Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
Annales de dermatologie et
de syphiligraphie
Société française de dermatologie et de syphiligraphie
BOSTON
MEDICAL LIBRARY ,
19 BOYLSTON PLACE .
来
.
!
i
ANNALES
DE
DERMATOLOGIE ET DE SYPHILIGRAPHIE
ANNALES
DE
DERMATOLOGIE ET DE SYPHILIGRAPHIE
FONDÉES PARA.DOYON
DEUXIÈME SÉRIE
PUBLIÉE PAR
MM .
ERNEST BESNIER
A. FOURNIER
Médecin de l'hôpital Saint -Louis, Professeur à la Faculté de médecine,
Membre de l'Académie de médecine .
Médecin de l'hôpital Saint - Louis .
A. DOYON P. HORTELOUP
Médecin inspecteur des eaux d'Uriage,
Chirurgie l'hôpital
Correspondant de l'Académie de médecine . Secrétair e général de la Sociétédu deMidi
n de ,
chirurgie .
Secrétaire de la rédaction :
Dr P. MERKLEN
PARIS
G. MASSON, ÉDITEUR
LIBRAIRE DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
120, BOULEVARD SAINT - GERMAIN , EN FACE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE,
MDCCCLXXXV
ST
MEDIC
PO
N
AL
JUN14 1897
LIBRARY
1680
CATALOGUES
JUN 14 1897
E. H. B.
5 ANNALES
4 20
DR
GON MED
DERMATOLOGIE DIMULUSTFYLLIGRAPHIE
FONDÉES- R DOYON
BRARY
DEUXIEME SERIE
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES .
1.
p . 377 , 1883 .
ANNALES DE DERMAT. , 2e SÈRIE , VI. 1
2 ERNEST BESNIER .
sur ce point aucun dissentiment ; l'âge de la lésion était bien plus indi
cateur d'une syphilide que d'un lupus, le traitement ioduré était indiqué
nettement. C'était nn de ces cas, très peu rares, dans lesquels la porte
d'entrée de la syphilis échappe absolument et dans lesquels on se résigne
(un peu trop facilement aujourd'hui) à faire intervenir la syphilis dite
« héréditaire tardive » .
Mais en réalité, je le répète, tout cela est exceptionnel en présence
des cas si nombreux de lupus manifestes au premier coup d'ail ; et sur
l'unité nosographique du lupus, sur son diagnostic objectif, l'accord est
fait , ou bien près de l'être . Ce qu'il faut dire, seulement, c'est que l'on
doit, aujourd'hui plus encore que par le passé, apporter une grande
sévérité dans le diagnostic des cas de lupus que l'on met en æuvre dans
un but de recherches nouvelles sur la nature de l'affection .
Quant aux dissertations générales qui ont été produites sur l'incertitude
de l'histologie ou les illusions de l'expérimentation , leur valeur est nulle et
le temps de ce procédé d'argumentation est passé ; c'est aux observations
et aux faits qu'il faut , à présent, en venir; ce sont ces faits et ces obser
vations que nous réclamons et que nous examinerons en toute indépen
dance quand ils seront produits .
que la virulence réside dans le pus profond , intra - ganglionnaire, tandis que
le pus superficiel, périganglionnaire en est destitué .
il pouvait déjà paraitre étonnant que le chancre mou caractéristique s'ac
compagnát tantôt d'une variété de bubon , tantôt d'une autre ; mais il est
bien plus surprenant encore de voir, dans un même bubon, le pus, inoffensif
le premier jour, devenir virulent les jours suivants.
Pour ce qui est de la virulence au moment de l'ouverture du bubon , nous
ne l'avons pas plus rencontrée dans le pus profond que dans le pus super
ficiel. Nous avons, dans quelques cas, puisé au moyen d'un tube de verre
effilé le liquide issu du ganglion lui-même incisé ; ce liquide inoculé demeu
rait stérile .
Toutes les inoculations faites par nos devanciers au moment de l'ouver
ture auraient donc été stériles comme celles que nous avons pratiquées
combien c'est là une expérience dont on doit être peu prodigue, car on
signale, àà la suite d'inoculation expérimentale, des cas de phagédénisme et
même de mort .
Enfin, un fait important à noter dans l'histoire des bubons virulents, c'est
que , de tous les chancres, ceux du frein sont le plus fréquemment suivis
d'adénite chancreuse. Les chancres du frein ont une marche fatale , ils de
chirent le frein soit de haut en bas, soit transversalement en laissant un pont
que l'on est souvent obligé de sectionner. Celle destruction porte sur une
région très riche en lymphatique, dont l'ouverture permettrait facilement
l'entrée du pus.
Ainsi , on admettait que le chancre simple pouvait s'accompagner de deux
sortes d'adénites, l'une intlammatoire, l'autre chancreuse ; que celle dernière
avait, le plus ordinairement, une marrhe et un aspect particuliers permettant
de la faire soupçonner , et que certains chancres paraissaient plus particu
lièrement prédisposés par leur siège anatomique.
Mais dans l'histoire du bubon chancreux, il y a un point très obscur qui
n'a pas encore reçu une explication bien précise : lorsqu'on pratique, au
moment de son ouverture, l'inoculation du pus d'un bouton qui deviendra
chancreux, il est très exceptionnel que l'on obtienne la pustule : autrement
dit, il est exceptionnel que le résultat soit positiſ. Ainsi, sur 338 bubons
chancreux inoculés le jour de l'ouverture, M. Ricord n'a obtenu que 63 re
sultats positifs ( Traité de l'inoculation , 1836 ); mais vingt-quatre el surtout
quarante -huit heures après l'incision ou après l'ouverture spontanée, l'inocu
lation donne un résultat positif.
SUR LA VIRULENCE DU BUBON CHANCREUX . 13
de gauche à la cuisse gauche par une seule piqûre ; les bords de l'ouver
ture paraissent ulcérés ; à droite et à gauche il y a beaucoup de pus. Le 20 ,
les piqûres d'inoculation ont produit les pustules caractéristiques sur les deux
cuisses.
Page 374 : « Aujourd'hui il ne reste plus de chancres, on ouvre les deux
bubons, le pus est sanieux et peu lié. Le 23, on inocule le pus du bubon droit
à la cuisse gauche. Le 28 , la vésicule est formée. »
Page 376 : « Les chancres sont guéris ( 13 septembre). Le 30 , le bubon
est ouvert; on inocule le pus à la cuisse droite . Le 1er octobre, la piqûre a
réussi.
Page 381; « Aujourd'hui le chancre est cicatrise ; on ouvre les deux bubons
et l'on inocule le pus du bubon droit à la cuisse droite et celui du bubon
gauche à la cuisse gauche . Le 20, aucune des inoculations n'a pris. On pra
tique une nouvelle inoculation . Le 23, Tinoculation du pus du bubon droit n'a
rien produit ; celle du bubon gauche a donné la pustule caractéristique.
Je rappellerai aussi une observation que j'ai publiée en 1880 dans les An
nales de dermatologie et de syphiligraphie. Il s'agissait d'un homme qui a
eu deux adenites suppurées bien nettement virulentes, puisque l'inoculation
à donné un résultat positif, dont le point de départ a dù ètre rapporté à un
chancre complètement guéri depuis trois mois.
Comment expliquer, dans ces huit cas, la virulence des bubons ? Il faudrait
admettre que la contamination a été produite par du pus chancreux emprunté
à un autre malade et transporté à l'état liquide, soit par la main, soit par une
piece de pansement, et cela , le jour même de l'ouverture, puisque vingt
quatre ou quarante -huit heures après l'incision , la virulence existait. Or, le
chancre simple demande au moins quarante- huit heures d'incubation .
Je ferai remarquer, en outre, que si c'est ainsi que se forme le bubon
chancreux, il est peu aisé de comprendre pourquoi le nombre des adénites
chancreuses n'est pas plus considérable et comment une plaie quelconque ne
devient pas chancreuse dans nos services des vénériens.
Peu de jours après la communication de notre contrère , j'ai pu recueillir
l'observation suivante qui me parait infirmer la théorie si séduisante de
M. Straus .
L ... ( Ernest), ågé de vingt-huit ans, entre dans mon service à l'hôpital
du Midi, le 29 novembre 1884, pour un bubon consécutif à un chancre du
frein .
Le chancre doit remonter environ à quinze jours. Le maladu, à cette épo
que, remarqua sur la partie latérale droite du frein une petite bulle qui a
creve ei qui a donné naissance à une ulceration. Trois jours après avoir
observé cette ulceration, il se produisit un pbimosis.
Le 18 novembre, il ressentit une vive douleur et le lendemain il constata
une tumefaction dans l'aine droite .
A son entrée , nous constatons un phimosis incomplet , ne permettant
1
Parmi les nombreux traitements qui ont été préconisés et mis en usage
pour combattre l'orchi-épididymite blennorrhagique, il en est peu qui soient
réellement efficaces et d'une application facile ; il y en a même qui sont nui
sibles ou dangereux et cruels . La meilleure méthode, en cas d'affection aiguë ,
serait celle des applications locales de glace, conseillée par M. Diday(de
Lyon) ; d'après cet auteur, on obtiendrait ainsi, dans la plupart des cas , la
diminution de la douleur au bout de quinze minutes et la guérison du malen
2 ou 3 jours. Pour les cas d'engorgement chronique du testicule, M. Langle
bert a conseillé le pansement ouato -caoutchouté, moyen très recommandable
par sa simplicité et avec lequel notre procédé présente de grands points de
ressemblance comme action curative et comme mode d'application . On réa
lise ainsi trois effets curatifs, l'immobilisation, la compression et la sudation ,
qui, d'après M. Langlebert, suffiraient dans beaucoup de cas pour amener à
la longue la résorption complète de ces engorgements . Nous avons appliqué
au traitement de l'état aigu de l'affection le principe de cette méthode, ren
forcé par celui de l'action résolutive de l'emplâtre mercuriel.
Notre traitement consiste dans l'application exacte d'un emplâtre de Vigo
sur toute la surface du testicule malade , qu'on recouvre ensuite d'une couche
d'ouate et qu'on enferme dans un suspensoir de dimensions voulues pour
exercer une compression supportable. On a soin d'appliquer la ceinture du
suspensoir assez haut pour relever plus ou moins le testicule et empêcher
ainsi toute traction ou tiraillemeut du cordon . L'efficacité de ce traitement
est démontrée par les cas qui suivent :
1° V. L... , 40 ans, Uréthrite chronique. Orchi-épididymite datant de 12 jours.
Le malade est alité , ne peut marcher et souffre beaucoup le long du cordon .
Le testicule est douloureux et compacte . Nous prescrivons l'application de
l'emplâtre de Vigo avec suspensoir ouate .
Le lendemain , suppression de la douleur. Trois jours plus tard , la pression
du testicule n'est plus douloureuse et la malade peut sortir .
2° F. D... , 42 ans, Uréthrite chronique. Poussée aiguë depuis six semaines.
Orchi-epididymite gauche datant de trois jours.
Même traitement.
Deux jours après, le malade marche et peut reprendre sa besogne de ga
zier. Le testicule est dégonflé et à peine douloureux à la pression, mais il roste
compacte et dur.
ORCHITE BLENNORRHAGIQUE . 21
1.- TRAITEMENT DU LUPUS , par Pick . (Wiener med . Presse, n° 49, 1884.)
II . CONTRIBUTION AU TRAITEMENT DU LUPUS, par S. Kohn. ( Viertel
jahresschrift für Dermatologie und Syphilis, nºs 1 et 2, 1884. )
1. Dans les séances du 21 et du 28 novembre dernier de l'Associa
tion des medecins allemands de Prague, le professeur Pick a résumé
les travaux les plus récents sur l'étiologie du lupus et a insisté spéciale
ment sur les rapports de cette affection avec la scrofulose et la tubercu
lose. Puis il á conímuniqué les résultats de ses recherches sur les
bacilles du lupus et leurs conditions morphologiques, et examiné ensuite
leur identité avec les bacilles de la tuberculose ; en se basant sur les
inoeulations de bacilles des lupus, lesquelles ont déterminé des tubercu
loses localisées de la peau , il est disposé à considérer le lupus comme
une forme de tuberculose cutanée. Selon Pick , ces résultats confir
meraient l'opinion qui avait déjà cours antérieurement que le lupus est
une maladie infectieuse . Passant ensuite à la thérapie du lupus il se de
mande quelle est dorénavant la marche à suivre. Il indique à ce propos
les tendances de la thérapie actuelle des maladies infectieuses. Si jusqu'à
ce jour on n'est pas parvenu à détruire le germe infectieux, on est arrivé
par contre à rendre le tissu plus susceptible de résistance au virus,
c'est- à - dire à le rendre impropre à la végétation des micro-organismes.
Pour obtenir la guérison du lupus et pour empêcher les récidives, on a
surtout cherché à réaliser un tissu conjonctif fibreux , pauvre en cellules,
contenant peu de vaisseaux sanguins. Il a expérimenté les diverses
méthodes de traitement du lupus, et après quelques considérations sur
l'emploi interne de l'arsenic et des autres médicaments prescrits à l'in
térieur, il s'occupe du traitement local par les caustiques ; la scarifi
cation et la galvanocaustique.
Il étudie les résultats de ces diverses inéthodes au point de vue de leur
action destructive et des cicatrices qui en résultent ; il termine sa com
munication en présentant un appareil galvanocaustique qui se distin
guerait des autres appareils connus jusqu'à présent, par sa simplicité et
sa construction parfaitement appropriée au but qu'il se propose; ainsi
que par la faible dépense qu'exige son emploi.
Cet appareil consiste et une élégante caisse de bois qui contient un
récipient en verre dans lequel la batterie composée d'une double rangée
OGIE
24 REVUE DE DERMATOL ,
que l'on peut utiliser non seulement pour le traitement des différentes
périodes du lupus, mais encore dans d'autres maladies de la peau (acné
vulgaire et comédons, acné rosée , lupus érythémateux, sycosis, verrues ,
condylomes acuminés et papillomes, épithéliomes ).
Voici selon le D' kohn les avantages du traitement mécano -caustique
avec l'aiguille à cautérisation (autrement dit aiguille à injecteur, Stachel
injector) .
a) En raison de la forme triangulaire de la pointe de l'aiguille et de la
cautérisation simultanée, les tubercules lupeux sont radicalement détruits.
(Unna cherche à obtenir ce même résultat en imprimant un mouvement
de rotation à l'aiguille à injection ).
b) La destruction a lieu très rapidement par la cautérisation simultanée.
c) L'introduction rapide de l'aiguille détermine une douleur insigni
fiante et cesse du reste aussitôt après l'opération ; la douleur provoquée
par le crayon dure souvent plusieurs heures par suite des mouvements de
rotation qu'on lui imprime.
d) Le traitement appliqué plusieurs fois par semaine, à la face , aux
paupières, sur les membres, etc. , n'est jamais accompagné de réaction .
e) La destruction des nombreuses nodosités au moyen du traitement
mécano -caustique ne laisse rien à désirer au point de vue de la commo
dité et de la simplicité .
0 Les cicatrices produites par l'aiguille à cautérisation sont à peine
visibles, délicates et plates.
L'auteur nous promet des observations de malades traités par cette
méthode ; nous tiendrons nos lecteurs au courant. A. Doyon .
prurigo, car ce n'est que peu à peu que l'on voit survenir et s'accentuer
les effets du grattage et leurs conséquences.
Au début, on confond souvent le prurigo avec l'urticaire.
Vers la fin de la première année et dans le cours de la deuxième on
trouvera toujours, à un exament attentif, disséminées entre les pomphi
typiques, d'autres élevures plus petites, de toutes dimensions jusqu'à
celles d'un grain de chènevis, et principalement sur le tronc et sur les
surfaces d'extension des membres.
A mesure que l'enfant avance en åge, ces petits pomphi augmentent de
nombre à chaque nouvelle poussée, tandis que relativement les gros
pomphi deviennent toujours plus rares et le plus souvent disparaissent
complètement dans les années suivantes ;; aussi chez les enfants de trois
à quatre ans on ne rencontre d'ordinaire que des papules de la grosseur
d'un grain de millet ou de chènevis ; c'est seulement dans les exacerba
tions violentes que l'on voit plus tard encore de l’urticaire.
Dès lors les papules ne surviennent plus disséminées, mais envahis
sent régulièrement les surfaces d'extension des membres, notamment
des jambes, – le tronc principalement, la région sacrée, parfois si le
prurigo est intense, la face et le cou, mais on ne les observe presque
jamais sur les surfaces de flexion des grandes articulations, des mains
et des pieds, au cuir chevelu et sur les organes génitaux . Elles repré
sentent alors les papules de prurigo proprement dites .
L'urticaire forme donc le premier symptôme et se transforme gra
duellement en prurigo typique.
Si on examine des éruptions récentes chez des enfante plus âgés (5 à
8 ans) atteints de prurigo et chez des adultes, on se convaincra souvent
que le plus grand nombre des papules reste analogue aux pomphi comme
forme et comme coloration, ainsi que par leur mode de développement.
Les efflorescences sont constituées par des papules aplaties , peu proé
minentes, de la grosseur d'une tête d'épingle ou d'un grain de chènevis,
de coloration rouge clair, rose ou blanc jaunâtre, et présentent parfois
l'aspect que l'on désigne pour les pomphi sous le nom de « porcelaine » ;
lorsqu'elles sont récentes leur consistance est dure comme celle des
pomphi.
La papule naît rapidement, donne lieu à un violent prurit au moment
de son apparition, et , si elle est dans un point facilement accessible ,l’en
?
fant la gratte .
Les efflorescences non grattées disparaissent au bout de peu d'heures en
laissant après elles une tache pigmentaire brun jaune, plus ou moins pro
noncée, sur laquelle on peut encore reconnaitre des traces d'hyperhémie.
Ces efflorescences n'ont de ressemblance clinique ni avec le lichen
pilaire ni avec les élevures de la peau ansérine.
28 REVUE DE DERMATOLOGIE .
Même chez les sujets plus âgés on trouve encore des pomphi typiques,
disséminés, de la grosseur d'une lentille, on peut voir aussi les papules
atteindre ce volume sous l'influence d'une friction douce ; Hebra avait déjà
signalé le fait.
Ainsi donc à mesure que les prurigineux avancent en âge, on observe
la transformation graduelle et directe des pomphi, - la seule forme d'ef
florescence du prurigo dans l'enfance, - en papules caractéristiques ;
-
elle aurait toujours la valeur d'un secours d'autant plus précieux que,
par sa nature , la maladie qu'elle atténue, semble exiger un changement
fréquent de médications. Ne serait-ce pas aussi dans ces cas qu'il y aurait
lieu de pratiquer des injections sous-cutanées d'une faible solution de
cocaïne qui ont une action locale sur les nerfs de la peau, ainsi qu'en
témoignent les expériences du Dr v. Anrep, de Saint-Pétersbourg, qui,
le premier, aurait découvert ( 1 ) , en 1879, l'action anesthésique locale de
la cocaïne (2) A. DOYOX .
que leur extrémité terminale n'est indiquée que par un liseré pâle , ou
tout à fait indistinct. Au voisinage de ces prolongements, on trouve tou
jours dans le protoplasma des cellules de la cuticule du poil une teinte
brun jaune, et des grains de pigment en quantité plus ou moins con
sidérable et souvent entassés sur la face dirigée vers le prolongement, de
telle sorte que l'on croirait que le prolongement s'est fondu et a été ab
sorbé par les cellules épithéliales.
Dans ce passage du pigment dans les ceilules épithéliales, le proto
plasma des cellules de pigment est-il absorbé , ou bien persiste -t- il ? C'est
là un point que l'auteur a été dans l'impossibilité de résoudre, car il n'a
pas réussi à trouver entre les cellules anciennes de la cuticule du poil ,
des cellules migratrices décolorées ou leurs débris. Il ne lui a pas été
possible non plus de constater la présence de pigment libre en un point
quelconque du poil entre les cellules.
D'après les observations de Riehl, le pigment du poil paraît toujours
lié aux cellules, celui de la papille et de la matrice en grande partie aux
cellules migratrices, celui des portions kératinisées ou en voie de kérati
nisation de la cuticule toujours lié au protoplasma des cellules épithé
liales .
Si , chez des sujets bruns, on examine des fragments de peau avec des
poils pigmentés en pleine croissance ou des parties en mue, on trouve
souvent dans les papilles des poils et des poils au début de nombreuses
cellules de pigment, et on peut constater aussi leur présence dans le stra
tum vasculaire profond du derme en suivant le cours des vaisseaux. Il est
donc probable que ces cellules migratrices qui transportent du pigment
prennent leur point de départ au voisinage des vaisseaux , et de là pénè
trent dans le tissu des papilies du poil et dans le poil meme.
Cette hypothèse repose sur la présence du pigment dans l'épiderme à la
fin de processus inflammatoires et néoplasiques; on trouve là fréquem
ment des cellules migratrices dans les infiltrats de cellules rondes entou
rant les vaisseaux et entre les fibrilles de tissu conjonctif ; ces cellules
ont une coloration jaunâtre et brun foncé qui tient à la présence de grains
de pigment dans leur intérieur, et on peut suivre sur des coupes leur
migration à la surface des papilles et dans les cellules du réseau où elles
déposent leur pigment.
Il est encore impossible de dire avee certitude si la totalité du pigment
arrive par cette voie au moyen des cellules migratrices dans la matrice
et la cuticule du poil, et si l'on doit considérer ce processus comme le
seul, ou s'il en existe d'autres, par exemple si le protoplasma cellulaire
y prend part?
Toutefois ces premières recherches expliquent en quelque sorte la dif
férence apparente qui existe dans les observations de Unna, qui a trouvé
REVUE DE DERMATOLOGIE . 37
claire. Les lacunes les plus fines et les plus nombreuses se trouvaient dans
la partie périphérique des cheveux de couleur claire. Ces derniers avaient
aussi, à la lumière transmise, un liseré sombre, plus ou moins foncé , avec
de petites dépressions foncées en quelques points , tandis que sur les cheveux
de couleur foncée les dépressions manquaient complètement, et le liseré
paraissait plus étroit et moins foncé. Ces parties étaient d'autant plus bril
lantes à la lumière incidente qu'elles paraissaient auparavant plus sombres,
le plus souvent donc dans les cheveux de la couleur la plus claire.
Mais la plus grande différence entre les deux variétés de cheveux était
l'élat que la substance médullaire offrait à la lumière transmise et à la lumière
incidente . Tandis que la substance médullaire paraissait plus sombre que
la substance corticale à la lumière transmise dans les cheveux de couleur
foncée (rouge doré) sur des espaces peu nombreux et petits, elle paraissait
dans un très grand nombre de cheveux blond jaunâtre et sur de grandsespaces
beaucoup plus sombre, souvent presque noire, surtout à la périphérie. Dans
quelques-uns des cheveux de la couleur la plus claire, la substance corticale
paraissait presque noire dans toute son étendue. Le plus ordinairement elle
présentait là des dépressions fusiformes assez régulières.
Cet état était surtout très net avec une solution à 50 0/0 de potasse caus
tique.
A la lumière incidente tous les espaces foncés, noirs, prenaient un éclat
clair argenté. Là où à la lumière transmise la coloration noire était apparue
dans une grande étendue, on trouvait à la lumière incidente l'éclat argenté
presque homogène, sans trace de granulations foncées entre elles .
Dans les cheveux les plus foncés cet état n'était représenté que par des
points brunåtres relativement peu nombreux et petits dans la substance mé -
dullaire, lesquels présentaient à la lumière incidente l'éclat clair dont nous
avons parlé .
Les cheveux de couleur claire, lorsqu'on les cassait ou les coupait, avaient
une plus grande tendance à s'effiler que ceux de coloration foncée et il sem
blait qu'ils s'éclaircissaient plus rapidement et se fendillaient plus prompte
ment dans une solution de potasse caustique concentrée que les derniers.
Traitée avec une solution de potasse étendue, la substance corticale des che
Feux foncés s'éclaircissait et prenait une coloration plus diffuse (analogue à .
alle des cheveux de couleur claire). Il était impossible de reconnaitre net
tement, soit avec l'acide acétique étendu, soit par la coction dans la lessive
de soude, le prétendu cordon (Henle) de la substance médullaire. Il en était
de même pour tous les cheveux . Les cellules de la substance médullaire
Halent très ratatinées dans les cheveux de couleur claire. Quant aux racines
des cheveux, celles des cheveux de couleur foncée contenaient un peu plus
de pigment que celles des cheveux de couleur claire. On n'a examiné ni les
follicules pileux ni les papilles.
Il résulte de ce qui précède que les cheveux de couleur claire contenaient
tertainement beaucoup d'air , non seulement dans la substance médullaire,
mais encore dans les très nombreuses petites fentes situées entre les cellules
tibreuses de la substance corticale et même entre cette dernière et la cuticule .
Du moins, on ne pouvait expliquer que de cette manière, le bord foncé à la
lamiére transmise, le bord clair à la lumière incidente, ainsi que les saillies
et les dépressions de la cuticule. Le degré le plus prononcé de l'accumula
tion de l'air dans la substance médullaire était représenté en certains points
en quelque sorte par une bulle unique . Il s'agissait bien d'air et non de
40 REVUE DE DERMATOLOGIE .
non seulement sur ses observations, -ce qui est une base solide , – mais
sur les paroles de Dupuytren « l'apparition sans cause connue d'une tu
meur épididymaire ou testiculaire chez un individu syphilitique doit a
priori faire soupçonner la nature spécifique de la lésion » . Ces mots ont
moins de valeur qu'ils ne paraissent parce qu'ils ont été dits à une époque
où la blennorrhagie était encore considérée comme un accident spécifique.
A l'occasion de la dernière observation de cette thèse intéressante où il
s'agit d'un malade syphilitique et tabétique, porteur d'une tumeur bos
selée, bilatérale développée au niveau de la queue de l'épididyme et du
testicule, rappelons que certains observateurs ont décrit une lésion tes
ticulaire avec vaginalite comme procédant directement du tabes (Soc .
cliniq . 1884) . — Il nous semble plus rationnel d'admettre que les lésions
testiculaires et médullaires sont nées d'une seule et même cause, la
syphilis.
cette autre , que les onctions locales résorbent les adénites syphilitiques
ainsi que les lésions qui siègent autour des foyers d'infection . Elles font
disparaître les bubons de résorption, lésions plus tardives et plus éloi
gnées avec infiniment plus de sûreté qu'une mercurialisation générale ;
soit par les combinaisons employées à l'intérieur, y compris le nouveau
tannate mercuriel si actif au temps jadis ; soit par les onctions limitées à
un département, toujours le même, de la peau ; soit par les injections
de sublimé ou de formiamide. Sigmund avait déjà montré l'action infé
rieure de ces dernières, lorsqu'il appliqua aux affections ganglion
naires les onctions modifiées et adaptées à sa niéthode .
Il existe encore des cas , dans lesquels je vis des gommes de la peau
et du tissu cellulaire, surtout aux membres inférieurs , que des semaines
d'injections sous-cutanées de sublimé au point malade amélioraient à
peine , et qui par contre disparaissaient assez rapidement sous l'in
fluence d'onctions locales d'onguent cendré . D'autres observateurs purent
constater que des syphilides papuleuses de la tête , qui n'avaient point
été influencées par 16 et de plus grands nombres d'injections de peptone
mercurique, avaient été rapidement guéries par l'application d'emplâtre
hydrargyrique.
Tous ces exemples doivent, comme je l'ai dit, suffire pour montrer
que l'action principale des mercuriaux appliqués sur l'épiderme vient
de leur absorption directe par la peau et non , comme on l'a cru
souvent depuis Kirchgasser, dans son traitement embrogatif, par
l'inhalation du mercure volatilisé . Mais je ne veux pas vous en dire
plus long sur ce point, et vous renvoie à ce qu'a publié récemment à
Strasbourg et sur mes conseils le Di Nega : « Recherches comparées
sur la résorption et l'action des différentes préparations mercurielles
employées comme traitement cutané . » (Strasbourg chez Trübner.) Je
tiens surtout à insister sur l'utilisation thérapeutique du mercure comme
procédé auxiliaire dans son application locale ou mieux régionale, et
parallèlement au traitement général. Si nous adunettons que les germes
d'une multiplication du virus et d'une nouvelleinvasion , survivantau traite
ment général, persistent autour de la cicatrice de l'ulcération primaire
ou des lymphatiques qui en partent, dans tout reliquat de tissu malade, et
particulièrement dans tout ganglion hypertrophié, il est rationnel de cher
cher à les extirper aussi loin que possible et par conséquent le plus
possible par l'action directe ou régionale du mercure . C'est ainsi qu'on
oindra , par exemple, les ganglions occipitaux , mastoïdiens, cervicaux,
dont le département lymphatique n'est pas pris en considération dans les
onctions ; et souvent aussi les ganglions inguinaux et cruraux non seu
lement pendant, mais longtemps après la fin de la cure générale, avec
des périodes d'arrêt pour ménager la peau , car toute inflammation
54 REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
tabes est une règle qui ne supporte que peu d'exceptions . D'autre part,
cette période a une durée telle, des manifestations si diverses et si com
plexes , qu'elle acquiert dans l'histoire de l'ataxie locomotrice une impor
tance majeure . C'est habituellement de la troisième à la sixième année
qu'apparaissent les troubles d'incoordination motrice ; mais ils peuvent
se montrer plus tôt ou plus tard, quelquefois même jamais. Tel est le
cas de ce malade qui , après trente ans de tabes, était encore indemne
de tout phénomène ataxique.
Rien de variable et de multiple comme les symptômes de cette pé
riode præataxique . Il n'est , pour ainsi dire, aucun organe qui ne puisse
en être le siège , et l'expression de polymorphisme initial, employée par
M. Fournier mérite d'être conservée pour bien fixer cette particularité.
Des phénomènes præataxiques les uns sont aujourd'hui bien connus :
tels les douleurs, les troubles divers de la sensibilité, de la fonction
visuelle , les paralysies oculaires, etc. L'auteur Jes a d'ailleurs longue
ment étudiés dans son précédent ouvrage ; ses nouvelles leçons, traitent
de quelques symptômes initiaux d'ordre moins connu .
II . De ce nombre sont les phénomènes vésicaux figurant 98 fois
sur 224 cas dans la statistique de M. Fournier, et qui 8 fois ont
marqué le commencement de la maladie : tabes à début vésical.
Ces symptômes sont de plusieurs ordres : paresse vésicale, avec ou
sans rétention ; incontinence ; pollakisurie , c'est-à-dire besoins
fréquents d'uriner avec ténesme; coliques vésicales avec douleurs de
miction, etc. Leur importance ne saurait mieux être démontrée que
par les exemples suivants : un malade est pris , sans cause provo
catrice , d'une difficulté douloureuse d'uriner et bientôt de rétention
d'urine absolue ; à partir de ce moment, il n'urine plus qu'avec
la sonde ; cinq ans après , surviennent toutes les autres mani
festations du tabes . Chez un autre, l'émission accidentelle et invo
lontaire d'un petit filet d'urine, survenant en dehors de la miction ,
est le premier phénomène appréciable. Un troisième malade est pris
de deux crises successives de pollakisurie avec ténesme et épreintes
douloureuses ; quelques mois plus tard , apparaissent de l'anesthé
sie des cuisses , de l'anesthésie rectale , de la débilitation géné
sique, etc. Ces faux urinaires, qui le plus souvent se soumettent sans
résultat aux investigations urethrales ou vésicales, doivent être tenus
pour suspects au point de vue du tabes .
III .A côté du tabes à début vésical , le tabes à début génital . Les
troubles des fonctions génitales , symptôme constant du tabes con
firmé, peuvent déjà se montrer dans la période praataxique. L'éré
thisme vénérien a été signalé à une période jeune de la maladie,
mais c'est un symptôme rare ( 4 fois sur 224 cas) . Bien plus fréquentes
BIBLIOGRAPHIE . 59
Coco
Hémiplegie . 18 cas .
10
oo
Hémiplegie faciale .
Parésie linguale . 3
Monoplégies.
Paralysie laryngée . . 2
Paralysie des muscles extenseurs du poignet .. .
Paralysie deltoïdienne. .
Paraplégie. 5
LE GERANT : G. MASSON .
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES.
1.
qui sont la cause d'un prurit assez intense . On constate sur ces diverses ré
gions une éruption Type de lichen plan, d'abondance modérée, constituée
par des papules et des plaques peu étendues ; l'éruption est surtout déve
loppée sur la face antérieure des avant-bras et sur l'abdomen .
En examinant la langue de la malade, on remarque sur la partie moyenne
de celle-ci trois taches blanches, larges comme la moitié d'une lentille ; ces
taches sont arrondies, mais leur contour n'est pas régulier et leurs bords
sont un peu diffus; leur coloration est d'un blanc légèrement grisåtre, lai
teux , mais tranche sur celle des parties normales de la muqueuse ; elles n'of
frent aucune saillie et , à leur niveau , les papilles semblent rétrécies et
effilées.
Sur la muqueuse de la face interne des joues , on remarque, au niveau de
la deuxième grosse molaire, une petite tache large comme l'extrémité du
petit doigt, d'un blanc éclatant, de forme un peu irrégulière , constituée par
de petites saillies papuleuses, acuminées, ayant environ les dimensions d'une
petite tête d'épingle ; sur la partie moyenne de l'espace intermaxillaire, dans
le point qui correspond à la couronne des molaires dans l'occlusion de la
bouche, on voit une ligne horizontale, irrégulière, de coloration blanche,
semblable à celle que produirait un allouchement de nitrate d'argent. Ces
lésions existent des deux côtés et sont à peu près symétriques.
La malade s'est aperçue, il y a environ huit jours, des taches qui existent
sur la langue ; elle les a constatées par hasard et n'éprouve , soit au niveau
de la langue, soit à la face interne des joues, aucune sensation anormale ni
aucune gène douloureuse .
Elle n'avait jamais auparavant eu de maladies de la bouche ; elle mange
ordinairement une nourriture assez fortement épicée.
Pas de trace de syphilis .
La malade est soumise au traitement arsenical (6 gouttes de liqueur de
Fowler par jour ).
Le 25 novembre, nous voyons de nouveau la malade. Le prurit cutané a
GEORGES THIBIERGE , ,
* Les faits qui précèdent montrent que l'on peut observer en même
temps que l'éruption cutanée du lichen plan des lésions buccales plus
ou moins étendues et offrant quelques caractères spéciaux.
Ces lésions peuvent précéder l'affection cutanée pendant un temps
plus ou moins long, ou bien être constatées en même temps que celles
ci ou encore survivre à l'éruption cutanée et être remarquées par le malade
après la disparition du prurit et des papules de la peau ; mais leur
époque d'apparition est rarement déterminée d'une façon exacte , parce
qu'elles ne donnent ordinairement pas lieu à des troubles fonctionnels
marqués.
Les malades, en effet , ne ressentent ordinairement qu'une rudesse de
la muqueuse, mais pas de douleurs, pas de cuissons provoquées par les
aliments et ils ne s'aperçoivent des lésions buccales que par hasard .
Dans la première de nos observations, les lésions paraissent avoir été
constituées au début par une plaque de stomatite épithéliale chronique ;
mais nous devons avouer que l'examen du malade a peut-être été in
suffisant à ce moment : il est fort possible que déjà à cette époque, les
lésions aient eu quelques caractères spéciaux susceptibles de mettre sur
la voie du diagnostic un observateur prévenu ; en tout cas leur siège
spécial permet de croire qu'il ne s'agissait pas là seulement d'une pla
que de stomatite vulgaire sur laquelle se seraient développées ultérieu
rement des éléments particuliers, mais bien de la manifestation première
du lichen plan sur la muqueuse buccale.
Dans la plupart des cas , les lésions occupent la langue et la muqueuse
des joues et affectent dans ces deux régions des caractères distincts.
Sur la langue, ce sont des taches blanches tranchant par leur colora
tion sur celle des parties voisines, de forme arrondie ou légèrement
irrégulière ,' sans aucune saillie : les papilles semblent diminuées
d'épaisseur et deviennent plus rudes ; ces taches sont isolées ou réunies
et dans ce cas le plus souvent sous forme de lignes parallèles aux bords
de la langue.
Sur la muqueuse des joues , on voit des papules de petites dimensions,
acuminées, arrondies ou étoilées , d'un blanc pur et souvent brillant :
ces papules sont isolées ou réunies sous forme de plaques plus ou moins
larges à la surface desquelles elles formerit des saillies isolées ou des
lignes blanches diversement disposées. Au niveau de ces plaques, dans
l'intervalle des papules, la muqueuse est souvent altérée, présente des
érosions superficielles ou même elle est déprimée et offre une apparence
DES LÉSIONS DE LA MUQUEUSE BUCCALE DANS LE LICHEN PLAN . 75
main droite, sur laquelle la peau est normale, quoique flétrie par l'âge.
Les vaisseaux sanguins ( les veines et les artères) sont dilatés et présen
tent des lignes bleu foncé et rouge carmin à la face dorsale des doigts
2, 3 , 4 , ainsi qu'à la face dorsale du pouce.
La main relevée après une immobilité prolongée permet de voir les
capillaires de la peau élargis, visibles à l'ail nu ; ils deviennent de nou
veau invisibles au bout de quelque temps. A la face palmaire du
pouce ,, à 1/4 de centimètre au - dessus du pli de l'ongle existe une croûte
gris brunâtre, inégale, fendillée par places et sèche, laquelle s'arrête
nettement à 2/3 de centimètres de l'articulation de la deuxième pha
lange avec le premier os métacarpien . En examinant une croûte ré
cemment tombée de la face palmaire du pouce, de 1 centimètre de long
sur 3/4 de large et 3 millimètres d'épaisseur, j'ai pu constater qu'elle
était absolument semblable à la croûte restée sur le doigt. L'épiderme
de la surface du premier doigt, duquel la croûte s'est détachée, pré
sente une surface inégale et raboteuse par places ; en plongeant la main
gauche dans l'eau tiède, ces aspérités épidermiques enflent rapidement et
prennent la forme de petites colonnes, lesquelles, sans doute, ont servi au
paravant de substance de rattacheinent immédiat entre la croûte et la
peau malade.
Le même aspect se retrouve, mais moins accentué sur la première
phalange des doigts 2 , 3 , 4 où l'épiderme se présente sous la forme de
7
ques, passablement fragiles, d'un jaune naeré ; cette couleur, leur donne
- une certaine ressemblance avec de la vieille cire de bougie. La coniche
externe la plus voisine du pli de l'ongle s'est détachée ; elle ressemble à
-un tin copeau de corne . Les ongles des autres doigts out les mêmes ca
racteres. Leur forme varie notablement selon l'intensité des douleurs ;
la lésion va en diminuant du premier au cinquième doigt; la malade
éprouve, par conséquent, les plus fortes douleurs dans les doigts 1 , 2,
et les modifications des ongles de ces bigts sont naturellement plus
frappantes. Les autres modifications de la main atteinte sont sujeites aux
mêmes variations . 3
Parfois après des accès de douleurs plus violentes qu'à l'ordinaire, des
morceaux considérables d'ongles tombent; puis ils se reforment pour
subir à nouveau les mêmes modifications. 1
Ni la peau de la face palmaire, ni celle de la face dorsale de la main
droite ne présentent de lésion : nous y notons simplement les modifica
tions naturelles et ordinaires à l'âge de la patiente, et ces dernières sont
même peu prononcées.
Des modifications peu appréciables se constatent sur l'ongle du
pouce de la main droite. Quand une douleur se déclare et ne se fait
sentir que faiblement d'abord, elle continue à devenir de plus en plus
forte dans les doigts 1 , 2 , mais principalement dans le pouce . ,
Le bout libre de l'ongle du pouce est légèrement cuneiforme, tandis
que l'autre extrémité est en forme de zigzags et présente des lignes sail
lantes d'un jaune trouble, longitudinales et cessant à une petite distance
de l'ongle. Les modifications de l'ongle du deuxième doigt sont moins
notables . Les autres ongles de la main droite sont absolument sains. La
peau des pieds excepté les tissus cellulaires) et les ongles présentent un
caractère normal.
L'examen microscopique des croûtes et des ongles a donné les résul
tats suivants : la coupe verticale de la croûte faite avec le microtome
Schance présente des couches épidermiques jaune foncé de différentes
épaisseurs , réunies les unes aux autres, en partie concentriques et en
partie irrégulièrement superposées. Dans différents points , entre les
couches , il existe des bactéries à différents degrés de développement et
avec différents éléments organiques. On constate facilement au moyen
de l'objectif 9 à immersion et de l'oculaire 4 de Hartnack , que les bac
téries se présentent sous deux aspects différents ; les unes forment des
colonnes séparées et appartiennent au bactérium termo; les secondes
80 ALEXIS POSPELOW .
III
près de l'avant-bras .. 30
Avant-bras surface palmaire en bas ... 40
dorsale 30-40 -
Bras ... 45
3
Face dorsale troisièmes phalanges , index ,
annulaire, petit doigt .. 4
Médius ..
Main ....
లలసాశలు్రీా
oscillations vaso -motrices qui y ont lieu . Ainsi la malade distingue avec
toutes les parties de la main gauche une différence de température de
3. R. (23-28 . R.); la différence de 2º est perçue par la paume à la pre
mière exploration , mais pas à la seconde. De plus petites différences de
température ne sont pas distinguées .
A l'avant-bras, la malade distingue parfois une différence de 1 1/2
(23 1 / 2-25 °); ailleurs une différence de 2º ( 25-27 °; 31-36 °), même de
3° 29-32°) ne se distingue pas ; tandis que la dernière différence entre
25 et 28 ° se perçoit très bien . Dans le premier cas les réservoirs d'eau à
29-320 sen blent être froids. La température 35° paraît à peine tiède ;
tandis qu'une tenípérature de 30° produit une sensation indifférente, ni
chaude ni froide .
Dans la main et dans l'avant-bras droit, la malade distingue une diffé
rence de 1 ° 25-26 ° R .); la différence de 20 (33-35 ° R.) ne se distingue
0
8s 四 仍
irritant le nerf..... | FAC 22 1 1 /2° 1,5 m A
Nerf médian au pli du coude... FKC =FAC 25 5° 6,0 m A
Nerf médian , tiers inférieur deſ FKC 33 4 1/2"
l'avant-bras... | FAC 45 7° 8.0 m d
OAC = 0 -
118
一如 S 四 四 四 绍
1
OKCO
M. adducteur du pouce ...... FKC 40 . 2° ܕ m A
FAC 45 m A
Nerf cubital ..... FKC>FAC 20 3° 3,0
Muscles interosseux .. FKC 30 49 : 5,0
Nerf radial .. FKC 27 6° 1,2
FA = 0 45 20° 17,0
acune éruption, jamais de maux de tête, jamais de croûtes dans les che
Feux ; rien en somme qui puisse même se rattacher à la syphilis .
Nous l'examinons avec le plus grand soin , sur toutes les régions du corps,
sans pouvoir constater la trace d'aucune lésion ancienne ou récente.
Il n'en est pas de même du père. Celui-ci , le nommé Léon G ... , boulanger,
est ågé de 28 ans. A l'âge de 20 ans, il aurait eu un chancre sur le prépuce,
chanere qui aurait duré 3 mois et qui aurait élé pansé à l'iodoforme. Un
médecin appelé au moment du chancre aurait ordonné deux cuillerées par
jour de liqueur de van Swieten pendant 6 mois .
Peu de temps après le chancre, il nous avoue avoir eu souvent mal à la
gorge, mal à la langue; il nous raconte parfaitement que ces maux consis
taient en de véritables plaques qui, selon ses propres expressions, s'en allaient
et revenaient. Le médecin les cautérisa au crayon de nitrate d'argent. Il
aurait eu également de violents maux de tête, des croûtes dans les cheveux ,
quelques taches sur le corps et des plaques à l'anus.
Actuellement nous ne trouvons absolument rien sur le corps; mais , on le
voit, la syphilis n'est pas douteuse.
Tel est le premier cas que nous avions à relater. Il est des plus nets,
en même temps des plus caractéristiques et nous osons dire des plus
probants. Le second, qu'il nous reste à étudier, ne l'est pas moins.
Ce second cas s'est présenté le 15 décembre dernier dans le service
de M. le Dr Besnier qui a eu l'extrême obligeance de bien vouloir nous le
laisser recueillir.
Il s'agit d'un petit enfant de sept semaines du sexe masculin , d'assez bonne
apparence et venu à terme .
Cet enfant présente sur la face une éruption extrêmement confluente, sur
lout au niveau du menton . En l'examinant avec soin , on voit qu'elle est
constituée par des papules desquamantes. Au front, l'éruption est nettement
papulo -squameuse ; sur les fesses, le pourtour de l'anus, la partie postérieure
de cuisses, elle est papulo-érosive. Elle est plus disséminée et plus claire sur
le dos et surtout sur le ventre . La lèvre supérieure présente de petites éro
sions. Eruption papulo-squameuse à la paume des mains; rien à la plante
des pieds. Les papules se groupent par places, de façon à former des sortes
de demi- cercles. L'enfant tett: bien, mais est amaigri, chétif, et a une diarrhée
verte .
Les caractères des lésions ne permettent pas de douter un seul instant de
la spécificité de la maladie.
La mère, la nommée Agnės B... , ågée de 21 ans, donne le sein à son en
fant. C'est une femme de bonne constitution, bien réglée ; elle s'est mariée
il y a 4 ans. Neuf mois après, première grossesse. L'entant vient à 7 mois
et n'avait pas d'éruption sur le corps ; il est mort peu de temps après,
athrepsique.
Elle n'a jamais présenté d'éruption sur le corps ; n'a jamais eu de maux
de gorge, de croûtes dans les cheveux; n'a jamais rien présenté sur la vulve ;
la surface cutanée est normale .
Le père, le nommé Albert B... , est âgé de 23 ans et exerce la profession
d'employé de commerce . N'a jamais fait de maladie élant jeune, sauf la
fièvre typhoïde à l'âge de 6 ou 7 ans.
92 HENRI GAUDICHIER .
exanthème sur presque tout le corps. Dans ce cas aussi , l'éruption avait
envahi de préférence la surface d'extension des membres et formait au
niveau des coudes des plaques étendues ; toutefois, elle se distinguait de
celle du cas précédent en ce que la face, le cou et les oreilles étaient
également atteints. L'éruption présentait d'ailleurs tous les autres carac
tères que nous avons indiqués ci-dessus .
Trente-six heures après le début des phénomènes cutanés, l'exanthème
commença à pâlir, et après quarante - huit heures, il avait complètement
disparu.
De ces deux cas, on peut conclure que, chez les sujets prédisposés,
l'usage prolongé de l'antipyrine peut provoquer des exanthèmes. Il
reste provisoirement établi que des doses, même passagères, de l'anti
pyrine peuvent donner lieu à une éruption , si toutefois il est permis
d'admettre une idiosyncrasie analogue à celle qui existe pour la
quinine.
L'auteur a vu, depuis l'envoi de cet article , survenir plusieurs fois des
exanthèmes antipyriniques chez des typhiques sans phénomènes subjec
tifs et il est convaincu que, malgré cela, l'emploi de ce médicament est
sans inconvénient. On a aussi observé des faits analogues dans les cli
niques de Breslau et de Zurich . A. DOYON .
FAVUS GÉNÉRALISÉ.
Nous empruntons au compte rendu de la Wiener medizinische Presse
du 26 octobre dernier le résumé d'une présentation, par le prof. Kaposi,
dans la séance du 17 octobre de la Société de médecine de Vienne, d'un
REVUE DE DERMATOLOGIE . 105
teuses dans les parties molles des régions pectorale et axillaire. Le dévelop
pement considérable du tissu graisseux sous-cutané avait empêché avant
l'opération de se rendre exactement compte de l'état local .
Dans le milieu d'avril 1883, il se produisit de nouveau des douleurs très
vives dans le bras et la poitrine, ainsi qu'une tumefaction considérable du
bras gauche. La tumeur carcinomateuse s'était reformée, notamment dans le
creux axillaire et sur le trajet des vaisseaux et des nerfs du bras, avec engor
gement des ganglions lymphatiques au niveau de la clavicule . Le néoplasme
très riche en tissu conjonctif formait au niveau du creux de l'aisselle et de la
partie supérieure du bras une véritable cuirasse, et la peau élait soudée à la
paroi thoracique sur une grande étendue .
Les douleurs devenant intolérables , et la malade supportant très difficile
ment la morphine, l'état des organes ne révélant aucune lésion, l'auteur se
décida à tenter l'inoculation de l'érysipèle .
Le 20 mai, à 11 heures du matin, il appliqua un fragment de la grosseur
REVUE DE DERMATOLOGIE . 109
sien lequel n'a paru qu'en mai. L'auteur fait remarquer avec juste raison
qu'il ne faut pas trop laisser de côté dans l'étiologie des chancres de
l'amygdale les rapports contre nature . Il n'est certes pas besoin pour
cela de contact direct de lésions vénériennes avec l'amygdale, puisque
des hommes ont été contagionnés après n'avoir eu de rapports contre
nature qu'avec des femmes ; mais il n'en est pas moins vrai que ces
conditions anormales doivent favoriser singulièrement l'infection des
liquides buccaux, et dès lors l'inoculation du virus syphilitique aux
moindres lésions de l'amygdale. L'auteur d'accord en cela avec M. Le
gendre admet d'ailleurs que le chancre amygdalien se développe surtout
par le mécanisme du baiser, ou bien à la suite d'une contagion indirecte,
par l'intermédiaire d’un biberon , d'un cigare , d'une pipe, d'un verre
d'une cuillère ou de tout autre ustensile semblable. C'est ainsi que
knight (New York méd . journal, 14 juin 1884) vient de relater le fait
d'une femme parfaitement honorable, mariée, qui contracta, à 28 ans
environ , un chancre de l'amygdale pour s'être servie de la même poudre
dentifrice qu'un de ses neveux, jeune homme de seize ans , qui était
atteint de plaques muqueuses buccales . L. BROCQ .
Le malade observé par M. Cadier est syphilitique depuis neuf ans. Il a suivi
un traitement spécifique très irrégulier et insuftisant. A plusieurs reprises il
a éprouvé depuis deux ans des menaces de suffocation .
L'examen laryngoscopique montre que la partie postérieure des cordes
vocales est complètement détruite. En avant les deux tronçons de ces der
nières sont soudés. La glotte se trouve transformée en une sorte de fente
+
les Annales de dermatologie, et mis entre les mains des médecins fran
çais l'auvre capitale de Hebra . Aujourd'hui encore, malgré la réforme
purement fictive) de l'enseignement secondaire , les nouvelles généra
tions médicales de ce pays ne possèdent pas les langues étrangères, et
ne savent du mouvement scientifique des autres nations que ce que leur
apportent les traductions et la presse médicale . C'est pourquoi nous
avons poursuivi l'auvre de vulgarisation, et nous continuerons de pour
suivre ce que nous considérons, tous les deux, comme un acte pa
triotique, et comme le moyen le plus certain de contribuer aux progrès
de la dermatologie dans notre pays.
Lorsque Bazin et Hardy eurent cessé d'enseigner, et lorsqu'on eut
pris notion des travaux de l'étranger, on n'eut pas de peine à s'aperce
voir que presque tout était à refaire en pathologie cutanée : anatomie et
physiologie pathologiques, classement, pathologie générale, thérapeu
tique; c'est cette tâche laborieuse à laquelle s'est vouée la génération
126 BIBLIOGRAPHIE .
II
L : Gérant : G. Masson.
Paris. – Société d'imprimerie PAUL DUPONT, 41, rue J. - J. -Rousseau (Cl .) 51.2.85 .
N° 3 . 23 Mars 1885 ,
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES .
(1) Zur innervation der Gefässe ( Prüger's Arch . , 1876, Bd XIII, p . 197).
Luchzinger. Fortgesetze Versuche zur Lehre von der loperyation der Gefässe
(Prüger's Arch . , Bd XV, p . 391 ) .
(2) Versuche über die Hemmungsnerven der Hautgefässe (Pfüger's Arch., Bd XII ,
p . 219, elc . , 1876) .
(3) LEWACHEW , Sur l'influence du N. crural sur la transparence des vaisseaux
de l'extrémité inférieure ( Dissert . , 1879).
(4) Heidenhain und P. Grützner . Beiträge zur Kenntnis Gefässinnervation. (Prü .
ger's Arch . , 1878 , Bd XVI , p. 1. Heideuhain . Veber die Innervation der Muskel
gefsässe (ibid. , p . 47).
CAS RARK D'UNE DYSTROPHIE DE LA PEAU . 137
vaso -moteurs chez les chiens et les chats, vont de la moelle lombaire
aux extrémités postérieures, que d'autres naissant de la moelle dorsale
suivent le trajet du sympathique pour entrer dans le nerf sciatique
(Ostroumow ), d'où il suit que les appareils terminaux des vaisseaux
cutanés ont différents centres d'irritation ( Luchzinger, Kendall) . Schiff (1 )
dans ses examens sur la physiologie des nerfs, a démontré que les
nerfs des vaisseaur cheminent à travers la moelle épinière jusqu'à la
moelle allongée ; il s'ensuit que cette dernière doit être considérée
comme étant le centre des vaso-moteurs ; puis Aftsiannikow (2) a prouvé
que les vaso -moteurs peuvent être suivis jusqu'aux tubercules quadriju
meaux .
Comme le dit Seligmüller (3) , la diffusion des troubles vaso-moteurs
(lesquels atteignent souvent les quatre extrémités à la fois), nous montre
qu'il faut rechercher leur cause dans le centre des nerfs vaso -moteurs,
dont le principal est situé dans la moelle allongée, tandis que d'innom
brables centres secondaires sont étagés dans la moelle cervicale et dans
la moelle épinière.
Mais outre les centres déjà découverts et qui dirigent les mouvements
des vaisseaux sanguins, et se trouvent dans la moelle, les recherches de
Putzeiss, celles du professeur Tarchanow , de Huizing ( t) , etc. , ont dé
montré qu'il existe encore des appareils périphériques ( plexus et gan
glions nerveux ), situés autour des parois des vaisseaux ou dans leur
épaisseur ; ceux - ci peuvent exercer leur influence sur le calibre des
vaisseaux sans le concours de la moelle épinière, comme les cellules
ganglionnaires de Rémak agissent sur le cæur et les intestins.
