Faune
Le Mont Cameroun a une faune unique dont la répartition est régie par les conditions
écologiques, l’hydrographie et les différentes formations végétales qui servent à
l’alimentation des espèces végétariennes, les espèces prédatrices leur sont liées. C’est
ainsi qu’on note une forte concentration des mammifères dans les forêts de basse
altitude. On y rencontre des grands mammifères comme les éléphants, les chimpanzés,
les phacochères, les babouins, les drills, et les guibs harnachés. Cependant les
espèces telles que Loxodonta africana cyclotis, Cercopithecus preussi (Guenon de
Preuss), Pan troglodytes (Chimpanzé), Cercopithecus erythrotis (Moustac à oreilles
rousses), Mandrillus leucophaeus (Drill) sont menacées de disparition.

On rencontrait autrefois beaucoup d'éléphants de forêt (Loxodonta africana cyclotis) sur


toute la région de basse altitude autour du Mont Cameroun, mais actuellement ils ont
été décimés et les derniers rescapés ne constituent qu’une population de 40 à 200
individus (Gadsby et Jenkins, 1992). En ce qui concerne les primates menacés cités ci-
dessus, ils ont encore des populations viables que l’on retrouve dans les forêts les plus
découvertes dans les région du Mont Etinde et sur les versants Ouest et Nord-ouest du
massif.

L'avifaune de haute et de basse altitude est abondante et diversifiée avec près de 210
espèces d’oiseaux parmi lesquelles 2 espèces endémiques (Francolinus camerunensis
et Speirops melanocephalus) et 4 espèces rares (F. camerunensis, Malaconus
gladiator, Picathartes oreas, et Ploceus batesi) menacées de disparition. De plus, 20
des 28 espèces d'oiseaux endémiques des montagnes ont été recensées sur le Mont
Cameroun. Le site possède également trois espèces endémiques de papillons, deux
espèces endémiques de caméléons, une espèce endémique de lézard, et une espèce
endémique d’écureuil.

Cependant le site connaît un braconnage intense destiné à ravitailler les populations


urbaines environnantes et les marchés divers en viande et autres sous-produits tels que
l’ivoire, les cornes, et les peaux. Ce braconnage a largement contribué à la destruction
de la faune sauvage et des équilibres naturels.

Les prairies montagnardes connaissent chaque saison sèche des feux de brousse qui
brûlent presque la totalité de sa surface. Ces feux sont de nature à dégrader l’habitat de
la faune sauvage.

Peuplement humain
Plusieurs peuplements humains vivent autour du Mont Cameroun. La population est
estimée à plus de 200 000 personnes réparties dans plus de 40 villages et 20
campements des plantations industrielles de la CDC et PAMOL . La zone de Buéa à
Limbe est plus peuplée alors que la région de Batoke à Munyenge a une population
moins dense. Aux populations autochtones appartenant aux groupes ethniques
Bakweri, Bomboko et Balundu s’ajoutent des communautés multi ethniques et une
petite proportion d’habitants originaires du Nigeria, du Ghana et du Bénin.

La plupart des villages ont une population homogène essentiellement formée d’


autochtones. Ces villages sont dispersés et de petite taille (moins de 100 habitants). Le
taux de croissance démographique annuel dans la région est de 2,3% .

Infrastructures
La région du Mont Cameroun est dotée des routes principales bitumées (de Muyuka à
Idenau) et des routes secondaires non bitumées (tronçons Idenau - Mundongo -
Muyuka et Mundongo - Iloana - Boa) de bonne qualité. A ceci s’ajoute le port
commercial d’Idenau et de nombreuses pistes forestières. La construction de la
nouvelle route Limbe-Idenau a augmenté la pression qui s'exerce sur la forêt. Les
parties propices à la conservation devraient être choisies et gérées le plus tôt possible
afin de sauvegarder la partie inférieure du gradient altitudinal.

Activités humaines et incidences sur la biodiversité


L’agro-industrie et l’agriculture paysanne
Les grandes plantations industrielles de la Cameroon Development Corporation (CDC)
et l’agriculture commerciale contribuent énormément à la destruction de la végétation
de basse altitude. Parmi ces plantations industrielles on peut citer les plantations de thé
de Tole, d’hévéa de Moliwe, et de palmier à huile qu’on rencontre de Ombe à Sanje
(versant Sud-ouest et Ouest) dont l’introduction date de l’époque coloniale. La création
de ces plantations a permis l’ouverture des voies de pénétration le long desquelles
s’installent les agriculteurs de subsistance et les petits exploitants forestiers.

Sur le côté Est du mont, la dégradation de la forêt est tellement poussée que la partie
Nord de Buéa a perdu la majeure partie de son caractère naturel. Les cultures
itinérantes, les défrichements répétés et la rotation des courtes et longues jachères
pratiquées dans cette région ont favorisé la destruction des forêts sub-montagnardes et
montagnardes en installant les formations secondaires. Les versants Sud, Ouest et
Nord sont cependant relativement intacts et devraient être le pôle d'attraction des
efforts de conservation en ce qui concerne le Mont Cameroun.

L’exploitation forestière
L’exploitation forestière de bois d’œuvre dans la réserve forestière de la rivière de
Mokoko, la réserve forestière du Sud Bakundu, et la région de Etinde et Onge a écrémé
les massifs en prélevant l’Iroko, le Sipo, l’Aniengre et autres bois d’œuvre précieux.
Actuellement l’exploitation industrielle a cédé la place à une exploitation artisanale
pratiquée par des équipes de villageois équipés de tronçonneuses. Cette exploitation a
également contribué d’une manière indirecte à la destruction de la forêt de basse
altitude dans la mesure où elle a favorisé l’ouverture des pistes qui servent de voies de
pénétration aux agriculteurs.

La chasse et la pêche
Outre l’agriculture, la chasse constitue une source de revenus importante pour les
populations locales. Cette activité est plus intense dans la région de Buéa, Mapanja,
Batoke, Bakingili, Njonji et Bomana. Généralement, les zones en dessous de 1000 m
d'altitude sont utilisées par les habitants des villages situés au pied de la montagne en
suivant des pistes étroites ; alors que les zones d'altitude supérieure sont exploitées par
les habitants de la région de Buéa et de Njonji qui y accèdent par les sentiers qui
ceinturent le mont.

La chasse est l’apanage des locaux pour leur autoconsommation, mais avec la crise
économique la chasse a connu un développement important au cours des dix
dernières années et contribue aujourd’hui encore de façon significative à l’économie
locale. Cette chasse commerciale est de plus en plus pratiquée par les chasseurs
professionnels locaux et halogènes.

La chasse intensive, les méthodes destructives et le braconnage ont entraîné une


dégradation des populations animales dont certaines espèces ont été décimées.
Dans le passé, les éléphants de forêt peuplaient toutes les régions de basse altitude
autour du Mont Cameroun, mais actuellement ils ont été décimés et les derniers
rescapés ne se rencontrent que sur les versants Ouest et Nord-ouest de la
montagne. Les feux de brousse causés par les chasseurs en vue de drainer les
animaux hors de la végétation, ou par les collecteurs de miel est une grave menace
pour la survie des prairies et forêts montagnardes. Il semblerait que la conversion
progressive des formations boisées en formations herbeuses est due au caractère
répétitif des ces feux sauvages.

La pêche artisanale est pratiquée dans tous les villages côtiers et le long des rivières
Onge et Mokoko. Dans ces régions, le poisson constitue l’une des principales sources
de protéine et de revenu.

Exploitation des plantes médicinales et des produits forestiers non


ligneux
Généralement, plusieurs plantes médicinales et produits forestiers non ligneux
utiles sont récoltés rationnellement par les populations locales pour leur
consommation personnelle. Parmi ces plantes, les plus utilisées sont les rotins, les
feuilles des Marantaceae et de Gnetum africanum; les fruits d’Aframomum, Irvingia
gabonensis, Dacryodes edulis, Canarium schweinfurthii, Piper guineensis, Cola
spp., Elaeis guineensis, Garcinia kola, Tetracarpidium conophorum, Poga oleosa,
Ricinodendron heudelotii, et Tetrapleura tetraptera ; l’écorce de Prunus africana,
Afrostyrax lepidophyllus et Enantia chloranta ; et la tige de Garcinia mannii. Bien
que la liste des espèces utiles soit longue, seules quelques unes d’entre elles ont
une valeur marchande.

Cependant certaines plantes médicinales comme Prunus africana sont exploitées


industriellement et exportées par PLANTECAM qui dispose du seul permis
d’exploitation sur le Mont. L'écorce de cette plante est utilisée dans le traitement de
l’hyperplasie prostatique. Au cours de ces dernières années l’exploitation de cette
plante se fait de manière illégale et destructive avec un effet dévastateur sur la
population naturelle. Dans certains endroits certains Prunus sont écorcés de la
racine à la dernière branche et d’autres sont même abattus. Du fait de la très forte
pression qu’elle subit à travers le continent africain, cette espèce a été inscrite à
l’annexe II de la CITES ( Nkefor, Ndam et al., 1997).

Exploitation du bois de feu


Le bois de feu est la principale source d’énergie utilisée dans tous les ménages. En
dehors de l’usage privé, les populations locales exploitent également le bois de
chauffage à des fins commerciales. Il est aussi utilisé dans les boulangeries et pour le
séchage du thé et du poisson. Sur les flancs Ouest et Sud-ouest du Mont Cameroun,
cette exploitation est intense à cause de la haute demande des populations rurales et
urbaines de Buéa et Limbe. Dans les régions de Mabeta, Boa et Bamusso l’exploitation
abusives des palétuviers utilisés pour le séchage du poisson constitue une menace
grave pour la survie de ces peuplements de mangroves.

Statut légal et gestion


La région du Mont Cameroun est constituée de trois réserves forestières déjà classées
et délimitées, et 4 sous sites en voie de classement. Ces trois réserves forestières sont
: la réserve forestière de Bambuko (créée le 16 février 1939), la réserve forestière de la
rivière Mokoko (créée en 1952) et la réserve forestière du Sud Bakundu. Elles relèvent
de la délégation départementale des Forêts de la Meme à Kumba. Actuellement toutes
ces réserves sont en voie de dégradation et connaissent des problèmes de gestion. On
y rencontre une exploitation anarchique et illégale des ressources forestières et une
prolifération des plantations paysannes. Ceci est principalement due au non respect
des lois forestières en vigueur et de l’absence totale de contrôle.

Depuis 1994 ces réserves forestières ainsi que les autres sous sites sont gérés par le
Projet Mont Cameroun qui est né de la révision de l’ancien Projet dénommé Jardin
Botanique de Limbe et Conservation des Ressources Génétiques. Initialement en
1988, un programme bilatéral financé par l’Administration Britannique de
Développement d’Outre-mer (ODA actuellement appelé DfID) a été mis en oeuvre en
vue de réhabiliter le Jardin Botanique de Limbe et d’identifier et protéger les sites
prioritaires de conservation de la biodiversité dans la région du Mont Cameroun.
Aujourd’hui, le Projet est financé par la DfID, la Coopération Allemande (GTZ), la
Banque Mondiale (GEF) et le Gouvernement du Cameroun qui fournit le personnel, les
infrastructures et le cadre légal et institutionnel.
Le Projet Mont Cameroun s’est fixé pour but de maintenir la biodiversité sur et autour
du Mont Cameroun avec la participation des populations locales conformément à la loi
forestière Nº94/01 du 20 janvier 1994. La composante DfID basée à Limbe vise à
développer un centre régional pour la conservation, l’éducation et la recherche à Limbe,
améliorer les interventions en aménagement pour un usage soutenu des produits
forestiers, et encourager la participation locale dans la gestion conservatoire, et
encourager des activités alternatives génératrices des revenus. La composante GTZ
basée à Buéa a pour objectifs : développer un programme d’éducation
environnementale, préparer un plan d’utilisation des terres, tester et promouvoir la
participation des groupes d’auto-promotion aux objectifs du projet, et développer des
méthodes visant une gestion durable de la faune et des forêts communales.

Le Projet Mont Cameroun assure également la gestion du Jardin Botanique et du Parc


Zoologique de Limbe. Ce jardin qui fût créé en 1892 par les Allemands a été
entièrement rénové et réhabilité par le Projet. Il a une superficie de 0.48 km² et est doté
d’un herbier ayant plus de 20,000 échantillons botaniques provenant des plantes
collectées dans la région du Mont Cameroun, un parc botanique, un centre d’éducation
avec bibliothèques et auditorium, une pépinière, un amphithéâtre naturel d’une capacité
de 2,000-3,000 places, et des chambres de passage pour les chercheurs et visiteurs.
Avec toutes ces infrastructures, le Jardin Botanique de Limbe est actuellement l’un des
plus grands jardins botaniques modernes d’Afrique dont les objectifs sont : promouvoir
l’éducation environnementale, encourager le tourisme et la recherche, et encourager la
participation locale dans la gestion conservatoire des ressources forestières.

Plusieurs actions visant à promouvoir la conservation du site et la gestion rationnelle des


ses ressources forestières ont été réalisées par le Projet Mont Cameroun parmi lesquelles
on peut citer :

• Les inventaires botaniques, écologiques et faunistiques réalisés dans les régions


de «West Coast», Onge, Mokoko, Mabeta-Moliwe et «Upper Villages».

• Les inventaires socio-économiques, du bois d’oeuvre et produits forestiers non


ligneux utiles réalisés dans les régions de «West Coast», Mokoko, Mabeta-
Moliwe et «Upper Villages».

• L’inventaire du Prunus africana réalisé sur tout le massif nécessaire pour


déterminer l’étendue des dégâts, la biomasse et les conditions à prendre pour
permettre au peuplement de se reconstituer.
• La création d’un comité villageois de gestion et de l’exploitation du Prunus à
Mapanja. De tels comités sont en voie de création dans d’autres régions compte
tenu du succès obtenu à Mapanja.

• L’étude de la population d’éléphants sur les versants Nord et Ouest du Mont


Cameroun, afin de faire ressortir l’effectif et la structure de la population restante
pour en évaluer la viabilité et les déplacements saisonniers.

• La création d’une association des chasseurs dans la région Ouest du Mont


Cameroun dont l’objectif principal est de développer un programme rationnel et
durable de gestion de la faune cynégetique dans cette région.

• Le projet de création d’une réserve forestière communautaire dans la région de


Mabeta-Moliwe.

État de conservation et valeur du site


Le Mont Cameroun a une richesse biologique unique avec une flore et une faune
spéciales. Sur le versant Sud-ouest sa végétation conserve encore de manière
ininterrompue sa zonation altitudinale depuis la forêt dense humide côtière
jusqu’aux prairies montagnardes et subalpines de haute altitude, en passant par les
forêts sub-montagnardes et montagnardes. Ce versant qui s’oppose au flux de la
mousson est très humide faisant du Cap Debundscha qui reçoit 10-15 m de pluie
par an la deuxième place humide du monde. De plus, le site faisait partie du refuge
des espèces tropicales d’Afrique Centrale pendant les périodes chaudes et froides
du Pleistoscène.

Tous ces facteurs favorables expliquent la diversité floristique exceptionnelle et le


nombre élevé des espèces endémiques qu’on trouve sur ce site : 42 plantes
strictement endémiques au Mont Cameroun et 50 espèces qu’on rencontre
également dans les régions de Korup et Obudu Plateau du Nigeria, les Monts Oku,
Kupe, et Bioko (Guinée Equatoriale) ; trois papillons, deux oiseaux ; deux
caméléons, un lézard, et un écureuil. Pour les raisons ainsi évoquées, le site a été
recommandé pour être classé comme site du patrimoine mondial (IUCN/WWF,
1994).

En dehors de cette richesse biologique unique, les autochtones de la région du


Mont Cameroun sont les utilisateurs traditionnels des ressources forestières de la
montagne. Ils utilisent la forêt pour la cueillette des produits forestiers non ligneux
(légumes, plantes médicinales, fruits sauvages, épices, rotins, etc..), l’extraction du
bois d’œuvre et de feu, et la chasse. Le Mont Cameroun a un enjeu socioculturel
considérable car certaines plantes et espèces animales qu’il abrite ont été intégrées
dans les rites et traditions locaux.

Le potentiel touristique du site est largement accru avec la belle route reliant Idenau
à Douala, le Jardin Botanique de Limbe, les plages côtières, les chutes de Bomana,
et l’ascension du Mont Cameroun qui est organisée tous les ans.

Actions prioritaires pour assurer la conservation du site


La conservation du Mont Cameroun dans le contexte de la nouvelle loi forestière
implique de choisir et appliquer de nouvelles méthodes participatives qui visent à
mettre en œuvre des stratégies réalistes pour l’aménagement durable des
ressources naturelles. Des approches participatives doivent être mises au point
avec une stratégie qui intègre les objectifs de conservation des ressources et ceux
du développement local.

Le plan d’aménagement du site devra bien distinguer des noyaux de réserves


forestières strictes autour desquelles peuvent être établies des forêts
communautaires. Des inventaires botaniques, faunistiques, écologiques et socio-
économiques doivent être réalisés dans les réserves forestières de Bambuko,
Mokoko et Sud Bakundu afin d’évaluer la situation actuelle de ces réserves, de
préparer un plan d’aménagement réaliste pour chacune d’elles, et de les reclasser
conformément aux réglementations de la nouvelle loi forestière. Ces réserves
doivent être délimitées et contrôlées.

Dans les autres sous sites non classés tels «West Coast», Onge, Mabeta-Moliwe et
«Upper Villages» dont les travaux d’inventaires ont déjà été réalisés, le Projet a
entrepris des négociations avec les populations locales, la CDC (qui est l’un des
plus grand propriétaire terrien) et les autres intervenants locaux en vue d’élaborer
un système de gestion rationnelle et durable des ressources forestières. En fonction
des réalités du terrain, ces sous sites seront classés comme réserves forestières
strictes, forêts communautaires, ou réserves forestières de production.

En ce qui concerne le Prunus et la gestion des éléphants, un plan d’aménagement


sera établi avec les directives et les mécanismes de gestion de leurs populations
ainsi que les moyens matériels et humains nécessaires pour la réalisation de ces
programmes. Ces différents plans d’aménagement doivent être rapidement élaborés
et mis en œuvre compte tenu de l'importance biologique, touristique et scientifique
du Mont Cameroun.

Les activités de développement rural et autres activités lucratives telle l’élevage,


l’apiculture, et agro-foresterie sont à promouvoir autour du site afin d’améliorer les
conditions de vie des populations locales et de réduire le taux d’exploitation des
ressources forestières.

La réussite de toutes ces actions visant la conservation de la biodiversité autour du


Mont Cameroun dépend énormément du succès qu’auront les programmes
d’éducation environnementale et sensibilisation dans la zone.

Références bibliographiques
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Mount Cameroon in the proposed Etinde Reserve. In : Outline
botanical survey of the proposed Etinde Forest reserve in SW
Cameroon - Report on Limbe Gardens Conservation project.
Report to the Government of Cameroon and ODA.

Auteurs : Fomété N. Timothée et Tchouto Mbatchou G. P., 1998


CARTE MONT CAMEROUN
CAMPO/MA’AN
(Réserve de faune de Campo, forêt de production de Ma’an, réserve écologique
intégrale de Ndio’o Biwome, forêt de protection de Nkolbengue)

Situation géographique
Les réserves de Campo/Ma’an sont situées dans la province du Sud et couvre les
départements de l’Océan et de la Vallée du Ntem. Elles se trouvent à la frontière
Sud-Ouest du Cameroun à la frontière avec la Guinée Equatoriale entre les latitudes
2° 09 - 2° 53 N, et longitudes 9°48, 10°50’ E. Elles se repèrent sur la carte IGN au
1/200,000 sur la feuille Kribi Nyabessan NA-32-XVI-XVII.

Limites et étendue
Ces forêts domaniales sont limitées au Nord par le fleuve Lobé et la route
Nyabessan-Meyo Centre, au Sud par le fleuve Ntem et la frontière de la Guinée
Equatoriale , à l’Ouest par l’océan Atlantique et à l’Est par une ligne qui part du
village Nkong sur la Nationale n°7 vers Meyo Biboulou en passant par Nyézam.
L’ensemble s’étend sur près de 800,000 hectares avec la répartition suivante:
Campo (300,000 ha), Ma’an (108,000 ha), Ndio’o-Biwome (90,000 ha) et
Nkolbengue (302,000 ha).

Relief et réseau hydrographique


La réserve de Campo s’étend sur trois niveaux : la plaine côtière d’une altitude de 0
à 100 m ; le massif des Mammelles qui culmine à 320 m près du Rocher du Loup ;
la chaîne montagneuse de Nkolbengue orientée Sud-Est Nord-Est avec une altitude
variant de 500 m à 1059 m. La réserve de Ma’an quant à elle constitue un plateau
qui culmine à 802 m.

Le réseau hydrographique est dense et est constitué des afluents Sud de la Lobé et
Nord du Ntem. De l’embranchement de Bangola à la frontière de Guinée, le fleuve
Ntem se dirige vers le Nord-Est le long d’un canyon profond sur plus de 30 km. La
gorge du Ntem se termine par une chute impressionante à partir de laquelle il y a
deux branches du fleuve dont celle du Nord appelé Bongola rejoint celle du Sud à
l’embouchure formant l’île de Dipikar qui s’étant sur 36,000 ha.
Formations géologiques et sols
Les réserves de Campo/Ma’an sont situées sur des formations du précambrien
inférieur.

Les roches de la réserve sont des micaschistes à deux micas, des gneiss
supérieurs et inférieurs et des gneiss indifférenciés. Il y a essentiellement deux
types de sols : les sols ferralitiques typiques et des sols hydromorphes. Les sols
ferralitiques sont jaunes et sont dérivés des roches métamorphiques
caractéristiques de la zone côtière. Les sols hydromorphes se sont développés là où
le niveau de la nappe est proche de la surface du sol. Ils occupent les zones
facilement inondables. La côte est sableuse sur une profondeur atteignent 200 m
par endroits tandis qu’on note des sols hydromorphes halophiles portant la
mangrove à l’embouchure du Ntem.

Climat
La réserve de faune de Campo a un climat sub-équatorial à quatre saisons ; une
grande saison sèche de novembre à février, une petite saison des pluies entre
mars et mai, une petite saison sèche de juin à mi-août, une grande saison des
pluies de mi-août à novembre. La pluviosité annuelle moyenne s’élève à 2 817 mm.
La température moyenne annuelle est égale à 26,8°C. Si le régime des pluies est
similaire dans la réserve de Ma’an l’indice pluviométrique par contre diminue de la
mer vers l’intérieur, et atteint 1 800 mm à Ma’an.

Végétation
Selon Letouzey (1985) la zone est occupée par onze types de formation végétales.
De la côte vers l’interrieur , on distingue :
r- Les fourrés arbustifs littoraux le long de la côte atlantique ;
s- Les réserves de Campo/Ma’an appartiennent au domaine de la forêt
dense, humide, sempervirente guinéo-congolaise, secteur forestier
sempervirent camerouno-congolais, district biafréen à l’ouest, et la forêt à
tendance sémi-décidue à l’Est.
t- La mangrove haute à Rhizophora racemosa et Pandanus satabiei.
u- Poches de mangrove haute à Rhizophora racemosa et Pandanus
v- Forêt atlantique biafréenne à Caesalpiniaceae encore abondantes, avec
Saccoglottis gabonensis et autres indices littoraux. Les espèces
caractéristiques sont Anthonotha lamprophylla, Coula edulis, Glossocalyx
brevipes, Lophira alata et Scyphocephalium mannii. Cette formation se
trouve au centre de la réserve.
w- Forêt atlantique biafréenne à Caesalpiniaceae encore abondantes, avec
Calpocalyx heitzii et Saccoglottis gabonensis. Cette formation se
caractérise avant tout par l’abondance de Calpocalyx heitzii. Les autres
espèces sont Dialium tessmannii, Guibourtia ehie et Hoplestigma
klaineanum. La formation se trouve au Sud-Ouest de la réserve.
x- Forêt atlantique littorale à Caesalpiniaceae relativement rare, avec
Saccoglottis gabonensis. Cette formation représente un passage entre le
district biafréen et le district littoral ; elle se situe au Nord de la réserve.
y- Forêt atlantique biafréenne à Caesalpiniaceae cette formation se
caractérise par la présence et l’abondance de nombreuses espèces de
Caesalpiniaceae souvent grégaires. Elle se trouve au sud-est de la
réserve.
z- Forêt secondaire. Les forêts secondaires dérivent de la transformation des
forêts sempervirentes par l’homme. Ces zones sont par endroits
colonisées par un recrû dont les essences principales sont Musanga
cecropioides, Trema orientalis, Lophira alata et Anthocleista sp.
aa- Forêt marécageuse. Les forêts marécageuses sont abondantes en
raison de l’important réseau hydrographique de la région. Elles sont
occupées par Mitragyna stipulosa et par des Marantaceae et des
Zingiberaceae.
bb- Forêt submontagnarde sur les collines de Nkolbengue avec une
végétation rabougrie
cc- Formations saxicoles sur les collines de Nkolbengue.

Faune
La réserve de faune de Campo/Ma’an renferme des espèces menacées (bien
qu’ayant une répartition étendue) de la forêt équatoriale : l’éléphant de forêt,
Loxodonta africana cyclotis, la panthère Panthera pardus, Felis aurata,
Cephalophus silvicultor, et Pan troglodytes. D’autres, moins menacées, sont aussi
présentés : Dendrohyrax arboreus, Tragelaphus euryceros, Tragelaphus spekei,
Tragelaphus scriptus, Syncerus caffer, et Potamochoerus porcus. La réserve
protège aussi des espèces à distribution plus limitée comme Mandrillus sphinx,
Colobus satanas, Gorilla gorilla et Cercocebus torquatus. Parmi les oiseaux on peut
noter Stephanoetus coronatus,Urotriorchis macrourus, et Agelaster niger.

Peuplement humain
Les réserves de Campo/Ma’an sont au centre d’une région avec une densité de
population très faible d’environ 1 habitant au km2. La ville de Campo compte une
population de 3.600 hbts, Ipono 2 500 habitants, Ma’an 9600 hbts. Les deux
grandes sociétés agro-industrielles la Société Camerounaise de Palmeraies
(SOCAPALM) et Hévéa du Cameroun (HEVECAM) au Nord emploient une
population d’environ 12,000 habitants.

La ville de Campo se trouve à l’intérieur de la réserve. Les ethnies principales sont


les Mvayes, les Yassas, les Batangas et les pygmées Bagyelli. Les Mvayes sont les
habitants les plus nombreux. Ils se trouvent presqu’entièrement sur la route Kribi-
Mnini par Campo, tandis que les Yassas sont des côtiers. Une large partie de la
population Batanga occupe la réserve de faune. Elle occupe toute la côte de la
partie Nord-Ouest située dans l’arrondissement de Kribi. Les Pygmées Bagelli se
rencontrent sur l’ïle de Dipikar et dans les zones de forêts non exploitées. Ces
Pygmées vivent surtout de la chasse.

Infrastructure
Campo est relié à Kribi par une route permanente de 70 km. Une autre route relie
Ebolowa à Ma’an. Mais la grande partie des infrastructures routières et des ponts
sont construits par la Société Forestière de Campo sur près de 150 km à l’intérieur
de la réserve. Le fleuve Ntem est navigable dans son cours inférieur sur 30 km
jusqu’au village de Dipikar. Le projet du pipeline Tchad Kribi (Rocher du Loup)
pourra améliorer la circulation dans le Nord de Campo/Ma’an avec la route parallèle
y attenante.

Activités humaines
Elles sont concentrées autour de l’exploitation forestière, l’agriculture, la chasse et la
pêche.

L’exploitation forestière est le fait de la SFC qui a reçu en 1969 une licence
d’exploitation de 25 ans sur 2,370 km² à l’intérieur de la réserve de faune de
Campo. Cette société qui exploitait 150,000 m3 de bois par an devait arrêter ses
activités en 1994, mais elle a été autorisée à prolonger ses activités pour deux ans
dans l’île de Dipikar, et ce jusqu’en 1996. La SFC employait jusqu’à 2,000
personnes directement et indirectement. Actuellement la SFC continue ses activités
dans la forêt de production de Ma’an.

L’agriculture est le fait des populations Bantou et des allogènes qui travaillent au
Nord de la réserve dans les sociétés agro industrielles. Quant au braconnage les
responsables locaux du MINEF estiment à 2,000 le nombre d’armes à feu en
situation irrégulière dans la région soit une arme pour 4 km² (Fosy 1995). Les
braconniers viennent d’Edéa, d’Ebolowa, Kribi et même de Guinée Equatoriale. La
pêche se fait dans le Ntem et en mer par les Yassas et les Batanga et pose peu de
problèmes au niveau de la perte de la biodiversité sauf la disparition de
l’hippopotame du Ntem.

Statut légal et gestion


Trois textes régissent la zone de Campo/Ma’an. L’arrêté du 19 Novembre 1932 du
Haut Commissaire pour installer la réserve de faune du Campo (3,000 km² ; le
décret 80/417 du 10 octobre 1980 qui crée la réserve de Ma’an (990 km²) et enfin
l’arrêté ministériel N° 91 qui gelait l’affectation des terres pour trois ans pour une
zone au nord de la réserve de Ma’an pour des zones à usages multiples, la réserve
écologique intégrale de Ndio’o-Biwome, et une forêt de protection sur les
montagnes de Nkolbengue, portant la zone à protéger à près de 8,000 km².

Le décret 80/417 du 10 Octobre 1980 reconnaissait implicitement l’existence de 7


villages à l’intérieur de la réserve de Ma’an, et leur accordait le statut d’enclave sur
un rayon de 2 km à partir du centre du village.

Le gel des activités d’affectation des terres a montré la volonté du gouvernement


d’accorder un statut particulier à une zone qui allait bien au-delà des limites des
réserves de faune de Campo (3,000 km²) et de Ma’an (1,080 km²) pour porter la
zone à près de 8,000 km². Le projet GEF/BIODIVERSITE et la fondation
TROPENBOS travaillent activement dans la zone, pour mener des études
préliminaires à l’aménagement.

Le projet GEF de Conservation et Aménagement de la Biodiversité de Campo-


Ma’an en cours, a débuté en Juillet 1996 et va s’étendre jusqu’en l’an 2,000. Il se
propose :
dd- de conserver la biodiversité exceptionnelle de la région de Campo-
Ma’an
ee- de développer sur des bases socio-économiques, des communautés
locales en relation harmonieuse avec leur environnement, et d’exploiter de
façon rationnelle les réserves des zones dites d’utilisations multiples.
Une proposition d’aménagement spatiale de la zone a été adoptée avec la création
sur carte de :
ff- trois zones d’utilisations multiples
gg- trois zones de protection ( réserve de faune de Dipikar, forêt de
protection de la montagne Nkolbengue et réserve écologique intégrale de
Ndio’o-Biwome
Une aire protégée côtière est envisagée pour préserver les tortues de mer.
Ce projet propose aussi sur le plan d’écodévelopement :
1. d’élaborer et appliquer un plan de développement socio- économique pour la
zone ;
2. Préparer et appliquer un plan de zonage et d’une stratégie de conservation sous
un régime d’utilisation multiple ;
3. Délimiter et reclasser la région en zone de conservation de la biodiversité, à la
production forestière, à la foresterie communautaire et à la chasse ;
4. Préparer et exécuter des plans d’aménagement pour les différentes aires
protégées ;
5. Participer à l’élaboration et l’exécution des plans d’aménagement pour les forêts
de production.

État de conservation et valeur du site


La région de Campo-Ma’an est un site important pour la conservation de la
biodiversité en Afrique Centrale à cause de son haut degré d’endemisme floristique
et faunique et à cause de la faible pression démographique et sa localisation dans
une zone frontalière où il existe une autre réserve en Guinée Equatoriale.

La région de Campo/Ma’an présente un bon échantillon de la diversité biologique de


la forêt atlantique biafréenne à l’Ouest et de la flore congolaise à l’Est. L’île de
Dipikar est riche en endémiques, à cause de son relatif isolement.

Campo-Ma’an constitue un site important sur le plan sous régional. Si l’exploitation


forestière a perturbé la biologie de la frange côtière de la zone (Campo, Dipikar et
Ma’an) le reste garde toute sa potentialité du point de vue diversité biologique et
endémisme.

Le potentiel scientifique du site est important malgré l’extension de l’exploitation


forestière après les 25 ans concédés à la SFC.

Les potentialités touristiques de la région sont énormes avec le pipeline Tchad-


Océan qui aboutira au Nord de la réserve, et la création à terme d’un port en eau
profonde au Rocher du Loup. Le tourisme sera d’abord balnéaire autour de Campo
avec navigation sur le Ntem jusqu’aux chutes de Menve’elé. L’exploitation à terme
du minerais de fer des Mamelles contribuera à donner un vrai essor économique à
la région avec cette fois des effets négatifs sur les écosystèmes côtiers, forestiers
et lothiques.

Problèmes identifiés
L’attribution en 1968 d’une concession forestière dans une réserve forestière
constituait la première entrave à la législation par l’administration forestière. Si les
infrastructures routières existantes dans la zone sont le fait de la SFC, il est à noter
que ces routes et ponts sont des voies d’accès des braconniers. La SFC a demandé
une nouvelle concession dans la réserve de Ma’an considérée comme forêt de
production. Ses activités se poursuivent normalement à ce jour dans cette forêt de
production.

La gestion de ses forêts domaniales se situe encore au niveau de projet. Le


personnel existant est en nombre insuffisant et manque de motivation. Le plan
d’aménagement du site est encore à l’étude .

Le braconnage s’intensifie d’autant plus que les activités économiques vont


s’intensifier dans un avenir proche. Les employés de la SOCAPALM d’HEVECAM
font peser la menace sur le Nord tandis que les migrants et étrangers sévissent sur
la partie côtière et Sud.

Dans la perspective de développement à terme il est prévu un barrage hydro-


électrique sur le Ntem, ce qui ne manquera pas de perturber l’écosystème lothique,
tandis que le pipeline Tchad -Kribi aura à coup sûr des repercussions négatives sur
l’ensemble de l’écosystème de la zone. Coment pourra-t-on protéger efficacement
la faune alors que la demande en protéines sera importante de la part des
travailleurs du secteur pétrolier avec un fort pouvoir d’achat ?