D'autre part, les observations faites sur les nerfs cutanés après la sec
tion du nerf ischiatique, par le Dr Lewachew (5) , ont démontré que
l'action des vaso-moteurs augmente du centre à la périphérie. Le même
fait s'observe aussi , au dire de Lewachew , aux extrémités supérieures ; il
a remarqué que les modifications de calibre des vaisseaux des extrémités
inférieures dépendent de la quantité des fibres vaso -motrices ; ces der
nières sont en plus grand nombre vers la périphérie que vers les parties
plus rapprochées du centre.
La série des troubles vaso-moteurs de notre malade démontre que ses
vaso -moteurs sont dans un état d'altération maladive ; on remarque
facilement qu'une légère irritation des doigts de la main gauche ordinai
1
138 ALEXIS POSPELOW .
proviennent d'une même source, du trouble des vaso -moteurs avec les
altérations qui en résultent dans la nutrition des tubes nerveur. Les
modifications dans la circulation du sang dues à la perversion de l'in
nerration vaso-motrice devaient nécessairement se refléter sur la nu
trition des tubes nerveux , lesquels ont une irrigation sanguine et lym
phatique leur appartenant en propre. Des données bien connues de
physiologie et de neuro -palhologie ont depuis longtemps prouvé le rapport
inume qui existe « entre la circulation du sang , réglant la nutrition et les
fonctions des nerfs ; des expérimentations faites de nos jours ont montré
que le trouble de la nutrition provenant d'une simple anémie du tube
nerveux, peut aller jusqu'à l'hypérémie , jusqu'à l'inflammation , même
jusqu'à la névrite » .
L'existence de cette dernière phase de la maladie a été démontrée de
nos jours d'une manière expérimentale sur des animaux ( les chiens) ;
elle est prouvée par le cas de Weir- Mitchell ( 1 ), ainsi que par diverses
affections cutanées décrites par Chabrier (2), Leloir (3 ), etc. (névrites
parenchymateuses ).
Il est irrefutable que dans le cas présent l'altération du système vaso
moteur a dû modifier la nutrition des tubes nerveux avec leurs branches ;
et effectivement les recherches faites sur l'état de la malade ont montré
que la sensation de froid dans la main qui se manifestait d'une manière
intermittente est actuellement remplacée par une douleur continue qui
est parfois très intense ; la douleur est augmentée par une pression dans
la direction des tubes nerveux de l'épaule et des plexus brachiaux des
deux bras , puis par des convu'sions localisées consistant en tiraillements
des muscles, par une altération dans la sudation , par des troubles ther
miques, et toute une suite de dystrophies bien accentuées de la peau et
des ongles des mains.
La persistance de douleurs intenses et continues, lesquelles augmentent
de temps à autre, mais qui dans le courant des six dernières années n'ont
jamais quitté la malade, fait supposer qu'il ne s'agit pas de douleurs né
vralgiques , ces dernières apparaissant par accès, et les malades n'éprou
rant pas de douleurs dans leur intervalle. Notre malade, au contraire, ne
peut être calmée pour quelque temps, que par une injection sous -cutanée de
morphine et mêine le narcotique amoindrit seulement la douleur, mais
ne la fait pas disparaître.
Il est impossible d'expliquer cette douleur continue dans la main par
une simple ischémie des tubes nerveux, qui est augmentée par le froid
et légèrement diminuée par une température chaude ; - malgré le
réchauffernent des mains et la dilatation visible des vaisseaux , la douleur
ne passe pas. Cette dernière circonstance nous porte à présumer, que
l'altération dans la nutrition des tubes nerveux est plus enracinée et ne
peut être considérée comme une simple ischémie, ou une hypérémie des
tubes nerveux . On peut admettre que les altérations dans le système ner
veux consistent dans notre cas, en une inflammation chronique des tubes
nerveux , une névrite chronique des nerfs sensitifs et des nerfs moteurs .
Ni le Dr V. K. Roth , ni moi, nous n'avons pu constater, il est vrai , de
tuméfaction des cordons nerveux .
Mais ce gonflement ne se rencontre pas facilement quand le nerf est
profondément situé. L'absence de la timéfaction du nerf accessible au
toucher n’exclut donc pas dans notre cas l'existence de la névrite, si
l'on considère l'épaisseur du tissu graisseux à travers lequel il nous a
fallu faire cette exploration.
Pour ce qui se rapporte à l'excitabilité galvanique et faradique, il est
à remarquer que les cordons nerveux et leurs branches ne présentent
dans notre cas aucune altération appréciable; si même elle existait, elle
n'aurait qu'une importance diagnostique secondaire par rapport aux
autres symptômes, mais non une importance absolue . D'après l'opinion
d'Erb, une excitabilité élevée pour les courants continus et les courants
>
les racines spinales, dans les nerfs périphériques des animaux (Stricker ),
ou même dans les nerfs cutanés chez l'homme des tubes nerveux altérés ,
coinme l'ont constaté une fois Leloir et Déjerine, ce fait est tellement
rare, comme le dit Leloir, que la proposition précédente n'en conserve
pas moins toute sa valeur.
Les recherches de Leloir et Déjerine, ont, en outre, prouvé que les
nerfs périphériques dans des cas ordinaires de maladies cutanées, comme
le psoriasis, le lupus erythémateux , les abcès, la gangrène, la goinme, etc. ,
sont à l'état normal ; ces recherches détaillées et contrôlées ont, selon
moi, le caractère de la certitude et expliquent certaines maladies cu
tanées d'origine nerveuses.
Il y aurait donc bien lieu de supposer la névrite parenchymateuse
dans notre cas ; cela est démontré : 1° par la nette délimitation de l'af
fection cutanée entièrement proportionnée à l'intensité des douleurs ner
veuses ; 2 ° par l'apparition d'une plus grande altération locale des ter
minaisons des nerfs périphériques immédiatement après que la malade
eut plongé ses mains dans l'eau chaude. En nous rappelant l'histoire
de la malade, nous voyons que c'est après avoir plongé ses mains dans
l'eau chaude qu'elle éprouva la même nuit une violente douleur dans
la main gauche, douleur qui provoqua pour la première fois de sa vie
une violente attaque hystérique.
En nous rappelant, en outre, que cette douleur dans la main gauche
ne disparut plus, et qu'en augmentant elle s'accompagna de modifica
tions de la peau et des ongles marchant de pair avec la douleur, le diag
nostic de la névrite parenchymateuse devient très probable. Pour
s'assurer de l'existence de ce genre de névrite, le meilleur moyen eût
été de couper un lambeau de peau de la partie malade ( biopsie) et de
le soumettre à un examen d'après la méthode de Leloir; mais considé
rant qu'il eût fallu couper pas moins d'un centimètre de peau du doigt
malade, la biopsie m'a paru impraticable, d'abord à cause de l'âge
avancé de la malade, puis àà cause des douleurs intenses qu'elle éprouve
dans la main .
Pour ce qui se rapporte aux nerfs sudoripares spéciaux, dont l'exis
tence a été prouvée de nos jours (Kendall, Luchzinger, Nawrotzki, Adam
kéwitch, etc. ), leur innervation se trouve aussi altérée dans le cas qui
nous occupe. La malade assurait qu'elle ne transpirait plus. N'ajoutant
pas foi à ses paroles , nous avons pratiqué une injection sous - cutanée d'un
14 gramme de pilocarpine dans le dos entre les omoplates. Deux mi
nutes après l'injection , la patiente eut une forte salivation , sa figure se
colora , mais principalement les joues et les oreilles ; elle eut la nausée,
des battements de cæur et le pouls devint plus rapide ( 100 ), mais la
transpiration attendue ne se produisit pas ; les aiselles devinrent à peine
CAS RARE D'UNE DYSTROPHIE DE LA PEAU . 1 13
ment de convulsions ;
50 A 27 ans, une fille à terme, morte à 3 ans de convulsions ;
6 A 28 ans , une fausse couche de 8 mois ;
70 A 30 ans, une fille à terme, morte à 4 ans de convulsions .
Devenue veuve à cette époque , elle s'était remariée à 32 ans .
De ce second mariage, elle avait eu deux enfants , la malade actuelle
et une autre fille vivante et bien portante .
Comme on le voit, cette polyléthalité ne faisait que confirmer mon
diagnostic. Cependant, pour ne laisser subsister aucun doute, je n'hésitai
pas à poursuivre l'enquête et je ne fus pas autrement étonné lorsque
sur des questions plus précises la mère me répondit ceci : Que son
premier mari « avait des boutons à la verge au moment de son
mariage » , et que le second, père de la malade, mort tuberculeux, lui
avait avoué avoir contracté la syphilis dans sa vie de garçon .
Elle ajouta que le médecin qui le soignait lui avait fait la même con
fidence . Elle niait du reste avoir jamais eu pour son compte aucun
accident suspect .
150 HERMET .
Sa fille n'avait jamais eu une bonne santé Elle avait eu mal aux yeux
fort longtemps, et « des taches jaunes sur le corps » . Elle n'avait jamais
pris d'autre médicament que de l'huile de foie de morue.
Quant à la cicatrice, située sous l'aisselle gauche, elle provenait d'une
« tumeur » , sur la nature de laquelle je ne pus être renseigné, et que
M. Péan avait enlevée en 1878.
Comme on le voit , les renscignements fournis par la mère ne laissaient
aucun doute, sur l'origine de la surdité dont était afiectée sa fille. Cette
surdité était manifestement due à la syp'ilis héréditaire. De cette obser
vation résultent deux faits d'une importance capitale, sur lesquels il est,
je crois, nécessaire d'appeler l'attention .
1 ° Dans certains cas, on peut dicouvrir la diathèse hérédo-syphili
tique par le seul examen de l'appareil auditiť ;
2° La syphilis héréditaire tardive peut ne se manifester que par un
trouble de l'organe de l'ouïe, trouble qui consiste en une surdité com
plète, absolue, survenant brusquement, d'une façon presque foudroyante,
et compatible avec une intégrité parfaite de l'appareil transmetteur
(membrane du tympan , chaine des ossele's, trompe d'Eustache).
J'ajouterai qu'il est difticile, sinon impossible, dans l'état actuel de la
science, de détermirer la cause anatomo-pathologique de cette surdité.
Me basant sur des faits cliniques, j'ai cru pouvoir conclure, dans les
annotations que j'ai faites au livre d'Hutchinson, que cette surdité est
imputable à une névrite du nerf auditif.
La deuxième observation est loin de présenter l'intérêt de la première
et je ne la publie qu'à cause de la rareté de la lésion qu'elle m'a permis
d'observer.
Pour la faire apprécier à sa juste valeur, il est nécessaire de résumer
brièvement les lésions classiques, pour ainsi dire, que provoque la syphilis
héréditaire vers l'oreille.
Ces lésions sont de deux ordres.
La première est caractérisée par une otite moyenne purulente, otite
qui détermine les mêmes accidents locaux que l'otite moyenne commune,
mais qui en diffère par un point capital, c'est qu'elle est indolore. J'ai
publié l'an dernier, dans les Annales de dermatologie, une série d'ob
servations d'otiles moyennes purulentes liées à la syphilis héréditaire, et
dans tous les cas , l'écoulement était survenu brusquement sans avoir
été précédé de ces douleurs si violentes qui sont l'apanage ordinaire de
l'otite moyerine aiguë.
La seconde n'est autre que celle dont je viens de parler succinctement
dans l'observation précédente .
Je n'avais constaté que ces deux altérations, chez les syphilitiques
SYPHILIS DÉRÉDITAIRE DANS SES MANIFESTATIONS SUR L'APPAREIL AUDITIF . 151
Le 1er mars 1884 est entré à l'hôpital Saint- Louis, dans le service de
M. le professeur Fournier, salle Saint-Louis, lit n ° 74, un malade dont
l'observation clinique nous paraît digne d'être relatée.
Il s'agit d'un nommé François T ... , âgé de 39 ans, exerçant la profes
sion de charretier vidangeur. C'est un homme sobre , de conduite régu
lière, ne présentant rien de particulier à signaler sous le rapport de ses
antécédents personnels ou héréditaires. Son père est mort à 41 ans,
le malade ne sait de quoi . Sa mère est morte à 78 ans . Il a eu 3 frères
et 2 seurs. Le premier est mort à 46 ans à la suite d'un traumatisme;
un autre, à 38 ans, paralysé , et le dernier, à onze ans , à la suite d'une
rougeole . De ses deux seurs, l'une serait morte, à 43 ans, de la poi
trine; l'autre, à 38 ans, d'une affection aiguë .
Cet homme se présente à nous dans l'état suivant : le tibia du côté
gauche est énorme, inégal, comme bosselé dans tout son entier. A sa
partie moyenne, il forme une véritable tumeur . Du côté des surfaces
cutanées, nous trouvons, à la partie antérieure de la jambe, une vaste
plaie, dont le fond semble adhérer à l'os sous-jacent. All-dessous de
celle-ci et un peu plus en dedans, il en existe une seconde large comme
une pièce de 2 francs à peu près, siégeant à 6 larges travers de doigt au
dessus de la malléole externe. Ces lésions cutanées présentent comme
aspect général celui de véritables lésions gommeuses syphilitiques .
Le tibia du côté droit est également augmenté de volume d'une façon
notable à sa partie moyenne. La peau , là encore, adhère à l'os sous
jacent . La tête de l'astragale, du même côté , présenle, elle aussi , une
hyperostose considérable. Ces lésions, d'après le dire du malade, auraient
débuté il y a 23 ans.
Telles sont, du côté des membres, les altérations qui frappent tout
d'abord la vue .
Si l'on examine le tronc , on observe une hyperostose énorme de la
clavicule gauche, qui est au moins triplé de volume dans sa partie
moyenne .
Malgré l'étendue de ces lésions, ce n'est pas pour elles que le malade
PHTHISIE SYPHILITIQUE . 153
entre à l'hôpital . Cet homme nous raconte, en effet, que depuis 2 mois
il a commencé à maigrir, et cela « sans aucune raison » , selon ses
propres expressions. Bientôt la fatigue fut telle qu'il ne put continuer à
travailler, ce qui l'a déterminé à entrer à Saint-Louis. Il n'aurait com
mencé à tousser que quelques jours avant son entrée ; n'aurait pas eu de
fièvre le soir, pas de sueurs pendant la nuit ; jamais la moindre hémop
tysie ; néanmoins pendant les 2 ou 3 premiers jours qui ont suivi son
entrée , nous avons pu observer une expectoration assez abondante, de
nature muco -purulente et striée de sang . Ces phénomènes nous déter
minent à pratiquer un examen attentif du poumon . Du côté gauche
existe tous les signes d'une caverne avancée, occupant la région anté
rieure du sommet pulmonaire correspondant. L'auscultation fait entendre
un souffle caverneux en même temps qu'un véritable gargouillement; à
la percussion, il existe presque un bruit de pot felé. En arrière, l'aus
cultation ne dénote que quelques râles fins. Cette caverne semble repré
senter à peu près comme volume celui de la moitié du poing. A droite,
la respiration est un peu souftlante, aussi bien en avant qu'en arrière ;
on peut entendre quelques râles sous -crépitants disséminés .
Après cet examen , la nature de ces lésions ne semble guère douteuse
M. Fournier porte le diagnostic d'hyperostoses syphilitiques, avec
lésions tuberculeuses des deux sommets, plus avancée à gauche.
Malheureusement, l'origine de cette syphilis serait assez obscure. Le
malade, assez peu soucieux de sa personne , prétend n'avoir jamais rien
eu en fait de syphilis; néanmoins nous trouvons une cicatrice sur la
verge, datant de 4 ans, résultant d'un chancre mou ; une sur le bras
droit, une autre sur la cuisse droite, une autre encore sur la jambe du
>
même côté. A -t -on affaire ici à une syphilis dont les premiers accidents
auraient ( comme cela arrive si souvent) passés inaperçus, ou bien à une
syphilis héréditaire ? Cette dernière hypothèse est assez peu probable. En
effet, il n'existe pas de cicatrices aux fesses, pas de cicatrices aux coins
des lèvres ; les dents ne présentent rien de particulier; il existe une taie
sur l'æil gauche et une surdité assez considérable des deux oreilles, plus
accentuée à gauche qu'à droite.
Mais l'examen otoscopique, pratiqué par notre ami , M. le Dr Hermet,
serait négatif en ce qui touche la syphilis héréditaire. A droite l'acuité
auditive est de 0,03 c. à la montre. La membrane du tympan est légère
ment épaissie , le manche du marleau fait une saillie exagérée au dehors.
Ces signes sont ceux d'une otite chronique moyenne non suppurée. —
A gauche, la montre n'est entendue qu'au contact. Ces altérations sont
les mêmes que de l'autre côté , mais plus marquées ; les trompes sont
libres .
Dès son entrée, ce malade , en raison du diagnostic porté, est soumis
154 GAUDICHIER .
OBSERVATION D'URTICAIRE
D'URTICAIRE PIGMENTÉE,
Par M. Henri FEULARD, interne des hôpitaux.
Messieurs,
La malade que nous avons l'honneur de vous présenter diffère actuelle
ment de ce qu'elle était lorsque nous l'avons vue pour la première fois, en
avril 1883, dans le service de M. Moreau, de Tours, à la Salpètrière.
Elle se trouvait alors dans le service des gâteuses, accroupie sur sa chaise
que l'état de faiblesse, malgré l'absence de paralysie vraie des membres, ne
lui permettait pas de quitter; elle était gåteuse, dans l'acception du mot, lais
sant s'écouler sous elle les urines et les selles ; elle nous était présentée
comme atteinte de paralysie générale à la période de démence ; aux questions
que nous lui adressions, elle ne pouvait répondre, car elle ne comprenait
pas ; et , d'ailleurs, les mouvements de la langue soustraits à la volonté ne lui
permettaient de ne prononcer que des sons confus, inintelligibles; elle ne
pouvait même sortir la langue qui restait pendante entre les dents pendant
qu'on lui ouvrait la bouche pour la montrer. La physionomie immobile, élon
née, hébétée de la malade permettait de comprendre son indilférence non
seulement aux questions qu'on lui adressait, mais encore à tout ce qui l'en
tourait; de la lèvre inférieure pendante s'écoulait la salive qui relombait sur
ses vêtements ; c'était avec la plus grande peine qu'on parvenait à la faire
manger non parce qu'elle refusait ou qu'elle ne pouvait pas, mais parce
qu'elle n'y songeait pas ; il fallait l’exciter et en quelque sorte la réveiller
pour la décider à recevoir les aliments qu'on présentait devant ses lèvres ; il
en était de même pour la déshabiller, la lever et la coucher; elle ne parais
sait pas souffrir ou du moins ne se plaignait pas ; des piqûres failes sur les
différentes parties du corps finissaient par étre senties. Nous la faisions se
dresser debout; elle pouvait l'aire quelques pas soutenue par des aides, mais
s'arrêtait aussitôt cherchant à s'affaisser si on ne continuait pas l'impulsion
première. Nous lui faisions étendre les bras qu'elle laissait tomber tout
d'abord, puis parvenait à les maintenir avec un tremblement modéré, mais
assez accusé aux extrémités.
Notre attention au premier examen avait été d'emblée sollicitée par l'odeur
repous-ante qu'exhalait le visage de la malade, odeur qui s'expliquait par un
écoulement purulent, sanieux , blanc verdâtre épais par la narine gauche
laquelle était rouge tumefiée et déformée et par un autre écoulement non
moins abovdant et non moins félide qui se produisait par le méat auditif de
l'oreille gauche. En poursuivant notre examen , nous constations sur la région
frontale gauche trois tuméłactions non adhérentes à la peau, mais ne glis
SYPHILIS CÉRÉBRALE SIMULANT UNE PARALYSIE GÉNÉRALE . 189
sant pas sur le crâne dont elles paraissaient faire partie, offrant une résis
tance élast que, depressible surloit au centre, arrondie-, se fon lant insensi
blement sur leurs bords avec l'os, mais néanmoins délimitables entre elles.
La plus saillante, celle qui persiste en ore quoique amoindrie , très rappro
chée de la ligne médiane, dépas-ait large nent les din :ensions d'une pièce de
cinq fra ':es, les deux autres situées en dehors et un peu inférieurement, mais
sans atteindre le rebord de l'arcade o , bitaire offraient les dimensions, l'ung
d'une pièce de deux francs et la plus externe le diamètre d'un fianc ; leur
pression ne paraissait pas douloureuse, les léguments étaient colorés et tu
meties, mais modérément; partout ailleurs sur le crâne nous ne copslations
rien : mais dans l'épaisseur de la paupière supérieure gauche qui était tom
bante, edémariee el un peu rouge, nous trouvions une tumeur semi- dure,
élastique, de la grosseur et de la forme d'une grosse noisette, glissant entre
la peau et la conjonctive palpebrale, laissant pénétrer entre elle et l'arcade
orbitaire le doigt qui, aivsi introduit, permettait de sentir que cette lumeur
alla s'eftilant en haut et en arrière par un pédicule dont on ne pouvait saisir
la surface d'implantation, mais qui paraissail s'insérer sur le périoste de la
paroi supérieure de la caviié orbitaire. Le globc oculaire du même coté pa
raissait un peu plus saillant et dévié en bas et en dehors . Les pupilles mode
rément di atées paraissaient égales, mais immobiles malgré les présentations
ou suppressions d'irritants lumineux.
Nous n'avions pour ainsi dire aucun renseignement sur la malade , que
personne ne venait visiter, qui était dans cet état depuis 2 mois (9 février)
et allait en s'affaiblissant tous les jours. Le certificat d'entrée portail : dé
menee consécutive å une paralysie générale. Le certificat de Sainte-Anne où
la malade n'avail d'aill. urs séjourn. qu'un journée portail la mention sui
sante :. affaiblissement des facultés mentales avec sensiblerie ; confusion
dans les idées, incohérence, faiblesse musculaire.
Le certificat de la préfecture un peu plus explicite portait : paralysie géné
rale, affaiblissement des facultés, hésitation de la parole, inégalité pupillaire,
inconscience de sa situation ; arrèlée dans la rue , ne sachant plus relrouver
son domicile .
Aussi peu pourvus de renseignements, il nous é'ait assez difficile de dia
gnostiquer la forme clinique du Trouble mental en présence duquel nous
nous trouvions; mais nous avons pensé qu'un tel diagnostic devrait céder
facilement le pas aux notions étiologiques concomitantes : périostiles gom
meuses du frontal, gomme de la paupière, osteite nasale, osteile de l'oreille,
age de la malade, circonstances réunies qui nous permettaient d'admellre la
syphilis comme cause des lésions que nous venons d'énumérer, sinon des
troab es cérébraux ci -dessus d crits.
Nous avons prescrit quatre grammes d'iodure de potassium par jour et de
larges frictions mercurielles quotidiennement répétées.
Quinze jours après que ce traitement a été institué, nous revoyons la ma
lade dont l'odeur infecte a disparu en même temps que les écoulements de
Toreille et de la narine s'étaient laris ; les téguments frontaux avaient repris
leur colo ation , la paupière clait moins ædemaliée, les tuméfactions du crâne
moins saillantes. La malade peut sur notre demande se lever seule, faire
quelques pas , essaye mais incomplètement de tourner sur elle -même, pré
sente le membre qu'on lui désigne, esquisse même un léger sourire qui per
met de remarquer que la cominissure labiale droile est abaissée et fait slip
poser une parésie faciale du même colé ; toutefois les mains serrent encore
160 CHARPENTIER .
trop mollement, et les mouvements des membres inférieurs sont encore trop
incertains pour que l'on puisse constater l'affaiblissement d'un côté du corps ;
elle nous répond quelques mots montrant qu'elle comprend nos questions,
mais une fatigue intellectuelle rapide ne nous autorise pas encore à compler
sur ses renseignements ; le langage est d'ailleurs confus, la parole empátée,
lente ; elle peut sortir la langue non déviée, tremblotante, mais pas de fré
missement vermiculaire de cet organe, non plus que des lèvres, le tremble
ment des membres supérieurs existe encore mais peu accusé. La malade ne
gåte plus.
Un mois après le commencement du traitement (for mai 1883) l'amélioration
intellectuelle est telle que la malade peut nous fournir les renseignements
suivants , assez précieux, quoique nécessairement incomplets . Elle a 39 ans,
est giletière, mariée, mais séparée de son mari qui la battait souvent et l'a aban
donnée trois mois avant son arrestation ; elle a un fils de 17 ans bien portant.
Elle ne connaît ni aliénation , ni maladie nerveuse dans sa famille. Elle-mème
a rarement été malade jusqu'en 1879 ; elle a loujours été bien réglée; elle se
rappelle avoir eu un écoulement vaginal quelque temps après son mariage,
dit n'avoir pas eu de maladies de peau , a eu souvent des maux de gorge ;
ses cheveux tombent depuis quelques années.
Il y a six ans, elle a eu de violentes céphalalgies frontales et occipitales,
médianes, souvent suivies de nausées et de vomissements ; elle éprouve depuis
six ans de vives douleurs passagères dans la continuité des membres infé
rieurs ; les nausées et les vomi : sements ont cessé depuis une attaque de nerfs
qu'elle aurait eue un jour sans cause connue , sans prodrome et pour la pre
mière fois il y a quatre ans ; atlaque de nerfs avec perte de connaissance,
mouvement convulsif, pas de morsure de langue , retour complet de la raison
à la suite et aucune trace consécutive .
Depuis, ces attaques se sont fréquemment répétées et dans la dernière
année venaient trois fois par mois , avec les mêmes caractères que la première,
sauf qu'elles survenaient le plus souvent la nuit ; elle n'a jamais eu d'attaques
sans perte de connaissance ; il n'y a jamais eu d'incontinence d'urine ; ni dé
lire , ni paralysie, ni contracture, ni troubles de la sensibilité après ses atta
ques ; elle ne se souvient pas d'avoir jamais déliré , d'avoir eu des emporte
ments violents , ni fait de fuite hors de la maison ; elle n'a jamais fait d'excès
de boissons ; souvent elle avaitdes épistaxis à la suite des coups que lui por
tait son mari, mais pas d'autres accidents .
7
vous racontent lorsque la crise pénible est passée . La démence alcoolique sans
cauchemars, sans terreurs nocturnes, sans hallucination de la vue, sans
troubles périphériques de la sensibilité et en présence des renseignements
négatifs de la malade ne peut être admise non plus ; d'ailleurs l'aggravation
graduellement croissante de la démence depuis l'entrée de la malade alors
qu'elle était depuis deux mois soustraite aux prétendues influences alcooli
ques et son amélioration si brusque après l'administration de l'iodure tendrait
encore à écarter l'idée de rapporter cette démence à l'alcoolisme .
La démence post-épileptique pourrait être supposée, mais l'époque tardive
(35 ans) de la première attaque, l'absence de troubles nerveux antérieurs,
d'incontinence noclurne d'urine, d'accès de fureur, de fuite hors de la maison,
de délire après les attaques et, d'un autre côté , l'inégalité des pupilles , l'hési
tation de la parole, la marche croissante de l'état jusqu'à l'intervention de
l'iodure peuvent être légitimement invoquées contre l'épilepsie que pourrait
faire supposer l'amnésie partielle de la malade, amnésie cui peut s'expliquer
aussi bien par des accès congestifs, epileptiformes ou apoplectiformes.
La démence par encéphalomalacie, par ramollissement cérébral, que celui
ci soit causé par une artérite syphilitique ou loute autre cause , ne peut être
admise , en raison de l'incurabilité qu'elle entraine forcément lorsqu'elle est
arrivée à ce degré.
Nous restons donc par élimination en présence de la démence paralytique,
de la démence consécutive à la paralysie générale, paralysie générale dont
la malade a présenté presque tous les symptômes : ictus épileptiforme, tardif,
brusque ; ictus répétés depuis, suivis d'amnésies partielles ;désordres, incohé
rences et affaiblissement des idées ; troubles musculaires parétiques ; inégalité
pupillaire , atrophie des pupilles; tremblement de la langue et des extré
mités; hésitation, lenteur de la parole, langage empáté et confus; inconti
nence des matières ; déchéance intellectuelle complète. Il manque , il est vrai,
au tableau symptomatique le frémissement vermiculaire de la langue et des
muscles de l'expression buccale, et surtout le délire soit ambitieux, soit hypo
condriaque, soit mélancolique avec ses caractéristiques de niaiserie, de con
tradiction ou d'incohérence. Mais l'absence de cette forme délirante et de ce
frémissement vermiculaire ne suffisent pas pour écarter l'idée de paralysie
générale; d'ailleurs notre malade a pu présenter un de ces délires qui aurait
échappé à sa conscience ou à son souvenir personnel et qui, trop peu mani
feste plus tard , a également fait défaut à l'observation .
Nous pouvons donc conclure à une démence paralytique.
Quant au mécanisme des accidents cérébraux quant à leur relation avec
les troubles osseux du voisinage, et quant à la nature même des lésions
encéphaliques proprement dites, nous devons être très réservés.
Nous ne pouvons songer à un foyer qui se serait fait jour par les fosses
nasales et le conduit auditiſ ; il cùt été trop étendu, eût eu des conséquences
plus graves; d'ailleurs aucune perforation à la voûte nasale ; nous ne pou
vons supposer une irradiation aiguë et cela à cause de l'absence des sympº
tòmes, par extension de l'ostéite nasale ou du rocher aux méninges voisines.
Nous ne pouvons supposer qu'une manifestation lente insidieuse en rapport
avec les symptômes, une irritation méningitique subaiguë à marche chro
nique par lésion osseuse du voisinage, par gomme développée à la face
interne du crâne ou par nappe gommeuse des méninges, avec production
proliférante diffuse dans la substance grise; les mêmes lésions ont-elles re
connu pour cause une gomme ou une sclérose de l'encéphale primitive, dé
SYPIILIS CÉRÉBRALE SINULANT UNE PARALYSIE GÉNÉRALE . 163
butant par les vaisseaux ou le tissu cellulaire, c'est ce que nous ne pouvons
établir. Si les ictus épileptiformes , selon l'opinion de M. Lancereaux sont
bien plus fréquents dans les irritations méningées syphilitiques, nous pou
vons penser à une lésion de ces enveloppes comme cause productive prin
cipale .
Neanmoins en raison de l'analogie des symptômes présentés par la malade
avec ceux de la paralysie générale progressive type, nous sommes portés å
supposer l'existence dans notre cas, et sous loute réserve nécropsique, d'une
diffusion proliférante cellulaire méningitique et encéphalique analogue aux
lésions de la paralysie générale type, mais conservant en vertu de l'étiolo
gie de sa production, un modus vivendi particulier qui lui a permis de
céder à l'action du spécifique .
Messieurs, si nous nous sommes permis de produire cette observation, c'est
qu'elle nous a paru puiser, dans le groupement et la multiplicité des symptômes,
dans leur mode d'apparition , dans leur marche graduellement croissante et
dans leur amélioration rapide et simultanée par l'intervention thérapeutique,
une démonstration des plus manifestes de l'influence de la syphilis sur la
production des phénomènes propres de la paralysie générale progressive.
La plupart des observations publiées à ce sujet consistent en observation de
malades ayant contracté la syphilis , puis présentant les symptômes de la
paralysie générale, et ensuite ameliorés par le traiteinent spécifique, et nos
doutes persistaient à leur lecture sur l'efficacité réelle de ce traitement.
Mais, chez notre malade , les lésions syphilitiques extérieures, multiples, os
tensibles ei palpables peuvent être considérées dans leur marche et leur
amendement comme un reflet visible des modifications analogues qui s'opé
raient dans le contenu de la cavité crânienne et un tel consensus de circons
tances ne peut manquer de faire disparaitre les doutes qui pourraient per
sister et de confirmer la possibilité de l'existence de manifestations syphi
lítiques capables de simuler la paralysie générale, ensemble symplomatique
que M. le professeur Fournier a si heureusement décrit sous le nom de
pseudoparalysie générale syphilitique.
REVUE DE DERMATOLOGIE.
tuberculeuses .
« Que devient alors la scrofule en présence de toutes ces recherches
et de tant de résultats concordants ? » Faut-il la supprimer en l'identi
fiant à la tuberculose ? Mais alors , comment interpréter les faits où les
observateurs les plus compétents et les plus convaincus de la nature tu
berculeuse des lésions scrofuleuses n'ont pas pu trouver de bacilles
dans ces lésions ? Comment appliquer et la rareté des bacilles et la len
teur d'évolution de la tuberculose expérimentale provoquée par l'inocula
tion de produits scrofuleux ? Ces deux derniers faits auxquels on n’ac
166 REVUE DE DERMATOLOGIE .
3 ans , dans l'espace de deux mois , trois cas de purpura offrant les symp
tômes suivants : début brusque par des convulsions, des vomissements et
une dyspnée intense, puis coma et , dans un cas, douleur vive à la région
lombaire. Au bout de quelques heures , apparition de taches purpuriques
symétriques, à la face antéro - interne des cuisses, d'abord foncées, res
semblant aux macules de la roséole syphilitique, puis prenant une cou
leur plus vive, franchement pourpre et enfin tournant au noir. L'éruption
gagnait ensuite le tronc et la face. Dans les trois cas, la marche a été
foudroyante et la mort est arrivée après 14, 15 et 20 heures de
maladie .
Un point important des observations de M. Guelliot, c'est que les trois
enfants habitaient une même rue . Cette rue était à ce moment très mal
propre, elle était voisine d'un dépôt de chiffons exhalant une mauvaise
odeur et, de plus, au moment de la mort des enfants, la pluie était
tombée en abondance. Enfin , quelques jours plus tard et dans le même
quartier, un enfant de quelques mois succombait dans des conditions
analogues.
M. Guelliot rapproche de ces observations un fait semblable rapporté
par Rilliet et Barthez ; puis, discutant le diagnostic, il élimine toute
170 REVUE DE DERMATOLOGIE .
leurs articulaires dans les doigts, en même temps que se produisait une
éruption d'urticaire sur les poignets, puis appararent des mouvements
choréiques qui persistèrent pendant plusieurs mois.
Comme le remarque M. Ollivier, il s'agit très probablement, dans ces
cas, d'affections cutanées développées, comme la chorée, comme l'endo
cardite, sous l'influence du rhumatisme : la connexité des accidents doit
leur faire reconnaître une seule et même origine.
La coïncidence d'éruptions cutanées avec la chorée n'est pas notée par
les auteurs, et M. Ollivier ne connaît pas, dans la littérature médicale,
d'observations semblables aux siennes.
Les faits de ce genre ne sont cependant peut- être pas aussi excep
tionnels que pourrait le faire supposer le silence des auteurs. Depuis la
publication du travail de M. Ollivier, il aa été relaté par M. Morel -Laval
lée ( Revue mensuelle des maladies de l'enfance , 1884 , septembre,
p. 421 ) une observation présentant quelque analogie avec les précé
dentes : un enfant de 11 ans, en traitement depuis 3 semaines pour une
chorée intense accompagnée d'endocardite, est pris de pleurésie et de
pericardite , puis on voit apparaître une éruption d'érythème polymorphe,
nummulaire, circiné et ortié occupant les membres, qui disparait au
bout de 3 jours ; l'enfant succombe quelques jours après à une pneumo
nie . Nous pouvons citer aussi le fait d'une petite fille de 9 ans que nous
avons observée récemment et qui , atteinte de chorée depuis quinze jours,
présentait sur le tronc et les membres une éruption des plus remar
quables d'érythème circiné, sans concomitance de décrimination rhuma
tismale soit sur les jointures, soit sur les séreuses cardiay.cs.
De tels faits n'ont rien d'extraordinaire si l'on admet l'origine rhuma
tismale de la chorée et de certaines variétés de l'érythème polymorphe :
il n'y a alors rien que de naturel à voir s'associer deux manifestations
relevant de la même cause. Ils sont cependant bons à noter à une époque
où l'on procède au déclassement des exanthèmes rhumatismaux et où
l'on a grande tendance à en distraire l’érythème polymorphe.
GEORGES THIBIERGE .
l'endroit par lequel elle adhérait au pied : cette partie présente un aspect
inégal; elle a un quartde pouce de diamètre, est arrondie, et on y remarque
des sortes de cercles concentriques la faisant ressembler jusqu'à un certain point
à la tranche d'un rouleau de papier épais . La pièce a une teinte blanchâtre
et est extrêmement dure bien qu'elle paraisse cedémateuse ; il est vrai de
dire qu'on l'a conservée dans l'alcool . Voici le résumé de l'examen histolo.
gique, que son extreme longueur nous a empêchés de traduire in extenso .
La couche cornée de l'épiderme est augmentée d'épaisseur, les cellules qui
la composent semblent ètre plus volumineuses, quelques -unes sont troubles,
granuleuses et renferment un noyau qui devient de plus en plus petit à mesure
que l'on approche de la surface. Le rete de Malpighi est également hyper
trophié et très fortement ondulé, car les prolongements interpapillaires sont
énormes. Il n'y a que les cellules de la couche basilaire qui renfermentdu
pigment et ce pigment est inégalement réparti , car il manque presque com
pletement dans les cellules qui sont situées an sommet des papilles . tandis
qu'il est fort abondant dans les autres . Le corps papillaire est donc très
hypertrophié; les papilles de la couche supérieure du chorion sont très
dilatées et remplies de globules blancs et de globules rouges . Tout autour de
ces vaisseaux le derme est infiltré de leucocytes qui forment même par place de
veritables amas ; en certains points cette infiltration cellulaire a même déier
miné un commencement d'organisation, et il s'est produit du tissu conjonctif
qui forme comme un anneau autour du vaisseau. Les mailles du chorion
contiennent, d'ailleurs, aussi çà et là des amas plus ou moins considérables
de petites cellules rondes, qui tendent à former du tissu conjonctif ; mais,
i faut bien le reconnaitre , c'est surtout autour des vaisseaux, ainsi que nous
venons de le dire, que se fait cette proliferation. Les couches inférieures du
derme sont constituées par des faisceaux de tissu conjonctif et de tissu mus
culaire lisse formant des mailles assez larges et délimitant des espaces vides
de grandeur variable . Les vaisseaux sanguins , artères, capillaires, veinules,
sont partout très nombreux ; ils sont dilatés et remplis de globules sanguins.
Presque toutes les veines sont vides. Les artères les plus volumineuses ont
leurs tuniques musculaires et celluleuses très notablement épaissies ; leur
endothelium est en prolifération. Les lymphatiques sont dilates, mais pour la
plupart ils sont vides. Les glandes sudoripares sont nombreuses; elles sont
entourées d'un plexus vasculaire fort congestionné , elles ont subi un certain
degré d'atrophie, et tout autour de leurs glomérules on trouve de nombreuses
vésicules de graisse et des alvéoles arrondis remplis de cellules lymphoïdes.
Vers le pédicule qui réunissait l'orteil au pied , l'épiderme devient de plus en
plusmince, et finit par disparaitre complètement. Il ne se termine pas progres
sivement et d'une manière insensible, mais par un ressaut brusque. Le corps
papillaire finit aussi brusquement, et l'on ne trouve plus au delà que des
faisceaux étroitement serrés de tissu conjonctif, entremêlés de plusieurs
bandes de tissu élastique jaune. A l'endroit où élait situé le pédicule les
tissus semblent avoir été coupés carrément avec un couteau .
les aliénés héréditaires, par exemple, comme les travaux et les dessins de
Morel en font foi. Les dents d'Huchinson , elles-mêmes , ne sont pas
propres aux descendants de syphilitiques et nous avons vu de nombreux
sujets qui en présentaient de magnifiques, contrastes des syphilis dont
la gravité et l'extériorité rendaient peu probables de pareils antécédents.
De ce que Michelino était soumis à toutes les chances que comporte
la syphilis héréditaire, il n'en résulte pas, toutefois que son affection
médullaire relève de la syphilis. Pour qu'un rapport de causalité cer
tain ou même probable puisse être établi entre une maladie générale et
une affection , il faut que cette dernière présente avec celle-ci certains
rapports de fréquence, d'évolution et de sensibilité thérapeutique. C'est
ainsi que la plaque muqueuse est spécifique de la syphilis parce qu'elle
n'apparaît que dans le cours et même à une certaine période du cours
de cette maladie infectieuse ; que la réalité de l'endocardite rhumatis
male repose en partie sur l'extrême fréquence de cette lésion chez les
rhumatisants, que les rapports de la migraine et de la goutte sont prou
vés par l'alternance des accidents céphalalgiques et podagres chez les
individus soumis à la constitulion goutteuse et qu'enfin , la communauté
de traitement permet de rattacher à l'impaludisme les phénomènes
morbides les plus dissemblables. Ces conditions, dont nous pourrions
étudier la liste, ne nous semblent pas remplies dans l'observation de
M. de Luca ; aussi dût l’étiologie de la paralysie atrophique de l'enfance
conserver encore son obscurité, gardons -nous toute notre défiance pour
le vieil adage : Post hoc, ergo propter hoc. D ' E. CHAMBARD .
REVUE DE VÉNÉOROLOGIE .
qui , sauf quelques douleurs fugaces, n'en est pas autrement incom
modé.
On comprend que dans ces cas, un excès quelconque , un refroidis
sement, etc. , pourra amener subitement une cystite aiguë ou suraigue,
qui ne sera que la transformation de la cystite latente .
Il importe donc, à tous les points de vue , de diagnostiquer cette forme,
et pour cela, après lavage de l'urethre antérieur, d'exanıiner l'urine de la
vessie . P. HAMONIC .
Le Gérant : G. Massox.
Paris. Société d'imprimerie PacL DUPONT, 11 , rue J.- J.-Rousseau (Cl.: 52.3.8.
N° 4 . 25 Avril 1885 ,
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES.
tage de m'exprimer dans une langue étrangère pour nous deux . C'est
pourquoi je prends la liberté de présenter une rectification de cette
expérience et une petite liste de cas analogues , qui pourront peut-être
intéresser les syphilographes .
Les expériences tentées dans ces dernières années pour l'excision de
l'induration syphilitique primaire, ont donné une importance singuliè
rement pratique à la doctrine d'après laquelle cette affection serait un
symptôme initial local ou un signe d'infection constitutionnelle déjà
complète . Les partisans de la méthode d’excision ont voulu trouver dans
les cas où les symptômes constitutionnels ont manqué ensuite, une
preuve de la nature locale de la sclérose, tandis qu'au contraire, les
adversaires de la méthode ont cherché dans les insuccès , assurément
très fréquents, une nouvelle preuve à l'appui de leur opinion , que l'in
lection était déjà constitutionnelle à l'apparition de la sclérose.
En présence des résultats obtenus jusqu'ici dans les expériences
d'excision , - suivies , dans la grande majorité des cas , de syphilis cons
titutionnelle ; dans un nombre de cas moindre, exemptes de cette
ANNALES DE DERMAT. , 2° SÉRIE, VI . 13
194 ERIK PONTOPPIDAN .
affection , – il est permis de dire que les deux camps peuvent s'en pré
valoir avec autant, ou plutôt aussi peu de raison, pour appuyer leur
opinion . Les cas où la syphilis ne s'est pas manifestée après l'excision,
ont été jusqu'ici proportionnellement si rares, qu'ils ne suffisent pas à
infirmer, d'une manière positive , l'assertion de ceux qui soutiennent
qu'il est possible que la syphilis ne se fût pas non plus manifestée, si
l’excision n'eût pas eu lieu, soit parce que le diagnostic avait été
incertain , ou parce que quelques cas isolés d'induration bien caractérisée
peuvent rester localisés sans accidents ultérieurs.
Une autorité telle que le diagnostic, si supérieure qu'elle soit, ne
suffit pas à fournir ce raisonnement strict et complet, nécessaire pour
asseoir une preuve, quelque convaincu que l'on soit personnellement.
Mais, d'un autre côté, les cas où l'excision est suivie de syphilis, même
s'ils fornient incontestablement la grande majorité, bien plus, s'ils sont
même tous de cette catégorie, ne peuvent nullement prouver que l'in
ſection syphilitique , à ce moment, était déjà constitutionnelle . Ils démon
trent seulement, et rien de plus , que le virus s'est étendu au delà de la
7
national. On trouva alors à la place de chacune des trois pustules , une saillie
arrondie, ardoisée et dure , ayant l'étendue d'une petite pièce de 20 centimes
qui, mėme dans leur période retrograde actuelle furent diagnostiquées sans
Lésitation et sans crainte d'erreur, chancres syphilitiques à la période de
réparation et d'induration persistante.
l'immunité a lieu. Elle est fatale pour ainsi dire et se produit même
lorsqu'a été abolie de bonne heure la lésion vaccinale qui en a pourtant
été la cause première.
La vérole se conduit dans l'organisme à la manière de la vaccine ;
c'est bon à savoir; c'est ce que démontrent les expériences du Dr Pontop
pidan ; mais elles ne prouvent pas davantage. C'est parce qu'elles pré
sentent un réel intérêt que j'avais tout d'abord conseillé de les répéter.
Mais, j'ai réfléchi depuis ce temps et il me semble aujourd'hui qu'elles
ne doivent être faites qu'avec la plus grande réserve et surtout par ceux
là même qui y attachent le plus d'importance. Je vais m'expliquer ; mais
auparavant, qu'il me soit permis de relater le fait suivant : ,
« A la fin de septembre 1883, j'étais consulté par un jeune homme de
vingt-cinq ans, porteur d'un chancre rouge, lisse, vernissé, formé par
une érosion superficielle et sans bord , assez étendu , induré à la base,
accompagné d'une pléiade ganglionnaire inguinale double . J'inscrivis le
diagnostic de chancre syphilitique développé à la face supérieure du
sillon balano - préputiai (chancre en feuillet de livre) . En vérité, il ne
s'agissait là ni d'herpès , ni de chancre simple, ni de folliculite ou tyso
nite, comme disent quelques-uns. Cette lésion unique ne pouvait pas
étre autre chose, je le crus alors et le crois encore, qu’un chancre
syphilitique. Néanmoins, pour des considérations extra -médicales, je ré
solus d'attendre, avant d'instituer le traitement spécifique la preuve
indubitable de l'infection constitutionnelle et de laisser la roséole se
produire. Le chancre se guérit dans les limites classiques, laissa , bien
qu'aucune cautérisation n'ait été pratiquée , une induration qui persista
jusqu'à la fin de décembre, et des adénopathies inguinales qui existaient
encore le 19 janvier 1884 quand elles furent exaspérées par une poussée
d'herpès et une blennorrhagie . Ce même jour, je pus constater des adé
nopathies bilatérales du cou , plus prononcées du côté gauche. Or, malgré
>
tous nos faits de rhinosclérome possèdent des réactions et une forme qui
leur appartiennent en propre. Ces bacilles possèdent une capsule dure et
nous ne connaissons pas d'autres bacilles capsulés analogues dans les lé
sions pathologiques. Les diplocoques capsulés de la pneumonie ne pos
sèdent pas, comme les bâtonnets de rhinosclérome, des capsules hya
lines , réfringentes , dures et colorables, qui puissent leur être comparées.
La constance et la forme spéciale de ces bactéries dès le début de la
maladie constituent de fortes présomptions pour faire admettre la nature
parasitaire du rhinosclérome. Frish croit avoir réussi à cultiver les micro
organismes, mais ils ne sont pas pathogènes pour les animaux. Nous
n'avons pas répété ces expériences ni ces cultures, car nous n'avons eu
à notre disposition, depuis longtemps , que des pièces conservées dans
l'alcool .
Ce néoplasme récidive habituellement après l'ablation ; cependant, en
combinant les ablations partielles du tissu sclérosé avec des cautérisa
tions au cautère actuel, M. Alvarez a réussi à provoquer la formation du
tissu cicatriciel; on améliore ainsi l'état des malades, mais l'affection
n'en dure pas moins un temps extrêmement long.
RECUEIL DE FAITS .
T... , L... , âgé de 19 ans, découpeur sur or, entré le 8 novembre 1883 ,
salle Saint-Jérôme, lit nº 2 , service du Dr Siredey.
Antécédents héréditaires. — Le père d'une vie quelque peu désor
donnée, serait mort d'une maladie des voies urinaires. Eut-il la syphilis ?
L'interrogatoire de la mère, qui parait avoir eu son mari en petite estime,
laisse soupçonner tout ce que l'on veut de moins flatteur pour la mémoire
du défunt, mais ne permet d'arriver à rien de précis.
La mère, arthritique (urticaire, dyspepsie flatulente, coliques hépatiques
?
jour dépassait les limites qu'on lui avait trouvées dans le courant de
janvier et qui se voyaient imprimées au nitrate d'argent sur les téguments;
un autre jour elle revenait aux dimensions qui lui avaient été assignées :
somme toute elle ne variait guère ou présentait une légère tendance à
augmenter .
Pour le foie, il en était de même. Du côté des autres organes, il ne se
212 LÉON TISSIER .
présenta rien de nouveau . La cuisse était dans les conditions que nous
venons de dire et ne causait aucune souffrance.
Cependant le malade de plus en plus faible, bien que l'appétit füt à
peu près conservé, ne pouvait plus comme précédemment faire quelques
pas dans la salle, et venir se placer à la fenêtre voisine. Il dut à partir
de ce temps garder le lit d'une façon absolue .
En août, dans les premiers jours, la tumefaction de la cuisse réap
parut comme au mois de mars avec tension extrême des téguments,
douleur profonde, et toutes les apparences de la fluctuation la plus
franche.
M. le D: Reynier, suppléant le professeur Duplay, fut appelé et, bien
que prévenu de la déception précédemment éprouvée , déclara qu'il s'était
vraisemblablement formé une collection de pus autour de l’os malade, à
laquelle on devait donner écoulement. L'incision , pratiquée le 8 août, ne
fut pas plus heureuse que la première et en dépit de toutes les explo
rations du stylet ne donna issue qu'à du sang .
La plaie fut pansée comme la première fois à l'acide phénique et se
cicatrisa en peu de temps. Mais l'affaissement de la tumeur fut moins
marquée qu'après la première incision et les douleurs persistèrent
sourdes et tenaces . Le malade qui avait jusqu'alors la possibilité de
s'asseoir, et de se tenir dans un fauteuil pendant qu’on refaisait son lit,
à partir du milieu d'août dut rester couché constamment sur le dos ou
sur le côté gauche . L'ictère et la dilatation abdominale étaient les
mêmes; la rate avait très légèrement, par sa base, dépassé son ancienne
délimitation .
de Gibert : 2 cuillerées .
5 mai. L'amélioration se prononce davantage sous tous les rapports.
Un peu de constipation .
Sirop de Gibert et collyre ut supra. Rhubarbe et scammonée .
24 mai. Même élat de l'œil . Vision assez bonne .
Plus d'hésitation dans la marche; le malade, en tournant au comman
dement, trébuche et bat l'air des bras, cherchant à maintenir son équi
libre . - Si, étant debout et immobile, on lui commande de tourner
brusquement la tête de côté, il a la sensation qu'il perd l'équilibre et
qu'il va tomber .
222 F. MÉPLAIN.
Aussi , croyons-nous, qu'il ne sera pas sans intérêt pour les lecteurs
des Annales de reproduire ici le fait suivant, dans lequel une infection
tuberculeuse générale est survenue après un lupus.
Et ajoutez lentement :
Vaseline jaune . 100 grammes .
ches , petits foyers sur les membres du côté droit. Début de la maladie
il y a 5 ans.
Acide arsénieux à l'intérieur jusqu'à 0,02 par jour, en tout 2 .
gr. 5 ;
par la méthode sous-cutanée 6 gr. 47 de solution de Fowler, 0,17 à 1,0
par injection.
2° F. E ... , 35 ans. Lupus hypertrophique très étendu qui a envahi
toute la tête , le membre inférieur droit presque tout entier ( éléphantiasis
de la jambe) et un certain nombre de points plus ou moins considérables
de la surface du corps. Début de la maladie il y a 21 ans .
Acide arsénieux à l'intérieur jusqu'à 0,036 par jour, en tout 7 gr . 7 .
Par la méthode sous-cutanée 36 gr . 28 de solution de Fowler, 0,5 à 2,0
par injection .
3° S. G ... , 25 ans. Lupus de la face, ayant gagné le nez , les joues,
la lèvre supérieure, une partie du front et du menton . Début il y a en
viron 20 ans.
Acide arsénieux à l'intérieur jusqu'à 0,036 par jour, mais en général
seulement 0,015, car il est mal supporté ; en tout 5 gr. 7 .
4° A. P ... , 37 ans. Éruptions lupeuses sur des cicatrices considé
rables du cou, consécutives à des ganglions suppurés . Début il y a
7 ans .
Acide arsénieux à l'intérieur jusqu'à 0,03 par jour ; en tout
4 grammes .
5° R. F ... , 12 ans . Lupus du nez, éruption serpigineuse étendue sur
la jambe droite, plusieurs petits foyers au niveau du coude et du poi
gnet droits . Début dans la première enfance.
Acide arsénieux à l'intérieur jusqu'à 0,02 par jour ; en tout
2 grammes .
(Ces 5 observations ont été recueillies à la policlinique de l'Univer
sité de Leipzig .)
Chez la malade qui fait le sujet de l'observation 4 il ne se produisit,
sous l'influence du traitement arsenical, aucune modification appré
ciable des nodosités lupeuses . Par contre, dans les 4 autres cas, on
constata l'influence très évidente de l'arsenic sur toutes les éruptions et
lésions lupeuses non traitées d'autre part. Dans l'espace d'environ deux
mois les infiltrats devinrent plus plats et dans deux cas (1 et 3) la ré
sorption fut presque complète.
Dans le premier cas , dans lequel on avait interrompu la médication,
il survint au bout de quelques mois une aggravation, le lupus redevint
ce qu'il était au début .
Dans l'observation 3 , l'amélioration est restée stationnaire et par
conséquent il n'y eut pas de guérison . Mais les résultats furent particu
lièrement remarquables, chez le second malade, les infiltrats, dont la
REVUE DE DERMATOLOGIE . 2:33
le temps qu'il a employé les lotions pour les plaques du cuir chevelu.
L'auteur avait déjà prescrit l'arsenic dans plusieurs autres cas de
lupus érythémateux, mais sans avoir jamais obtenu de résultats bien
définis. Il est vrai qu'on l'emploie rarement à dose suffisante et pendant
un temps convenable . Chez M. B ... l'apparition d'un zoster arsenical et
d'une conjonctivite démontre qu'on avait atteint toute l'influence physio
logique du médicament. Ce cas doit encourager à faire plus largement
usage de notre grand remède. Il est toutefois à craindre que les résultats
ne soient pas toujours aussi satisfaisants et que le cas de M. B... ne soit
qu'une heureuse exception ; car J. Hutchinson a vu des malades chez
lesquels l'arsenic à dose élevée aa été plutôt nuisible qu’utile. Le fait cli
nique que le lupus érythémateux diffère de toutes les autres formes de 1
med. and surg. Journal, vol . CXI , n ° 14, 2 oct. 1881, p . 821. )
IX . HYDROA ; IMPETIGO HERPETIFORMIS ; DERMATITIS HERPETIFORMIS, par
A - R . ROBINSON. (Journal of cutaneous and venereal diseases , jan
vier 1883.)
arrivées aux derniers mois de leur grossesse . Huit fois la mort est sur
venue pendant une première attaque, une fois pendant une rechute ;
une fois l'affection s'est produite à trois reprises pendant trois grossesses
successives , a guéri les deux premières fois, mais a eu la troisième fois
une terninaison fatale. Enfin dans un dernier cas il y aurait eu guérison
définitive .
Après ce long résumé des divers documents qu'il a trouvés dans les
auteurs , Duhring termine son article en disant que l'existence de liens
très étroits entre l'impetigo herpetiformis d'Hebra et la variété pustuleuse
de la dermatite herpétiforme ne lui semble pas discutable . Je dirai tout
à l'heure pourquoi je ne saurais jusqu'à présent admettre cette opinion.
Mais je crois devoir auparavant analyser les trois observations sui
vantes .
d'un pois, de forme assez irrégulière, les unes arrondies, les autres angu
leuses . Elles n'avaient aucune tendance à se rompre spontanément, mais la
malade les déchirait par le grattage. Elles étaient disposées en groupes de
trois ou quatre à douze et plus , formant dans leur ensemble une plaque de
la grandeur d'une pièce de 5 francs. Elles ne dessinaient pas de figures géo
métriques nettes.
L'éruption continua ainsi pendant un an, présentant de temps en temps
des poussées subites ou graduelles. Parfois l'affection semblait vouloir dis
paraitre, puis , au bout d'une semaine ou deux, survenait une nouvelle at
taque et ainsi de suite . Jamais la malade ne resta absolument indemne d'é
ruption plus d'une quinzaine.
Au bout d'un an , elle vit survenir une poussée dans laquelle les éléments
REVUE DE DERMATOLOGIE . 239
Il s'agit d'une femme, âgée de 26 ans, jusque-là bien portante, et qui fut
reçue le 11 mars 1884, au Boston Lying. In hospital pour une légère hé
morrhagie consécutive à l'extraction du placenta ; les couches avaient, 14
senta les lésions qui viennent d'être décrites. Le visage , les bras et les
jambes devinrent le siège d'un ædėme notable pendant l'acmé du processus.
La desquamation fut particulièrement abondante au cuir chevelu, aux avant
bras, aux mains , aux jambes et aux pieds. La malade se plaignait d'un peu
de prurit, et de douleurs très vives surtout lorsqu'elle voulait exécuter des
mouvements. La prostration était très marquée. La durée de l'affection fut
d'environ trois semaines, et la convalescence s'établit très rapidement . Le
traitement consista en injections de morphine contre les douleurs , et en ap
plications externes d'oléate de zinc.
Il s'agit d'un enfant de dix ans , assez chétif, qui avait eu trois ans aupa
rarant une éruption semblable à l'éruption actuelle, éruption qui avait duré
plusieurs mois. Il y a dix mois, il avait eu très probablement une légère al-'
taque de rhumatisme articulaire. L'éruption actuelle n'a été précédée d'au
cun prodrome, et a débuté il y a environ deux mois, sans s'accompagner de
phénomènes généraux, par des bulles transparentes qui se sont montrées
d'abord aux chevilles, puis ont gagné tout le corps. Il en a maintenant de
nombreuses sur le thorax, l'abdomen, la partie postérieure du scrotum , la
partie interne des cuisses où elles sont presque confluentes ; sur les jambes
el sur les bras, elle sont au contraire assez clairsemées . La paume des mains
et la plante des pieds, aussi bien que les muqueuses, sont indemnes.
ANNALES DE DERMAT. , 2° SÉRIE, VI. 16
212 REVUE DE DERMATOLOGIE .
éléments éruptils .
Le Dr Robinson a complété son observation par la publication de deux
superbes chromolithographies montrant l'aspect général de l'éruption surla
partie antérieure et sur la partie postérieure du tronc.
Tels sont les documents nouveaux que nous fournissent les auteurs amé,
ricains sur la dermatite herpetiforme. Quant à moi, après leur analyse al
tentive, j'avoue ne pouvoir comprendre qu'on puisse faire rentrer dans un
même groupe morbide trois fails aussi disparates que les trois faits précé
dents . Celui du Dr Robinson nous semble être purement et simplement
ce que nous désignons encore en France sous le uoin d'érythème poly
morphe vulgaire à forine bulleuse L'observation du Dr Boardman pré 1
pas non plus les cheveux faviques aussi fortement que les cheveux tri
chophytiques. On voit bien sur le poil favique, qui a été longtemps
exposé à l'action du parasite, quelques fissures longues, étroites, conte
nant de l'air, se produire lorsque la solution de potasse caustique y pé
nètre, mais jamais on n'observe une dissociation aussi prononcée que
celle provoquée par le trichophyton au bout de quelques jours seulement.
Cette réaction produite par le chloroforme sur le poil trichophytique,
l'auteur dit l'avoir constatée sur des cheveux qu'il prit sur une plaque
tonsurante de la tête, chez un enfant de quatre ans, où il existait un
herpès depuis quatre à cinq jours ; les cheveux s'étaient tous cassés au !
commencé dès la période aiguë , et qu'en très peu de jours on voit les
microbes disparaître et la maladie s'amender. Si nous accordons une
grande confiance à cette assertion , ce n'est pas seulement parce que
l'auteur est un praticien expérimenté, un observateur sagace , mais aussi
parce que nous avons depuis plusieurs années prescrit avec succès une
préparation qui se rapproche sensiblement de la précédente.
En voici la formule telle qu'elle me fut indiquée en 1882 par mon
ami Rebatel qui me disait en avoir fait et vu faire grand usage à Lyon :
Eau .... 250 ,
Acide citrique ... 1,50
Acide salicylique .... 0,05
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE .
Le Gérant : G. Masson.
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES.
APERÇU GÉNÉRAL .
II .
10 centigrammes de naphtol.
Aucun accident consécutif à l'injection .
Le 27 juillet, ce cobaye est en parfaite santé .
27 juillet for cobaye , pesant 475 grammes .
Il reçoit : 1 gramme d'alcool ;
10 centigrammes de naphtol.
Aucun accident consécutif à l'injection .
Le 30 juillet , le cobaye est en bonne santé .
2° cobaye , pesant 430 grammes.
Il reçoit à 10 heures du matin : 2 grammes d'alcool ;
20 centigrammes de naphtol.
Immédiatement après les injections, le cobaye reste immobile , comme
engourdi .
A 10 heures 17 minutes , quelques convulsions tétaniques dans les palles
postérieures.
A 10 heures 30 minutes , nous pratiquons une injection d'éther , dans le but
d'irriter le bulbe et de permettre à notre cobaye de résister à l'action toxique
du naphtol durant quelque temps .
Quelques minutes après, convulsions et contracture des pattes postérieures,
puis mort à 12 heures 10 minutes du matin .
du corps .
Nº 5. - Chienne griffonne, pesant 7 kilogrammes.
Injecté 2 gr. 10 de naphtol, soit 3 grammes par 10 kilogrammes du poids.
Effets produits.
No 1 . Léger état de somnolence. De temps à autre, respiration ron
tlante ; une heure environ après l'injection , évacuations ramollies , abon
dantes.
Puis retour complet à l'état normal.
Ce chien n'a pas présenté le moindre signe de faiblesse du train pos
térieur .
N° 2. - Ce chien est naturellement morose et craintif ; dès qu'on l'ap
proche , il cherche à fuir .
L'aiguille de la seringue aà injection a dù blesser la veine mammaire , car
il se forme aussitôt après une volumineuse tumeur sanguine .
Quoi qu'il en soit , l'animal se couche appuyé contre le mur et n'en bouge
plus, il ne fait pas un mouvement ; de loin en loin, on note quelques trem
blements de tout le corps.
Évacuations ramollies lorsqu'on le ramène au chenil, deux heures après
l'injection.
Pas de faiblesse du train postérieur .
N° 3. L'injection provoque presque immédiatement une excitation in
tense : il va, vient, tourne, se couche, se relève, se dresse, essoufflé, hale
tant, tirant la langue, aboyant ; il entre fréquemment en érection. Cette
période d'excitation dure au moins une heure ; puis , peu à peu il se calme,
se couche en rond , et reste dans un état voisin de la somnolence . A noter,
quelques mouvements convulsifs de la tête au début de la période de calme.
Évacuations très molles lorsqu'on le reconduit au chenil; pas de para
lysie, mais une certaine gène de la marche ; l'animal court en voussant les
reins.
N° 4. Agitation très accusée au début ; l'animal souffle, tire la langue ,
pousse de petits jappements caressants ; il cherche à jouer . Bientôt, après
un quart d'heure environ , il se calme, et se couche en rond ; de temps à
autre, il est comme secoué par des tremblements généraux ; puis il se ré
veille, sautille, jappe ou pousse des grognements de colère, en tirant ou
mordillant sur sa laisse ; il éternue à diverses reprises et se frotte violem
ment le nez dans la paille .
Enfin, il se calme de nouveau, se couche étendu de tout son long sur le
carreau et reste , pendant une heure environ , inerte , gardant la position
qu'on lui donne, dans un état de torpeur très accusé.
Puis il se relève un peu étonné , abruti, fiente en diarrhée à deux ou trois
reprises , marche en titubant et en voussant les reins .
N 5. Excitation moins rapide que les deux précédents , mais aussi
très accusée ; il va, vient, saute, jappe, gratte la paille, tire sur sa laisse et la
mordille ; puis, presque subitement, il devient comme hébété, l'æil fixe, accoté
au mur, immobile , insensible aux appels et aux caresses . Cet état dure dix
minutes environ ; il se réveille , boit avidement , jappe, il semble pris d'une
266 ALBERT JOSIAS .
presque à chaque pas, qu'il se traine péniblement sur le sol , dressé sur les
pattes de devant ; enfin, il s'étend de tout son long, haletant, grondant , gé
missant, puis lout se calme peu à peu et le chien reste dans la torpeur la
plus profonde pendant quatre heures consécutives ; on peut le tirer par les
pattes, le soulever de terre, le pincer, le piquer, sans qu'il bouge ; il regarde
faire d'un air hébété, sans paraitre éprouver de douleur, ou sans pouvoir
opposer de résistance . Les pupilles semblent légèrement dilatées.
Pendant la première période, on a noté plusieurs accès de violents éter
nuements .
Il a aussi uriné un grand nombre de fois.
L'après-midi, soif ardente, appétit nul.
Le lendemain , l'animal semble complètement guéri.
Le 6 mars, eschare étendue au point d'injection.
TROISIÈME SÉRIE.
19 mars , matin .
Urination fréquente .
Dès le lendemain tout est rentré dans l'ordre . Appétit , guieté reparaissent.
Pas d'albuminurie , ni d'hémoglobinurie .
Plus trace de faiblesse du train postérieur.
Nº 5. – Au début, la chienne est couchée en sphinx , triste, morne, pous
sant quelques gémissements plaintifs ; elle ne répond plus aux appels , aux
caresses .
Après vingt minutes environ , elle essaye de se relever ; les membres pos
lérieurs semblent refuser leur service , elle tombe , tantôt à droite, tantôt à
gauche ; enfin, parvenue à se mettre debout, elle litube , éternue violemment,
urine , puis retombe sur la litière ; les pupilles sont très dilatées , la respira
très accélérée, irrégulière. De temps à autre, surtout quand elle vient d'éter
nuer, la chienne est prise d'accès de suffocation .
Au bout d'une heure environ , la tristesse semble se dissiper; la bête rede
vient caressante ; elle cherche à venir quand on l'appelle , mais elle traine les
membres postérieurs sur la litière .
Les éternuements se montrent par accès fréquents et prolongés, auxquels
succède une respiration dyspnéique assez inquiétante.
Après deux heures environ , tous ces signes diminuent d'intensitė ; la
chienne se calme, se couche en boule et reste dans cet état de somnolence
pendant toute la journée .
Diarrhée séreuse abondante durant deux à trois jours. Pas de trouble de
l'urination .
Le lendemain tout est rentré dans l'ordre.
Chez tous les animaux qui ont servi à ces expériences , la température
anale, prise pendant les périodes de calme, n'a oscillé que de quelques
dixièmes de degré.
II
âge s'abaisser à 200 et même un peu plus bas. Il y avait donc une dimi
nution d'environ 50 0/0 dans la solidité du squelette. La densité de l'os,
c'est -à -dire d'un segment complet avec sa moelle, était celle d'un os
déjà sénile (1.50, au lieu de 1.60 ) ; et c'était justement cette sénilité
prématurée du tissu osseux, gras, atrophique et raréfié, qui inspirait
des doutes sur l’estimation exacte de sa fragilité .
Quelque temps après, Gangolphe me remit les péronés d'un jeune
homme de 20 ans, dont il doit publier l'observation ici-même, et qui
offrait un ensemble complet de syphilis tertiaire, gommes des viscères,
gommes articulaires ... Ces péronés étaient parfaitement sains ; rien au
périoste, rien dans l'os qui fut ruginé, rien dans la moelle. La diaphyse
se brisa à 175 kilogrammes. Pour s'assurer que l'ostéoclaste fonction
nait toujours bien , on essaya comparativement des péronés normaux
qui se brisèrent à 300 kilogrammies. Il était donc évident que la téna
cité de flexion était notablement diminuée. Du reste , les fragments obte
nus se brisèrent facilement à leur tour avec les mains ; et quand on s'en
servit plus tard pour l'analyse chimique, ils se broyèrent et se pulvéri
sèrent comme du verre .
Quelle était la cause de cette fragilité ? Les nombreuses hypothèses
que l'on pouvait faire aboutissaient toutes à une de ces deux conclu
sions : l'os avait subi ou une altération physique ou une altération chi
mique.
(1) Voyez mon travail : Variétés chirurgicales du tissu osseux (Revue de chi .
rurgie, 1884) .
DE LA FRAGILITÉ DES OS CHEZ LES SYPHILITIQUES . 271
Ces chiffres concordent tout à fait avec les chiffres anciens de Frémy,
avec les chiffres plus récents de Dufourt, et en général avec ceux des
observateurs qui ont opéré par les mêmes procédés . Ils concordent
aussi avec ce fait, que j'ai signalé plus haut, que la densité totale était
normale .
Les proportions entre la matière organique et les sels minéraux étant
norinales, et l'osséine ne paraissant pas être différente de ce qu'elle
est ordinairement, c'était dans la nature ou la quantité d'un des sels
minéraux qu'on pouvait espérer trouver un changement important . Or.
les 65.35 de cendres se répartissaient ainsi :
Phosphate tri -calc .... 57.31
Phosphate de magnésie.. 1.04
Phosphate de fer. 0,62
Carbonate de chaux . 5.43
Fluorure de calcium .. 1.31
Chlorures ... traces
Silice... 0.36
Ces quantités sont toutes dans les limites des variations connues .
Seul le fluorure de calcium fait exception .
Découvert en 1805 dans l'ivoire fossile par Moricchini, dans les os
ordinaires par Berzélius en 1807, le fluorure des os n'est bien connu
272 CHARPY .
LE CHANCRE .
d'après lequel l'auto- inoculation d'un chancre dit infectant donnait tou
jours un résultat négatif, et que tous les ulcères inoculables au porteur
par générations ne pouvaient provenir que d'un chancre mou, c'est - à
dire non syphilitique. Se fondant sur ces résultats, les adversaires de la
dualité s'empressèrent de déclarer que le chancre mou était non seu
lement le produit d'un autre chancre mou , mais qu'il pouvait être
occasionné par la sécrétion d'efflorescences syphilitiques irritées sur
le porteur de ces efflorescences, vu que les ulcérations produites sur
un individu syphilitique par la sécrétion de ses efflorescences spécifiques
irritées sont inoculables à ce même individu , et que chaque ulcère .
inoculable est un chancre .
Cependant cette théorie de l'origine du chancre mou ne tarda pas non
plus à être démentie par d'autres faits. Dans une discussion que nous
eûmes avec Bidenkap, nous lui fimes observer, qu'à notre avis, tout pus
vulgaire inoculé à un individu syphilitique, produisait sur lui des ulcé
rations transmissibles par inoculation ; et notre supposition fut bientot
confirmée par Pick .
En inoculant des pustules non vénériennes (pustules de gale, de pem
phigus et d'acné) à des individus syphilitiques, cet auteur obtenait
immédiatement des pustules qui s'ulcéraient et qui étaient inoculables
en plusieurs générations, et semblables au chancre mou . Des auto-ino
culations avec le même pus, faites à la même époque par Pick à titre de
contrôle ou faites sur d'autres individus non syphilitiques, eurent des
résultats négatifs. Pick croyait donc pouvoir admettre qu'en certaines (!) +
chancre moù : il n'est cependant pas prouvé que ces ulcérations pro
duites au moyen de sécrétion syphilitique sur des individus sains, pro
duisent dans tous les cas des effets purement locaux, sans porter preju
dice au sang de l'individu inoculé, comme cela a lieu pour le chancre
SUR LA PLURALITÉ DES VIRUS VÉNÉRIENS . 279
mou ordinaire . De plus, il faut tenir compte, que sur des individus
syphilitiques, on peut aussi, à l'aide de pus vulgaire, produire des ulcéra
tions semblables au chancre mou , c'est-à-dire transmissibles, tandis que
sur des individus sains, ces ulcérations produites au moyen de pus vul
gaire ne peuvent pas toujours être inoculées en beaucoup de générations.
Lorsqu'on ignorait encore que le pus vulgaire pouvait être aussi inoculé
par générations sur des individus sains, on croyait pouvoir expliquer ce
phénomène qu'on supposait particulier aux individus syphilitiques, par
une plus grande vulnérabilité de ces derniers. Les essais d'inoculation
faits par Pick et kraus, ainsi que les expériences plus récentes de
Morgan , montrent incontestablement que par l'inoculation d'un pus
quelconque, sans distinction d'origine, on peut produire sur des indi
vidus syphilitiques des ulcères inoculables par générations, semblables
au chancre mou . La nature de ces ulcérations, c'est-à - dire leur mode
d'action , et leurs rapports avec un organisme sain n'ont pu encore être défi
nitivement fixés, malgré les expériences de Rieger. Sachant même que
pour l'inoculation de la sécrétion de pareils ulcères produits sur des
individus syphilitiques, l'on peut provoquer sur des sujets sains des
ulcerations transmissibles conservant pour la plupart, sinon toutes, un
caractère purement local, en d'autres termes , ne portant pas préjudice à
la masse du sang , on n'a pas pour cela le droit de supposer que l'ulcé
ration vénérienne molle, puisse résulter de l'inoculation du pus de pro
duits inflammatoires syphilitiques. En effet, en inoculant des liquides
qui contiennent un « contage vivant » nous pouvons obtenir tantôt un
résultat positif, tantôt un résultat négatif. Le résultat sera positif, dans
les cas, où dans le liquide inoculé, il se trouvera des éléments du con
tage vivant , négatif, dans ceux où la substance inoculée sera exempte
de ces éléments . Mais comme nous admettons un contage vivant pour la
syphilis , comme nous l'expliquerons plus loin , les essais d'inoculations
comme ceux dont il vient d'être question nous apprennent que nous
avons seulement inoculé des éléments qui , en effet, produisent des
ulcères, mais que nous n'avons pas inoculé un virus syphilitique. De
plus, aucune expérience n'a encore démontré que le même pus chan
creux inoculé simultanément à une ou plusieurs personnes ait produit
tantôt des affections syphilitiques primaires, tantôt des chancres mous;
d'un autre côté, toutes les inoculations faites en vue de la syphilisation
avec le pus de chancres mous ont toujours produit des ulcères non indu
rés, tandis que dans la plupart des cas d'inoculation régulière de pus de
chancre induré ou de papule syphilitique sur des individus sains, le
résultat final a toujours été une ulceration indurée.
Tels sont les faits qui nous disposent à revendiquer deux contages
différents , l'un pour l'ulcère vénérien induré, l'autre pour celui non
280 H. ZEISSL .
induré ; nous désignons même sous un autre nom l'ulcère induré, et nous
n'attribuons la dénomination de « chancre » qu'à l'ulcération vénérienne
non indurée, destructive en thèse générale . Nous observerons ici , que ce
n'est pas par systémomanie que nous donnons à l'induration une signi
fication essentielle qui établit une différence . Nous sommes loin d'igno
rer qu'en formant les phénomènes pathologiques, la nature, dans la plu
7
part de cas, ne s'en tient pas à certains types : nulle part elle n'établit
de délimitations très nettes et pour les maladies moins que partout
ailleurs. Bien que l'induration soit dans la plupart des cas un symptôme
tellement prononcé, qu'on puisse non seulement le percevoir au toucher,
mais encore le voir à l'ạil nu , il arrive cependant parfois qu'elle
échappe au toucher le plus exercé . Dans les cas où elle est perceptible,
les adversaires les plus acharnés de la dualité s'en servent comme point
de départ de leurs diagnostics et de leurs pronostics. C'est là ce qui
nous décide à adopter le système de la dualité, quoique d'un autre
côté nous convenions que tous les systèmes sont inventés et établis
pour faciliter les études. Il est vrai que la manie de la systématisation
entraîne la confusion , mais d'un autre côté, le manque de système
amène l'incertitude et l'arbitraire . Le petit nombre d'inoculations faites
sur des individus sains avec la sécrétion de sujets syphilitiques a montré
qu'en général , après une plus longue incubation , il finit par se former une
petite papule qui se désagrége peu à peu, c'est-à- dire qui produit un
ulcère peu purulent, connu depuis longtemps sous le nom d'ulcère de
Hunter, et suivi d'habitude des phénomènes désignés sommairement
sous le nom de maladie syphilitique, phénomènes que l'on n'observe pas
après les ulcérations virulentes dans lesquelles on a vainement cherché
une sclérose . L'induration nous offre d'un côté un signe pathognomo
nique très important et anatomiquement très net pour reconnaître
l'affection syphilitique initiale ; de l'autre nous manquons malheureuse
ment d'un pareil signe pour l'ulcération vénérienne molle . Ainsi que
nous l'avons déjà fait observer, la science n'a pu réussir jusqu'à présent
à découvrir des symptômes soit microscopiques, soit chimiques caracté
risant spécialement le chancre mou, et le différant des autres ulcérations.
Le diagnostic d'une ulcération vénérienne molle est toujours — nous devons
l'avouer – un diagnostic de probabilité ; on ne saurait l'établir par
des particularités physiques, on ne peut procéder que par induction et
par exclusion .
L'inoculabilité qui est le seul critérium , sans cependant être incon
testable, n'est qu'un moyen de faciliter le diagnostic , mais ce moyen n'a
de valeur que par la concession qu'on est obligé de faire qu'aucun pus
inoculé sous l'épiderme ou transféré sur des parties dépourvues d'épi
derme, ne produit une ulceration aussi rapide que celui qui provient
SUR LA PLURALITÉ DES VIRUS VÉNÉRIENS. 281
?
RECUEIL DE FAITS .
I
1
fréquemment des crampes dans les doigts, et cela des deux côtés. Mais le
membre supérieur gauche n'a jamais été le siège de douleurs comme celles
que nous avons déjà décrites pour le bras droit.
En 1878 , la main droite a été écrasée par un morceau de fonte. La plaie
contuse ainsi produite n'a jamais causé de souffrances notables ; elle a mis
environ six mois à guérir et n'a pas présenté dans son évolution de compli
cation actuellement appréciable ; mais elle était vraisemblablement accompa
gnée de lésions osteoarticulaires sérieuses . Actuellement, en effet, quoique
les mouvements de poignet soient souples, on voit que sur la face dorsale la
tête du cubitus fait une saillie beaucoup plus volumineuse que du coté op
posé ; en dehors, toujours sur la face dorsale , l'extrémité supérieure du se
cond métacarpien , elle aussi est fortement saillante et se trouve séparée par
une dépression de l'extrémité inférieure du radius. Du côté palmaire, enfin,
le carpe fait une forte saillie en avant et au-dessous de l'apophyse styloide
radiale. La plaie a laissé à la face dorsale de la main et du poignet une peau
blanche, lisse, mince, certainement cicatricielle , mais ayant conservé sa sou
plesse. C'est à la suite de cet accident , parait-il, que le pouce et le petit doigt
ont présenté une attitude vicieuse .
Le pouce est fléchi à angle droit : on peut augmenter le mouvement de
flexion, mais l'extension est impossible et on sait qu'elle est limitée par une
bride palmaire, métacarpophalangienne. Les mêmes phénomènes s'observent
à l'articulation phalango-phalanginienne du petit doigt, dont l'articulation mé
tacarpophalangienne a conservé ses mouvements normaux .
Ce traumatisme a dů produire également des lésions nerveuses. En effet,
le nerf cubital est certainement écarté aujourd'hui de sa position normale :
ce nerf passe normalement contre le pisiforme et en dehors de cet os. Or,
par pression sur le côté interne de la base de l'éminence thénar, à un fort
travers de doigt en dehors du pisiforme, on cause des picotements, mal dé
finis d'ailleurs, dans le petit doigt et la moitié interne de l'annulaire.
En tout cas, depuis cet accident les douleurs brachiales sont devenues à
la fois plus fortes et plus fréquentes. De plus, au lieu d'être exclusivement
noclurnes, elles se sont de temps à autre manifestées pendant le jour.
Ces crises douloureuses ne s'accompagnent pas de sueurs.
C'est environ un an après qu'ont débuté les crevasses profondes, saignant
facilement, identiques à celles que la main porte actuellement et bien diffe
rentes des gerçures auxquelles elle avait été sujette jusqu'alors.
Il y a cinq ans, après un redoublement de crises douloureuses, le médius est
devenu malade. Sans cause, sans douleur locale, la troisième phalange a
gonflé, est devenue rouge ; l'os mis à nu est sorti . Au bout d'un mois, on a
pratiqué, à l'hôpital de Metz , la désarticulation de tout le médius quoique les
deux autres phalanges fussent saines . L'amputation a guéri en 17 jours et
actuellement il y a lå une cicatrice linéaire, très souple vers la paume, mais
un peu calleuse à la face dorsale .
Un an après, l'index a été pris à son tour, le début s'est fait de la même
manière, ici encore précédé par des accès de névralgies brachiales; mais
l'os de la phalangette ne s'est pas nécrosé. La cicatrisation s'est faite spon
tanément et aujourd'hui on voit un index déformé, qui se termine en un cône
dont le sommet est constitué par un rudiment d'ongle. L'articulation phalan
gino-phalangettienne est à peu près complètement ankylosée, à angle oblus.
La peau de la face palmaire est très épaisse et très dure à la troisième pha
lange; beaucoup moins à la face palmaire de la première phalange; celle de
284 A. BROCA .
la face dorsale est indurée, rigide sur les deux dernières phalanges; elle est
normale sur la première.
L'annulaire est malade depuis 15 jours. Après de vives douleurs névralgi.
ques, il est survenu à la troisième phalange une tache noire qui a rapidement
fait le lour de l'ongle . Au dire du malade, il n'y aurait pas eu là de phlye
tène . L'ongle est tombé en peu de jours ; le doigt a gonflé , est devenu un peu
rouge tout en restant absolument indolent. L'ulceration a vite envahi les par
ties molles et aujourd'hui on est en présence d'un doigt raide, légèrement
gonflé , un peu rouge sur la deuxième phalange et ce qui reste de la troi
sième , se terminant par une ulceration irrégulière, bourgeonnant mal , sup
purant peu , au centre de laquelle on voit faire saillie la phalangelle nécrosée,
mais non mobile .
Trois crevasses existent sur les doigts. Elles sont profondes, le fond est un
peu suintant; il saigne facilement; les bords sont épais, durs, calleux. L'une
de ces fissures se voit à la face externe de l'articulation phalango - phalangi
nienne de l'index , traversant le pli articulaire avec une légère obliquité. La
seconde interesse également un pli de flexion : elle est creusée dans le pli
angulaire permanent que nous avons déjà signalé au petit doigt. La troisième
enfin, très oblique, atteint la face interne de la première phalange du pouce.
Les crevasses guérissent sans laisser de trace, mais il s'en fait d'autres ail
leurs, en sorte que la main en présente toujours.
Toute la peau palmaire est recouverte d'un épiderme très épais présentant
de nombreux durillons. Il y a à la partie inférieure de l'éminence hypothénar
un reste d'ampoule; et au talon de la main, entre les deux éminences, il
existe une ampoule large comme une pièce de deux francs et qui date d'une
huitaine de jours : à cette époque le malade travaillait encore, malgré le pa
naris déjà grave, mais indolent de l'annulaire.
Sur la moitié inférieure de l'avant-bras l'épiderme desquame.
Les ongles sont un peu altérés. Ils ne présentent pas de cannelures, mais
ils s'incurvent légèrement vers la face palmaire et la face antérieure de leur
extrémité libre est séparée de la phalange par des productions épidermiques
pulverulentes, blanches, assez épaisses.
La sensibilité de la main droite est considérablement altérée.
Sur la face palmaire de la main et du tiers inférieur de l'avant - bras l'a
nalgesic est complète : une piqûre d'épingle se réduit à la simple sensation
de contact.
Sur la face dorsale, la sensibilité est certainement moindre que du côté
opposé, mais l'analgésie n'est complète que sur les deux dernières phalanges
de l'index et de l'annulaire (on n'oublie pas que le médius est amputé ).
La sensibilité au contact est partout conservée. Il semble y avoir seulement
un peu de retard .
La sensibilité à la température est modifiée. Le froid est bien perçu ; le
chaud ne l'est qu'au bout d'un certain temps. Et si on fait succéder rapide
ment à la mème place un corps froid et un corps chaud pendant quelques
instants la sensation de froid persiste : cela n'a pas lieu du côté opposé.
(L'expérience a été faite avec le manche de deux cuillers l'une dans l'eau
froide et l'autre dans l'eau chaude .)
Les troubles de la sensibilité ne remontent pas au - dessus du tiers infé
rieur de l'avant-bras.
Pendant le travail , la main gauche sue plus que la main droite .
Quant il fait froid, la main droite ne le sent pas : mais elle se refroidit,
SUR UN CAS DE PANARIS ANALGÉSIQUE . 285
devient bleue et gonfle légèrement. Ces phénomènes sont surtout marqués sur
l'index qui, actuellement, au repos, présente une hypothermie considérable,
appréciable à la main .
La température a été prise avec l'appareil thermo- électrique différentiel de
Redard et nous avons obtenu les résultats suivants : l'hypothermie du membre
inférieur droit est de 2. centigrades à la face dorsale du poignet ; de 10,2 å
l'avant-bras, un peu au - dessous de l'olécràne. La température des deux
bras est égale.
Les muscles de ce membre ne sont nullement atrophiés. Les mouvements
de doigt sont fort génés, bien évidemment, par les lésions que nous venons
de décrire, mais le malade , qui n'est pas gaucher, ne se plaint pas d'un
affaiblissement du bras droit.
Les ballements des radiales sont normaux de deux côtés . Les artères ne
sont pas athéromateuses .
La main gauche a une sensibilité normale. Elle n'est le siège ni de dou-,
leurs, ni de fourmillement. Cependant, de temps à autre , le sujet y ressent
des crampes , et, à la face dorsale surtout, la peau est rugueuse, fendillée .
Cet état est principalement net sur la face dorsale du 50 métacarpien . Les
lesions des ongles sont identiques à ce qu'elles sont du côté opposé.
Ces mêmes altérations unguéales s'observent aux pieds. Les membres infé
rieurs sont en même temps le siège de quelques crampes . Pas d'adème
mallóolaire. Pas de varices superficielles.
Rien dans les urines ;
Etat général excellent.
1
II
ne saurait plus exister aucun doute à cet égard pour les esprits non pré
venus . On sait que Hebra a séparé le prurit cutané du prurigo ; il a con
sidéré comme prurit cutané les simples démangeaisons de la peau tenant
à des altérations nerveuses, qui surviennent sans aucune efflorescence et
dans lesquelles tous les exanthèmes ne sont que la suite du grattage, et
par conséquent des lésions secondaires. Il a d'autre part établi pour le
prurit les divisions suivantes : prurit généralisé, prurit des parties gé
nitales, des mains et des pieds , prurit sénile, prurit d’hiver, pru
rit symptomatique de l'ictère, de la glycosurie, etc. En opposition au
prurit, il met, en l'isolant complètement de tous les congénères, la
lésion qui est toujours la même, seulement tantôt faible, bénigne,
tantôt plus violente ou féroce, le prurigo, la petite papule prurigi
neuse (Juckblätterchen ), la disposition toujours congénitale ( 1 ) à de
fréquentes poussées d'urticaire, surtout durant la preinière enfance,
et un peu plus tard. Le prurigo se manifeste de deux à sept ans par des
papules du volume d'un grain de chenevis , sous- épidermiques, ayant
la même coloration que la peau , prurigineuses et donnant lieu au grat
tage et à toutes ses conséquences. Ces papules affectent de préférence
les surfaces d'extension des membres et ne laissent indemnes que les plis
des articulations, la plante des pieds et la paume des mains, les parties
génitales et le cuir chevelu ; elles surviennent très rarement à la face,
rarement sur le tronc (2), et toujours sous forme d'éruption .
Hebra a appris de son illustre père lui-même à con naiire le prurigo, et il con
teste la papule préprurigineuse (ce en quoi il a parfaitement raison )! Comment, en
effet, peut-on prouver, à propos d'une papule donnée, que son développement a
précédé le prurit ? Il faudrait donc avoir constaté que cette papule est restee pen
dant un certain temps aprurigineuse avant d'être prurigineuse !
Il n'est pas besoin d'insister ; mais nous ne pouvons pas ne pas faire remarquet
(et la preuve en est ici criante) combien il est per conforme à la réalité de vouloir
affirmer toutes ces choses sur lo mode absolu !
Il se passe pour le prurigo ce qui se passe pour l'urticaire et pour l'eczéma ;
assurement, chez les urticants conime chez les eczemateux, le grattage et le prurit
précèdent souvent les papules (les pomphi) ou les vésicules dont ils peuvent favo
riser le développement; mais que le sujet ne soit ni urticant ni eczémateux, et le
prurit ne déterminera nipomphi ni dermite vésiculeuse. I y a chez un sujet atteint
de prurigo et par ce fail mème, et uniquement, ipso facto, un cercle vicieux véri
table; le prurii, les pomphi, les papules, coexistent, se succédent, se precedent de
telle façon que l'observateur qui ne veut voir qu'un temps isolé du processus, peut
soutenir á så guise celle des thèses qui le séduit ou qui concorde avec son ide
priconçue , ou avec la tradition qu'il s'est laissé imposer. E. B. A D.
DU PRURIGO . 293
tent sur les cas les plus divers, les plus opposés, qu'à dessein j'ai laissés
confondus, parce qu'ainsi se présentent les choses en pratique, c'est-à-dire
sur des cas où des sujets syphilitiques se sont imposé un long stage et un long
traitement avant de se présenter au mariage, comme sur des cas précisément
inverses où des malades ont contracté mariage d'une façon absolument pré
maturée, c'est- à -dire à une époque plus ou moins voisine de la contamina
tion initiale .
Cela posé, voyons ce que nous fournit celle statistique.
Ceci : 403 grossesses ; - et , sur ce nombre, 288 entants survivants, contre
115 enfants morts, et tous ( à quelques rares exceptions) morts soil avant de
naitre, soit en naissant, soit à courte échéance (de quelques jours à quelques
mois).
Proportion en chiffres ronds : sur 100 naissances, 28 morts ; c'est- à
dire plus d'une sur 4 naissances .
En d'autres termes, les enfants issus d'un père syphilitique et d'une mère
saine meurent, du fait de la syphilis paternelle, dans la proportion d'au
moins 1 sur 4 .
II . Mais ceci n'est rien relativement à ce qui va suivre . Bien autrement
pernicieuse devient l'influence de la syphilis, alors qu'elle dérive de la mère
seule ou des deux parents . Lorsque, dans un ménage, la mère vient à être
touchée par la syphilis, ou lorsque sa syphilis, à elle, s'ajoute à celle du
père, une mortalité que je ne puis qualifier d'une autre épithète que celle
( 1 ) Extrait du discours prononcé à l'Académie de médecine, dans la discussiou
sur la diminution de l'accroissement de la population en France (séance du
4 mars 1885 ).
SYPILLIS ET MORTALITÉ INFANTILE . 297
d'effroyable sévit sur les enfants issus d'une telle union. Vous allez en juger.
Il suffira d'abord de rappeler un fait banal, connu de tous, à savoir la pré
disposition singulière des femmes syphilitiques à l'avortement et à
l'accouchement prématuré. Inutile de citer des exemples nouveaux à ce
sujet.
Mais, ce qu'il importe de spécitier, pour le point spécial que nous avons en
vue, c'est que l'intluence de la syphilis se prolonge souvent sur plusieurs
grossesses, et se traduii de la sorte par des avortements multiples, parfois
élonnamment répétés .
C'est ainsi qu'on a vu des femmes syphilitiques (mariées soit à des sujets
syphilitiques, soit même à des sujets sains) avorter deux, trois, quatre, cing,
sir, sept et jusqu'à onze fois de suite .
Exemples du genre :
Cne dame de mes clientes, jeune, bien constituée , contracte la syphilis de
son mari dans les premiers mois de son mariage. Elle devient enceinte 4 fois
en trois ans et avorte 4 fois .
['ne de mes malades de Saint-Louis, également infectée par son mari, a eu
o grossesses, qui se sont terminées par 6 avortements, dans les trois, quatre
ou cinq premiers mois.
Grelberg a relaté le cas d'une femme syphilitique qui, bien que mariée à
un homme sain , fit onze fausses couches en dix ans, et plus lard amena à
terme un enfant infecté de syphilis .
Mais, en l'espèce, je n'ai rien vu jusqu'alors de plus démonstratif que le
fait suivant, où le mème couple engendra de superbes enfants avant la syphi
lis, et n'aboutit plus, après la syphilis, qu'à procréer une série d'enfants morts .
En deux mots , voici ce fait :
Un jeune ménage commence par avoir trois enfants vivants el vigoureux .
Puis dans une aventure ou plutôt une mésaventure extra - conjugale le mari
compacte la syphilis et la communique à sa femme. Ultérieurement cette
femme devient enceinte sepl fois . Resultat de ces 7 grossesses : 3 avorte
ments et 4 accouchements prémalures avec enfants morts .
Mais passons sur les faits de ce genre, bien connus de tous, et pour
suivons.
L'influence de l'hérédité maternelle ne se traduit pas seulement par l'avor
lement. Elle s'exerce encore au delà de la naissunce de diverses façons que
je n'ai pas à dire ici , ne traitant pas un sujet de syphilis, mais qui ont cela
de commun , en ce qui nous intéresse pour l'instant, d'aboutir à une morta
1 lité considerable, et à une mortalité qui sévit particulièrement sur le jeune
age, c'est-à-dire qui offre son maximum de quelques semaines à quelques
mois après l'accouchement.
il est même soit dit incidemment — certaines conditions particulières
où celte mortalité atteint un chiffre formidable . Ainsi, pour en citer un exem
ple je me bornerai à celui- ci), on peut poser ceci en axiome :
Un enfant conçu par une femme au cours d'une syphilis récente, datant de
moins d'un an environ , est un enfant presque fatalement condamné à
mort.
43 enfants morts ;
1 seul enfant survivant ( 1) !
27 enfants morts ;
Et un seul enfant survivant !
Avec toute apparence de raison, on pourrait dire que cette mortalité exces
sive, extraordinaire, trouve une raison spéciale dans le public special qui
compose Lourcine. Et, en effet, comme chacun le sait, les malades de Lour
9
cine sont (pour la plupart au moins et réserves faites pour de très honora
bles exceptions) de jeunes prostituées qui s'adonnent à tous les excès, qui
commettent toutes les imprudences imaginables, qui se traitent aussi mal que
possible , ou , pour mieux dire, qui ne se traitent pas du tout le plus souvent,
et qui recherchent, plutôt qu'elles ne redoutent, l'avortement.
Et , d'autre part cependant, je vous ferai remarquer qu'à Saint- Louis , dont
le public féminin est à coup sûr bien plus relevé et tout autre qu'à Lourcine
comme composition moyenne, la mortalité des enfants issus de femmes syphi
litiques n'est que peu différente de ce qu'elle est à Lourcine. Exemple :
Sur 148 naissances, 125 morts et 23 enfants suivants.
D'où cette proportion de mortalité : 84 pour 100 .
Aussi bien, comme conséquence de ce qui procède, cette polymortalité des
jeunes aboutit- elle souvent, dans les familles où s'est introduite la vérole, à
dépeupler le foyer domestique . Ce serait abuser de votre attention , mes
sieurs, que de relater à ce propos des faits particuliers. Mais vous me per
mettrez bien tout au moins de citer quelques chiffres, empruntés à diversos
sources, relativement à cette mortalité des enfants dans les ménages syphili
tiques :
Cas du docteur Augagneur.. 5 naissances . 3 morts .
d'Hutchinson .. 5 4
de M. H. Roger . 5
de Bertin . 6
de Behrend 11
de Tuhrmann . 11
de Boinet.... 9 8
du docteur Le Pileur . 11 10
de Bryant 12 11
de Carré ... 12 11
Puis viennent encore d'autres cas où la syphilis fait plus que des vides, à
savoir le vide complet dans certaines familles, où elle fait passez-moi le
mot — table rase. Et alors, autant de naissances, autant de décès. Exemples :
Observation de Cazenave...... 4 naissances , 4 morts .
d'Artéaga . 4 4
de Tanner 6 6
de Trousseau . 6
d'E . Wilson .. 8
temps de son mariage, qui ne s'en traita pas, il est vrai, el dont 19 gros
sesses ont abouti à 19 morts ! Les 5 premières grossesses se sont terminées
par expulsion d'enfants morts et macérés, et les 14 suivantes ont donné des
enfants qui sont tous morts entre un et six mois.
Eh bien , messieurs, je vous le demande, en face de pareils résultats y a -t
il exagération à dire que la syphilis tient une large place dans les causes de
cette dépopulation ou tout au moins de cette insuffisance d'accroissement de
notre population qui préoccupe actuellement l'Académie ?
J'ai déjà cité bien des chiffres, messieurs, et cependant j'en dois citer
encore. C'est qu'aux statistiques qui précédent et qui me sont personnelles,
j'ai besoin maintenant d'en ajouter une autre qui leur servira de confir
mation . Et de cela voici le pourquoi.
Ces statistiques, que j'ai déjà produites (partiellement du moins) à propos
d'une autre question qui n'a longtemps occupé (la question du mariage des
sujets syphilitiques), n'ont pas trouvé grâce devant tout le monde. Quelques
un de mes confrères les ont taxées d'exagération. Vous voyez les choses
trop en noir, m'a - t'on dit quelquefois ; en réalité la syphilis est moins meur
trière pour les enfants que vous ne l'avez avancé . D'ailleurs, vous êtes mau
vais juge en la question, parce que tout naturellement les cas graves vont
dans vos services spéciaux, tandis que les cas moyens ou légers, qui sont en >
somme les plus nombreux, restent ailleurs, et vous ne les voyez pas.
Et bien , j'ai voulu savoir ce que valait au juste l'objection qui m'était faile ;
j'ai voulu, passez -moi l'expression triviale , tirer les choses au clair , et me
rendre compte des résultats observés par mes confrères. Dans ce but, voici
ce que j'ai fait depuis plusieurs années. Chaque fois que, dans mes lectures,
je rencontrais une observation afférente à ce point spécial, c'est- à -dire une
histoire de syphilis dans un ménage, j'en prenais nole très soigneuse.
ment et consignais dans un registre ad hoc les données de l'observation
relativement à la mortalité des enfants. De la sorte, je suis arrivé à cons
tituer une statistique que j'appellerai la statistique de tout le monde moi
seul excepté ), et que personne en conséquence n'aura droit d'attaquer,
que personne ici ne récusera, car nombre des cas qui y figurent sont em
pruntés à d'illustres noms qui ont dans cette enceinte un absolu crédit,
ceux, par exemple , de Depaul, de Trousseau, de Parrot, de Jacquemier,
de MM . Ricord, Henri Roger, Diday, Marjolin , Lancereaux, Siredey, Lanne
longue, etc. — Or, si je consulte aujourd'hui cette statistique, j'y trouve ceci :
491 grossesses observées dans des familles syphilitiques (un seul des
deux parents étant syphilitique ou les deux parents etant syphilitiques à la
fois) fournissent un total de :
103 cas d'enfants vivants, contre 382 cas d'enfants morts .
II
parfumeries, les gares de chemins de fer, les trains de banlieue, les magasins
de ganterie, de photographies, voire de librairie, d'antiquités ? Et j'en oublie.
Plus de !entations, plus de défaillances ; et plus de défaillances, plus de
contagions. Cela va de soi, et ces différents termes s'enchainent logiquement.
II . J'ai dit, en second lieu , que, si nous voulons atténuer les désastres de
la mortalité hérédo -syphilitique, il faut que la syphilis soit traitée mieux et
autrement qu'elle ne l'est en général.
Consultez, en effet, les observations où figurent ces avortements multiples,
ces morts multiples d'enfants dans les premiers jours ou les premières
semaines qui suivent la naissance, et vous trouverez qu'elles sont relatives,
pour l'énorme majorité des cas, à des malades qui, ayant contracté la syphi
lis, ne s'en sont traités que d'une façon notoirement insuffisante, c'est- à -dire
quelques semaines ou quelques mois.
Puis, écoutez d'autre part les récriminations des malades ainsi frappés
dans leur progéniture. C'est invariablement le même thème : « Si l'on m'avait
prévenu de cela , si l'on m'avait dit qu'il fallait me traiter longtemps, même
après guérison des accidents que j'ai présentés, je me serais Traité et
j'aurais évité de tels malheurs, pour ma femme et mes enfants , etc. »
De là, pour nous , ce double enseignement.
1° Qu'il faut traiter la vérole plus longtemps qu'on ne le fait en général.
Ce n'est rien exagérer à coup sûr, que d'exiger d'un syphilitique plu
sieurs années de traitement pour lui conférer une immunité complète en tant
qu'epoux et pere ;
2. Que tout le traitement de la syphilis ne consiste pas à formuler des
ordonnances de mercure ou d'iodure de potassium . Il y a autre chose à faire
que cela, me semble-t- il, étant données les conséquences sociales que com
porte la maladie . Et notre strict devoir est , non pas de faire à nos malades
des conférences sur la syphilis , mais de les éclairer catégoriquement sur les
dangers qui peuvent dériver de leur mal pourautrui, tout spécialement pour
leurs femmes et leurs enfants à venir . Il est de leur intérêt, comme de l'in.
térêt de tous, que nous leur disions , par exemple, que la syphilis n'est pas
une maladie comme une autre, avec laquelle tout est fini quand les symptômes
actuels sont effacés ; — qu'elle exige pour guérir un traitement méthodique
et extrêmement prolongé; qu'elle est contagieuse , et surtout contagieuse par
ses manifestations les plus légères et les plus inoffensives en apparence ,
celles conséquemment dont on se défie le moins; qu'elle peut retentir sur
les enfants, alors qu'elle n'a pas été suffisamment traitée, etc. , etc.
Et j'ajouterai, à un autre point de vue qui nous esi personnel : Tout cela
tit absolument essentiel à dire à nos malades, car il importe à la dignité
medicale qu'ils ne puissent pas plus tard exciper de leur ignorance de telles
choses, en rejetant sur nous comme ils le font très souvent , je le répète
encore
la responsabilité de désastres dont ils sont coupables.
lli. Que de fois encore n'ai-je pas entendu des malades qui, s'étant mariés
prématurément, avaient eu le malheur de communiquer la syphilis à leur
femme et de perdre, du fail de la syphilis, un, deux , trois, quatre enfants ,
mettre en cause leur médecin à ce propos et me dire : « Pourquoi mon mé
decin m'a-t- il laissé marier ? Pourquoi ne m'a - t -il pas défendu de me marier ,
lui qui connaissait mon état ? S'il m'avait averti des dangers que ma syphilis
comportait pour mon mariage, j'aurais attendu , j'aurais renoncé à mes pro
jets. C'est lui le coupable, et non moi. »
Certes, messieurs , tous les syphilitiques qui entrent dans le mariage n'y
304 A , FOURNIER .
pourpre que revêt la peau saine, mais restent blanches comme les par
ties malades. On peut en conclure que dans ces régions les champignons
sont déjà déposés dans les couches épidermiques profondes, sans modi
tication appréciable des couches superficielles, champignons qui, très
probablement, ne sont pas venus de l'extérieur. Cliniquement aussi on
est autorisé à dire que les champignons ne proviennent pas de l'extérieur,
comme l'indique le mode de développement des efflorescences psoria
siques sur le lit ungueal . On voit là, dans le milieu de l'ongle, à travers
>
Les lésions, dans ces cas , sont celles de la tuberculose et ont été
>
rité notre maitre, M. Fournier, dans une de ses dernières cliniques, pour
que l'on soit en droit d'admettre la réalité d'une réinfection syphilitique
il faut : 1° un chancre induré, avec pléiades inguinales indolentes , puis,
quelques semaines après, roséoles typiques et autres éruptions syphiliti
ques, céphalées, alopécie passagère en clairières, plaques muqueuses, etc.;
2. silence complet ou accidents tertiaires pendant quelques années ;
30 nouveau chancre induré après coït suspect avec adénopathies carac
téristiques, suivi après quelques semaines d'accidents secondaires incor
testables, tels que céphalées, alopécie, plaques muqueuses, éruptions de
syphilides maculeuses ou papuleuses typiques, etc... Une observation
semblable ne laisserait pas subsister le moindre doute , un fait pareil dont
l'authenticité ne pourrait être discutée démontrerait avec la dernière évi
dence que la syphilis peut se doubler. Trouvons - nous les mêmes garanties
dans le cas précédent ? Évidemment non . Certes il est plus que probable
que le malade du Dr Engel a eu la syphilis en 1875, et que c'est bien
pour de la syphilis cérébrale précoce que cet auteur l'a soigné en 1876;
mais les accidents de 1883 ne nous semblent pas le moins du monde étre
caractéristiques d'une nouvelle infection . Les détails donnés par le mé
decin américain sont tout à fait insuffisants et ne peuvent entraîner la
conviction . Le malade a eu , dit- il , à cette époque un Hunterian chan
cre qui a guéri au bout de trois semaines en laissant un noyau induré.
Il ne nous dit pas seulement comment étaient les ganglions de l'aine. Il
n'est pas de médecin qui ne sache combien certaines syphilides ter
tiaires du gland simulent le chancre induré . On ne fait souvent de dia
gnostic que par l'absence de la pléiade inguinale indolente, par les com
mémoratifs et par le traitement. Mais , nous dit le Dr Engel , à la suite de
cet accident de la verge, trois mois après, le malade a eu une eczema
tous eruption sur les parties antérieures de la poitrine. Qu'est-ce que
cette « eczematous eruption » ? Une éruption eczématiforme localisée à
la partie antérieure de la poitrine suffit -elle à caractériser une syphilis
secondaire ? Il n'est pas de dermatologiste qui ne réponde par la néga
tive . Il est vrai qu'il nous reste à expliquer les accidents, si intéressants
d'ailleurs, d'endaortite qui se sont manifestés peu après et qui ont cédé à
la médication antisyphilitique. Nous connaissons en France la grande
fréquence de l'aortite syphilitique et nous sommes tout disposés à ad.
mettre que le D Engel a observé un bel exemple de cette affection , mais
pourquoi en faire un symptôme de syphilis secondaire survenu trois
mois à peine après une deuxième infection , et n'est -il pas bien plus ra
tionnel de mettre cette complication tout comme l'accident de la verge
sur le compte de l'ancienne syphilis, de celle de 1875 , donnant lieu en
1883 à des phénomènes tertiaires ? Nous ne voulons pas continuer cette
trop longue analyse : nous tenions seulement, en discutant de près cette
REVCE DE SYPHILIGRAPHIE . 319
Le D' Henry Lee vient de publier deux cas de lésions assez curieuses
des nerfs craniens, qu'il attribue à la syphilis. - Dans la première de ces
deux observations, il s'agit d'un homme qui avait déjà eu les fièvres
dans l'Hindoustan , fièvres qui avaient été suivies d'une parésie de la
jambe droite en 1881. En octobre 1883, il prit la syphilis, et il eut des
accidents secondaires en novembre . Le 17 juillet 1884, lorsque l'auteur
le vit pour la première fois, il avait des bourdonnements d'oreille cons
tants, et de la surdité : tous les muscles innervés par les deux faciaux
itaient paralysés : la sensibilité du visage était par contre parfaitement
intacte. Le D ' Henry Lee lui fit prendre des bains de calomel et de la
décoction de salsepareille. Le 25 août , presque tous les symptômes mor
bides avaient disparu : le malade entendait de nouveau et n'avait plus
que quelques bourdonnements d'oreille ; le côté gauche de la face avait
repris tous ses mouvements, et le côté droit était fort amélioré. L'au
teur croit devoir localiser la lésion vers les noyaux d'origine des 7º et
de paires, et il ne met pas en doute que la cause même de la lésion ne
füt d'origine syphilitique. Il me semble cependant que la parésie de la
jambe droite que cet homme avait eue en 1881 , bien avant d'être syphi
litique, que la précocité de ces accidents nerveux, que leur disparition
rapide sans qu'on ait institué un traitement bien actif, il me semble ,
dis-je, que toutes ces circonstances un peu insolites auraient mérité
quelques développements et quelque discussion .