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources.
De ce qui avait été proposé par Gartlan en 1989 à savoir :
hh- Mener une étude économique sur les projets d’extension des
plantations d’hévéa et des palmeraies au Nord de la réserve. Les
plantations devraient bénéficier d’une assistance technique pour permettre
aux ouvriers de s’adonner aux cultures vivrières, à l’élevage du petit bétail
et de la volaille, et réduire ainsi la pression exercée sur la réserve.
ii- Un plan cadastral d’aménagement du Département de l’Océan doit voir le
jour. Il devra accorder, dans ses grands projets d’aménagement, une
place de choix à la conservation.
jj- Des zones tampons doivent être créées autour de la réserve. Les limites
de celles-ci doivent être démarquées et entretenues.
kk- Il est nécessaire de fournir des ressources humaines et matérielles
adéquates à la réserve. Le conservateur ne dispose pas de véhicule et
cela dure depuis plusieurs années déjà. La quantité et la qualité du
personnel en place sont à revoir.
ll- Des programmes extensifs d’éducation sur la conservation de
l’environnement doivent être mis sur pied autour de la réserve.
mm- Le développement du tourisme doit être prioritaire dans la région;
Rien de tout cela n’a été entrepris . Par contre les projets GEF, SNV, TROPENBOS
ont entrepris avec le Ministère de l’Environnement et des Forêts des études en vue
d’une gestion durable des ressources naturelles du site. Il faudrait se pencher sur:
nn- Les études d’impacts que le projet de pipeline causera aux
écosystèmes forestiers et aquatiques.
oo- Les études socio-économiques sur la gestion future des ressources
avec la participation des populations.
pp- Un plan d’aménagement de l’ensemble de la zone en concertation
avec la Guinée Equatoriale et le Gabon.

Bibliographie
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Gartlan S., 1989 La conservation des écosystèmes forestiers du Cameroun.
GEF, 1996. Campo-Ma’an biodiversity conservation and management projet.
Rapport 31 p. + annexes
Letouzey R., 1986. Notice de la carte phytogéographie du Cameroun. Inst. Carte
Internat. de la végétation Toulouse.
Tchabda R., 1986. Rapport technique la nouvelle réserve de Ntem-Bangola.
Bureau de la faune Kribi.
Thomas D., 1995. Botanical and ecological survey of the Campo/Ma’an area
Cameroon. Draft report.
Vivien J., & Faure J.J., 1985. Arbres des forêts denses d’Afrique Centrale.

Auteur : Zachée Tchanou 1998.


Liste de la flore endémique/menacée de Campo/Ma’an
Burseraceae Ancoumea klaineana (Okoumé)
Cesalpiniaceae Copaifera religiosa (Anzem) Dialium bipindense Didelotia
unifoliata, Gilletiodendron pierreanum (Mbambandi),
Monopetalanthus letestui, (Andoung) Toubaouate brevipaniculata
( zing), Librevillea klaineana
Ixonanthaceae Octhocosmus calothyrsus ( Moka)
Mimosaceae Calpocalyx heitzii (Minama)
Mimosaceae Oubanguia laurifolia (Meniuminsi)
Sapotaceae Kantou guereensis ( Mbele), Gluema ivorensis ( Djimbo)
Luxembourgiaceae Teshelea gabonensis ( Izombe)

Liste des mammifères rares (R) en disparition (D) endémiques (E) des
réserves de Campo/Ma’an (Thomas 1995)
FAMILLE GENRE ESPECE INDICATION
Nycteridae Nycteris intermedia E
Hipposideridae Hipposideros curtus E
Mustelidae Mellivora capensis R
Felidae Felis aurata R
Panthera pardus
Trichechidae Trichechus senegalensis R
Elephantidae Loxodonta africana R
Hippopotamidae Hippopotamus amphibius D
Suidae Hylochoerus meinertzhageni R
Bovinae Syncerus caffer R
Cercopithecidae Cercocebus galeritus R
-//- C. neglectus R
Colobidae Colobus guereza, C. satanus R
Pongidae Pan troglodytes R
Gorilla gorilla R

Reptiles en disparition (D) et rares (R)


Crocodolidae : Crocodilus cataphractus (D)
Osteolaemus tetraspis (R)

Poissons endémiques
Mormyridae Marcusenius conicephalus
Marcusenius ntemensis
CARTE DE CAMPO
DJA
(Réserve de la biosphère du Dja)

Situation géographique
La Réserve de Faune du Dja se trouve dans les provinces administratives du Sud et
de l’Est du Cameroun entre 2°50 et 3°30 de longitude Nord et 12°20 et 13°40 de
latitude Est.

Elle chevauche deux départements (Dja et Lobo et Haut-Dja et cinq


Arrondissements (Bengbis, Djoum, Messamena, Abong- Mbang et Lomié)

Limites et étendue
Avec une superficie de 5,260 km², le site a une forme de boucle aplatie et est limité
naturellement sur 75% de son périmètre par la rivière Dja qui lui donne son nom.

Relief et réseau hydrographique


Le paysage est une succession de collines convexes et d’interfluves émoussés.

Le relief est peu marqué (plat), et l’altitude varie entre 600 et 700 m.

Le Dja est le Principal cours d’eau du site ; une ligne de crête le traverse et, de cette
dernière coulent de petits cours d’eau vers le Dja.

Formatons géologique et sols


D’après Gartlan (1989), La Réserve du Dja se trouve sur un substrat géologique
précambrien, appartenant à la série Mbalmayo - Bengbis. Les roches sont d’origine
métamorphiques, schistes verdâtres à éclats gras, plissotés, bordées de
micaschistes à grenats, intercalés de lits quartzeux à grains fins. Le complexe de
base apparaît au Nord de la Réserve. Dans le sud, le Dja suit une grande faille
tectonique sur une soixantaine de kilomètres, à l’origine d’une série de chutes et des
rapides. Une autre faille se trouve à l’Ouest de la réserve, de direction NNW-SSE, le
long du Dja, de l’embouchure de la Lobo jusqu’à la latitude de la Libi. Une formation
calcaire a été identifiée le long du Dja, vers Mintom.

Les sols dérivés de ce substrat sont ferralitiques, très poreux, meubles et humides.
Il n’y a pratiquement pas d’humus. Ce sont pour la plupart des sols rouges
orthiques, argileux et, le long du Dja, des sols rouges et jaunes remaniés. Ils sont
pauvres en éléments nutritifs et très fragiles.
Climat
Typiquement équatorial, le climat est chaud et humide, avec quatre saisons dont
deux saisons de pluies qui s’étalent du mois d’Août à Novembre et de Mars à Juin
et deux Saisons sèches de Décembre à Février et pendant le mois de Juillet.

La température moyenne annuelle est de 24°C et les précipitations moyennes


annuelles varient entre 1,182 mm et 2,346 mm de pluie au cours des années.
(Sonké, 1996)

Végétation
Le Dja appartient au domaine de la forêt Camerouno-Congolaise, caractérisée par :
qq- l’absence des espèces de forêts caducifoliées en forêt intacte,
rr- la pauvreté des espèces caractéristiques de la forêt côtière,
ss- la présence de plusieurs espèces et parfois genre connus au Cameroun
seulement dans le secteur,
tt- l’importance sur les terrains argileux de palmiers lianescents.
On observe trois types de forêts sur le site :
uu- les forêts sur rocher avec formations saxicoles (5%)
vv- les forêts sur sols Hydromorphes (20%), qui englobent les forêts
marécageuses à Uapaca paludosa et Raphia munbuttorun, et les prairies
marécageuses.
ww- les forêts de terre ferme (75%), qui peuvent être subdivisées en deux
groupements : les forêts secondaires héliophiles à croissance rapide et les
forêts primaires, hétérogènes, avec une dominance particulière des
peuplements de Gilbertiodendron deweuwrei (Obam, 1992).
Les forêts du Dja sont très hétérogènes, on observe 108 à 138 espèces à l’ha avec
une densité et une dominance relatives inférieures à 1% du nombre total d’espèces.
(Sonké, 1996) On observe par ailleurs un envahissement des éléments des forêts
semi-caducifoliées au Nord et les forêts athermiques à l’Ouest.

Un inventaire effectué par Sonke (1996) a permis de dénombrer 340 espèces


appartenant à 54 familles.

Faune
La Réserve protège des espèces à large répartition et qui sont menacées comme
Loxodonta africana cyclotis, Cephalophus silvicultor, Pan troglodytes troglodytes,
Panthera pardus, et d’autres à distribution plus réduite comme Tragelaphus
euryceros, Manis gigantea, Felis aurata, Gorilla gorilla gorilla, Aonyx congica et
Potamogale velox. Parmi les singes, on peut observer : Cercopithecus nictitans,
Cercophithecus cephus, Cercopithecus neglectus, Cercopithecus pogonias,
Miopithecus talapoin, Colobus polykomos occidentalis et Cercocebus albigena
albigena.

Un inventaire systématique réalisé sur le site en 1995 a permis de dénombrer 94


espèces de mammifères à l’intérieur et 75 dans son environnement immédiat
(Gnegueu, 1996). D’autre part, parmi les oiseaux, la fauvette du Dja (Bratypterus
grandis) et Picathartes oreas sont présents et un inventaire ornithologique effectué
en 1994 a permis de recenser 320 espèces résidentes et plus de 80 espèces
migratrices (Christy, 1994).

Les poissons eux, appartiennent à la faune du bassin du Congo, avec environ 25%
d’espèces endémiques au Cameroun ; parmi ceux-ci, les Cypronidae notamment
les Barbus sont de bons indicateurs géographiques avec leur endémisme souvent
élevé. (Gartlan 1989).

Liste de la faune endémique menacée


Cercocebus torquatus Cercocerbe à collier blanc
Colobus satanas Colobe noir
Pan troglodytes chimpanze
Gorilla Gorilla Gorille
Panthera pardus Léopard
Loxodonta africana c. Elephant de forêt
Picathartes oreas Picatharte chauve
Bradyterus grandis Fauvette du Dja
Crocodylus niloticus Crocodile du Nil
Osteolaemus tetraspis Crocodile pygmée

Peuplement humain
Malgré la faible densité de la population dans la région (1,5 hb/km²), le site est
occupé dans ses parties Nord et Ouest par une quinzaine de villages qui comptent
environ 3,500 habitants selon un recensement général effectué en 1996 dans le
cadre du Plan d’Aménagement de la réserve. En périphérie immédiate, 19,500
personnes environ peuplent les villages qui sont situés en collier autour de la
réserve.

Les ethnies principales de la région sont les bantous et les pygmées. Les Bantous
composés de Badjoué au Nord, Bulu à l’Ouest et Nzime à l’Est ; ils sont chasseurs,
cultivateurs et pêcheurs (Tene, 1996). Les pygmées eux, occupent les habitations
temporaires dans la Réserve, surtout à l’Est, et y font la chasse ou travaillent dans
les plantations des bantous (Joiris, 1994).

Infrastructures et activités humaines


Les principales voies d’accès vers le site sont les routes secondaires d’Abong-
Mbang vers Lomié (120 km), Sangmélima vers Bengbis (55 km) et Somalomo (75
km). A l’intérieur du site, les pistes et des sentiers sont tracés par les populations et
relient les principaux villages, à savoir Mekas à l’Ouest et Ekom au Nord.

Sur le plan infrastructurel, on a une radio de commandement à Mekas, Somalomo et


Ekom, un dispensaire à Somalomo et Ekom et un important marché hebdomadaire
à Bissombo à l’Ouest. Par ailleurs, on a en moyenne une École Primaire par village.
A Somalomo qui est siège du service de la conservation, on a un bâtiment officiel et
le quartier général ECOFAC qui comprend : une case de passage, sept logements
de personnel et 24 chambres à coucher. A Lomié à l’Est, UICN, construit aussi des
bâtiments.

L’activité humaine à l’intérieur du site se résume à l’agriculture, la chasse, la pêche


et la cueillette qui sont les principales sources de revenus alors qu’à l’extérieur, on
voit une ceinture d’exploitation forestière qui se resserre chaque jour un peu plus sur
le site menée principalement par les sociétés PALLISCO, GRUMCAM, SABE et la
Forestière du Dja et Lobo. (Tene, 1995).

Statut légal et gestion du site


Créée le 25 Avril 1950 par l’Arrêté n° 319 du Haut Commissaire de la République
Française au Cameroun, la Réserve de Faune de Dja fait partie du Domaine Privé
de l’Etat. Elle a été érigée en réserve de la biosphère le 15 Décembre 1981 et
inscrite comme site du Patrimoine Mondial par la Lettre d’Accord 179/SG/PR du 1er
Octobre 1984.

La gestion de ce site est sous la coordination d’un conservateur basé à Somalomo,


de 04 agents et de 21 écogardes. Les écogardes sont payés par les Projet et
utilisés par l’Administration sans avoir le statut traditionnel des gardes-chasse.
L’Administration bénéficie par ailleurs du soutien technique et logistique de Projets
(ECOFAC, UICN/DJA) et d’ONG (SNV, Enviroprotect) qui contribuent à l’élaboration
du Plan d’Aménagement du site et à sa protection.
État de conservation et valeur du site
De par sa limite naturelle (Dja) difficilement franchissable, le site n’a pas été soumis
à une pression humaine forte.

D’autre part, c’est le point d’intersection entre les espèces animales et végétales
venant des bassins continental au Nord, du Congo à l’Est et de l’Atlantique à
l’Ouest, c’est ce qui explique sa richesse et sa diversité spécifique.

La diversité de la faune camerouno-congolaise est bien représentée dans le site


sous forme d’une grande surface de forêt, c’est un très bon échantillon de la
diversité biologique végétale et, du fait de sa superficie, il joue un rôle
particulièrement important, à la fois dans la régulation des affluents du fleuve Congo
et dans celle du climat de la région. Le potentiel scientifique est particulièrement
important car la réserve est située dans une zone forestière peu accessible et elle
contient des espèces animales et végétales de forêt dense humide parmi les moins
étudiées du monde.

Toutes ces potentialités et ces particularités méritent d’être conservées et gérées


de façon durable.

Les différents classements du Dja lui confèrent une renommée mondiale et un rôle
de laboratoire naturel pour les écoles et pour la science. A cet effet, les recherches
menées et dont l’essentiel des résultats sont disponibles aujourd’hui ont constitué
une base importante pour la rédaction du plan d’aménagement du site qui,
actuellement est en cours de validation. Par ailleurs, sur un plan économique, le
potentiel touristique du site ne peut être négligé, dans le sens de l’écotourisme.

Problèmes identifiés
La gestion du site se heurte à de nombreux problèmes qui sont entre autres :
xx- la présence des populations résidant à l’intérieur et à la périphérie
immédiate du site : avec un effectif sans cesse croissant (environ 23,000
habitants) à l’intérieur et autour, la pression humaine du site est de moins
en moins contrôlable
yy- la présence d’une chaîne d’exploitation industrielle qui se resserre
progressivement sur le site : le caractère minier de cette exploitation
provoque la rareté des produits forestiers prisés par les populations
(écorces, fruits, animaux) ; ces derniers vont les chercher plus loin, donc
dans le site.
zz- l’insuffisance du personnel et d’infrastructures pour la surveillance et la
répression du braconnage dans le site.
aaa- absence des zones tampon
bbb- l’insuffisance des données disponibles en ce qui concerne le potentiel
biologique du site et le niveau de pression sur les ressources, ce qui rend
difficile la détermination des taux de prélèvement de produits
ccc- l’intensification de l’activité de braconnage, due au désoeuvrement des
jeunes pendant plusieurs mois dans l’année
ddd- manque de collaboration franche entre les différents intervenants dans
le site (population, conservation, projets, ONGs) : les actions de ces
derniers sont dispersées et très souvent divergentes.
Aujourd’hui, les différents intervenants commencent à comprendre la nécessité
d’une action commune et une proposition de plan d’aménagement a été rédigée ;
mais, la croissance démographique, l’exploitation minière et le braconnage d’une
part, le caractère partiel de la connaissance sur le potentiel et l’insuffisance de
l’effectif chargé de la protection du site d’autre part, sont les principaux points qui
pourront faire obstacle aux actions de conservation à l’avenir. C’est pourquoi,
certaines actions doivent être menées de façon prioritaire en vue de l’utilisation
durable des ressources.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources.
Les actions à mener pour la conservation et l’utilisation durable des ressources sont
entre autres :
eee- le suivi du processus de validation du Projet du plan d’aménagement
rédigé, et son actualisation au fur et à mesure de la précision des
informations issues des recherches en cours (inventaires et répartition de
la flore et de la faune, étude écologique des espèces menacées ou
endémiques) ;
fff- le contrôle de l’immigration des activités humaines dans le site ;
ggg- l’éducation environnementale en vue de sensibiliser les populations sur
l’importance et l’utilisation rationnelle des ressources ;
hhh- renforcement de la capacité de l’Administration par l’établissement des
secteurs de surveillance, l’augmentation des effectifs chargés de la
surveillance et le renforcement de la lutte anti-braconnage ;
iii- la création d’une zone tampon ;
jjj- la valorisation du potentiel du site par l’érection du site en parc national, le
développement des infrastructures (routes, ponts, centres d’accueils) ;
kkk- le développement d’une action conjointe et coordonnée des différents
intervenants sur le site.
Bibliographie
Culverwell, J. 1997. Long term recurrent costs of protected area management in
Cameroon. WWF, MINEF, Yaoundé. 80 pages + annexes.
Christy P., 1994 : Inventaire Ornithologique de la Réserve de la Faune du Dja.
Rapport intermédiaire. Groupement AGRECO - CTFT. 59 pp.
Gartlan S., 1989 : La Conservation des Ecosystèmes Forestiers du Cameroun ;
UICN 186 pp.
Joiris Daou V., 1994 : Systèmes foncier et socio-politique des populations de la
Réserve du Dja. Enquêtes anthropologique pour une gestion en
collaboration avec les villageois AGRECO - CTFT. 29 pp.
Ngnegueu P.R., 1996 : Etude des Peuplements de Myridae et Soridae et
Recensement des Mammifères dans la région du Dja. (Synthèses
des résultats des missions réalisées en 1994 et 1995 dans la
Réserve de faune du Dja). 22p.
Obam A., 1992 : Conservation et Mise en Valeur des Forêts au Cameroun . 285p.
Sonke B., 1996 : Synthèse des données des inventaires floristiques dans la
Réserve de Faune du Dja. Groupement AGRECO - CTFT. 151p.
Téné A., 1995 : Monographie et Description du Plan du Terroir : Cas du village
Malen V. Rapport ECOFAC 45 p.
Téné A., 1996 : Contribution à la Planification des Interventions du Programme
ECOFAC. Cas du secteur Pallisco. Mémoire de Fin d’études,
FASA, Université de Dschang, 60 p.

Auteur : Fomete N. T. & Tene A.


CARTE DJA
DOUALA - EDEA
(Réserve de faune de Douala-Edéa)

Situation géographique
La réserve de faune de Douala-Edéa est située dans la province du Littoral,
département de la Sanaga maritime. Ses coordonnées géographiques sont
comprises entre 3° 14’ et 3°50’N de latitude et 9°34’-10°03’ E de longitude. Elle
peut être repérée sur la carte IGN au 1/200,000, feuillet, Edéa, 1971.

Limites et étendues
La réserve de faune de Douala-Edéa a une superficie d’environ 1,600 km². Située
dans la plaine côtière, elle s’étend de la côte atlantique sur une distance intérieure
maximale de 35 km, sa limite orientale suivant la rivière Dipombé. La réserve est
constituée de deux parties inégales : la plus grande, au Sud, se trouve entre les
embouchures de la Sanaga au Nord et du Nyong au Sud ; l’autre partie s’étend le
long de la côte Nord de la Sanaga jusqu’à la pointe de Souelaba et est limitée à l’Est
par la crique de Kwa Kwa.

Relief et réseau hydrographique


La réserve est entièrement située dans une plaine sédimentaire très basse, de 0 à
50 m d’altitude (très rarement jusqu’à 80 m). cette plaine est sillonnée des cours
d’eau ou des marécages qui donnent le seul relief à cette topographie très plate.
Une grande partie de la zone Nord de la réserve est soumise aux marées. Les cours
d’eau occupent environ 1% de la superficie de la réserve, la plus grande surface en
eau étant le lac de Tissongo.

Formations géologiques et sols


Le bassin sédimentaire dans lequel se trouve la réserve est formé de sédiments
d’origine marine dont la profondeur peut atteindre 2,700 m ou plus. Ces sédiments
profonds ont été déposés par un courant Sud-Nord qui suit le long de la côte. Le
processus de déposition a probablement commencé au crétacé et continue encore.
Les sols varient de très sableux (provenant des dunes) à des sols sablo-limoneux
plus à l’intérieur des terres et provenant d’une conjonction des sédiments alluviaux
de la Sanaga.
Climat
La réserve se situe dans une zone climatique de transition. Au sud de la réserve, la
région est caractérisée par un climat équatorial typique à deux saisons des pluies et
deux saisons sèches par an comme par exemple à Kribi. La partie la plus au Nord
dans la baie du Biafra, (Douala, Korup) possède un climat équatorial atypique avec
une seule saison des pluies comparable à la mousson. La pluviosité annuelle
moyenne s’élève 3,000-4,000 mm. Les mois de décembre et janvier sont
relativement sec (50 mm de pluie). A partir de février, les pluies deviennent plus
abondantes avec un pic en juin suivi d’une faible baisse variable, un nouveau pic
plus important a lieu d’août à octobre. La température moyenne mensuelle varie au
cours de l’année de 24,6°C à 28,7°C.

Végétation
La réserve appartient au domaine de la forêt atlantique littorale à Lophira alata et
Saccoglottis Gabonensis. Ce type de végétation recouvre la majeure partie de la
réserve. Il est caractérisé par l’abondance de ces deux espèces d’émergeants.
parmi les espèces dominantes dans la canopée Coula edulis (Oleaceae) est très
abondant. On rencontre aussi fréquement des Ebenaceae (Diospyros spp), des
Césalpinaceae, des Guittiferae (surtout Garcinia spp), et plus particulièrement, dans
les zones plus humides des Euphorbiaceae, (Protomegabaria stapfiana,
Dichostemma glaucescens, Anthonotha aubryanum) etc..

Toutefois, il existe plusieurs autres types de végétation en fonction de l’élévation, du


drainage, du relief, et de la nature du sol.

En plus de la forêt littorale atlantique, on trouve les 6 types de végétation suivants :


1. La végétation littorale sur les dunes, entre la Sanaga et le Nyong, constituant
une végétation pantropicale typique des plages tropicales : Canavalia, impomea
pes-caprae, Calophyllum inophyllum, etc. on retrouve quelques éléments de
cette végétation sur les rives sablonneuses du lac Tissongo.
2. La végétation des anciens cordons littoraux, derrière les dunes. Cette végétation
occupe une bande qui varie entre 6 et 10 km de largeur. Il s’agit d’un système de
dunes fossiles formant des cordons littoraux, séparés par des vallées. Sur ces
cordons dominent : Saccoglottis gabonensis et Klainedoxa microphylla. Dans les
vallées existe une forêt marécageuse à Anthostemma aubryanum et
Cténolophon englerianus, Hymenocardia acida et autres.
3. Les forêts marécageuses. Au bord des cours d’eau et dans les zones inondables
se rencontrent divers types de forêts marécageuses avec comme principales
espèces des palmiers rotins, des Raphia spp, Matretia quadricornis,
Ctenolophon englerianus, Hymenocardia acida et autres.
4. La mangrove. Une grande partie du secteur Nord de la réserve est recouverte de
mangroves qui constituent la limite Sud de la grande zone de mangroves de
l’estuaire du Wouri.
5. La forêt inondable. Au nord du Nyong, près de son embouchure, se trouve une
forêt inondable à Guibourtia demeusei et Oxystigma mannii.
6. La forêt secondaire. Près des villages, qui se sont concentrés le long des rivières
et des lacs, la végétation est constituée d’une mosaïque de cultures et de forêts
secondaires d’âge variable. Il existe aussi, aux limites Nord et orientales de la
réserve, des zones de forêts dégradées par des tentatives d’exploitation
forestière et par la construction des pistes lors des forages pétroliers au début
des années 1980.

Faune
Comme pour beaucoup de sites au Cameroun, aucun inventaire systématique des
vertébrés n’a été mis en œuvre. Néanmoins, la faune des mammifères est assez
bien connue. Les singes arboricoles, typiques de la forêt africaine, sont bien
représentés. Plusieurs espèces ou sous-espèces de primates trouvent la limite
septentrionale de leur répartition au niveau de la Sanaga (Cercopitecus n. nictitans,
Colobus satanas, Cercopitecus pogonias grayi). La Sanaga constitue également la
limite Sud de distribution pour certaines espèces de l’Afrique de l’Ouest
(Cercopithecus nictitans martini, C. erythrotis camerunensis, C. pogonias pogonias).
La prépondérance des zones dites marécageuses ne favorise pas l’installation des
primates terrestres. Le chimpanzé (Pan troglodytes) est présent mais rare. Le
mandrill (Mandrillus sphinx) et le gorille (Gorilla gorilla) semblent être absents.

La présence de plusieurs espèces de mammifères menacées est signalée dans la


réserve. Il s’agit de certaines espèces assez répandues mais menacées comme
l’éléphant (Loxodonta africana cyclotis) et le lamantin (Trichechus senegalensis). En
1980 existait encore une population considérable d’éléphants surtout dans les forêts
marécageuses côtières. Mais il est vraisemblable qu’elle ait été décimée à ce jour.

La réserve héberge également une espèce de primate endémique à la partie Sud de


la forêt camerouno-gabonaise ; le Colobus satanas, à la limite Nord de sa
distribution dans la réserve il n’existe qu’un seul autre site classé au Cameroun, la
réserve de faune Campo, où est signalée une population de cette espèce
endémique
Liste de la faune endémique/menacée.
Loxondonta africana cyclotis Eléphant de forêt
Colobus satanas Colobe de satan ; colobe noir
Trichechus senegalensis Lamantin d’Afrique
Cercocebus torquatus ( rive nord de la sanaga ) Cercocèbe à collier blanc
Cercopithecus cephus (rive sud de la sanaga) Moustac
Pan troglodytes Chimpanzé
Ostelamus tetraspis Crocodile pygmée

Peuplement humain
La réserve de faune de Douala-Edéa est peuplée par plus de 8,000 personnes.
Cette population comprend les pêcheurs immigrés nigérians, béninois et ghanéens ;
on les rencontre le long de toute la côte atlantique. Le long des rivières formant les
limites naturelles de la réserve, particulièrement la Sanaga, existent des villages
importants, établis depuis longtemps et peuplés par les ethnies Bakoko et Malimba.
Le village le plus important est Mouanko, chef-lieu du sous-distrcit, dans le secteur
Songo.

Dans les dernières 20 à 25 années, ce sont établis de nouveaux villages aux bord
des lacs à l’intérieur de la réserve, comme le lac Tissongo. Les habitants de ces
nouveaux villages appartiennent à l’ethnie Bakoko et d’autres groupes qui se sont
installés comme des Bassa (d’Edéa) et des Ewondo venant d’encore plus loin à
l’Est.

Infrastructures
Les chasseurs de Douala et Edéa pénètrent la réserve le long de l’axe routier
principal entre Dizangue et les villages pêcheurs de yoyo ; la pénétration peut aussi
se faire à partir de la localité de abé sur l’axe Edéa-Kribi.

La réserve à fait l’objet au début des années 80 de forages pétroliers qui ont créé un
système de pistes d’exploration dont l’étendue et les conséquences pour la réserve
n’ont jamais été étudiées sérieusement. Ces dernières ont facilité l’accès à l’intérieur
de la réserve.

Activités humaines
Les activités principales des populations côtières et le long des fleuves sont la
pêche et les cultures vivrières sur les sols alluviaux. A quelques exceptions près
(abattage d’arbres Beilschmiedia spp. (Lauraceae) en forêt à l’intérieur de la réserve
pour la fabrication de pirogues) leurs activités sont restreintes aux cours d’eau et
aux forêts alluviales. La pêche fluviale est basée sur les Cichlides (Tilapia et autres),
les poissons chats, crevettes, etc. la pêche en mer est une des grandes activités en
saison sèche. Pendant la période de migration du hareng « mbonga », presque tous
les hommes des villages situées le long de la Sanaga se rendent sur la côte, où il
restent 1-2 mois dans les campements et pêchent le mbonga. Ces poissons sont
très commercialisés. Les poissons, après séchage, sont transportés par pirogues à
moteur à Edéa d’où ils sont redistribués dans le pays.

Une activité très importante, surtout pour les Bassa et Ewondo est la chasse
commercialisée, comprenant la chasse au fusil et le piégeage. Les principaux
animaux chassés sont les singes, ruminants (Céphalophes, chevrotins), les
potamochères, et les porc-épics. Les campements de chasse sont disséminés dans
la réserve. Le transport de viande à l’intérieur de la réserve est favorisé par le
réseau des cours d’eau qui réunissent le lac Tissongo et la Sanaga.

Statut légal et gestion


La réserve de faune de Douala-Edéa a été créée le 19 Novembre 1932. Dès 1932,
la gestion de la réserve incombait au service des Eaux et Forêts de l’administration
coloniale. En 1982, la réserve était transférée sous l’autorité de la Délégation
générale au Tourisme. La réserve est une forêt domaniale faisant partie du domaine
privé de l’Etat. l’aménagement de la réserve incombe au Ministère de
l’Environnement et des Forêts.

La réserve est administrée par un conservateur, basé à Mouanko, il ne dispose pas


d’un véhicule ou d’un bâteau pour faire les patrouilles.

État de conservation et valeur du site


Au moins deux espèces végétales dans la réserve sont endémiques aux forêts
littorales du Cameroun (Leonardoxa africana) ou du Cameroun et du Gabon
(Librevillea klainei). Cette dernière espèce n’est signalée au Cameroun que dans
deux sites très localisés sur sols côtiers très sableux. Une autre espèce, Gluema
ivorensis bien que répandue du Cameroun à l’Afrique occidentale est cantonnée
dans des tâches très restreintes aux cordons littoraux sablonneux, type de substrat
rare en Afrique et rarement inclus dans les zones protégées. La réserve héberge
aussi des populations d’Andira inermis (Papilionaceae), répandue en Amérique
tropicale mais limitée en Afrique au littoral du Cameroun et bassin du Cross au
Nigéria.

La Réserve de Douala-Edéa est un des trois sites classés de la forêt côtière


camerouno-gabonaise au Cameroun, région de haute endémicité et de diversité
biologique. Dans cette zone, la Réserve de faune de Douala-Edéa occupe une
place particulière liée à sa situation sur des sédiments récents littoraux. Les cordons
littoraux sablonneux représentent un type de substrat rare en Afrique tropicale. Le
fait que le processus de déposition des sédiments continue encore aujourd’hui offre
un rare exemple d’un transit continu incluant tous les stades de succession primaire
depuis les dunes actives jusqu’à la forêt biafréenne à Lophira alata et Saccoglottis
gabonensis.

Ainsi grâce à sa position sur des sédiments récent, cette forêt constitue une jeune
forêt « d’envahisseurs » au sein d’une région où la forêt est vieille . En effet, la forêt
de cette réserve soumise à des épisodes d’inondation pendant les périodes
interglaciaires et d’extension pendant la retraite de l’océan qui accompagne la
glaciation, a été moins stable à travers le temps que, par exemple, la forêt de Korup.
L’endémicité et la richesse en espèces y sont par conséquent réduites.

Un autre point d’intérêt de cette réserve est constitué par le fait que la Sanaga forme
une importante limite naturelle pour plusieurs espèces ou sous-espèces de
primates, avec des populations génétiquement diversifiées sur les deux rives du
fleuve. Ceci constitue un argument pour le maintien de la réserve.

Problèmes identifiés
La pression humaine est très forte, particulièrement à l’intérieur du secteur du Sud,
avec la chasse intensive et commercialisée, destinée aux marchés d’Edéa et
Douala. Il existe aussi de fortes pressions humaines dans le secteur du Nord.

Une plantation d’environ 30 ha de palmiers à huile a été installée par une élite locale
entre Mouanko et Yoyo.

Il n’existe aucun plan d’aménagement.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources
Les recommandations de Gartlan (1989) étaient les suivantes :
1. Faire des inventaires des deux secteurs de la réserve afin d’évaluer leur
situation écologique actuelle.
2. Le déclassement proposé du secteur Nord de la réserve ne devrait être
fait qu’après la réalisation de ces études.
3. Fournir au conservateur les équipements nécessaires pour lui permettre
de s’acquitter de ses responsabilités.
A ce jour, le Conservateur est basé à Mouanko donc, plus près de la réserve.
Autrement, peu d’actions concrètes ont été menées sur le terrain. Les
recommandations de Gartlan demeurent d’actualité ; la lutte anti-braconnage pour la
protection de la réserve par un contrôle permanent doit bénéficier des moyens
adéquat de la part de l’administration.

Le potentiel touristique de la réserve devra être valorisé par une amélioration des
infrastructures d’acceuil. De même, une évaluation du potentiel biologique actuel
s’impose comme base à toute planification de gestion de cette réserve.

Bibliographie
Culverwell, J. 1997. Long term recurrent costs of protected area management in
Cameroon. WWF, MINEF, Yaoundé. 80 pages + annexes.
D.McO Newbery, J.S.Gartlan, D.B. McKez & P.G. Watermans, 1986. The
influence of drainage and soil phosphorus on the vegetation of
Douala-Edéa Forest réserve, Cameroun. Vegetation 65 :149-62
(1986).
Letouzey R., 1985. Notice de la carte Phytogéographique du Cameroun au
1:500,000 Institut de la Carte Internationale de la Végétation,
Toulouse, France.
McKey, D.B., Gartlan J.S., Waterman, P.G., & Choo, G.M, 1981. Food selection
by black colobus monkeys (colobus satanas) in relation to plant
chemistry. Biol. J. Linn, Soc. 16 :115-146 (1981)

Auteur : Gartlan (1989) et Fometé N. T. (1998).


KORUP ET EJAGHAM
(Parc National de Korup)

Situation géographique
Le Parc National de Korup est situé dans la province du Sud-Ouest dans les
départements de Ndian et du Manyu, entre les coordonnées 4°53'-5°28'N et 8°42'-
9016' E. La partie Sud du parc apparaît sur la carte du Centre Géographique
National au 1/200,000, feuille Buea-Douala NB-32-IV tandis que la partie Nord se
situe sur la feuille Manfe NB-32-X.