Dans la seconde observation, il s'agit d'une homme marié ayant eu
quelques années auparavant une syphilis pour laquelle il n'avait été
qu'imparfaitement traité. Après la disparition des accidents secondaires,
on vit survenir une tumeur énorme au niveau du parietal gauche, et un
peu de parésie variable comme intensité selon les périodes dans la jambe
droite. Au bout de plusieurs mois il eut une attaque avec perte de con
naissance, à la suite de laquelle les mouvements du bras droit furent
génés et la mémoire assez profondément atteinte. Tous ces phénomènes
ne sont en somme que des symptômes vulgaires de syphilis cérébrale ;
mais, ce que le malade presenta de réellement intéressant, c'est que
pendant plusieurs inois son ail gauche perdit sa puissance d’accommoda
320 REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
tion : il lui fallait faire un effort, et un effort même assez violent pour
arriver à voir distinctement avec cet wil les objets qu'il percevait très
bien et sans la moindre fatigue avec l'ail droit ; les mouvements des
deux globes oculaires étaient parfaitement normaux . L'auteur entre
dans une discussion fort longue pour savoir comment il est possible
d'expliquer ce phénomène insolite, et il finit par conclure que l'accommo
dation de l'ail peut se faire sous l'influence de pressions extérieures
exercées sur le globe de l'eil soit par les muscles de l'æil , soit par un
corps extérieur ; que c'est surtout le muscle grand oblique de l'eil qui
en est l'agent actif, et que par conséquent il faut très probablement
rapporter les phénomènes morbides qui précèdent à une lésion quel
conque du quatrième nerf cranien ou nerf pathétique. L. BROCQ .
LE GÉRANT : G. MASSON .
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES.
( 2° ARTICLE. APPENDICE . )
Par ERNEST BESNIER , médecin de l'hôpital Saint-Louis, etc.
2 Plusieurs des auteurs qui ont écrit, depuis, sur cette question, semblent
croire que le fait antérieur de Verneuil, que j'ai rapporté, est une observation cli
nique;
la
il n'en est rien , il aa trait seulement à l'examen histologique de tumeurs de
peali trouvées sur un cadavre livré aux dissections. Dans mon observation , le
diagnostic clinique et l'examen histologique ont été faits du vivant de la malade,
et la description que j'ai donnée a permis aux observateurs de faire, ultérieure
ment, le diagnostic avec la plus grande facilité, ainsi que nous allons le dire.
ANNALES DE DERMAT. , 2e SÉRIE , VI. 21
322 ERNEST BESNIER .
ou histogénique, est remplacée dans des travaux ultérieurs par une énu
mération méthodique des diverses formes et variétés que l'examen ana
tomique des différentes tumeurs observées a permis de réunir . Telle ,
par exemple, la division proposée par Babes dans un article remarquable (1);
division, d'ailleurs, elle -même incomplète, l'auteur ayant soin de faire re
marquer que « toutes les transitions et toutes les combinaisons sont pos
sibles » , c'est - à -dire que l'élasticité d'un semblable cadre est indéfinie, et
que les sous -divisions seront multipliées au fur et à mesure que les cas
particuliers montreront de nouvelles transitions ou de nouvelles com
binaisons.
Il y a ici confusion entre l'anatomie pathologique générale et la patho
logie cutanée proprement dile ; sans aucun doute, cette dernière ne peut
avoir de base meilleure que l'anatomopathologie ; mais la trame aujour
d'hui si compliquée et si mobile des travaux de laboratoire ne doit pas
prendre la place du tableau clinique, en somme le plus important.
Sans m'attarder à ces observations générales critiques je renouvelle
les propositions que j'ai déjà formulées, dans leur simplicité voulue .
Parmi les tumeurs de la peau qu'il importe au médecin derinatologiste
de ne pas méconnaître, il en est quelques-unes, assez rarement obser
vées , qui ont été , jusqu'à la publication de mon travail, cliniquement
confondues avec le molluscum à petites masses multiples et dissémi
nées ; ces tumeurs, dont j'ai donné la description assez précise pour
que les cliniciens aient pu ultérieurement les reconnaitre à premiere
vue, et avec la plus grande facilité , sont des myomes, des hyperplasies
homéomorphes pures, c'est -à - dire des éléments d'une bénignité absolue;
nous les avons désignées sous le nom de myomes cutanés simples, quelque
nombreuses que puissent être, d'ailleurs, leurs variétés histologiques ou
histogéniques.
II
tingués ont retrouvés et cités, ils appartiennent tous aux myomes soli
taires ou en tumeurs , myomes chirurgicaux, lesquels , je le redis encore,
concernent le chirurgien et non le dermatologiste, et ils ne doivent pas,
sous peine de tout confondre, être additionnes avec les autres ( 1) ; de
même pour un dernier fait examiné histologiquement par Babes (2).
C'est donc, en réalité , de quatre faits (trois observations cliniques et
histologiques, et le fait histologique de Verneuil) que se compose en réa
lité , à l'heure présente, l'histoire dermatologique propre des myomes de
la peau (3) .
Nul doute que ce nombre de faits ne s'accroisse quand les ouvrages
classiques auront porté à la connaissance des médecins la nosographie
de cette espèce de derniatomes .
III
n'a pas atteint les dimensions d'une petite amande ; la comparaison avec
un pois donne bien la mesure moyenne. On a pu suivre, à plusieurs
reprises, tous les pas de la progression , depuis la petite tache lenticulaire
rosée , jusqu'à la tumeur pisiforme constituée .
Les caractères des tumeurs sont restés immuables, tels que nous les
avons décrits : vitalité de la peau , normale ; nulle tendance à l'irritation
ni à la régression ; extraordinaire sensibilité aux frôlements , et surtout
à la pression . Jamais, il ne s'est produit ni crises douloureuses sponta
nées, ni phénomènes vasomoteurs de l'ordre de ceux qui ont été signa
lés par Arnozan ( 1 ). Les cicatrices des tumeurs enlevées pour la
biopsie sont restées sans récidive aucune , même après un grand nombre
d'années ; indice pronostique important à recueillir, et dont j'ai signalé
l'importance, antérieurement, au point de vue de l'utilisation de la biop
sie pour le pronostic clinique général des tumeurs de la peau ; les ho
méoplasies pures ne récidivent jamais.
Vers 1881 , la santé de la malade déclina, et l'on put constater une
induration sous - aréolaire du mamelon droit qui commença à se rétrac
ter ; cette tumeur s'accrut lentement pendant l'année 1882, donnant seu
lement lieu à quelques poussées de lymphangite réticulaire avec engorge
ment progressif des ganglions axillaires . Vers la fin de 1883 (la malade
avait absolument refusé tout secours chirurgical), une petite tumeur du
volume d'une pomme d'api , exactement du même ordre, s'était développée
dans le sein gauche .
En 1884, les poussées lymphangitiques s'étendent au membre supé
rieur droit , et à la fin de l'année elles avaient amené un ædème élé
phantiasique énorme du membre. En même temps, une tumefaction
diffuse, en avant du sternum , bossuait toute la régions médiane et an
térieure du thorax .
Le 10 janvier, la malade succomba à la série réunie des accidents pré
cédents, et à des accès de dyspnée asystolique.
L'autopsie faite par M. Perrin, interne du service, permit de
constater la nature carcinomateuse des tumeurs du sein ; on trouva, en
outre, dans l'utérus, vers le fond , quatre ou cinq tumeurs du volume
d'une noisette à celui d'un euf de pigeon que l'on énucléa facile
ment .
Les pièces histologiques ont été soumises à l'examen de notre savant
ami et collègue M. Balzer (à qui étaient déjà dus les examens biopsiques
consignés dans notre travail de 1880) . Voici le résumé de ses observa
tions :
€ 1° Myomes cutanés : Les tumeurs pisiformes, aussi bien que les
plus volumineuses, celles qui avoisinent les dimensions d'une petite
(1) Loc. sup. cit.
326 ERNEST BESNIER .
amande ont été examinées : dans toutes ces tumeurs, la néoplasie a une
extension réelle beaucoup plus grande que ne le ferait prévoir son appa
rence superficielle extérieure. Sur les bords des nodules myomateux, le
tissu musculaire s'étend quelquefois assez loin , de manière à former
une véritable nappe au niveau des tumeurs les plus grosses. Sur les
coupes, les myomes ont souvent, par conséquent, l'apparence d'une
lentille biconvexe, plus ou moins renflée à son centre, plus ou moins
aplatie à son pourtour. C'est au centre que le tissu musculaire est sur
tout abondant, serré, tandis qu'au pourtour, il est dissocié par des fais -
ceaux de tissu conjonctif.
1
« L'épiderme est normal, peut- être un peu aminci.
« Le derme proprement dit est peu envahi par le myome qui parait sur
tout s'étendre dans l'hypoderme. Nous avons vu, en effet, des glandes
sudoripares entières, conduit excréteur et glomérule , dans la portion du
derme placée entre l'épiderme et la tumeur ; ajoutons que ce derme est
aminci, réduit à la moitié ou au tiers de son épaisseur. Nous avons vu ,
au contraire , des glandes sebacées avec leur poil , pénétrant jusqu'à une
assez grande profondeur dans l'épaisseur du néoplasme. Celui - ci a donc
une tendance manifeste à s'étendre surtout dans la région de l'hypo
derme.
« Le tissu musculaire se présente avec l'aspect que nous avons déjà dé
crit : faisceaux d'étendue et de volume très variables, ordinairement fu*
siformes, les uns parallèles à la surface de la peau et s'entrecroisant
dans des directions diverses, les autres perpendiculaires ou obliques par
rapport à la surface de la peau . Ils s'entrecroisent et s'entrelacent de ma
nière à former un feutrage véritable , très serré , ainsi que nous l'avons
dit, vers les parties centrales du inyome. Les faisceaux musculaires en
ces points ne sont séparés les uns des autres que par une mince lamelle
conjonctive ou paraissent même en contact immédiat. On les voit tantôt
dans le sens de leur longueur, tantôt sectionnés transversalement. Le
picro - carminate les colore en brun orangé, et si l'on acidifie la glycérine ,
on voit facilement apparaître les noyaux elliptiques et allongés des fibres
musculaires lisses ,
« Nous devons ajouter à ce second examen une particularité qui avait
été omise dans le premier. En traitant les coupes par l'éosine à l'alcool
et la solution de potasse à 40 0/0 on voit que les faisceaux musculaires
sont accompagnés par des faisceaux de tissu élastique très abondant. Ce
tissu, évidemment hyperplasie, constitue un système de fibres qui accom
pagnent les faisceaux musculaires, leur forment quelqueſois une sorte
de cage incomplète, et les relient les uns aux autres et au tissu élastique
des parties saines de la peau. La potasse, en dissociant un peu le tissu
musculaire, permet facilement de se rendre compte de ces dispositions.
CONTRIBUTION A L'HISTOIRE DES MYOMES CUTANÉS . 327
Ajoutons que les vaisseaux sont très rares dans l'épaisseur des myomes.
Il en est de même pour les filets nerveux : quelques -uns situés en pleine
masse musculaire devaient être facilement comprimés et devenir le siège
des douleurs ressenties par la malade.
20 Jyomes utérins : Ce sont des fibro -myomes, peut- être un peu plus
riches en tissu fibreux qu'en tissu musculaire lisse. Ces deux tissus
forment des faisceaux qui se mêlent et s'entrecroisent dans toutes les di
rections .
« 3. Cancer de la mamelle : Sur les coupes d'un noyau pris dans le
voisinage de la peau, on voit un tissu constitué par un stroma conjonc
tif très abondant et formant des mailles assez serrées . Ces mailles con
tiennent des cellules de volume très variable , assez grosses et avec une
apparence épithélioide en beaucoup de points, plus petites ailleurs et
d'apparence embryonnaire, principalement à la périphérie de la lu
meur. Sans insister longuement sur ces caractères, nous croyons pou
voir considérer cette tumeur comme un carcinome (forme squirrheuse). »
IV
male. Leur diagnostic s'établit aisément par exclusion , et dans les cas
ambigus l'examen biopsique pourra , comme dans les trois observations,
confirmer le diagnostic . 5
II
1
SUR LA PLURALITÉ DES VIRUS VÉNÉRIENS (1),
Par le professeur H. ZEISSL .
(Suite et fin .)
la même manière ; seulement chez ces derniers les incisions furent faites
sur l'avant- bras, et le sang était déjà coagulé . Inutile d'ajouter que les
trois médecins étaient parfaitement exempts de toute infection syphili
tique antérieure . L'expérience faite sur le docteur Borgioni donna seule
un résultat positif.
Le 30 jour après l'inoculation, toute trace de la lésion locale avait
SUR LA PLURALITÉ DES VIRUS VÉNÉRIENS . 333
Tous les processus pathologiques des trois groupes sont dus à des
substances contagieuses qui cependant différent essentiellement entre
elles. Le virus de la gonorrhée et celui du chancre mou agissent en peu
d'heures ou en peu de jours, tandis que les premières manifestations du
virus de la syphilis ne surviennent qu'au bout de trois à quatre semaines,
autrement dit la période d'incubation ou d'état latent de la syphilis est
très longue et analogue à celle de la rage canine.
Les premières altérations locales causées par l'infection syphi
litique se manifestent toujours au point même où le virus syphilitique
a pénétré : si le virus syphilitique a été absorbé sans mélange d'élé
ment irritatif (tel que pus vulgaire ou pus d'un chancre mou ) il se
forme au bout de trois à quatre semaines au point infecté une papule
plus ou moins volumineuse s'exfoliant peu aà peu à son sommet,et prenant
ensuite la marche dont nous avons parlé plus haut. Nous nous occu
perons plus loin des caractères ultérieurs de l'induration syphilitique des
tissus et des changements morbides qui en résultent.
Dans beaucoup de cas d'infection que nous avons eu l'occasion d'ob
server, l'induration était précédée d'une légère excoriation qui , au bout
1
EXAMEN HISTOLOGIQUE
Par M. le Dr BALZER , médecin des hôpitaux .
minent, des caractères communs, dont la valeur très inégale a été soutenue
9
avec beaucoup de talent par M. Rendu (1), mais vivement contestée par
Bazin ( 2 ) : elles sont symétriques, localisées dans l'aire d'action de
l'appareil nerveux malade; la peau présente , à leur niveau, des troubles
spéciaux de la sensibilité ; les nerfs, enfin , qui abordent les éléments
éruptifs, offrent des altérations constantes et caractéristiques.
La valeur de la disposition symétrique des éruptions d'origine nerveuse
parait assez discutable , et 0. Simon n'hésite pas à la nier d'une manière
absolue (3). Cette disposition n'est pas propre à ces dermatoses puisqu'elle
se rencontre si souvent dans les syphilides et fait précisément défaut
dans le zona. L'on pourrait répondre, il est vrai , que l'action du virus
syphilitique peut s'exercer par l'intermédiaire du système nerveux et que
le zona se rattache habituellement à des lésions unilatérales des nerfs ou
des racines spinales : la physiologie pathologique de cette dernière affec
tion reste , d'ailleurs, pleine d'obscurité.
La localisation des éruptions nerveuses dans l'aire d'activité de l'appa
reil nerveux malade ou sur le trajet d'un tronc nerveux semble plus digne
d'attention . L'on a vu , chez les hémiplégiques, des exanthèmes man
quer , se montrer très discrets ou être au contraire particulièrement con
fluents , sur le côté paralysé ( 4) . Le zona, le pemphigus hystérique, né
vralgique ou névro -traumatique, certaines taches pigmentaires, suivent
manifestement le trajet des nerfs cutanés . Pour d'autres éruptions, la
coincidence est moins nette , et l'on ddit ienir compte de l'action direc
trice qu'exercent sur elles les plis et les vaisseaux de la peau et dont le
sens peut se confondre avec le trajet même des nerfs.
Les troubles de sensibilité qui accompagnent les dermatoses d'origine
nerveuse peuvent différer de beaucoup des sensations de gêne, de cuis
son ou de douleur à caractère inflammatoire qu’occasionnent les affec
tions vulgaires.L'on pourrait les rapporter à l'irritation ou à la compression
exercées par les éléments éruptiis sur les nerfs intra - cutanés voisins ;
mais l'anatomie pathologique, comme nous le verrons, réduit à néant
cette hypothèse. Comment, d'ailleurs, expliquerait-elle les sensations
spéciales de prurit ou de fourmillement et les élancements nevralgiques
qui précèdent souvent les manifestations cutanées ?
Mais c'est à l'anatomie pathologique que l'on doit les arguments,
sinon meilleurs, au moins les plus objectifs , en faveur de l'origine
!! RENDU, Recherches sur les altérations de la sensibilité dans les affections de
la peau (Annales de dermatologie, 1873-1874-1873 ) .
2 Bazix, Article DERMATOSES (Dictionnaire encyclopédique des sciences médi
cales).
3, 0. Simox, Die Localisation der Hautkrankheiten , 1873 .
BOUILLY et MA
141 SAXSE, Article SCARLATINE ( Dictionnaire encyclopédique) .
THIEC, Archives générales de médecine.
350 ERNEST CHAMBARD .
III
des pieds : tel paraît être le cas du malade de M. Hardaway , et chez Son
net l'éruption était véritablement confluente au niveau des éminences
thénar et surtout de la pulpe des doigts.
Aucune de ces localisations, néanmoins, ne présente le caractère précis
de celle que nous montre l'observation de M. Hardaway, où l'on voit une
éruption de tubercules xanthomiques affecter le siège, la direction ,
l'unilatéralité et le mode de groupement d'un herpes zoster ; ce fait
nous paraît digne d'intérêt en ce qu'il montre, tout au moins, l'influence
Localisatrice que peut exercer le système nerveux sur les manifestations
de la xanthomatose, et nous aurons l'occasion d'y revenir au cours de la
discussion qui va suivre.
3º Il est regrettable que M. Hardaway n'ait pas étudié sur quelques
unes des tumeurs dont la peau de son malade est si libéralement pour
vue , les altérations histologiques des nerfs qui les avoisinent et y sont
contenus ; peut-être ne l'a- t-il pas pu, car certains patients se refusent
à comprendre l'intérêt de la méthode biopsique, pansât- on leurs plaies
avec de l'or. Il eût probablement trouvé, au moins dans les tubercules et
les tumeurs , des altérations analogues à celles que nous avons décrites
en 1878 ; mais il eût pu grâce aux méthodes plus parfaites que l'on con
naît aujourd'hui, pousser plus loin encore ses investigations. L'exis
tence de la névrite interstitielle xanthomateuse ne saurait d'ailleurs
démontrer l'origine nerveuse du xanthome : on ne pourrait, déci
der si elle est la cause ou l'effet de la dermite nodulaire qui l'accom
payne, puisque tout moyen de comparaison fait défaut ; elle manque
d'ailleurs dans les formes molles de l'affection qui nous occupe .
4. Les troubles de la sensibilité qui précèdent ou accompagnent les
éruptions xanthélasmiques ont quelque chose de spécial qui semble bien
appartenir à une dermatose d'origine nerveuse. M. Hardaway insiste sur le
prurit intense qui précéda, de longtemps, l'apparition de la dermatose et
qui l'accompagne aujourd'hui, mais ce prurit parait être généralisé et
n'être nullement limité aux éléments éruptifs. Chez notre malade de l'hô 1
IV
L'accord est loin d'être fait sur divers points de l'histoire des éry
thèmes que Hebra a, par une synthèse heureuse groupés sous le nom d'é
rythème polymorphe. La compréhension de cette entité morbide, d'une
part, sa nature , d'autre part, tels sont les deux principales questions
sur lesquelles porte la discussion. Les travaux récents sur les maladies
infectieuses, sur les pseudo - rhumatismes infectieux, permettaient de se
demander si cette dermatose ne devait pas être distraite du rhumatisme 1
ques réserves : que les cas de pemphigus aigu à petites bulles , de pem
phigus bénin soient une des formes de l'érythème polymorphe , cela sem
ble incontestable, et cela est prouvé par la coexistence fréquente d'ef
florescences érythémateuses ou par le développement des bulies sur ces
efflorescences elles -mêmes ; mais il est permis de se demander s'il en
est de même pour toutes les éruptions pemphigoïdes aiguës et si la
forme bulleuse d'une dermatose aiguë doit entraîner fatalement pour celle
ci le diagnostic d'érythème polymorphe : cette question, difficile entre
toutes, ne nous paraît pas encore complètement résolue par la thèse de
M. de Molènes , qui nous semble entrainé à une généralisation exces
sive, lorsqu'il émet cette idée que le pemphigus contagieux des nou
veau-nés n'est peut-être qu'une modalité de l'érythème polymorphe.
L'étude des phénomènes généraux forme le chapitre suivant . M. de
Molènes les divise en trois périodes, comme on a l'habitude de le faire
pour les fièvres éruptives .
Dans la période prodrounique , les phénomènes fébriles ont une intensité
variable ; il y a parfois du malaise, de la lassitude, des douleurs dans
les membres ou dans la région lombaire, de petits frissons, de la fièvre ,
puis des troubles digestifs, vomissements et inappétence, souvent de la
céphalalgie, des vertiges, des bourdonnements d'oreilles, de l'insomnie,
quelquefois des rêves effrayants , et ces différents symptômes peuvent,
suivant les cas , faire croire au début de la fièvre typhoïde, de la variole
ou de la scarlatine . Cette période prodromique est d'une durée moyenne
de à 6 jours.
A la période d'éruption, les phénomènes généraux peuvent dispa
raitre, mais le plus souvent ils persistent et deviennent même plus in
tenses : la température varie de 37 à 40 °, et sa courbe est souvent très
analogue à celle de la fièvre typhoïde .
Au bout de 2 à 3 semaines, les phénomènes généraux deviennent de
moins en moins marqués, l'éruption tend à disparaître et la convales
cence, souvent longue et traînante , commence .
D'autres fois, des complications peuvent survenir du côté de différents
appareils : outre les douleurs articulaires pseudo-rhumatismales qui sont
trés fréquentes , on peut observer des endocardites et des péricardites
souvent latentes et dont la fréquence impose la nécessité d'examiner
attentivement le cæur de tous les malades atteints d'érythème polymor
phe, d'autant plus que, si parfois elles aboutissent à la guérison , elles
sont susceptibles aussi d'être l'origine de lésions cardiaques persistantes.
Les complications pleuro -pulmonaires, bronchite , pneumonie, broncho
pneumonies, pleurésie, sont fréquentes aussi. Enfin il n'est pas rare,
et M. de Molènes en cite trois belles observations personnelles recueil
lies dans le service de M. Ernest Besnier, d'observer une albuminurie,
362 REVUE DE DERMATOLOGIE .
n'a donné aucun résultat net (dans le fait de Riehl invoqué par M. de
Molènes, il s'agit d'un cas de pemphigus infantile); les cultures du sang
faites par M. Grancher dans un cas d'érythème circiné d'apparence in
fectieuse n'ont fourni aucun résultat (Dubreuilh , Société clinique, 1884).
Ces recherches ne sont pas , il est vrai, en nombre suffisant pour avoir
une valeur, et les résultats négatifs qu'elles ont donnés ne permettent pas
de nier la nature infectieuse de l'érythème polymorphe ou au moins de
certaines de ses formes ; mais il nous faut reconnaitre que si parfois
cette affection peut être supposée infectieuse, nous manquons encore
des preuves décisives qui doivent emporter la conviction . G. THIBIERGE .
(1) Il s'agit de Motta S. Anastasia, petite ville située sur le bord septentrional
de la plaine de Catane, à quelques kilomètres à l'ouest de cette ville .
2) Simæthus des anciens, avec la Garnualunga forme la Giarelta, irrigue la
plaine de Catane et l'inonde en hiver .
(3) Ville balnéaire assez importante (38.000 hab . ) , construile sur des couches de
laves à une hauteur de 160 mètres, et renommée pour la salubrité de son climat.
Siluée au bord de la mer, à 14 kilomètres au nord de Catane.
368 REVUE DE DERMATOLOGIE .
?
REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
1
en soit , ce qu'il y a de certain , c'est que ce malade lui aussi guérit parfaite
ment au moyen du traitement antisyphilitique. Et ce résultat acquiert une
valeur d'autant plus grande que le malade s'était soumis depuis cinq à six
ans à un grand nombre de traitements , sans en obtenir le moindre avan
tage . i
Murr fait ensuite observer que dans toute la littérature médicale , on ne
constate qu'un seul cas (outre les siens) dans lequel la cessation de l'hémo
zlobinurie ait persisté pendant plusieurs hivers de suite. Cette troisième
guérison est due à Harley , et ce qui est digne de remarque, c'est qu'il l'ob
tint par la quinine , qui généralement est inefficace, et par les mercu
riaux.
Voici maintenant l'observation de M. Schumacher II .
Le malade , ågé de 30 ans, avait contracté la syphilis en avril 1880 et 18
subi à cette époque un court traitement par l'iodure de potassium et les fric
tions . Trois mois après, il s'était soumis à une nouvelle série de frictions
pendant quelques jours seulement, à l'occasion de légers accidents buc
caux .
Le 1er octobre 1881 , le malade fut appelé par son service dans une ville
9
Königsberg : J, Caspary.
Leipzig : J.-E. Lesser,
Munich : >> C. Posselt .
Strasbourg : F. Wieger. A. Wolff.
Würzburg : >>
G. Malterstock .
Professeurs. Dozenten .
G. Wertheim . E. Kohn .
> F. Mrazek .
E. Schiff.
L. v. Vajda.
D M. y. Zeissl.
Graz : E. Lipp .
Junsbruck : E. Lang. >>
Krakau : A. Rosner.
Prague : J. Pick . »
»)
Prague (F.Tch .): V. Janowsky.
privée. Et quand nous aurons dans notre spécialité des privatdozent dans les
vingt universités allemandes, la création de chaires pour des professeurs
extraordinaires ne sera plus douteuse , car l'impulsion partira du public et ce
ne sera plus qu'une question de temps.
Les progrès de la dermatologie dependent encore d'une autre circonstance,
de sa séparation d'avec la syphiligraphie .
La réunion de ces deux chaires en une seule n'a jamais été qu'une affaire
de convenance . Aujourd'hui encore la confusion courante, ou pour mieux
dire les erreurs de diagnostic forment chez les spécialistes qui occupent les
deux chaires à la fois, la base de l'union de la thérapie dermatologique.
Scientifiquement, la syphilis absorbe actuellement tout à fait un homme, même
s'il s'occupe seulement de la syphilis du système nerveux, de celle des yeux
et de celle du larynx. Et quant à la dermatologie, n'exige -t-elle pas dès à
présent, n'exigera -t- elle pas encore plus dans l'avenir qu'on se consacre
exclusivement à son service ? Il ne faut penser à aucun progrès de la dermato
logie. celte branche de la médecine , dans les innombrables directions des re
cherches d'anatomie, de physiologie et de pathologie expérimentales, tant
qu'elle aura au pied un tel boulet.
Au commencement de ce siècle, on vit à Vienne les syphilitiques, les galeux
et les aliénés réunis dans la même division . Espérons que , à la fin de ce
siècle, ceux que concerne la direction de ces affaires en Allemagne auront,
au moins dans les grandes universités de Berlin, de Leipzig et de Munich ,
débarrassé la dermatologie du dernier obstacle qui s'oppose à son dévelop
pement individuel .
Toutefois on a obtenu ce résultat à Berlin . Nous n'avons cependant pas
entendu dire que des causes purement scientifiques aient eu de l'influence
sur cette brusque séparation des cheires de la Charité. Puisque nous faisons
une sorte de revue de tous nos collègues, en tant que professeurs, nous ne
voulons pas passer sous silence ce dernier fait. Tout collègue enseignant la
dermatologie est le bienvenu, s'il prend une part sérieuse au progrès et au
développement de notre science, et nous ne condamnerons personne tant
qu'il nous est permis d'espérer que ce souhait se réalisera. Il nous est indiffe
rent au point de vue de la science pure et de la grandeur future de notre
spécialité, de savoir si celui qui a été appelé à une position tellement enviée,
y est arrivé par des travaux personnels ou s'il doit cette position à la faveur,
pourvu qu'il joigne ses efforts énergiques aux notres. Nous nous plaçons
naturellement à un tout autre point de vue que la Faculté de médecine de
Berlin , car lors de la résistance qu'elle opposa a la nomination de Schwe
ninger, nous avons entendu autre chose que ce que nous eussions désiré
entendre, « que Schweninger jusqu'alors n'avait ouvert la voie à aucun pro
grés dans la dermatologie ; que sortant d'une autre spécialité , il serait inca
pable, avec la meilleure volonté, de rendre les services que tant de savants
privatdozent d'universités allemandes ont déjà rendus, et que sa nomina
Lion équivaut tout d'abord à un abaissement du mérite scientifique » .
Mais maintenant que Schweninger occupe la première chaire de dermato
logie pure, nous enregistrons avec satisfaction la séparation de la dermato
logie et de la syphiligraphie : quelle que soit la manière dont elle ait été
opérée, c'est pour notre spécialité un progrès considérable au point de vue
scientifique.
Mais, d'autre part, l'heureux possesseur de cette chaire endosse une lourde
responsabilité, et nous ne manquerons pas de le lui rappeler. Il occupe en
382 VARIA .
Nous n'ajouterons que peu de mots à cette ferme déclaration, qui sera .
1
1
1
VARIA . 383
Nantes :
Ecoles préparatoires :
Alger :
Amiens :
Angers :
Besançon :
Caen :
Clermont : >>
Grenoble :
Limoges : >>
Poitiers :
(1) Tous ces renseignements ont été pris dans l'Annuaire des cours de l'enseigne
ment supérieur publié par la Société de l'enseignement supérieur . Paris, G. Masson ,
éditeur, 1883
384 VARIA .
Rennes :
Rouen :
Toulouse : >
Tours : >>
Un simple coup d'æil jeté sur ce tableau sera plus éloquent que tout
ce que nous pourrions ajouter.
Je sais bien qu'à Paris, tous les médecins de l'hôpital Saint- Louis,
1
ceux de l'hôpital du Midi et ceux de Lourcine ; que, à Lyon, tous les
chirurgiens de l'Antiquaille rivalisent de zèle et d'ardeur et font des
cours où se pressent de nombreux étudiants ; que, à Paris, l'hôpital
Saint- Louis possède un musée spécial d'une richesse incomparable. Tout
cela nous l'avons déjà longuement exposé . Il faut dire aussi aussi que,
dans quelques -unes de nos écoles secondaires un certain nombre de
professeurs choisissent pour sujet de leur cours des questions de syphi
ligraphie ou de dermatologie, font des leçons sur l'une ou l'autre de
ces deux importantes branches de la médecine. Mais, en somme, cet
enseignement n'a rien de régulier, rien d'obligatoire, ne constitue, par
conséquent, point une matiere sur laquelle l'élève soit tenu de faire .
LE GÉRANT : G. MASSON .
1
N° 7 . 25 Juillet 1985 ,
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES .
II
Actuellement M. D .., jouit d'une parfaite santé et cela depuis deux ans.
De son affection du nez, il ne reste plus que de nombreuses cicatrices
lineaires rappelant exactement celles de la variole qui aurait labouré cet
organe .
OBSERVATION II . X ... , ágé de 41 ans, vient nous consulter au mois
d'octobre 1884 , pour une affection cutanée du nez .
Cet organe est volumineux, rouge ; la peau est couverte de pustules de
différents yolumes et à différentes périodes de leur évolution. Les unes pri
sentent à leu r sommet un point jaune, d'autres une croute , plusieurs sont
cicatrisées. La rougeur dụ nez se continue sur la partie voisine des joues.
Les ganglions sous-maxillaires sont indemnes,
Celle affection est stationnaire et ne s'accompague d'aucune douleur. Le
malade se plaint seulement d'un peu de démangeaison .
Sa santé générale est bonne. Il ressent depuis l'âge de 17 ans des dou
leurs dans la cuisse gauche , et depuis quelque temps dans l'articulation
tibio- tarsienne du même côté .
En l'examinant, on ne trouve pas sur son corps d'éruption acnéique, mais
des cicatrices d'ecthyma sur les bras et sur les épaules et un noyau epidi
dymaire double.
Il n'abuse pas des boissons alcooliques . Ses urines ne reặferment ni
sucre ni albumine.
Marié depuis quinze ans, sa femme n'a eu ni enfant ni faụsse couche.
Il y a vingt ans, il a eu un chancre dans la rainure du gland qui a été
suivi d'accidents constitutionnels. A cette époque , il a fait usage des pilules
mercurielles , pendant un mois et demi , et depuis il a pris de temps à autre
du sirop de salsepareille.
L'affection du nez s'est déclarée au mois de décembre 1883, et a débuté
par l'augmentation de volume de l'organe et la production de croûtes dans
l'intérieur des fosses nasales. La poussée sur la peau ne s'est faite qu'au
mois de janvier de celle année, c'est-à -dire un mois plus tard et a persiste
jusqu'à ce jour, malgré une saison à la Bourboule ei diverses médications
locales .
Nous le soumettons à l'usage de l'iodure de polassium à la dose pro
gressive de 1 à 4 grammes par jour, et au bout d'un mois son état s'est
tellement modifié qu'il se considère comme étant guéri. Le nez est moins
volumineux, la rougeur de la peau a disparu, les puslules se sont cicatrisées,
en laissant après elles une cicatrice encore rosée, mais qui semble blanchir
chaque jour.
OBSERVATION III . - P ... , âgé de 39 ans , vient nous consulter en 1880
pour une affection cutanée du front et du nez .
Cette affection siège sur la peau, entre les sourcils et sur le front à la
limite des cheveux, surtout sur les côtés, plutôt que sur la ligne médiane.
Elle occupe également le dos du nez et un peu la partie voisine des
joues.
Ses caractères sont les mêmes partout, ce sont des pustules acnéiques, du
volume d'une lentille, reposant sur une peau épaissie un peu entlammée,
principalement au niveau du nºz qui est volumineux.
Ce malade est nettement alcoolique et il avoue depuis un an se livrer à de
fréquents écarts d'intempérance. Ses urines renferment un peu de sucre ,
mais pas d'albumine.
Marié depuis treize ans , sa femme a eu deux enfants qui ont succombé,
1
388 HORAND .
disposées en deux arcs de cercle distincts et très nels . Dans le sillon naso
génien croûtes grises, légèrement saiilantes.
Plaques muqueuses aux deux commissures labiales, recouverfés de la
melles.
Sur la face cutanée de la lèvre supérieure une plaque circinée, dont le
centre a une couleur rouge sombre et un aspect fendillé, tandis que la péri.
phérie est couverte, par place , de petites croûtes grisâtres, saillantes .
Sur le pilier postérieur droit du voile du palais, plaqués muqueuses arron
dies .
Larges cicatrices d'ecthyma sur la face interne de la cuisse gauche, sur le
bord antérieur des deux tibias el sur le genou droit.
Ancienne fracture du cubitus å sa partie supérieure, guérie sans traite
ment et empêchant l'extension complète de l'avani -bras.
État général bon . Quelques étourdissements .
La malade raconte queles accidents de la face ont apparu il y a deur ávis
environ. Mais il y a huit ans , elle a été traitée aux Chazeaux pour l'ecthymná
dont on retrouve aujourd'hui les cicatrices sur les membres inférieurs.
Quant à la cicatrice du genou elle a succédé à une ulcération pour laquelle
elle a fait, il y a dix - neuf ans, un séjour à l'Hôtel- Dieu .
Elle prétend n'avoir jamais eu aucune éruption à la vulve ou sur le corps,
ni aucune autre maladie .
Pas de grossesse. Menopause depuis sept ans .
Aucun antécédent scrofuleux, arthritique ou herpétique. Bien qu'elle nie,
elle parait cependant faire usage des boissons alcooliques.
Quant au traitement qu'elle à suivi jusqu'à ce jour, il a eu pour base
l'iodure de potassium el la malade dit n'avoir jamais pris de mercure.
Pendant son séjour aux Chazeaux, on la soumet à l'usage de l'iodure de
polassium , à la dose de 4 grammes par jour. Elle sort guérie, le 12 fé
vrier 1883 .
OBSERVATION VII . Jeanne G ... , âgée de 28 ans , entre aux Chažcaix,
le 24 janvier 1883, avec son enfant qui est atteint d'une affection cutanée et
elle -même présente des accidents du côté du nez .
Sur l'aile gauche du nez , on remarque une surface rouge recouverte de
petites croutes minces , jaunâtres et parsemée de pustules qui renferment un
liquide jaune marron . A ce niveau, la peau esi épaisse , wedématiée et toute
l'aile du nez est empátéc.
Sur l'aile droite du nez , il existe des cicatrices qui ont succédé à une affec
tion identique.
Cette femme est mariée, elle n'a jamais eu de relations qu'avec son mari
qui, dit- elle, est très sain . Quant aux accidents actuels, ils remontent au
9
mois d'août 1882 et se sont manifestés tout d'abord sur l'aile droite du dez.
A cette époque, elle vint à la consultation externe de l'Antiquaille et fit
usage de l'iodure de potassium pendant trois semaines. Les accidents qu'elle
présentait disparurent et c'est seulement depuis son dernier accouchement,
qui date de douze jours, que de nouvelles lésions ont apparu sur l'aile
gauche du nez .
Elle a eu cinq enfants. Le premier, ágé de 9 ans, est vivant, bien portant.
Le second est né à 7 mois. Le troisième est mort à 14 jours , présentant
une éruption sur la face . Le quatrième n'a jamais eu de bouton , il s'est bien
porté jusqu'à 11 mois, mais à 12 mois il est mort ayant du muguet . Entin, le
cinquième, ågé de 12 jours, entre avec sa mère .
DE LA SYPHILIDE ACNÉIQUE DU NEZ . 391
mois . Elles ont débuté par une petite saillie qui est devenue pustuleuse au
bout de deux ou trois jours, puis elle s'est ulcérée et recouverte d'une eroute
le huitième jour .
Le malade a déjá fait, au mois de mars dernier, un court séjour à l'Anti
quaille pour des accidents de même nature qui occupaient la moitié gauche
du front, la commissure labiale gauche, la nuque et l'épaule gauche. Ces
différents accidents existaient depuis trois mois. Il fut soumis à l'usage du
sirop de Gibert, mais on ne put constater les effets de ce médicament, car
il demanda sa sortie au bout de dix jours.
Comme antécédents, il présente tous les attribuls de l'arthritisme. Il n'a
jamais eu aucune manifestation de nature scrofuleuse ou herpétique. Il fait
usage largement de toutes les boissons alcooliques.
Relativement à la syphilis, il présente sur le gland, à gauche du méat , la
cicatrice d'un chancre survenu il y a trois ans , qui fut suivi d'une roséole et
de plaques muqueuses. A cette époque, il fut traité à l'Hôpital du Midi, où
il fit trois séjours de vingt jours, pendant lesquels il fut soumis à l'asage du
sirop de bi-iodure à la dose de 2 cuillerées .
En même temps il prit tous les quatre jours un bain de sublimé .
On prescrit au malade, à partir du 17 mai, 2 grammes d'iodure de potas .
sium , puis 3 grammes, 4 grammes, 5 grammes et 6 grammes. Le 8 juin , Ic
nez est complètement guéri et le 11 juin 1881 , le malade demande så
sortie .
OBSERVATION XII . L ... , âgé de 41 ans , charpentier, entre å l'Apti
quaille, le 9 novembre 1880 , pour des accidents tertiaires de la face.
Ces accidents sont caractérisés par des croûtes épaisses d'un gris jaunâtre
et par des pustules qui occupent la moitié latérale gauche du nez, la région
malaire et la lempe du même côté . Lorsqu'on enlève les croûtes, on aperçoit
une ulceration superficielle arrondie et grisâtre. La peau du nez est d'un
rouge lie de vin , elle est épaissie.
Sur le front on trouve quelques croûtes plus minces, moins larges et des
cicatrices provenant de la guérison de lésions analogues.
Le début des accidents actuels remonte à dix -huit mois et a été caracle
risé par l'apparition de pustules qui, plus tard , se sont ulcérées et recon .
vertes de croùles.
On ne trouve chez ce malade aucune autre éruption pouvant se rapporter
å la syphilis . Toutefois, il déclare avoir eu , il y a douze ans , un chance
dont on voit encore la trace indélibile sur le gland . Il fut traité au moyen de
cauterisations avec le nitrate d'argent et de pansements avec le vin aroma
tique, mais il ne fut soumis pour ce chancre à aucun traitement spécifique.
Aucun antécédent scrofuleux ou herpétique. Quelques manifestations arthri
tiques. Léger degré d'alcoolisme.
A partir du 10 novembre 1880 , ce malade prend 2 grammes d'iodure de
potassium dans de la tisane de salsepareille, puis 33 grammes et 4 grammes.
Il sort en parfait état le 27 novembre 1880 .
OBSERVATION XIII . – Pierre R ... , 68 ans, jardinier, entre a l'Antiquaille,
,
le 26 juillet 1881 , pour une syphilide acneique de la face.
On constate sur le nez et les deux joues, une éruption de pustules , recou .
vertes d'une petite croûte jaunâtre, reposant sur une peau épaissie et d'un
rouge sombre.
Cette affection a fait sa première apparition il y a six ans. Depuis lors
elle revient toutes les années à peu près à la même époque. A chaque poussée
DE LA SYPHILIDE ACNÉIQUE DU NEZ . 395
Ces treize observations donnent une idée assez nette des lésions pour
permettre d'en grouper les symptômes.
L'accident syphilitique dont il s'agit , a pour siège la surface externe
du nez . C'est donc une manifestation cutanée . Elle affecte de préférence
les ailes et le lobule de cet organe. Elle envahit quelquefois la partie
voisine des joues, ainsi que la lèvre supérieure , mais elle s'arrête ordi
nairement à la racine du nez et respecte la muqueuse, les cartilages et
les os .
A la période d'état, c'est- à -dire au moment où les malades viennent
consulter, les lésions sont constituées par des pustules d'un volume
variable et à différentes périodes de leur évolution . Elles rappellent par
leur aspect celles de l'acné indurata. Les unes renferment du pus, les
autres sont recouvertes d'une croûte noirâtre. Tantôt elles restent iso
lées, tantôt elles se réunissent, puis elles se rompent et forment alors
une ulcération arrondie, dont les bords sont réguliers, le fond un peu
creusé et grisâtre. Les dimensions varient de celles d'une tête d'épingle
à celles d'une pièce de 20 centimes, suivant que les pustules sont res
ties isolées ou se sont réunies. De plus , cette ulcération sécrété peu et
le pus en se desséchant produit une croûte noirâtre .
396 HORAND .
Les pusiules, disposées sans ordre , reposent sur une peau d'un rouge
sombre, épaissie, empátée, parsemée de quelques petites cicatrices , ro
sées ou blanches, suivant leur ancienneté, rappelant par leur aspect
celles de la variole, et provenant de pustules guéries.
Le nez est augmenté de volume et déformé lorsque les accidents oc
cupent sa totalité . Malgré cela il n'est pas douloureux au toucher et les
malades n'accusent pas de souffrance . Les ganglions sous -maxillaires
ne paraissent pas être influencés par cette manifestation de la syphilis
et toutes les fois que nous les avons trouvés engorgés, ce qui du reste
est arrivé rarement, leur engorgement pouvait s'expliquer par une alte
ration des dents.
Le début de l'accident est caractérisé par une rougeur limitée de la
peau , soit au niveau du lobule, soit sur l'aile du nez ; puis une pustule
apparaît. Au fur et à mesure que la rougeur s'étend le nombre des pus
tules augmente et la peau s'épaissit. Pendant que les nouvelles pustules
se développent, les anciennes se rompent, s'ulcerent, suppurent, quel
ques - unes se cicatrisent. L'évolution a donc lieu par poussées succes
sives , mais lentement, et les lésions ont peu de tendance à la guérison
naturelle. C'est ainsi que chez nos malades les accidents duraient depuis
plusieurs mois ou depuis plusieurs années. Dans un seul cas, ils da
taient d'un mois . Ils existaient seuls ou associés à d'autres manifesta- i
tions de la syphilis, telles que la céphalalgie, une perforation de la
cloison ou de la voûte palatine, une syphilide pustulo- crustacée du
tronc. Quant à l'état général des malades il a paru toujours bon .
D'après les caractères que nous venons d'indiquer, il est facile de
voir qu'il s'agit d'une affection pustuleuse rappelant tout à fait l'acné :
aussi est - ce pour cette raison que nous lui avons donné le nom de syphi.
lide acnéique.
Au point de vue de sa fréquence, nous pouvons dire que nous l'avons
observée 13 fois dans l'espace de 18 ans ; et cela non seulement dans
la clientèle privée, mais encore dans nos services de l'Antiquaille.
En précisant davantage, nous arrivons à cette donnée, que nous avons
constaté la syphilide acnéique du nez : 9 fois sur 3,010 syphilitiques,
6 fois sur 1,297 femmes et 3 fois sur 1,713 hommes.
Cette manifestation de la syphilis est donc rare . Un peu plus fréquente
cependant chez la femme que chez l'homme.
0
Elle constitue un accident tardif. Ainsi, chez nos malades qui se soll 9
venaient avoir eu un chancre, la syphilide acnéique du nez , ne s'est
jamais montrée avant la troisièrne année et semble s'être manifestée vingt
ans et même cinquante ans après le chancre .
Elle n'indique pas une syphilide grave , car nos malades jouissaient
DE LA SYPHILIDE ACNÉIQUE DU NEZ . 397
ces infiltrats ont une consistance ferme, d'autres présentent une fluctuation
manifeste . La peau qui recouvre ces saillies est d'ailleurs, comme celle du
voisinage, normale , pâle, lisse, non desquamante. Un insltrat du même vo
lume existe encore à gauche sur le front, au -dessus de l'arcade sourcilière.
Un nodus plus petit et iluctuant se trouve au -dessus du premier, à la limite
du cuir chevelu .
2 février . - L'épaississement ædémateux qui existait sur le tronc et les
membres inférieurs a disparu ; par contre, sur la surface de flexion des
avant-bras , on sent plusieurs épaississements de la peau sous forme de no
dules ayant le volume d'un pois à celui d'un euf de pigeon . Ces nodules
sont situés dans le chorion , et pénètrent à des profondeurs différentes dans
la couche cellulaire sous - cutanée où ils sont facilement mobiles. Au niveau
du plus petit de ces éléments, la peau ne présente aucune altération; sur
ceux de moyenne grosseur, elle parait tendue et seulement sur quelques
nodosités de gros volume elle est extrêmement rouge .
On trouve des nodosités semblables dans la peau des deux mamelles , prin
cipalement de la droite. L'aréole du mamelon droit présente trois grosses
saillies; de plus, on en sent également dans la peau de l'épigastre et dans
celle de l'abdomen .
Démangeaison perpétuelle et intense ; traces larges et profondes des lésions
produites par le grattage. Sur les zones où le grattage a été le plus intense,
il s'est développé des nodosités, les unes dans le chorion, les autres dans le
tissu sous -cutané . Pour la première fois , la rale est augmentée de volume ;
l'urine présente sa composition normale .
11 février. –- Ouverture spontanée de quelques nodosités, depuis quelques
jours fluctuantes, du visage et de la nuque. Ouverture artificielle d'une nodo
sité sur l'avant -bras droit; il en sort une faible quantité de liquide purulent,
crémeux .
20 février. Si ce n'est que de temps à autre les anciennes nodosilés
s'ouvrent et qu'il en apparait de nouvelles, aucun changement.
27 février. On prescrit la pommade de diachylon pour les bras et celle
à l'oxyde de zinc pour le corps.
15 mars. - Jusqu'à la moitié du mois de mars l'état reste le même; seu
lement la peau du tronc et des membres est peu à peu devenue maniſeste
ment plus påle el mince. Pour la figure , où l'on ne peut constater aucune
diminution des phénomènes antérieurs, on prescrit l'usage alternatif de com
presses à l'acétate de plomb et de la pommade de zinc. Les quelques nodo
sités de l'avant-bras gauche et de la région sterno - claviculaire droite , qui
se sont abcédées ou ont été ouvertes , sont maintenant cicatrisées.
1er avril. – Dans la seconde moitié de mars , l'état de la peau du trone
et des extrémités s'améliore encore, tandis que l'on constate à la figure une
progression manifeste de la maladie, se traduisant par une augmentation
constante de nombre et de volume des nodositės ainsi que de l'épaisseur de
la pean de cette même région .
On emploie alternativement la liqueur de Burow et la pommade de zinc.
La rate , mobile, présente une augmentation considérable de volume. Rien
d'anormal dans l'urine .
15 avril. Dans la première moitié d'avril, il se développe de nouveau
des nodosités dans la peau du tronc, et on constate une infiliration séreuse
commençante. Cependant, les altérations sur les membres inférieurs sont
manifestement diminuces.
LYMPHODERMIE PERNICIEUSE . 403
d'autres points, comme cela est évident dans cette même fig . 1, je réseau
de Malpighi a déjà projeté des végétations atypiques vers le chorion sous
forme d'appendices simples ou ramifiés.
Aussi bien à l'æil nu qu'avec le microscope, il n'était pas possible de cons
tater une délimitation nette entre les tumeurs lymphoïdes et le tissu voisin.
Là , aussi bien sur la limite qu'à l'intérieur des grosses tumeurs dans les
zones interstitielles des différents lobes qui composaient ces tumeurs, on
constatait l'existence d'un tissu conjonctif présentant ici sa densité normale
et là des mailles larges au contraire, boursouflé comme du verre , ne con
tenant que de rares dépôls de cellules lymphoïdes, et n'offrant pas une vas.
cularisation exagérée.
Quant aux glandes et à leurs conduits excréteurs qui se trouvaient dans
le voisinage des tumeurs examinées à l'aide de différentes coupes, elles oc
cupaient leur situation normale ; mais les cellules pariétales des canaux
sebacés et sudorifères étaient !uméfiées et les parois de ces conduits engainés
de tractus épais de cellules lymphoïdes. La follicule et la gaine radiculaire
des poils paraissaient ne pas avoir subi d'altération même dans les points où
LYMPHODERMIE PERNICIEUSE . 407
ils traversent une lumeur lymphoïde. Les cellules des lobules graisseux sont
tantot disposées par groupes, tantôt écartées les unes des autres, et loujours
enveloppées d'une quantité considérable de cellules lymphoïdes qui suivent
le contour de chaque cellule graisseuse ; de même dans la tumeur provenant
du menton, dont la coupe est représentée fig. 2, pl . XII, les faisceaux mus
culaires sont écartés les uns des autres en forme d'éventail. C'est cette der
nière circonstance qui, à l'æil nu , donnait à la coupe d'une nodosité prove
nant du menton l'aspect d'une structure fasciculaire.
D'après l'examen anatomique et la démonstration faite par M. le Dr Pal
lauf, assistant å l'Institut anatomo-pathologique, les nodosités que l'on trouva
disséminées dans les couches sous - pleurales des poumons et dans d'autres
parties de ces organes présentaient une analogie complète avec les tumeurs
de la peau .
II
médecin appelé à donner ses soins à la petite malade , diagnostiqua une ble
pharo-conjonctivite et prescrivit des soins de propreté ainsi que des instilla
tions de collyre au sulfate de zinc . Ce traitement fut suivi très régulièrement ;
les croûtes palpéhrales disparurent, mais l'æil rougit davantage et commença
à se troubler. La mère inquiète de cet état se décida à m'amener son enfant.
A cette première visite, je constate que les paupières sont entièrement
revenues à l'état normal. L'enfant ne peut ouvrrir læil et semble vivement
gènée par la lumière du jour. L'affection dont elle est alleinte est en pleine
période aiguë et parait très douloureuse. Pour faire un examen sérieux je
suis obligé d'avoir recours à l'écarteur des paupières, et je puis alors cons
tater l'état de l'organe malade.
Il existe une rougeur très vive de la conjonctive et spécialement de la con
jonctive bulbaire. La cornée est trouble, mais laisse voir à sa surface pos
térieure un léger piqueté blanchâtre ; l'humeur aqueuse est louche. L'iris
présente, dins les points oui il est possible de l'apercevoir, un changement
notable de couleur; la membrane a pris une teinte verdålre ; clle est bour
souflée par places , et semble adhérer à la cristalloïde antérieure en plusieurs
points; la pupille déchiquetée est rétrécie. Des petites nodules jaunâtres font
saillie dans la chambre antérieure. L'aspect de l'æil est peu satisfaisant; il me
parait assez caractéristique pour que je me croie autorisé à porter le dia
gnostic d'iritis hérédo -syphilitique.
Je fais des réserves au point de vue du pronostic à cause de l'intensité du
processus, des synéchies peut-être diſticiles à vaincre et enfin des lésions pro
fondes possibles .
Je prescris des compresses d'eau boriquée chaude à mettre en permanence
sur l'ail malade , plus trois instillations par jour d'un collyre å l'atropine ; å
l'intérieur je donne la liqueur de Van Swieten sur le refus de la mère de
soumettre son enfant aux frictions mercurielles et à l'ingestion de l'iodure
de potassium
L'enfant étant fatiguée et la mère se trouvant très pressée de rentrer chez
elle, je n'avais pu faire un examen complet de ma petite malade et j'avais
posé un diagnostic d'impression .
Le 27 avril, la petite fille est ramenée; j'interroge la mère sur une syphi
lis probable chez elle ou chez son mari . Elle oppose à mes questions les dé
négations les plus formelles ; pourtant ma conviction était déjà faite à cause
des idées que celle femme avait émises sur les frictions et sur l'iodure de
potassium, idées qui me faisaient soupçonner qu'elle avait de ces agents
thérapeutiques une connaissance assez approfondie et qu'elle appréciait mal
les services que ceux -ci avaient pu lui rendre à une certaine époque.
En continuant mon interrogatoire, j'apprends que l'enfant est régulièrc
ment venue à terme sans incident , qu'alors elle n'a rien montré de remar
quable , mais que 3 semaines après sa naissance elle a présenté quelques
éruptions localisées à la face et aux cuisses.
Je fais déshabiller la malade qui semble admirablement constituée el ne
presente à première vue aucune trace suspecte. Ce n'est qu'en écartant les
fesses que je remarque la présence de syphilides qui me confirment dans
mon diagnostic .
Le 28 avril , les symptômes oculaires sont un peu moins aigus, la cornie
est moins trouble ; on peut constater que les nodules jaunes sont au nombre
de deux ou trois et siègent pris du bord pupillaire à la partie supéro -interne
de l'iris .
IRITIS HÉRÉDO- SYPHILITIQUE CHEZ UNE ENFANT DE six mois . 417
cette époque que l'iritis fait son apparition et elle devient d'autant plus
rare qu'on s'éloigne plus de la naissance.
L'enfant est du sexe féminin , on sait que les filles paraissent plus
souvent aiteintes que les garçons (?? )
Les exsudats ( sur la nature desquels je reviendrai) ont été abondants;
c'est un caractère fréquent.
La cornée est restée indemne comme dans presque tous les cas pu
bliés ; en effet, je ne veux pas considérer comme une véritable altéra
tion propre à la membrane transparente le trouble très passager que j'ai
signalé plus haut.
Ce fait confirme encore la règle en ce qui concerne le temps écoulé
entre l'infection des parents et la naissance de l'enfant contaminée. Il
s'agissait d'une syphilis relativement jeune des parents, puisque l'infec
tion de la mère avait eu lieu 14 à 15 mois avant l'accouchement et celle
du père 24 à 26 mois avant cette époque.
Au moment de la conception les deux époux semblent avoir été in
demnes d'accidents spécifiques; pendant tout le temps de sa grossesse
la mère n'a pas présenté un seul accident spécifique ; l'intérêt de tout
ceci me semble résider dans la précision des détails .
L'ail gauche seul a été atteint; l'iritis est restée monoculaire, comme
on le voit généralement.
Si le fait que j'ai signalé a des points communs avec ceux déjà con
nus, il s'en éloigne par certains côtés .
Ainsi l'iritis a été très aiguë, les phénomènes douloureux ont eu une
grande intensité ; il y avait de la photophobie et une grande vascularité
conjonctivale ; en général cette variété passe pour torpide.
Il est rare que les entants atteints d'iritis hérédo - syphilitique ne pré
sentent pas en même temps diverses autres manifestations de la diathèse,
(coryza, éruptions cutanées, etc. ), et une cachexie plus ou moins mar
quée.
Notre petite fille semblait, au contraire, jouir d'une santé florissante;
c'était, on peut le dire, une enfant superbe et à part les syphilides ano
fessières rien n'aurait pu faire supposer l'affection diathésique. Un en
fant peut donc être en puissance de vérole et présenter une apparence
des plus satisfaisantes . D'où cette nécessité pour le médecin de se livrer
à un examen des plus minutieux alors qu'il aura à se prononcer sur un
cas possible d'intoxication . Dans le doute il faudra toujours renouveler
les investigations et ne jamais se fier à l'aspect extérieur du malade.
Dans le cas particulier il est à peu près certain qu'un praticien qui exa
minerait notre petite malade, à la légère, pourrait se croire en droit de
nier la syphilis. En effet, à l'heure où j'écris , cette enfant ne présente
plus de syphilides, elle n'a aucune déformation caractéristique, elle på
IRITIS HÉRÉDO -SYPHILITIQUE CHEZ UNE ENFANT 'DE SIX MOIS . 419
rait forte et saine et la vérole n'a laissé qu'une trace discréte dans l'ail
atteint où on pourrait trouver une légère coloration spéciale de l'iris .
L'inflammation irienne a affecté une allure assez particulière puisque
j'ai pu observer en même temps des signes d'iritis séreuse et d'iritis
parenchymateuse ou plutôt gommeuse.
Les troubles de l'humeur aqueuse, le piqueté de la membrane de Des
cemet sont l'apanage de l'iritis séreuse ou « aquo capsulite » des anciens
qu'on considère anjourd'hui avec plus de raison comme une vraie lym
phangite. D'autre part la couleur jaunâtre des nodules, le liseré bru
nåtre qui les a entourés, leur siège au niveau du bord pupillaire à la
partie supéro -interne de l'iris, la guérison rapide avec atrophie et chan
gement de coloration de la membrane sont des signes qui me paraissent
assez nets pour affirmer la présence de gommes iriennes.
On sait que Colberg ( Arch. f. opht., t . VIII) a démontré l'identité des
nodules jaunâtres de l'iris avec les gommes (au début) des autres or
ganes ; je suis donc parfaitement autorisé à donner de ces productions
l'interprétation précédente. Il n'y aurait pu y avoir ici confusion qu'en
tre des abcès ou des tubercules, mais la question me semble jugée par
la disparition rapide de l'affection sous l'influence du traitement sans
parler des autres circonstances concomitantes. Ces productionsgommeuses
sont rares, mais on ne peut, depuis les travaux de l'auteur que je viens
de citer , mettre leur existence en doute un seul instant.
Le professeur Fournier a insisté sur l'apparition de l'iritis au moment
des phénomènes secondaires, chez l'adulte, cette observation confirme
sa façon de voir.
Hutchinson a recherché si « l'aquocapsulite » pouvait exister dans
la syphilis héréditaire et il est arrivé à des conclusions négatives. Il rap
porte six observations d'iritis séreuse, et dans un seul cas il y avait lien
de soupçonner la vérole . Outre l'affection gommeuse notre malade a
présenté des symptômes très nets d'iritis séreuse ; ne pourrait-on dé
duire de cela la possibilité de l'existence isolée de « l'aquo capsulite >>
dans la syphilis héréditaire ?
Le fait que je viens de publier me semble, en résumé, devoir encou
rager les ophtalmologistes à rechercher la vérole chez les jeunes enfants
atteints d'inflammation oculaire. La part de cette diathèse est certaine
ment plus grande que celle qu'on lui accorde généralement. Le cliniciun
sera largement payé de ses peines alors qu'un examen consciencieux lui
aura révélé la vraie cause de l'affection qu'il veut combattre. Il trouvera
le cas échéant, dans le traitement antisyphilitique, une arme puissante
qui, comme dans notre observation, le conduira à un rapide succès. Ce
traitement aura le plus souvent raison d'affections même fort graves en
apparence . Il est à peine besoin de dire que plus il sera institué de
420 A. TROUSSEAU .
FIQUE . GUÉRISON .
Observation recueillie à l'hôpital Saint-Louis dans le service
de M. le Pr A. FOURNIER,
paralysie droite. La jambe gauche n'a pas non plus sa force normale , et cette
attitude ébrieuse parait surtout provenir du trouble général survenu dans les
fonctions cérébrales.
Les réflexes rotuliens sont intenses, un peu lancés ; ils paraissent égaux
des deux côtés .
Il n'y a de troubles de la sensibilité générale ni d'un côté, ni de l'autre.
La vue est égale pour les deux yeux. L'ouie est très affaiblie à droite;
mais le malade nous apprenil que son oreille est malade depuis 8 à 10 ans,
qu'il a de temps à autre un écoulement purulent par le conduit auditif ex
terne , et l'examen permet de constater une ancienne perforation du tympan.
Le malade parle mal ; il bredouille ses mots , mais il les trouve facilement, et
tous les troubles de la parole paraissent uniquement sous la dépendance de
la gêne qu'il éprouve à mouvoir sa langue. Autrement, ni la faculté du lan
gage, ni l'intelligence ne paraissent atteintes. On fait lire le malade à haute
voix, ce dont il s'acquitte assez bien, sauf son bredouillement, et l'on s'as
sure qu'il comprend bien ce qu'il lit. Du reste, il parait également bien com
prendre les questioas qu'on lui pose , et il y répond assez nettement .
On trouve sur la face dorsale du gland, une cicatrice pigmentée, brunâtre ,
arrondie , qui est la trace du chancre du mois de novembre dernier. – Dans
l'aine droite, pléiade ganglionnaire encore volumineuse, dure et indolente.
-
Enfin sur tout le tronc, mais plus nette en arrière, roséole caractéristique ,
en voie d'effacement.
Il n'y a pas de lésions de la bouche.
Rien à l'auscultation du coeur. Rien dans les poumons . Les urines ne ren
ferment ni sucre, ni albumine.
La langue est nette ; l'appétit est conservé .
Le malado a bien dormi la nuit dernière, et il ne souffre plus de la tête.
Ce jour même on lui fait une friction avec la pommade mercurielle double
(6 grammes).
19 janvier. Le malade a bien dormi ; il mange avec appétit ; pour le reste,
même état que la veille :
Traitement. Iodure de potassium 3 grammes.
20. La démarche est encore aussi incertaine que le premier jour. Malgré
cela, le malade s'est levé dans la journée et est resté assis sur une chaise
auprès du poêle.
SYPHILIS CÉRÉBRALE SECONDAIRE . 423
21. Mieux léger ; la parole est un peu plus facile . La main semble serrer
avec plus de force. La marche n'est pas celle d'une hémiplégie pure et
simple, car le malade levé, marche assez rapidement, mais trébuche à la
façon d'un homme ivre, va de travers et tomberait , si on ne le soutenait.
Debout sans marcher, il est également incertain sur ses jambes, il oscille , et
tomberait encore si on ne venait à son aide. (Altitude ébrieuse.)
Pas de douleurs de téle ; bon appétit.
22. L'amélioration continue; il marche en boitant davantage, mais titube
moins ; il a néanmoins toujours besoin d'élre aidé .
23. Il a bien passé la nuit ; il parle assez facilement ce matin , tout en
bégayant encore un peu .
24. Il peut maintenant marcher seul, sans être soutenu, mais il boite et
laisse trainer à terre la pointe du pied droit; en revanche il ne titube plus.
Il reste levé la plus grande partie de la journée.
25. Le mieux continue. Au dynamométre, 15 kilogrammes avec la main
droite , et 30 avec la gauche. Il peut commencer à se servir de sa main
droite pour manger et s'habiller. — Il boite toujours, et parfois sa jambe
droite fléchit légèrement ; mais enfin il marche seul, sans même s'aider aux
objets voisins . — Il bégaie à peine. — Pas de douleur de tête.
Bon appétit. - Dort bien , et se plaint seulement que ses forces ne re
viennent pas assez vite pour lui permettre de reprendre son travail .
26. Diarrhée légère pendant la nuit. Son oreille droite a recommencé à
couler. Cet écoulement est fort ancien, et se montre par intermittences
depuis une dizaine d'années.
27. Parle bien , mais pas encore très nettement. Boite un peu, mais marche
vite, seul, sans aide , sans trébucher .
Au dynamomètre : main gauche 30 kilogrammes ; -
main droite 20 kilo
grammes .
La roséole est maintenant complètement effacée.
30. Le malade va bien , mais la force musculaire reste à peu près au même
point (main droite 20 kilogrammes ).
1er février. Main gauche 30 kilogrammes. Main droite 28 kilogrammes .
30 23
5. 30 28
7 février. 35 35
PREMIÈRE PARTIE .
.
430 G. THIBIERGE .
tement de l'affection rénale et sans qu'on ait institué contre les lésions
cutanées un traitement sérieux. Ce fait est rapporté d'une façon un peu
trop sommaire pour qu'il convienne de lui attribuer plus de valeur que
de raison ; nous nous contentons de le signaler .
D'autres faits plus importants sont ceux de Scheube (1 ) et de J. Boyer.
Scheube rapporte qu'au Japon , sur près de 13,000 malades il a observé
dix-sept cas de néphrite ou d'albuminurie développées à la suite de la
gale, sans qu'on puisse invoquer d'autre cause que celle-ci et sans qu'elle
ait été soumise à aucun traitement soit interne soit externe. Parmi les
faits qu'il a observés, il cite ceux d'un père et d'un fils entrés tous deur
à l'hôpital pour une gale compliquée de néphrite aiguë ; le père était
atteint de gale depuis deux mois et avait eu , dix jours avant son entrée,
à la suite d'un refroidissement, du malaise général, de la fièvre, puis de
l'anasarque ; le fils atteint de gale depuis deux mois et demi , avait été
pris quatorze jours avant d'être admis à l'hôpital, et sans refroidissement,
de symptômes analogues à ceux présentés par le père et avait eu en
outre des hématuries. Ces deux malades étaient guéris au bout d'un
mois. Dans la plupart des autres cas observés par Scheube , la guérison
est survenue au bout d'un ou deux mois; l'albuminurie était d'intensité
variable ; les hématuries furent rares et les ædèmes inconstants . Enfin , dans
deux cas, la néphrite prit une allure chronique et se termina par la mort
au bout de 6 à 8 mois . Les malades qui présentaient cette complication
étaient atteints de lésions cutanées très variables, tantôt peu étendues,
tantôt extrêmement considérables. Chez la plupart, la gale existait depuis
plusieurs mois et dans ce fait se trouverait, d'après Scheube, la raison
pour laquelle l'albuminurie dans la gale est plus fréquente au Japon
qu'en Europe, les Japonais conservant longtemps une affection pour
laquelle les Européens se font traiter rapidement.
M. Boyer rapporte dans sa thèse 6 observations de gale accompagnée
d'albuminurie , chez des sujets de 12 à 27 ans, généralement d'une bonne
santé antérieure . La gale remontait à une époque variant de 2 mois à 5 ans.
Dans la plupart des cas, il y avait de l'ædème de la face, des pieds, une
pâleur générale, en un mot les symptômes habituels des néphrites. Sous
l'influence d'un traitement consistant presque toujours dans l'emploi du
perchlorure de fer à l'intérieur, l'albuminurie et les ædèmes disparurent
dans tous les cas assez rapidement. Dans une des observations où l'étio
logie est d'ailleurs complexe ( l'ædème était survenu le lendemain d'un
bain ) , il y eut une crise d'éclampsie, ce qui n'empêcha pas la guérison
complète.
Dans ces diverses observations, l'albuminurie est indépendante du
( 1 ) Loc. cit .
DERMATOSES ET ALBUMINURIE . 433
( 1 ) Nous laissons de coté les deux faits signalés en quelques mois par Scheu le
(Centralbl. f. lilin . Med ., 1883) parce que les détails nous manquent pour les
discuter .
( 2) J. Duval . Des éruptions rénales. Thèse de docíora !. Paris, 1890, p . 31 .
DERMATOSES ET ALBUMIXURIE . 435
( 1 ) Lø . cit .
(2) Leçon sur l'albuminuric. Gazette des hôpitaux, 1862, p . 258.
(3) Sur deux cas d'albuminurie. Associalion française pour l'avancement des
sciences, corgrés de Paris, 1878 .
( 4 ) In Thèse de ARNAUD . De l’erythème polymorphe febrile à forme grave.
Lyon , 1883 .
DERMATOSES ET ALBUMINURIE . 437
rein, sans inflammation, dit l'éminent clinicien . Walshe (2) rapporte qu'il
a constaté l'albuminurie dans un cas de purpura où les reins présentaient
à l'autopsie les caractères du mal de Bright. Forget (3) cite une obser
vation dans laquelle les caractères de l'urine doivent faire admettre
l'existence du mal de Bright; mais il s'agit d'un phthisique atteint de
purpura et la tuberculose est bien plutôt la cause de la lésion rénale .
M. C. Paul ( 4) a rapporté, sous le nom de rhumatisme hémorrhagique,
l'observation d'un enfant de 7 ans, qui, dans la convalescence de la
rougeole, fut pris de douleurs dans le genou , puis dans le poignet, en
même temps qu'apparaissaient des pétéchies ; au bout de ő jours, la
région lombaire devint douloureuse, l'urine renfermait de l'albuinine,
puis des demes apparurent à la face et aux malléoles ; l'albuminurie
disparut complètement.
M. Perroud (5) a publié sous le même titre trois observations des plus
intéressantes. La première a trait à un homme de 35 ans , rhumatisant
depuis son enfance , qui présenta , quinze jours après le début de douleurs
articulaires et au moment où elles disparaissaient, une éruption de
péiéchies sur la partie inférieure du corps ; les urines étaient notablement
albumineuses ; l'éruption de purpura devint plus confluente , l'albumi
nurie persista et , au bout d'une quinzaine de jours, il survint de l'ædème ;
celui-ci, après quelques variations dans son intensité, persistait encore ,
ainsi que l'albuminurie, lorsque le malade quitta l'hôpital . Le malade qui
fait le sujet de la deuxième observation, éprouvait des douleurs dans
les cous -de-pied depuis quelques jours, il avait du purpura des membres
inférieurs ; mais pendant les premiers jours de son séjour à l'hôpital,
l'urine ne renfermait pas d'albumine. Au bout de quelques jours, la
fièvre devint vive, il y eut un peu de délire pendant la nuit et deux
jours plus tard , le malade avait un peu d’ædème des membres inférieurs ;
les urines sanguinolentes renfermaient une énorme quantité d'albu mine ;
les urines cessèrent, au bout de quatre jours, de contenir du sang , majs
restèrent longtemps albumineuses et l’étaient encore légèrement lorsque
le malade quitta l'hôpital deux mois plus tard ; il resta faible et anémique
pendant longtemps, mais l'cedème des membres inférieurs n'avait duré
que trois semaines. La troisième observation de M. Perroud nous montre
une forme beaucoup plus grave des complications rénales du purpura :
un jeune homme de 19 ans est pris , à la suite d'un refroidissement,
d'une angine , puis de douleurs articulaires dans les membres inférieurs;
des taches purpuriques apparaissent sur ses membres ; les urines sont
albumineuses dès l'entrée à l'hôpital ; la région lombaire est douloureuse,
le malade est très pâle ; au bout d'une dizaine de jours les douleurs
lombaires augmentent d'intensité, les urines renferment du sang, et la
face devient edémateuse ; ces accidents se montrent à plusieurs reprises ;
puis il survient rapidement une cécité absolue et des accès épileptiformes
très intenses et très répétés pendant quatre jours ; ces accidents uré
miques guérissent cependant , et le malade peut sortir de l'hôpital , urinant
encore de l'albumine , mais n'ayant plus ni fièvre ni douleurs .
Il nous semble difficile, dans ces observations, d'admettre avec
M. Perroud que l'albuminurie était due à une simple transsudation des
différents éléments du sang à travers le parenchyme rénal : les hématu
ries abondantes au début, la persistance d'unc albuminurie intense ,
mais surtout l'adème du visage , les douleurs lombaires et les accidents
urémiques qui se sont développés dans un cas indiquent d'une manière
irrécusable l'existence d'une néphrite.
En outre, et à cause même de cette complication, il nous répugne
d'admettre pour ces cas l'hypothèse d'un purpura rhumatismal ou d'un
rhumatisme hémorrhagique ; la néphrite rhumatismale est une véritable
rareté , les hémorrhagies dans le rhumatisme vrai sont également excep
tionnelles; la réunion du purpura et d'une néphrite évoluant avec la
même marche que la néphrite scarlatineuse nous semblent indiquer l'in
tervention dans les cas de M. Paul et de M. Perroud d'un agent infec
tieux tenant sous sa dépendance ses manifestations diverses : semblable
interprétation doit être admise bien certainement pour le cas rapporté
dans la thèse de M. Gomot ( 1) où l'albuminurie , puis l'hématurie ne
(1) Du purpura idiopathique rigu ou typlius angcio-hématique. Thèse de doctorat .
Paris, 1883 .
440 G. THIBIERGE .
(A suivre .)
REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
11. -
étaye encore ce diagnostic , était fourni par l'exclusion , au point de vue anato
mique , de toute autre espèce d’ulcération.
L'examen microscopique concorda avec les observations macroscopiques.
Dans les points où elle n'était pas complètement détruite , la muqueuse elait
fortement infiltrée de petites cellules. Le périchondre, lorsqu'il n'était pas
enlevé, se trouvait lardé de cellules lymphoides, et le cartilage même était
crodé ou exfolić .
On se trouve par conséquent autorisé à voir dans ce cas une ulcération
syphilitiqu:e isolée de la trachée et des brunches, sans affection syphilitique
concomilante dos autres portions de l'appareil respiratoire.
On ne peut réunir, dans loute la littérature médicale, qu'un très petit
nombre de cas analogues d'ulceration syphilitique trachéale, pure et absolu
ment isolée, constatés d'une manière certaine et confirmés anatomiquement.
D'après Gougenheim ( 1 ) , le larynx est atteint chez 40 0;0 des syphilitiques,
d'après Gerhardt et Rose ( 2 ) chez 32 0/0,7 et d'après Engelstedt et Lewin ( 3 !
chez 4,4 0/0 et 4,8 0/0 . Morell Mackenzie ( 4) sur 1,145 cas d'affections sypbi
litique des organes cervicaux signale une altération de la trachée 8 fois
seulement (1 1/2 0/0) . En revanche, d'après Gerhardt (5) , sur 17 cas d'affee
tions syphilitiques graves du larynx , la trachée fut atteinte aussi 4 fois. Sur
22 cas de syphilis tracheale qu'il a rassemblés, il trouva affectées : 4 fois la
surface tracheale entière, 6 fois la partie supérieure, el 12 fois la moitié in
féricure avec participation des bronches . L'étude synthétique de Pierling (6
sur les affections syphilitiques de la trachée et des bronches embrasse 43 cas,
examinés loutefois à un point de vue purement clinique. En outre , 22 cas de
syphilis trachéale, publiés soit avant soit après le travail de Vierling paru en
1878 , ont été signalés par Munk ( 7) , Dillrich et Willig (8 ) , Forster (9 ),
Eppinger ( 10) , Zurhell (11), Wilks (11), Beger (11 ), J. Mackenzie (11),
Semon ( 12) , Schech (13 ), et Kopp ( 14) .
En étudiant ces 65 cas de syphilis trachéale et bronchique, on reconnait
qu'il s'agit la plupart du temps d'une affection syphilitique trachéale émanee
du larynx ou du pharynx. Dans d'autres cas plus rares, la syphilis tracheale
s'est montrée isolée, en ce sens seulement qu'on pouvait constater des ulce
rations trachéales syphilitiques qui ne permettaient de reconnaitre aucune
relation directe par continuité de surface avec une syphilis laryngée ou pa
ryngée concomittante : elles en claient séparées par un espace de tissu
sain . Dans 6 cas seulement l'intégrité absolue du larynx et du pharynx se
trouve expressément signalée en même temps qu'une syphilis trachéale ou
(1) Proj. med ., 19, 1880 , II , p . 134 , De la laryngite syph . secondaire.
1) Störk in Pitha et Billroth , III , B. I , p . 346 .
(3) Ibid .
(4 ) Diseases of the throat, 1880 , p . 353 ct 36 $ .
(5) L'eber syph . Erkr. d . Luftr. ( D). Arch . f . Klin . Jel ., II , 1866 , p. 535.)
( 6) Syph . d . Trach . 11. d . Bronch. ( D. Arch . f. Klin . Med ., XXI , 1878, p . 325.
(7 ) Rokitansky . ( Lehrb . d. path . Anat., 1861, B. III , p. 22. )
(8) Pruger Viertelj . , IX , 73 ; XII , 192, 7 ; XII , 8 ; XXXVIII, 9 .
(9 ) Handbuch . d . spec . pati . Anat., Leipzig, 1863 , 2 Auth., p . 313 .
( 10) Handb. d . path . Anat, ron Klebs. Larynx 1. Trachea , bearb. von Eppinger,
1880 .
( 11 ) Cest . med . Jarb ., VII . Wien , 1881 , p . 76 .
(12) Transactions of the path . soc. of Lond ., vol . XXXI.
( 13) Wiener med . Woch . , n° 46 , 1884.
( 14) D. Arch . f. Klin . Beid., Bl. II , p . 538 et 545 .
REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
LE GÉRANT : G. MASSON .
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES .
ARTHRITE SYPHILITIQUE ,
Par lo Di Michel GANGOLPHE ,
Ex-chef de clinique chirurgicale à la Faculté de médecine de Lyon .
21. - Observations.
Les faits publiés par M. le professeur Richet ( 1853), et ultérieure
ment par ses élèves, Voizin ( 1875) , Dauzat (1875), dans le but de
prouver l'existence de l'arthrite, de la tumeur blanche syphilitique, ont
ANNALES DE DERMAT . , ge SERIE , 29
450 MICHEL GANGOLPHE .
Autopsie. - (Résumé).
Dégénérescences gommeuses ganglionnaires multiples .
Foie syphilitique, gommes et cicatrices .
Ulcerations du larynx.
Ulceration et rétrécissement des bronches.
Arthropathies. — Les deux articulations fémoro.tibiales sont volumineuses;
elles renferment chacune plus d'un verre d'une sérosité louche. Les sypo
viales , épaissies et en même temps injectées, sont tapissées de plusieurs
dépôts pseudo -membraneux. A gauche, une fausse membrane jaunâtre unit
les deux feuillets synoviaux; à droite, la bourse synoviale du droit antérieur,
sans communication avec la cavité articulaire, n'est pas altérée. La surface
articulaire du condyle externe gauche est dans un point érodée. Les carti
lages articulaires des rotules sont érodés et ulcérés ; mais ces allérations ne
sont que secondaires et la lésion principale porte sur les tissus fibreux de
l'articulation. Du côté droit, une partie du tendon rotulien , le peloton grais
seux situé en arrière de la bourse synoviale, et tous les tissus fibreux qui
s'insèrent au pourtour du tibia, sont transformés en une masse uniforme,
jaune grisâtre, élastique, qui a 4 centimètres d'épaisseur sur la ligne mé
diane . Cette masse, par son aspect, sa consi : tance et sa structure, se rap
proche des produits morbides trouvés dans le foie : elle est formée par un
dépot gommeux . Une simple bandelette fibreuse représente le tendon rotu
lien , et quelques tractus fibreux semblent diviser la masse gommeuse en
plusieurs petites tumeurs . Les ligaments semi-lunaires et inter-articulaires
sont sains. L'articulation du genou gauche est également altérée, avec celle
dillérence que le peloton graisseux post-rotulien n'a pas disparu aussi com
plètement que du colé opposé. Au -dessous de ce peloton, en arrière du tendon
et en avant du tibia , existe un dépol gommeux de 2 centimètres d'épaisseur.
L'examen anatomique des masses gommeuses articulaires m'a donné une
structure identique à celle des tubercules gommeux du foie.
DE L'OSTÉO-ARTHRITE SYPHILITIQUE . 451
est beaucoup plus vive à la jambe gauche ; le malade ne peut dormir tant
elle est intense. On fit alors, le 25 janvier, une large incision au niveau de
la fistule de la jambe gauche, incision allant jusqu'à l'os , en pensant à de la
rétention du pus. Après l'incision, douleur extrêmement vive pendant les
deux jours qui suivirent. Une hémorrhagie fut consécutive à celle incision et
ne put ètre arrétée que gràce à un tamponnement énergique et à l'adminis
tration de 3 grammes de seigle ergoté en poudre . Hémorrhagie en nappe ,
tendance hémophilique manifeste. Le 1er février, le malade éprouve une
dyspnée intense, il a de la torpeur et de la somnolence ; il répond encore
aux questions, mais avec peine et à voix basse . En même temps, teinte
subictérique généralisée.
A ce moment, on cesse l'usage de l'iodure pour ne continuer que la pom
made mercurielle. On n'a pas trouvé de troubles à l'auscultation du cœur.
L'auscultation des poumons n'a fait constater aucun signe manifeste. Un peu
plus d'obscurité à droite qu'à gauche.
Les jours suivants, ces phénomènes vont en s'accentuant. Le 4 février, on
incise la gomme de la région tempo -fronto -pariétale droite. Il ne sort qu'un
peu de matière jaunâtre comme caséeuse. Un stylet introduit dans la plaie
conduit sur un os dénudé . Pas de communications avec la cavité crânienne .
Pas d'agitation ni de délire : le coma et la dyspnée s'accentuent de plus
en plus. Les urines, qui étaient devenues rares ces jours derniers, se sup
priment complètement. Examinées le 3 février, les réactifs y ont décelé une
grande quantité d'albumine. Pas de sucre.
Le malade succombe le 5 février, à 11 heures du soir.
Autopsie. Le 7 février.
-
Le cubitus est intact ; toutefois le sillon qui sépare les apophyses coro
noïde et l'olécrane est plus accentué, recouvert d'un tissu fibreux épais , Le
poignet et le squelette de la main ne sont le siège d'aucune lésion .
Nembre gauche.
Omoplate gauche. – A peu près complètement sain . La surface acromio
claviculaire est amincie , recouverte d'une très légère couche caséeuse.
Articulation de l'épaule.. - Synovie normale . Le cartilage glénoïdien est
un peu irrégulier, comme ridé : l'extrémité supérieure de l'humérus est pro
fondément atteinte . Les deux tiers supérieurs de la tête humérale, os et car
tilage, ont disparu : il ne reste plus de l'épiphyse qu'une sorte de bandelette
située à la partie inféro -interne. La perte de substance résultant de la des
truction du tissu osseux se présente comme une dépression profonde de
1 centimètre et demi, limitée , en dedans et en bas par la partie restante de
la léle, en haut et en dehors par la tubérosité externe . Elle est tapissée par
une néo -membrane rougeâtre, épaisse, qui repose sur un plan osseux résis
tant. La région des trochanters, notablement élargie ( le plus grand diamètre
est de 7 centimètres, à droite de 5 centimètres et demi), est remarquable par
de nombreuses saillies et dépressions. Un périoste épais la recouvre, il est
très adhérent en raison des prolongements qu'il envoie dans les anfractio
sités. La petite tubérosité, très élargie, tend à recouvrir complètement le
tendon du biceps et à transformer la demi- gouttière en un canal osseux.
Sur une coupe transversale et verticale, passant par le grand axe de l'os,
on se rend compte des détails suivants :
La dépression humérale est tapissée par une couche fibreuse de 4 à
5 millimètres d'épaisseur, qui repose sur une lame éburnée de 1 millimètre
et demi à 2 millimetres d'épaisseur. Cette cloison osseuse, qui répond exac
tement aux limites de la diaphyse et de l'épiphyse, permet d'apprécier l'étendue
de la lésion épiphysaire. On voit sur la coupe qu'il ne reste plus de la tête
humerale qu'une sorte de coin à base interne, recouvert de cartilage diar
throdial, le bord inférieur répondant à la lame éburnée, le bord supérieur
au tissu fibreux de la néo -membrane. Ce coin osseux est nettement éburné.
On voit également, en dehors, dans la zone qui correspond au cartilage de
conjugaison de la grosse tubérosité , une lamelle éburnée analogue à la pré
cédente .
La diaphyse, l'extrémité inférieure de l'humérus sont intactes.
L'articulation du coude, le cubitus, le radius, le squelette de la main et des
doigts ne présentent aucune lésion .
Membres inférieurs .
Membre droit. L'articulation de la hanche parait normale. Le cartilage
fémoral est un peu irrégulier, inégalement épais.
La diaphyse parait absolument saine : il n'en est pas de même de l'extré
mité inférieure. A l'ouverture du genou , issue de deux ou trois cuillerées de
pus roussàtre. Le tissu osseux de l'épiphyse fémorale a subi une perte de
substance de 1 centimètre et demi de profondeur. La surface antérieure du
condyle externe , la moitié externe du condyle interne , l'espace intercondylien
antérieur sont complètement dépourvus de cartilage. A peine existe - t- il en
bas , entre les deux espaces intercondyliens, un pont cartilaginoux de quelques
millimètres. La perte de substance est irrégulière , anfractueuse : à sa partie
460 MICHEL GANGOLPHE .
Membre gauche.
L'articulation de la hanche est intacte.
Fémur. — A 9 centimètres au-dessous du bord supérieur du grand tro
chanter existe une saillie , une sorte de papule osseuse, poreuse, de la lar
geur d'une pièce de 2 francs. A 21 centimètres au -dessous du bord supérieur
du grand trochanter commence l'augmentation de volume de la diaphyse qui
s'accroit progressivement et donne un périmètre de 12 centimètres, alors que
du côté droit il est seulement de 7 .
A la partie moyenne et externe de cette hyperostose on voit deux ou trois
perforations de 7 à 8 millimètres de diamètre. Elles sont remplies de subs
tance caséeuse jaunâtre qui arrive jusque sous le périoste épaissi de la région.
Par ces orifices on introduit facilement un stylet jusque dans le canal mé
dullaire .
L'extrémité inférieure du fémur est considérablement déformée. Les sur
faces cartilagineuses et le tissu osseux ( celui -ci seulement sur une certaine
profondeur) des deux condyles ont disparu de telle sorte que la longueur de
l'os est diminuée de 7 à 8 millimètres. Le plus grand diamètre transversal de
l'extrémité est supérieur d'un demi-centimètre à celui du côté opposé : d'autre
DE L'ostéo -ARTHRITE SYPHILITIQUE . 461
>
466 MICHEL GANGOLPHE .
onda avec une lamelle osseuse, qui paraît avoir limité la lésion. L'ex
rémité inférieure du fémur gauche, la cupule radiale nous ont offert
les altérations susceptibles de la même interprétation ; partout la gué
ison s'est effectuée par l'éburnation du tissu osseux , qui se recouvre en
nême temps d'une couche tìbrense comblant en partie la perte de
ubstance . Les portions du cartilage qui persistent offrent un aspeet
aractéristique noté déjà précédemment. Couvertes de petits mamelons,
le grains plus ou moins volumineux , de dépressions, de sillons cruci .
ormes ou étoilés, elles rappellent, par leur aspect, comme on l'a fort
vien dit , la lobulation des foies atteints de cirrhose atrophique. Les
igaments, la capsule, peuvent rester plus ou moins épaissis, rétractés , 7
et bien que nous pensions que les lésions articulaires tertiaires sont
dans la plupart des cas d'origine osseuse , nous devons reconnaître que
divers observateurs, Gies (Deutsche Zeitsch . f. Ch. 1881 , Band XV ),
Schuller Bericht. uber die Verhandl. d . d . G. f. Ch . , XI Congress),
Virchow Berlin , klin . Wochen ., n ° 33 , 1884) , ont signalé des faits de
?
chondrite syphilitique.
S'agit-il de chondrite primitive, ou de chondrite symptomatique d'une
altération gommeuse sous-jacente ? C'est un point sur lequel Virchow ne
se prononce pas nettement. Dans sa communication (que nous signa
lons), cet auteur déclare , en effet, ne pouvoir dire si les irrégularités,
les dépressions stellaires, la lobulation du cartilage sont dues à un pro
cessus gommeux. Nous n'insisterons pas davantage sur cette question ,
qui ne peut être élucidée complètement qu'à l'aide de nouveaux faits.
CONCLUSIONS .
Fig VT Fig111
Fig. 1
Fig.V
Fig . IV
d
а.
а" Fig.11
JE
au
set del
G. Masson éditeur
Imp.Lemerrier : 0 "!
II
T. m . 40,1 . P. 130. R. 35 .
T. s . 41. P. 138. R. 40 .
Traitement. Lotions phéniquées. – Applications de compresses phéni -
quées sur les membres.
Mixture contenant deux grammes d'acide salicylique pour boisson : 75 cen
tigrammes de sulfate de quinine .
1er juillet . Nuit sans sommeil . On constate à la plante des pieds, à la
paume des mains et à la partie antérieure de la jambe gauche des bulles
de grosseur variant d'un grain de millet à un haricot. A côté de ces bulles
et sur les autres parties du corps, l'éruption est caractérisée par des saillies
boutonneuses entourées d'une auréole rouge ; il existe , à ce niveau , une lé
gère induration de la peau.
Les bulles sont remplies d'un liquide clair, citrin..
Urine albumineuse .
La malade est très abattue : — Subdélirium .
Même traitement. On fait prendre, en outre, à la malade un grand bain
composé d'une décoction de plantes aromatiques et de 100 grammes d'acide
borique. Potion au quinquina, champagne. Solution avec un gramme de sul
fate de quinine .
T. m. 40,2 . P. 140. R. 44 .
T. s . 41,1 . P. 148. R.48 .
2 juillet. La paume des mains et la plante des pieds sont couvertes de
bulles ; la peau située entre les bulles présente une teinte d'un rouge foncé.
Les doigts sont tuméfiés, énormes.
Urine rare , louche , d'une teinte verdâtre.
Le liquide des bulles, l'urine, sont examinés par mon excellent collègue ,
le Dr Baralau . Nous inoculons la sérosité purulente d'une bulle à un lapin .
Du sang recueilli à l'aide d'une ventouse scarifiée est également examiné .
La malade est dans un grand état de prostration ; soif vive; deglutition ex
trêmement pénible , douloureuse ; météorisme. Respiration pénible. Quel
ques râles sous-muqueux aux bases. Délire, hallucinations.
Même traitement . On prescrit un nouveau bain antiseptique et une potion
avec de la liqueur ammoniacale anisée . Lavement purgatif.
T. m . 40. P. 140. R. 44 .
T. s . 41. P. 156. R. 60 .
3 juillet. — Etat typhoïde ; adynamie. - La malade ne répond plus aux
questions qu'on lui adresse. Langue séche .
Le liquide des bulles est louche ; la peau présente, dans plusieurs points, des
suffusions sanguines ; écoulement vaginal sanguin à odeur fétide.
La température s'élève à 41,5 dans la soirée ; le pouls devient filiforme;
respiration à 60 .
Coma. Tremblement et légers mouvements convulsifs dans les mem
bres .
Application de la glace sur la tête. La malade succombe le lendemain dans
la soirée.
La famille a malheureusement refusé l'autopsie.
Examen histologique du sang, de la sérosité et des urines.
1 ° Le sang contient dans le sérum des spores arrondies , le plus souvent
isolées, parfois réunies deux par deux, mais jamais en plus grand nombre :
ces spores, assez difficiles à trouver, car elles sont mobiles, sont en petite
474 PAUL SPILLMANN .
Par le Dr GÉMY,
Chargé de la clinique complémentaire des maladies syphilitiques et cutanées
à l'Ecole de médecine d'Alger.
Cinq jours plus tard, il aperçut sur le côté droit du sillon balano - préputial
une petite excoriation douloureuse; huit jours après apparaissait une tumé
faction dans l'aine droite qui, en quelques jours, devint assez douloureuse
pour nécessiter son entrée à l'hôpital, le 21 février 1885, un mois après
l'apparition du chancre.
État actuel : le chancre a la dimension d'une pièce de un franc et est en
voie de réparation. ( Le malade n'a fait aucun traitement . )
L'aine droite est le siège d'un bubon enflammé, rouge sombre, globuleux ,
fluctuant dans sa totalité .
Diagnostic : chancre simple , bubon chancreux.
Pour confirmer ce diagnostic, après avoir pris toutes les précautions anti
septiques décrites précédemment, j'inocule avec l'épingle : 1° du pus pris
sur le bord du chancre à la cuisse gauche; 2º ensuite, après avoir ouvert
le bubon qui se vide d'un trait, j'inocule du pus pris au fond du ganglion,
sur la cuisse droite .
26 février. Pustule caractéristique sur la cuisse droite (pus du bubon ),
résultat négatif sur la cuisse gauche, c'est - à - dire sur le point où a été ino
culė le pus du chancre .
Surpris de ce résultat, j'examine le chancre avec plus d'attention et il
m'est facile de constater que sa base présente une induration manifeste .
J'ai donc eu affaire au chancre mixte de Rollet. Le chancre simple s'est
développé le premier et a été compliqué d'un bubon chancrelleux, le chancre
syphilitique , qui a été contracté dans la même séance puisque le malade n'a
eu qu'un seul moment d'égarement, est au début de son évolution , c'est
donc son pus que j'ai inoculé ce qui explique le résultat négatif de cette
auto - inoculation .
Le traitement mercuriel , deux centigrammes de bichlorure en pilules , est
immédiatement institué.
2 mars. Avec le pus du chancre d'inoculation jinocule la cuisse gauche.
5 mars . Pustule caractéristique.
31 mars. Le chancre syphilitique est à peu près guéri mais repose sur
une large base indurée . Les chancres d'inoculation se cicatrisent lentement;
enfin les lèvres de l'incision sont renversées, les bords décollés flottent sur
un ulcère douloureux qui suppure abondainment.
Tous ces chancres sont pansés à l'iodoforme. Des toniques, ainsi que des
bains de feuilles d'eucalyptus, sont ajoutés au traitement mercuriel.
15 avril. Roséole papuleuse discrète, érythème pharyngien caractéristique.
Les chancres sont presque complètement cicatrisés ainsi que le bubon ,
24 avril. Plaques muqueuses sur le voile du palais.
Le malade, qui habite Alger, fatigué de son séjour à l'hôpital , demande sa
sortie qui lui est accordée. Il vient encore pendant un mois et demi à la
consultation où on constate la cicatrisation complète des chancres et des
bubons et la disparition des accidents syphilitiques. Je l'engage à continuer
le traitement pendant longtemps.
Le pus du bubon droit, mal lié , ne présentant pas les caractères du pus
franchement phlegmoneux, est inoculé sur la cuisse droite et l'inoculation
isolée par un verre de montre .
Le pus du bubon gauche, ouvert dans la même séance , avec un autre bis
touri bien entendu, est inoculé sur la cuisse gauche et les mêmes précau
tions prises pour l'isolemeni.
19 mars. Résultat négatif.
N. B. Le pus inoculé était le premier sorti des bubons.
31 mars. Nouvelle inoculation du pus des deux bubons.
2 avril. Résultat positif.
5 avril. Destruction des deux chancres d'inoculation par le caustique
sulfo - carboné.
2:5 avril. Le malade sort guéri.
Je dois insister sur ce fait que le pus inoculé la première fois n'avait
pas été puisé dans le ganglion , que les pansements faits avec le plus
grand soin par M. Schwartz, qui m'assistait régulièrement dans
ces expériences, ne permettaient pas la contamination des bubons ou
verts par le pus du chanc ! e et que, dix jours plus tard , le pus des bu
bons était virulent.
Je pourrais donc, avec quelque raison , porter ce fait à l'actif des ino
culations positives.
Mais comme, en definitive , il est passible de quelques objections, je
ne fais que le consigner parmi les résultats douteux.
OBSERVATION IT. (Recueillie par M. Duchiteler, interne du service.)
Nogues (Noël), 26 ans, tailleur, bonne constitution , des Hautes - Pyrénces,
SUR LA VIRULENCE DU BUBON CHANCREUX . 483
bubon qui est immédiatement ouvert avec toutes les précautions voulues. Le
pus est inoculé à la cuisse gauche.
26 avril. Rien ; résultat négatif.
OBSERVATION IX . (M. Schwartz .)
Gat ( Joseph ), 19 ans, bonne constitution , d'origine espagnole , mais né à
Alger, boulanger, n'a pas d'antécédents vénériens.
Coït impur le jer avril avec une Espagnole en maison. Apparition du
chancre sur la partie droite du prépuce quatre jours après. Le bubon se montre
le 8 et le malade entre à l'hopital le 11 avril.
Le 12 avril. La tumeur a le volume d'un demi-auf de poule, la fluctuation
cst nettement perçue. Il est ouvert avec les précautions ordinaires et le pus
inoculé à la cuisse droile .
17 avril. Résultat négatif.
19 avril. Le chancre est cicatrisé, l'incision du bubon n'a pas le caractère
ulcéreux.
Le malade demande sa sortie qui lui est accordée .
OBSERVATION X. (Recueillie par M. Duchålelet, interne du service .)
Albertini (Jean -Baptiste), 26 ans , bonne constitution , journalier, Corse
d'origine, était entré dans le service le 3 avril pour une blennorrhagie et
sorti guéri le 12 mai.
Il rentre de nouveau le 5 juin, porteur d'un chancre simple qui a détruit
le frein et dont l'apparition remonte à 8 jours, c'est- à -dire 5 jours après le
coſt suspect.
A son entrée, le chancre est en voic de réparation et l'aine droite est le
siège d'un bubon fluctuant qui est ouvert avec toutes les précautions ordi
naires. Le pus, épais et phlegmoneux, est inoculé à la cuisse droite .
12 juin . Rien n'est survenu .
13 juin. Cicatrisation complète du chancre .'
19 juin . Le bubon est presque complètement cicatrise et le malade sort
sur sa demande .
Les neuf autres observations sont absolument semblables, il est donc
inutile de me répéter encore .
La suivante est incomplète. Je la donne cependant parce qu'elle pro
mettait un résultat positif, et parce qu'elle montre la rigueur avec laquelle
ces expériences ont été conduites.
OBSERVATION XI . - (Recueillie par M. Duchâtelet, interne du service .)
Loukrani, israélite, cocher, scrofuleux, entre le 19 juin avec un chancre
simple, siégeant sur le côté droit du fourreau de la verge (circoncis).Pour
confirmer le diagnostic, on inocule le pus du chancre à la cuisse droite .
Pustule caractéristique le 24 .
26 juin. Le chancre d'inoculation est détruit par le caustique sulfo -car
boné. Le même jour, le bubon droit que portait le malade à son entrie est
ouvert et le pus inoculé avec les précautions habituelles sur la cuisse gauche.
28 juin . Le malaile, très pusillanime, demande sa sortie qui ne peut lui
ctre refusée .
A ce moment, le point inoculé présentait une petite rougeur erytheria
leuse , prélude probable de la postule caractéristique, mais que je malade de
clarait n'ètre pas douloureuse, peut-être dans la crainte d'être retenu à l'hopital.
SUR LA VIRCLEXCE DU BCBON CILANCREUS . 18:35
11. Rendiconto sommario delle malattie osservate e curato nel dispensorio civico
Dermo-sililo-lapatico dell'orpedale la Concezione di Palermo, negli anni 1882, 1883
€ 188. – Tipog. Lamantia e Giannone. Palermo, 1883 .
494 LAURENT MANNINO .
du chancre vénérien , ainsi que Straus l'entend, n'existe pas non plus, et
je trouve inexacte l'explication qu'en ont donnée Ferrari et Aubert
lui -même avant celui-ci .
Le bacille spécifique du chancre mou, ne pouvant pas vivre dans une
température s'élevant au delà de 35 à 40 °, ne peut pas se transporter
dans les glandes lymphatiques voisines et yy déterminer un autre chancre,
car dans ces parties il y a toujours une température s'élevant, au moins,
à 37º .
Par conséquent, le bubon , qui accompagne parfois le chancre véné
rien ou vient après lui , ne dépend pas de celui-ci, et si l'on a admis
cela jusqu'à présent, c'est grâce au post hoc ergo propter hoc ; au
contraire , le bubon n'est qu'un phlegmon simple, qui se développe
sous l'action morbifique du microcoque spécial du phlegmon , le strep
tococcus piogenus, qui peut coexister avec les microbes spécifiques
du chancre mou .
On arrive à s'expliquer ainsi pourquoi au chancre mou on ne voit pas
toujours succéder le bubon , qui, suivant la plupart des statistiques spé
ciales, ne se développerait que dans la proportion du 50 0/0 ; que si le
bubon était causé par l'élément spécifique du chancre mou , il devrait
apparaître toutes les fois qu'il y a un chancre vénérien , et, ce qui plus
est, il devrait toujours être de la même nature chancreuse .
Si l'on trouve enfin quelques bubons devenant chancreux 48 heures
ou 3 jours après leur ouverture et qui donnent du pus inoculable, il faut
attribuer cela aux éléments spécifiques du chancre vénérien , qui auraient
été mis en contact avec le bubon ouvert en y déterminant une inocula
tion. Ces éléments spécifiques peuvent venir du chancre même, quand il
coexiste , ou bien , lorsque celui-ci est cicatrisé, des parties adjacentes
du bubon, où il est facile de supposer qu'il y aurait des bacilles spéciaux
restés inertes sur la peau saine ou attachés aux poils du pubis et à ceux
du ventre .
Le savon est ensuite mis à sécher pour le priver de son excès d'hu
midité . Après quoi, il est fondu dans la moitié de son poids de glycérine
neutre ,
Le savon ainsi préparé sert à éteindre son poids de mercure par sim
ple trituration . Il est divisé, quand le mercure est complètement éteint,
en pains de 60 grammes, après avoir été aromatisé avec une essence ap
propriée.
Chaque pain renferme 30 grammes de savon et 30 grammes de mer
cure ; ce rapport du savon au mercure est donc le même que celui de
l'onguent napolitain .
Tous les médecins qui se seront servis du savon mercurique renonce
ont à coup sûr à l'emploi de l'onguent napolitain . En effet, le savon a
pour avantage d'être soluble dans l'eau et de se laisser facilement enlever
par un simple lavage . Comme il est absolument neutre, il ne provoque
aucune irritation de la peau .
Pour faire la friction au savon , on asperge la région qui doit être fric
tionnée avec un peu d'eau et on mouille la main qui pratique la friction .
Je fais recouvrir ensuite la partie frictionnée avec du papier de soie ou
du papier parcheminé très mince ; le pansement est maintenu à l'aide
d'une manche s'il s'agit des bras, ou à l'aide d'un caleçon de bain un
peu long s'il s'agit de la cuisse . Au bout de vingt-quatre heures la par
tie du corps soumise à la friction la veille est lavée avec une éponge
imbibée d'eau tiède, puis essuyée ; pour éviter toute irritation de la peau,
1
dans ce recueil (2). Celui que nous allons rapporter est digne d'intérêt,
moins encore pour sa rareté que pour la lumière qu'il nous semble
jeter sur un point encore fort débattu de la pathogénie du psoriasis.
OBSERVATION. -
- Garçon de 5 ans et demi revacciné avec du vaccin ani.
mal. Psoriasis consécutif, d'abord localisé aux lieux d'inoculation, puis
généralisé.
B... Jules , assez bel enfant de 5 ans et demi, a été vacciné une première
fois, à 16 mois, et porte, à chaque bras, trois cicatrices caractéristiques.
Ses parents ont toujours joui d'une bonne santé, et lui-même n'a jamais eu,
dit sa mère, « le moindre bouton i .
A la fin de mars 1884 , une épidémie de variole, assez légère d'ailleurs,
sévissant à Lyon, l'enfant est revacciné, par mesure générale , avec tous les
élèves des écoles maternelles .
On lui fait, au bras gauche , trois scarifications superficielles au sein des
quelles l'on dépose une parcelle de notre Électuaire vaccinal dont l'activité
(1) Georges- H . RoHÉ. Deux cas de psoriasis aigu généralisés développés après
la vaccination (Journal of cutaneous and venereal diseases. Oct 1882 ).
PIFFARD. Cas de psoriasis survenant après la vaccination ( Ibid., janvier 1883 ).
MORROW . De quelques accidents de la vaccination ( Ibid ., mars 1883).
(2) Annales de dermatvlogie et de syphiligraphie, n ° 12, 1883.
NOTE SUR UN CAS DE PSORIASIS VACCINAL . 499
III. Il est une troisième hypothèse qui nous paraft mieux rendre
compte de la localisation primitive et de la marche du psoriasis vaccinal;
elle aurait, en outre, le mérite de corroborer des recherches exactes et
dignes d'intérêt.
L'on sait qu'en 1878 le professeur Lang (1 ) a démontré l'existence, au
milieu des cellules épithéliales de la pellicule psoriasique (psoriasis
haütchen), d'un champignon auquel il donna le nom d'épidermophyton
et dont la présence serait aussi constante et aussi caractéristique
que celle du trichophyton dans l'herpes tonsurant ; il fit, de cette décou
verte, la base de sa théorie parasitaire du psoriasis, et fut suivi dans
cette voie par un certain nombre de dermatologistes parmi lesquels
nous citerons le professeur Eklund (2) .
Il en est du psoriasis comme de toutes les affections cutanées qui , pour
une lésion univoque, reconnaissaient des causes multiples, et nous ne
pensons pas qu'il soit toujours parasitaire : son hérédité fréquente, ses
relations avec certains états constitutionnels, son apparition surtout sous
la seule influence de causes morales, plaideraient assez fortement contre
une manière de voir aussi absolue. Nous en admettrions cependant volon
tiers, pour certains cas, l'origine cryptogamique : ce n'est, il est vrai,
qu'une hypothèse que l'expérimentation n'a pas encore confirmée ; mais la
découverte de Lang, les caractères généraux du psoriasis, sa nullité étiolo
gique et la disposition circinée de certaines de ses formes semblent lui
prêter un sérieux appui .
Or ne pourrait -on regarder le psoriasis vaccinal comme un pso
riasis parasitaire par inoculation ? La lancette du vaccinateur ne pourrait
elle pas insérer, dans l'épiderme, avec le virus vaccin, le champignon
da psoriasis ou une espèce différente capable de donner naissance, par
pléomorphie, à l'épidermophyton lorsqu'on la sème au sein de l'épiderme
humain ? Cette greffe parasitaire ne serait pas un fait d'exception :
l'on sait, depuis longtemps, que chez les eczémateux, des pustules vacci
nales peuvent apparaître au niveau de chacune des excoriations que
détermine la rupture des vésicules et l'on connaît, par M. Aubert (3) , le
rôle important que peut jouer le traumatisme dans la détermination et
la localisation de la teigne faveuse ; elle rendait compte de l'apparition,
après une période de germination latente, des premières papules au
niveau même des points scarifiés et la généralisation ultérieure de l'af
fection papulo -squameuse s'expliquerait assez aisément par le grattage
transportant le parasite sur différents points du tégument.
( 1 ) LANG . Vierteljahrschrift fur dermatologie und syphilis, 1878 .
(2) EKLUND . Contribution à l'étude du Lepocolla repens, le champignon élémen
mentaire du psoriasis. (Annales de dermatologie et de syphiligraphie, n° 4, 1883).
(3) AUBERT. Rôle du traumatisme dans l’étiologie de la leigne favouso (Annales
de dermatologie et de syphiligraphie, nº 2, 1881).
802 ERNEST CHAMBARD .
d'un mois à l'hôpital. On lui fit prendredes pilules et des sirops dont il ne se
rappelle plus le nom aujourd'hui . Ce dont il se souvient, c'est qu'il était con
sidéré comme « vérolé » .