Limites et étendue
Le Parc se situe à l'extrémité Sud-Ouest du Cameroun à une cinquantaine de km au
Nord de la plaine côtière couverte par la mangrove de la presqu'île de Bakassi. Il est
limité à l'Ouest par la rivière Akpa Korup qui marque la frontière avec le Nigeria, puis
par d'autres rivières dans une zone non frontalière. La zone frontalière est contiguë
au Parc National du Cross River du côté du Nigeria. L'Est du Parc est limité en
partie par les rivières Ndian et Munaya. Ailleurs les limites non naturelles ne sont
pas matérialisées sur le terrain. Il s'étend sur une superficie de 1,259 km².

Relief et réseau hydrographique


La partie Sud du Parc est relativement plate avec une altitude de quelques mètres
tandis que la partie centrale culmine à 1,075m sur la mont Ekundukundu. Le Nord
forme un plateau à relief un peu plus accentué. Toute la zone est traversée par un
réseau Hydrographique dense constitué des affluents du Ndian, Akpa Yafe au Sud,
puis du Munaya (Cross) au Nord.

Formations géologiques et sol


La grande partie du Parc est située sur un plateau précambrien. Deux types de sols
se rencontrent dans le site. Les acrisols ferriques qui dérivent d'une dégradation au
Crétacée du gneiss, et les sols de la plaine côtière au Sud qui sont sableux, mal
drainés et pauvres. Tous ces sols sont considérés comme très peu fertiles pour
supporter une intense activité agricole.
Climat
Il est pseudo-tropical très humide à régime pluviométrique unimodal avec une
longue saison des pluies allant de Février à Novembre et une courte saison sèche
qui dure deux mois de Décembre à Janvier. L'indice pluviométrique atteint 5,000
mm au Sud et décroît progressivement à mesure qu'on s'éloigne de la côte pour
atteindre 4,000 mm au Nord du Parc. La nébulosité est abondante malgré le fait
qu'on se situe une zone de plaine, à cause de l'excès de pluie La température
moyenne annuelle se situe vers 25°C dans la plaine pour descendre à 20°C sur le
mont Ekundukundu.

Végétation
Selon UICN (1996) la zone du Korup fait partie d'un refuge forestier du Pleistocène
où la forêt s'est maintenue depuis les temps géologiques anciens. Cet écosystème
s'est maintenu et a été peu perturbé à cause de son isolement et de la pauvreté de
ces sols. Du point de vue phytogéographie le parc du Korup appartient au domaine
de la forêt dense humide sempervirente, au secteur forestier Atlantique et au district
atlantique biafréen. (Letouzey 1985). Dans cette forêt atlantique biafréenne à
Ceasalpiniaceae caractérisée par l'abondance d'espèces grégaires, on rencontre
trois types de formations végétales : (Gartlan 1989) :

i) Forêt dense, humide, sempervirente de basse altitude


Cette formation est dominée par les Scytopetalaceae, (Oubanguia alata), et les
Caesealpiniaceae (nombreuses espèces). Les Euphorbiaceae, les Olacaceae et les
sterculiaceae sont aussi importantes. Les espèces assez fréquentes sont
Erythrophleum ivorense, Anthonotha fragrans, Microberlinia bisulcata,
(Caesalpiniaceae) Diospyros crassiflora, (Ebenaceae) Mammea africana,
(Guttiferae) Klainedoxa gabonensis, Desbordesia glaucescens, (Simaroubaceae)
Piptadeniastrum africanum, Pentaclethra macrophylla, (Mimosaceae) Strombosia
glaucescens, (Oloaceae) Lecomptedoxa klaineana, (Sapotaceae) et Erismadelphius
exsul, (Vochysiaceae). Le sous-bois est généralement dominé par des Rubiaceae,
des Annonaceae, des Ebenaceae, des Euphorbiaceae et des Guttiferae. Cette
formation se trouve surtout dans les parties Sud et centrales du Parc.

ii) Vieille forêt secondaire


Il s'agit d'une formation de recolonisation d'anciennes zones cultivées. La strate
arborescente supérieure est dominée par Pycnanthus microcephalus
(Myristicaceae), Erythrophleum ivorense (Caesalpiniaceae), Cordia millenii
(Boragiaceae), Duboscia macrocarpa (Tiliaceae), Ceiba pentandra (Bombacaceae),
Homalium Letestui (Samydaceae), Alstonia boonei (Apocynaceae), Terminalia
ivorensis, T., superba (Combretaceae), Canarium schweinfurthii (Burseraceae),
Myrianthus arboreus (Moraceae), Piptadeniastrum africanum (Caesalpiniaceae) et
Irvingia gabonensis (Irvingiaceae). Le sous-bois est assez semblable à celui de la
forêt dense humide.

1) Plantations abandonnées de palmier à huile


Ces plantations, surtout de palmier à huile (Elaeis guineensis), se trouvent sur les
sites de villages abandonnés. Il semblerait que les plantations abandonnées
d'essences de hauteur inférieure aux palmiers, comme le cacaoyer, puissent être
détruites par les éléphants.

Comme forêt refuge, le Parc National de Korup est connu pour sa grande diversité
floristique. Un certain nombre de plantes endémiques ont été décrites dans la zone
comme Deinbollia angustifolia, Deinbollia saligna, Eugenia dusenii,
Camplyospermum dusenii et la liane Ancistrocladus korupensis. Cette liane récoltée
en 1987 par Duncan Thomas et envoyée au National Cancer Institute (NCI) aux
Etats-Unis a attiré l'attention des scientifiques parce que ses extraits contenaient
des alcaloides Michellanine A et B qui arrêtaient le développement du virus HIV, et
les Korupensamines A-D actifs dans la lutte contre le paludisme. Malheureusement
ces alcaloides ont montré un grand degré de toxicité au niveau du système nerveux,
rendant de ce fait leur application pharmaceutique difficile (Songwe 1997).

Les recherches botaniques ont fait découvrir des familles nouvelles et genres
nouveaux dans le Parc ; (Cheeck & Stuart 1997). Les deux familles sont
représentées par Gentianaceae avec l'espèce Sebaea oligantha et Oleaceae avec
l'espèce Chionanthus sp. Quant aux genres nouveaux on rencontre Ecpoma
(Rubiceae), Atroxima (Poygalaceae), Schaueria (Acanthaceae), Zenkerella
(Leguminosae), Gymnosiphon (Burmanniaceae), Dioscoreophyllum
(Menispermaceae), Argrostemma (Rubiaceae), Platycerium (Pteropsida),
Microgramma (Pteropsida) et Uvaria (Annonaceae).

Faune
Aucun inventaire systématique des mammifères n'a été réalisé dans le Parc.
Néanmoins, ce dernier renferme des espèces menacées, bien qu'à répartition
étendue, de la forêt équatoriale : Loxodonta africana cyclotis, Pan troglodytes,
Cephalophus silvicultor, Panthera pardus et celles qui ne sont pas menacées
comme Hyemoschus aquaticus, Potamochoerus porcus, Anomalurus
derbianus,Tragelaphus spekei, Perodicticus potto, Civettictis civetta, Nandinia
binotata et Cephalophus dorsalis. En outre, le Parc renferme des espèces d'une
distribution plus étroite comme Mandrillus leucophaeus, Colobus badius preussi,
Cercocebus torquatus, Cephalophus ogilbyi et Potamogale velox. Parmi les singes
on peut noter, Cercopithecus erythrotis, Perodictitus potto, Arctocebus calabarensis.
Galago alleni, Euoticus elegantulus, Galagoides demidovi. Une étude de la
distribution des poissons du Parc est en cours depuis 10 ans.

En 1994 Rodewald et al. estimaient à 390 le nombre d'espèces d'oiseaux qui


existaient dans le Parc de Korup ainsi que dans les zones environnantes incluant
les collines de Rumpi et Nta Ali au Nord. La zone est considérée comme l'un des
sites forestiers de basse altitude ornitologiquement les plus diversifiés en Afrique
tropicale. Quatre espèces d'oiseaux du site sont considérées par Birdlife et par
UICN comme menacées au niveau mondial tandis que quatre autres sont
considérées quasi-menacées. Les espèces quasi-menacées sont : Melignomon
eisentrauti, Malaconotus gladiator, Lioptilis gilberti et Picathartes oreas. Celles qui
sont presque menacées sont : Columba albinucha, Andropadus montanus,
Phyllastrephus poliocephalus et Nectarinia ursulae.

Larsen (1997) reportait qu'on avait identifié et décrit dans une zone allant d'Oban
Hill à la frontière Nigeria Cameroun jusqu'au fleuve Sanaga, plus de 1,000 espèces
différentes de papillons, ce qui constitue plus du quart des espèces de toute
l'Afrique tropicale. Les spécialistes pensent que la présence et la description dans
un site de 1,000 espèces indique qu'on peut rencontrer dans la zone plus de
500,000 espèces étant donné la difficulté d'inventorier les espèces de la canopée.

Peuplement humain
La densité de population à l'intérieur du Parc est très faible et se situe vers 0,8
habitants au km2. Il existe six villages dans le Parc avec une population totale
d'environ 1,000 âmes. Les principaux sont Erat, Ikenge et Mufako. Deux ethnies
peuplent la zone. A l'Ouest on trouve les non Bantou que sont les Korup et
Ejaghammm et à l'Est les Bantou avec les Bakoko, Bima et Ngolo. A la périphérie
du Parc on a recensé 27 villages avec une population d'environ 12,000 habitants.

Infrastructures
Une route carrossable praticable en toute saison relie Kumba à Ekondotiti (45 km)
puis Mundemba (60km). En 1995 le Génie Militaire a construit une route qui relie
Mundemba à Isangele tandis que le projet Korup a fait construire une route reliant
Mundemba et Fabe à l'Est. Il existe dans le Parc des pistes tracées par les
chasseurs, en même temps que la navigation en pirogue est possible sur le Ndian. Il
faut aussi noter l'existence des pistes d'aviation à Mundemba et Nguti, villes situées
à la périphérie du Parc. La route goudronnée la plus proche est celle qui relie
Douala à Kumba.

Activités humaines
L'agriculture, la chasse et l'exploitation des produits forestiers autres que le bois
sont les principales activités humaines dans le Parc alors que l'exploitation
forestière s'intensifie à la périphérie.

Les sols du Parc National de Korup sont si pauvres que les projets agroforestiers
destinés à donner une source alternative de revenu aux paysans de la réserve se
sont soldés par un échec. C'est ainsi que le projet a persuadé la plupart des
paysans de quitter le Parc pour s'installer sur les sols fertiles de la zone tampon où
on a aménagé des infrastructures d'accueil. Le déplacement des populations étant
volontaire il y en a qui refusent de quitter leur forêt pour continuer leur activité
principale qu'est la chasse.

Les recherches ont montré que la chasse à Korup était beaucoup plus une activité
commerciale que celle de subsistance. Les revenus de la chasse entrent pour plus
de 50% dans le budget des ménages, des habitants du Parc. Selon UICN (1996)
750 personnes parmi ceux qui habitent le Parc vivent uniquement de la chasse. Ils
tuent chaque année près de 12,000 animaux qui sont vendus vers Douala et surtout
au Nigeria voisin. Tous les mammifères sont chassés à l'exception des buffles et
éléphants. Deux céphalophes (Cephalophus monticola et C. dorsalis) représentent à
eux seuls plus de 50% d'animaux chassés. Les chasseurs proviennent du Parc, de
sa périphérie (27 villages), et même du Nigeria.

Les produits forestiers autres que le bois qui font l'objet d'une exploitation intensive
et d'un commerce transfrontalier florissant comprennent : les fruitiers sauvages
(Irvingia gabonensis et Irvingia wombulu) ; des arbustes servant de brosse à dent
(Garcinia mannii et Massularia accuminata) ainsi que des arbustes servant à diriger
les troupeaux de bovins (Carpolobia lutea et Carpolobia alba). Les volumes
exploités sont difficiles à évaluer étant donné le caractère clandestin de certaines
transactions.

L'exploitation forestière ne s'effectue pas dans le Parc mais s'intensifie dans la zone
tampon par deux société malaisienne la Shimmer International. La première société
la "Kumba United Lumber" (KUL) possède une licence de 114,000 hectares tandis
que la seconde "Cameroun vision" exploite 20,000 hectares ; (Debroux et Karsenty
1997).
Statut légal et gestion
La réserve forestière de Korup a été créée le 27 janvier 1962 puis transformée en
Parc National le 30 octobre 1986. Il s'agit dans le sens de la loi N° 94/01 du 20
Janvier 1994 d'une forêt domaniale entrant dans la catégorie d'aire protégée pour la
faune.

La gestion du Parc est assurée par un Conservateur qui relève de la Direction des
Aires protégées au Ministère de l'Environnement et des Forêts. La communauté
internationale s'est depuis longtemps intéressée au site avec la mise sur pied du
projet Korup qui bénéficie de l'appui financier et technique du Fonds Mondial pour la
Nature (WWF), de la Direction de Développement International Britannique
(Department for International Développement DfID), l'Union Européenne, et
l'organisme Allemand d'aide (GTZ). Le projet dans son ensemble a mis en place un
plan d'aménagement qui tend à réduire la dépendance des populations locales
vivant dans le Parc et ses environs, du gibier comme unique source de revenu. En
développant d'autres activités génératrices de revenu et en établissant des forêts
communautaires dans la zone tampon, le projet vise une meilleure conservation de
cet écosystème riche et diversifié.

État de conservation et valeur du site


La très faible densité de population dans toute la zone et le manque de voies de
communication moderne ont contribué à préserver la valeur biologique et
scientifique du site. C'est depuis bientôt 20 ans (1980) que des équipes des
scientifiques ont entrepris des recherches tant sur le plan de la flore que de la faune
dans le Parc de Korup. Il est à noter que ce sont les résultats préliminaires de ces
travaux qui ont poussé l'administration à classer la réserve forestière comme Parc
National. C'est que le site présente beaucoup d'atouts sur plusieurs plans. La flore y
est riche et diversifiée. Il en est de même pour la faune. On a pu découvrir des
espèces endémiques et surtout la liane Ancistrocladus korupensis qui a suscité
beaucoup d'espoir dans le monde médical quant à la possibilité de contenir le virus
HIV. Comme Parc National chargé de préserver la faune le site possède un rôle
économique très important de la part d'un millier de personnes vivant de la chasse.
Si cette dernière activité s'intensifiait, elle serait de nature à mettre en cause le rôle
d'aire protégée pour la faune.

La présence de l'autre côté de la frontière Nigériane du parc National du Cross


River constitue un atout important dans la perspective d'une collaboration
transfrontalière en matière de protection des écosystèmes forestiers.
Curlverwell (1997) a signalé que le Parc a reçu en 1993, 289 touristes et en 1996
200 seulement, malgré les structures d'accueil rudimentaires.

Problèmes identifiés
La chasse et le braconnage constituent des activités de nature à perturber la
conservation de la faune et surtout des mammifères. Si l'on considère que la chasse
est pratiquée par les habitants du Parc, le braconnage par contre est le fait des
employés de la PAMOL (Société de palmeraies) située à l'Est, des chasseurs
professionnels venus de Douala et surtout du Nigeria voisin. En 1997 il y avaient 7
gardes-chasse pour les 125,900 hectares du Parc.

La délocation des agriculteurs du Parc aurait pu être un succès total si la plupart


avaient rejoint la zone tampon. Mais ceux qui continuent à rester dans le Parc y
exercent une pression sur les ressources en même temps que ceux de la périphérie
continuent à prélever les ressources dans le Parc.

Le Parc manque d'infrastructures de base comme les routes, ponts et postes de


garde. Si les routes peuvent faciliter le braconnage, les patrouilles de garde chasse
ont aussi besoin de ces routes pour suveiller et protéger le parc.

Le potentiel touristique du Parc est sous utilisé, et en 1996 on a enregistré


seulement 200 visiteurs.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utilisation durable des


ressources
Sur les cinq points proposés par Gartlan en 1989, deux seulement sont considérés
comme ayant reçu un début de solution : il s'agit de la zone tampon qui existe avec
ses projets d'écodéveloppement, la sensibilisation et l'éducation des populations
locales. Quant aux infrastructures, elles ont été améliorées mais n'ont pas atteint un
niveau acceptable. La collaboration transfrontalière est devenue beaucoup plus
difficile avec le conflit au Sud du Parc dans la zone de Bakassi qui dure depuis
1994.

Pour les années à venir il faudrait :


lll- Augmenter les effectifs de garde-chasse pour amener leur nombre de 7 à
au moins 25. Ceci suppose la construction des postes de garde et la
construction des ponts ou la réfection de ceux défectueux.
mmm- Amener le projet avec ses composantes à m i e u x intégrer leurs
activités en collaboration avec le Conservateur du Parc.
nnn- Investir sur l'écotourisme avec l'amélioration des structures d'accueil
dans la réserve et sa périphérie.
ooo- Dans la perspective d'un règlement dans un avenir proche du conflit
frontalier au Sud du Parc, il faudrait mener des actions communes avec le
Nigeria dans le but de limiter l'exploitation frauduleuse des ressources des
Parc du Korup et du Parc de Cross River.

Bibliographie
Cheeck M. & Stuart C. 1997 Preliminary results of the botanical inventory of the
Ekundukundu region of the Korup Parc in Songwe 1997 (ed).
Proceding of the workshop on research and conservation in
Korup.
Culverwell, J. 1997. Long-term recurrent costs of protected area management in
Cameroon. WWF/MINEF yaoundé 80P + Annexes.
Debroux L et Karsenty A. 1997. L'implantation des sociétés forestières
asiatiques en Afrique Centrale in BFT 254 (4) 81-83.
Gartlan S. 1989 La conservation des écosystèmes forestiers du Cameroun. UICN
Gland.
Larsen T.B. 1997. Korup butterflies : biodiversity writ large. Report on butterfly
study mission to Korup park. 16P.
Letouzey R. 1985 Notice de la carte phytogrographique du Cameroun au
1/500.000 ICIV Toulouse IRA Yaoundé.
Songwe N.C. 1997. Ancistrocladus korupensis and the Korup project in Songwe
1997 (ed), proceding of workshop on research and conservation in
Korup National park and project area. Mundemba.
Rodewald P.G, Dejaifve P.A. & Green A.A. 1994. The birds of Korup National
Park and Korup project area, Southwest province, Cameroun in
Bird conservation Inter 4 : 1-68

Liste de la faune endémique menacée


Cercocebus torquatus Cercocèbe à collier blanc
Pan troglodytes Chimpanzé
Cercopithecus erythrotis Moustac à oreilles rousses
Mandrillus leucopheus Drill
Colobus badius preussi Colobe bai de preussi
Panthera pardus Léopard
Loxondonta africana cyclotis Eléphant de forêt
Picathartes oreas Picatharte chauve
Crododylus cataphractus Crocodile à museau allongé
Osteolamus tetraspis Crocodile pygmée.
Source : Gartlan (1989).
CARTE KORUP ET EJAGHAM
EJAGHAM
(Réserve forestière d'Ejagham)

Situation géographique
La réserve forestière d'Ejagham s'étend dans la Province du Sud-Ouest,
Département de Manyu le long de la frontière nigériane. Les coordonnées
géographiques sont 5°19' - 5°50'N/8°50 - 9°08'E. Le site apparaît sur la carte au
1/200 000 feuille Manfe N B-32-X. Centre Géographique national 1979.

Limites et étendue
La réserve qui ne s'étend pas d'un seul tenant avec ses nombreuses enclaves
habitées, est limitée à l'Ouest par le Nigeria, au Sud par la réserve de Korup, à l'Est
par la rivière Munaya, au Nord par la route nationale N°6 Manfe - Ekok. Elle s'étend
sur 749 km².

Relief et hydrographie
Le site élevé au Sud où se trouve le Mont Okuri qui culmine à 1,050 m et descend
progressivement vers le bassin de la Manyu au Nord à une altitude d'environ 100 m.
Les rivières sont toutes orientées vers le Nord et sont les affluents de la Cross
River. Les principales rivières sont Akarem affluent de Munaya et Akegam affluent
de Awa. Le lac d'Ejagham se rencontre au Sud d'Eyumojock.

Formations géologiques et sols


La grande partie de la réserve repose sur un socle du complexe précambrien, tandis
que la partie Nord est d'origine crétacée. La roche mère est constituée du granite et
du gneiss tandis que les sols latéritiques acides, sableux et gravillonnaires.

Climat
Il est pseudo-tropical humide à régime pluviométrique unimodal avec deux saisons.
Une longue saison des pluies qui va de Mars à Octobre et une petite saison sèche
qui va de novembre à Février. L'indice pluviométrique atteint 3,500 mm au Sud et
diminue vers le Nord pour atteindre 3,000 mm vers Eyumojock. La température
moyenne annuelle se situe vers 25°C.
Végétation
On rencontre six types de formations végétales dans la réserve d'Ejagham
(Sunderland et al, 1997, Letouzey, 1985).
ppp- La forêt atlantique biafréenne à Cesalpiniaceae qui couvre plus de 90%
du site, referme beaucoup de Cesalpiniaceae grégaires, tandis que le
Gilbertiodendron dewevrei, grégaire dans le bassin Congolais se trouve ici
en pieds isolés (Letouzey, 1985). Les autres familles de la strate
dominante sont les Euphorbiaceae, Olacaceae et Sterculiaceae, tandis
que le sous bois renferme de nombreuses Rubiaceae, Annonaceae,
Ebenaceae, Euphorbiaceae et Guttiferea.
qqq- La forêt atlantique à Cesalpiniaceae rares, se rencontre en îlots surtout
au Nord de la réserve, et couvre environ 5% de la superficie totale.
rrr- La forêt submontagnarde apparaît sur le Mont Okuri qui culmine à 1,050
m.
sss- Les vieilles forêts secondaires se rencontrent au Centre et au Nord de
la réserve sur de très anciennes plantations paysannes.
ttt- Les jeunes forêts secondaires se trouvent le long des routes sur les
plantations récemment abandonnées.
uuu- Les plantations forestières établies par l'Office National de
Régénération des Forêts (ONADEF) près d'Eyumojock, sont constituées
essentiellement de Gmelina arborea et le Teck (Tectona grandis) .
Trois espèces sont considérées comme endémiques de la région. Il s'agit de
Brachystegia kennedyi, Tabouate brevipaniculata (Cesalpiniaceae) et Scytopetalum
klaineanum (Scytopetalaceae).

Faune
En l'absence d'un inventaire faunique dans la réserve, Gartlan (1989) considère
que la faune n'est pas différente de celle de la réserve de Korup au Sud. L'éléphant
de la forêt le chimpanzé et de nombreux cercocèbes se rencontrent dans la réserve.
La liste des espèces considérées comme menacées se trouve en annexe.

Peuplement humain
La zone est très peu peuplée. Les zones d'habitation avaient été reconnues et
considérées comme enclaves dès le classement de la réserve. L'accroissement de
cette population a exercé une pression faible sur la réserve. Le groupe tribal de la
zone est celui d'Ejagham.
Infrastructures
La réserve est dépourvue de voie de communication praticable en toute saison. La
rivière Munaya qui limite la réserve à l'Est est navigable par chaloupe ou pirogue. La
seule route carrossable qui traverse le Nord de la réserve est celle de Manfé à Ekok
à la frontière nigériane et d'Eyumojock à Ekang.

Activités humaines
Elle est essentiellement consacrée à l'exploitation des produits forestiers autre que
le bois. La proximité du Nigeria a entraîné une intense exploitation du éru (Gnetum
spp) du rotin (Laccosperma secundiflorum et Eremospatha macrocarpa) ainsi que
de plantes médicinales comme Enantia chlorantha. Le braconnage et l'exploitation
artisanale et illégale des arbres de la réserve est intense autour des villages des
enclaves. L'exploitation forestière moderne s'organise à la périphérie de la réserve
par les Malaysiens et Koréens. L'activité agricole demeure marginale à la périphérie
des villages et le long des routes qui traversent la réserve.

Statut légal et gestion


La réserve forestière d'Ejagham fut créée par arrêté N° 12 du 23 Mars 1934 comme
réserve forestière de la commune d'Ejagham. En 1974, elle est devenue réserve
forestière et transférée dans le domaine privé de l'Etat, comme forêt domaniale sans
précision supplémentaire sur son statut comme forêt de production ou de protection.

L'Office Nationale de Développement des Forêts (ONADEF) est chargée de la


gestion de la réserve. Dans la partie Nord, elle a installé de petites plantations
d'essences exotiques. Aucun plan d'aménagement n'a été élaboré jusqu'à ce jour.

Etat de conservation et valeur du site


La position du site dans une zone très peu peuplée constitue un atout pour sa
conservation. Mais la proximité du Nigeria et la forte demande en produits forestiers
autres que le bois, ont entraîné une forte pression sur la faune avec le braconnage
ainsi que l'exploitation destructive du Gnetum avec la liane qui est coupée pour
donner accès aux feuilles. On note aussi l'exploitation artisanale du bois, mais
l'absence de bonnes voies de communication a jusqu'ici protégé la zone d'une
surexploitation.

Le site est à cheval entre la forêt atlantique biafréenne au Sud et la forêt


sempervirente à Cesalpiniaceae rares au Nord. Les éléments de cette flore sont
fortement représentés. La présence de cette réserve au Nord de la réserve du
Korup contribue à apporter une protection supplémentaire à la faune diversifiée de
cette réserve, les espèces étant les mêmes dans les deux sites. Sur le plan
écologique, le site fait partie du bassin versant de la Cross River avec probablement
une faune aquatique propre mais non étudiée. Sur le plan économique, le
commerce transfrontalier de produits forestiers secondaires et la vente du gibier
vers Kumba, Douala et le Nigeria donnent une importante valeur au site quoique ces
activités soient illégales.

Sur un autre plan, le site est contiguë au parc National de Cross River du côté
nigérian, ce qui devrait aboutir à des actions communes de conservation entre les
deux pays.

Problèmes identifiés
vvv- Le statut vague de forêt domaniale sans classement dans une
catégorie spécifique ne favorise pas la conservation du site, ni sa
protection.
www- Le manque de personnel et sa localisation autour de la seule ville
d'Eyumojock fait penser que la réserve est abandonnée aux braconneurs.
xxx- L'existence de nombreuses enclaves pose le problème de la
surveillance du site, surtout que les limites non naturelles ne sont pas
délimitées sur le terrain.
yyy- L'exploitation intensive des produits forestiers autres que le bois
s'intensifie alors qu'aucun inventaire n'est fait du potentiel.
zzz- L'exploitation artisanale du bois quoique n'étant pas de nature à
perturber la flore, conserve tout son caractère illégal.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utilisation durable des


ressources
De tout ce qui avait été proposé en 1989 par Gartlan, rien ou presque rien n'a été
entrepris à ce jour. En plus de cinq actions prioritaires proposées à savoir i) la
précision du statut juridique ; ii) la création d'une forêt de protection et une forêt de
production ; iii) la mise en place d'un plan d'aménagement ; iv) la lutte contre le
braconnage et l'exploitation artisanale du bois ; v) l'éducation et la sensibilisation, il
faudrait y ajouter la coopération transfrontalière avec les responsables du Parc
National du Cross River du côté nigérian afin de prendre des mesures communes
pour lutter contre le braconnage et l'exploitation intensive des autres produits
forestiers.
Bibliographie

Gartlan, S. 1989 : La conservation des écosystèmes forestiers du cameroun.


UICN, Gland Suisse.
Letouzey, R. 1985 : Notice de la carte phytogéographique du Cameroun
1/500,000. IRA/ICIV, Toulouse.
Sunderland T.C.H., Ros C.J, Comiskey J.A., & Njiamnshi A. 1997. The
vegetation of the campo faunal réserve and Ejagham forest
reserve, Cameroon. MAB/SMITHSONIAN Report.1.

Liste de faune endémique/menacée d'Ejagham

Cercocebus torquatus Cerocébé à collier


Pan troglodytes chimpanzé
Cercopithecus erythrotis moustac à oreilles rousses
Mandrillus leucophaeus drill
Colobus badius preussi colobe bai de preuss
Loxodonta africana cyclotis éléphant de forêt
Picathartes oreas picatharte chauve
Osteolamus tetraspis crocodile pygmée

Auteur : Z. Tchanou 1998

1
Auteur : Gartlan 1989 actualisée par Zachée TCHANOU 1998
KOUPE
(Forêt du Mont Koupe)

Situation géographique
Le Mont Koupé est situé dans la Province du Sud-Ouest du Cameroun, à une
latitude de 4°48 N et à une longitude de 9°42 E, approximativement à 100 km du
Nord du Mont Cameroun (Voir Carte).

Limites et étendues
Le Mont Koupé (2,064 m) fait partie de la chaîne montagneuse de l’Ouest du
Cameroun qui va de Bioko (Fernando Pô) aux régions montagneuses de Bamenda,
c’est-à-dire au massif de l’Adamaoua à l’Est avec deux extensions au Nigeria : les
plateaux Obudu et Mambila (Stuart, 1993). La montagne est presque totalement
entourée de cultures de telle sorte que la forêt se trouve être un bloc plus ou moins
isolé. Ses versants escarpés sont couverts de forêts jusqu’au sommet et s’étendent
sur une superficie d’environ 2,100 ha (Stuart, 1986). Il existe une réserve forestière
sur la montagne (la réserve forestière de Manehas) située à 7 km du Nord-Est du
sommet ; elle ne comprend que la forêt de basse altitude entre 600 et 1,000 m
(Gartlan, 1989). Le Mont Koupé est le plus haut sommet dans l’étendue Est-Ouest
des montagnes qui englobent Koupé, les montagnes Bakossi et les collines Rumpi
(Thomas, 1993).

Relief et réseau hydrographique


Le Mont Koupé a un relief dramatique avec des pentes raides, de longues crêtes
rétrécies, des affleurements de rochers dénudés, des falaises et des petits pics. Il a
aussi des aires plates contrastant entre les pics à une altitude de 1,600 m (Stuart,
1993). Il a été formé à la suite des cassures géologiques et se présente sous forme
d’un massif haut de 2,064 m, limité par des dépressions structurales. Dans ces
dépressions, les activités volcaniques se sont produites tardivement et plusieurs
cônes sont visibles sur les flancs inférieurs de la montagne.

Le réseau hydrographique est constitué de plusieurs ruisseaux permanents qui


alimentent les villages environnants ; il faut cependant noter que le Mont Koupé est
un important site de collecte des eaux de pluie (Gartlan, 1989).
Formations géologiques et sols
Le Mont Koupé est formé par des blocs de failles dans la croûte terrestre. Les
roches de la montagne sont surtout granitiques (acides) avec des petites bandes
syenitiques (alcalines) (Tye, 1986).

Les sols du Mont Koupé sont jeunes et relativement fertiles. Les mi-versants et les
bas des versants ont des sols profonds et fertiles (Gartlan, 1989). Les cambisols
micro-agregés sont étendus et à une grande profondeur, quoique vers le sommet il
y a des petites aires de prairies où la forêt n’a pas réussi à s’établir sur les pentes
raides avec des minces sols. Il n’y a pas d’évidence de la formation de tourbe aux
hautes altitudes et les sols apparaissent généralement bien drainés (Walsh, 1993).
La couche de terrain bien développée au-dessus de 1.600 m d’altitude est
presqu’impénétrable sur place (Stuart, 1993). Thomas (1989) signale que la ceinture
submontagnarde est pauvre en aires mésiques, en habitats ripaniens et en terres
trempées car les pentes sont souvent raides et l’écoulement est rapide.

Climat
Le climat est typique d’Afrique Centrale avec deux saisons : la saison pluvieuse de
Mai à Octobre comptant pour 80 % des précipitations annuelles (les mois les plus
pluvieux vont de Juillet à Septembre comptant pour 50 %) et la saison sèche pour le
reste de l’année a considérablement de faibles précipitations (la moyenne se situant
entre 15 et 25 cm par mois) avec une légère augmentation en Mars (ORSTOM,
1972). La variation saisonnière peut seulement être estimée, mais il est probable
que la variation diurne soit élevée (Stuart, 1993). La forte variation altitudinale des
régions montagneuses du Cameroun interfère avec le climat général, pour aboutir à
des variantes climatiques à brumes épaisses, insolation faible, et températures peu
élevées (Gartlan, 1989). L’IUCN (1989 b) a donné une température moyenne
mensuelle de 19°C au cours de l’année. Au sommet du Mont Koupé la température
moyenne mensuelle est approximativement de 12°C.

Letouzey (1968) a donné une moyenne annuelle des précipitations de 4,699 mm


calculées sur 10 ans sur une altitude de 785 m. A Nyasoso (829 m d’altitude) sur le
versant Ouest du Koupé, il tombe 6,975 mm de précipitations moyennes annuelles.
Ces fortes précipitations sont dues aux effets déstabilisants du Mont Cameroun sur
les vents de mousson qui sont composés par des reliefs hauts au Mont Koupé. Les
basses terres environnantes connaissent de basses précipitations (Tye.1986).

La carte hydrologique du Cameroun montre que le Mont Koupé est entouré par un
isohyet de 4 m (ORSTOM, 1972).
Végétation
La forêt afromontagnarde du Mont Koupé est relativement peu perturbée (Gartlan,
1989). La végétation du Mont Koupé est classée par Letouzey comme une ceinture
submontagnarde de la forêt Guinéo-congolaise. Les forêts sont bien décrites
comme « submontagnardes toujours vertes ou à feuilles persistantes ». Toute
l’étendue de la montagne est botaniquement mal connue, et probablement contient
beaucoup d’espèces de plantes non décrites (Thomas, 1993). Le couvert forestier
dense se poursuit jusqu’au sommet, sauf sur les versants très escarpés et sur les
sols peu profonds, qui sont recouverts de petites surfaces herbeuses. La diversité
floristique du site est élevée avec à la fois des espèces de basse altitude et de
montagne. La richesse des espèces et l’endémisme sont exceptionnels (Gartlan,
1989). Stuart (1986) et Thomas (1986) ont mentionné que ces forêts sont réparties
sur une superficie de 2,100 ha et ont distingué la forêt de basse altitude jusqu’à
1,600 m, la forêt submontagnarde et la forêt montagnarde au-dessus de 1,600 m,
peu perturbées.