Sorti de l'hôpital complètement guéri, il reprit son service pendant deux
mois . Au bout de ce temps-là, il éprouve un mal de gorge, qui l'oblige
à rester à l'infirmerie. On lui prescrit des gargarismes et autres médicaments,
sur lesquels il ne peut donner aucune indication . -
Un mois après tout avait
disparu .
Depuis cette époque, ce malade n'a jamais suivi aucune espèce de traite
ment. Sa santé a toujours été parfaite. 1
1
A l'âge de 33 ans Gr .. Isidore se marie. Deux ans après, sa femme devient
enceinte et met au monde un enfant bien portant. Néanmoins ce dernier ne
donna pas ce qu'il promettait, car sa constitution s'affaiblit peu à peu, et il
mourut à l'âge de 7 ans d'une maladie qu'il nous a été impossible de détermi
ner malgré toutes les questions que nous avons posées au père. Il nous a dit
seulement que son fils avait toujours eu beaucoup de croûtes dans la léte.
Sa femme a toujours joui d'une bonne santé et est morte à l'âge de 56 ans,
pendant la menopause.
Il y a un an, notre malade, ayant un peu d'eczéma sec à la partie infé
rieure des jambes, consulta un médecin de son quartier, qui lui prescrivit
des bains et des sirops ; n'ayant obtenu aucun résultat Gr ... , Isidore se
tint quand même pour satisfait.
Examen du malade . Rien sur la face, le cou, les bras, le tronc et l'ab
domen. On constate, a la partie supérieure et externe de la cuisse gauche ,
des syphilides tuberculeuses, sèches, circinées, formant une plaque de con
figuration ovale, dont le grand diamètre mesure 8 centimètres, et le petit 1
diamètre 5. Ces syphilides ont débuté il y a six mois et ont augmenté gra
duellement.
A la partie supérieure et externe de la cuisse droite, on constate également
des syphilides tuberculeuses sèches, circinées, formant une plaque ovalaire
qui mesure 12 centimètres dans son plus grand diamètre et 8 centimètres
dans son plus petit. Autour, on voit quelques ilois de syphilides tuberculeuses
sèches . Ces syphilides ont apparu en même temps que les premières et ont
augmenté graduellement.
Dans le pli de l'aine droite, on aperçoit une petite syphilide tuberculeuse.
Eczéma sec , léger, à la partie inférieure des jambes, depuis un an envi
ron .
PARALYSIE
LABIO -GLOSSO LARYNGÉE D'ORIGINE SYPHILITIQUE
Observation recueillie, dans le service de M. le Pr FOURNIER ,
Par A. Raoult .
( 1 ) Pag. 493-495.
506 A. RAOULT.
Température : 3902 .
Le 26 au matin , la perte de la connaissance et du mouvement est toujours
absolue; mais la paralysie faciale s'accentue. En même temps le ventre se
déprime ; on n'a toujours obtenu qu'une selle , avec un lavement ; l'impres
sion de l'ongle sur la peau produit nettement la raie méningitique.
Le pouls reste régulier et normal ; de même pour la respiration.
Le 27, même état; en plus, il parait y avoir une hypéresthésie musculaire
profonde. Quand on comprime fortement la jambe droite, la gauche se sou
lève en même temps que la figure grimace; à la paralysie faciale droite
s'ajoute au moins de la parésie motrice et sensitive de la moitié droite du
corps .
Température : 3902 .
Le lendemain 28 , le ventre est absolument retracté en bateau ; la paroi
abdominale parait appliquée sur la colonne vertébrale ; pas de strabisme;
pas de vomissements, pas de contractures, ni même de raideur de la nuque.
La malade n'a pas repris connaissance. Pouls et respiration, comme à l'état
normal. Quelquefois la respiration se ralentit, mais jamais on n'observe le
type de Cheynes -Stokes.
Le 29 au matin, la température monte encore à 39°, puis tout reste en l'état
pendant deux jours.
Cependant, le 31 au malin, on nous dit que la nuit la malade s'est remuée
dans son lit, qu'elle a prononcé quelques mots en allemand, et même ré
pondu dans cette langue.
Le lendemain , elle peut s'exprimer en français. Dès maintenant elle remue
ses quatre membres. Sensibilité normale sans hypéresthésie. La paralysie
faciale reste sans modification .
Dès lors, en présence de cette amélioration, le diagnostic change, et il ne
nous parait guère possible d'expliquer ce changement inespéré autrement
que par des lésions spécifiques modifiées par l'iodure, malgré la faible dose
( 2 grammes) à laquelle on le donnait, et cela par acquit de conscience,
dans l'hypothèse d'une méningite tuberculeuse .
On prescrit : iodure de potassium : 4 grammes , frictions à l'onguent napo
litain .
A partir de ce moment, la guérison s'achève comme par enchantement ;
la connaissance revient presque entière en trois ou quatre jours ; les fonc
tions digestives se font normalement. La malade s'assied sur son lit et cause
gaiement.
La paralysie faciale droite dure toujours , elle diminue cependant déjà
nettement le 11 juin, date à laquelle la malade commence à se lever.
Aujourd'hui, 17 juin, elle a presque entièrement disparu ; le peu qui en
reste quand on fait rire la malade est la seule trace de l'état effrayant qu'elle
présentait lors de son entrée à l'hôpital.
Il nous parait bien difficile de faire ici, rétrospectivement, un diagnostic
autre que celui de syphilis cérébrale. Voyons maintenant ce que nous
apprennent les renseignements que la malade est en état de donner elle
même .
Deux ou trois jours avant d'entrer à l'hôpital, une violente céphalalgie,
exclusivement frontale et sus -orbitaire, l'avait forcée de quitter sa place de
femme de chambre . Le dimanche 23 mai , elle va pour diner chez un cousin ;
mais son mal de tèle y devient tel qu'on est forcé de la ramener chez elle ;
010 A. MOREL -LAVALLÉE.
là, elle perd bientôt connaissance, et c'est ainsi qu'on la conduisit, trois
heures après , à Lariboisière.
Aujourd'hui, cette femme assure n'avoir jamais fait aucune maladie; ja
mais d'éruption cutanée, de maux de gorge, d'alopécie, de fausses couches,
aucune cicatrice sur le corps .
Mèmes résultats négatifs pour nos recherches au sujet de l'hérédité : crane
normal, denture régulière; l'ogive palatine est seulement un peu accentuée .
Jamais de maux d'yeux pi d'oreilles.
Pas d'exostoses, pas de rachițişme. Aucune cicatrice, avons-nous dit.
Son père est encore en bonne santé ; efle a deux frères, l'un plus agė,
l'autre plus jeune qu'elle. Sa mère, également bien portante, n'a fait qu'une
fausse couche, en dernier , et consecutivement à une peur .
Notre malade n'a été détiorée que le 8 février de cette année.
A la suite, elle n'a rien vu d'anormal.
II.
Les exemples que nous avons rapportés montrent clairement que l'al
buminurie et les néphrites peuvent accompagner ou suivre un certain
nombre de dermatoses; nous avons maintenant à résumer les faits par
ticuliers dans le détail desquels nous sommes entré et à rechercher
quels sont les caractères de ces altérations de fonction ou de structure
des reins.
L'albuminurie qui accompagne les affections cutanées est extrêmement
variable d'intensité : les recherches de MM. Kemhadjian -Mihran et
Capitan nous la montrent très peu considérable, appréciable seulement
par des réactifs sensibles à l'excès, comparable à l'albuminurie décrite
dans ces dernières années chez les gens bien portants et vraisemblable
ment indépendante, comme cette dernière, de toute altération anato
mique du parenchyme rénal. D'autres fois, l'albuminurie se présente
avec des caractères tout différents : le précipité obtenu par la chaleur
et par l'acide nitrique est abondant, l'examen microscopique de l'urine
y révèle des cellules épithéliales du rein , des cylindres d'espèces di
verses, parfois des globules sanguins.
Quand l'albuminurie est peu considérable, elle est généralement aussi
transitoire, disparaît en quelques heures ou en peu de jours, et cesse
sans autre traitement que celui dirigé contre l'affection cutanée qui l'a
engendrée. D'autres fois, par contre, elle dure un long temps, nécessite
une thérapeutique spéciale et parfois ne disparaît qu'après des mois
entiers .
Les troubles fonctionnels qui sont associés à l'albuminurie sont non
moins variables : nuls lorsque l'albuminurie est pure ment transitoire, ils
peuvent manquer encore dans des cas où elle persiste longtemps ; souvent
cependant quand l'albuminurie a une certaine durée, on voit survenir les
symptômes qui caractérisent l'existence d'une néphrite. En pareil cas, des
hématuries plus ou moins abondantes se produisent au début de l'albu
minurie ou se répètent irrégulièrement dans son cours, des douleurs lom
512 G. THIBIERGE .
III.
Ecthyma . 4
Furoncles 3
Ulcères... 2
Gangrène ...
Eczéma (probablement compliqué de lymphangite) . . 1
Nous verrons plus loin le parti que cet observateur distingué a tiré
de cette remarque .
Les symptômes fonctionnels des dermatoses accompagnées d'albumi
nurie sont variables aussi. Quelques-unes sont la cause d'un prurit
(1) Depuis que cette revue a été rédigée, M. Perret a publié dans le Lyon
médical (juillet et août 1885) deux observations d'érythème scarlatiniforme des
quamatif accompagné d'albuminurie. Nous renvoyons le lecteur à l'analyse du mé
moire de M. Perret, insérée dans le présent numéro des Annales.
ANNALES DE DERMAT., g* SÉRIE. VI. 33
314 G. THIBIERGE .
IV .
quence des travaux récents sur les néphrites infectieuses, travaux dont
Kannenberg et M. Bouchard ont été les initiateurs. Elle a été exposée
par M. Augagneur dans le travail que nous avons déjà cité.
Le savant chirurgien de Lyon , étudiant l'albuminurie qui accoinpagne
l'ecthyma et la lymphangite, arrive à cette conclusion que cette albumi
nurie est le résultat d'une véritable néphrite aiguë. Cette néphrite peut
s'expliquer par l'absorption de microorganismes au niveau des plaies et
DERMATOSES ET ALBÚMINURIE . $19
DEUXIÈME PARTIE .
1.
(1 ) Note sur les affections cutanées d'origine rénale ( Tribune médicale, 1880, p. 295).
( 2) Recherches sur les maoifestations cutanées du mal de Bright ( Thèse de Doc
lorat. Paris, 1879 ).
(3) Des éruptions rénales ( Thèse de Doctorat. Paris , 1880 ).
522 G. THIBIERGE .
D'après les faits dont nous avons eu connaissance , il semble que, saat
peut-être pour le purpura, la néphrite ait été la seule cause des derma
toses produites par elle et que des causes constitutionnelles ne se soient
pas jointes à elles ; mais il n'y aurait rien de surprenant que, comme
tant d'autres causes déterminantes locales ou générales , les néphrites
agissent plus spécialement, pour y produire des lésions ou des troubles
fonctionnels, chez les sujets prédisposés par une tare constitutionnelle.
Ces quelques remarques générales étant faites, passons à l'exposé des
faits qui perinettent d'admettre la réalité des dermatoses d'origine
rénale .
Les faits d'affections cutanées consécutives aux lésions rénales ne se
rapportent pas indifféremment à toutes les classes de dermatoses; il
semblé inéme, à s'en fier uniquement aux observations publiées jusqu'ici,
que ces formes sont peu nombreuses. Lorsque ces éruptions seront iieux
connues , il est possible cependant que leurs variétés se multiplient. Nous
décrirons séparément les plus importantes d'entre elles.
Prurit . Le prurit est l'affection cutanée dont l'existence dans les
néphrites est la plus généralement admise et la plus fréquemment con
statée. Lorry (1 ) avait déjà signalé, comme un fait bien connu et d'ob
servation ancienne chez les calculeux, l'existence de pustules prurigi
neuses, et Civiale (2) parle de démangeaisons violentes chez les vieillards
atteints de lésions vésicales ; mais ces faits manquent de précision. Depuis
que l'on distingue avec soin le prurit des éruptions prurigineuses, les
auteurs qui traitent des maladies des reins ont souvent signalé dans le
cours de ces affections l'existence de démangeaisons sans traces d'érup
tions . Rosenstein (3) , Lancereaux (4), Labadie -Lagrave (8) parlent des
démangeaisons qui surviennent dans l'urémie ; Bartels (6 ) dit avoir sou
vent constaté l'existence du prurit, surtout dans l'urémie chronique el
chez les sujets qui n'avaient pas eu d'attaques convulsives et dont les
exhalaisons avaient une odeur urineuse ; il n'est d'ailleurs pas constant
dans l'urémie . Son intensité parfois excessive, dit encorc Bartels, con
stitue une véritable torture pour les malades , dont il empêche complète
ment le sommeil pendant des mois entiers et qu'il force encore à se
gratter alors qu'ils ont déjà à moitié perdu le sentiment.
Dans les traités récents de pathologie cutanée, les néphrites chroniques
(1 ) De morbis cutaneis , p. 65.
(2) Traité pratique sur les maladies des organes génito -urinaires. Paris, 1838,
t. III , p . 596 .
(3) Traité pratique des maladies des reins. Traduction française. Paris , 1874,
p. 193 .
(4) Art . Rein ( Dict . encycl . , 36 série , t . III , p . 207 ).
(5 ) Art. Rein ( Dict. de méd . et de chir . prat. ) .
(6) Les maladies des reins. Traduction française. Paris, 1884, p. 107; 143, 431 .
DERMATOSES ET ALBUMINURIE . 523
tions coincidaient avec des accidents urémiques très nets. Dans un cas,
chez un sujet atteint de pneumonie très grave, la roséole se produisit
trois jours avant la mort jusqu'à laquelle elle persista ; les reins étaient
gros , jaunâtres et granuleux. Dans l'autre cas, la roséole, très passagère,
s'était produite au début d'une néphrite a frigore accompagnée d'anurie
initiale ; l'affection rénale passa à l'état chronique .
Ces diverses observations ne reproduisent pas, il est vrai, tous les
traits du tableau donné par Huet et Bruzelius : les éruptions sont plus
passagères, leur topographie est quelque peu différente, les néphrites
aiguës leur ont donné lieu et la guérison est survenue ou tout au moins
le passage de la néphrite à l'état chronique ; mais, d'un autre côté, les
conditions dans lesquelles elles sont survenues sont toujours les mêmes
elles ont accompagné constamment des phénomènes urémiques nette
ment caractérisés. Aussi croyons-nous qu'il faut ranger tous ces faits
sous un même titre, celui de roséole urémique. Les variations dans l'in
tensité, dans l'étendue et la topographie de cette roséole ne nous semblent
pas imposer une distinction entre les diverses observations que nous
avons rappelées. Peut-être ces variations sont- elles dues à l'intensité et
à la durée de l'intoxication urémique : dans les observations de Huet,
qui se rapportent à des néphrites chroniques avec atrophie rénale, la
roséole était bien plus accentuée que dans les observations de MM. Du
val et Merklen dont les malades étaient atteints de néphrite aiguë. Tou
tefois, le nombre des faits actuellement connus est trop restreint pour
permettre d'affirmer de pareilles conclusions et il faut en appeler à
l'observation ultérieure pour résoudre cette question, ainsi que pour dé
terminer exactement la fréquence de cette éruption, les formes de né
phrites qui lui donnent lieu et sa valeur pronostique réelle.
Purpura. Le purpura qui se montre dans le cours ou à la période
terminale des affections rénales n'est qu'une localisation particulière
des hémorrhagies si souvent produites par celles-ci . La question des
hémorrhagies dans le mal de Bright a du reste été trop souvent étudiée
pour qu'il soit nécessaire d'insister longuement sur elle.
Le purpura survenant dans le cours des néphrites occupe principale
ment les membres inférieurs, même lorsque l'ædème fait entièrement
défaut; il ne se montre généralement que sous la forme de pétéchies
nombreuses, mais de très minimes dimensions, et rarement il se pro
duit de larges ecchymoses. Presque toujours, il survient en même
temps que d'autres hémorrhagies, en particulier les épistaxis , et souvent
aussi il s'accompagne de manifestations urémiques , qu'il précède aussi
parfois.
Nous l'avons vu noter dans les diverses variétés de néphrites : Good
DERMATOSES BT ALBUMINURIR . 529
II .
que les éléments pustuleux sont produits par le passage à travers la pean
de bactéries pathogènes. L'éruption, dans ces cas , n'est donc pas à
proprement parler une éruption d'origine rénale ; elle devait cependant
être signalée ici, car la lésion rénale, en entravant le passage des bacté
ries à travers le rein, nécessite leur élimination par une autre voie
sous la forme de décharges bactériennes qui sont la cause de l'é
ruption .
Enfin , lorsque les éruptions pustuleuses se développent dans le cours de
néphrites chroniques, il nous semble qu'elles sont dues moins à la né
phrite elle-même qu'au prurit qu'elle détermine . Avec les idées actuelles
qui placent constamment la suppuration sous la dépendance des micro
organismes, on comprend difficilement qu'une néphrite chronique non
infectieuse soit suivie d'éruptions pustuleuses; d'un autre côté , les
éruptions de furoncles et d'ecthyma ont été , dans les observations que
nous avons pu consulter, précédées par le prurit et il nous semble ra
tionnel d'admettre que celui-ci , par les excorations dues au grattage dont
il est suivi , a permis l'introduction sous l'épiderme de bactéries déposées
à la surface de la peau ou sous les ongles du malade : ces bactéries, une
fois parvenues en ce point, déterminent le développement des pustules.
Que ces éruptions soient sous la dépendance de l'insuffisance de la
dépuration sanguine, qu'elles reconnaissent pour cause la présence dans
le sang d'urée, de carbonate d'ammoniaque, de inatières extractives ou
de tout autre agent toxique non éliminé par le rein, ou qu'elles soient
dues à une cause non encore soupçonnée, il n'en reste pas moins vrai
que la clinique démontre leur développement sous l'influence des lésions
rénales, et laisse ainsi entrevoir la possibilité de la guérison dans certains
cas au moins où la néphrite se présente sous une forme curable : dans
un certain nombre de faits, la guérison de la dermatose sous l'influence
seule de la médication dirigée contre la lésion rénale, en même temps
qu'elle fournit un argument à l'étiologie de ces dermatoses, montre la
voie à suivre dans la pratique en face de faits semblables .
Après avoir montré que les dermatoses et les affections rénales peu
vent être causées les unes par les autres, il nous resterait encore à re
chercher l'influence réciproque de ces deux sortes d'affections évoluant
simultanément chez un même sujet ; ce problème doit être posé , mais
ne peut être résolu actuellement à défaut d'observations suffisantes .
Nous ne voulons cependant pas passer sous silence une observation qui
nous a été communiquée par notre cher maître et ami, M. Merklen ; un
homme d'une soixantaine d'années, atteint de néphrite chronique et
d'eczéma généralisé, fut pris de dyspnée urémique à la suite de la gué
536 G. THIBIERGE .
1.– NUOVO CONTRIBUTO ALLO STUDIO DELLE ERUZIONE IODICHE, del Prof. Celso
PELLIZARI, directore della clinica dermosifilopatica della R. Università
di Siena ( Lo Sperimentale, t. LIV, fasc. IX, Sett. 1884, p. 233-260 ).
Dans ce travail plein d'intérêt, notre savant confrère et ami continue
la série d'études remarquées qu'il a commencée en 1880 (1 ) , dans le
double but de mettre en lumière quelques formes éruptives nouvelles
dues à l'iodure de potassium et de chercher l'explication de la vertu
pathogénique de ce médicament.
Sur le premier point, grâce à ses travaux et à ceux de quelques autres
contemporains, la lumière faite est à peu près suffisante .
On sait, et nous nous sommes personnellement attaché à montrer, que
les éruptions ioduriques doivent être divisées en deux catégories. La
première comprend à peu près exclusivement une épidermatite superfi
cielle, papuleuse ou papulopustuleuse, généralement discrète, se produi
sant sur tous les points du tégument, la paume des mains et la plante
des pieds exceptées, subaiguë, résolutive, acneiforme, dite « acné iodique » .
C'est l'éruption iodurique commune, vulgaire, simple, typique.
Dans la deuxième catégorie se rangent des lésions variées , – érythè
mes simples, ortiés, nodulaires sinon noueux au sens typique du mot ,
marginés , circinés, bulleux, hémorrhagiques, épidermatites ou der
matites acneiformes, furonculeuses, anthracoides, nodulaires résolutives
ou même nécrobiotiques (pseudogommes).
Très variées dans leur forme malgré l'uniformité de la condition cau
sale, elles sont au contraire toujours les mêmes chez les mêmes sujets
qui peuvent, pour ainsi dire, les exécuter sur commande ; elles sont donc
individuelles, personnelles. Les sujets qui les présentent diffèrent de la
généralité des autres sujets, ils ont une intolérance propre, une manière
d'être particulière, une « idiosyncrasie » .
En réalité cela suffit à savoir au praticien et l'on pourrait se borner à
ces constatations; mais, au point de vue scientifique, le pourquoi de ces
choses ne peut être négligé ; et l'on ne saurait se soustraire à l'obligation
de rechercher de quelle manière l'iodure de potassium , introduit dans
l'économie, arrive à produire les irritations cutanées communes ou ex
traordinaires que l'on sait.
(1) Lo Sperimentale, Febb, 1880. Sopra alcune eruzioni cutanee dovuie all'azione
patogenica dell'ioduro di potassio.
538 REVUE DE DERMATOLOGIE .
vité, avec des phénomènes éruptifs graves. Cela s'est présenté aussi bien
pour le malade qui faisait le sujet de la première observation de mon mé
moire, en 1880, que pour celui dont je viens de raconter l'histoire.
Un nouveau fail est venu m'éclairer sur cette question : je le rapporte in
extenso parce qu'il sert encore de preuve à l'appui de ma seconde affirma
tion .
OBSERVATION II. G. F... , de 55 ans , marié, avec enfants, demeurant å
Florence, est un homme très peureux et soigneux de sa propre santé , laquelle
en réalité est restée toujours assez bonne . Seulement son cœur est flasque,
la circulation en retour ne se fait pas très bien ; il a des hémorrhoides. Il
présente quelques signes d'hypertrophie de la prostate ; de plus il a de l'acné
de la face, avec les caractères de l'acné pustuleuse indurée, et de l'acné rosa
cée tout à la fois .
Il était venu me consulter à différentes reprises au mois d'octobre 1883 ,
parce qu'il craignait d'avoir une urethrite bleonorragique, tandis qu'il
ne présentait qu'une de ces sécrétions catarrhales si fréquentes chez des per
sonnes âgées, et ayant une légère hypertrophie de la prostate. Ce catarrhe
est probablement dû à l'usage immodéréet intempestif d'injections urethrales
qu'aucun médecin ne lui avait ordonnées, mais que le malade avait faites de
son propre mouvement. Je le traitai pour ainsi dire avec rien ; mais F...
ne voulait pas se laisser persuader qu'il n'était pas malade, et il commença à
chercher à me convaincre qu'il avait la syphilis, par suite de la confusion
que les malades établissent entre les maladies vénériennes et syphilitiques.
Son grand argument était que depuis 3 ou 4 ans il souffrait de cette sécré
tion urethrale, et qu'à la même époque avait commencé à apparaitre sur le
front et dans le voisinage du nez l'éruption d'acné .
Le malade, sur mes affirmations répétées, feignit d'être convaincu, et ne
vint plus me voir . Cependant, comme j'eus l'occasion de l'apprendre plus
tard de sa femme, il se traita à sa façon et trouva à la fin quelqu'un qui lui
prescrivit le protoiodure de mercure et l'iodure de potassium en même temps.
Je n'avais rien su de tout cela quand il vint me trouver le 4 avril 1884 , dans
un état à faire pitié . D'abord il se tenait à peine sur ses jambes et ne parlait
qu'avec effort : il me dit seulement que depuis quelques jours il souffrait
horriblement d'un mal de gorge , de courbature, d'une sensation d'épuisement,
comme si la vie lui manquait à moitié , et de douleurs très vives dans les
muscles des membres inférieurs; il me demanda d'un air de triomphe si j'étais
persuadé maintenant qu'il avait la syphilis , et me montra les dernières ordon
nances qui lui avaient été faites.
En l'examinant avec soin , je m'aperçus aussilôt qu'il avait la fièvre : la
gorge était rouge; sur la face on voyait de larges pustules ecthymateuses, et
sur le front, l'acné avait pris les proportions des gros tubercules de l'acné
antracoïde. Outre les pustules larges et coniques, le malade présentait das
nodules de volume variable , et presque ramollis et ulcérés ; il y en avait de
gros comme une noisette sur les parties latérales et supérieures du thorax ,
un plus gros au voisinage de l'épitrochlée gauche, un très large, mais un peu
plus aplati, sur le côté droit du cou , et un autre du volume d'une nois ,
le plus profond de tous, au milieu de la face antérieure de la cuisse gauche.
Une dernière éruption existait sur la partie supérieure et externe des cuisses,
s'étendait sur les flancs, sur les bras, et était constituée par de petits reliefs
de la largeur d'un centime, et même davantage, de couleur rosée, précisé
ment comme l'érythème papuleux et ortié . Il y avait du gonflement des gan
REVUE DE DBRMATOLOGIE . 541
que chez notre malade , tous les accidents plus graves et récents avaient dis
paru comme par enchantement, et le 25 avril le malade vint me trouver dans
mon cabinet, complètement rétabli, et cette fois, je l'espère, persuadé qu'il
n'avait pas la syphilis.
OBSERVATION III . Au mois de mai 1884 , un nommé B. A. , de Sexto
Fiorentino, jeune homme de 28 ans, vint me consulter pour une éruption
eczémateuse très légèrc de la face interne des cuisses , qu'il rattachait à une
syphilis prise en 1879. Je ne trouvai aucune raison pour admettre cette
origine : cependant, plutôt pour contenter le malade que par conviction,
j'ordonnai , en quelque sorte pour faire la preuve , un gramme par jour d'iodure
de sodium en deux fois. Après dix jours, le malade revint avec l'eczéma au
même point et avec le corps couvert d'une très belle acné iodique, qui cessa
immédiatement après la suppression du traitement.
On me dira que l'acné est une des éruptions vulgaires de l'iode, et que
selon l'interprétation que j'ai donnée moi-même autrefois du mécanisme par
lequelle elle se produisait,c'est - à -dire par l'élimination du médicament à tra
vers les glandes sebacées, le fait n'aurait rien d'étrange, tandis qu'il resterait
toujours à prouver que l'iodure do sodium puisse donner les autres éruptions
plus graves.
A cette objection très juste il est difficile de répondre : cependant je dirai
tout de suite que j'ai modifié en partie mes idées sur le mécanisme de pro
duction de l'acné et sur sa valeur en présence des autres éruptions dont elle
ne se distingue peut- être que par une différence de degré, nous verrons
ensuite pourquoi. En second lieu, s'il ne s'agit que d'une question de degré,
je ne ' m'étonnerais pas que , comme l'acné, l'éruption pût présenter des
formes plus graves .
Cependant je me plais à établir que chez beaucoup d'individus dont l'es
tomac a présenté une intolérance absolue pour l'iodure de potassium, j'ai dû
renoncer aussi à l'iodure de sodium .
Et en voici sur-le-champ un exemple :
OBSERVATION IV . – Au mois d'août 1880 , j'eus l'occasion de traiter pour
une syphilis récente M. D ... E ... , de Livourne, homme fort et robuste de
34 ans. Il supporta très bien les mercuriaux, mais il n'y eut pas moyen de
lui faire prendre même un gramme d'iodure de potassium . Aussitôt après
l'ingestion du médicament, le malade était pris d'accélération du pouls, de
faiblesse, de vertige, d'une sensation de suffocation , en un mot de phéno
mènes assez graves pour donner de l'inquiétude s'il n'était survenu à la fin
des vomissements .
Quelques tentatives que j'eusse faites, il ne fut pas possible de lui faire
tolérer, sous aucune forme, l'iodure. Ayant vu que les mercuriaux avaient
eu une action très efficace, et qu'il n'y avait pas de douleurs osseuses ni
d'engorgements ganglionnaires, je ne persistai pas dans l'idée de soumettre
le malade au traitement irrique.
Seulement, en janvier 1882, voyant que quelques papules de la paume de
la main ne pouvaient disparaître, je voulus tenter le traitement mixte et
j'essayai de donner simultanément une pilule de 1 centigramme de biiodure
de mercure et 1 gramme d'iodure de sodium en solution, mais les mêmes
phénomènes que j'avais observés deux ans auparavant se reproduisirent et je
dus suspendre l'administration du médicament.
OBSERVATION V. - Félix M... , de 43 ans, d'Incisa, entre à la clinique
syphilopathique de Florence le 7 avril 1880 pour se soigner d'une syphilis
REVUE DE DERMATOLOGIE . 543
Dausées.
OBSERVATION VI . César M ... , de 32 ans, balayeur à Florence, est traité
à la consultation de la clinique syphilopathique depuis le 13 octobre 1883. II
présente à la fois l'aspect d'un scrofuleux et d'un buveur, ayant ce regard et
cette blepharite glandulo - ciliaire qui sont à peu près caractéristiques de cette
alliance d'un état physiologique mauvais avec une habitude pire .
Il eut tout d'abord un accident primitif qui fut le point de départ de phé
nomènes généraux et de douleurs graves : il prit alors de l'iodure de potas
sium å la dose d'un demi- gramme par jour sans en ressentir aucun incon
vénient : depuis il n'a fait usage que de préparations mercurielles .
Revenant se faire voir le 14 juillet 1884, et n'ayant que quelques papules
à la bouche, on lui prescrivit de l'iodure de potassium à la dose d'un gramme
à prendre le soir avant de se coucher.
Quelques heures après avoir ingéré les premières doses de médicament,
il éprouva une sensation de sécheresse à la gorge, avec de légers symptômes
d'ivresse et de vertige :: il se mit au lit, et le matin il présentait une éruption
ortiée spécialement sur le bras droit, à sa face antéro -externe, avec quelques
taches sur le cou et les cuisses. Les phénomènes allerent diminuant spon
tanément, mais la seconde dose d'iodure les fit reparaitre plus accentués :
l'éruption avait son siège principal sur le bras gauche . Le malade suspendit
de lui -même l'usage du médicament ; et quand il vint se faire revoir deux
jours après avoir cessé le traitement, les éléments de l'érythème ortié n'étaient
pas encore en résolution complète.
Ce cas encore nous amène à penser que l'éruption doit avoir succédé à
une excitation de l'appareil circulatoire, qui, chez cet individu , buveur et
certainement fumeur, a donné comme premiers phénomènes généraux la
sécheresse de la gorge , le vertige avec de légers symptômes d'ivresse.Comme
d'habitude les troubles de l'estomac ont fait défaut. Chez ce malade, con
544 RBVUB DE DERMATOLOGIE .
carcinome se développer sur des cicatrices irritées par des ulcères chro
niques des jambes (Esmarch , Volkmann ). Le développement du carci
nome, principalement sur des cicatrices lupeuses, a toujours excité
un intérêt particulier ; cela tient d'une part à la fréquence relative
avec laquelle il se produisait sur des cicatrices de lupus, de l'autre
à ce que l'apparition d'un cancer épithélial précisément sur une cica
trice lupeuse rappelait immédiatement des rapports entre deux variétés
de tumeurs malignes dont la nature cellulaire, susceptible d'interpré
tation différente, attirait tout naturellement l'attention des histolo
gistes .
On a déjà rapporté de nombreux cas dans lesquels un carcinome épi
thélial s'est développé sur du tissu lupeux cicatriciel. En voici un
nouvel exemple que l'auteur a recueilli à la clinique dermato-syphili
graphique de Bonn .
REVUB DE DERMATOLOGIE , 549
trémité terminale, envoient des ramifications qui, par leur réunion avec
les ramifications voisines, constituent des couches assez étendues de
cellules épithéliales. Il s'agit, dans ces cas, d'un mélange de lupus et
de carcinome.
Ces formes lupeuses offrent aussi macroscopiquement l'aspect de pro
liférations papillaires, aussi les a - t - on souvent décrites sous le nom de
lupus papillaire. Si ces proliférations de l'épithélium s'accompagnent de
processus de kératinisation, on a les globes bien connus de cellules épi
théliales à couches concentriques, c'est-à-dire une tumeur que l'on
peut, avec raison , considérer comme analogue à un épithéliome. Si on
trouve des épithéliums mous, protoplasmatiques, susceptibles de pro
lifération , réunis en foyers dans les gaines épithéliales, on ne saurait,
au point de vue anatomo - pathologique, contester à cette lésion le
caractère d'un véritable carcinome, et il faut regarder les tumeurs de
cette nature développées sur un fond lupeux comme un mélange de
lupus et de carcinome.
Le D' Schütz a observé deux cas de ce genre à la clinique de Bonn .
Le premier concerne un jeune homme de 22 ans. Vers l'âge de 8 ans,
engorgement des ganglions cervicaux du côté droit, qui s'abcédèrent.
L'abcès fut ouvert, la tumefaction disparut et la plaie guérit. Plus tard ,
nouvel engorgement de ces ganglions ; en même temps il se forma sur
les mêmes points des nodosités cutanées qui s'ulcérèrent et se transformé
rent en néoplasmes qu'on observe aujourd'hui. Il y a quatre ans, apparition
de nodosités sur la main droite . Peu à peu les proliferations suppurèrent
et de nouvelles nodosités envahirent, sous forme d'ilots, toute la surface
externe de l'avant-bras droit et la partie inférieure de la surface externe du
bras du même côté . Il y a trois ans, il est survenu à l'angle interne de i'ail
gauche une tumeur rouge, de la grosseur d'un pois, qui amena du larmoie
ment .
Au moment de son admission , la surface dorsale, le côté externe de tout
l'avant- bras droit, le bras droit au niveau du coude, étaient le siège de tu
meurs rouge foncé , de plusieurs millimètres de hauteur, disséminées en
ilots, ayant l'étendue de la moitié de la main , molles, les unes sèches, les
autres exulcérées, recouvertes de pus sanieux. Néoplasmes analogues à coté
d'anciennes brides cicatricielles, des deux côtés de la machoire, sous le menton
el sur la région cervicale droite .
Au microscope, les tumeurs de la main et du bras présentaient une infil
tration du chorion très compacte de petites cellules avec nombreuses cellules
géantes. L'examen des coupes colorées d'après la méthode de Koch révélait
la présence de bacilles tuberculeux. L'épithélium présentait de nombreuses
variations. En quelques points , les infiltrals de petites cellules s'avançaient à
travers le réseau de Malpighi jusqu'au voisinage inmediat de la couche
cornée , et par suite l'épiderme avait perdu une partie notable de son épais
seur ; dans d'autres points les prolongements du réseau proliféraient consi
dérablement dans la profondeur, s'étendaient, se réunissaient et ſormaient
des couches considérables de cellules épithéliales. Dans ces couches, il y avait,
disséminées à différentes profondeurs, ou réunies en nids volumineux, de
552 REVUE DE DERMATOLOGIE .
forme de fuseaux . A leur début, les nodules sont d'un rouge sombre,
mais après un certain temps ils prennent une teinte violacée et un
aspect brillant tout à fait spécial . Quelques uns sont franchement noi
râtres, deux d'entre eux en particulier, l'un situé sous l'eil droit et
l'autre sur le tibia. Quatre mois après , le 28 avril 1884, le Dr Hardaway
revit le malade : sa santé générale était moins bonne; il se sentait
affaibli ; les membres inférieurs étaient très ædématiés . Plusieurs petites
tumeurs nouvelles s'étaient montrées sur les jambes, et l'état des mains,
de la gauche en particulier, s'était encore aggravé. Les plaques circu
laires qui existaient à leur face palmaire avaient une coloration moins
sombre et présentaient une dépression centrale . L'examen microscopique
d'une des tumeurs montra qu'il s'agissail bien dans ce cas d'un fibro
sarcome. Quand l'auteur vit le malade pour la dernière fois, on le traitait
par des injections sous -cutanées d'arsenic : il ne sait s'il en a retiré de
bons effets . L. B.
Bien qu'il y ait dans l'observation suivante des lacunes regrettables,
en particulier que l'examen histologique n'ait pas été fait, nous croyons
cependant devoir l'analyser, car la question des tumeurs de la peau est
à l'ordre du jour, et la discussion intéressante qui a suivi la communi
cation de l'auteur nous prouve que les travaux français sur le mycosis
fongoïde ne sont pas aussi inconnus à l'étranger que nous l'aurions
cru .
La malade du Dr Shattuck était une couturière de 31 ans, qui fut reçue
le 26 juillet 1883 à l'hôpital général du Massachussetts. Sa maladie
actuelle avait débuté en décembre 1882 , par une tumefaction doulou
reuse vers l'angle de la mâchoire inférieure. Deux mois plus tard , elle
vit se former des nodules dans les téguments sur son épaule droite , puis
sur son bras droit , sur son bras gauche, enfin sur la paroi abdominale.
L'état général était encore assez bon lors de son entrée à l'hôpital,
cependant elle avait la respiration courte dès qu'elle faisait quelque effort,
et elle sentait qu'elle avait perdu des forces, bien qu'elle n'eût pas
maigri . Elle était pâle et avait un peu d'adème des paupières et de la
face , surtout à droite . Il y avait environ une centaine de nodules dissé
minés sur les téguments des extrémités supérieures et du tronc jusqu'à
l'oinbilic. Sur la face interne des bras, les nodules étaient discrets , non
surélevés sur le reste des téguments, un peu sensibles : la pression ; on
pouvait arriver à plisser un peu la peau au-dessus, et il n'y avait point
à leur niveau de modification de la coloration des tégumenits. Sur les
épaules, sur la face externe des bras, sur la poitrine, la partie supérieure
de l'abdomen et le dos, au contraire, les nodules étaient si nombreux
qu'ils étaient confluents et constituaient de grosses masses ou placards
três durs et fort peu sensibles ; on ne pouvait plisser la peau qui les
REVUE DË DERMATOLOGIE . 555
ans sur la partie malade vint encore aggraver les phénomènes morbides .
Il est probable que l'articulation elle-même n'a pas été intéressée depuis
le premier accident, car ses mouvements ont toujours été libres et indo
lents ; le gonflement de la partie latérale n'a fait au contraire que s'ac
croître de plus en plus, et il s'est formé en divers points des pertuis par
lesquels s'écoule un liquide purulent. Lorsque l'auteur vit le malade
pour la première fois, les tissus qui recouvraient la malléole interne du
pied gauche étaient brillants, d'un rouge sombre, fort tuméfiés. Cette
tuméfaction s'étendait dans toute la région malléolaire sur une étendue
de plusieurs pouces de diamètre ; à sa partie supérieure se trouvaient
plusieurs pertuis, et à son centre une ulcération de la grandeur d'une
pièce de dix centimes. Cette tumefaction , dont les limites n'étaient pas très
bien définies, donnait au toucher une sensation de fluctuation ou plutôt
la sensation d'une masse de substance demi- fluide. Par la pression, on
ne faisait pas sourdre de pus. Toutes ces lésions étaient indolentes, sauf
quand on y exerçait une pression trop vigoureuse . En sondant les trajets
fistuleux , il était impossible d'arriver sur un os nécrosé ou carié . Tout
autour de la partie tuméfiée se voyaient plusieurs nodules tuberculeux
rougeâtres ayant les dimensions d'un gros pois. L'auteur, ne sachant
trop quel diagnostic porter, endormit le malade et fit dans la tumeur
une incision exploratrice. Il trouva une peau très infiltrée et très épaisse,
au-dessous de laquelle existait un tissu semblable à du tissu de granula
tion et renfermé dans des aréoles. Au -dessous de la tumeur se trouvaient
les ligaments et les gaines tendineuses périarticulaires tout à fait
indemnes. L'examen microscopique montra qu'il s'agissait d'un sarcome
à cellules rondes. Les ganglions de l'aine étaient très tuméfiés, mais
l'auteur considéra ces adenopathies comme étant purement et simple
ment inflammatoires. En effet, après l'amputation de la jambe, qu'il
s'empressa de pratiquer, elles diminuèrent beaucoup de volume et dispa
rurent même presque complètement. L'auteur insiste beaucoup sur la
gravité de cetle tumeur, sur sa localisation insolite, sur la longue durée
de son évolution . D'après lui , ce serait surtout le sarcome fasciculé que
l'on observerait dans la peau et non le sarcome à cellules arrondies .
L. BROCO.
REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
Il s'agit dans le premier cas d'un médecin qui vint consulter l'auteur
en 1884, pour une petite lésion papuleuse acuminée , située sur la partie
médiane et dorsale de la peau de la verge. L'épiderme paraissait intact.
La couleur était un peu livide ; il n'y avait aucune induration appré
ciable, rien qui permit de conclure à la nature spécifique de l'accident :
point de douleur, point d'engorgement des ganglions inguinaux. La
lésion n'existait pas encore depuis 24 heures, lorsque le Di Keres la
vit ; le malade en faisait remonter l'origine à un rapport suspect qu'il
aurait eu deux semaines auparavant. Malgré l'impossibilité absolue où
l'on était de porter un diagnostic, le malade voulut en être débarrassé,
et il se fit pratiquer l'excision , que l'on put exécuter sans douleur, grâce
à la cocaïne. Pour cela , on commença par faire un lavage de la partie
suspecte avec une forte solution de bichlorure de mercure , on la sécha
on injecta sous la peau cinq gouttes d'une solution à 4 0/0 de cocaïne,
puis on saisit la petite papule et on l'enleva d'un coup de ciseaux courbes
en ayant soin d'empiéter largement tout autour sur les tissus sains. On
lia les veines au catgut ; on fit trois points de suture également au
catgut , et toute l'opération eut lieu sans que le malade eut éprouvé la
moindre douleur. Le soixante -deuxième jour après l'opération, il vit
survenir une légère roséole après trois ou quatre jours de fièvre prémo
nitoire. Quatorze jours plus tard il vint revoir le D' Keyes : il portait
alors des ganglions indurés dans les deux aines, souffrait de vives dou
jeurs à maximum vespéral , perdait des cheveux et avait des croûtes dans
REVUE DE SYPHILIGRAPHIE . 563
Le Gérant : G. Massos.
Paris . Société d'imprimerie PAUL DUPONT, 41, rue J. - J. -Rousseau (C1. 57.9.8 .
N° 10. 23 Octobre 1885 .
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES .
MESSIEURS,
allez voir, messieurs, que cette étude est bien à sa place et que j'ai dù
la faire au moment précis où , après la néphrite, après les accidents
rhumatiformes, j'ai reconnu l'existence de l'abcès profond du mollet et
par suite acquis la notion d'une infection à tendances pyogéniques. Que
s'était -il passé ? Le plus simple examen permettait d'exclure toute
manifestation syphilitique directe et aussi le rhumatisme vrai. Quel rhu
matisme vrai se caractérise par quelques douleurs vagues des join
tures, une arthrite d'un doigt menaçant de suppurer, une néphrite in
tense à urines sanglantes et s'accompagnant d'un abcès intermusculaire ?
Je ne pouvais admettre qu'une de ces septico -pyohémies subaiguës, à
manifestations fluxionnaires rhumatiformes, que l'on observe si souvent
dans l'état puerpéral. Je dus conclure que l'infection , causée évidem
ment par un parasite septogène et pyogène à la fois, et partie d'un point
à déterminer, avait produit une série de colonies : l'une aboutissant à
l'abcès du mollet, l'autre à l'arthrite phalango-phalangienne, deux
autres aux bulles pemphigoïdes rapidement devenues purulentes, une
dernière enfin à la nodosité rhumatismale éphémère ; le tout accom
pagné de fluxions congestives diverses et d'une détermination rénale
importante, infectieuse comme les autres , et jouant , je crois pouvoir
l'attirmer, un rôle prépondérant dans l'état ataxo -adynamique observé .
Et j'admis immédiatement aussi que la porte d'entrée de cette infec
tion résidait dans les ulcérations anorectales multiples, chroniques,
transformant le bout inférieur de l'intestin annulé comme voie d'excré
tion en une véritable sentine où les fèces, le pus des ulcérations, mé
langeaient leur action pour créer une vaste surface apte à recevoir n'im
porte quels germes pyogènes et septogènes, à les résorber lentement et
d'une manière continue, à la façon exacte de la muqueuse utérine en
vahie par l'endométrite putride postpuerpérale. De là une septico -pyohé
mie lente, à forme pseudo -rhumatismale, subaiguë, peut-être curable
malgré la gravité apparente et même réelle des accidents, si l'on parve
nait à désinfecter la surface absorbante constituant la porte d'entrée du
mal.
C'est ainsi qu'on agit dans la septicémie puerpérale et que je résolus
d'agir, exactement d'ailleurs par le même moyen . Laissant alors de côté
toute la médication purement symptomatique employée jusque là, je fis
faire régulièrement, matin et soir, une injection de liqueur de Van - Si
vreten pure, puis au bout de quelques jours dédoublée , dans le rectum
rétréci et ulcéré, de manière à le laver largement et à désinfecter autant
que possible la surface absorbante .
L'effet fut immédiat, saisissant à la façon d'une opération chirurgi
cale. Malgré l'ouverture de l'abcès du mollet, faite la veille , la tempé
rature était , le 27 mai au matin , à 40°,5 ; le soir elle est à 39°, 2 , le len_
572 J. RENAUT .
demain matin à 38°, le soir du même jour à 370,4 ; et une fois seulement
depuis elle s'est relevée à 390,5 , le 2 juin au soir, pour se maintenir
depuis ( et nous sommes au 30 juillet) constamment entre 370,5 et 38°.
On continue toujours les lavages biquotidiens, la plaie du mollet est
guérie, l'arthrite de l'index se termine par ankylose ; l'albuminurie est
réduite à un nuage léger dans l'urine redevenue d'apparence normale.
Le traitement par le sublimé a coupé court en deux jours et demi, à
une infection qui , laissée à elle-même, menaçait de se terminer rapide
>
ni assez nombreux, ni assez complets pour qu'il soit sans intérêt d'en
grossir le nombre. Je rappellerai donc ceux que la pratique m'a offerts .
Obs . I. - Fracture de la base du crânc. - Lesions de plusieurs nerfs moteurs.
Zona de la face. Guérison .
Ch..., Alphonse, dix -neuf ans, taille moyenne, constitution faible , entre å
Lariboisière, le 13 octobre 1871 à huit heures du matin. Une heure avant, il
a eu la tête violemment serrée entre deux caisses remplies de verre dont
l'une a frappé la tempe gauche. Perte de connaissance, sommeil profond dont
Ch ... ne sort que de temps en temps pour crier et se débattre avec énergie.
Respiration lente, suspirieuse, pouls large et très lent . Température axillaire,
36° , 4 .
L'intelligence parait conservée jusqu'à un certain point, car lorsqu'on tour
mente le blessé de questions, il finit par donner des signes d'impatience et
faire quelques réponses à la vérité inintelligibles.
Malgré la certitude d'un choc sur la tête, on ne découvre sur la face ni
sur le crâne aucune lésion apparente : ni plaie, ni bosse sanguine . Nul symp
tôme du coté des nerfs crâniens, ni anesthésie, ni paralysie , ni déviation
des traits. La mâchoire inférieure se meut régulièrement, les paupières sont
closes, les rides du visage ne sont point effacées ; pas de strabisme, pupilles
légèrement rétrécies.
Ecoulement sanguin peu abondant, mais continu , par le nez, la bouche et
les deux oreilles ,
Quand on demande avec insistance au blessé où il souffre le plus, il finit
par porter sa main derrière l'oreille gauche, el parfois aussi, derrière l’oreille
droite . La pression forle exercée dans ces deux points provoque de la dou
leur, surtout à gauche.
En examinant le conduit auditif de ce colé , on remarque que la colonne
sanguine qui remplit cette cavité monte et descend régulièrement et que
ces mouvements sout synchrones à ceux de la respiration. On ne peut répé
ter la même exploration à droite parce que Ch ... se lieut obstinément couché
sur ce côté , se débat et pousse des cris perçants quand on veut le déranger.
L'examen des autres régions du corps ne révèle aucune lésion visible. Les
membres ne sont ni contracturés ni paralysés. La sensibilité est partout con
servée. Cependant émission involontaire de l'urine et des matières fecales
liquides. De icmps en temps, régurgitation de sang noir provenant, sans
doute, du pharynx et de la cavité nasale .
Diagnostic : Fracture transversale de la base du crâne , intéressant le ro
cher gauche, probablement aussi le rocher droil, et traversanı la ligne mé
diane, au niveau du sinus sphénoïdal, avec contusion cérébrale et épanche
ment sanguin à la base du cerveau . On prescrit l'opium à pelites doses sou
yent répétées.
Le soir, vive agitation , peau chaude, soif ardente, pouls petit, rapide, à
120. Température rectale , 39 degrés. Face très påle ; l'écoulement sanguin
continue par le nez et les deux oreilles. On continue l'opium et on applique
des sinapismes aux membres inférieurs.
Le lendemain matin, 14 octobre, la nuit a été assez calme, le malade pro
nonce quelques paroles indistinctes ; l'écoulement sanguin a cessé complète
ment pour ne plus se reproduire. La face est loujours très pále . De nouveaux
signes révèlent d'une manière évidente des lésions nerveuses multiples :
DES ÉRUPTIONS CUTANÉES CHIRURGICALES. 579
1 ° Paralysie du nerf facial gauche très marquée au visage, mais avec con
servation complète des mouvements de l'orbiculaire palpebral gauche ;
2. A droite, strabisme convergent et chute de la paupière supérieure, ce
qui traduit une paralysie du moteur oculaire externe et une pıralysie incom -
plète du moteur oculaire commun. Le nerf facial de ce côté a conservé loute
son action . Derrière l'oreille gauche, vive douleur au toucher et apparition
d'une ecchymose dans la région mastoïdienne.
État général mauvais, céphalalgie intense ; le malade gémit continuelle
ment en portant ses mains à sa tête . Soif vive, refus absolu d'aliments .
Langue courerte d'un enduit épais; pouls vibrant, dépressible et modéré
ment fréquent ; elat comateux persistant , température basse , 370, 4 .
On prescrit le calomel et un large vésicaloire à la cuisse gauche. Le ca
Jomel n'a provoqué que des vomissements bilieux ; le soir , sangsues derrière
l'oreille gauche.
Le 15, nuit agitée . Cris violents de temps à autre, mais l'intelligence semble
plus nelle . La région mastoïdienne droite devient à son tour douloureuse au
toucher, sans qu'on y remarque ni gonflement ni ecchymose. La paralysie du
facial gauche et des moteurs oculaires droits persiste.
Un nouveau phénomène apparait ; toute la peau de la moitié gauche de la
face est considérablement hyperesthésiée. Le contact le plus léger provoque
des cris et de l'agitation . Cependant, il n'y a pas de changement de couleur
appréciable. On prescrit une application de sangsues derrière l'oreille droile ,
et un lavement fortement purgatif, car depuis les évacuations du premier jour
il n'y a pas eu de selles. L'opium sera repris la nuit.
Le 16 , amélioration marquée, abatlement moindre ; on obtient quelques
réponses claires. La paralysie du releveur de la paupière droite n'est plus
aussi complėle . Pouls meilleur, soifmoins vive. Il y a eu plusieurs selles.
En divers points du tégument de la partie gauche du visage qui, la veille ,
avait présenté une exaltation de la sensibilité, on voit apparaitre une érup
tion très évidente d'herpès. Les groupes composés de huit à dix vésicules,
bien isolés les uns des autres , se montrent sur l'aile du nez , le lobule de la
lèvre supérieure, la commissure labiale gauche, la région génale, la lèvre
inférieure. L'éruption est nellement limitée au colé gauche et sur les lèvres,
s'arrête exactement à la ligne médiane. Les points qui supportent les vési
cules sont à peine un peu rouges. La sensibilité de la peau est toujours exa
gérée . La région palpebro - frontale ne présente ni hyperesthésie, ni érup
tion .
Le 18 , le contenu des vésicules se trouble et le sentiment de cuisson qui
était assez incommode se calme . L'état général s'améliore lentement, mais
d'une façon continue. L'intelligence est presque normale.
Le 20 , l'hyperesthésie du colé gauche de la fare a disparu . Les vésicules
d'herpes sont remplacées par de petites croûtes brunâtres. L'incident est évi
demment terminé .
plusieurs jours, le malade n'osail pas se laver les mains. Il attribuait son
mal à une immersion prolongée de la main dans l'eau froide quelques jours
auparavant.
L'hyperesthésie était extrême et les douleurs s'irradiaient très haut sur le
bras. Cependant on ne constatait pas la moindre lésion dans le moignon. Les
lambeaux étaient souples et aussi sains que possible .
Je prescrivis les onctions locales avec l'extrait de belladone et l'enveloppe
ment du membre avec une épaisse couche de ouale , enfin l'immobilisation du
bras contre le thorax ; le soulagement fut presque nul.
Deux jours après, léger malaise considéré comme dû à un embarras gas
trique et traité par un éméto -cathartique. Quarante -huit heures après, érup
lion d'herpės labial . En même temps, le malade m'annonce que les douleurs
de la main ont à peu près disparu. Je défais le pansement, qui n'avait pas
été changé depuis cinq jours, et je reconnais non sans surprise cinq ou six
vésicules d'herpes sur le sommet des lambeaux , qui étaient encore un peu
sensibles au toucher.
Trois ou quatre jours après , malaise, névralgie, éruption, tout avait dis
paru .
HERPÈS A DISTANCE .
( 1 ) Cette observation a été reproduite déjà dans mon travail sur les Névral
gies traumatiques précoces, in Mémoires de chirurgie, t. III , p . 556. J'en
donne seulement ici le titre.
(2 ) A. HYBORD , Zona ophtalmique, Thèse de Paris , 1872, p . 142-146 .