La forêt de basse altitude ( 850 m – 1,600 m)


Jusqu’à une altitude de 1,600 m, la forêt a principalement un caractère de forêt de
basse altitude avec une voûte haute, un sous-bois clairsemé, et un développement
modéré d’épiphytes. La réserve forestière de Manehas, située à 7 kilomètres du
Nord-Est du sommet, ne comprend que la forêt de basse altitude entre 600 et 1,000
m (Gartlan, 1989).

La forêt de basse altitude a surtout une voûte d’environ 35 m de hauteur avec


quelques grands émergents. Au-dessous de 1,000 m d’altitude, dans les pentes
raides plus basses et souvent à plusieurs kilomètres du village, il y a un abattage
sélectif d’arbres pour le matériel de construction à Nyasoso et dans les villages
environnants. Les espèces utilisées sont : Aningeria robusta, Cordia millenii,
Pycnanthus angolensis et Ceiba pentandra. Selon les coupeurs de bois Milica
excelsa (iroko) et Entandrophragma ou Khaya sp (Acajou) sont aussi préférés ;
c’est ce qui explique, à ce niveau, le déblayage de la forêt pour les cultures (Stuart,
1993).

Autour de Nyasoso et à la base de la montagne, c’est-à-dire entre 700-900 m


(800m) d’altitude, la végétation est transitionnelle entre la plaine et la submontagne.
Dans cette aire, les espèces typiques des plaines du Sud-Ouest Camerounais sont
probablement rencontrées. La flore des basses altitudes possède de nombreuses
espèces de plantes (Thomas, 1993). Letouzey (1968) a noté le très large (et
« vieux ») spécimen de Santiria trimeria entre 1,000 et 1,500 m d’altitude et
l’abondance des genres Allanblackia, Pentadesma, Symphonia et Garcinia dans la
famille Guttiferae au-dessus de 1,000 m.

La forêt n’est pas perturbée au-dessus de 1,000 m, excepté pour les chasses ; elle
apparaît sur les pentes avec une structure uniforme, une voûte ouverte et une
grande densité de petits arbres de 12 à 18 m de hauteur. Au-dessus de 1,400 m les
arbres sont festonnés de mousses, et cette altitude est la limite inférieure du
remarquable arbre Cephaelis mannii avec ses inflorescences suspendues en-
dessous des branches sur 2 à 3 m le long des pédoncules. Les espèces variées de
Cola se retrouvent en-dessous de 1,200 m. L’intervalle de croissance est
caractérisé par Cylicomorpha solmsii, Macaranga occidentalis, Musanga
cecropioides, Neoboutonia mannii et à plusieurs endroits par la fougère
arborescente Cyathea manniana. (Stuart, 1993).

Les forêts submontagnarde et montagnarde (au-dessus de 1,600m)


La forêt submontagnarde
Letouzey (1986) et Thomas (1986) ont décrit la forêt submontagnarde au-dessus de
1.600 m d’altitude. Cependant, beaucoup d’espèces associées à la forêt
submontagnarde sont rapportées aux basses altitudes (environ 1,200 m) et la
transition entre les deux types de végétation apparaît graduelle. Le long de la
principale piste en haut de la montagne (« Max’s Trail »), la continuité est rompue à
1,600 m par une large aire de quelques hectares qui a une structure
remarquablement différente de la végétation. La forêt est dominée par d’énormes
arbres, surtout les Ficus spp, de 45 m de hauteur (Stuart, 1993). La forêt
submontagnarde a typiquement un mélange d’espèces des plaines Guinéo-
congolaise et d’espèces afromontagnardes. Quelques unes de ces espèces
secondaires sont intéressantes telles que Cyathea spp (fougères arborescentes),
Cylicimorpha solsmii et Macaranga occidentalis. Elle est riche en espèces et
contient un nombre significatif d’espèces endémiques montagnardes à affinité
Guinéo-congolaise. Ce type de forêt, d’étendue très limitée en Afrique de l’Ouest,
possède une grande valeur de conservation. Typiquement, la forêt submontagnarde
est riche en espèces d’arbres des hautes terres, avec des émergents éparpillés et
une voûte dense. Les étrangleurs sont quelques fois plus abondants que dans les
plaines. Occasionnellement la couche d’arbustes peut être dominée par une
croissance dense de quelques espèces. La forêt submontagnarde est souvent riche
en épiphytes vasculaires et non-vasculaires, et inclut la formation appelée « mist
forest » (forêt brumeuse) où la charge d’épiphytes sur les arbres est très lourde.
Une différence significative avec les plaines est la pauvreté de la famille des
Fabacées cesalpinoïdes, qui est souvent dominante dans les forêts de plaines. La
forêt submontagnarde domine la végétation du Mont Koupé (Thomas, 1993).

La forêt montagnarde
La stature de la forêt submontagnarde décline graduellement avec l’augmentation
de l’altitude. Vers les sommets, les arbres ont une hauteur de 10 à 15 mètres et la
forêt a été décrite comme montagnarde par Letouzey (1986) et Thomas (1986). La
forêt montagnarde se trouve au dessus de 1,600 mètres d’altitude, avec une voûte
élevée (10 à 15 mètres), une charge lourde d’épiphytes et de nombreuses fougères.
(Gartlan, 1989). Le sommet du plateau du Mont Koupé est assez élevé pour
supporter une forêt montagnarde. Cependant, l’élément de la forêt montagnarde
typique camerounaise est principalement absent sur le Koupé, de sorte que le
sommet est vu comme une forêt submontagnarde transionnelle à la montagnarde
(Thomas, 1993).

Gartlan (1989) a mentionné parmi les végétaux les espèces typiques communes de
cette zone qui incluent : Carapa grandiflora, Cephaelis mannii, Dictonalepsis vestita,
Ficus mucuso, Garcinia smaethmannii (l’une des nombreuses espèces des pentes
et des crêtes), Dorstenia, Dracaena, Haemanthus et Selaginella. Letouzey (1968) a
montré la présence de Podocarpus milanjianus entre 1,600 et 2,000 mètres, de
même que Nuxia congesta au dessus de 2,000 m. Ces deux espèces sont
caractéristiques des forêts montagnardes. Thomas (1986) a aussi montré la
présence de Podocarpus milanjiarus et Philippia mannii au sommet.

Immédiatement en dessous du sommet il y a une aire de broussailles avec des


arbustes et des arbrisseaux sur les pentes très raides. Dans la broussaille les
plantes ligneuses sont surtout Philippia mannii, et à la périphérie les plantes
ligneuses comprennent Hypericum lanceolatum, Dalbergia sp et Salacia sp. (Stuart,
1993).

Dans la zone de transition des différentes végétations, il y a des aires dégradées


par l’agriculture et des petites aires des communautés de saxicolus sur la face des
roches et la végétation dans les glissements de terrain. (Thomas, 1993) Hazelwood
et Stotz (1981) reprenant les travaux de Hedberg et Hedberg (1968) ont dressé une
liste de 15 espèces de plantes qui exigent une protection sur le Mont Koupé. Cette
liste est reproduite dans un bon nombre de publications comme celles de Collar et
Stuart (1988) qui font l’inclusion de quelques espèces d’arbres : Pentabrachion
reticulatum, Hamilcoa zenkeri, Eurypetalium unijugum et Medusandra richardsiana
(espèce paléo-endémique à la province du Sud-Ouest du Cameroun).
Tableau 1 : Nombre total des espèces identifiées sur le Mont Koupé
Angiospermes Gymnospermes Ptéridophytes Total
Familles 69 1 12 82
Espèces 220 1 31 252
Source : Thomas (1993) ; Stuart (1993)

Il y a sur le Mont Koupé 82 familles de plantes divisées par 252 taxons. Les
Angiospermes sont les plus diversifiés avec 69 familles contenant 220 espèces
suivis des Ptéridophytes avec 12 familles contenant 31 espèces. Les
Gymnospermes sont les moins diversifiés avec une seule famille contenant une
seule espèce. Les familles les plus diversifiées sont :
- Acanthacées : 20 espèces
- Aspleniacées : 13 espèces
- Bégoniacées : 15 espèces
- Euphorbiacées : 14 espèces
- Orchidacées : 46 espèces
- Rubiacées : 22 espèces

Faune
Le Mont Koupé a été identifié comme une priorité de conservation par le Birdlife
International (Stuart, 1986 ; Collar et Stuart, 1988) et l’International Union for the
Conservation of Nature (IUCN, 1989 a) principalement parce que c’est l’habitat de
beaucoup d’espèces d’animaux endémiques, rares et menacées.

Le Mont Koupé est un important site pour les reptiles et les amphibiens. Un nouveau
taxon de primates prosimiens a été rapporté à Nyasoso par Chris Wild en Avril
1994. Des données comparatives sur ces prosomiens ont aussi été collectées dans
les monts Bakossi. De plus des nouvelles données ont toujours été obtenues par
Chris Wild pour les amphibiens endémiques de la montagne et les taxa de reptiles
dans les monts Bakossi. Une donnée préliminaire suggère que la faune des monts
Bakossi est similaire, si non continue avec la faune de Manengumba et que les
monts Bakossi peuvent représenter le seul plus grand écosystème montagnard
restant dans les hautes terres camerounaises (Ebong, et al., 1997).

Le Mont Koupé a particulièrement une avifaune riche de plus de 300 espèces


connues, incluant beaucoup d’espèces endémiques à l’étendue de la montagne
camerounaise (Stuart, 1993). Parmi les 190 espèces d’oiseaux connues sur la
montagne, 36 sont limitées à la forêt montagnarde. Il existe quatre espèces
menacées : Malacotonus gladiator, Malacotonus kupeensis (pie-grièche qui se
trouve seulement sur le Mont Koupé), Lioptilus gilberti et Picarthartes oreas
(picartharte chauve). Trois espèces d’oiseaux vulnérables se trouvent ici :
Andropadus montanus, Phyllastrephus poliocephalus et Nectarinia ursulae. Le Mont
Koupé est aussi un important habitat pour 7 espèces de primates incluant Mandrillus
leucophaceus (Drill), Cercopithecus pogonias (moustac à oreilles rousses),
Cercopithecus erithrotis, Pan troglodytes (chimpanzé), Potamogale velox et les
chauves-souris Rhinolophus clivosus et Pipistrellus eisentrauti.

Malaconotus kupeensis, endémique au Mont Koupé, n’a pas été vu depuis 1951
malgré de vastes recherches entreprises récemment. D’autres espèces menacées
sont présentes (Gartlan, 1989).

Tableau 2 : Liste de faune endémique menacée :


Mandrillus leucophacus Drill
Pan troglodytes Chimpanzé
Cercopithecus erythrotis Moustac à oreilles rousses
Rhinolophus clivosus (Subsp. nova ?)
Malaconotus gladiator
Malaconotus Kupeenis
Lioptilus gilberti
Picarthartes oreas Picartharte chauve
Andropadus montanus concolor
Phyllastrephus poliocephus
Nectarinia ursulae

Peuplement humain
Le Mont Koupé est entouré par une douzaine de villages de taille variée, dont les
principaux sont : Nyasoso à l’Ouest et Tombel au Sud. Il n’y a pas de village au
dessus de 850 mètres d’altitude (Gartlan, 1989). La population totale est estimée à
100,000 âmes (Ebong et al., 1997). La densité de la population autour de la
montagne est assez faible mais il existe de plus grands villages peu éloignés (Loum
au Sud et Manjo au Nord-Est). La population rurale environnante des forêts est
d’origine Bakossi (Gartlan, 1989).

Infrastructure
Le Mont Koupé, administrativement parlant, se trouve à cheval sur deux provinces ;
celle du Sud-Ouest et celle du Littoral. La voie d’accès la plus aisée est celle
passant par Nyasoso (situé sur la route de Tombel à Bangem). Une route
goudronnée s’étend de Douala à Loum (100 km). La route Loum – Tombel –
Nyasoso (d’environ 50 km) est non goudronnée et très pierreuse en quelques
endroits. Néanmoins, il existe quelques sentiers de chasseurs dans la forêt (Gartlan,
1989). Il y a la supervision de la construction de la piste qui mène au sommet par
quelques anciens et des jeunes bénévoles de Tape/Etube et de Nyasoso. Lorsque
cette route sera complétée, elle donnera accès au sommet du Mont Koupé à partir
du Nord. 27 écoles sont dénombrées soit du côté anglophone ou francophone de la
montagne (Ebong et al., 1997).

Activités humaines
Généralement les activités humaines sur le Mont Koupé sont inversément
proportionnelles à l’altitude. Dans la vallée de Nyasoso sur le côté Ouest,
virtuellement toute la végétation est cultivée ou représentée par des communautés
de croissance secondaire. Sur les bas versants de la montagne, les cultures
s’étendent environ sur 1.100 km d’altitude (Thomas, 1993). Le Mont Koupé est
presque totalement entouré de cultures; des récentes activités agricoles ont été
notées sur les pentes Est et Ouest du Mont. Une augmentation substantielle du
niveau de chasse a été observée dans quelques villages sur les pentes Ouest de la
montagne (Ebong et al, 1997). La chasse et l’exploitation forestière à petite échelle
existent sur les bas versants. Elles augmentent au fur et à mesure que l’impact des
croyances concernant la forêt diminue et que la pression humaine augmente, mais
l’exploitation commerciale y est impraticable en raison des fortes pentes. Les forêts
jouent un rôle relativement secondaire dans l’économie locale (Gartlan, 1989). Dans
les bas versants, au-dessous de 1,000 m d’altitude et souvent à plusieurs kilomètres
du village, il y a un abattage sélectif d’espèces d’arbres (Aningeria robusta, Cordia
millenii, Pycnanthus angolensis et Ceiba pentandra) pour le matériel de construction
à Nyasoso et les villages environnants. Selon les coupeurs de bois Milicia excelsa
(iroko) et Entandrophragma ou Khaya sp (acajou) sont aussi à la faveur des bois de
construction (Stuart, 1993).

Statut légal et gestion


Les forêts qui ne font pas partie de la réserve forestière appartiennent au domaine
national et peuvent être acquises par l’État pour leur protection. La gestion et
l’aménagement des forêts sur le Mont Koupé incombent à la Direction des Forêts
(Ministère de l’Environnement et des Forêts). Administrativement, le Mont Koupé se
trouve à cheval sur deux provinces : celle du Sud-Ouest et celle du Littoral. Une
partie de la forêt au Nord et à l’Est (à peu près 600 ha), y compris le sommet du
Mont Koupé, bénéficie d’une protection limitée en tant que réserve forestière. Le
reste de la forêt n’est pas protégé. Une autre réserve forestière (la réserve forestière
de Manehas) est située à 7 km du Nord-Est du sommet, mais ne comprend que la
forêt de basse altitude entre 600 et 1,000 m. Il n’existe pas de plan d’aménagement
pour cette région (Gartlan, 1989). Plusieurs projets sont présents dans le Mont
Koupé parmi lesquels :

1) Le "Mount Koupé Forest Project" lancé par le Birdlife International


(autrefois l’International Council for Bird Preservation) qui a pour but d’achever la
protection des forêts du Mont Koupé à travers le support et la coopération des
communautés locales, en promouvant le soutien du développement et l’éducation
environnementale, aussi bien qu’en augmentant la conscience nationale et
internationale de l’importance biologique du Mont Koupé (Stuart, 1993).

2) Le projet GEF – Biodiversité du Koupé (Biodiversity GEF Kupe Project)


dont le lancement a eu lieu le 27 Juillet 1996 à Yaoundé par le Ministère de
l’Environnement et des Forêts. Depuis le lancement, le projet n’a pas effectivement
pris son envol ; cependant certaines activités sont effectuées durant cette période.
La "Biodiversity GEF Kupe Project" est un avant-projet pour mettre en sûreté l’avenir
de l’une des forêts montagnardes camerounaises, une aire qui contient une unique
combinaison des espèces endémiques menacées. En Février 1997, les objectifs ont
été revus pendant l’exercice d’évaluation du projet par WWF Africa Program Officer
comme suit :
a. Contribuer à la conservation de la diversité globale dans le biome de la
montagne camerounaise en rehaussant la qualité de vie des communautés
rurales environnantes des forêts.
b. Maintenir l’étendue de la biodiversité et les processus écologiques de la forêt
sur le Mont Koupé par un régime de gestion participative de la forêt qui permet
une utilisation soutenue par les communautés locales.
Des contacts ont été faits avec d’autres projets (Mount Cameroon Project Kilium/Ijim
Project) pour apprendre le progrès fait dans la gestion participative de la forêt dans
leurs projets respectifs (Ebong et al,. 1997).

En dehors des projets, d’autres études sont menées par des équipes de recherche
dans le but d’évaluer les potentialités réelles du Mont Koupé. On peut citer comme
exemples :
- La thèse de Stuart Cable en 1993 soumise comme une partie de la réalisation de
la licence en Science Environnementale Tropicale à l’Université d’Aberdeen (A
vegetative tree key for Mount Kupe, Cameroon).
- L’échantillonnage des populations avicoles de la montagne (Ebong et al., 1997).
- L’équipe de recherche Noctural Primate Research Group (United Kingdom)
conduite par Dr Simon Bearder, Dr Alan Dixson et Chris Wild qui a mené des
recherches sur le Mont Koupé dont le but est de localiser un nouveau taxon de
primate prosimien qui avait été antérieurement rapporté par Chris Wild en Avril 1994
(Ebong et al., 1997).

État de conservation et valeur du site


Le Mont Koupé a une importance considérable en terme de la conservation des
plantes car le niveau d’endémicité régionale y est important et la diversité floristique
du site est élevée avec à la fois des espèces de basse altitude et de montagne.
Malgré sa petite superficie, elle est relativement peu perturbée et présente un
potentiel considérable pour la recherche ; donc l’intérêt scientifique de la forêt est
important. C’est également un important site de collecte des eaux de pluies. La
montagne est presque totalement entourée de cultures de sorte que la forêt se
trouve être un bloc plus ou moins isolé. La chasse et l’exploitation forestière à petite
échelle existent sur le bas des versants (Gartlan, 1989).

Généralement la perturbation humaine sur le Mont Koupé est inversément


proportionnelle à l’altitude. Dans la vallée de Nyasoso sur le côté Ouest, toute la
végétation est relativement de croissance secondaire ou cultivée. Sur les bas
versants de la montagne, l’agriculture s’étend sur 1,100 m d’altitude. Les grands
niveaux de perturbation humaine causent une perte de diversité forestière et le
remplacement de la forêt native par les cultures et la croissance secondaire. Ce
niveau de perturbation est trouvé autour de Nyasoso et le long de la route.
Quelques aires sont dégradées par la déforestation, et où les caractéristiques de la
croissance secondaire deviennent répandues à travers la création de nombreux
vides dans la voûte de la forêt. Le Mont Koupé a une structure géologique différente
du reste de l’étendue, et les roches plus acides peuvent avoir pour résultat la
différence dans les espèces de plantes de Koupé ; ce n’est pas le cas tel qu’il est
connu plus loin, et la flore de Koupé ressemble à celle de Bakossi et Rumpi
(Thomas, 1993).

Des études ont montré que lorsque les terrains boisés sont perturbés, la richesse et
la diversité des espèces sont réduites (Richard, 1993). Des petites populations des
plantes et d’animaux, particulièrement de faible densité, sont vulnérables à
l’extinction et à l’érosion génétique (Soulé, 1987). Il y a deux composantes majeures
à la menace sérieuse de la déforestation :
a. Si l’extraction du bois et l’agriculture ont augmenté en intensité et se sont
étendues le haut de la montagne, aussi bien qu’en érodant la valeur du Mont
Koupé, ceci menacerait les moyens d’existence de la communauté locale,
puisque les forêts respectent les fonctions hydrologiques et pédologiques
vitales et sont une importante source de produits secondaires.
b. Si les bas versants sont beaucoup plus exploités en altitude et que les forêts
environnantes sont largement déblayées pour le bois et l’agriculture, ceci
pourrait aussi diminuer sérieusement la valeur biologique et la réserve du
reste des forêts (Stuart, 1993).

Problèmes identifiés
L’exploitation commerciale est impraticable sur les bas versants du Mont Koupé en
raison des fortes pentes. Il n’y a pas de plage au-dessus de 850 m d’altitude et les
voies d’accès viables sont presqu’inexistantes. La route Loum – Nyasoso en
passant par Tombel (d’environ 50 km) est non goudronnée et très pierreuse en
quelques endroits. Il existe quelques sentiers de chasseurs dans la forêt. Il n’existe
pas de plan d’aménagement de cette région (Gartlan, 1989).

L’étendue de la montagne est botaniquement mal connue, et contient probablement


beaucoup d’espèces de plantes non décrites (Thomas, 1993).

La population locale d’origine Bakossi est sous scolarisée et des actions sont mises
sur pied pour l’enseignement de l’éducation morale dans les écoles, l’enseignement
de l’Anglais dans les écoles primaires (Ebong et al., 1997).

Il n’est pas possible d’identifier les arbres sous des noms Bakossi à cause du
manque de données de base ethnologiques compréhensives de la région et la
difficulté de rassembler et de vérifier les noms locaux (Stuart, 1993).

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources.

Il faut prendre des mesures de conservation pour le Mont Koupé. Quoique la forêt
soit encore relativement peu perturbée, sa destruction sur la partie bases des
versants a récemment augmenté. Des études préliminaires devraient être menées
afin de déterminer la meilleure stratégie pour protéger le Mont Koupé et pour
préparer un projet de conservation à long terme. Ce projet devrait comprendre la
définition des limites et l’érection de la forêt en réserve forestière, l’élaboration et la
mise en application de plans d’aménagement détaillés pour la forêt elle-même et les
terrains environnants ; l’établissement d’un programme de sensibilisation et
d’éducation sur l’environnement auprès des populations locales ; la mise en route
d’études sur l’écologie des espèces menacées (Gartlan, 1989).

La valeur biologique des forêts du Mont Koupé dépend de la préservation de


l’étendue entière des types de végétation et d’habitat arrivant naturellement sur et
autour du Mont Koupé, de la forêt pluvieuse de basse altitude environnante au
sommet de la forêt montagnarde. Cette valeur biologique dépend aussi des forêts
d’être contiguës avec moins d’aires larges de forêts secondaires (Stuart, 1993).

Bibliographie
Cable S. C. (1993). A vegetation tree key for Mount Kupe Cameroon. B.Sc Thesis,
Aberdeen University.
Cable S.C. (Ed.). (1986). Conservation of the Cameroon Mountane forest survey.
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Monograph No.3, ICBP (Birdlife International), Cambridge.
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Cambridge.
Letouzey, R. 1968. Étude phytogéographique du Cameroun. Lechevalier, Paris.
Soulé, M. E. 1987. Viable populations for conservation. Cambridge, University
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N. (Ed.). (1986).
Walsh, M. 1993. A comparaison of land use on Mount Kupe, Cameroon, with
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Aberdeen University.
White, F. 1983. The vegetation of Africa : a descriptive memoir to accompany the
UNESCO/AETFA/UNSO Map of Africa. UNESCO, Paris.
Auteur : Fomete, N.T. 1998.
LOBEKE
(La zonz de protection essentielle de Lobéké)

Situation géographique
La réserve de faune proposée de Lobéké est une zone de protection essentielle
située à l’Est de la République du Cameroun, entre 2°05’ - 2°30’N; 15°33’ - 16°11’E,
dans le département de Boumba et Ngoko.

Limites et étendue
La future Réserve de Lobéké a une forme approximativement rectangulaire. Sa
superficie est d’environ 2100 km². La section du Nord est centrée autour du Lac
Lobéké. La partie Sud inclut le Djamba, vaste bassin marécageux. Le site est limité
à l’Est par la Sangha, au Sud par la rivière Moko Paka, à l’Ouest par la Rivière
Djombe et au Nord par Lobéké et Longué.

Relief et réseau hydrographique


C’est un relief plat, avec quelques collines, peu de pentes raides, et une altitude
allant de 400 m dans la vallée jusqu’à 700 m pour les collines environnantes.

Le Lac Lobéké est un vaste marécage peu profond, présentant des étendues d’eau
libre par endroits. Djamba est également une prairie marécageuse importante pour
la faune.

Le site de Lobéké a deux lignes de partage des eaux. L’Est est drainé par Lobéké,
Lobida et la rivière Moko Paka. Ce système se verse dans la Sangha. L’Ouest est
drainé par Djombi et Bolou. Ces deux rivières se jettent dans la Ngoko..

Formations géologiques et sols


La forêt de Lobeké est un plateau situé sur un socle du précambrien ; il fait partie du
bassin de la Sangha.

Le sol par endroits, est de nature hydromorphe du fait de la nappe phréatique


permanente et riche en matières organiques. Ailleurs, il est ferrallitique rouge ou
rouge brun, dérivé d’une roche métamorphique ancienne. Les sols sont typiquement
acides et argileux, avec une mince couche d’humus, ils ont une faible teneur en
azote et en base échangeable.

Climat
Le climat ici est du type équatorial avec deux saisons de pluies de mars à juin pour
la petite et de Septembre à novembre pour la principale. Les précipitations
annuelles atteignent parfois 1,700 mm. La température moyenne annuelle est
autour de 24°C; Avril est le mois le plus chaud à Yokadouma.

Végétation
La région est considérée comme transitoire entre la forêt sempervirente du type
Dja, et la forêt sémi-décidue. Les mélanges d’arbres sémi-caducifoliés et de
sempervirents sont relativement divers (200 arbres actuellement identifiés) et
contiennent une importante densité d’ensemble de bois d’oeuvre (Entandrophragma
cylindricum, Triplochiton scleroxylon, Chorophora excelsa, Entandrophragma
candolfi, Entandrophragma utile, Aphrormosia alata, Lophira alata) souvent plus de
cinq par hectare. La surexploitation de ces ressources, en particulier de la demie
douzaine d’espèces d’arbres à coupe est en train d’appauvrir à long terme la
diversité de la flore tout en déstabilisant la base économique de la région.

Faune
La faune est très représentée ici à Lobéké. Les grands mammifères tels que :
aaaa- L'éléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis),
bbbb- les gorilles (gorilla gorilla)
cccc- les chimpanzés (Pan troglodytes), bongos, (Tragelaphus euryceros)
dddd- les buffles (syncerus caffer n.) y sont rencontrés.
D’autres mammifères du site sont :

Tragelaphus spekeï, Hylochoerus mainertzhageni ; Potamochoerus porcus,


Orycteropus ofer, Manis gigantea, Cephalophus callipygus.

Les primates rencontrés dans la région sont :

Cercopithecus pogonias, Cercopithecus nictitans, Cercopithecus galeritus,


Cercocebus albigena, Colobus guereza.

Certaines études suggèrent que la zone est un important refuge pour certaines
espèces rares d’oiseaux. (Davenport et Usongo, 1997).
Une liste exhaustive de mammifères de Lobeké est fournie en annexe.

Peuplement humain
La densité de la population est relativement faible. 500 personnes dans huit villages
périphériques (si on ne tient pas compte des villes de la périphérie). De cette
population, 53% est composée de Bangondo et Bakwele, et 47 % du groupe
pygmées Baka. La population vit le long des pistes et est dépendante des
ressources naturelles pour leur subsistance, surtout le gibier et des ressources
aquatiques. Mouloundou qui est le Chef lieu de l’Arrondissement se trouve à près de
50 km du site à vol d’oiseau.

Infrastructures
La zone de protection essentielle de Lobéké est traversée dans ses parties Sud par
les routes de Mambélé-Kika et les pistes forestières dont celle partant de Djembe à
la frontière vers l’intérieur (cf carte).

Activités humaines
La population ici est très dépendante des ressources naturelles, en particulier du
gibier, des ressources aquatiques, en nourriture et en matériaux de construction.
L’exploitation forestière est présente dans la région depuis plus de 20 ans. En plus
de l’utilisation de la forêt par les indigènes, un nombre croissant de personnes à la
recherche d’emplois dans les exploitations forestières et les compagnies de Safari-
Chasse, pour chasser en contrebande le gibier destiné aux marchés des villes ou
capturer des perroquets gris africain pour l’exportation.

L’agriculture pratiquée est une agriculture de subsistance. La culture commerciale


de la zone est le cacao.

Le commerce du gibier est une activité quelque peu controversée des populations
locales.

Statut légal et gestion


Lobéké est une zone essentielle de protection actuellement proposée en
classement sous le statut d’Aire protégée.

Depuis Juin 1997, la forêt entourant le Lac Lobeké fait l’objet d’une initiative de
conservation supportée par le WWF et le MINEF avec un financement de WWF-
Allemagne et du GEF. Ce projet travaille en collaboration étroite avec la GTZ.
Etat de conservation et valeur du site
La menace sur la faune, surtout sur les éléphants, par les étrangers pour la
recherche de l’ivoire.

Le site est une région qui contient des bois précieux, cela explique l’engouement
des exploitants pour la région.

La forêt de Lobeké est d’un intérêt exceptionnel pour la conservation en raison de


plusieurs facteurs. D’abord ce domaine montre des densités spécialement forte des
mammifères de forêt et plus particulièrement de la mégaphone telle que les
éléphants, les gorilles, les chimpanzés, les bongos et les buffles de forêt.

De nombreuses espèces animales internationalement reconnues comme étant en


danger, existent encore ici bien qu’étant de plus en plus menacées par une
exploitation incontrôlés.

Par ailleurs, la végétation de type forêt primaire non encore exploitée est une des
rares composantes de l’écosystème guinéo-congolais encore intact au Cameroun.

Au niveau international, Lobéké est contiguë à des parcs nationaux de la


République de centrafrique (Dzanga-sangha) et du Congo (réserve forestière de
Nouabale-Ndoke) ceci fournit l’opportunité unique pour un programme tri-national de
conservation.

La valeur du site de Lobéké tient aussi à l’existence alentour, de groupes ethniques


(Baka, Bangando) qui dépendent essentiellement des produits forestiers pour leur
habitat, alimentation, santé et identité culturelle.

Problèmes identifiés
Les deux principales menacent pesant sur la Lobéké viennent du braconnage et de
l’extérieur de l’exploitation forestière individuelle. Il existe dans la région une
dynamique filière de production de gibier pour approvisionner les résidants et
population immigrante autour des complexes industriels. Un commerce intense de
gibier se fait également avec le Congo.

Au cours des deux dernières décennies, une bonne frange de Lobeké a été
exploitée et il existe encore des surfaces attribuées pour exploitation. D’ailleurs, le
plan de zonage du territoire frontalier a délimité sur carte le domaine de cette aire
protégée qui sur le terrain correspond par endroits à des zones complètement
exploitée ce qui pose le problème des limites de la réserve.
Les autres menaces pesant sur la Forêt proviennent des flux d’immigration des
populations d’autres régions du Cameroun, l’envahissement par l’agriculture, la
capture incontrôlée des perroquets.

La position frontalière de Lobéké et l’insécurité dans les pays voisins entraînent un


influx de braconniers étrangers équipés d’armes automatiques.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources.
Il faut d’abord classer le site comme réserve de faune ou parc national.
Mettre en place des infrastructures et des moyens humains et matériels pour
assurer la protection du site.

Prévoir les zones tampons.


La redéfinition des limites de Lobéké est d’une importance capitale. Les nouvelles
limites doivent permettre d’obtenir une Aire protégée de forme plus sphériques
facilitant les activités de gestion et les relations avec la population. La nouvelle
délimitation doit maximiser les frontières avec le parc de Dzanga-sangha (RCA) et
de Nouabale et Ndoke (Congo) et les limites naturelles.

Une multitudes de groupes et individus ont conduit des programmes de recherche


dans la région de Lobéké. Ceci a fourni un capital d’informations considérable qui
permet d’apprécier l’importance de ce site mais surtout justifie l’urgence de son
classement définitif comme Aire protégée. Le classement facilitera ensuite la
délimitation des zones de chasse et une meilleure organisation du Safari dans la
région, ainsi qu’une réduction des conflits avec les populations locales.

Bibliographie
Davenport T et Usongo L, 1997 : Recommendations for the designation of
a protected area in Lobeke Forest South East Cameroon . Lobéké
Forest Project, Yokadouma, WWF, 61 pages.
Vabi M. et Adama P., 1997 : Rapport de l’Atelier de Planification « ZOPP 4 » -
Yakadouma du 27-31 Janvier 1997 MINEFI, GEF, SUD- EST.

Auteur : FOMETE N. T., 1998


CARTE LOBEKE
LOKOUNDJE – NYONG
(Massif forestier du Lokoundje – Nyong)

Les informations sur ce site sont largement inspirées du Plan


d’Aménagement du Massif Forestier du Lokoundjé-Nyong par
Poulin Thériault (1998), et Schéma Directeur d’Aménagement
Polyvalent du Massif Forestier de Lokoundjé-Nyong, MINEF
(1995).

Situation géographique.
Le massif forestier du Lokoundjé-Nyong qui couvre une superficie de 129 188
hectares est situé entre les latitudes 3°07 et 30°36 N et longitudes 10°04 et 10°33 E.
Il s’étend sur les provinces du Littoral, Centre et Sud, le long de la côte Atlantique.
La répartition par département est la suivante : Sanaga Maritime (37km²), Nyong et
Kellé (422 km2) et Océan (833 km²). Cf carte.

Limites et étendue
Si les limites Nord et Sud sont bien matérialisées par les fleuves Nyong et
Lokoundjé respectivement, la limite Ouest semble longer la route nationale Edéa-
Kribi en excluant les zones habitées. La concentration des villages dans le sens Est-
Ouest le long de deux axes donne au site trois blocs : le block Nord entre le Nyong
et la série des villages de l’axe routier Song Mbong Elogbatindi ; le block Centre
limité au Sud par les villages le long de la route Memet-Betta ; et le block Sud plus
petit qui va jusqu’au Lokoundjé. Si le massif forestier couvre une superficie de 1,292
km², la zone tampon concernée par l’aménagement et l’écodeveloppement couvre
environ 1,000 km².