(3) Annalen des Charité Krankenhauses zu Berlin , Band IX , Heft 2,
S. 120, 1861 .
AXXALES DE DERMAT . , 2° SERIE . VI. 38
682 A. VERNEUIL .
Inflammation de la tunique
vaginale . -
Herpès de la cuisse . - Mori.
local s'est plutôt aggravé ; la rougeur et les plaques d'exsudation ont gagné
les amygdales et la plus grande partie de la voûte palatine.
Le surlendemain matin, soixante heures environ après le début des acci.
dents , je constate sur la lèvre supérieure et sur l'aile du nez du côté droit
l'éruption de quatre ou cinq groupes d'herpès des mieux caractérisés. Les
vésicules sont développées sur des plaques rouges qui sont le siège d'un
prurit assez vif . La fièvre est tombée , le malaise a disparu , la dysphagie
seule persiste, ainsi que la rougeur diffuse et les exsudations qui, toutefois,
ne se sont pas étendues. Peu à peu , la muqueuse reprend ses caractères
normaux et les plaies se couvrent de nouveau d'une belle couche granuleuse ...
A la fin de la semaine, il n'y paraissait plus.
Une interrogation minutieuse portant sur les antécédents du malade ne
m'apprit rien, si ce n'est une disposition marquée aux angines sous l'intluence
du froid .
ÉTIOLOGIE
avait été prise d'une violente attaque de rhumatisme articulaire aigu généralisé
qui l'a tenue plusieurs semaines au lit. – A. V. 1884 .
( 1) Observation déjà reproduite in Mémoires de chirurgie, t. III , p . 564 .
DES ÉRUPTIONS CUTANÉES CHIRURGICALES . 387
l'économie distant du point lésé et n'ayant avec lui aucune relation ana
tomique directe, la manifestation susdite ne peut se produire que par
l'intermédiaire du système nerveux ou du système vasculaire, le système
nerveux agissant par action réflexe , le système vasculaire intervenant
par une altération du sang antérieure ou postérieure à la blessure ou
même contemporaine de cette blessure.
Dans cette hypothèse, il y aurait donc un herpės traumatique réflexe
et un herpès traumatique symptomatique d'un état général diathésique.
La blessure jouerait toujours son rôle dans la production du phénomène,
c'est d'elle que partirait l'impression excitatrice d'une action nerveuse
anormale se montrant au loin . C'est d'elle que partirait l'altération du
sang capable d'engendrer des manifestations morbides généralisées . –
C'est encore elle qui réveillerait dans l'économie les diathèses latentes
au moment de l'accident.
Mais le blessé , par sa constitution antérieure ou acquise , interviendrait
également de son côté ; cette constitution de date ancienne ou récente
jouerait le rôle de cause prédisposante, et nous pourrions dès lors mieux
comprendre pourquoi l'herpès traumatique se montre dans tel cas et non
dans tel autre .
En d'autres termes , le développement de la complication susdite exi
gerait certaines conditions de la blessure et certaines conditions du
blessé ; en dehors de cette combinaison la dermatose cutanée ne saurait
se produire.
Jusqu'à ce jour, il faut en convenir , les auteurs, n'étudiant que l'her
pès périphérique, n'ont découvert que les conditions locales de la bles
sure et mis seulement en lumière l'influence pathogénique de la lésion
nerveuse et de la névrite consécutive. Déjà ils ont compris combien il
était difficile de faire concorder l'extrême rareté de l'herpės traumatique
avec l'extrême fréquence des lésions nerveuses, et ils ont répondu à
l'objection en déclarant que la névrite traumatique était très exception
nelle.
Peut-être auraient -ils mieux fait de s'enquérir de l'état constitutionnel
des blessés . Si je ne me trompe, plusieurs des sujets que j'ai observés
avaient des antécédents bien propres à démontrer le rôle de la prédispo
sition .
Le jeune homme de la campagne (Obs. V) qui n'était ni scrofuleux ni
syphilitique, était sujet aux angines par refroidissement qui , souvent en
pareil cas , sont de nature herpétique. P ..., l'amputé de la cuisse (Obs . III)
et Mme L ... étaient névropathiques à un haut degré et de longue date.
Chez tous les deux , le symptôme douleur était porté à l'extrême. Aussi,
étant connues les relations qui existent entre l'herpès et les névralgies,
on peut dire que ces deux sujets étaient prédisposés à une manifesta
588 A. VERNEUIL .
APPENDICE .
M. D ... , artiste, haute taille, brun, maigre, très impressionnable, vie régu
lière, bonne hygiène , emphysème léger; plusieurs attaques de dyspepsie.
Mère morte de cancer intestinal . Il y a trois ans , sans cause appréciable,
apparait à l'aréole du sein droit une petite tumeur indolente, développée dans
l'épaisseur de la peau et ressemblant à une verrue. Cette production fit des
progrès lents , et devint le siège de démangeaisons et de quelques élance
ments. M. le Dr Chevalier, consulté, reconnut une lumeur aplatie , épaisse
d'un centimètre et demi , large comme une pièce de 5 francs, sans adhé
rence profonde et sans ulcération ; il conseilla l'extirpation qui fut
refusée .
vives dans la jambe, presque continues, mais s'exaspérant par accès. Elles
semblent partir de la cicatrice, se répandent jusque sur le dos du pied et
suivent évidemment le trajet des nerfs. Cette névralgie, qui a résisté à tous
les moyens, s'est accompagnée à plusieurs reprises d'une éruption de vési
cules , disposées par groupes tout à fait comme celles de l'herpes zoster, et
siégeant sur les parties douloureuses ( 1 ).
Obs. JI . — Un cultivateur reçoit une charge de plomb à lièvre, à la face in
terne du bras gauche, vers la partie moyenne. Au fond de la plaie , large de
8 centimètres, on aperçoit l'artère humérale, la veine basilique déchirée et plu
sieurs nerfs contusionnés. La plaie se cicatrisa assez vite , mais deux ou trois
ans après, à la partie postérieure et interne de l'avant-bras, éruption ressem
blant au zona , occupant une surface de 4 à 5 centimètres de diamètre, dans
une partie de l'avant-bras privée de sensibilité (2) .
Obs . III . Contusion du thorax. Zona traumatique (3).
Un robuste boucher de 35 ans, montant en voiture , il y a une se
maine, reçut sur le côté gauche du thorax un coup violent suivi de douleurs
vives dans la partie inférieure de la colonne vertébrale, la région sternale et
les gouttières vertébrales . Deux jours après , ces régions se couvrirent de
rougeur, puis d'une éruption vésiculeuse . Aucun mouvement febrile ni avant
ni pendant l'éruption . Au niveau du septième et du huitième espace intercos
tal à gauche, herpes zoster dont les vésicules, s'arrêtant brusquement en
avant au niveau de la ligne sternale, vont en arrière jnsqu'à la colonne ver
tébrale. Douleurs exacerbantes, intermittentes même, revêtant le caractère
névralgique, et si intenses que le malade ne respire que du côté droit de la
poitrine.
Le 5 avril, l'herpės se couvrit de croûtes, et, à partir de ce moment, la
névralgie disparut.
Obs . IV . Zona à la suite d'un effort ( 1).
Journalier, 48 ans, violente douleur dans les reins et au niveau du ster
num , en soulevant un sac de grain pesant un quintal et demi.
Quelques jours après l'accident , sans aucun symptôme fébrile, se déclare
l'exanthème dans les parties douloureuses. Le patient respire presque exclu
sivement avec le côté gauche du thorax, à cause des vives souffrances que
l'inspiration et l'expiration causent .
Dans tout le sixième espace intercostal droit, depuis la colonne vertébrale
jusqu'au sternum , l'éruption herpétique est très caractérisée.
Obs. V. - Zona dorso -abdominal d'origine
probablement traumatique.
Vieille femme, 91 ans ; chute dans l'escalier il y a quelques semaines. Elle
( 1 ) Charcot, Sur quelques cas d'affections de la peau , dépendant d'une in
quence du système nerveux , in Journal de la physiologie, 1839, p. 111,
Obs . 3 .
(2) Rouget, Journal de la Physiologie , 1859, p . 113.
( 3) OPPOLZER, Allg . Wiener med. Zeitung, n° 48, novembre 1866, p . 382.
(4) Thomas, Archiv der Heilkunde, 1866, p . 453 .
DES ÉRUPTIONS CUTANÉES CHIRURGICALES . 595
a roulé quelques marches, contre lesquelles son côté droit a porté. Après la
chute, douleurs vives, au niveau desquelles apparut, après un certain temps,
une éruption occupant une zone large de trois à quatre travers de doigt au
niveau des dernières paires dorsales .
Cette demi-ceinture se compose de groupes de vésicules très confluentes,
nées sur un fond uniformément rouge : elle part exactement des dernières
vertèbres dorsales, se dirige d'avant en arrière et un peu de haut en bas,
et, arrivée vers la partie moyenne de l'abdomen, se relève un peu . Les
vésicules, très aplaties, contiennent peu de liquide et sont dépouillées en
quelques points de leur épiderme, à cause de la pression du dos contre le
lit. Les ulcérations très superficielles marchent rapidement vers la cicatrisa
lion ( 1 ) .
Obs . VII . -
Zona traumatique (3).
Choc violent sur la région de l'aisselle gauche, suivi de douleurs lanci
nantes s'irradiant sur le thorax en avant et sur la partie interne du bras .
Deux jours après, éruption caractéristique de zona suivant le deuxième et le
troisième espace intercostal et les divisions du brachial cutané interne.
Petites eschares à la base de quelques vésicules. L'éruption guérit en
onze jours ainsi que la nevralgie. Elle n'avait siégé que sur la partie des
nerfs située au delà de la lésion.
1876, n ° 362, p . 27 ) .
Celle de M. Roux, en 1879 , en contient six , également inédites , dont
deux sont relatives à des blessures du genou , une à une contusion de
la face, et trois à des opérations dentaires. Dans ces dernières, recueil
lies par M. le Dr Th. David (1 ) , l'éruption berpétique siégeait au
voisinage de la commissure tiraillée pendant l'opération , et avait été
précédée d'un petit mouvement fébrile ; elle présenta les caractères
et la terminaison de l'herpès labialis fébrile ordinaire. (Contr. à l'étude
de l'herpès traumatique, Th . de Paris, 1879, nº 252. )
Enfin , en 1880 , M. Frilet inséra dans sa thèse dix--neuf observations
nouvelles, dues à MM . Bergounioux et Lailler, ou prises par lui-même
dans divers services de chirurgie militaire. Pour lui , l'herpès ou
l'eczéma qui survient après les blessures est le plus souvent l'indice de
la diathèse herpétique du sujet. ( Contr. à l'étude des manifestations
herpétiques dans leurs rapports avec le traumatisme, Th. de Paris,
1880 , n ° 108. )
Depuis que les travaux précédents ont été publiés, j'ai maintes fois
observé des faits semblables et réfléchi à leur pathogénie . Sur ce der
nier point, l'obscurité est encore bien grande, l'herpès étant une des
affections dont les causes sont le moins connues , sans doute parce
qu'elles sont multiples.
Étiologie à part, les chirurgiens ont intérêt à connaître cette compli
calion, car elle est de nature à leur donner d'assez vives émotions. On
est toujours alarmé, en effet, lorsqu'on constate, dans les jours qui
suivent une opération , une fièvre vive avec frisson, ascension brusque
de la température , soif, vomissements , etc. Heureusement l'alerte est
de courte durée et l'orage se calme de lui-même.
Cependant, cette année, chez une femme à laquelle j'avais fait le
raclage du col utérin pour un épithélioma, les accidents fébriles ont été
plus durables, l'éruption herpétique gutturale et labiale s'étant repro
duite plusieurs fois. Je n'avais pas encore rencontré cette forme en
quelque sorte chronique ou successive de l'herpes.
Tout récemment encore (novembre 1884 ) , je viens d'observer deux
cas types d'herpès à distance . En voici le résumé :
Ainsi Köbner, en 1864, publie des cas de mycosis fongoïde très nets
sous le nom de tumeurs papillaires multiples mycofongoides de la
peau ; Geber et Duhring rapportent des observations de néoplasie in
flammatoire fongoïde, regardées par Heitzmann et le professeur Kaposi
comme de la sarcomatose cutanée à marche rapide et funeste . Enfin il
est encore plus extraordinaire de ne pas voir rapportés à la diathèse
lymphoïde les cas présentant, en même temps que des tumeurs myco
siques , une leucémie bien caractérisée . Parmi ces faits, citons celui de
Nachter publié sous le nom de granulona sarcomatodes cutaneum , celui
que le professeur Kaposi , dans un mémoire très important , relate sous
le titre de lymphodermia perniciosa, et qu'il considère comme une
forme de maladie cutanée qui , jusqu'ici, n'a pas encore été décrite el
qui , probablement même, n'a jamais été observée par d'autres auteurs .
Or , ce cas n'est qu'une observation remarquable de leucémie avec
hypertrophie leucémique de la rate , ostéolymphomes et tumeurs
cutanées multiples. La vue seule de la planche chromolithographique
qui accompagnait ce mémoire permettait d'emblée de faire le diagnostic
de mycosis fongoide.
Le mycosis d’Alibert est donc encore méconnu ou contesté par les
dermatologistes étrangers. Aussi M. Ernest Besnier ( Annales de Der
matologie, 1884) , en rendant compte du travail de Köbner, s'est-il déjà
élevé avec raison contre les dénominations si nombreuses et si compli
quées de cette dermopathie, et MM . Vidal et Brocq ont- ils cherché les
causes de cette confusion , du désaccord qui règne encore sur cette
question .
Ces auteurs, après avoir publié in extenso six observations très inté
ressantes, les analysent et arrivent à distinguer deux grandes variétés de
mycosis fongoïde , au point de vue de l'aspect extérieur et de l'évolution
clinique.
Dans une première variété, les lésions de la peau sont étendues, leur
caractéristique est d'être multiples, généralisées, diffuses, fugaces et
mobiles; elles passent par les trois périodes successives décrites par
Bazin : a) période eczématiforme; b) période lichénoïde; c) période de
tumeurs fongoïdes .
Dans la deuxième variété, les lésions sont peu étendues, plus cir
zonscrites, jamais généralisées; le mycosis débute d'emblée par une ou
plusieurs tumeurs bien limitées et d'autant plus fixes qu'elles sont moins
nombreuses. Pas de période eczématiſorme, pas de période lichénoïde
prémonitoires. Enfin la marche est rapide, la terminaison fatale. C'est
là le type à tumeurs mycosiques d'emblée, entrevu mais non séparé
par Bazin .
La première variété à début eczénatitorme est facile à diagnostiquer
REVUE DE DERMATOLOGIE . 601
caractérisée.
Leur chapitre de l'anatomie pathologique mérite de nous arrêter plus
longtemps. Après avoir exposé les recherches récentes des auteurs fran
çais, recherches d'après lesquelles le mycosis fongoïde ne serait autre
chose qu'un envahissement des téguments par du tissu réticulé ou adé
noïde, en un mot que la lymphadénie cutanée, ils donnent un examen
histologique inédit de fragments de tumeurs enlevées chez celui de leurs
malades qui présentait le type le plus complet, le plus incontestable de
mycosis fongoïde avec toutes ses périodes, depuis la simple rougeur eczé
>
Tous ces problèmes sont des plus délicats, el nous ne saurious trop
faire ressortir la réserve avec laquelle les auteurs les ont abordés. Qu'ils
nous permettent cependant de leur demander pourquoi ils conservent
dans le mycosis fongoïde leur seconde variété, ou variété à tumeurs pri
mitives d'emblée. Ne serait- il pas plus logique d'en faire purement et
simplement une forme distincte de sarcomatose cutanée ? Nous aurions
dès lors trois types , qui cliniquement au moins , ont des allures assez dis
tinctes : 1 ° le mycosis fongoide, type à période eczémateuse prémoni
toire; 2° une variété de sarcomatose cutanée caractérisée par de volui
mineuses tumeurs ressemblant à celles du mycosis fongoïde ; 3° la
sarcomatose cutanée généralisée vraie, dont le type a été si bien décrit
par Kaposi dans le volume II du grand ouvrage de Hebra . Tout en pro
posant cette division, nous entendons d'ailleurs réserver entièrement la
question des sarcomes cutanés, laquelle est encore bien plus com
plexe.
Quel que soit le sort que l'avenir réserve aux idées avancées par les
deux auteurs, il leur restera toujours le mérite d'avoir appelé l'attention
sur ce point obscur de la dermatologie et d'avoir publié des documents
intéressants et inédits. L. PERRIN .
brune que celle de son mari, elle ne présente du reste ni nævi, ni taches
pigmentaires. Elle a eu douze enfants qui tous sont venus à terme et bien
portants . Neuf sont morts très peu de temps après leur naissance, les deux
ainés et le douzième sont les seuls survivants ; ce sont précisément ceux qu
font le sujet des observations suivantes :
OBSERVATION I. – Barbara, 19 ans, est l'aînée .
Elle n'a jamais présenté de signes de scrofulose, ni de maladies infec
tieuses, ni d'exanthèmes aigus. Depuis trois mois environ petites tumeurs
verruciformes sur l'oeil droit . Réglée depuis l'âge de 16 ans, époques régu
lières .
État actuel, mai 1880 .
La jeune malade est de taille moyenne , robuste . Sauf un léger catarrhe
oculaire, elle n'a jamais été malade . Cheveux blond rouge , la peau dans les
régions non affectées est légèrement pigmentée. Les modifications que pré
sente le tégument externe occupent le front, la face, et le cou , le tronc en
avant jusqu'un peu au -dessous des seins, en arrière, jusqu'à l'angle inférieur
de l'omoplate, les membres supérieurs, à l'exception de la paume des mains ,
les jambes, sauf la plante des pieds . Des altérations analogues existent autour
du nombril, et s'arrèlent seulement au niveau des points où la peau se trans
forme en muqueuse .
Les modifications cutanées se présentent sous différentes formes :
1º Taches plates, jaunes ou brun jaune, analogues à des éphélides, de la
dimension d'une tête d'épingle ou d'un grain de chénevis, sans desquamation
ou en légère desquamation ;
2º Taches semblables à des taches lenticulaires, lentigines , nævus lenticu
laire, ayant les dimensions d'un grain de chénevis , le plus ordinairement
d'une lentille , nettement circonscrites, brun foncé, et même noires, aplaties ,
parfois légèrement élevées all-dessus du niveau de la peau ;
3 ° Productions verruciformes, dont le volume varie de celui d'une lentille à
celui d'une framboise, de consistance variable , la plupart noir ſoncé , presque
sépia . Quelques -unes ont des poils , mais en petit nombre.
Il existe en outre , mais en très faible proportion , des espèces de verrues,
dures et non colorées ou rose chair , sur le bord de la paupière inférieure
gauche, sur la fosse narine droite , au cuir chevelu et enfin sur le côté externe
de la jambe droite .
4° Entre ces différentes mélanoses de la peau il y a de très nombreuses
taches rouges dont les dimensions varient entre celles d'un grain de chéne
vis et celles d'une lentille , sur lesquelles on voit, à l’æil nu, mais surtout à
la loupe, de petites ramifications vasculaires.
5° (a) Entre les taches foncées et les taches rouges on voit des taches arron
dies ou en forme de trainée, blanc clair, disséminées, semblables à des cica
trices , en général déprimées au -dessous des parties environnantes ; (b) quel
ques- unes de ces taches cicatricielles sont traversées de ramuscules
vasculaires, mais toujours plus volumineux que ceux des taches rouges.
Les éphilides et les plaques lenticulaires se tronvent surtout à la périphé
rie des régions malades, les verrues plus particulièrement au centre. Il
existe en outre deux tumeurs à la face interne de la jambe droite, à deux
travers de doigt au -dessus de la malléole .
La paupière inférieure droite est également le siège d'une tumeur rouge
chair, avec un léger pointillé noir, du volume d'un euf de pigeon el qui
recouvre presque complètement le bulbe.
604 REVUE DE DERMATOLOGIE .
Quant aux deux tumeurs circonscrites qui avaient été enlevées chez la
première malade, voici les résultats de l'examen qui en a été fait par le prof.
Chiari : le néoplasme a son principal point de départ dans le tissu dermique
proprement dit ; de là il a gagné la surface de la peau et le tissu sous-cutané.
En quelques points le néoplasme se détache très nettement du tissu sain , dans
d'autres il se perd dans le derme sain , de sorte qu'on trouve, au voisinage du
néoplasme, quelques cellules de nouvelle formation entre les fibres du derme.
En quelques points, le derme qui entoure la tumeur est le siège d'une infil
tration inflammatoire .
Il s'agit donc d'un sarcome fusocellulaire mélanique, formé de cellules fusi
ormes parfaites et contenant en grande quantité un pigment brun foncé très
fin ou à gros grains.
Les éléments jeunes de la tumeur soni arrondis, et fréquemment contien
nent peu ou pas de pigment. Au voisinage de la tumeur, granulations libres
de pigment entre les fibres du derme. Sur des coupes faites au niveau des
parties centrales , on remarque des traînées entre-croisées de cellules fusi
formes , pigmentées. Entre elles, petits foyers de cellules fusiformes , pigmen
tées ou non.
En se basant sur ces données histologiques, le point de départ de ces tu
meurs mélaniques serait très probablement des nævi pigmentaires.
Quant au pigment, on le trouve partout, dans l'épithélium comme dans le
chorion, dans les taches pigmentaires et dans les tumeurs circonscrites de
même nature. Il est granuleux, à grains isolés , de grosseur différente, brun
jaune, et ou's dans les cellules ou lisposé de telle sorte qu'on peut ad
mettre qu'il se trouvait primitivement dans les cellules. Quant à son origine,
sa présence dans le tissu est en rapport direct avec les altérations des vais
seaux. Dans les taches pigmentaires légèrement élevées dont il a été ques.
tion chez la première malade, on voyait très clairement que le pigment
n'était accumulé qu'au-dessus des vaisseaux dilatés, gorgés de sang, entre
lesquels et le réseau de Malpighi il existait des cellules contenant du pigment
granulé. Dans d'autres préparations, les vaisseaux étaient oblitérés, quel
ques corpuscules du sang paraissaient décolorés , tandis que du pigment
étail déposé dans les cellules des parois des vaisseaux et dans leur voisinage.
mais l'état chimique différent de la matière colorante comparée à la matière
colorante du sang suppose sa transformation. Or, le pigment ne se trouvant
que dans les cellules, tout le processus s'explique, d'après la théorie de Vir
chow , en ce que la matière colorante du sang a abandonné les corpuscules
rouges du sang des vaisseaux et s'est répandue dans les cellules du tissu où
elle s'est transformée en pigment granuleux. Les cellules du réseau aux
quelles on peut attribner cette propriété , dans certaines conditions physiolo
giques, participent au dépôt de pigment, de très bonne heure et de la manière
la plus active ; dans le derme ce sont les cellules pathologiques de nouvelle
formation qui accomplissent le processus de la transformation du pigment
par la matière colorante du sang . Selon que les cellules qui forment le pig.
ment persistent ou se résorbent, le tissu reste pigmenté ou le pigment dispa
rait, parfois cependant la résorption des cellules aa lieu rapidement et le pig.
ment reste libre dans le tissu .
ployés, persista pendant plusieurs mois avec des alternatives diverses, mais
en somme avec une tendance assez marquée à s'étendre et à creuser en
profondeur. Après un certain laps de temps, les parties voisines des tégu
ments s'indurèrent, s'épaissirent, formant une sorte de bourrelet résistant
autour de l'ulceration centrale . Enfin , comme la lésion gagnait toujours
malgré les applications et les caulérisations les plus diverses, et que son dia
mètre dépassait déjà un demi-pouce, on se décida en août 1883 à l'enlever
profondément par le raclage :: on opéra également une autre lésion iden
tique à la précédente comme évolution, mais beaucoup plus récente et beau
coup plus petite, qui s'était développée sur l'une des productions verru
queuses de la face palmaire de la main gauche entre l'index et le médius .
Les plaies semblèrent se fermer ; mais bientôt on vit les points qui avaient
été alteints devenir avec la plus grande rapidité le siège d'une induration et
d'un épaississement des plus marques, de telle sorte que la paume de la
main droile présentait une lésion de plus d'un pouce de diamètre. Au com
mencement de 1884, le professeur Henry J. Bigelow , le D' Hodges et l'au
teur eurent une consultation : on voyait alors sur presque tout le tiers infé
rieur de la face palmaire de la main droite une saillie rouge à surface un
peu inégale , au centre de laquelle se trouvait une ulcération à bords ren
versés et à fond recouvert de granulations fongueuses. Au palper, le reste de
la masse morbide donnait une sensation de résistance profonde, sauf en un
ou deux points , où se voyaient des végétations globuleuses,molles, ayant les
dimensions d'un gros pois , et quelque peu transparentes. Sur l'autre main,
la lésion dont on avait opéré le raclage avait également pris le même aspect.
Les ganglions épitrochléens et axillaires étaient restés indemnes. Cependant,
l'avis unanime des médecins el chirurgiens américains fut qu'il s'agissait
de productions épithéliomateuses, qu'il fallait pratiquer l'amputation de la
main droite et une large excision des parties malades de la main gauche .
Le malade vint alors en Europe consulter Hutchinson et sir James Paget å
Londres, Kaposi et Billroth à Vienne. Pendant ce voyage qui dura de six å
à sept semaines , les lésions s'aggravèrent encore , et les souffrances qu'elles
déterminaient étaient devenues assez fortes pour causer l'insomnie. Aussi
comme les consultants d'Europe avaient été unanimes à conseiller d'inter
venir, on se décida en avril 1884 à pratiquer l'amputation de la main droite
au- dessus du poignet , et d'exciser l'index et le médius de la main gauche
avec la moitié attenante des deux métacarpiens. Les plaies consécutives å
ces opérations se cicatrisèrent avec la plus grande rapidité , et le malade se
rétablit complètement. L'examen histologique, qui fut pratiqué par le profes
seur Fitz , montra que la néoplasie était constituée de trainées anastomosées
de cellules semblables à celle des couches profondes de l'épiderme, séparées
par une trame de tissu fibreux . Ces trainées, de forme très irrégulière, se
ramifiaient dans toutes les directions et renfermaient de nombreux globes
épidermiques . Il s'agissait donc bien évidemment d'un épithélioma.
Cas II . - Le 1er août 1884 , un malade , âgé de 52 ans , vint consulter l'au
teur pour une ulcération datant déjà de plusieurs années, qu'il portait à la
partie antérieure du poignet droit. Elle avait environ 2 pouces de long sur
pouce 1/2 de diamètre transversal; elle était profonde, douloureuse , avait
des bords surélevés et indurés . On remarquait de plus de nombreuses pro
ductions cornées verruqueuses sur les mains et les doigts ; sur le front et
d'autres points du corps se voyaient des éléments disséminés de psoriasis.
Le malade était atteint depuis son adolescence de cette dernière affection, et
616 REVUE DE DERMATOLOGIE .
de véritables verrues , il n'y a qu'un pas . D'autre part , l'on sait avec
quelle facilité les productions verruqueuses irritées, écorchées , soumises
à des traumatismes répétés, dégénèrent en cancroïdes. Le Dr White pense
donc que les cas qu'il vient d'observer, tout en étant des plus rares, res
tent fort explicables, et que l'on devra désormais tenir compte de la
possibilité de cette complication dans les cas de psoriasis chronique des
extrémités supérieures. L. BROCQ .
être aussi minime que possible, résulter par exemple d'un furoncle, de
la piqûre d'un insecte, d'un bouton d'acné , et , qu'une fois apparue, la
kéloïde peut s'étendre, envahir les tissus sains, prendre des proportions
tout à fait démesurées eu égard à son point de départ. Si l'on n'admettait
pas la réalité de ce fait d'observation qui s'impose, il faudrait alors dans
un grand nombre de cas reconnaître que la kéloide s'est développée sur
un tissu primitivement sain . Les caractères de ces productions kéloi
diennes ne sont peut- être pas tout à fait les mêmes quand elles se for
ment sur de vastes cicatrices bjen nettes, ou quand elles ont pour point
de départ une cicatrice imperceptible et presque hypothétique. Dans
beaucoup de cas la kéloïde montre une certaine tendance à disparaitre
après quelques années de durée . Or, plus le processus kéloïdien est
resté cantonné au tissu cicatriciel , plus il y a de chance pour que sa
guérison spontanée se produise. Au contraire, si la kéloïde a débuté par
une toute petite cicatrice, puis s'est étendue dans la peau saine, elle
persistera beaucoup plus longtemps, et pourra peut- être durer toute la
vie . Aussi l'histoire de cette deuxième variété de kéloïde est -elle fort
intéressante ; et, à ce propos, l'auteur relate une observation des plus
curieuses, en ce qu'elle montre comment ces tumeurs se forment, et en ce
qu'elle est un bel exemple de la forme multiple, nettement constitution
nelle de l'affection .
Mme S... vint consulter le Dr Hutchinson il y a environ dix ans pour une
production kéloïdienne qui s'était développée vers le milieu de sa poitrine
depuis une dizaine d'années. Il lui fit espérer qu'elle pourrait peut-être dis
paraître spontanément, ct il lui conseilla fortement de ne jamais la faire
enlever. En octobre 1884 la malade revint le trouver. La partie supérieure
de la plaque était devenue tout à fait souple et était presque de niveau avec
la peau saine, mais la tumeur s'était au contraire fort étendue dans sa partie
inférieure dont les bords étaient très épais et très durs. Elle avait quatre
pouces de long sur un pouce et demi de large ; elle était le siège de douleurs
fréquentes et de démangeaisons intolérables. Pendant le mois dernier elle
s'était enflammée vers le centre, un abcès s'y était formé puis s'était ouvert.
La malade pensait qu'elle avait bien pu en déterminer l'apparition à force
de se frotter et de se gratter. Il n'y aurait eu comme point de départ de
cette keloide aucune cicatrice ; cependant la malade se souvenait d'avoir vu
comme première phase de l'affection un petit bouton dur, une sorte de fu
roncle avorté, qui commença par ètre le siège de douleurs et de deman
geaisons, puis se transforma graduellement en une kéloïde. Cette keloide
avait donc mis vingt ans à atteindre les dimensions actuelles, et elle conti
nuail encore à s'étendre.
Mme S... avait eu en 1884 deux autres kéloïdes en train de se produire.Sur
l'épaule droite se trouvait une bande indurée de deux à trois pouces de
long , d'un rouge viſ, et formée d'une série de noyaux enchatonnés dans les
léguments. Bien que cette lésion existat déjà depuis plusieurs années, elle
n'avait pas encore pris l'aspect caractéristique de la keloïde. Immédiatement
au - dessus du nombril se voyait une autre longuc bande indurée analogue à
REVUE DE DERMATOLOGIE . 619
Dans le premier cas il s'agissait d'une jeune femme de 19 ans environ, qui pré
sentait une masse indurée dans la peau du sein gauche : il y avait en réalité
deux noyaux voisins l'un de l'autre : ils étaient situés dans les parties les
plus profondes des téguments et formaient de légères saillies. Bien qu'ils
donnassent au doigt une sensation de dureté aussi grande que des kéloides
vraies , ils n'avaient ni l'aspect brillant, ni les bords abrupts de ces néopla
sies . L'auteur en pratiqua l’ablation ; on les trouva à l'examen microscopique
uniquement constitués de tissu fibreux , et un an après l'opération, il n'y
avait pas encore eu de récidive.
Le deuxième malade était un marin qui portait sur le devant de la poitrine ,
un peu છેà gauche de la ligne médiane , une plaque indurée de trois pouces
de long sur un pouce et demi de large . La néoplasie était encore ici
située dans la peau , et ne s'élevait pas au-dessus de la surface des tégu
wents; seulement par place elle leur donnait une coloration un peu blanchâtre .
Elle avait débuté il y a plus de vingt ans par un tout petit noyau . L'examen
microscopique qu'on pratiqua après l'ablation révéla qu'elle était constituée
par un épaississement fibreux considérable du chorion. Trois ans après l'opé
ration il n'y avait pas eu de récidive.
Après avoir cité ces deux faits, l'auteur ajoute encore que ce sont là
pour lui des variétés de kéloïde ; la longue durée de ces tumeurs, leur
structure, l'endroit où elles se sont développées, sont pour lui autant
d'arguments décisifs. Il est vrai que l'on n'a pu trouver comme point
de départ une cicatrice quelconque , mais il est fort probable qu'un fu
roncle ou qu'une pustule d'acné en a précédé l'apparition.
Il fait ensuite remarquer que la kéloïde ne récidive pas après l'ablation
complète de la néoplasie, parce que les tissus voisins ont déjà été envahis
par la production morbide, comme cela se passe dans le cancer, mais
7
ductions kéloïdiennes, il n'en est pas moins vrai qu'il ne les a jamais
vues prendre un caractère de malignité et causer de l'engorgement gan
glionnaire . Cependant il a souvent trouvé des antécédents de cancer chez
les proches parents des personnes atteintes de kéloïdes, et il a vu dans
plusieurs cas des cancers se développer chez elles .
En somme, il croit qu'il faut reconnaître plusieurs variétés de kéloïde,
différant entre elles comme mode de début, comme évolution , comme
durée , comme pronostic. La première forme, la plus typique, est celle
qui a pour point de départ une cicatrice minuscule et qui de là s'étend
dans la peau saine ; c'est la plus grave et la plus rebelle de toutes. La
deuxième forme débute au milieu de vastes cicatrices et n'envahit pas
les tissus sains; elle a une certaine tendance à disparaître graduellement.
La troisième forme est constituée par des tumeurs plus profondes, à
marche très lente, n'ayant que peu de tendance à disparaître; elle semble
être surtout en rapport avec des inflammations chroniques des téguments.
Elle a moins de tendance que les autres formes à récidiver. L. BROCQ .
sont très rares ou absents dans les ulcérations profondes avec sécrétions
purulentes. Ils se trouvent toujours à l'intérieur, à la surface ou aux
environs des cellules épithéliales.
Parmi les plaques muqueuses, celles où ils se trouvent le plus
souvent sont les plaques de l'anus et des organes génitaux ; de même,
il se rencontre surtout dans les sécrétions des organes génitaux exter
nes et ils manquent dans les autres sécrétions normales.
Le siège de prédilection du bacille décrit par MM . Alvarez et Tavel
au niveau des organes génitaux, ses analogies avec le bacille décrit par
Lustgarten dans les lésions syphilitiques doivent faire considérer
comme extrêmement probable que ce dernier observateur a rencontré
dans les lésions syphilitiques ce bacille, absolument banal.
En outre, la ressemblance de forme et de réaction colorante de ce
bacille avec celui de la tuberculose oblige à une extrême circonspection
dans le diagnostic des lésions supposées tuberculeuses des organes géni
taux : pour que ces lésions puissent être déclarées tuberculeuses , il faut
non seulement constater la forme du bacille, mais rechercher comment
il se comporte vis- à - vis de certaines matières colorantes qui n'agissent
pas sur lui comme sur le bacille de Koch .
Les faits, extrêmement intéressants, constatés par MM . Alvarez et
Tavel , s'ils reculent la solution de la question , ne peuvent cependant
faire rejeter la nature microbienne de la syphilis ; ils obligent à des re
cherches nouvelles sur l'agent infectieux de cette maladie . G. THIBIERGE.
Le Gérant : G. MAssox.
Paris . Société d'imprimerie PAUL DUPONT, 41, rue J.-J.-Rousseau (CI . ' 58.10.85 .
N° 11 . 25 Novembre 1885 .
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES.
d'un homme atteint d'un pemphigus foliacé, dans le lit duquel on pouvait
ramasser tous les matins une quantité considérable de squames , il
montrait dans une boîte tout ce qu'on avait recueilli ce jour-là même de
produits épidermiques, et en même temps il déversait le contenu de la
boite sur la tête de ses auditeurs les plus voisins, à la grande joie des
élèves plas éloignés.
Sa parole vive , spirituelle, imagée, je dirai même sa mise en scène
avaient du succès parmi les étudiants ; les cours d'Alibert étaient re
nommés et on s'y donnait rendez - vous avec plaisir ; mais peu .à peu , on
devint plus difficile, on trouva que ses descriptions étaient un peu suc
cinctes , que son enseignement était peu sérieux et il lui survint dans
l'enseignement des concurrents plus favorisés ; de plus il avait eu l'idée
fâcheuse de présenter sa classification dermatologique sous la forme d'un
arbre, l'arbre des dermatoses , le tronc représentant la peau , les branches
les familles nosologiques, les rameaux les genres , les feuilles les varié
tés. Cet arbre fut bientôt tourné en ridicule, et il était, entre nous autres
jeunes gens, le sujet de nombreuses plaisanteries. D'un autre côté, Alibert ,
précédant sur ce point le professeur Piorry, avait changé le nom de beau
coup de maladies cutanées et s'était servi pour les désigner de dénomi
nations baroques empruntées du grec, difficiles à prononcer et à retenir .
Aussi , dans ses dernières années , le succès d’Alibert comme professeur
et comme chef d'école avait beaucoup diminué et la vogue allait à d'au
tres plus sérieux et dont l'enseignement paraissait plus instructif.
Malgré ces critiques , je répète qu'Alibert reste le chef de la dermato
logie française moderne, il a eu le mérite de classer les maladies de la
peau d'après la méthode naturelle si féconde en résultats pratiques et à
laquelle on est revenu après l'avoir abandonné pour le système anglais ;
c'est à lui que nous devons d'avoir ramené en France l'attention médi
cale sur les maladies cutanées . C'était un médecin instruit, aimable,
aimant les élèves, cherchant jusqu'à la fin , à les instruire ; sa conversa
1
tion était attachante, et tous les jours, à la visite, il était suivi par un
grand nombre de médecins et d'étudiants enchantés de son esprit. Lors
que je l'ai connu, il était déjà âgé de 70 ans, mais sa vieillesse était gaie
et avenante ; c'était un petit homme, à jambes courtes, àછે ventre proémi
nant , à figure arrondie, avec des yeux vifs et brillants , la tête ronde
couverte d'une perruque brune et d'un chapeau vacillant qui avait tou
jours l'air de vouloir tomber . C'était d'ailleurs un homme du monde,
recherché pour son esprit, et pour son amabilité , bien place dans la
haute société , il était médecin ordinaire du roi Louis XVIII ; apprécié
parmi les médecins, il était membre de l'Académie de médecine, pro
fesseur de thérapeutique à la Faculté de Paris. Néanmoins il aimait
assez ce que nous appelons aujourd'hui le demi-monde et il affectionnait
DOCUMENTS POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE L'HOPITAL SAINT- LOUIS 633
tinctes , celle d'Alibert, dans laquelle les maladies étaient groupées d'après
leurs affinités communes, d'après leur nature présumée ; l'autre, l'école
anglaise, représentée par Biett, qui, laissant de côté la nature des derma
toses, les classait d'après leurs lésions anatomiques élémentaires. Je ne
veux pas faire ici la critique de ces deux méthodes, ni les opposer l'une
à l'autre, ce serait déplacé dans cet aperçu historique ; je me contenterai
de dire que la méthode anglaise brillait par sa clarté; la définition bien
exacte des dénominations, la description nette des symptômes et des
caractères objectifs, la facilité artificielle avec laquelle on arrivait au .
diagnostic contrastaient avec la difficulté que présentait la nomenclature
grecque et néanmoins barbare d’Alibert, avec le mélange de certains
genres nosologiques qu'on distinguait difficilement les uns des autres,
et avec des descriptions bien écrites, ou bien dites, il est vrai , sous le
rapport du style, mais incomplètes et souvent confuses. Le mode d'en
seignement des professeurs n'était pas d'ailleurs moins différent que leur
634 HARDY .
au lieu de traiter par les saignées et par la diète, les ophthalmies chro
niques , les coryzas persistants, les arthrites anciennes, les catarrhes, les
lupus , il cherchait à les guérir par une bonne nourriture, par du vin,
de l'air et du soleil . Non seulement il traitait ainsi ses scrofuleux, mais
partisan de la doctrine de Brown qui pensait qu'il y avait plus de mala
dies asthéniques que de sthéniques, il allait jusqu'à employer les toni
ques dans le traitement des maladies regardées alors par tout le monde
comme le prototype des inflammations ; et nous autres jeunes gens, plus
ou moins imbus des doctrines de la médecine dite physiologique, nous
étions émerveillés, quand nous allions dans le service de Lugol , de voir
des malades atteints de fièvre typhoïde, d'érysipèle et même de pneu
monie, qu'on ne saignait pas et auxquels on donnait de l'ipecacuanha
et du vin de quinquina et qu'on nourrissait le plus qu'on le pouvait;
et notre étonnement augmentait encore quand nous apprenions par
notre collègue Beaugrand, interne de Lugol , que ces malades , que nous
avions vu gravement atteints et que nous avions condamnés étaient en
pleine et entière convalescence . Nous disions alors que Lugol était resté
dans la tradition de l'ancienne médecine ; on pourrait dire maintenant
qu'il était le précurseur de la médecine actuelle qui traite aujourd'hui,
comme il le faisait alors, les fièvres et la pneumonie par l'eau vineuse
>
il ne fut pas son élève, Bazin n'ayant eu pour le guider dans l'étude
des maladies de la peau d'autre maître que lui-même.
Quant à Emery, un des derniers médecins des hôpitaux arrivés sans
concours, il dut sa nomination à l'amitié de personnages politiques; il
était le médecin de Casimir Périer et l'ami de Gisquet, alors préfet de
police. Il était arrivé à l'hòpital Saint-Louis sans connaître les maladies
de la peau, je n'oserais pas dire que son instruction sur ce point fût
encore complète lorsqu'il est mort, en 1856. Il était professeur d'anato
mie à l'École des beaux -arts; je ne crois pas qu'il fût plus fort en anato
mie qu'en dermatologie.
Voilà , mon cher collègue, ce que je puis vous dire sur l'ancien hôpi.
tal Saint- Louis et sur les médecins que vous n'avez pas connus ; vous en
savez autant que moi sur ceux qui leur ont succédé et vous en feriez une
excellente histoire, si vous le vouliez. Du reste, je veux ajouter que la
gloire du passé n'obscurcit pas celle du présent : les médecins actuels
de l'hôpital Saint- Louis me paraissent les dignes successeurs des mede
cins célèbres dont je viens de vous entretenir, ils continuent dignement
l'enseignement de la dermatologie; ils apprécient, comme il le mérite, ce
trésor d'instruction médicale, qu'on appelle l'hôpital Saint-Louis, de
cet hôpital unique dans le monde , sur la porte duquel Alibert aurait
voulu qu'on gravât cette inscription un peu ambitieuse : Urbi et orbi ; et
ne vous semble - t- il pas qu'on pourrait traduire ces mots par cette
phrase : « Au soulagement des malades et à l'instruction des médecins
de la France et du monde entier. »
1
Ces malades étaient les seuls lépreux connus dans la région par le
docteur Onetti ; à Gênes, le docteur Costa, assistant du professeur
Campana, m'avait dit qu'il n'y avait plus de lépreux à San -Remo,
croyait-il ?
Fallait-il conclure de tout ceci que ces 4 malades étaient les seuls
lépreux existant dans la riviera di Ponente ? Non , certes, car d'une part
dans ces régions les lépreux se cachent; d'autre part, les lépreux ne sont
pas obligés d'entrer à l'hôpital. La lèpre est, je le répète, traitée en
Italie comme une quantité tout à fait négligeable. Il n'existe pas
dans ce pays , comme en Norwege , des statistiques donnant tous les
ans le nombre approximatif des lépreux . Enfin l'hôpital de San Remo
(hôpital de San -Mauricio et Lazzaro) a perdu depuis deux ans sa signifi
cation première. Avant sa création en 1858 , l'institution Saint - Maurice
et Lazare donnait des secours et de l'argent aux lépreux qui ve
naient se faire traiter par les médecins. En 1858 , l'institution créa,
en adaptant à ce but un vieux couvent, l'hôpital qui porte son nom
et qui était surtout destiné aux lépreux (mais où ceux-ci étaient mé
langés avec d'autres affections cutanées ). Il y a 2 ans, cet hôpital ,
qui était en somme une sorte de léproserie appartenant à l'Etat, a
été racheté par la ville de San - Remo et transformé en un hôpital
général , où une salle spéciale est réservée aux lépreux qui veulent
bien y venir, et à d'autres affections cutanées. Mais comme les
lépreux ne veulent pas y venir, comme ils se cachent, il n'est pas
étonnant que l'hôpital de San -Remo contienne si peu de lépreux.
La lèpre avait-elle donc abandonné la riviera di Ponente et les envi
rons de Şan -Remo en particulier ? Je ne me suis pas tenu pour battu, et
à force de recherches, de démarches, j'ai fini par apprendre du fils
d'un lépreux de l'hôpital de San Remo qu'il existait plusieurs lépreux
dans une vallée voisine de cette ville sur la route de San -Remolo . Après
bien des pourparlers , je suis arrivé , à force de diplomatie, à convenir
d'un rendez-vous avec ces pauvres gens. Mais que de précautions prises
par eux pour venir me trouver sans être vus de personne ! Le père
vint même à ma rencontre dans un endroit écarté de la ville de San
Remo. Puis, après mille détours, comme s'il s'était agi d'un mystérieux
rendez - vous d'amour, il me conduisit dans une maison cachée dans une
sombre ruelle, chez des parents, où s'étaient rendus en se cachant ses
quatre enfants (2 filles et 2 garçons), tous lépreux. Une fois à l'abri des
regards indiscrets, ces malheureux se livrèrent à moi en toute confiance ,
et je pus recueillir en entier leurs observations détaillées, pratiquer de
la biopsie , et même faire photographier par l'excellent photographe
Scotto, cette intéressante famille de lépreux dont l'existence était ignorée
à San -Remo, tant ces sujets mettent de soins à se dissimuler.
642 HENRI LELOIR .
taillées de lépreux que j'ai en ce moment sous les yeux c'est à peu près
la seule où je trouve les émotions morales, invoquées avec énergie par
le malade, comme cause occasionnelle . Je ne veux pas insister davan
tage sur ces détails puérils , et j'arrive aux questions beaucoup plus im
portantes de l'hérédité et de la contagion .
Voici un bel exemple de ce que l'on appelle hérédité maternelle , que
j'ai pu recueillir aux environs de San Remo : Famille Ranz... Merl...
Rien du côté du père . Grand' mère maternelle morte de lèpre muti
lante . –- Mère morte de lèpre tuberculeuse. - Le père, qui est resté sain,
a eu de cette femme 4 enfants que j'ai tous vus et qui tous sont lépreux .
Je suis en ce moment en train de terminer plusieurs statistiques qui pa
raîtront dans le livre (sous presse) que je publie sur la lépre. En voici
un bref résumé :
Dans 88 observations personnelles recueillies par moi en Norvège (je
n'en prends que 50 , les 38 autres ne donnant que des renseignements
insuffisants au point de vue des antécédents), je trouve signalé :
L'hérédité (ascendants lépreux) .. 22 fois.
L'absence d'hérédité ..... 16
La possibilité de la contagion comme pouvant expliquer
l'origine du mal (contamination probable mais non certaine). 7 D
L'absence de contamination de l'entourage du lépreux
(femmes, enfants, elc.), malgré une cohabitation prolongée
pendant 5 ans au minimum et 30 ans au maximum depuis
le début du mal ... 17 >
Pour me résumer, je ne pense pas que la lèpre puisse avoir pour cause
unique de mauvaises conditions hygiéniques, des émotions morales, des
chocs nerveux, etc. J'admets la nature parasitaire de la lépre. J'hésite à
dire si cette maladie provient uniquement d'un certain milieu ( comme
l'impaludisme), ou si elle est contagieuse d'individų à individu comme
la syphilis, ou si on ne doit pas la comparer plutôt à la tuberculose. Si
je voulais prendre parti dans la question je pencherais plutôt vers cette
dernière hypothèse . En tout cas si la lèpre est contagieuse d'individu à
individu les nombreuses recherches que j'ai faites sur ce sujet depuis 1878
sur environ 900 lépreux me portent à croire qu'elle l'est à un degré très
minime. L'inoculation jusqu'ici n'a donné aucun résultat positif, même
chez l'homme (voir mes mémoires précités). Seuls actuellement de
nombreux faits cliniques bien et minutieusement observés semblent
pouvoir trancher ou tout au moins élucider la question (1 ).
( 1) Les particularitės objectives cliniques que j'ai pu étudier chez le lépreus
d'Italie paraitront en temps et lieu dans le livre que je publie en ce moment sur
la Lépre. Signalons toutefois un cas de chute spontanée et rapide de toules les
dents chez un lépreux anesthésique à la suite de violentes névralgies faciales et
particulièrement buccales, et rappelant la chute des dents chez les Ataxiques,
signalée par Charcot. Cette particularité n'est signalée par aucun auteur qui se
soit occupé de la lèpre .
1
RECUEIL DE FAITS.
fre catégorie .
Les faits de cette catégorie sont de beaucoup les plus probants : ils ne
sont en effet passibles d'aucune objection . Telle est l'observation
LA LÈPRE DOIT- ELLE ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME CONTAGIEUSE ? 653
2° Catégorie.
Cette deuxième catégorie comprend, ainsi que nous l'avons dit plus
haut, les faits dans lesquels des individus nés de parents sains, mais
séjournant dans un pays où la lèpre existe, sont devenus lépreux après
avoit eu des relations intimes avec des lépreux. Ces faits sont de beau
coup les plus nombreux ; et, pour notre part, nous sommes convaincus
qu'il suffirait d'une enquête un peu minutieuse et d'une observation con
tinuée pendant plusieurs années, à cause de la longue incubation de la
lepre, pour en constater des quantités dans les pays où cette affection
esi fréquerite. Ces faits sont tous passibles de l'objection suivante : puis:
qu'ils ont été observés dans des pays où règne la lepre, continent peut
on savoir s'ils sont vraiment dus à la contagion , ou altx autres causes,
mystérieuses il est vrai, qu'invoquent les anticontagiounistes comune
étiologie de l'affection ? Sanis entrer dans la discussion générale, que
(1) Archives de Médecine Américaines de juin 1882, et 5mi meeting annuel de
l'Association dermatologique Américaine.
(1) Maryland med. Journal for july, 1878 .
LA LÈPRE DOIT-ELLE ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME CONTAGIEUSE ? 655
le Dr Vallin (2) .
Il s'agit dans ce cas d'un colon âgé de 40 ans, né à Cayenne de parents
français qui depuis trois générations n'ont pas quitté la colonie et sont restés
purs de tout croisement. Il a joui d'une bonne santé jusqu'en 1877 ; à cette
époque il eut fièvres intermittentes, puis une maladie de peau que l'on
reconnut bientôt pour être la lépre. Aucun membre de sa famille ne l'avait
eue ; mais il avait recueilli par charité il y a quelques années un petit nėgre
trės misérable, paraissant alors bien portant, qui depuis lors vivait dans la
maison du malade , en contact journalier avec lui et ses enfants. Vers 1875,
la santé de ce petit nègre, ágé de 10 ans, s'altéra ; il lui survint sur tout le
corps de larges plaques sous forme d'anneaux , rouges aux bords, påles au
centre ; il ressentit bientôt des douleurs extrêmement vives dans les pieds et
dans les mains. Peu à peu la marche devint presque impossible, l'enfant ne
pouvait se servir de ses mains ; il ne marcha bientôt plus que courbé comme
un vieillard, et pour ainsi dire en rampant. Au bout d'un an , les douleurs
des extrémités disparurent, mais le bout des doigts et des orteils s’ulcéra et
tomba ; l'amaigrissement fit des progrès, et l'enfant mourut dans le marasme.
C'est quelques mois après la mort de ce petit nègre que les premiers acci
dents apparurent chez le malade ; celui- ci est convaincu qu'il a exactement
la même affection que l'enfant, qu'il succombera comme lui, et il est disposé
à croire que c'est de lui qu'il a pris la maladie par contagion.
Remarque. Nous ne donnons ce fait que parce qu'il est d'un auteur
français : nous le considérons comme moins probant que les autres , car
il aurait été nécessaire, pour lui donner toute sa signification , ainsi que
le fait remarquer M. Vallin lui-même, de faire une enquête contradic
toire sur la véritable nature de la maladie du petit jeune . Néanmoins il
est bien probable qu'il s'agissait là réellement d'un cas de lèpre.
(1) Journal of Cutaneous and Venereal diseases, 1883, p. 439 .
(2) Union médicale, 30 mars 1880. Société médicale des hôpitaux, 23 juil.
let 1880 .
LA LÈPRE DOIT-ELLE ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME CONTAGIEUSE ? 657
658 L. BROCO .
Tels sont les faits isolés que nous croyons devoir citer. On remar
quera que nous les avons tous empruntés à des médecins, afin qu'on ne
puisse nous accuser de chercher à établir des vérités scientifiques en
nous servant de « romans écrits par des personnes étrangères à notre
profession (3).
Quand une maladie est très contagieuse, un individu qui en est atteint,
placé dans un milieu indemne, crée autour de lui un foyer d'infection ;
c'est même l'étude de ces petites épidémies partielles, quand on peut
en observer d'assez localisées, qui permet le mieux de préciser le mode
de propagation de la maladie et son degré de transmissibilité. La possi
bilité pour un sujet contaminé de développer ainsi un foyer d'infection
au milieu d'une population primitivement saine, constitue la caractéris
tique même de l'affection contagieuse. Sachant combien la question de
la contagion de la lèpre est encore discutée, nous n'espérions pas en
rencontrer des exemples. Aussi notre étonnement a-t-il été assez grand
quand, en relisant avec soin le mémoire original de White, nous y avons
trouvé relatées les deux petites épidémies suivantes :
(1) Traité des maladies de peau. Traduction Doyon (volume II (rédigé par
Kaposi), p . 552, 1878) .
(2) Citó par CavaSSE , médecin de la marine , Thèse de Paris, 1881 , La lepre
dans les Antilles et le Levant.
(3) C'est pour co motif que nous avons complètement passé sous silence dans
ce travail un livre cependant fort intéressant et fort instructif, celui du père
Étienne Brosse sur la transmissibilité de la lépre. La lèpre est- elle conlagieuse ?
par un missionnaire attaché aux léproscries ( Paris, 1879) .