Relief et réseau hydrographique


La majeure partie de la réserve se trouve dans la plaine côtière où l’altitude ne va
pas au-dessus de 200 mètres. On rencontre toutefois quelques pics rocheux comme
le mont Tchia (488 m) et la chaîne du mont Bot qui culmine à 670 mètres. D’une
façon générale les études préalables au plan d’aménagement ont montré que la
zone peut être classée accidentée (7,7%) moutonné (3,8%) ondulé (79,1%) et plat
(9,4%).
Comme mentionné plus haut les fleuves Nyong et Lokoundjé bordent la réserve qui
elle-même est arrosée par les affluents Sud du Nyong (Njock Loumbé, Mbandjock,
Likout, Lombi, Mboké et Leptega, et les affluents Nord de la Lokoundjé que sont
Moungué, Bella, et Mbihé. Les zones inondées en permanence représentent 1,5%
de la surface totale, et celles inondées périodiquement 15%.

Formations géologiques et sol


Selon Maurizot et al. (1986) et Regnoult (1986) la zone est formée en majorité de
matériaux précambriens d’origine métamorphique que sont les micashistes, gneiss,
quartzites et granites. Dans les zones alluviales on rencontre les roches
sédimentaires comme le sable limon et calcaire. La topographie étant peu
accentuée les rivières sont peu encaissées et la forte pluviométrie entraîne
l’existence d’un réseau hydrographique très dense constitué de petits cours d’eau,
modelant un paysage morcelé de petits collines (Poulin Thériault, 1998).

Les sols sont en grande partie ferralitiques fortement désaturés, appauvris, jaunes
sur roches acide (oxisols) sur les hautes terres, et dans les vallées on rencontre des
sols hydromorphes et des marécages.

Climat
La réserve se trouve dans la zone occupée par un climat sub-équatorial à quatre
saisons. Il n’existe pas de station météorologique dans la réserve et l’on doit se
reporter aux données de Kribi plus au Sud d’Edéa plus au Nord et d’Eséka plus à
l’Est. Si l’on considère que la petite saison sèche se situe au mois de juillet, on a les
précipitations de 117 mm à Kribi 233 mm à Edéa et 121 mm à Eséka. Le régime des
pluies serait plutôt du type pseudo tropical à deux saisons malgré le léger
ralentissement des pluies du mois de juillet. En considérant les mois
écologiquement secs selon Aubreville (P 30 mm) aucun mois ne remplit ce critère
pour les trois stations quoiqu’en janvier Eséka reçoit en moyenne 31 mm de pluies.

On note cependant un gradient négatif des précipitations de la côte vers l’intérieur


avec Kribi (2,971 mm), Edéa (2,597 mm) et Eséka (2,252 mm). Quant aux
températures moyennes elles sont élevés en général et d’amplitude très faible pour
les trois stations Kribi ( 26°2, 2°) Edéa (26°5, 3°5) Eséka (25°, 3°3).

Végétation
Selon la classification de Letouzey (1985) le massif forestier est situé dans le
domaine de la forêt dense humide toujours verte guinéo-congolaise, dans le secteur
forestier toujours vert nigéro-camerouno-gabonais ou atlantique et dans deux
districts : le district atlantique biafréen avec sa forêt typique à Cesalpiniaceae et
(dans une moindre mesure) le district atlantique littoral.

De l’intérieur des terres vers le littoral, la transition floristique s’effectue de la


manière suivante : forêt biafréenne typique à Cesalpiniaceae, puis forêt à
Cesalpiniaceae encore abondantes, puis forêt à Cesalpiniaceae relativement rares,
puis forêt littorale typique à Lophira alata et Sacoglottis gabonensis.

Les principales essences commerciales rencontrées sont :

Afzelia pachyloba, (Doussié blanc), Diospyros crassiflora (Ebène), Lophira alata


(Azobé), Mitragyna ciliata (Bahia), Alstonia boonei (Emien), Berlinia bracteosa
(Ebiara Edéa), Brachystegia cynometroides (Naga), Brachystegia mildbraedii (Naga
parallèle), Coelocaryon preussi (Ekouné), Daniella ogea (Faro), Desbordesia
glaucescens (Alep), Didelotia letouzeyi (Gombé), Erythrophleum invorense (Tali),
Gilbertiodendron dewevrei (Iombali), Pterocarpus soyauxii (Padouk rouge),
Pycnanthus angolensis (Ilomba), Staudtia kamerumensis (Niové et Terminalia
superba (Fraké).

Les autres essences, d’intérêt économique pour les ruraux sont :

Cola argentea (Ako élé), Cola laterita (Efok ahié), Coula edulis (Coula), Mareyopsis
longifolia (Okekela) et Strombosia pustulata ( Mbang mbazoa afum).

Les espèces rares ou endémiques se trouvent en annexe 1

Faune
Selon la section de la faune et des aires protégées de la Délégation Départementale
de l’Océan, et Depierre et Vivrier ( 1992), la faune du Lokoundjé-Nyong est riche et
diversifiée. (cf Annexe ) .

Peuplement humain
La réserve a été délimitée à partir d’un consensus des populations en excluant
toutes les zones d’occupation humaine actuelles et potentielles. Sur les 129.188
hectares de la réserve il n’y a ni village ni d’activité nécessitant la présence continue
de l’homme comme l’agriculture. La densité de la population à l’intérieur de la
réserve est donc nulle. Dans la zone périphérique et le long des routes on
rencontre des villages de taille moyenne à petite pour une population totale de
7.812 personnes selon le recensement de 1987. Cette population est répartie en
1.603 ménages avec une moyenne de 5 personnes par ménage.

Les habitants sont répartis en quatre ethnies que sont les Bassa (75%), Bakoko,
Beti et Pygmées Bakola. La population est jeune dans son ensemble où 46% des
gens ont moins de 15 ans. Avec la crise économique beaucoup de jeunes
retournent au village après avoir passé des années en ville.

Les villes importantes sont Kribi au Sud, Edéa au Nord et Eseka à l’Est habitants.
Etant donné la faiblesse de la densité de la population dans la zone tampon les
villes sus-mentionnées n’exercent aucune influence sur les ressources de la
réserve à cause de la non praticabilité des voies de communication à l’exception de
la route Edéa Kribi.

Infrastructures
La zone est sillonnée par trois grands axes routiers. L’axe Elogbatindi – Song
Mbong (Est-Ouest) désert beaucoup de villages mais peu praticable en saison des
pluies. L’axe Elogbatiudi-Bipindi orienté Nord-Ouest Sud est se trouve en 1997 à un
état satisfaisant, tandis que l’axe Bipindi- Song Mbong qui longe la réserve sur sa
façade Est se trouve dans un état satisfaisant en saison sèche seulement. La route
nationale bitumée Edéa Kribi longe la réserve sur sa façade maritime.

Les télécommunications sont inexistantes dans les villages riverains. En 1997 aucun
village n’était électrifié et trois villages avaient une adduction d’eau du type
“ Scanwater ”. Il n’existe aucun collège secondaire dans toute la zone tandis que
cinq villages possèdent des centres de santé.

Activités humaines
Les activités humaines de la zone sont l’agriculture, la chasse, la pêche, le petit
élevage l’exploitation des autres produits forestiers et l’exploitation forestière.

L’agriculture est dominée par les cultures vivrières en association, manioc, arachide,
macabo, taro, maïs sur la jachère, et plantain, courge, macabo, igname sur sol
défriché de la forêt vierge. Les cultures de rente sont le cacaoyer et le palmier à
huile. Les arbres fruitiers font aussi partie du paysage comme l’avocatier, le
safoutier (Dacryodes edulis), le manguier et le cocotier.

La chasse est pratiquée par piégeage par la plupart des ménages en saison des
pluies tandis que le fusil est utilisé en saison sèche. Les espèces les plus chassées
sont le porc-épic, le céphalophe bleu, le rat de Gambie, le singe et l’aulacode.
La pêche est une activité de saison sèche dans le Nyong et ses affluents pour
l’autoconsommation. Le matériel de pêche est rudimentaire et les prises sont moins
importantes à cause des techniques de pêches qui ne privilégient pas la suivie des
espèces.

L’élevage est présent dans tous les villages mais l’activité est considéré comme
secondaire et concerne les caprins, ovins, porcs ainsi que la volaille.

L’exploitation des autres produits forestiers est généralisé et concerne les fruitiers
sauvages manguier (Irvinga gabonensis) moabi (Baillonella toxisperma) et Coula
edulis) . Pour l’alimentation et la pharmacopée on exploite le Gnetum africanum,
Alstonia boonei et Nauclea diderrichii. La récolte du vin de palme est une activité
généralisée dans la région.

L’exploitation forestière moderne a arrêté ses activités dans la zone depuis 1994.
Par contre l’exploitation traditionnelle par la tronçonneuse tend à se généraliser. Les
paysans vendent aux gens venant d’Edéa ou de Kribi des arbres à haute valeur
commerciale qui se trouvent dans leurs champs . Ces coupes sont d’autant plus
illégales que les exploitants ne paient aucune taxe. Il existe aussi une forte
exploitation des produits ligneux à des fins domestiques.

Statut légal et gestion.


Le décret 97/073/PM du 05 février 1997 a incorporé dans le domaine privé de l’Etat
une portion de forêt de 125 568 hectares dénommée “Forêt pilote Lokoundjé-
Nyong ”. L’aménagement de la forêt pilote sera orienté en priorité vers la production
de matière ligneuse tout en tenant compte des autres ressources disponibles ainsi
que de la protection et conservation de l'environnement. Les propositions
d'aménagement seront établies selon les principes d’un développement durable ;
gérer les ressources naturelles tout en préservant la capacité de production des
écosystèmes d’une manière dynamique et contribuant à l’amélioration des
conditions de vie des populations locales. Le MINEF à travers l’ONADEF est chargé
de gérer la forêt pilote à partir de Kribi.

Etat de conservation et valeur du site


La réserve du Lokoundjé-Nyong est représentative de la forêt littorale à Lophira
alata et Saccoglottis gabonensis tant au niveau floristique que faunique . Avec une
densité de population nulle à l’intérieur cette réserve offre une unique opportunité
pour un aménagement intégré durable où l’influence des populations sera
minimisée. L’approche participative qui a abouti à la délimitation de la zone a
respecté les vœux des populations riveraines en matière d’agriculture et de chasse.
Le site offre beaucoup d’autres avantages sur divers plans : sur le plan de la flore,
malgré l’exploitation forestière qui est déjà passée dans toute la zone, le potentiel
d’espèces endémiques est grand surtout sur les incelbergs rochers. Pour ce qui est
de la faune : Il y a peu d’espèces endémiques dans la zone concernée, mais le
statut d’aire protégée contribuera à protéger la faune terrestre et aquatique Sur un
plan plus général, le manque de voies de communication a préservé le potentiel
biotique de la zone du point de vue biodiversité.

Sur les plans scientifiques et économiques le plan d’aménagement prévoit quatre


grands types d’affectations des terres Il s’agit de i) foresterie (production ligneuse) ii)
protection (îles, bordure des cours d’eau, forte pente, zone inondée en permanence,
faune, flore) iii) conservation (biodiversité) et iv) agroforesterie.

Problèmes identifiés
Le décret 97/070 du 05 février 1997 créait une forêt domaniale de production
dénommée “ forêt pilote Lokoundjé-Nyong ”. Le plan d’aménagement élaboré en
1997 et soumis à l’administration en 1998 donnait toutes les informations sur l’état
actuel de la forêt et des actions à mener pour les 40 années à venir. On se retrouve
à l’année de base et à priori les problèmes seront ceux découlant de la mise en
application du plan d’aménagement.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources.
La forêt de production du Lokoundjé-Nyong sera géré de façon durable par une
unité technique opérationnelle sous la responsabilité d’un conservateur relevant du
MINEF. Dans la phase de démarrage le projet recevra l’appui de la coopération
canadienne. Le caractère pilote fera de l’aménagement un modèle avec la mise en
place des placettes permanentes pour suivre les réactions des peuplements aux
traitements envisagés. Il est aussi prévu des évaluations périodiques tous les cinq
ans.

L’aménagement prévoit consacrer 85% de la superficie à la production ligneuse, le


reste à la production des produits forestiers non ligneux, à la protection, à la
conservation in situ de la biodiversité par une mise en défens ; d’autres sites seront
aménagés pour le tourisme. Enfin une zone le long de l’axe routier Elogbatindi -
Bipindi sera consacré à l’agroforesterie.
Le plan prévoitl’aménagement d’une zone tampon à la périphérie de la forêt de
production avec accent sur l’agriculture fruitière, la formation et l’entretien routier. Ce
programmed’écodevelopement devra recevoir une grande priorité.

Bibliographie
Depierre J. et J Vivien 1982. Mammifèresauvages du Cameroun. L’Office
National des Forêts Fontainebleau.
Letouzey R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500.000. Touolouse, ICIV et Yaoundé, IRA. 5 fascicules.
MINEF 1995. Schéma directeur d’aménagement polyvalent du massif forestier de
Loukoundjé –Nyong. Rapport MINEF 150 p.
Poulin Theriault Inc 1998. Plan d’aménagement du massif forestier du Lokoundjé-
Nyong 88 p + 7 annexes.
Thomas D. et Thomas J, 1993. Botaniical and ecological survey of the Campo
Ma’an area. Report to the World Bank.

Auteur : Z. Tchanou 1998

Annexe liste des espèces rares ou endémiques de Campo/Ma’an

Acio cinerea Deinbollia pycnophylla


Allophylus campioneurus Helixanthera periclymenoides
Amphiblemma letouzeyi Julberardia letouzeyi
Amphiblemma soyauxii Lastreopsis davalliaoformis
Antrophyum annetii Loeseneriella camerunica
Aulotandra kamerunensis Loeseneriella iotrucha
Beilschmiedia fruticosa Manikara zenkeri
Beilschmiedia kostermansiana Micodesmis camerunensis
Beilschmiedia membranifolia Placodiscus angustifolius
Beilschmiedia payracea Pristimera andongensis
Beilschmiedia pierreana Pyrenacantha grandifolia
Beilschmiedia sessilifolia Rhphiostylis elegans
Beilschmiedia Wilczekii Rhaptopetalum sessilifolium
Calvoa calliantha Triaspis emarginata
Craterosiphon pseudoscandens Warneckea wildeana
Culcasia sp.

Source : Thomas 1995, Letouzey, 1985.


CARTE DE LOKOUNDJE
MANENGOUBA
(Massif du Manengouba)

Situation géographique
Le massif du Manengouba fait partie de la chaîne montagneuse de l'Ouest
Cameroun. Il s'étend à la fois sur la Province du Littoral (Département du Mungo) et
la Province du Sud-Ouest (Département du Koupé Manengouba). Les coordonnées
géographiques du centre du site sont la latitude 5°01'N et longitude 9°50'E. Le
massif apparaît sur la carte du Cameroun au 1/200,000 sur la feuille MANFE NB -
32 - X. RUC, Centre Géographique Nationale 1979.

Limites et étendues
Le massif s'étend sur un diamètre d'environ 25 km au-dessus d'un plateau central. Il
est limité au Nord par la plaine des Mbos, à l'Est et au Sud par les plantations
caféières et à l'Ouest par les Monts Bakossi. La zone qui pourrait être proposée au
classement s'étend sur 20,000 hectares.

Relief et réseau hydrographique


Le massif est constitué d'une succession de montagnes qui culminent à 2,411m.
Le rebord Nord est très escarpé et descend jusqu'à 700m dans la plaine des Mbo.
Les autres faces descendent graduellement vers un plateau d'altitude supérieure à
1,000m. Les lacs de cratère au sommet se trouvent à une altitude de 2,078m.

La montagne constitue une source pour les affluents de la rive droite du Nkam
supérieur, ainsi que les affluents du Cross River. Le fleuve Mungo prend sa source
sur le flanc Sud du massif ainsi que la Dibombari qui constitue avec le Nkam le
Wouri.

Formations géologiques et sols


Le massif du Manengouba est un volcan éteint comme en témoignent les deux lacs
de cratère de la caldera. La roche-mère est essentiellement composée
d'épanchement de trachyte et de phonolites recents fortement érodés. Les sols sont
constitués de cendres volcaniques acides très fertiles.
Climat
Il est de type pseudo-tropical humide à régime pluviométrique bimodal avec deux
saisons : une longue saison des pluies de Mars à Octobre et une petite saison
sèche de novembre à février. Les précipitations abondantes augmentent avec
l'altitude. Nkongsamba (877 m) reçoit 2,684mm d'eau et Mbouroukou (1,300m)
reçoit 3,062mm d'eau (Valet 1985). Quant à la température moyenne annuelle, elle
varie de 29°C à Santchou (700m) à 25°C à Mbouroukou (1,300m) et doit descendre
vers 19°C au sommet de la montagne.

Végétation
Les versants Nord et Est de la montagne sont soit entièrement dénudés, soit
couverts par une végétation herbacée dégradée par l'agriculture ou le pâturage. Sur
la face Sud, on rencontre trois types de formations forestières qui s'étendent sur
moins de 1,000 hectares (Culverwell, 1997).
eeee- une forêt semi caducifolière ayant colonisé les laves volcaniques ;
ffff- une ceinture de forêt atlantique à Cesalpiniaceae rares entre 1,200m et
1,400m;
gggg- des groupements saxicoles divers.
D'une façon générale, la forêt est très pauvre en espèces avec des arbres de
hauteur moyenne portant peu d'épiphytes, ce qui semble indiquer une sécheresse
relative de l'air. La flore est typique de l'étage submontagnard sans endemisme
particulier. On y rencontre les espèces telles : Agauris salicifolia, Nuxia congesta,
Pittosporum manii, Schefflera abyssinica.

Faune
Elle est d'autant plus pauvre que la végétation est éparse. Cependant l'avifaune est
bien représentée avec une espèce menacée Ploceus bannermam et une espèce
vulnérable. Andropadus montanus concolor. On y rencontre aussi le rat Praomys
hartwigi, ainsi que trois amphibiens endémiques Cardioglossa trifasciata,
Leptodactylon erythrogaster et Phrynodon sp sensu Amiet. Toutes ces espèces sont
considérées comme menacées. Culverwell (1997) note aussi la présence de cinq
espèces endémiques de caméléon.

Peuplement humain
La montagne est occupée en partie par les agriculteurs Bakossi sur le versant Ouest
et par les agriculteurs bamilékés sur le versant est en moyenne altitude (1,200m –
1,600m) du côté de Melong et Mbouroukou. En altitude, on rencontre des pasteurs
Fulani avec leurs troupeaux bovins. Les villes de Bangen, Melong et Nkongsamba
bordent au loin la montagne.

Infrastructures
La route Nationale N° 5 Bafoussam - Douala longe le massif de loin sur le versant
Est de la montagne. Les voies d'accès au site comme la route Melong Bangem est
praticable par les véhicules tout terrain. L'accès au site peut aussi se faire par la
route Tombel - Nyassosso - Bangem sur la face Sud. Une autre route goudronnée
part de Melong vers Baré en passant par Mbouroukou qui se trouve sur le flanc
Nord de la montagne, à une altitude de 1,300m ; elle constitue la meilleure route qui
rapproche le plus du site.

Activités humaines
Les principales activités humaines autour et sur le flanc de la montagne sont
l'agriculture et l'élevage. Les sols volcaniques avec leur fertilité ont attiré depuis les
années 1930 les agriculteurs Bamiléké dans les zones de moyenne altitude autour
du massif. Le caféier robusta est la principale culture de rente, tandis que les
cultures vivrières et fruitières s'intensifient. L'élevage se fait entre 1,800 et 2,000m
d'altitude sans conflit avec les agriculteurs.

Statut légal et gestion


Le massif du Manengouba fait partie du domaine national et n'est pas protégé par
un texte. En cas de classement comme forêt domaniale, c'est le Ministère de
l'Environnement et des Forêts qui se chargerait de sa gestion. Il y a aussi possibilité
d'exploiter le potentiel touristique qu'offre la montagne avec ses caractères, pour
une gestion d'une partie du site par le Ministère du Tourisme.

Etat de conservation et valeur du site


La flore et la faune du massif du Manengouba est progressivement menacée par
l'activité anthropique qui s'exerce sur la zone couverte par la forêt. En altitude, seul
le pâturage extensif intéresse les zones recouvertes par une végétation herbacée et
les feux annuels s'étendent jusqu'à la forêt submontagnarde. A court terme, le site
semble menacé. Il conserve néanmoins un potentiel important à cause de l'avifaune
et amphibiens endémiques. Même sans aménagement, le site attire déjà des
touristes qui vont découvrir les 2 lacs de cratères baptisés "lac de l'homme" et "lac
de femme". Le nom Manengouba signifierait "homme et femme".
Problèmes identifiés
Le site ne possède aucun statut particulier et aucun plan d'aménagement n'a été
proposé. Si les activités pastorales et agricoles ne menacent pas directement le site,
le feu annuel constitue une menace à long terme dans ce sens qu'il s'attaque aux
lisières de la forêt submontagnarde. Les villages de la périphérie Est et Sud
cherchent le bois énergie dans la forêt qui couvre à peine 8% de la superficie du
massif.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utilisation durable des


ressources
En 1989, Gartlan avait proposé un plan d'utilisation des terres, la plantation d'arbres
dans les villages périphériques pour diminuer la pression sur la forêt
submontagnarde, l'amélioration du pâturage et la protection des forêts résiduelles.
Aucune action n'a été menée dans le sens de ces recommandations. On peut
proposer à ce jour :
hhhh- une étude écologique du site en vue de classer la forêt résiduelle. Les
villages périphériques feraient donc partie de la zone tampon pour laquelle
des actions d'écodeveloppement seront entreprises.
iiii- un aménagement du parcours touristique avec une plaquette publicitaire et
structure d'accueil à prévoir en moyenne altitude.

Bibliographie :
Culverwell J. 1997. Long-term recurrent costs of protected area management in
Cameroon. WWF/MINEF, Yaoundé. 80p + anexes.
Gartlan, S. 1989. La conservation des écosystèmesforestiers du Cameroun.
IUCN, Gland.
Valet, S. 1985. Notice explicative des cartes du climat despaysages de l’Ouest
Cameroun au 1/200.000. IRAT/DEVE, St Clément/rivière.

Auteur : Z. Tchanou, 1998


MBAM ET DJEREM
(Parc National du Mbam et Djerem)

Situation géographique
La zone proposée comme parc national du Mbam-et-Djerem est située à cheval
entre deux provinces: la province du Centre, département du Mbam arrondissement
de Yoko et la province de l'Adamaoua, département de Djerem arrondissement de
Tibati. Elle est comprise entre les latitudes 4°50' et 6°30'N et les longitudes 12°15' et
13°00E. Sur la carte I.G.N. au 1/200,000, elle se repère sur la feuille de Yoko, NB
33 VII. Sur la carte phytogéographique au 1/500,000, de Letouzey (1985), elle se
repère sur la feuille 4.

Limite et étendue
Le parc couvre 353,180 ha. Il est limité à l'Ouest par la route Yoko-Tibati de
Djampan à Lena, puis, de Lena, la limite suit l'ancienne piste allemande jusqu'à
Mbam; et de Mbam, elle suit la route Yoko-Tibati jusqu'à Mbatimbang; à l'Est: le
fleuve Djerem; au Nord, la rivière Migiri; au sud la rivière Mbi et Mekié.

Relief et réseau hydrographique


La zone proposée comme parc national a une altitude moyenne de 750 m.
Cependant, les parties Ouest et septentrionales sont plus élevées avec des collines
aux versants escarpés s'élevant jusqu'à 900 m, tandis que l'Est et le Sud, d'altitude
beaucoup plus faible n'excèdent pas 700 m.

Cette région est arrosée par de nombreuses rivières et ruisseaux prenant leur
sources à l'Ouest et se jetant dans le Djerem. Les principaux cours d'eau sont: Mbi,
Mekié, Migiri, Mindiou, Miyéré.

Formations géologiques et sol


La carte géologique de la région indique un sous-sol granitique datant du
précambrien, et la carte pédologique des sols ferralitiques remaniés à concrétions et
cuirasses sous savane et des sols ferralitiques rouges issus de métamorphisme
sous forêt, plus riches en minéraux.
Le climat
Le climat est tropical humide à deux saisons d'inégales répartition: une saison
sèche allant de novembre à avril et une saison de pluie allant de mai à octobre,
avec une légère reprise en août. La moyenne annuelle des précipitations est de
1,600 mm à Yoko tantdisque la température moyenne annuelle est de 22,7°C .

Végétation
La végétation du site est très variée, comportant du sud vers le nord des unités des
végétations différentes, allant des plus humides aux plus sèches.

A la limite Sud, près de la rivière Mbi et de ses affluents, s'observe une zone de
savane périforestière arbustive à Terminalia glaucescens. Ces savanes
périforestières évoluent par endroits en recrus forestiers sur savane. Les recrus sur
savane représentés au Sud et au Sud-Ouest de la réserve par des tâches plus
éparses le sont par des taches plus étendues dans la zone de confluence entre Mec
et Djerem ainsi que près de l'ancienne piste allemande. Les recrus les plus vaste
auréolent les enclaves de forêts semi-décidues de type septentrional à
Sterculiacées et Ulmacées.

Vers l'Ouest existe une savane arbustive et arborée à Danielia oliveri et Lophira
lanceolata. Plus au nord, la savane à Daniellia oliveri peut être en mélange avec
Terminalia macroptera et Samanea erionrachis. Le long de la Mekié poussent des
rhôneraies à Borassus aethiopicum.

Faune
La richesse faunique de cette région est la raison essentielle de son choix
(Fürstenberg 1987). D'ailleurs c'est la caractéristique des zones de transitions forêt-
savane où le type de végétation autorise la présence des espèces animales de ces
deux types d'habitats. On y rencontre :

Parmi les mammifères : Hippopotames, buffles, éléphants, céphalophes divers,


bongos, antilopes, sitatungas, guibs harnachés, cobs, primates divers, rongeurs.

Parmi les reptiles : Boas, vipères, crocodile, varana, tortues, lézards.

Parmi les oiseaux : Pintades, et francolins, touracos, canards, aigles, etc...

Cette faune est très vulnérables si on s'entient à l'ampleur de la chasse qui est
pratiquée, souvent en marge de la réglementation et par coséquent sous-forme de
braconnage.
Peuplements humains
Les quelques habitants de cette région sont cantonnés le long de la route Yoko-
Tibati et les limites proposées en tiennent compte. Leur densité est assez faible. Les
éleveurs de Banyo et de la Vina y séjournent plusieurs mois dans l'année.

Infrastructures
La route Yoko-Tibati constitue la seule voie carrossable de la région. Il y a une piste
d'atterrissage à Tibati. Quelques pistes piétonnes relient les rares hameaux
dispersés dans la réserve. La plus importante est celle qui relie Sangbe à Niadaba
puis Tapare sur le bord de la Sanaga.

Statut légal et gestion


Proposé en 1981 par les services forestiers pour remplacer la réserve de Lom-
Pangar fragilisée par le passage de la voie ferrée (Culverwell, 1997), le site est en
cours de classement comme parc national. Le site fait partie du domaine national.
Le parc sera une forêt domaniale, faisant partie du domaine privé de l'État.
L'aménagement du parc incombera à la direction des aires protejées.

Etat de conservation et valeur du site


Le site est bien enclavé ce qui constitue à l’état actuel un atout pour sa
concervation. La création du parc national du Mbam-et-Djerem va permettre
d'atteindre comme objectif principal, la conservation du riche patrimoine faunique en
vue de son exploitation rationnelle. Ce double impératif sera réalisable moyennant
un léger investissement en raison de la présence d'une zone forestière propice à la
conservation et d'une zone de savane facilitant l'exploitation cynégétique.

Le site présente un bon échantillon de la transition entre la forêt et la savane


(Gartlan 1989). Il y a une gamme de d'habitats entre forêt semi-décidue, savanes
arbustives, savanes herbeuses, rôneraies et des grandes rivières où se trouvent des
hippopotames. Il y a également une faune de savane et de forêt. L'existence d'un
gradient de la végétation dans le parc permettra de bien étudier la relation entre la
végétation et la faune.

La végétation du parc protège le lac Mbakaou. Le site présente de grandes


opportunités de développement de tourisme de vision et du tourisme cynégétique.
Problèmes identifiés
On a vu que c’est depuis 1981 que le site a étè proposé pour classement; et jusqu’a
ce jour aucune décission dans ce sens n’a été prise.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utilistion durable des


ressources
Il faudrait matérialiser les limites du site et en changer le statut en parc national. Il
faudrait ensuite élaborer un plan d'aménagement pour le futur parc.

Bibliographie
Culverwell, J. 1997 Long- Term recurent losts of protected area management in
Cameroon. WWF Cameroon/MINEF Yaoundé. 80 p + annexes.
Letouzey R., 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500.000. Toulouse, Institut de la carte Internationale de
Végétation et Yaoundé, Institut de la Recherche Agronomique, 5
fascicules.
Gartlan S. 1989: La conservation des Ecosystmes forestiers du Cameroun Le
programme de l'UICN pour les forêts tropicales xxx p.
Fürstenberg (1987). Mission conjointe Interagences FAO/PNUD Revue et
planification du Secteur Forestier de la république du Cameroun.
Amenagement de la faune et des aires protégées Rapport de
Mission; 60p.

Auteur : Achoundong G. 1998


MAWNE
(Réserve forestière de la rivière Mawne)

Situation géographique
La réserve forestière est située dans la province du Sud-Ouest, Département de la
Manyu. Ses coordonnées géographiques sont de 5°45’–6°03’N et 9° 24’–9°32’E.

Limites et étendues
La réserve est délimitée au Sud et à l’Est par la Manyu et ses affluents, et au Nord
par la Movem, affluent de la Munaya. Le mont Oko (1,251 m) se situe juste au Nord-
Est de la réserve. La limite Ouest est formée après une série de petits cours d’eau,
affluents de la Cross, de la Manyu et de la Munaya. La réserve est coupée par la
Mawne, autre affluent de la Munaya, qui s’écoule d’Est en Ouest.

Relief, hydrographie, formations géographiques et sols


Le site se trouve sur le versant inférieur occidental de la zone montagnarde de
l’Ouest. Il est orienté vers l’Ouest et fait partie du bassin versant de la Cross.

La plus grande partie du site est formée de granites précambriens, avec des régions
à roches gréseuses du crétacé dans le Sud, dans la vallée du Manyu. Les sols sont
ferralitiques, graveleux et acides.

Climat
La réserve forestière de la rivière Mawne se trouve dans une zone de climat
équatorial atypique à deux saisons. La saison des pluies dure de Mars à Octobre,
Septembre étant le mois le plus pluvieux. La moyenne annuelle des précipitations
est d’environ 3,200 mm.

Végétation
La végétation dominante appartient au sous-type de forêt côtière atlantique où les
Coesalpiniaceae sont rares. Ce type de végétation est caractéristique de la Cross et
de ses affluents. On le rencontre à une altitude de 500 à 1,000 m avec une
prépondérance d’Irvingiaceae.
Faune
La faune de cette réserve est semblable à celle de Takamanda, situé à 20 km à
l’Ouest. Bien que peu d’études lui ont été consacrées, les animaux suivants sont
susceptibles d’y vivre : Mandrillus leucophaeus, Cercocebus torquatus,
Cercopithecus nictitans, C. mona, C. erythrotis camerunensis, C. pogonias, Pan
troglodytes, Loxodonta africana cyclotis, Potamochoerus porcus, Cephalophus
monticola, C. silvicultor, C. dorsalis et Syncerus caffer nanus.

Peuplement humain, Infrastructures, Activités


La population est surtout concentrée le long des principales routes. On note la
présence de gros villages à l’intérieur et autour de la réserve.

La route Kumba - Mamfé passe au Sud de la réserve et se poursuit jusqu’au


Nigeria. Cette grande route relie Mamfé et la province du Sud-Ouest à la province
du Nord-Ouest. Il y a une piste d’atterrissage à Besongabang près de Mamfé.

Du fait de la proximité de la ville de Mamfé, la chasse est très active dans ce site ; il
y a aussi une intense activité de cueillette des produits forestiers secondaires,
notamment d’Irvingia gabonensis. La proximité avec le Nigéria favorise également
les activités commerciales trans-frontalières.

Statut légal et gestion


La réserve forestière de la rivière Mawne a été créée en 1956.

Sa gestion relève du MINEF, Délégation Départementale de Mamfé.

Problèmes identifiés
La chasse et la cueillette des produits forestiers du fait de la forte pression humaine
constituent la principale menace pour la réserve.

Il n’y a pas de plan d’aménagement.

Actions prioritaires
Les recommandations de GARTLAN (1989) n’ont pas été réalisées :
jjjj- Il faudrait évaluer la situation écologique actuelle de la réserve.
kkkk- Prévoir un reclassement de la réserve au cas où ses potentialités
seront jugées satisfaisantes.
llll- Envisager une répartition de la réserve en zone de production et zone de
protection avec des plans de gestion participative intégrant les populations
locales.

Bibliographie
Gartlan S. 1989. La conservation des écosystèmes forestiers du Cameroun.
IUCN-Gland, Suisse.
Letouzey – R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500,000 – Institut de la carte Internationale de la végétation,
Toulouse. France.

Auteur : S. Gartlan (1989), Fomete N. T. 1998.


NLONAKO
(Mont Nlonako)

Situation géographique
Le Mont Nlonako est un petit massif isolé situé à 8 km au Sud-Est de la ville de
Nkongsamba, dans la province du littoral, à cheval entre les départements du
Mungo et du Nkam. Le centre du site possède les coordonnées 4°53'N et 9°55'E et
se repère sur la carte IGN au 1/200,000 sur la feuille Douala NB - 32 - IV.

Limite et étendue
Le Mont Nlonako s'élève au-dessus de la plaine littorale sur une superficie d'environ
3,500 hectares. Sa situation en dehors de la longue chaîne montagneuse qui va du
Mont Koupé à Oku lui donne un aspect d'un petit massif aux formes arrondies. La
façade Nord-Ouest est limitée par la ville de Nkongsamba, le flanc Sud est occupé
par les plantations de caféiers, tandis que l'Ouest est occupé par la forêt non
perturbée du Département du Nkam.

Relief et hydrologie
Le Mont Nlonako s'étend de l'altitude de Nkongsamba (877m) et culmine à 1,825m
sur pente très abrupte. Ceci veut dire que les courbes de niveau se superposent
presque. Etant donné la faible étendue du massif, seuls quelques petits affluents du
Nkam y prennent leur source.

Formations géologiques et sols


Le massif fait partie du bouclier surélevé de granite et de gneiss du précambrien.
Les sols proviennent de la dégradation du granite donnant des éléments grossiers
comme le sable et le gravier. On rencontre par endroits des sols latéritiques très
anciens. Malgré le relief très accentué et une pluviométrie abondante, l'érosion est
faible à cause de la forêt qui couvre tout le massif. Les zones de basse altitude
entre 800 et 1,000m sur le plan Nord-Ouest sont bien érodées du fait de l'agriculture
de la part des citadins riverains venant de Nkongsamba.
Climat
Le climat est du type pseudo-tropical humide à régime pluviométrique unimodal
avec deux saisons : une longue saison des pluies qui va de Mars à Octobre et une
petite saison sèche qui va de Novembre à Février. Les précipitations sont
abondantes et varient avec l'altitude : Nkongsamba (877m, 2,684mm), Nlonako
(1,825m, 3,000mm) (Valet, 1985). La température moyenne est de 26°4C à
Nkongsamba et de 20°C au sommet de la montagne.

Végétation
Quatre types de végétation se rencontrent sur le Mont Nlonako. En basse altitude
du côté du Département du Nkam, on rencontre la forêt atlantique à Cesalpiniaceae
rares avec éléments des forêts semi-caducifoliées. La pente Nord vers la ville de
Nkongsamba présente un faciès de dégradation prononcée des forêts
submontagnardes. Entre 1,200 et 1,825m on rencontre à la fois la forêt
submontagnarde et quelques groupements saxicoles. En dehors de la façade
tournée vers la ville de Nkongsamba qui connaît une exploitation traditionnelle
importante et une activité agricole avec élimination des arbres, le massif conserve
son potentiel floristique à cause du relief très accentué rendant l'accès impossible
pour une exploitation industrielle.

La flore ne semble pas présenter des particularités à part l'existence du Prunus


africana et du Voacanga africana dans la forêt. Letouzey (1985) signale aussi la
présence du Podocarpus milanjianus et du Syzygium staudtii. La flore saxicole n'a
pas été étudiée jusqu'à ce jour.

Faune
Elle est mal connue et n'a jamais été étudiée. Les paysans de zone Sud de la
montagne se plaignent d'incursion de troupeaux d'éléphants qui certaines années
détruisent leurs récoltes. En 1996, une battue administrative a été faite dans le but
d'abattre quelques éléphants, mais l'opération s'est soldée par un échec car le
troupeau s'était éloigné vers la zone couverte par la forêt dense non perturbée. En
plus d'éléphant, les services de la faune signalent la présence du buffle, chimpanzé
(Pan troglodytes), le drill (Mandrillus leucophaeus) ainsi que de nombreux
Cercopithèques. Parmi les Amphibiens, on note la grenouille Goliath.

Parmi les espèces endémiques ou menacées Gartlan 1989 citait les espèces
aviennes comme Malaconotus gladiator, Lioptilus gilberti, Picathartes oreas,
Phyllastrephus poliocephalus et Nectarina ursulae.
Peuplement humain
L'activité humaine est concentrée sur la façade Nord-Ouest de la montagne, proche
de la ville de Nkongsamba. La présence de cette grande ville à 8 kilomètres, avec
une population évaluée en 1998 à près de 100,000 habitants exerce sur la forêt de
montagne une faible pression à cause des sols peu fertiles et des pentes raides et
abruptes.

Infrastructures
L'axe lourd Douala - Bafoussam (Nationale n° 5) longe le Mont Nlonako. Mais
l'accès au site est difficile à cause de la forêt sempervirente et des pentes abruptes.
Il n'existe aucune voie de communication autour de la montagne malgré la proximité
de la ville.

Activités humaines
Elles se concentrent autour de l'agriculture, l'exploitation artisanale du bois,
l'exploitation des plantes médicinales et la chasse. L'agriculture est localisée dans la
zone de moyenne altitude 800–1,000m près de la ville de Nkongsamba. L’activité
agricole est d’autant plus faible que les sols fertiles se trouvent à l’Ouest de la ville
du côté des Monts Manengouba. L’exploitation artisanale du bois à la tronçonneuse
constitue une autre activité importante, du fait de la demande en bois d’oeuvre. La
société Industrielle Camerounaise de Bois (SICAB) avait un permis non loin de la
montagne mais la Licence n’a pas été renouvelée depuis 1995. Deux sociétés de
droit local exploitent ou achètent les plantes médicinales que sont le Prunus africana
et le Voacanga africana. Enfin, la chasse non réglementée constitue une activité
lucrative à cause de la proximité des agglomérations de moyenne et de grande
importance. Les animaux les plus capturés sont l'aulacode, le potamochère, le
pangolin et la civette.

Statut légal et gestion


Le site fait partie du domaine national et ne possède pas une protection juridique. La
Délégation Départementale de l'Environnement et des Forêts lutte contre
l'exploitation frauduleuse du bois, le braconnage et la surexploitation des plantes
médicinales

En 1994, une proposition de classement du site comme forêt de protection a été


faite en raison de sa richesse en faune. Aucune étude préalable n'a été faite et la
situation actuelle des services forestiers nationaux ne laisse pas penser qu'une
pareille étude préalable à tout plan de gestion pourrait être envisagée dans un
proche avenir.

Etat de conservation et valeur du site


Le site est naturellement protégé sur 80% de sa superficie à cause du manque de
voie d'accès, des pentes abruptes et des sols pauvres. La pression anthropique
s'accroît mais à un rythme modéré au Nord-Ouest proche de la ville de
Nkongsamba. Toute ouverture de piste en direction de la montagne devrait
nécessairement entraîner une pression de plus en plus forte sur les ressources
floristiques et faunistiques. L'abandon du site constitue en soi un moyen de
protection, pour la faune aviaire qui semble la plus menacée.

Problèmes identifiés
Quoique naturellement protégé, le site rencontre des problèmes sur le plan du statut
juridique et de la surexploitation des plantes médicinales.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utilisation des


ressources
De tout ce qui avait été proposé en 1988 comme l'étude écologique du site et son
classement, rien n'a été entrepris et dans l'état actuel, rien ne semble entrevoir un
début d'action dans ce sens. Les même actions sont reconduites à savoir l'étude
scientifique sur la flore et la faune du Monako, le classement du site comme forêt de
protection et des mesures conservatoires sur l'exploitation du Prunus africana.

Bibliographie
Letouzey, R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1:500,000. Inst. Courte Inter. Végétation, Toulouse.
Valet, S. 1985. Notice explicative des cartes du climat des paysages agro-
géologiques de l'Ouest-Cameroun au 1/200,000. IRAT/DEVE St
Clément/Rivière.2

Auteur : Gartlan S. 1989, révisé par Tchanou Z. 1998

2
NTA ALI
(Réserve forestière de Nta Ali)

Situation géographique
La réserve de Nta Ali est située dans la province du Sud-Ouest, entre les latitudes:
5°21' et 5°38'N et les longitudes 9°20' et 9°32'E. Elle est entièrement située dans le
département de la Manyu. Sur les cartes I.G.N au 1/200,000, elle se repère sur la
feuille de Mamfe, NB-32-X. Sur la carte phytogéographique de Letouzey (1985) au
1/500,000, elle se repère sur la feuille 3.

Limites et étendue
En gros la réserve a la forme d'un triangle, avec le sommet vers le Sud et la base
vers le Nord. Elle couvre une superficie de 31,500 ha. Elle est limitée à l'Est par la
route National n° 8 Mamfe Kumba. A l'Ouest par le croisement de la route Ossing-
Akak et la rivière Mbinrop, au Sud par la rivière Barguma3

Relief et réseau hydrographique


La réserve est incluse dans la plaine intérieure de Mamfe dont l'altitude moyenne
est de l'ordre de 150 à 200 m. Le relief est accidenté au Nord (Mont Nta Ali 1266 m
et plat dans la partie Sud. Le Nta Ali est caractérisée par des pentes très abruptes
qui définissent de très belles falaises sur le flancs nord-est et par un ravinement
important, marqué par des gorges plus ou moins profondes. A l'ouest et traversant
la réserve, on noter la présence d'une rivière importante, la Manfue River. Les cours
d'eau du secteur se jette directement dans la Manyu. Ceux du Sud s'orientent au
Sud-Est, tournent pour se jeter aussi dans la Manyu et dans la Cross River.

Formations géologiques et sol


La zone d'étude est en grande partie constituée par un socle granitique ancien qui
s'est trouvé disloqué par des éruptions volcaniques récentes. La plaine intérieure

3
Limite de la réserve de Nta Ali
A l'Est: limite orientale de la réserve au niveau du parallèle 5°32' jusqu'à la borne forestière n° 61 de la limite de la
réserve,puis de cette borne à la borne n° 6 sur la route Bakebé-Kumba
Au sud: de la borne n° 6 à la borne 16 sur la Manfue River.
A l'Ouest: de la borne n° 16 à la borne n° 60, au croisement de la piste Ossing-Akak et de la rivière Mbinrop
Au nord : de la borne 60 à la borne n°54. La partie éiminée corresopnd au mont Nta Ali.
s'est constituée au Cretacées tandis que les plaines méridionales de part et d'autre
du Mont Cameroun se sont créées au quaternaire.

Deux classes des sols peuvent être distinguées:


mmmm- les sols bruts ou peu évolués sur les pourtours du massif
montagneux de Nta Ali. Ces sols sont riches en matières organiques.
nnnn- les sols ferrallitiques jaunes sur roche sédimentaire très abondantes
dans la plaine de Mamfe et les sols ferralitiques rouges sur basalte au sud
de la réserve, région de Nguti.
Le point culminant du site est le mont Nta Ali, (1,266 m) est d'origine volcanique.
Les pentes les plus élevées sont des roches intrusives, syénites et granites et à plus
basse altitude des basaltes et trachytes.

Le climat
Les données sur la climatologie sont de la station météorologiques de Mamfe. Le
climat est pseudo tropical humide à régime pluviométrique unimodal avec une seule
saison de pluie. La pluviométrie annuelle varie de 3,000 à 4,000 mm avec
abondance des pluies entre mai et octobre. Il y a une seule saison des pluies qui
dure de mars à octobre. La saison sèche dure de novembre à février. Les
températures peu variables restent constamment élevées. Les températures
moyennes mensuelles sont de 21° en janvier et 34° en mars. L'hygrométrie varie de
74 à 85 %. Les brouillards sont fréquents avec pas moins de 188 jours par an
(Suchel, 1987).

Végétation
La forêt dense sur sol ferme couvre 99% de la superficie du site avec inclusions de
zones marécageuses le long de la Manfe River. La forêt est homogène et sans
trouée importante. Il n y a pas de formation non forestières à l'intérieur de la réserve
(Document C.T.F.T. 1976).

On peut y distinguer quatre types d'habitats (Gartlan 1889).


a. une forêt sub-montagnarde au sommet du mont Nta Ali et sur les pentes les
plus élevées. Ici la physionomie et la flore diffèrent de celles des forêts des
zones basses et montrent des profondes homologies avec les formations
submontagnardes connues ailleurs aux mêmes altitudes (Achoundong 1995);
en effet, certaines plantes n'apparaissant qu'à 1000 m dans les collines de
Yaoundé se rencontrent aux mêmes altitudes dans le massif de Nta Ali; c'est
le cas de: Garcinia polyantha, Malouetia mildbraedii, Myrianthus libericus;
d'autres plantes abondantes sur les collines de Yaoundé ont aussi à Nta Ali
des densités relatives élevées. Ce sont: Leonardoxa africana, Soreindea sp.
Garcinia lucida, Syzygium staudtii; le Nta Ali se distingue des autres sommet
par l'abondance particulière qu'y montrent Lasiodiscus fasciculiflorus,
Sericanthe raynaliorum. Podocarpus latifolius ainsi que d'autres espèces
typiquement montagnardes doivent être recherchées sur les plus hauts
sommets;
b. une région de sous-type de forêt côtière atlantique typique de la région nord-
ouest, où les Caesalpiniaceae sont rares et que l'ont rencontre sur les pentes
de moyenne et de faible altitude.
c. une forêt sempervirente de basse altitude de type côtier atlantique à
Caesalpiniaceae;
d. formation saxicoles assez étendue sur les pentes exposées; il y a lieu d'y
rechercher le Microdracoïdes squamosus espèce typique des dalles
rocheuses.

Faune
Les principales espèces de mammifères sont peut-être similaires à celles d'Ejagham
et de Korup. Il n'y a pas eu d'étude systématique. Parmi les mammifères
susceptibles d'y habiter, on peut citer: Mandrillus leucophaeus, Cercocebus
torquatus, Cercopithecus nictitans martini, C. mona, C.erythrotis camerunensis, C.
pogonias, Pan troglodytes, Loxodonta africana cyclotis, Potamochorus porcus,
Cephalophus monticola, C. dorsalis et Syncerus caffer. Les gorilles, qui ne semblent
pas traverser le reéseau fluvial de Munaya-Cross semblent en être absents. Le site
paraît avoir une faune avienne et une flore intéressantes. Il n'y a eu d'observation ni
de prélèvement systématiques.

Peuplement humain
Le département de la Manyu compte près de 60,000 habitants pour une densité de
10,55/km². Il y a une assez forte pression due à la population. On trouve des
villages tout au long de la route qui relie Kumba à Mamfé, marquant la limite Nord et
Ouest de la réserve, située à 15 km de la ville de Mamfé. La chasse et la pose des
pièges sont fréquentes, notamment dans les régions de basse altitude.

Les Banyangi constituent l'ethnie principale de la région.

Infrastructures
La route nationale n°8 qui relie Kumba, Mamfe au Nigeria forme la limite Est de la
réserve. De Besinge et de Nchang, une route secondaire permet d'accéder à la
réserve par le Nord-Ouest. Cette route carossable jusqu'à Akak est prolongée par
une piste qui longe la réserve jusqu'à Nguti. Un pont sur la Badi River, avec pile en
béton, de construction allemande est le seul vestige d'un projet de route Ossing-
Nguti. Il y a une piste d'atterrissage à Bessongabang. L'accès vers Douala reste
difficile à cause du mauvais état de route.

Activités humaines
Les population sont des petits agriculteurs (manioc, maïs, plantain, macabo) qui
peuvent posséder aussi des petites plantations familiales de Cacao ou de café. La
production des palmistes et la fabrication traditionnelle de l'huile de palme est une
activité importante. Dans toute la région se pratique l'élevage des chèvres des
moutons des porcs et des volailles. Il n' y a pas de plantations industrielles dans la
zone de la réserve.

Statut legal et gestion


Créé en 1937, par le forestry ordinance de l'administration britannique, la Reserve
forestière de Nta Ali est considérée comme une forêt de production, mais n'a pas
été reclassée (Gartlan, 1989). Elle fait partie du domaine privée de l'Etat. La
Direction des Forêts et l’ONADEF sont chargés de la gestion du site.

Etat de conservation et Valeur du site


La région n'a pas connu des plantations agricoles qui ont décimé la nature ailleurs
et l'exploitation forestière n'a concerné que la partie Sud de la réserve. Les zones
accidentées comme le Nta Ali pourront jouir d'une protection facile. Elle peut être
incluse comme la réserve des Rumpi Hills, dans la zone contrôlée par le projet
Korup (Culverwell, 1997)

Sur le plan floristique, le site présente un grand intérêt potentiel. Le sous-type de


forêt biafréenne à Caesalpiniaceae grégaire couvrant le Nord-Ouest de la réserve
n'est pas bien connu. La forêt sub-montagnarde assez isolée des autres régions
sub-montagnardes a récemment fait l'objet des études sommaires (Achoundong
1995) et mérite d'être mieux connue.

Quant à la faune, il serait intéressant de savoir si Procolobus badius preussi


fréquente cette forêt, de même qu'il serait intéressant d'étudier l'avifaune et la faune
amphibienne pour établir le dégré de spécialisation, comparé aux autres régions
sub-montagnardes.
Problèmes identifiés
Acun plan d’aménagement n’existe pour le site .

Actions prioritaires pour la conservation et l'utisation durable des


ressources
En 1989, Gartlan proposait les deux actions suivantes :
i. une étude pour déterminer le dégré d'intégrité écologique du site et faire
l'inventaire de la faune et de la flore.
ii. le cas échéant, une évaluation le potentiel de reclassement de la réserve,
notamment le sommet du Nta-Ali lui-même, en forêt de protection. Cela
impliquerait la préparation d'un plan de gestion pour les régions de
protection et celles de production.
Rien de tout cela n’a été fait pendant les dix dernières années.

Bibliographie
Achoundong 1995. Les formations submontagnardes du Nta Ali au Cameroun;
B.F.T. N° 243, 52-63 PP.
Culverwell, J. 1997 Long- Term recurrent losts of protected area management in
Cameroon. WWF Cameroon/MINEF Yaoundé. 80 pp + annexes.
Letouzey, R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500,000. Toulouse, Institut de la carte Internationale de
Végétation et Yaoundé, Institut de la Recherche Agronomique, 5
fascicules.
Gartlan S. 1989: La conservation des Ecosystmes forestiers du Cameroun Le
programme de l'UICN pour les forêts tropicales xxx pp.
Inventaire des Forêts de la province du Sud-Ouest. Fascicule II C.T.F.T; janvier
1976.

Auteurs : G. Achoundong et Z. Tchanou, 1998

Liste des espèces d’altitude de la forêt sommitale avec affinité sub-


montagnarde
Lasiodiscus fasciculiflrus, Leonardoxa africana, Malouetia mildbraedii,Sericanthe
raynaliorum, Syzygium staudtii, Tabernaemontana ventricosa, Sorindeia sp.,
Garcinia lucida.
En zone de basse altitude , on note la présence intéressante de l'ébène de Calabar
et de divers Ekop.
OKU
(Massif de Kilum/Ijim)

Situation géographique
Le massif de Kilum/Ijim communément appelé Mont OKU est situé dans la Province
du Nord-Ouest dans les Départements de BUI et BOYO. Le point culminant de la
montagne possède les coordonnées 6°12'N et 10°32'E tendis que le lac Oku se
localise à 6°12'N et 10°27'E. Le massif s'aperçoit sur la carte IGN au 1/200,000
feuille de Nkambé NB-32-XVII 1983 et la carte au 1/50,000 feuilles Nkambé 2a et b.
En photographie aérienne, il existe trois couvertures : 1963/64 au 1/50,000, 1983 au
1/40,000 et 1983 au 1/20,000, disponibles au centre géographique national.

Limites et étendue
La forêt dense sempervirente submontagnarde du mont Oku est entièrement
entourée par la savane de basse altitude, et les terres agricoles de moyennes
altitudes. Cette forêt peut facilement se limiter sur carte et sur le terrain à cause de
la discontinuité entre la forêt et les champs. Cette limite est dynamique et l'action
anthropique fait reculer la forêt d'année en année. Le projet de la forêt de protection
et de la production se situe entre les villages Verkovi, Oku, Ake Abu et Ibal-Oku
autour de la montagne. La zone proposée à la protection varie de 9,560 à 11,400
hectares

Relief et réseau hydrographique


La chaîne montagneuse avec une altitude moyenne de plus de 2,000 m s'étend sur
plus de 40 km au dessus d'un plateau de plus de 1,000 m d'altitude. Le mont OKU
culmine à 3,011 m et constitue le second haut sommet du Cameroun. La forte
pluviométrie sur le massif a crée un réseau dense de rivières qui vont vers la
Katsena (Benoué) ou vers le Mbam (Sanaga). Tous les cours d'eau sont
permanents à cause de la forêt sempervirente ; ils ont pour nom Wum, Mankon qui
coule vers la plaine de Ndop, Mugom, Jonka et Mentor coulent vers la Menchum
tandis que Kimbi Sunta et Mintua vont vers la Katsena. La caldera est occupée par
un lac de cratère.
Formations géologique et sols
La zone est un volcan éteint comme le témoigne le lac de cratère. Les formations
géologiques qu'on y rencontre sont faites de basalte, trachyte rhyolite, gneiss
migmatique, et granite.

Les sols du massif d'Oku ont été classés par Hawkins et Brunt (1965) dans la
catégorie des sols ferralitiques humifères. D'après l'étude de Macleod (1987) on
trouve trois types de sols ferralitiques :
oooo- sur trachyte peu évalués peu profond, altitude 1,300 m, pente 35% ;
pppp- sur basalte moyennement désaturé, humifère, brun rouge profond à
rares éléments grossiers à la base du profil, altitude 2,360 m, pente 5% ;
qqqq- sur cendres cimentées moyennement désaturé humifère rajeuni par
apport éolien volcanique, brun peu profond, à éléments variés grossiers en
profondeur, altitude 2,520 m, pente 7 %.
Ces sols ont une teneur en matière organique importante favorisée par le climat
humide et froid. Ils sont souvent bien drainés et leur perméabilité est bonne.

Climat
Il est tropical humide à régime pluviométrique unimodal, caractérisé par une longue
saison des pluies (Mars-Novembre) et une courte saison sèche (Novembre-Mars).
Le climat subit l'effet de l'altitude qui se traduit par une grande nébulosité, des fortes
précipitations et des températures basses. L'indice pluviométrique varie de 1,800
mm dans la plaine et atteint 3,000 mm en altitude. La température moyenne des
maxima varie de 22° à 1,800 m à 16°C au sommet, tandis que la moyenne des
maxima varie de 13°C à 1,800 m à 9°C au sommet. Les précipitations occultes
(brume, brouillard, rosée) sont abondantes.

Végétation
Une étude spéciale menée par une équipe de l'ENGREF de Montpellier et du
Centre Universitaire à Dschang en 1987 a pu identifier 19 types de formation
végétale dans le massif d'Oku.
a. Forêt montagnarde à Podocarpus Latifolius (milanjianus) (2,600 - 2,900 m),
par taches, avec structure à 3 ou 4 strates et absence de régénération (ce qui
est probablement dû au pâturage). Elle constitue l'une des grandes originalités
du massif d'Oku.
b. Forêt montagnarde peu dégradée à Podocarpus Latifolius (milanjianus), en
mélange avec 4 autres espèces, présente surtout entre 2,400 et 2,900 m.
c. Forêt de type b, à 5 espèces, mais dégradée avec disparition des arbres de la
strate arborescente moyenne et d'une partie de ceux de la strate arborescente
inférieure et apparition d'espèces héliophiles en sous-bois.
d. Forêt montagnarde peu dégradée à Nuxia congesta, Prunus africana,
Rapanea melanophoeios et Syzygium staudtii, avec les mêmes espèces que
la forêt de type b, mais Podocarpus Latifolius n'apparaît pratiquement plus et
toujours en pieds isolés.
e. Forêt montagnarde à Nuxia congesta, Prunus africana, Rapanea
melanophoeios, Syzygium staudtii et Gnidia glauca, semblable à la forêt de
type dans laquelle l'espèce Gnidia glauca semble coloniser les trouées.
f. Forêt submontagnarde à Fagare sp, localisée dans un bois sacré proche
d'Elak Oku, en théorie relativement protégée par un interdit culturel. On y
trouve des arbres bien droits et de forts diamètres, ainsi que de nombreuses
lianes, ce qui différencie ce peuplement des autres.
g. Forêt montagnardes dégradés à Nuxia congesta, Prunus african Rapanea
melanophoeios et staudtii, correspondant au type d dans lequel les strates
arborescentes ont pratiquement disparu. Deux types de sous bois, diversifiés
ombrophile et peu diversifié, dominé par les espèces héliophiles, peuvent être
rencontrer suivant l'intensité et l'ancienneté de la dégradation des strates
supérieures.
h. Formation à Gnidia glauca (2,200 m à 2,.800 m), dans laquelle cette espèce
résistante au feu et colonisatrice domine toutes les strates (il y en a
généralement trois). On la trouve en bande plus ou moins large en lisière
forêt/pâturage, et parfois en peuplement importants sur les crêtes.
i. Formation à Arundinaria alpina, pures (type i1) ou en sous bois dans les
formation de type a (type i2), b (type i3) et d (type i4). Elles apparaissent
généralement par taches de quelques ares à plusieurs hectares entre 2,100 et
2,800 m d'altitude.
j. Cultures sous forêt montagnarde relique de type d, entre 2,000 et 2,600 m
d'altitude. La strate arborescente subsistante est généralement dominée par
les espèces Nuxia congesta, moins sensible que les autres aux feux de
défriches. Les plantes cultivées sont surtout le maïs, le haricot et les
tubercules.
k. Formation de recolonisation dominées par les espèces héliophile ::
Adenocarpus mannii entre 2,700 et 3,000 m d'altitude (types k1), Hypericum
revolucum entre 2,000 et 2,600 m (type k2) ou Pteridium aquilinium à toutes
les altitudes (types k3).
l. Pâturages : Formations herbacées par Sporobonus sp, Pennisetum,
clandestinum ("Kikuyu grass"), apparaissant et s'entendant au détriment de la
forêt sous l'impulsion des éleveurs.
m. Prairies d'altitude : au-dessus de 2,800 m, dominées par Pennisetum
clandestinum dont la propagation est favorisée par les éleveurs. Certaines de
ces prairies sont vraisemblablement d'origine naturelle.

Faune
La présence de la forêt sempervirente en région de savane a crée un écosystème
unique pour la avifaune. Birdlife International travaille depuis une vingtaine d'années
sur la région ce qui montre que l'avifaune est bien connue à l'intérieur du site. On a
recensé près de 150 espèces d'oiseaux dont 53 endémiques pour les forêts
montagnardes et submontagnardes.

Quatre espèces menacées, Tauraco bannai. Platysteiria laticincta (endémique


toutes deux des régions montagneuses de Bamenda (Malaconotus gladiator et
Ploceus bannermani et une espèce vulnérable, Andropadus montanus, se trouvent
dans le site. Parmi les mammifères on rencontre le singe de Preuss, Cercopithecus
thoesti preussi ; le rat, Praomys hartwigi et la chauve-souris, Pipistrellus eisenteraiti.
De nombreux amphibiens sont remarquables, y compris Wemeria babutansis,
Wolterstosffina mirei, Cardioglossa orea, Asteylostemus ranoides et le crapaud
Xenopus sp qui est probablement endémique au lac.

La pression démographie et la chasse intensive ont exercé des ravages sur les
mammifères. La présence dans les villages des trophées de félins comme la
panthère Patherus pardus fait penser que l'espèce existait dans la zone dans un
passé récent. La liste de la faune endémique se trouve en annexe.

Peuplement humain
La densité de population dans la région d'Oku est des plus forte au Cameroun avec
à peut près 140 habitants au km². Il n'existe pas de villages permanents à l'intérieur
de la réserve proposée. Deux ethnies principales résident dans la région, les
agriculteurs semi-Bantous (Nso, Oku et Kom) et les pasteurs nomades. Les
agriculteurs cultivent principalement le maïs, les haricots, les pommes de terre et le
caféier. Les pasteurs sont des Fulani (Mbororo) de la tribut de Jaffren.

Infrastructure
L'accès au site peut se faire par le Nord à travers la route carrossable Kumbo-Oku-
Jikijem, ou par le Sud par la route Babungo-Ibal-Oku. Cette dernière passe près du
lac Oku à travers une zone non perturbée de la forêt montagnarde. Il existe de
nombreuses pistes saisonnières dans la région pouvant conduire à l'une des faces
de la montagne. A travers la forêt, il existe de nombreuses pistes piétonnes qui
permettent d'avoir accès au sommet de la montagne. Le village d'Elak Oku a été
transformé en chef Lieu d'Arrondissement avec toutes les structures sociales y
afférentes. La brigade de Gendarmerie a été renforcée à cause de nombreux
conflits fonciers entre villages.

Activités humaines
Elles sont centrées autour de l'agriculture en moyenne altitude l'apiculture, l'élevage,
l'artisanat et l'exploitation des plantes médicinales.

L'agriculture est d'autant plus intensive que les sols sont volcaniques et la
population dense. Elle s'effectue au détriment de la forêt submontagnarde. Au cours
de la préparation du terrain presque tous les arbres sont abattus et les souches
brûlés in situ, ce qui laisse les champs à la merci de l'érosion avec la forte
pluviométrie et des pentes raides. Entre les altitudes 2,000 et 2,200 m on rencontre
les plantations de caféiers, des cultures vivrières (pomme de terre, haricot, maïs,
macabo, taro) et très peu d'arbres fruitiers.

L'apiculture est une activité très ancienne dans la région. Les ruches en matériaux
locaux permettant la capture des essaims sauvages. La récolte est commercialisée
par une coopérative.

L'élevage se fait soit en forêt submontagnarde et montagnarde, soit dans la prairie


altimontagnarde en haute altitude. En forêt, l'élevage s'effectue dans les clairières
dont certains possèdent des clôtures rudimentaires. Par contre sur les pâturages et
prairies du sommet, de vastes troupeaux de chèvres et de moutons paissent
quelque fois sans pasteurs.

L'artisanat s'effectue surtout par des sculptures sur bois de Polyscias fulva et les
feuilles de palmier raphia. Ici le raphia est planté dans la zone ripicole. Le bois
d'œuvre et de service est rarement prélevé dans la forêt à cause du fait que la
plupart des arbres d'altitude ont un fût mal conformé. Cependant les eucalyptus
plantés dans les champs sont de plus en plus utilisés.

Quant à l'exploitation des plantes médicinales, elle est concentrée autour du


prélèvement de l'écorce du Prunus africana. La société Plantecam est celle qui
achète la plus grande partie de la production.

Statut légal et gestion


Les forêts du mont Kilum/Ijim font l'objet en ce moment d'une protection juridique
limitée aux termes de l'arrêté préfectoral n° E26/131/RPB/PS/83, promulguée le
21/12//83 mais celui-ci ne stipule ni l'étendue ni les limites de la région en question.
Une superficie de quelques 11,400 ha sera érigée en forêt de protection, définie
comme étant un terrain mis à part pour la conservation du sol et de l'eau ou pour
protéger des écosystèmes d'un intérêt scientifique particulier. A l'intérieur de la forêt
de protection, les activités traditionnelles telles que la ramassage des produits
forestiers secondaires, seront permises. La chasse ne sera autorisée que dans le
cas où seront utilisés des pièges traditionnels, faits de matériaux naturels.

En 1987 après une étude faite l'International Council for Bird Preservation (ICBP) le
gouvernement a décidé de créer un projet intitulé "Kilum Mountain Forest Projet"
(KMFP), avec pour objectif global la préservation de la forêt montagnarde de Kilum.
La Birdlife International qui a remplacé ICBP collabore avec le Ministère de
l'Environnement et des Forêts à atteindre l'objectif global à travers des actions
comme :
i. la gestion participative des ressources naturelles de la forêt avec un accent
sur la conservation ;
ii. la création à terme d'une forêt communautaire avec l'appui du gouvernement
et des autorités traditionnelles ;
iii. la promotion d'un habitat et des activités humaines compatibles avec la
sauvegarde de la forêt ;
iv. le suivi permanent des opérations de gestion de la forêt.
En 1996, le projet "Global Environment Facility" (GEF) a décidé d'appuyer Birdlife
International dans ses activités sur le site de Kilum-Ijim. En renforçant certaines
activités qui existaient avant, la composante GEF concentre ses activités sur quatre
volets :
rrrr- l'élaboration d'une stratégie de gestion de l'aire intégrant les
populations locales et permettant la conservation de la forêt (levé,
délimitation, classement officiel de la forêt et gestion à terme par les
populations locales) ;
ssss- la promotion des techniques et méthodes de gestion rationnelles des
terres forestières, de conservation de sol (agroforesterie) et d'amélioration
du niveau de vie (élevage, artisanat, apiculture, éco-tourisme, production
de papiers) ;
tttt- les recherches biologiques sont également engagées pour permettre
de disposer d'une banque de donnée de base nécessaire au suivi de
l'évolution de l'écosystème concerné ;
uuuu- l'éducation et la sensibilisation de la population pour stimuler l'esprit de
conservation de l'environnement.
Il est à noter que la Commission Régionale de Gestion des Forêts que supervisent
les Chefs Oku (Kilum) et Kom(Ijim) apporte l'appui de l'autorité traditionnelle à la
gestion de la forêt.

Etat de conservation et valeur du site


D'une étude faite par Parrot en 1990, il ressortait déjà que le massif forestier avait
beaucoup reculé entre 1963 et 1989, et grâce à des mesures de conservation, la
régénération de la forêt permit de renverser la tendance selon les données
suivantes représentant les années et la superficie de la végétation forestière.

Années 1963 1983 1989 1990


Superficie 20,000 ha 10,000 ha 7,200 ha 11,400 ha

En 20 ans (1963-1983) la zone avait perdu la moitié de sa forêt, et l'on estimait que
le Prunus africana était tellement surexploité qui l'avait perdu près de 80% de son
potentiel. Le projet KMFP devait mettre en place des stratégies tendant à renverser
la tendance à cause de la valeur exceptionnelle du site.

Du point de vue floristique et faunique, on a vu que la forêt abritait des échantillons


endémiques ou menacés qu'il fallait préserver à tout pris. Si cette forêt devait
disparaître, les conséquences seraient graves sur le régime des cours d'eau de
toute la région. La massif forestier montagnarde d'Oku constitue une des zones
d'accès relativement facile pour le tourisme et pour la recherche. Les activités
agricoles, pastorales et artisanales autour de la forêt lui confèrent un rôle
économique de grande importance.

Problèmes identifiés
Le problème le plus important que rencontre le massif d'Oku est celui de la
démographie galopante avec une pression accrue sur les ressources naturelles de
la zone. Déjà en moyenne altitude les conflits fonciers sont courants et le jeunes
pensent conquérir la forêt pour établir les terres agricoles. L'agriculture, le
surpâturage, les feux de forêt et la surexploitation du Prunus africana sont les
conséquences de cette pression sur les ressources.

Le classement du site dans une catégorie de forêt domaniale n'a jamais eu lieu, et
c'est depuis plus de 15 ans qu'on en parle. L'arrêté préfectoral de 1983 semble être
un arrangement locale et non une décision administrative de grande portée comme
un décret.

Il découle du non classement du massif le problème du personnel chargé de


l'encadrement des populations et de la gestion de la forêt. Il existe un seul poste
forestier à Elak avec un personnel et des moyens insuffisants.

Actions prioritaires pour la conservation et l'utilisation durable des


ressources
En 1989, Gartlan proposait les priorités du projet KMFP de 1987 entre Birdlife
International et le Cameroun en vue de la conservation de ce qui restait de la forêt
montagnarde d'Oku. L'ensemble des 7 points prioritaires ont connu des applications
concrètes sur le terrain à des degrés divers. Une évaluation faite en 1994 a permis
de noter que la régénération forestière avait pris le pas sur la destruction, et que
l'afforestation était une activité bien répandue chez les paysans de la zone
périphérique. Seule la coopérative des apiculteurs semblait marquer le pas. La
formation des formateurs au niveau paysan a abouti à l'amélioration des pratiques
culturales, la création des pépinières d'arbres forestiers et fruitiers et à
l'arboriculture.

Dans les années à venir il faudrait mener les actions suivantes :


vvvv- classement de la zone en forêt de protection et forêt communautaire ;
wwww- création de nombreux portes forestiers avec du personnel motivé
pour assurer la gestion et la protection de la forêt;
xxxx- promotion de l'agroforesterie et toute autre activité génératrice de
revenu dans le but d'améliorer le niveau de vie des paysans et de réduire
leur dépendance vis à vis de la forêt ;
yyyy- amélioration des voies de communications dans le but de favoriser
l'écotouristique ;
zzzz- mise en pratique des projets pertinents de KMFP et GEF qui visent la
conservation et la gestion des ressources de la zone ainsi que
l'amélioration du niveau de vie des populations riveraines.

Bibliographie
ENGREF/CUDS 1987 : Massif d'Oku Cameroun : classement en réserve et
principes pour un plan directeur d'aménagement. Rapport.
Hawkins P & Brunt M. 1965. Report to the Government of Cameroon on the soils
and ecology West Cameroon. Report n° 2083 Rome-FAO.
Macleod H.L. 1987 Conservation of Oku Mountain Forest.Cameroon. ICBP study
report n°15 Cambridge ICBP
Gartlan S 1989. La Conservation des écosystèmes forestiers du Cameroun. UICN
Gland. Suisse

Liste de la faune endémique menacée


Cercopithecus lhoesti preussi Guenon de Preuss
Myosorex eisenttrauti okuensis
Galagoides demidovii pr thomasi
Praomys hartwigi
Lemniscomys striantus minendorfi
Oenomys hypoxanthus albiventris
Tauraco bannermani
Malaconotus gladiator
Campthera tullbergi wellsi
Andropadus montanus concolor
Playsrteria laticincta
Muscicapa adjusta okuensis
Ploceus bannermani
Xenopus sp

Auteurs : S. Gartlan 1989 et Z. Tchanou 1998


CARTE OKU
RIO DEL REY
(Les mangroves du Rio del Rey)

Situation géographique
Les mangroves du Rio del Rey et de la rivière Andokat sont situées dans la province
du Sud-Ouest, département du Ndian. Cette zone est repérable sur la carte IGN
feuillet de Ndian. Ce site est compris entre les coordonnées géographiques 4°5 -
4°75 et 8°5 - 8°75 E.

Limites et étendues
Les mangroves du Rio del Rey sont parmi les zones de mangroves forestières les
mieux préservées du Cameroun. Les parties Ouest appartiennent au domaine de la
péninsule de Bakassi, actuellement objet de conflit frontalier entre le Cameroun et le
Nigeria. Ce site couvre environ 140.000 ha.

Relief, réseau hydrographique, et formations géographiques


La zone de mangrove du Rio del Rey appartient au domaine côtier, on note la
présence de bancs allongés de terre ferme, hauts de quelques mètres, en plein
milieu de la mangrove ; ces bancs de terre ferme supportent une végétation
forestière. L’hydrographie est caractérisée par les rivières Andokat, Rio del Rey et
de petits cours d’eau qui convergent dans l’estuaire.

Climat
Le climat est marquée par une brève saison sèche et une saison des pluies qui dure
plus de 9 mois. Les maxima de pluviosité avoisinent 6,000 mm annuellement.

Les températures moyennes annuelles varient entre 25°C et 28°C avec des maxima
atteignant 35°C.

Végétation
Les forêts de mangroves sont dominées par le Rhizophora racemosa bien qu’on y
note également le Rhizophora mangle et le Rhizophora harrisoni.

A la faveur des bancs sableux, on trouve des agglomérations plus ou moins


importantes. La flore souvent rabougrie contient entre autre des Pandanus satabei,
Annora glabra, Barteria nigritana, Saccoglotis gabonensis, Sterculia tragacantha,
Spondias monbin, Landolphia sp., Milletia sp. etc… Il s’agit d’une flore complexe où
l’on rencontre parfois des espèces de cordons littoraux sableux. De petits
peuplements d’Avicennia germinans sont rencontrées sur sable et en bordure de
l’Andokat et dans l’estuaire de la Cross-River.

Faune
Les mangroves de Rio del Rey sont encore l’habitat d’espèces de faune telles que
le Sitatunga, le Mona. Cette zone est reconnue nationalement et même
internationalement comme étant importante pour les poissons de mer qui s’y
reproduisent. De même les oiseaux littoraux trouvent ici une aire de repos, c’est le
cas notamment des hérons, du pélican (à dos rose) et des milliers d’oiseaux
aquatiques.

Peuplement humain, infrastructure, activités humaines


Du fait du conflit armé dans la péninsule de Bakassi, cette zone a connu au cours
des quatre dernières années un flux important d’émigration des populations vers les
centres urbains de Isangele puis de Ekondo Titi. Les populations autochtones
appartiennent aux tribus : Kory, Isangele, Oroko et Balong.

Il n’y a pratiquement pas d’infrastructures aménagées dans la zone des mangroves


du Rio del Rey. La circulation se fait au moyen de pirogues.

La pêche et la chasse constituent les principales activités humaines. Alors que plus
de la moitié des hommes pratiquent la chasse, c’est tout le ménage qui participe aux
travaux de pêche. L’agriculture est faiblement développée.

Statut légal et gestion


Les mangroves du Rio de Rey ne disposent d’aucun statut légal d’après la loi
foncière ou forestière.

Il n’y a pour le moment aucune initiative visant à conserver et assurer une utilisation
durable des ressources de ce site.

Problèmes identifiés
Le conflit armé en cours dans cette région constitue la principale menace pesant sur
cette zone.
La destruction des forêts de mangrove pour le fumage du poisson commercialisé
localement et au Nigeria pose problème ; les niveaux de prélèvement de la pêche
sont mal connus.

Actions prioritaires
aaaaa- Arrêter le conflit armé dans la région
bbbbb- Définir clairement les limites internationales
ccccc- Classer le domaine des mangroves y compris les zones côtières
correspondantes
ddddd- Mener des études pour mieux connaître le potentiel floristique et
faunique
eeeee- Initier un programme de gestion conservatoire de l’ensemble des
mangroves dans cette région de même que dans l’estuaire du Wouri.

Bibliographie
Culverwell J. 1997. Long-term Recurrent costs of protected area management in
Cameroon. WWF/MINEF Yaoundé, 80P + annexes
Letouzey R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroon au
1/500,000 ICIV Toulouse

Auteur : Fomete N. T. 1998.


RUMPI
(Réserve forestière des monts Rumpi)

Situation géographique
La réserve forestière des monts RUMPI est située dans la Province du Sud-Ouest,
dans le départemnet du Ndian. Elle s’étend à l’Est du Parc National de Korup. Les
coordonnées du site sont : latitude 4°42’-5°03’N et longitude 8°56-9°15E. La reserve
se repère sur la carte IGN au 1/200,000 feuille Buea-Nidan NB-32-III République
Fédérale du Cameorun 1971.

Limites et étendue
Elle s’étend en un arc de cercle sur un rayon de 30 à 40km. Etant une zone
d’altitude dans la plaine Littorale, les limites sur le terrain se confondent avec le
relierf malgré le fait qu’il n’y a pas de bornage effectif de la réserve. La superficie
déclaré est de 44,300 hectares.

Relief et réseau hydrographique


La zone se présente sous forme de collines entrecoupées de vallées d’altitude
moyenne supérieure à 800m, avec beaucoup de sommets dépassant 1,000m. Le
point culminant est le Mont Rata (1,778m) qui est localisé à l’extérieur de la bordure
Est de réserve. Du point de vue hydrographique la Nyangorobé y prend sa source et
coule vers le Sud pour se jeter dans l’Andoka. La Libangenie y prend sa source et
coule vers le Nord en Direction du Cross River. Le réseau de ruisseaux permanents
est dense dans le site à cause des précipitations abondantes et de la forêt
sempervirente.

Formations géologiques et sols


La zone est en grande partie formée de granite et du gneiss précambriens et en
partie de coulées de laves du pleistocéne. Il n’existe pas de cône volcanique
classique mais un petit lac de cratère, le lac Dissoni. On y rencontre deux types de
sols : les acrisols ferriques qui dérivent d’une dégradation au crétacée du gneiss et
des cendres volcaniques sur une partie du site.
Climat
Il est pseudo-tropical humide à régime pluviométrique unimodal à deux saisons :
une petite saison sèche de Novembre à Mars et une longue saison des pluies d’Avril
à Octobre. L’indice pluviométrique atteint 5,000mm tandis que la température
moyenne annuelle est de 22°C. La nébulosité importante tout au long de l’année
réduit fortement l’insolation.

Végétation
La zone est occupée par une forêt dense humide sempervirente de basse altitude,
d’une forêt sempervirente submontagnarde et d’une prairie herbeuse au-delà de
1,500 m. Du point de vue de l’occupation humaine, certaines de ces forêts sont
considérées comme primaires et d’autres secondaires.

La forêt de basse altitude n’est pas différente floristiquement de celle du Parc


National de Korup. La forêt submontagnarde renferme essentiellement des espèces
de basse altitude à l’exception de quelques espèces montagnardes comme Xylopia
africana, et la présence de nombreux épiphytes. Le sommet des monts Rata sont
occupés par une paririe herbeuse. Si les zones de fortes pentes gardent une forêt
non perturbée, les zones de moyenne altitude sont en partie dégradées par
l’agriculture, ou bien l’avaient été et se sont transformées en forêts secondaires.

Faune
Elle est riche et diversifiée. Parmi les mammifères, on rencontre les singes
Cercopithecus lhoesti preussi, Cercopithecus erythrotis, la chauve-souris Pipistrellus
eisentrauti, le caméléon Chamaeleo eisentrauti qui est endémique au mont Rumpi,
et le lézard Adolphus africanus. L’avifaune comprend des espèces menacées :
Malaconotus gladiator, Liopticus gilberti, Picathartes oreas ; ainsi que des espèces
considérées comme vulnérables : Columba albinucha, Andropadus montanus,
Phyllastrephus poliocephalus et Nectarinia ursulae. Culverwell (1997) signale la
présence d’une espèce endémique de poisson dans le lac de cratère Dissoni.

Peuplement humain
La zone est peuplée par les ethnies Ngolo et Balue. On compte une dizaine de
villages autour de la réserve dont les plus importants sont Dikome Balue (4,000 ha),
Meka (500 ha) Madie II (500 ha) Kita (500 ha), et Mundemba II (250 ha) (Usongo
1995).
La ville de Mundemba Chef-lieu du Département du Ndiam se trouve à une dizaine
de kilomètre à l’Ouest de la réserve.

Infrastructure
La route Kumba Ekondo-Titi Mundemba praticable en toute saison est celle qui
passe au Sud du site. Il existe de nombreuses pistes plus ou moins entretenues qui
traversent la réserve. Les villages sont pourvus en infrastructure d’éducation et
sanitaire de base.

Activités humaines
Les paysans de la zone vivent essentiellement de l’agriculture, de la chasse, de
l’exploitation des autres produits forestiers, de l’élevage et de l’exploitation
forestière. Malgré l’existence ancienne de la réserve des mesures de protection
n’ont pas toujours été prises. C’est ainsi que vers les années 1970 la réserve n’a
plus été surveillée, ce qui a entrainé son envahissement par les populations rurales
à la recherche des terres agricoles. (Laurent 1992). Le fait que les limites de la
réserve ne soient pas matérialisées a suvi de pretexte à l’installation des plantations
agricoles. La chasse est pratiquée pour protéger les cultures, pour la subsistance et
comme activité commerciale. L’un des problèmes que rencontrent les agriculteurs
est celui de la déprédation des cultures par les rongeurs, les éléphants et les singes.

L’exploitation des autres produits forestiers est d’autant plus importante que le site
n’est pas loin de Mundemba et du Nigeria, considéres comme pôles de
consommation.

Les produits concernés sont Irvingia sp, Garcinia cola, Ricinodendron et Gnetum.
L’exploitation forestière s’intensifie à l’extérieur de la réserve par une société
malaisienne qu’est la “Shimmer International”.

Statut légal et gestion


Le site est classé réserve forestière depuis 1938. Le fait que son statut n’ait pas
évolué depuis la loi de 1994 en forêt de production ou de protection montre
qu’aucune activité de conservation n’est réellement menée sur le site. Si le site est
classé forêt de protection ce serait la Direction de la faune et des aires protégées
qui se chargerait de sa gestion. Par contre si c’est une forêt de production, la
gestion reviendrait à l’ONADEF.
Etat de conservation et valeur du site
La faible pression démographique a conféré au site une certaine protection, sans
oublier que le relief accidenté a protégé les zones d’altitude. Si du point de vue
général le site s’est dégradé du fait de l’agriculture et de la chasse, il conserve
encore une grande potentialité. Il existe dans le site un singe comme le guenon de
Preuss considéré comme menace. De même le pigeon Colomba albinucha y est
endémique. Comme montagne cotière, beaucoup de rivières y prennent leur source.
La protection naturelle du fait du relief accidenté confère au site une importance sur
le plan scientifique. La dépendance des riverains vis à vis des produits forestiers
non ligneux montre le rôle économique que le site joue.

Problèmes identifiés
La réserve existe depuis 60 ans (1938 - 1998) mais les limites n’ont jamais été
matérialisées. Le manque de surveillance et de plan d’aménagement font penser
que la réserve n’intéresse pas l’Etat qui en est le propriétaire. Si l’absence de bonne
route a contribué à sauvegarder le site, force est de constater qu’une surveillance
passe par la construction et la maintenance d’un réseau routier et de ponts en bon
état.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources.
En 1989 Gartlan proposait l’extension de la réserve vers les zones d’altitude, un
inventaire biologique et un plan de zonage assorti d’un plan d’aménagement. Si rien
n’a été entrepris au niveau des deux premiers points, le plan de zonage du
Cameroun méridional réalisé en 1995 consacre bien la zone comme aire protégée.
Les actions non entreprises comme l’extension de réserve et les études biologiques
peuvent être reconduites pour les années à venir.

Bibliographie
Culverwell 5. 1997. Long-term recurrent costs of protected area management in
Cameroon WWF/MINEF Yaoundé.
Gartlan S. 1989. La conservation des écosystemes forestiers du Cameroun
UICN, Gland Suisse 186 p.
Laurent E. 1992. Wildlife utilization survey of villages surrounding the Rumpi Hills
forest reserve. Report to Korup project 39 p.
Usongo L. 1995. Biological and socio economic survey of Rumpi and Nta Ali
reserves. Report to the Korup project 82 p.
Auteur : Z. Tchanou 1998

Liste de la faune endémique ou menacée


Cercopithecus lhoesti preussi, Guenon de Preuss
Cercopithecus erythrotis, Moustac à oreilles rousses
Columba albinucha
Malaconotus gladiator
Liopticus gilberti,
Picathartes oreas Picatharte chauve
Andropadus montanus,
Phyllastrephus poliocephalus
Nectarinia ursulae
Chamaeleo eisentrauti

(Source : Gartlan 1989)


CARTE RUMPI
TAKAMANDA
(Réserve Forestière de Takamanda)

Situation géographique
La réserve forestière de Takamanda est située dans la province du Sud-Ouest
département de la Manyu. Elle est comprise entre 5°59’ – 6°21’N et 9°11’ – 9°30’E.
La couverture par photographie aérienne remonte à 1963 – 64 ; la réserve figure sur
les cartes Centre géographique National au 1/200,000 Feuilles Mamfé NB-32-X et
NB-32-XVI.

Limites et étendue
La réserve a une étendue de 67,599 ha. Elle est située à la limite Nord de la vallée
de la Cross-River. La frontière avec le Nigeria forme la limite au Nord-Ouest et au
Nord. L’Oyi, affluent de la Cross-River, forme la plus grande partie de la limite
Ouest. Les limites à l’Est et au Sud sont plus complexes et suivent des cours d’eau
ou des sentiers. Elles ne sont pas matérialisées sur le terrain.

Relief et réseau hydrographique


Le Nord et l’Ouest de la réserve se caractérisent par des terres de faible altitude,
environ 100 m, avec des collines atteignant 300 m. Plusieurs petits cours d’eau,
orientés vers le Sud, se jettent dans la Cross-River.

Formations géologiques et sols


Les sols sont pour la plupart ferralitiques dérivés de roches cristallines acides d’un
socle précambrien.

Climat
Le climat est de type équatorial, avec une seule longue saison humide avec 200 mm
de précipitations par mois, d'Avril à Octobre. Les précipitations annuelles sont de
3.414 mm à Mamfé, et un peu moins à Takamanda. Les températures moyennes
mensuelles vont de 25°C à 27,8°C. Avril est le mois le plus chaud. L’humidité est
très élevée.
Végétation
La plus grande partie de la réserve est constituée par une forêt sempervirente à
voûte fermée, avec de petites régions de forêt pré-montagnarde et de savane de
montagne.

Comme la plupart des forêts de basse altitude du Sud-Ouest du Cameroun, la


réserve forestière de Takamanda offre une mosaïque de types de végétation, avec
des forêts secondaires anciennes (très riches en espèces) et des forêts secondaires
récentes (pauvres en espèces). Parmi les essences importantes, on peut citer :
Anonidium mannii, Enantia chlorantha, Xylopia aethiopica, Ceiba pentandra,
Santinia trimera, Terminalia ivorensis, Dichostemma glaucescens, Maesobotrya
dusenii, Protomegabaria stapfiana, Uapaca staudtii, Cloncoba glauca, Irvingia
gabonensis, Klainedoxa gabonensis, Piptadeniastrum africanum, Glossocalyx
brevipes, Musanga cecropioides, Treculia obovoidea, Coelocaryon preusii,
Pycnanthus angolensis, Staudtia stipitata, Lophira alata, Erythrophleum ivorense,
Berlinia bracteosa, Hylodendron gabunense, Strombosia pustulata, Diogoa zenkeri,
Strombosiopsis tetrandra, Cola spp., Rinorea spp., et Vitex spp.

La forêt pré-montagnarde compte bon nombre des espèces citées ci-dessus ; elle
est également riche en Clusiaceae et a des groupes de Napoleona egertonii sur les
pentes à forte déclinité. Parmi les éléments montagnards, on peut citer Podocarpus
milanjianus, Xylopia africana, et Dasylepis racemosa.

Faune
Aucune étude systématique de la faune de la réserve n’a été réalisée. On y trouve
une des populations de mammifères les plus denses de la région, mais ceux-ci
connaissent apparemment un déclin rapide. La liste préliminaire de mammifères
inclut notamment : Atherunus sp., Galagoides demidovi, Galago alleni, Papio
anubis, Mandrillus leucophaeus, Cercocebus torquatus, Cercopithecus nictitans,
Loxodonta africa cyclotis, Dendrohyrax arboreus, Potamochoerus porcus porcus,
Hylochuerus meinerthageni, Tragelaphus euryceros, Tragelaphus spekei gratus,
Cephalophus monticola, Cephalopus silvicultor, Cephalophus dorsalis, Cephalophus
leucogaster, Cephalophus callipygus, Cephalophus nigrifrons, Neotragus batesi,
Hyemoschus aquaticus et Syncerus caffer nanus.

Le site abrite une riche avifaune typique de la forêt de basse altitude, ainsi que
quelques espèces montagnardes.

La faune endémique menacée comprend :


Gorilla gorilla gorilla Gorilla occidental
Cercopithecus lhoestis preussi Guenon de Preuss
Cercopithecus erythrotis Moustac à oreilles rousses
Pan troglodytes Chimpanzé
Mandrillus leucophaeus Drill
Napoleona egertonii Lecythidacae.

Peuplement humain
Une population relativement importante vie dans la réserve forestière de
Takamanda et à proximité. La savane qui borde la limite Nord est parsemée de
petits villages de quelques maisons (ce type d’établissement est caractéristique de
ces montagnes). De gros villages – Matenes, Obonyi, Kekpane – sont enclavés
dans la réserve, tandis que plusieurs autres – Mbilishi, Basho, Assan, Takamanga –
sont implantés à proximité de la limite Est.

Activités humaines
A basse altitude, la principale activité est le prélèvement de produits forestiers,
notamment : la viande et les graines d’Irvingia gabonensis. Il y a très peu de
cultures dans la forêt de basse altitude de la réserve, alors que la forêt pré-
montagnarde est largement défrichée pour l’agriculture, comme c’est le cas depuis
longtemps dans les provinces montagneuses du Cameroun. Le commerce des
produits carnés dérivés de la forêt semble être l’une des activités importantes des
villageois. D’autres produits forestiers ont eux aussi leur importance.

Infrastructures
La réserve est coupée de nombreux sentiers et pistes. Des villages sont situés à 2
ou 3 jours de marche de Mamfé, et à 1 ou 2 jours de marche de la route qui mène
au Nigeria. La construction d’un nouvelle route passant le long de la limite orientale
de la réserve, reliant Mamfé à Akwaya, a rendu la réserve plus accessible pour
l’exploitation des produits forestiers.

État de conservation et valeur du site


Le site présente des communautés typiques des forêts de haute altitude et de zones
humides. Le type forestier le plus important semble être une forêt secondaire
ancienne, riche en essences. La forêt pré-montagnarde y est intéressante du point
de vue scientifique, mais peu étendue.

La région compte une faune de mammifères très impressionnantes, avec


d’importantes populations de Gorilla gorilla (faisant partie d’une population isolée) et
des Cercopithecus lhoesti preussi qui vivent dans la forêt de basse altitude et en
montagne. Les éléphants de forêt et les buffles y sont en nombre remarquablement
élevé pour la région.

Problèmes identifiés
La gestion effective de la réserve, notamment la protection des ressources
naturelles, pose des problèmes complexes d’aménagement du territoire. Dans les
conditions actuelles, la poursuite de la croissance économique des communautés
rurales et la protection des mammifères semblent incompatibles. Plusieurs
questions critiques se posent :
1. Les villages enclavés continueraient-ils d’être économiquement viables si la
réglementation de la chasse était mise en œuvre dans la réserve ?
2. Les populations de mammifères peuvent-elles être protégées dans les conditions
d’implantation humaines actuelles ? Et si non, quelles sont les solutions ? Quelle
est la répartition géographique actuelle de la population de gorilles, et dans
quelles régions sont-elles vulnérables du fait de la chasse ? La pression actuelle
de la chasse sur les populations de mammifères de la réserve semble excessive
et devrait être allégée si l’on veut préserver la valeur biologique du site. Le
défrichement de la forêt pré-montagnarde n’est pas souhaitable pour la même
raison. La forêt a été préservée de l’exploitation par son éloignement et son
manque d’accès.
Il n’y a pas de plan d’aménagement pour la réserve.

Statut légal et gestion


La réserve forestière de Takamanda a été créée par le décret 53 du 23 Août 1934.
Elle fait partie du domaine privé de l’État. Le reclassement de cette réserve suite
aux dispositions de la loi N° 81-13 du 27 Novembre 1981 n’a pas eu lieu.

Il y a une initiative récente pour la conservation de ce site par la GTZ et le WWF. Le


programme en cours prévoit la participation des populations locales. Les priorités
retenues portent sur la conservation du gorille et des autres espèces, l’éducation
des populations locales, l’exclusion des habitats dégradés au Nord de la réserve et
l’inclusion des habitats plus convenables au gorille dans le Sud-Est, ainsi que la
coopération avec les efforts de conservation dans la partie adjacente du Nigeria.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources
En 1989, GARTLAN avait proposé : L’élaboration d’un plan de gestion, un
programme d’Éducation et la sensibilisation à la conservation, l’étude des limites de
la réserve, la coopération bilatérale entre le Cameroun et le Nigeria, la modification
du réseau routier de la région.

Il est a noté aujourd’hui que l’initiative conjointe du WWF et GTZ vise effectivement
à atteindre ces buts. Le réseau routier n’a pas été sensiblement modifié.

Les travaux à mener doivent pour les années à venir :


1. Permettre l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de gestion de Takamanda
dans une approche participative, et le reclassement de la réserve.
2. Favoriser la prise de décision dans le cadre de l’aménagement du territoire dans
cette zone frontalière.
3. Aboutir à une formation - sensibilisation des populations aux questions
environnementales et de conservation de la biodiversité.

Bibliographie
Culverwell .J. 1997 Long – term recurrent cost of protected area management in
Cameroon. WWF/MINEF Yaoundé. 80 P Cameroon
Gartlan S. 1989. La Conversation des écosystèmes forestiers du Cameroon.
UICN, Gland

Auteur : Gartlan 1989, FOMETE N.T.1998.


TCHABAL MBABO
(Mont Tchabal Mbabo)

Situation géographique
Le mont Tchabal Mbabo est situé dans la province de l'Adamaoua, à cheval entre le
Département Mayo-Bamyo et Faro et Deo. Le sommet de la montagne possède les
coordonnes suivantes : latitude 7° 16'N et longitude 12° 02' E. Il se repère sur la
carte I G N au 1/200,000, feuille Tignere NB 33 XIX 1969.

Limite et étendue
Le massif s'élève au dessus du plateau de l'Adamaoua qui déjà a une altitude
moyenne de 1,000m. C'est cette différence d'altitude qui différencie le mont Tchabal
Mbabo. Il n'existe aucune limite naturelle ou artificielle. On considère que la zone
présentant un intérêt pour la conservation est celle ayant une altitude au dessus de
1,600m et s'étend sur plus de 800 km². Cette zone s'étend à partir de 40 km au
Nord de Banyo, suit une direction Sud-Ouest sur 70 km à l'Ouest de la ville de
Tignerè.

Relief et hydrographie
Le massif s'élève au-dessus du plateau de l'Adamaoua entre 800 m dans les vallées
jusqu'à 2,460 m, ce qui en fait le point le plus haut de l'Adamaoua. La topographie
est douce sur le flanc Nord, mais très escarpé et entrecoupé de vallées encaissées
sur les versants Sud, et Est. Certaines vallées de cette zones descendent jusqu'à
une altitude de 500 m.

Les massifs constitue un château d'eau pour certains affluents de la Bénoué ; au


Nord et du Mbam et Djerem au Sud. Vers le Nord coulent le Mayo Deo et le Mayo
Nolti, vers l'ouest, le Yim tous les trois affluents de la Bénoue ; tandis que vers le
Sud coulent le Mayo Nkwi vers le Djerem ainsi que le Mbam.

Formations géologiques et sols


Le centre du massif est composé du basalte tertiaire avec quelques bouchons
volcaniques. Le basalte est entouré par des formations granitiques ainsi que des
roches métamorphiques comme le gneiss et le migmatites du complexe de base
africaine. Les sols sont composés de ferrisols de basse et moyennes altitude et des
sols alluvionnaires dans les vallées. En haute altitude, on rencontre des lithosols
riches en matière organique.

Climat
Il est tropical humide tempéré par l'altitude. Le régime pluviométrique est unimodal
caractérisé par une courte saison sèche de Novembre à Mars et une longue saison
de pluie d'Avril à Octobre. L'indice pluviométrique est un peu plus élevé sur le
versant Sud où il atteint 1,700 mm. La température moyenne annuelle ne dépasse
pas 18° C sur la montagne.

Végétation
Les formations végétales décrites par Letouzey (1985) ont été simplifiées par
Thomas et Thomas (1996) et apparaissent comme suit du sommet vers la vallée :
fffff- Prairie altimontane à Sporobolus indicus au-dessus de 1,700 m parcourue par
des galeries forestières. Ces forêts ripicoles sont dominées par Syzygium
guineense var guineese, Ilex mitis et Symphonia globulifera. Ces galeries sont
intéressantes du point de vue de conservation des ressources phytogéniques.
ggggg- Forêt montagnarde et formation arbustives avec la prairie au-dessus de
1,700. Ces formations se rencontrent sur le flanc Nord de la montagne et sert
d'habitat pour quelques oiseaux et mammifères rares.
hhhhh- Savane arborée à Hyparrhenia entre les altitudes 1,200 à 1,700. La
strate arborée de cette savane renferme Annona senegalensis, Bridelia
scleroneuna, Croton macrostachyus, Piliostigma thonneri, Terminalia mollis.
Cette savane est aussi parcourue par les galeries forstieres à Syzgium guinense.
Cette végétation est parcourue par les feux annuels et les pasteurs y font paître
leurs troupeaux de bovins. Si les faces Sud, Est et Ouest sont dégradées, la
façade Nord conserve encore un grand potentiel floristique et faunique.
iiiii- Les savanes de moyenne altitude (800 – 1,200 m ) à Lophira alata, Daniellia
oliveri apparaissent sur la façade Sud de la montagne. Sur le flanc Nord, la strate
arborée est constituée d'Isoberlinia spp, Afzelia africana, Monotes. Certaines de
ces zones sont pâturées et d'autres sont cultivées, surtout dans les vallées. Les
galeries forestières renferment le Syzygium guineense, Berlinia bracteosa avec
quelques espèces de la forêt semi-décidue.
jjjjj- Savane arborée de basse altitude (500 - 800 m) à Isoberlinia doka apparait le
long du Mayo Deo au Nord avec des plaines inondables et des prairies humides.
Ces zones sont à la fois pâturées et cultivées avec pratique de la jachère.
Faune
Le mont Tchabal Mbabol est riche en mammifères et en oiseaux. Parmi les
mammifères, on rencontre une importante population de Redunca fulvorufula
adamauae considérée comme espèces menacées (Dwight Lawson, comm.
personnelle) .On trouve aussi des mammifères de savanes sur le flanc Nord de la
montagne. Parmi les espèces considérées comme menacées sur la liste de L'UICN,
on trouve. Lycaon pictus, Panthera leo et Damaliscus linatus.

L'avifaune est bien représentée à Tchabal Mbabo. Smith et Mc Nivin (1993) ont
identifiés six espèces endémiques des montagnes de l'Ouest du Cameroun et de
l'Est du Nigeria, parmi lesquelles une est considérée vulnérable (Ploceus
barennernani ) et l'autre menacée (Andropadus montanus )

Peuplement humain
Les groupes ethniques de la montagne comprennent les éleveurs Foulbés et
Mbororo qui occupent les pâturages des zones d’altitude, tandis que dans la plaine
on rencontre des agriculteurs Nyom Nyom au Sud, Diubu et Ndoro autour de
Dodeo. En saison humide on note une forte activité des pasteurs transhumants.

Infrastructure
Que ce soit dans la montagne proprement dite et la plaine Dodeo au Nord, la zone
est fortement enclavée. Si la route carrossable Foumban Banyo Tibati est praticable
en toute saison, celle qui relie Tibati à Tignère ou Ngaoundéré à Tignère est difficile
en saison des pluies. Une route relie Sambo Labo au centre du site. Dans toute la
zone les services de santé, d’éducation et vétérinaire font défaut.

Activités humaines
Elles concernent surtout l’élevage, l’agriculture et la chasse. L’élevage est l’activité
principale et concerne les bovins sédentaires et ceux qui viennent en transhumance.
L’agriculture s’effectue dans les vallées et les zones de basse altitude et concerne
les cultures céréalières (maïs, sorgho) et les tubercules (igname, patate). La zone
étant giboyeuse, elle attire des chasseurs.

Statut légal et gestion


La zone fait parie du domaine national. Cependant le Ministère de l’Environnement
et des Forêts a proposé la création de la réserve de faune de Pamaré sur 900
hectares et la réserve forestière de la plaine de Dodeo sur 60,400 hectares.
(Culverwell l997)

État de conservation du site


Le potentiel biotique de Tchabal Mbabo devrait lui confère une importance sur le
plan international. Non seulement c’est l’un des plus haut sommet du plateau de
l'Amadoua, mais renferme l’une des végétations les moins perturbées de la région.
C’est aussi l’une des zones ayant une grande étendue de forêt sèche à cette
latitude en Afrique de l’Ouest. cette forêt renferme des espèces rares de
mammifères et oiseaux.

Problèmes identifiés
Le non classement de la zone a fait qu’il n’y ait aucun plan d’aménagement quoique
des projets existent. On assiste à la destruction des forêts galeries par les feux, au
surpâturage dans certains zones et à la chasse incontrôlée.

Actions prioritaires pour la conservations et l’utilisation durable des


ressources
Le Ministère de l’Environnement et des Forêts en relation avec WWF sont en train
de mettre au point un plan d’action en vue de la conservation et l’utilisation durable
des ressources de Tchabal Mbabo.

Bibliographie
Culverwell J. 1997 Long-Term recurent costs of protected area management in
Cameroon. WWF/MINEF Yaoundé 80 p + annexes
Depierre D. & Vivien J. 1992. Mammifères sauvages du Cameroun. L’Office
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Gartlan, S. 1989. La conservation des écosystèmes forestiers du Cameroun.
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Larison, B., T.B. Smith, D. McNiven, R. Fotso, M. Bruford, K. Holbrook, and A.
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DODEO dans l’arrondissement de MAYO-BALEO. 8 pages
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Faro et Deo, describing a proposed 60,400 ha forest reserve
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Ministry of Tourism. 1987. Projet de création de zones cynégétique et
construction de campements de chasse dans la province de
l’Adamaoua. memorandum concerning a protect hunting reseve
on Tchabal Mbabo, from the Departmental Chief of Service, Mayo-
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Thomas D. W., Thomas J. M. 1996. Tchabal Mbabo Botanical Survey. Report to
WWF. 44 pages + appendices.

Auteur : D. Thomas, 1988 traduit et complété par Z. Tchanou

Annexes

Plantes rares
Cassipourea malosana (Bak.) Alston-endemique
Philippia mannii (Hook. F.) Alm. & Fries-endemique
Psorospermum aurantiacum Engl.- endemique

Mammifères rares
Redunca fulvorufula adamauae (menacée)
Lycaon pictus,
Panthera leo,
Damaliscus lunatus.
YAOUNDE
(Les collines de Yaoundé)

Situation géographique
Les collines de Yaoundé font partie d’une entité géomorphologique qu’on appelle
massif de Yaoundé. Elles sont situées dans la Province du Centre et réparties entre
les départements du Mfoundi, Mefou et Lékié. Malgré leur discontinuité, on peut les
circonscrire entre les latitudes 3°42’ – 4°05’ N et les longitudes 11°11’ – 11°35’ E.
Elles se repèrent sur la carte IGN au 1/200,000 sur la feuille Yaoundé NA-32 – XXIV
et sur la feuille 5 de la carte phytogéographie de Letouzey au 1/500,000 de 1985.

Limites et étendue
Les collines de Yaoundé couvrent une superficie de plus de 1,800 km² réparties sur
plus de dix sommets. Les limites sont difficiles à matérialiser étant donné la
discontinuité des sommets. Les collines forment trois grands blocs séparés par des
vallées ou des plateaux. La chaîne de Kala à 20 km à l’Ouest de Yaoundé,
Elounden à 4 km au sud-ouest de Yaoundé et Mbam Minko à 15 km au Nord-Ouest
de la Capitale. D’autres petites collines se trouvent dans le périmètre urbain comme
Mbankolo et Nkolondom au Nord de la ville. Le seul Mbam Minkom s’étend sur
5,700 hectares d’un seul tenant d’altitude supérieure à 1,000 mètres

Relief et réseau hydrographique.


Les collines s’élèvent au-dessus du plateau Sud Camerounais d’une altitude
moyenne de 700 m. Ces collines forment un complexe qui culmine au Mbam
Minkom à 1,295 m. Sa forte dénivellation, son volume en font un des reliefs le plus
importants du plateau Sud Camerounais (Kuete, 1977). Du point de vue
géomorphologique, on considère que le dôme primitif a été démantelé et éventré en
une série de relief plus ou moins indépendants les uns des autres (Kuété, 1977).
Les différents sommets sont les suivants par ordre d’altitude décroissante : Mbam
Minkom (1,295 m), Odou (1,225m), Mbikal (1,221m), Nkolondom (122,1m),
Nkoldjobe (1,186 m), Nkolakié (1,185 m), Ekondogo (1,171m), Elounden (1,169m),
Kala (1156 m), Miviami Zibi (1,141m), Ngoa Ekelé (1,125m) et Mbankolo (1,096m).
Quant au réseau hydrographique, la Lékié, la Mefou et le Mfoundi prennent leur
source sur ces collines. Sur les collines du Sud de Yaoundé les rivières sont des
affluents du Nyong tandis que celles des collines au Nord et au Nord Ouest ont des
rivières qui coulent vers de la Sanaga.

Formations géologiques et sols


Les collines de Yaoundé sont des affleurements rochers métamorphiques
composés du gneiss et embréchites à deux micas ou à biotite. Les sols sont
constitués de sols peu évolués mélangés aux sols minéraux bruts, des ferrisols et
des sols ferralitiques contenant des grenats à muscovite et des fragments grossiers
de la roche mère. Ils sont soumis à une dégradation importante provoquée par les
eaux de ruissellement. (Van Ranst 1987).

Climat
Le climat est sub-équatorial à régime pluviométrique bimodal caractérisé par quatre
saisons : une grande saison sèche de Novembre à Mars et une petite saison sèche
d’un mois entre Juillet et Août. Le reste de l’année étant occupée par les deux
saisons de pluies. L’indice pluviométrique moyenne est de 1,550 mm à Yaoundé, la
température moyenne annuelle est de 22°c tandis que la nébulosité n’est abondante
qu’au sommet des collines. Ces nuages forment souvent une collerette qui entoure
les sommets isolés. Ces nuages orographiques entraînent de temps en temps des
faibles précipitations qui contribuent à maintenir une forte humidité sur les parties
sommitales des collines recouvertes par la végétation. IL est à noter que ces
collines constituent une barrière orographique qui crée des végétations différentes
selon les versants. L’humidité relative varie de 76 à 84% en fonction des saisons.

Végétation
Une partie des sommets des collines est rocheuse et dépourvue de végétation. On
note cependant une forêt semi-décidue entre 800 m et 1,000 m d’altitude et une
végétation arbustive et saxicole au-delà de 1,000 m. On assiste à une réduction du
nombre d’espèces et de leur taille en fonction de l’altitude. Les épiphytes abondent
en altitude, donnant l’impression que toutes les plantes sont habillées de
Bryophytes.

Malgré leur discontinuité, les collines présentent une flore homogène tant du point
de vue physionomique que de la composition floristique. En 1985, Achoundong a
identifié 200 différentes espèces ligneuses sur ces collines parmi lesquels les
Clusiaceae (Guttiferae) occupent une place importante. Un inventaire effectué sur le
Mbam Minkom ou 1989 par Essam a donné une densité de 300 à 400 arbres à
l’hectare selon les versants pour le Gacinia lucida et 300 à 500 pour le Garcinia
polyantha. On y rencontre aussi le Garcinia mannii.. Les espèces rencontrées sont :
Allanblackia gabonensis, Cola verticillata, Santiria trimera, Syzygium staudtii, Ixora
talbotii, Linoceria aureaphylla et Tabernarmontana crassa

Faune
La pression anthropique et la très faible étendue de ces forêts ont fait que la faune y
est très pauvre. Sur le seul Mbam, Minkom Essam (1989) a relevé la présence de
rat de Gambie. (Cricetomys gambianus) pangolin géant (Manis gigantea) athérure
(Atherurus africana) et anamalure (Anamalurus sp) Les autres mammifères ont
disparu depuis longtemps de la zone.

Quant à l’avifaune, Fotso (1994) a observé un certain nombre d’espèces


« paramontagnardes » dont l’habitat se trouve perturbé par les défrichements des
forêts qui entourent les collines de Yaoundé. Il a plaidé le maintien de l’habitat des
picathartes dont les colonies se font de plus en plus rares autour de Yaoundé.

Peuplement humain
La population rurale autour des collines de Yaoundé est composée d’Ewondo et
d’Eton. Autour du seul Mbam Minkom, la population estimée en 1997 est de 7,400
personnes dans les villages de Nkoldjobe, Nkolakié, Nkolfef, Nkolodou, sur une
superficie de 57 km² soit une densité de 131 ha/km². Ceci veut dire que la pression
anthropique est très forte sur les ressources naturelles de la zone rurale. A cette
pression rurale, s‘ajoute celle de la ville de Yaoundé avec en 1997 plus d’un million
d’habitants. Les autres villes environnantes que sont Mbankomo, Okola et
Ngoulmekon sont de taille très réduite pour influencer l’état du site.

Infrastructure
La zone est parcourue par un réseau de bonnes routes bitumées. La route Yaoundé
- Douala passe près des collines Elounden et Kalé ; la route d’Okola côtoie Mbam
Minkom tandis que la route d’Obala longe Nkolondom. Tous les villages le long de
ces routes sont pourvues en infrastructure de base pour l’éducation, la santé ainsi
que d’électrification et adduction d’eau. Cependant, l’accès au sommet se fait par
des pistes piétonnes à l’exception du Mont Mbankolo situé en ville à accès facile
parce qu’abritant une station de télécommunications.
Activités humaines
Les populations rurales vivent essentiellement de la cacaoculture, de l’agriculture
vivrière, du maraîchage, des cultures fruitières ; de l’exploitation du palmier pour
l’huile et le vin, de la chasse, et l’exploitation d’autres produits forestiers. Pour ce
dernier cas le Garcinia lucida rencontré en altitude sur les collines est récolté et
utilisé en médecine traditionnelle avec utilisation des graines, feuilles écorces et
racines. L’écorce est surtout prélevée pour fermenter le vin de raphia et de palme.
En périphérie de la ville de Yaoundé, beaucoup de gens s’adonnent à l’exploitation
des arbres de ces collines comme bois-énergie.

Statut légal et gestion


La plupart de ces collines font partie du domaine national, c‘est-à-dire ne bénéficie
d’aucune protection juridique. Celles des collines situées à la périphérie de Yaoundé
sont occupées par des petites exploitations agricoles et des habitations rustiques.
Leur récupération future est compromise par leur mise en valeur. En cas de
classement d’un ou plusieurs de ces sommets comme forêt de protection, c’est la
Direction de la Faune et des Aires protégées qui se chargerait de sa gestion. SI le
classement y inclus une zone de forêt communautaire, c’est la Direction des Forêts
qui superviserait sa gestion.

Etat de conservation et valeur du site


Les forêts qu’on rencontre sur les collines autour de Yaoundé constituent
actuellement les seules tâche de forêt primaire dans la plus grande partie de la
Province du Sud. Leur situation au sommet des escarpements rocheux et l’absence
de bon sols agricoles ont permis leur maintien et une certaine conservation pour la
plupart des sommets.

Ces forêts offrent un habitat particulier pour la flore et l’avifaune. Achoundong


(1996), Amiet (1987) et Fotso (1994) ont identifié la présence de la flore,
d’Amphibiens et d’avifaune planétaire. Il s’agit d’espèces qu’on rencontre
habituellement dans l’étage submontagnard (1,500 – 1,800m) mais qui se trouvent
ici à partir de 900 à 1,000 m d’altitude. A 1,000 mètres, sur des massifs plus élevés,
l’altitude n’a pas encore sélectionné les espèces strictement montagnardes, comme
observé ici autour de Yaoundé. Il s’agit donc d’un écosystème à la fois rare et fragile
qu’il faut protéger pour mieux l’étudier. On a aussi vu que du point de vue
économique, ces collines renferment une population importante de Garcinia lucida
intensément exploitée à des fins médicinales mais qui se régénère facilement
(Essam 1989).
Problèmes identifiés
Il y a dix ans, les monts Mbankolo et Elounden étaient couverts par une forêt dense
semi-décidue. Actuellement la végétation forestière a presque disparu de Mbankolo
et est en train de disparaître d’Elounden. La position relative à plusieurs dizaines de
kilomètres de Yaoundé, des collines de Ngoakélé, Kala ou Mban Minkom leur
confère une certaine protection. C’est dire que le développement urbain menace ces
écosystèmes.

Actions prioritaires pour la conservation et l’utilisation durable des


ressources
Au cours des dix dernières années, quelques travaux scientifiques ont permis de
mieux connaître la flore et l’avifaune des forêts de certaines collines autour de
Yaoundé. Ces travaux quoique partiels permettent de proposer des actions en vue
de la protection de certains sommets. Si Mbankolo et Elounden dont considérés
comme dégradés, les autres sommets gardent toute leur potentialité biotique. Par
ordre de priorité, on devrait faire un inventaire floristique de Mbam Minkom en vue
de délimiter avec les populations riveraines la zone à classer comme forêt de
protection. On pourrait exceptionnellement accorder des droits d’usage à ces
populations concernant les plantes médicinales.

L’expérience de Mbam Minkom devrait s’étendre sur d’autres collines. Malgré leur
dégradation, le potentiel touristique de certaines collines reste élevé et le Ministre du
Tourisme pourrait étudier la valorisation de certains sommets, avec un accent sur
l’écotourisme.
Bibliographie
Achoundong G. 1996. Les forêts sommitales du Cameroun : Végétation et flores
des collines de Yaoundé BFF 247 : 37-52
Amiet J.L. 1975. Ecologie et distribution des Amphibiens Anoues de la région de
Nkongsamba. Ann. Fac. Sc. Yaoundé 20 : 33-107
Essam S. 1989. Les formations submontagnardes à Garcinia de la région de
Yaoundé. Mémoire ENSA/CUDS Dschang.
Fotso R.C. 1994. Dynamique des peuplements d’oiseaux dans les series
écologiques de la région de Yaoundé (Sud Cameroun). Thèse
Univ. Cath. Louvain.
Kuété M. 1977. Etude géomorphologique du massif de Yaoundé. Thèse 3e cycle
Univ. Bordeaux.
Letouzey R. 1985. Notice de la carte phytogéographique du Cameroun au
1/500.000. ICIV Toulouse.
Van Ranst E. 1987. Introduction à la pédologie des régions tropicales. Notes
polycopiées ENSA Dschang.

Auteurs : G. Achoundong et Z. Tchanou 1998


Carte Yaoundé
LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Liste des mammifères de la Réserve de Biosphère du Dja

NOMS SCIENTIFIQUES NOMS COMMUNS


Potamocherus porcus potamochère
Hylocherus Meinertzhageni hylochère
Hyemoschus aquaticus chevrotain aquatique
Cephalophus monticola Cephalophe bleu
Cephalophus dorsalis Cephalophe à bande dorsale
noire
Cephalophus ogilby Cephalophe d'Ogilby
Cephalophus callipygus Cephalophe de peters
Cephalophus leucogaster Cephalophe à ventre blanc
Cephalophus nigrifrons Cephalophe à front noir
Cephalophus silvicultor Cephalophe à dos jaune
Neotragus pygmaeus Antilope royale
Neotragus batesi Antilope de bates
Tragelaphus spekei Sitatunga
Syncerus cafiernanus Buffle nain
Dendrohyerax arboreus Daman des arbres
Loxodonta africana cyclotis Elephant de forêt
Orycteropus afer Orycterope
Manis tetradactyla Pangolin à longue queue
Manis gigantea Pangolin géant
Manis tricuspis Pangolin à écailles
tricuspides
Funisciurus lemniscatus Ecureuil à qatre raies
Funisciurus pyrrhopus Finisciure à pieds rouges
Funisciurus anaerythrus mystax
Funisciurus isabella Finisciure rayé
Paraxerus poensis Ecureuil de fernando po
Protoxerus stangeri Ecureuil géant de stranger
Heliosciurus rufobrachium Ecureuil à pieds rouges
Deomys ferrugineus
Hylomyscus fumosus
Hybomys univitanus
Thamnomys rutilans
Oenemys hypoxanthus
Stochomys longicaudatus
Lemniscomys stiautus
Malcomys longipes
Laggada setulosus
Lophuromys nudicaudatus
Rattus rattus
Paomys sp
Hylomyscus sp
Leggada sp
Anomalurus derbianus Ecureuil volant de Derby
Anomalurus beecrofti Ecureuil volant de Beecroft
Atherurus africanus Athérure africain
Cricetomys emini Rat géant d'Emin
Thryonomys swinderianus Aulacode commun
Crocidura
Crocidura attila
Crocidura crenata
Crocidura denti
Crocidura dolichura
Crocidura goliath
Crocidura grassei
Crocidura mutesea
Crocidura poensis
Paracrocidura shoutedeni
Sylviosorex johnstoni
Potamogale velox Potamogale
Epomops franqueri
Myonycteris torquata
Roussetus aegytiacus
Megaloglossus woernanni
Pipistrellus nanus
Mimetillus moloneyi
Rhinolophu sp
Kerivoula sp
Lutra maculicolis Loutre à cou tâcheté
Aonyx congica Loutre à joue blanches du
Congo
Geneta rubiginosa Genette pardine
Genetta servalina Genette servaline
Viverra civetta Civette d'Afrique
Nandinia binotata Nandinie
Poiana richardsoni Poiane
Atilax paludinosus Mangouste des marais
Badeogale nigripes Mangouste à pattes noires
Herpestes naso Mangouste à long museau
Crossarchus obscurus Mangouste brune
Panthera pardus Panthère ou léopard
Profelis aurata Chat doré
Galago alleni Galago d'Allen
Galago demidovii Galago de Demodoff
Perodicticus potto Potto de Bosman
Cercocebus galeritus Cercocèbe agile
Cercocebus albigena Cercocèbe à joues gris
I- Cercopithecus pogonias Cercopithèque pogonias
Cercopithecus neglectus Cercopithèque de Brazza
Cercopithecus nictitans Hocheur
Cercopithecus cephus Talopoin
Colobus guereza Colobe guereza
Gorilla gorilla Gorille
Pan troglodytes Chimpanzé
Annexe 2 : Liste des mammifères de Lobéké

Nom français Non scientifique Baka Statut Statut T.b.H.


Inter. local
Rodentia
Grand ecureuil Frotoxerus stangeri Mbauko NE 3
Funisciure raye Funisciurus lemniscatus ? NE 2
Rat geant d’Emin Cricetomys emini Ngbe NE 1
Atherure africain Atherurus africanus Mboke NE 3 xx

Pholidota
Pangolin à longue queue Uromanis tetradactyla Kololo? IK 2 xxx
Pangolin à écailles Phatoginus tricuspis Kolobo? NE 3 xx
Pangolin géant Smutsia gigantea Kelepa Ra 1 xx

Tubulidentata
Crycterope Orycteropus afer Bienya Un 1 x

Hyracoidea
Daman d’arbre Dendrohyrax dorsalis Yoka NE 3 x

Proboscidea
Eléphant de forêt Loxodonta african cyclotis Lya En(C1) 3 xxx

Artiodactyla
Potamochère Potamochoerus porcus Pame Un 2 xx
Hylochère Hylochoerus Bea Ra 1 xx
meinertzhageni
Chevrotain aquatique Hyemoschus aquaticus Geke Un 2 x
Cephalophe bleu Cephalophus monticola Ndengue NE 3 x
Cephalophe bai Cephalophus dorsalis Mbom NE 2 xxx
Cephalophe de Peters Cephalophus callipygus Ngendi NE 3 xxx
Cephalophe à ventre Cephalophus leucogater Mbombolimb NE 2 xxx
blanc o
Cephalophe à front noir Cephalophus nigrifons Monjombe NE 2 xxx
Cephalophe à dos jaune Cephalophus sylvicultor Mbeba NE 1 xx
Antilope de Bates Neotragus batesi Samba NE 2 xx
Sitatunga Tragelaphus spekei Mbouli NE 2 xx
Bongo Tragelaphus euryceros Mbongo Un 2 xx
Buffles Syncerus caffer nanus Mboko NE 3 x

Carnivora
Ratel Mellivora copensis Mbokoto NE 2 x
Genette servaline Genetta servalina ? NE 2 x
Civette d’Afrique Civettictis civeta Liabo NE 2 xx
Nandinie Nandinia binotata Mboka NE 3 xx
Mangouste rouge Herpestes sanguinea ? NE 2 x
Mangouste à long museau Herpestes naso ? Ra 1 x
Mangouste des marais Atilax paludinosus Nganda NE 3 x
Panthère Panthera pardus Sun En(C1) 2 xxx
Chat doré Profelis aurata Ndoukou Ra 2 xx

Primates
Galago mignon Galago elegantulus Founge NE ?
Galago d’ALlen Galago allen Po’lo NE ?
Galago de Demidoff Galago demidovii ? NE ?
Galago de Thomas Galago thomas ? NE ?
Potto de Bosman Perodicticus potto Katu NE 3
Mangabe à joues grises Lophecebus albigena Ngada NE 3 xx
Cercocebe agile Cercocebus galeritus Mokoum Un 2 x
Moustac Cercopithecus cephus Mongenjo NE 3 x
Cercopithèque nez blanc Cercophithecus nistitans Koi NE 1 xxx
Cercopithèque pogonias Cercopithecus pogantas Poinga NE 1 x
Cercopithèque de Brazza Cercopithecus neglectus Mambe NE 1 x
Colobe blanc et noir Colobus guezera Kaalou NE 2 X
Gorille Gorilla gorilla gorilla Bobo RDB(V) 2 xx
CHIMPANZE Pan troglodytes Seko RDB (V) 1 x

Chiroptera
Straw-coloured fruit Bat Eidolon helvum ? NE 3

Statut Inter : Statut International


NE : pas menacée
Un : peu commune
Ra : Rare
IK : Insuffisamment connue
RDB(V) : UICN Red Data Book
(vunérable)
En(C1) : Menacées CITES (Appendix1)
En(C2) : Menacées CITES (Appendix 2)
1 : rare
2 : moyen
3 : commun

T.b.H. : menacé par la chasse


Annexe 3 : Liste provisoire des espèces nouvelles récoltées dans la région du
Mont Cameroun depuis 1992 (Source: Cheek et al, 1994).

Familles Espèces
Anacardiaceae Trichoscypha sp. nov.
Ancistrocladaceae Ancistrocladus sp. nov.
Anisophylleaceae Anisophyllea sp. nov.
Annonaceae Isolona sp. nov.1
Annonaceae Monanthotaxis sp. nov.
Annonaceae Piptostigma sp. nov. 1&2
Annonaceae Uvaria sp. nov.
Araceae Culcasia sp. nov.1
Araceae Culcasia sp. nov.2
Araceae Culcasia sp. nov.3
Araceae Culcasia sp. nov.4
Araceae Nephthytis sp. nov.
Balsaminaceae Impatiens sp. nov.1
Balsaminaceae Impatiens sp. nov.2
Burmanniaceae cf. Oxygene sp. nov.
Celastraceae Salacia sp. nov.1
Celastraceae Salacia sp. nov.2
Euphorbiaceae Drypetes sp. nov.1&2
Flacourtiaceae Dovialys sp.nov.
Icacinaceae Pyrenacantha sp. nov.
Melastomataceae Warneckea sp. nov.
Moraceae Ficus sp. nov.
Moraceae Dorstenia poinsettifolia Eng.var. nov.
Moraceae Dorstenia sp. nov.
Myrsinaceae Embelia sp. nov.1
Myrsinaceae Embelia sp. nov.2
Orchidaceae Angraecopsis sp. nov.
Orchidaceae Cribbia sp. nov.
Rubiaceae Coffea sp. nov.
Rubiaceae Psychotria sp. nov.1&2
Rubiaceae Psychotria sp. nov.3&4
Rubiaceae Rutidea sp. nov.
Rubiaceae Sacosperma sp. nov.
Sapindaceae Pancovia sp. nov.
Sapindaceae Placodiscus sp. nov.
Scytopetalaceae Rhaptopetalum sp. nov.1&2
Sterculiaceae Cola sp. nov.
Sterculiaceae Leptonychia sp. nov. 1&2
Verbenaceae Vitex sp. nov.
Vitaceae Cissus sp. nov.
Xylariaceae Xylaria sp. nov.
Zingiberaceae Aframomum sp. nov.
Annexe 4 : Liste des plantes à fleurs et des fougères strictement endémiques à la
région du Mont Cameroun

Familles Espèces
Acanthaceae* Isoglossa nervosa C.B.Cl.
Anthericaceae* Chlorophytum deistelianum Engl. & K. Krause
Araceae Amorphophallus preussii Engl.
Asclepiadaceae Neoschumannia kamerunensis
Balsaminaceae Impatiens grandisepala Grey-Wilson
Impatiens sp. nov. 1
Impatiens sp. nov. 2
Begoniaceae* Begonia hookeriana Gilg ex Engl.
Begonia jussiaecarpa Warb.
Boraginaceae* Myosotis sp. nr vestergrenii Stroh
Burmanniaceae Thismieae sp. nov.
Campanulaceae* Lightfootia ramosissima (Hemsley) E. Wimm. ex Hepper
Caryophyllaceae* Silene biafrae Hook. f.
Compositae* Coreopsis monticola (Hook. f.) Oliv. & Hiern. var. monticola
Crepis cameroonica Babc. ex Hutch. & Dalz.
Helichrysum biafranum Hook. f.
Mikaniopsis maitlandii C. D. Adams
Vernonia calvoana (Hook. f.) Hook. f. var. calvoana
Vernonia glabra (Steetz) Vatke var. hillii (Hutch. & Dalz.) C. D. Adams
Vernonia insignis (Hook. f.) Oliv. & Hiern.
Cypraceae* Bulbostylis densa (Wall.) Hand.-Mazz. var. cameroonensis C. E.
Hubbard
Flacourtiaceae* Camptostylus ovalis (Oliv.) Chipp.
Gramineae* Deschampsia mildbraedii Pilger
Hypseochloa cameroonensis C.E. Hubbard
Sporobolus montanus Engl.
Iridaceae* Hesperantha alpina (Hook. f.) Pax ex Engl.
Moraceae Dorstenia poinsettifolia var. nov.
Myrsinaceae* Afrardisia oligantha Gilg. & Schellenb.
Embelia sp. nr welwitschii (Hiern.) K. Shum.
Orchidaceae* Bulbophyllum modicum Summerh.
Diaphananthe bueae (Schltr.) Schltr.
Disperis Kamerunensis Schltr.
Genyorchis macrantha Summerh.
Habenaria obovata Summerh.
Liparis goodyeroides
Liparis Kamerunensis Schltr.
Polystachya albescens Rild. ssp. angustifolia (Summerh.) Summerh.
Polystachya crassifolia
Piperaceae* Peperomia vulcania Baker & Chipp.
Polygalaceae* Polygala tenuicaulis Hook. f.
Sterculiaceae* Cola sp. D
Verbenaceae* Clerodendrum eupatorioides Bak.
Zingiberacaee* Aframomum sp. A
Aspleniaceae (Fougére ) Asplenium adamsii Alston
Pteridaceae (Fougére) Pteris preussii Hieron
Pteris ekemii Benl
* : Espèces dont le status necessitent une investigation poussée
Sources: Letouzey (1985); Thomas, D. W. & Cheek, M. (1992); et Tchouto Peguy (1996)
Annexe 5 : Liste des plantes à fleurs et des fougères endémiques à la région du
Mont Cameroun qu’on trouve également sur les Monts Oku, Kupe, et Bioko
(Guinéé Equatoriale) et les régions de Korup et les Plateaux d’Obudu au Nigéria.

Familles
ESPECES
Acanthaceae Mimulopsis solmsii Schweinf.
Scherochiton preussii (Lindua) C.B.Cl.
Amaryllidaceae Scadoxus (Haemanthus) sp. A
Apocynaceae* Pleiocarpa bicarpellata Staff
Aristolochiaceae* Pararistolochia preussii (Engl.) Hutch. & Dalz.
Asclepiadaceae Batesanthus purpureus N. E. Br.
Begoniaceae* Begonia poculifera Hook. f.
Begonia scapigera Hook. f.
Boraginaceae* Cynoglossum amplifolium Hochst. ex A. DC. forma macrocarpum
Campanulaceae* Wahlenbergia mannii Vatke
Chrysobanalaceae Acioa mannii (Oliv.) Engl.
Compositae* Coreopsis monticola (Hook. f.) Oliv. & Hiern. var pilosa Hutch. & Dalz.
Crassocephalum mannii (Hook. f.) Milne-Redhead
Laggera alata (D. Don) Sch. Bip. ex Oliv. var montana C. D. Adams
Helichrysum mannii Hook. f.
H. cameroonense Hutch. & Dalz.
Vernonia myriantha Hook. f.
Dichapetalaceae* Dichapetalum subauriculatum (Oliv.) Engl.
Dipsacaceae Succisa trichotocephala Baksay
Gramineae* Helictotrichon mannii (Pilger) C. E. Hubbard
Panicum acrotrichum Hook. f.
Iridaceae* Wurbea tenuis (Hook. f.) Bak.
Labiatae* Achyrospermum schlechteri Gürke
Plectranthus dissitiflorus (Gürke) J. K. Morton
P. punctatus L'Hérit ssp. Punctatus
P. punctatus ssp. lanatus J. K. Morton
P. tenuicaulis (Hook. f.) J. K. Morton
Solenostemon decubens (Hook. f.) Bak.
Medusandraceae Medusandra richardsiana Brenan
Menispermaceae* Tiliacora lehmbachii Engl.
Orchidaceae* Aerangis gravenreuthii (Kraenzl). Schltr.
Ancistrorhyncus serratus Summerh.
Angraecopsis tridens (Lindl.) Schltr.
Bulbophyllum gravidum Lindl.
Habenaria microceras Hook. f.
Polystachya bicalcarata Kraenzl.
Polystachya superposita Rchb.
Papilionaceae Dalbergia oligophylla Bak. ex Hutch & Dalz.
Piperaceae* Peperomia hygrophila Engl.
Peperomia kamerunana C. CD.
Peperomia vaccinifolia C. CD.
Sapindaceae Allophylus bullatus Radlk.
Scrophulariaceae Celsia densifolia Hook. f.
Veronica mannii Hook. f.
Urticaceae Urera gravenreuthii Engl.
Fougéres
Davalliaceae Nephrolepis pumicicola Ballard
Dennstaedttiaceae Lonchitis gracilis Alston
Hymenophylaceae Hymenophyllum splendidum V. d. B.
Lomariopsidaceae Elaphoglossum cinnamomeum (Bak.)Diels
Lamariopsis mannii (Underw.) Alston
Oleandraceae Arthropteris cameroonensis Alston

* : Espèces dont le status nécessitent une investigation poussée


Sources: Letouzey (1985); Thomas, D. W. & Cheek, M. (1992); et Tchouto Peguy (1996)
Annexe 6 : La Faune du Lokoundjé-Nyong

Famille Nom scientifique Nom commun


Bovidae Syncerus caffer nanus Buffre
Cephalophidae Cephalophus dorsalis Céphalophe à bande dorsale
noire
Cephalophidae Cephalophus sylvicultor Céphalophe à dos jaune
Cephalophidae Cephalophus monticola Cephalophe bleu
Tragelaphinae Tragelaphus spekei Sitatunga
Cercopithecidae Cercocebus Cercocèbes à béret rouge
Cercopithecidae Cercopithecus neglectus Cercopithèque de Brazza
Cercopithecidae Mandrillus sphinx Mandrill
Cercopithecidae Cercopithecus mona Mone à pied noir
Cercopithecidae Cercopithecus cephus Moustac à queue rousse
Cercopithecidae Miopithecus talapoin Talapoin
Colabidae Colobus polykomos Colob noir
Hystricidae Atherurus africanus Athérure
Manidae Manis sp Pangolin
Pongidae Pan troglodytes Chimpanzé
Procavidae Dendrohyrax arboreus Daman des arbres
Suidae Potamochoerus porcus Potamochère
Tryonomydae Thryonomys swinderianus Aulacode commun
Viverridae Viverra civetta Civette
Viverridae Genetta servalina Gennette
Viverridae Nandinia binotata Nandinie
Erocodidae Crocodilus cataphactus Crocodile
Boidae Phython sebac Python
Varanidae Varanus sp Varan
Viperidae Atheris squamigera Vipère.
Annexe : liste des mammifères des réserves de campo/ma’an

1. Potamogalidae
Potamogale velox

2. Soricidae
Crocidura batesi, crocidura dolichura, crocidura grassei, crocidura odorata,
sylvisorex ollulala.

3. Pteropidae
Eponophorus gambianus, epomops franqueti, hypsignatus monstruosus,
lissonycteris angolensis, megaloglossus woermanni, myonycteris torquata,
nanoncyteris veldkampi, rousettus aegyptiacus, scotonycteris aegyptiacus,
scotonycteris zenkeri.
4. Emballonuridae
Thapozus peli

5. Nycteridae
Nycteris arge, nycteris grandis, nycteris hispida, nyxteris intermedia ; nycteris
thelaïca.

6. Rhpposideridae
Rhinolophus alcyone

7. Hipposideridae
Hipposideros caffer, hipposideros commersoni, hipposideros curtus, hipposideros
cyclops.

Afropteris repens , arthropteris aff, asplenium currori hk, bolbitis auriculata, ctenitis
pilosissima, ctenitis protensa, bleichenia linearis, lomariopsis guineensis,
lomariopsis hederacea alston, lygodium smithianum, nephrolepis biserrata,
pityrogramma calomelenos, pteridium aquilinum, linn, selaginella myosurus,
selaginella vogelli spring, trichomanes aff.

8. Vespertilionidae
Eptessicus tenuipinnis, glauconycteris argentea, miniopterus shreibersi, myotis
bocagei, pipistrellus nanus.

9. Molissidae
Tadarida leonensis, tadarida thersites

10. Manidae
Manis gigantea, manis tetradactyla, manis tricuspis.
11. Sciuridae
Aethosciurus poensis, epixerus ebü, epixerus wilsoni, funiscurus isabella,
funisciurus lemniscatus, funisciurus pyrrhhopus, heliosciurus rubrobrachium,
mysciurus pumilio, prototoxerus stangeri.

12. Anomaluridae
Anomalusrus beecrofti, anomalurus derbianus, anomalurus erythronotus,
anomalurus pusillus, idiurus zenkeri, zenkeri, zenkerella insignis.

13. Muridae
Dendromus mystacalis, deomy ferrugineus, hybomys univittatus, hylomyscus alleni,
leggada setulosa, lophuromys nudicaudatus, mus setulosus, oenomys
hypoxanthus, rattus norvegicus, rattus novegicus, rattus rattus, steatomys opimus,
steatomys longicaudatus, thamnmys rutilans.

14. Cricetidae
Cricetomys emini.

15. Gliridae
Graphiurus hueti.

16. Thryonomidae
Thryonomys swinderianus

17. Hystricidae
Atherurus africanus.

18. Mustelidae
Anonyx capensis or congica ; lutra maculicollis, mellivora capensis.

19. Viverridae
Atilax paludinosus, bdeogale nigripes, crossarchus obscurus, herpestres naso,
genetta servalina, nandinia binotata, poiana richardsoni, viverra civetta.

20. Felidae
Felis aurata, panthera pardus.

21. Trichechidae
Trichechus senegalensis.

22. Orycteropidae
Loxodonta africana.
23. Procaviidea
Dendrohyrax arboreus
Hippopotamidae
Hippopotamus amphibius

24. Suidae
Potamochoerus porcus, hylochoercus meinertzhageni.

25. Tragulidae
Hyemoschus aquaticus.

26. Tragelaphinae
Tragelaphus scriptus, tragelaphus spekei.

27. Cephalophinae
Cephalophus callipygus, cephalophus dorsalis, cephalophus leucogaster,
cephalophus monticola, cephalophus nigrifrons, cephalophus sylvicultor.

28. Neotraginae
Neotragus batesi, neotragus pygmaeus .

29. Bovina
Syncerus caffer

30. Loridae
Arctocebus calabarensis, perodicticus potto,

31. Galagidae
Euoticus elegantulus, galago alleni, galagoides demidovi.

32. Cercopithecidae
Cercocebus albigena, cercocebus galeritus, cercocebus torquatus, cercopithicus
cephus, cercopithicus mona, cercopithicus neglectus, cercopithicus nictitans,
cercopithicus pogonias, myopithecus talapion, papio sphynx.

33. Colobidae
34. Colobus guereza, colobus satanus.Pongidae
Pan troglodytes, gorilla gorilla.

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