LA LÈPRE DOIT- ELLE ÊTRE CONSIDÉREE COMME CONTAGIEUSE ? 659
2° Epidémie de la Louisiane.
Autrefois, dit le Dr White ( loc. cit. ) , la Louisiane avait des lépreux ;
on fonda un hôpital pour les recevoir, et dès lors ils disparurent à peu
près complètement. Dans ce siècle on ne retrouve dans cette province
aucune trace de cette affection jusqu'en 1866 , époque à laquelle
elle se manifesta chez une femme, Mme Ourblanc, dont le père était
(1) Cette épidémie pourrait à la rigueur etre rangée parmi les épidémies insu
laires, dans le paragrapho suivant.
(2) Canadian Journal of medical sciences (septembre 1881).
660 L. BROCQ .
est à coup sûr l'un des plus intéressants du siècle. Il nous montre ce que
devait être au moyen âge en Europe la lépre, qui y rencontrait à cette
époque un terrain tout aussi nouveau que l'étaient les îles Sandwich
en 1840. Personne alors dans le vieux monde ne niait la contagion de la
lèpre ; les faits parlaient avec toute leur brutale éloquence, ainsi qu'ils
viennent de le faire en Océanie . Aussi les Hawaïens sont- ils unanimes sur
ce point : d'après le Dr White ( loc. cit .) , ils rapportent à leurs relations
avec des lépreux l'origine de leur mal, disant : « Je me suis marié avec
« une femme lépreuse, – ma nourrice était lépreuse , - j'ai habité avec
a un tel qui était lépreux, — j'étais fille publique et j'ai eu des relations
« avec des lépreux , - j'avais l'habitude de rendre visite à des lépreux,
« de manger, de fumer avec eux , etc ... )
Une extension aussi rapide, aussi subite de la maladie, dans un pays où
elle était inconnue, ne peut évidemment s'expliquer que par la conta
gion : elle resterait cependant incompréhensible pour quiconque connait
les allures chroniques de la lépre, et sa longue incubation habituelle, si
l'on ne faisait pas attention aux conditions toutes particulières si favo
rables à son développement qu'elle a trouvées aux Sandwich . Nous
l'ayons déjà dit, il s'agissait d'une population nouvelle, possédant encore
par conséquent toute sa réceptivité pour la maladie ; on a fait de plus
remarquer (Wood) que la syphilis, importée depuis l'expédition de
Cook dans les îles par les Européens, y avait fait de grands ravages,
que la lèpre semble se développer plus facilement sur un organisme
débilité par une maladie antérieure ; il incrimine également : 1 ° les
vaccinations obligatoires et en masse qui furent pratiquées pendant
quelques épidémies de variole , alors qu'il était impossible d'avoir du vac
cin d'une parfaite pureté ; 2. les habitudes licencieuses notoires des classes
inférieures de la population ; 3º l'absence de toute crainte et de toute
répulsion pour cette maladie, de telle sorte qu'on n'a mis au début
aucun obstacle aux relations ordinaires, aux cohabitations et aux mariagts
avec des lépreux; 4° les habitudes sociales des indigènes (1 ) ( entassement
de familles nombreuses dans de petites huttes où elle se servent des mêmes
nattes et des mêmes couvertures, mangent avec les doigts dans la même
calebasse, boivent l'eau dans les mêmes vases, se passent la pipe de bou
che en bouche, etc. ) (White ). Et cependant les conditions matérielles de la
vie se sont plutôt améliorées aux Sandwich depuis que leurs souverains
ont tenté de les civiliser (V. Tilbury Fox, Vidal).
La preuve évidente de la virulence plus grande de la lèpre pendant les
premières années de son implantation sur un sol vierge est donnée par
ce fait des plus instructifs qu'au temps où observait le D' Hillebrand à
(1 ) Wood ( loc . cit . ) cité par M. le Di Le Roy de Méricourt à la séance du
20 octobre 1885 à l'Académie de médecine .
LA LÈPRE DOIT -ELLE ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME CONTAGIEUSE ? 663
Honolulu vers 1860, la maladie tuait en trois ou cinq ans, tandis qu'ac
tuellement sa durée moyenne est de dix à quinze ans. Le D' Arning (loc.
cit.) en conclut avec raison qu'il a en ce moment à soigner des formes plus
atténuées que celles que l'on observait pendant les dix premières années
de contamination des iles .
En somme nous assistons en ce moment aux Sandwich à la reproduc
tion en petit de ce qui s'est passé en Europe au moyen âge. Après une
période d'extension rapide et de grande virulence, la lèpre y ya prendre
des allures plus calmes et plus régulières . Bientôt il sera fort difficile d'y
obseryer des faits nets de contagion, bientôt on rapportera tous les cas à
l'hérédité, peut-être au régime ou au climat, et l'on oubliera les ensei
gnements du début de l'épidémie.
Pour établir définitivement la valeur de ce grand faſt de l'épidémie
des îles Hawaï nous devons maintenant examiner les objections que lui
font les anticontagionnistes.
Elles ont été surtout formulées à l'Académie de médecine de Paris,
séances des 13, 20 et 27 octobre .
Je n'insisterai pas sur une première objection qui consiste à dire que
la maladie observée aux fles Sandwich n'est pas la véritable lépre . Sans
parler des autres autorités médicales qui en ont constaté la nature, le
D Arning (loc. cit . ) , dont les remarquables travaux sur la lèpre ont été
cités avec éloge au Congrès médical de Copenhague, a tout récemment
trouvé les bacilles caractéristiques de la lèpre dans des tissus morbides
pris sur des Hawaïens.
L'objection principale a été brillamment formulée et soutenue à l'Aca
démie de médecine par M. le D: Le Roy de Méricourt. Je copie textuel
lement les parties importantes de sa communication :
• Vers le commencement du viie siècle, une expédition de Malaisiens,
( partie des iles de la Société , traversa en pirogue l'espace de plus de
700 lieues qui séparę ce groupe d'iles des iles Sandwich etalla s'y établir...
« N'est-il pas surprenant que les habitants des Sandwich , qui offrent une
u identite parfaite avec leurs frères des archipels de la Polynésie, soient
restés, bien qu'ayant eu des relations avec les habitants des groupes d’iles
e
de cet océan , et depuis 1779 au moins avec les Européens, à attendre
2
l'arrivée des Chinois en 1848 pour être atteints de cette terrible maladie qui
« est endémique dans les iles de la Mélanésie et de la Polynésie ?...
Or, la lèpre a été constatée chez les indigènes des iles Sandwich par
« M. Quoy au mois d'août 1819, lors du séjour de la corvette l'Uranię dans
• les eaux de cet archipel pendant sa campagne d'exploration autour du
f
monde ( 1 ) . »
1
« commune et moins variée peut-être qu'aux iles Mariannes, mais non moins
« funeste à ceux qui en sont attaqués. J'ai le regret de ne pas voir dans
« cette simple phrase, suivie immédiatement de celles dont je viens de donner
« lecture et formant avec elles tout le paragraphe, les preuves nécessaires
" pour que nous puissions admettre que la lèpre observée par M. Quoy aux
« iles Sandwich en 1819 est bien la véritable lèpre telle que nous la conce
« vons aujourd'hui. Au commencement de ce siècle , le psoriasis, lèpre vul
« gaire de Willan , l'éléphantiasis des Arabes , et bien des formes de syphi
« lides circinées ou ulcéreuses étaient souvent confondues avec la lépre.
« Tout en rendant hommage au grand mérite et à la science médicale de
l'auteur du Voyage autour du monde, je ne puis m'empêcher de faire re
« marquer qu'il était difficile en 1819 d'échapper aux erreurs que nous
a constatons encore en 1835 dans la deuxième édition d'Alibert. » (VIDAL,
loc. cit . )
Nous n'avons rien à ajouter à une argumentation aussi serrée. Pour
quiconque n'a pas l'esprit prévenu et possède quelques notions de der
matologie, il est dès maintenant établi que M. le Dr Quoy a observé en
1819 aux îles Sandwich toute autre chose que la véritable lépre . Les na
turels du pays ne manquent pas d'autres affections cutanées ; le Dr Ar-
ning les a signalées tout récemment encore dans son intéressant rap
port. Le Dr Munro (1 ), qui a fait à cet égard de très sérieuses recherches
bibliographiques, déclare avoir parcouru avec le plus grand soin les re
lations des voyages de Magellan (1522) , Schouten et Lemaire (1615) ,
Dampier (1685) , Clipperton (1705 ), Rogers et Courtenay (1708),,
Roggewein ( 1722) , Carteret et Byron ( 1764), Wallis (1766) , Bougainville
(1766 ), Cook ( 1768) , etc. , etc ... , et n'y avoir trouvé relatés à propos des
îles de l'Océanie que des ulcères de l'éléphantiasis des Arabes, des érup
tions squameuses , etc ... , mais jamais de véritable lépre.
Je n'aurais pas voulu insister ici sur le mémoire du DrGibson ; mais
M. Le Roy de Méricourt l'ayant lu à la tribune de l'Académie, je suis
forcé à mon grand regret de dire un mot de cette étonnante pièce oſti -
cielle . L'auteur commence par déclarer que la lèpre est une maladie
parfaitement définie, reconnue justiciable d'un traitement spécial. Sans
discuter les faits positifs de contagion qui fourmillent autour de lui, il
s'appuie sur quelques faits négatifs qu'il a observés pour dire qu'il ne
croit pas que la lèpre soit contagieuse, et il finit en déclarant que pour
lui le lépreux n'est pas plus dangereux que le tuberculeux ! Nous avouons
ne pas trop comprendre quelle peut être dans la discussion la valeur
d'un pareil document.
Nous concluerons donc en disant que le fait des îles Sandwich reste
parfaitement établi et qu'il doit être regardé comme une démonstration
des plus rigoureuses de la transmissibilité de la lèpre du lépreux à
l'homme sain .
(1) Edinb . Med . Journal, 1878 .
666 L. BROCO
M. Vidal l'a écrit en propres termes dans son mémoire sur le lupus scle
reux (Annales de dermatologie, 1883) . M. Ernest Besnier ne manquait
pas d'attirer l'attention de ses élèves sur les analogies du tubercule anato
mique avec certaines formes de lupus, sur sa résistance à tout traiteinent
autre que la destruction par la curette ou les cautérisations, sur son appa
rition chez des étudiants ayant pratiqué l'autopsie de malades atteints
de peritonite tuberculeuse. Mais enfin, la preuve directe de la nature
tuberculeuse de la lésion faisait défaut.
Dans une communication faite à l'Académie de médecine en 1884, et
reproduite dans ce journal (1884, p. 361 ) , M. le professeur Verneuil
signalait un cas des plus instructifs et des plus favorables à l'hypothèse
de MM. Besnier et Vidal . Il s'agissait, on s'en souvient , d'un étudiant
en médecine atteint à la suite d'un tubercule anatomique d'une série
d'accidents scrofulo -tuberculeux. M. Verneuil rappelait, à cette occa
sion , l'observation de Laennec, mort de tuberculose pulmonaire, vingt
ans après une petite tumeur de la peau survenue à la suite d'une éraillure
qu'il s'était faite avec une scie, en pratiquant l'autopsie d'un tubercu
leux .
L'idée d'inoculation tuberculeuse comme point de départ du tubercule
anatomique, encore contestée l'année dernière, devait rapidement rece
voir la consécration des faits. Pour l'établir d'une manière définitive, il
fallait réunir plusieurs ordres de preuves. La preuve étiologique nous
semble donnée par le cas de la malade que nous avons présentée à la
Société des hôpitaux, atteinte de tubercules anatomiques et d'une lym
phangite tuberculo - gommeuse contractés en soignant son mari phthisi
que ; et d'ailleurs, le fait de Tscherning, que l'on trouvera plus loin avec
le nôtre , met hors de doute la possibilité d'une inoculation tuberculeuse
chez l'homme. L'observation de Karg vient plaider dans le même sens :
elle a trait à un garçon d'amphithéâtre atteint de tubercule anatomique
et ultérieurement d'abcès lymphangitiques dont le caractère tuberculeux
est nettement confirmé par les résultats de l'examen histologique.
A ces faits démonstratit's devait s'ajouter la double épreuve de l'ana
tomie pathologique et de l'inoculation de contrôle. Cette dernière n'a
malheureusement pas été faite et c'est une lacune qu'il faudra combler.
Mais nous devons à G. Riehl la description anatomo - pathologique et
clinique complète d'une nouvelle forme de tuberculose de la peau, tuber
culose ne différant en rien du tubercule anatomique, ainsi qu'il résulte
des considérations qui terminent son travail . Ce mémoire qui sera pro
chainement complété semble démontrer d'une manière certaine la nature
tuberculeuse et bacillaire du tubercule anatomique.
Voici , par ordre chronologique, l'analyse détaillée des documents nou
veaux que nous venons d'annoncer aux lecteurs des Annales :
TUBERCULE AWATOMIQUE ET INOCULATION TUBERCULEUSE . 669
Les plus petites nodosités ont le volume d'un grain de mil ; elles siègent
dans l'hypoderme et sont mobiles sous la peau. On en sent un grand nombre
à la région externe de l'avant-bras, près du coude. A un degré plus avancé,
ces petits grains font corps avec la peau el forment une saillie appréciable
à la vue . A la face dorsale de la main et de l'avant-bras, ce sont de gros
tubercules, du volume d'un pois jusqu'à celui d'un noyau de cerise, les plus
petits durs , les plus grands ramollis à leur centre ; ils sont indolents , et la
peau , à leur niveau , est violacée et amincie.
A la face antérieure du coude, un de ces tubercules, devenu plus gros,
est mou et fluctuant, présentant tous les caractères d'une gomme cutanée.
Le pus de cette gomme a été examiné par M. Marfan, interne à l'hôpital
Saint-Louis : après plusieurs recherches infructueuses, il a nettement con
staté l'existence de deux bacilles de la tuberculose inclus dans des leucocytes.
Il s'agit donc d'une gomme tuberculeuse . Enfin plus haut, les noyaux tuber
culo -gommeux sont ulcérés et recouverts de croûtes.
Toutes ces nodosités sont réunies par des cordons durs, qu'on sent nette
ment au coude, et qui sont évidemment des vaisseaux lymphatiques chroni
quement enflammés. Enfin, on trouve dans l'aisselle, en årrière de sa paroi
antérieure, plusieurs ganglions durs, gros et d'ailleurs indolents.
La santé générale de la malade ne parait pas avoir subi d'altération no
table. Son affection semblerait donc être exclusivement externe et locale . Et
cependant, malgré l'absence de toux , d'hémoptysie, de sueurs nocturnes, en
dépit de la conservation des forces et de l'appétit, l'auscultation des sommets
des deux poumons révèle des signes incontestables d'infiltration tuberculeuse
au début, surtout à gauche. Le murmure vésiculaire s'entend très affaibli
dans les deux fosses sus- épineuses ; à gauche quelques crépitations fines
sont perçues quand on fait tousser la malade .
L'observation est encore incomplète; l'examen histologique d'un des noyaux
excisés, et le contrôle de l'inoculation viendront sans doute confirmer le dia
gnostic clinique . Je crois donc devoir réserver la discussion approfondie de
ce cas, et je me contenterai d'émettre en terminant les quelques conside
rations suivantes :
Par leur évolution et leurs caractères objectifs, les nodositės lymphangiti
ques de ma malade se rapprochent des gommes scrofuleuses hypodermiques
et leur nature tuberculeuse, ou mieux bacillaire, est démontrée par l'examen
1
mique, elle n'a pas encore été faite. Riehl et Paltauf l'ont réalisée une seule
fois sur un tubercule anatomique enlevé au D' Kolisko, assistant du pro
fesseur Kundrat; ils y ont retrouvé les follicules tuberculeux, les papil
lomes cornés, les cryptes, et enfin les bacilles et les coccus ; ceux-ci
cultivés ont été reconnus comme appartenant au staphylococcus aureus
et albus.
Au point do vue étiologique, il paraît très vraisemblable que cette
nouvelle forme de tuberculose est la conséquence d'une inoculation di
recte . Mais comment l'infection générale ne se fait -elle pas en pareil cas ?
Cela donne raison aux auteurs qui considèrent la peau comme un mau
vais terrain de culture pour le bacille , tandis que l'hypoderme lui est
favorable, comme le prouve le succès des inoculations sous-cutanées
chez les animaux .
Le pronostic de cette forme de tuberculose cutanée que Riehl propose
d'appeler tuberculose verruqueuse est en général bénin . L'infection gé
nérale ne paraît pas à craindre ; la guérison spontanée peut se produire,
bien qu'après un temps très long ; mais les récidives sont fréquentes.
Comme traitement, Riehl a eu recours à la macération faite à l'aide
d'un emplâtre de savon salicylé , puis au grattage avec la curette, suivi
d'un pansement à l'iodoforme. Il a obtenu ainsi des guérisons'complètes.
A l'avenir, il se propose de se servir du yalvanocautère ou du thermo
cautère pour mettre ses malades à l'abri des auto-inoculations .
L'important travail que nous venons d'analyser fixe avec une remar
quable netteté l'évolution et les caractères histologiques d'une forme de
tuberculose qui se confond avec notre tubercule anatomique. Mais il est
vraimentsurprenant que l'auteur ait pu en réunir quinze cas en dehors des
conditions où , en France du moins, nous l'observons habituellement.
L'étiologie spéciale qu'il donne, à savoir le contact d'animaux ou de
leur chair , tendrait à prouver que la tuberculose est très commune en
Allemagne chez les animaux domestiques. Mais il y a là une enquête
nouvelle à faire, et peut-être l'affection est-elle plus fréquente en France
que nous ne le pensons. Jusqu'à présent nous ne l'avons observée, pour
notre part, que chez les médecins, les garçons d'amphithéâtre, ou encore
des personnes soignant les malades . En ce moment niême, une seur
garde -malade est en traitement dans le service de M. le D'Ernest Besnier
pour un tubercule anatomique des mieux caractérisés.
Quant au pronostie absolument bénin qui découle des observations de
Riehl , n'y aurait- il pas là quelques réserves à faire ? Les cas cités plus
haut prouvent déjà la possibilité d'une infection de proche en proche
par les lymphatiques, et de là à l'infection générale il n'y a pas loin. Le
terrain doit ici jouer un rôle prédominant.
TUBERCULE ANATOMIQUE ET INOCULATION TUBERCULEUSE . 677
Une infirmière, de famille saine , éprouva , en donnant des soins à des phthi
siques, des douleurs dans le pouce droit qui finit par se tuméfier. Au bout
de quelque temps, la tuméfaction s'abcéda et s'ouvrit, laissant une plaie qui
ne put se cicatriser. Peu après les mêmes symptômes apparurent à l'index
droit et à l'annulaire gauche ; il se forma également sur ces deux doigts une
plaie sans tendance à la cicatrisation . Plus tard on constata une lumeur glan
dulaire dans l'aisselle droite . La malade avait de la fièvre .
Les plaies ayant été soumises au grattage avant que M. Holst eùt eu l'oc
casion de les examiner, il n'a pu y rechercher les hacilles tuberculeux; mais
dans les ganglions de l'aisselle qui furent extirpés, il a trouvé ces bacilles
en grand nombre ; ils se trouvaient répandus dans le tissu du ganglion nette
meni tuberculeux .
Après l'intervention chirurgicale, la malade alla mieux, mais il faut atten
dre encore quelque temps avant de porter un pronostic quelconque.
benzine et l'on obtient un oléate de cuivre pur et stable . Cet oléate n'offre
pas les inconvénients de celui qui est préparé suivant la formule de la
pharmacopée (oxyde de mercure 10 parties, acide oléique 90 parties) et
qui renferme une grande quantité d'acide libre ; il est en effet tout à fait
pur et l'on est sûr de n'appliquer sur la peau, quand on le prescrit , que
de l'oléate de cuivre. On l'incorpore pour cela à de la cosmoline.
Voici quelles sont les affections cutanées dans lesquelles le D- Le Sieur
Weir a expérimenté cet agent : Tinea tonsurans, Tinea circinata , Tinea
kerion , Eczéma marginatum (toutes affections causées, dit-il, par le
même parasite que le tricophyton tonsurans), Tinea sycosis ( causée, dit-il,
par le microsporon mentagrophytes), Tinea versicolor, Tinea favosa .
Nous ne nous arrêterons pas à discuter les opinions dermatologiques de
l'auteur ; cela nous entraînerait beaucoup trop loin. Contentons - nous
d'exposer sa pratique et les résultats obtenus.
Lorsqu'il s'agit d'une maladie parasitaire du cuir chevelu, il fait d'abord
couper les cheveux au ras de la peau partout où il y a une plaque ma
lade, au niveau de cette plaque et dans un rayon d'un pouce, souvent
même d'un pouce et demi tout autour. Il fait ensuite appliquer sur les
endroits malades de l'huile, de la cosmoline liquide, de la glycérine ou
bien un cataplasme de mie de pain et de lait pour faire tomber les squames
et les croûtes . Quand il y a une couche épaisse de crasse, il les fait aussi
laver avec du Castile -soap et de l'eau chaude. Ce n'est qu'après avoir
ainsi nettoyé les parties malades qu'il les fait frictionner doucement,
mais complètement avec une préparation d'oléate de cuivre d'une force
appropriée à la gravité du cas. Il faut que l'application soit faite avec le
plus grand soin afin d'obtenir une absorption aussi complète et aussi
rapide que possible . On répète ces onctions au moins deux fois par jour.
Il n'est pas nécessaire de faire des lavages des points ainsi traités, à
moins qu'il ne s'y accumule des croûtes ou d'autres produits épidermi
ques . Les préparations dont l'auteur se sert contiennent de un à six
drachmes d'oléate , pour une once d'excipient, c'est - à - dire de 387,88 à
2387, 28 d'oléate de cuivre, pour 3187, 103 d'excipient. Dans les cas les
plus bénins, il se sert de la dose la plus faible qui correspond environ à
un mélange à 12 0/0; dans les cas rebelles, il emploie la dose maxima
qui correspond environ à un mélange à 75 0/0 ou aux trois quarts. Il
n'est pas rare, dit l'auteur, de voir un changement se produire dès la
deuxième ou la troisième application , et, si le cas est bénin , la guérison
peut être obtenue au bout de sept à huit jours . Dans les cas sérieux elle
se fait attendre de dix jours à trois semaines ; il est fort rare de voir des
cas rebelles résister plus longtempts encore au traitement.
L'auteur a également fait incorporer de l'oléate de cuivre dans les
gélatines médicamenteuses, et il l'a expérimenté sous cette forme : il
REVUE DE DERMATOLOGIE . 685
croit en avoir retiré de bons effets ; mais ces essais n'ont pas été assez
répétés pour qu'il soit autorisé à conclure .
Les 500 cas dont il donne le relevé ont , dit-il , été vérifiés au point
de vue des récidives, de telle sorte qu'il peut affirmer l'authenticité des
guérisons. Parmi ces 500 cas, il y en a 84 provenant de sa clientèle per
sonnelle et 416 provenant de ce qu'il appelle sa pratique publique et qui
se décomposent ainsi : 228 cas dans trois institutions de charité, 41 cas
dans une école, 39 cas provenant de la clientèle d'autres médecins,
78 cas du dispensaire.
L'auteur analyse ensuite sa statistique et entre à cet égard dans les
détails les plus intéressants. Qu'il nous suffise de savoir que parmi ces
500 cas , il y a 7 cas de favus, 285 cas de teigne tondante vraie, 16 cas
de kerion , 136 cas de tinea circinata, 24 cas d'eczéma marginé, 24 cas
de sycosis et 8 cas de pityriasis versicolor.
Nous avons déjà dit plus haut quel était le procédé suivi par l'auteur
dans la teigne tondante ; il l'emploie aussi sans la moindre modification
dans le kerion et la tinea circinata ; cette dernière guérit d'ailleurs, dit
il , avec la plus grande facilité, ce qui ne nous surprend guère, puisque
nous obtenons en France des résultats rapides et complets avec plusieurs
topiques et en particulier avec la teinture d'iode. Dans l'eczéma mar
giné, l'auteur n'a eu besoin d'employer que les préparations les plus
faibles, du moins chez les hommes : car chez les femmes il a éprouvé
assez de difficulté pour arriver à guérir deux malades atteintes d'eczéma
de la partie supérieure des cuisses et d'une leucorrhée excessivement
abondante. Il a fallu traiter d'abord l'affection utérine pour arriver à
triompher de l'affection cutanée : encore une fois nons nous permettons
de faire observer que nous laissons de côté toute question de doctrine sur
la nature de cet eczéma marginé. Dans la tricophytie de la barbe, il a été
trois fois obligé de se servir des préparations les plus fortes, mais il a tou
jours obtenu la guérison et il considère son procédé comme de beaucoup
le plus efficace contre cette tenace affection . Il n'a eu besoin au contraire
que d'employer les préparations faibles pour amener une guérison rapide
du pityriasis versicolor, mais il reconnait n'avoir pas traité un assez
grand nombre de cas de cette dermatose pour pouvoir affirmer la supé
riorité de l'oléate de cuivre sur les autres topiques efficaces qui sont déjà
employés.
Les résultats obtenus ne semblent pas avoir été aussi merveilleux que
les précédents dans les cas de favus ; voici , en effet , ce qu'en dit Le Sieur
Weir. L'oléate de cuivre a dans les cas de favus , donné des résultats en
courageants . Cependant il faut reconnaître que la guérison est beaucoup
plus longue à obtenir par ce procédé que par les anciennes méthodes.
Les préparations les plus fortes ont été employées, et de temps en temps
686 REVUE DE DERMATOLOGIE .
Le Dr Morrow n'a pas réussi à guérir cette maladie avec une solution de
deux grains de sublimé dans une once de teinture de benjoin. Il emploie
surtout la chrysarobine dans le traitement de la teigne tondante . -· Le
De Piffard répond que la chrysarobine sans collodion ne lui a autrefois
donné aucun résultat convenable ; son usage offre d'ailleurs un inconvé
nient sérieux, c'est la facilité avec laquelle elle provoque des érysipèles
du cuir chevelu . L. B.
VI . – L'article que vient de publier le Dr Shoemaker sur le traite
ment des maladies cutanées causées par les végétaux parasites de l'homme
est excessivement long et échappe à toute analyse , étant lui-même le ré
>
viscéraux, sont connus depuis longtemps et ont été bien souvent réfutés.
Parmi les observations rapportées à la fin de ce travail , il en est plus
d'une dont la critique a souvent été faite et a montré que le rhumatisme
ne pouvait y être admis. De nouvelles observations, plus probantes et
plus nombreuses, sont donc nécessaires pour démontrer non pas la
fréquence du purpura chez des sujets plus ou moins entachés de rhuma
tisme, ce qui n'est pas contestable, mais la fréquence du purpura en
tant que manifestation rhumatismale véritable , ce qui est tout différent.
ESSAI SUR LA NATURE ET LA SYMPTOMATOLOGIE DE L’ÉRYTHEME POLYMORPHE,
par E. MARQUET (28 mars 1885 ).
Cette thèse, comme celle de M. de Molènes dont nous avons précé
demment rendu compte, est consacrée à l'exposition de la théorie infec
tieuse de l'érythème polymorphe. Saufune observation inédite, intéressante
d'ailleurs , elle ne renferme aucun argument nouveau à l'appui de l'opinion
soutenue par l'auteur.
ÉTUDE SUR L'HERPĖS GÉNITAL CHEZ L'HOMME ET CHEZ LA FEMME par H. PINTO
(7 juillet 1885) .
L'auteur s'est proposé d'étudier comparativement l'herpes genital dans
les deux sexes. Cette affection est à peu près également fréquente chez
l'homme et chez la femme. Chez l'homme, les éruptions confluentes sont
excessivenient rares , et le plus ordinairement on ne voit apparaître qu'un
très petit nombre de vésicules, tandis que chez la femme les éruptions
sont souvent abondantes et occupent quelquefois une grande étendue de
la zone génitale ; chez l'homme, l'herpès récidivant décrit avec tant de
soin par M. Doyon est très fréquent et l'herpès névralgique de M. Mauriac
n'est pas exceptionnel , tandis que ces deux variétés sont rares chez la
femme, qui est plus souvent atteinte d'herpès symptomatique, accom
pagné de phénomènes fébriles parfois assez prononcés, ou survenant au
moment des époques menstruelles .
ÉTUDES SUR LES PAPILLOMES SIMPLES, par E. Notin (29 juillet 1885).
Cette thèse, écrite sous l'inspiration de M. Balzer, constitue une mo
nographie assez complète sur une dermatose à peine signalée par les
auteurs.On doit entendre sous le nom de papillome simple une tumeur en
plaque peu saillante, généralement diffuse et mal circonscrite, supportée
par une zone inflammatoire, caractérisée cliniquement et anatomiquement
par une hypertrophie avec hyperplasie des papilles du derme et de la
couche épidermique. Le siège de prédilection du papillome est la face
dorsale de la main et des doigts, principalement au niveau des articu
lations. Il n'a aucune gravité par lui-même, mais constitue une lésion 2
Le Gérant : G. MASSos,
Paris . Société d'imprimerie PAUL DUPONT, ii, rue d . - d . -Rousseau (C1. 00.11.04
DANDYDV
HINRITE
DE
REGNE
DV ROY
NOM
CONSTINCT
SAIRCTCOVIS
LHOSPITAL
DE
BASTIMENT
MAGNIFIQUL CHAALONNOIS
CHASTILLON
PARC
TUOB
LAN
NAVARRL
PE
EL
DE
TRANCE
,ET
REMAROVARLE
IL
1
b/
22
AR
XVII
°S
-LIÈCLE
SAINT
L'HÔPITAL
AU
OUIS
CHANTILLON
)de
C.
l'estampe
(d'après
N° 18 . 23 Décembre 1985 ,
TRAVAUX ORIGINAUX .
MÉMOIRES .
L'année 1606, la peste, qui, depuis 1596, n'avait pas sévi sur les Pari
siens, fit de nouveau son apparition dans la capitale. La saison d'hiver
ayant été particulièrement pluvieuse et « maussade » , fut la cause
de nombreuses maladies. Mais ce ne fut qu'au commencement de l'été
que se montrèrent les premiers cas de peste : à la fin de juin , dit L'Es
toile, « il y avait jusques à cinquante maisons infectées de peste, » Dès
lors les cas se multiplient, et la ville offre encore une fois le spectacle
affligeant de l'épidémie. Deux ou trois officiers étant morts au logis qu’oc
cupait la reine Marguerite, la princesse , abandonnée de ses gentilshommes
et de ses gens, est obligée de se retirer à Issy .
La fuite , tel semble le meilleur remède à la contagion. Henri IV suivi
de la cour émigre à Fontainebleau ;; les préparatifs commencés à Notre
Dame pour le baptême du Dauphin ( 1 ) et de ses seurs sont abandonnés,
et les cérémonies ont lieu à Fontainebleau le 14 septembre.
Les administrateurs de l'Hôtel- Dieu eux -mêmes désertent un instant
leur poste : ils cessent de tenir leur séance au bureau de l'ħôtel-Dieu,
redoutant le trop proche voisinage des malades, et décident de se retirer
au logis de l'un d'entre eux , le sieur d'Aubray.
La panique gagnait tout le monde. Ne s'inspirant que trop du célèbre
exemple de Galien fuyant l'épidémie, le maître barbier de l'Hôtel - Dieu
avait déclaré « qu'il ne voulait ni n'entendait se mettre au hasard de
panser les malades de la contagion », ce que ses prédécesseurs avaient
toujours fait cependant, et préférait se retirer. Son successeur , on le
( 1) Louis XII était né le 27 septembre 1601 , il fut baptisé seulement six an
après sa naissance .
pense, fut vite trouvé, et , le 26 juillet, Jehan Bonnet fut reçu maitre
chirurgien de l'Hôtel-Dieu, « à la charge de panser, lui et ses gens, les
malades de quelque maladie que ce soit, même de contagion . » Il était
logé et nourri avec ses gens, moyennant 200 livres tournois de pages.
Vers la fin d'octobre, la maladie, qui avait diminué d'intensité, se
renouvela à la suite de la permission que donna M. le lieutenant civil
de faire les inventaires des personnes décédées ; le remuement de ces
hardes contaminées propagea de nouveaux germes. Cette recrudescence
dura peu, et le 17 novembre il n'y avait plus , à l'Hôtel-Dieu, suivant
l'état qui en fut dressé , que 50 malades de contagion , parmi lesquels
15 étaient prêts à sortir, 20 étaient quasi guéris, et, sur les 15 restants,
deux on trois seulement étaient en danger de mort. Cependant ceux qui
s'étaient réfugiés à la campagne hésitaient à rentrer , et l'ouverture du Par
lement, qui se faisait d'ordinaire huit jours après la Saint- Martin , « fut
différée à la huitaine, à cause du peu de monde qui estoit revenu et même
de ceux du Palais; chacun aiant voulu prendre l'air des champs, ce qui
causa un grand bien à Paris pour la maladie ( 1). »
Et pourtant cette épidémie avait été en réalité moins meurtrière que
la plupart de ses devancières : mais les esprits avaient été frappés, et de
celle terreur salutaire naquirent des mesures prophylactiques aux
quelles l'hôpital Saint-Louis doit son origine.
Jusqu'alors les pestiférés avaient été soignés à l'Hôtel -Dieu : d'abord
mélangés aux autres malades, puis dans des salles séparées et destinées
à cet usage. Telle fut la salle du Légat, construite en 1535 par Antoine
Duprat,chancelier et depuis cardinal et legat en France. Mais, outre que
ces salles devenaient rapidement insuffisantes à cause du grand nombre
des malades et de l'accroissement de la ville , il y avait un danger
imminent à entasser ainsi au milieu de la ville les contagieux, qui, venus
des quatre coins de la capitale, pouvaient contaminer les quartiers qu'ils
traversaient.
Déjà en 1596, tant le nombre des malades avait été grand , on avait
isolé quelques contagieux dans une maison du faubourg Saint -Marcel
située rue des Vignes (actuellement la rue Ralaud ou continuation de la
rue du Pot-de - Fer au delà de la rue Lhomond). On songea à reprendre et
à développer ce premier essai. Les Administrateurs de l'Hôtel- Dieu en
conférèrent avec le premier président du Parlement, Achille de Harlay :
on en parla au roi, et tout de suite le projet fut mis à exécution .
On visita, toujours au faubourg Saint-Marcel, une vieille maison
hospitalière, fondée, dit-on , par Marguerite de Provence, femine de Saint
(1 ) Mémoires de l'Estoile.
HISTOIRE DE LA FONDATION DE L'HÔPITAL SAINT- LOUIS . 699
sur le chantier et son attirail. On était bien forcé d'accepter son désis
tement.
De nouvelles affiches furent alors apposées aux mêmes endroits que
les premières, annonçant une nouvelle adjudication le 12 septembre. Le
dernier prix proposé ce jour -là fut de 11 livres 15 sols la toise . L'ad
judication fut remise ; elle eut lieu enfin le 15 septembre, et pour le
prix de 11 livres la toise . Les nouveaux entrepreneurs étaient Perceval
Noblet, son frère Louis Noblet, Sébastien Jacquet ou Jaguet et Antoine
Desnots.
Après avoir fourni la caution préalable, les adjudicataires s'enga
yèrent solidairement à faire les ouvrages contenus au devis et à les
avoir terminés le dernier jour de décembre de l'an 1610 ou plus tôt si
faire se peut ; leur contrat fut passé le 20 octobre 1607.
Au moment où les nouveaux entrepreneurs reprenaient les travaux
il y avait déjà d'édifié, suivant l'estimation qui en fut faite ( 10 et 11 sep
tembre 1607) , les fondations des murs de la chapelle, des murs de la
cour de la chapelle, des pavillons des jardiniers et du mur de clôture
de ce côté .
Dès lors , les travaux furent poussés activement ; d'ailleurs l'argent ne
manquait pas aux entrepreneurs, qui recevaient en moyenne 8,000 à
10,000 livres par mois en payements espacés suivant les besoins. Pour
les vidanges de terre on employait des pauvres valides à qui on donnait
la nourriture et quelque argent.
Des accidents arrivés pendant les mois de décembre 1607 et janvier
1608, et dus à la gelée, forcèrent à recommencer en partie les murs déjà
élevés .
Au commencement de mars 1608 on posait déjà les fondations des
murs des salles ; en même temps , les autres corps de métier s'ajoutent
aux maçons. Le contrat avec les maîtres charpentiers Antoine Le
Redde et Jean Desfossés est du 5 décembre 1607 ; puis c'est le menui
sier maître Jean le Pas, le vitrier Michel Noël, le plombier Henry de la
Rue , le serrurier Jean Brotonne, etc.
7
neurs s'occupent à régulariser les actes de vente des terrains sur les
quels on a construit l'hôpital.
Il serait fastidieux de relater en détail chacun de ces contrats : on
en trouvera , d'ailleurs , le résumé aux pièces justificatives. L'argent
dépensé pour l'achat des terrains s'éleva , suivant l'état général de la
dépense, à la somme de 6,746 livres tournois . La superficie des terres
achetées équivalait environ à 27 ou 28 arpents. Dans ce compte , les
terres achetées aux religieux de Saint-Lazare figuraient à elles seules
pour huit arpents et demi. Il faut se rappeler que l'hôpital comprenail
alors seulement les parties situées dans l'enceinte limitée à ses quatre
angles par de petits pavillons bas à pignons pointus dont trois subsis
tent encore aujourd'hui ( 1 ) et permettent de reconstituer cet ensemble.
La chapelle à l'Ouest, le Pavillon Royal à l'Est, marquaient les deux points
extrêmes de l'hôpital.
Mais, tandis que, du côté de l'Ouest, le mur d'enceinte avait un
trajet rectiligne et , venant s'adosser de chaque côté au chevet de la
chapelle, laissait celle-ci presque tout entière en dehors de l'enceinte
et facilement accessible au public, du côté de l'Est, le mur décrivait
une courbe, figurant une sorte de demi-cercle, dans lequel était compris
une partie du Pavillon Royal, l'autre partie faisant directement façade
sur la campagne, du côté de la Courtille.
Celte disposition , dont il est encore facile de retrouver les traces sur
les lieux mêmes, est celle qui est figurée sur le plan visé par Sully ;
sur ce plan , un demi- cintre, semblable à celui du Pavillon Royal, est
indiqué du côté de la chapelle et forme à celle-ci une avant- cour : il
n'a pas été exécuté. On comprendra facilement ces détails en jetant un
coup d'oeil sur l'estampe si curieuse de Claude Chastillon, dont nous
donnons une reproduction réduite .
Dans le courant des années 1613 et 1614 , on s'occupa de régler les
>
OBSERVATION I.
dit -elle , il y a une dixaine de jours, et qui se trouve étre un chancre érosif
reposant sur une induration très étendue. OEdėme dur de toute la pelite lèvre
gauche, adenopathie bi- inguinale multiple ; rien à la peau .
26 février. Cicatrisation du chancre et persistance d'une forte induration .
31 mars. Accouchement à lerme.
L'enfant, pelit et débile , nait avec une syphilide érythémateuse, érythémato
9
0..., Jean , 58 ans, conducteur de voitures, s'est marié une première fois,
il y a 36 ans ; quatre enfants bien portants sont nés de ce mariage.
Veuf au bout de 15 ans, 0... contracte en 1869 un chancre induré suivi
d'accidents constitutionnels graves, en particulier d'accidents tertiaires pour
lesquels il entre à l'hôpital le 23 septembre 1884 : syphilides tuberculeuses
et tuberculo -ulcéreuses du cuir chevelu, du nez, de la face, suivies dans le
cours d'un traitement spécifique énergique de nombreuses syphilides tuber
culo - croûteuses du dos ; on constate de plus à l'entrée du malade de nom
breuses cicatrices caractéristiques d'accidents spécifiques antérieurs.
Notons en passant que la syphilis, fouettée par l'alcool , s'est montrée
rebelle au traitement, qui fut brusquement interrompu, puis repris : le malade
finit par guérir.
Quatre ans après avoir contracté la syphilis, 0... se remarie : 3 enfants ;
sa femme a de plus fait une perte il y a huit mois.
De ces trois enfants , l'un est mort à quatorze mois environ, d'une maladie
indéterminée ; le second , âgé aujourd'hui de 7 ans , présente un crâne nati
forme, quelques légères cicatrices des fesses, pas de lésions de la cornée ni
des dents ; son intelligence est excessivement bornée ; le troisième, une fille
de 5 ans, ne parle pas et se trouve dans un état complet d'idiotie.
La mère ne semble pas avoir eu d'accidents spécifiques, mais de temps à
autre elle est sujette à de la céphalalgie, particulièrement le soir.
Les observations ci-dessus montrent que la syphilis à manifestations
cérébrales chez l'enfant peut affecter les caractères de certaines lésions
analogues à celles de l'adulte et développées au niveau des régions
motrices, amenant ainsi de l'épilepsie jacksonnienne (observation 1 ) ;
cependant, dans cette curieuse observation , le petit sujet n'a pas eu de
paralysie après ses nombreuses attaques ; il a présenté un état comateur
très analogue à celui de l'épilepsie essentielle, quoique l'attaque con
vulsive ait été presque exclusivement unilatérale.
Notre observation II, insuffisante comme renseignement, prouve
cependant quelle similitude clinique il peut y avoir entre les symptômes
de la syphilis cérébrale de l'enfant et certaines méningites et méningo
encéphalites d'origines diverses ; elle montre de plus avec quelle rapidité
peuvent évoluer les lésions spécifiques des centres nerveux , tandis que
CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DE LA SYPHILIS CÉRÉBRALE CHEZ L'ENFANT. 713
Le phagédénisme est à coup sûr une des complications les plus tenaces,
les plus rebelles , et souvent les plus graves des maladies vénériennes.
La multiplicité des traitements employés pour combattre le phagéde
nisme indique assez combien ce mal est souvent au - dessus des res
sources de l'art .
C'est ainsi qu'on a préconisé tour à tour le camphre, l'iodoforme, le
tartrate ferrico - potassique, l'acide pyrogallique, le nitrate d'argent, la
balnéation continue, le cautère actuel , le jus de citron, l'opium , etc.
Quand j'ai été chargé, il y a cinq ans, de la clinique complémentaire
des maladies syphilitiques, j'ai trouvé dans mon service deux malades
atteints de syphilides ulcéreuses serpigineuses anciennes, qui avaient été
traités sans succès par la médication interne et par des topiques locaux
variés. Je soignais à ce moment plusieurs lupus de la face par la méthode
du raclage; j'appliquai la même méthode de traitement aux syphilides,
et avec plein succès.
P ..., 26 ans, fille publique, est entrée au service en 1879 , pour une syphi
lide serpigineuse des deux fesses, qui a envahi successivement les deux
régions fessières.
Il existe deux plaies ulcéreuses, à bords festonnés, de l'étendue de deux
assiettes environ , qui se confondent au niveau de la région anale. Tous les
trailements ayant echoué, je me décide, au mois de janvier 1881 , à chloro
former la malade, et je racle les deux ulcérations avec une curette de
Volthmann ; la plaie est ensuite lavée avec de l'eau phéniquée et pansée avec
du coion . Au bout de 6 jours, le pansement au colon est remplacé par un
pansement au sublimé (compresses trempées dans une solution de liqueur de
Van Swieten , mitigée et recouverte d'un taffetas imperméable.
Au bout de 6 semaines, la cicatrisation était presque complète ; je me
( 1) Ce mémoire a été communiqué au Congrès pour l'avancement des sciences
de Grenoble.
TRAITEMENT DU CHANCRE PHAGÉDÉNIQUE. 715
Obs. II. -
prépuce, pansé avec la même poudre, avait complètement guéri. X... sortait
malgré sa plaie, allait à l'hôpital, au café, et se pansait lui-même, plus ou
moins soigneusement. Aussi, au bout d'une dizaine de jours, la plaie prenait
elle un aspect phagédénique, à fond gris sale , à bords épaissis, violacés,
déchiquetés et décollés; elle gaguait rapidement en periphérie. Le malade,
très insouciant de sa nature, continue le même genre de vie .
Dans les premiers jours d'avril, douleur vive dans l'aine droite, avec cha
leur et rougeur. On constate l'existence d'un bubon chancreux qui est incise
au bout d'une quinzaine de jours et donne isstie à une grande quantile
du pus. Pansement à l'iodoforme.
Les bords de la plaie', décollés dans une assez grande étendue, se sphacé
lent rapidement et constituent bientôt une plaie irrégulière de 8 à 18 centi
mètres de long dans la direction du pli de l'aine, et de 4 à 5 centimetres de
haut, très profonde et anfr tueuse . Les bords sont épais, a'dématiés, vio
lacés, déchiquetés, et se détruisent progressivement. Sécrétion purulente,
abondante .
Le phagédénisme gagne peu à peu toute l'étendue du pli de l’aine depuis
deux centimètres environ de l'épine iliaque antéro -supérieur, jusque ver's
l'insertion du scrotum . lleureusement la plaie ne s'étend pas dans le sens de
la profondeur.
Pendant ce temps, le chancre d'inoculation continue aussi à s'étendre sur
la face antérieure de la cuisse, et atteint, au mois de juillet, une surface de
12 à 15 centimètres de diamètre ; il reste aussi superficiel. Suppuration très
abondante .
X ... se pansait toujours lui-même à l'iodoforme, plus ou moins régulière
ment. Il continuait à vivre comme d'habitude; sortait, se promenait en boi
lant, passait des après -diners au café . Les pansements étant plus ou moins bien
appliqués, glissaient souvent, et , chose àà prévoir et à craindre, il s'inocula
un nouveau chancre sur la face interne et supérieure de la cuisse droite, au
mois du juin . Ce nouvel ulcère s'étendit rapidement en profondeur et en
superficie, et atteignit, en peu de temps, la surface d'une pièce de 5 francs,
sur une profondeur de 1 à 2 centimètres, avec tous les caractères des deux
autres plaies.
Voyant que l'iodoforme n'amenait aucun résultat, X ... employa successive
ment une solution étendue de nitrate d'argent, puis de l'acide pyrogallique.
Il n'en résulla aucune amélioration.
Son état général souffrit peu à peu de cette suppuration, qui devenait de
plus en plus abondante ; le jeune homme devenait påle, et maigrissail à vue
d'oeil.
Août 1883. Sur mes conseils, X... va , du 2 au 26 aoul, faire un séjour à
Schintznach , où il prit une série de bains sulfureux chauds à 45 degrés. Ses
ulcères ne changèrent guère d'aspect ; ils restérent à peu près stationnaires.
Néanmoins, vers la fin de la saison , la plaie de la face antérieure de la cuisse
commença à se cicatriser à sa partie inférieure sur une hauteur de 1 à 2 cen
timètres.
Septembre.Pendantlemois de septembre, \ ... , rentré dans sa famille , con
tinua à prendre tous les jours un bain chaud de 10 degrés environ . Pansement
l'iodoforme. Peu de changement ; aucune tendance vers la cicatrisation.
Quelques petites poussées phagédéniques à la partie supérieure de la plaie
inguinale et en différents points de la plaie crurale.
Octobre. Pansement au nitrate d'argent ( 2 0,0) deux fois par jour. La plaie
TRAITEMENT DU CHANCRE PHAGÉDÉNIQUE. 717
de bonne nature, le fond est rempli d'un tissu uni , rosé , edématié, se dé
ruisant à la moindre pression, ne saignant pas . Néanmoins les bords ont
bon aspect, et vers la troisième semaine des trainées épidermiques, parlant
de ces bords, font espérer une prompte cicatrisation. Un pont de tissu cica
triciel coupe bientôt cette plaie en deux. La moitié externe continue à bien
aller, tandis que la moitié interne ne tarde pas à reprendre une marche en
vahissante ; les bourgeons charnus se détruisent, les fonds de la plaie de
viennent gris, les bords s'ædématient et se détruisent progressivement, et
la plaie augmente assez rapidement d'étendue, détruisant une partie du
tissu de cicatrice formé dans son voisinage .
La plaie de la partie interne et supérieure de la cuisse a sensiblement la
même marche : état stationnaire au début ; quelques points où la cicatrisation
semble vouloir se faire, et, au bout de trois semaines environ , destruction des
bourgeons charnus remplacés par des fongosités chancreuses qui détruisent
tout ce qu'avait gagné la cicatrisation .
Il en est de même pour la plaie en fer à cheval de la partie antérieure de
la cuisse . Quelques points se cicatrisèrent très vite , et la plaie fut bien!ot
coupée en plusieurs endroits par des ponts de tissu de cicatrice , allant d'un
bord à l'autre d'une des branches du fer à cheval . Mais les deux extrémités
du fer à cheval reprirent bientôt leur marche envahissante, avec tous les
caractères d'un chancre phagédénique ( suppuration abondante, fond de la
plaie gris-sale, fongonsités cedémateuses et sans vitalité ; bords épais, vio
lacés , déchiquetés, décollés) .
Néanmoins les deux petites plaies du centre du fer à cheval se cicatrisèrent
totalement.
Pansement quotidien à l'iodoforme, après lavage soigneux à l'acide phé
nique.
Traitement tonique et reconstituant.
Iodure de potassium , un gramme par jour.
Repos absolu .
Décembre. Pendant le mois de décembre, la cicatrisation fait peu de pro
grès. Tous les trois ou quatre jours, pour stimuler les bourgeons charnus
et détruire les fongosités, qui tendent à reprendre du terrain, on fait des
cauterisations au crayon mitigé.
Mais X ... , au lieu de garder le repos, se lève chaque jour et va se pro
mener.
Vers la fin de décembre, non seulement la cicatrisation s'était arrêtée,
mais plusieurs points des plaies avaient repris une marche phagédenique
envahissante . Plusieurs points cicatrisés furent ainsi détruits à nouveau .
En janvier et en février, l'état reste à peu près le même, mais les plaies
s'agrandissent à la périphérie, les bords se décollent.
L'état général est assez bon ; mais X ... perd patience, sort et marche
souvent beaucoup. Pendant les mois de mars, avril et mai , il se produit peu
de changement. On essaye, sans succès, l'opium à l'intérieur. Le jus de citron ,
employé pendant quelques jours, provoque de telles douleurs qu'il faut y
renoncer .
J ... , ouvrier italien , âgé de 29 ans, d'une constitution robuste , est atteint
depuis trois semaines de chancres simples du sillon balono-préputial. Il entre
dans mon service au mois de février 1882. Un élève du service pratique, sans
mon autorisation, une inoculation à la lancette à la partie antérieure et
moyenne de la cuisse gauche . Résultat positif au bout de 3 jours. Cautérisa
tion du chancre d'inoculation avec le caustique carbo - sulfurique. Cette cautė
risation n'est ni assez étendue ni assez profonde. Le chancre se développe et
se transforme bientôt en une plaie à peu près circulaire, sanieuse, à bords
décollés, de l'étendue de la paume de la main .
Les chancres du prépuce se cicatrisent sur les entrefaites.
L'ulcération phagėdénique de la cuisse est traitée successivement, sans
720 PAUL SPILLMANN .
sécrétant une matière inoculable, matière qui sera mise en contact avec
une plaie quelconque, si minime qu'elle soit , du sujet sain (1 ) .
Il en résulte qu'un lépreux semble ne pas être toujours un foyer
d'infection, puisqu'il peut fort bien ne pas avoir sur le corps de lésions
inoculables, et, d'autre part, qu'une personne susceptible de prendre la
lepre n'est pas toujours dans les conditions voulues pour la contracter ;
car il faut qu'elle présente une plaie quelconque sur les téguments, plaie
all contact de laquelle sera mise la matière virulente lépreuse.
Ce court aperçu du mode suivant lequel se transmet, selon toute
prohabilité, la lèpre de l'individu: malade à l'individu sain nous donne
l'explication de beaucoup de ces cas prétendus négatifs , que l'on ne cesse
de publier, de fort bonne foi d'ailleurs, sans trop se rendre compte des
données véritables du problème à résoudre.
Mais tous ces faits sous la masse desquels on essaye d'accabler les
contagionnistes sont-ils tous réellement aussi négatifs qu'on veut bien le
dire , même en laissant de côté l'objection que nous venons de leur
faire ? Nullement, et à cet égard ils mériteraient d'être soumis à une
sérieuse critique. Je ne puis accomplir ici un travail aussi colossal ;
je me contenterai d'examiner rapidement les principaux arguments qui
ont été apportés à la tribune de l'Académie dans la dernière discus
sion . Nous nous servirons surtout pour cela du rapport si instructif de
M. le Dr Constantin Paul (2) sur un mémoire des plus remarquables de
M. le Dr Zambaco.
Or, que nous disent MM . Constantin Paul, Zambaco et Dujardin
Beaumetz à propos de cette fameuse lepre d'Orient , qui ne peut pas
s'éteindre ? Ils nous disent que les lépreux peuvent errer en liberté dans
les rues de Constantinople, qu'ils vivent dans des taudis ignobles, dans
la plus honteuse promiscuité, qu'ils ont des relations avec les personnes
saines, qu'ils ont les jambes et les bras nus, et, chose remarquable !
que c'est presque toujours sur les parties découvertes que débute la
maladie ; ils signalent des éruptions de gale , de prurigo , d'eczéma ,
d'acné rosacée, des scrofulides, comme assez souvent préexistantes aux
manifestations lépreuses, et ils déclarent (Zambaco) que, malgré toutes
leurs recherches les plus minutieuses, ils n'ont pu trouver d’antécédents
héréditaires que dans le quatorzièmedes cas . Donc, sur 14 lépreux en Orient,
13 fois la lèpre serait acquise. Ne serait-il pas logique d'invoquer l'histoire
( 1 ) Il est bien cntendu que nous ne voulons pas du tout nier ici la contagion
vraie de la lepre ; c'est une question à réserver ; nous voulons dire seulement
que le mode suivant lequel la lepre so propage do l'homme malado à l'homme
sain semble être l’inoculation d'upris les auteurs , les plus autorisés.
(2, Rapport sur un mémoire de M. le Dr Zambaco , intitulé : De la lèpre
observée à Constantinople, au nom d'une commission composée de MM . Cornil et
Constantin Paul, rapporteur (Séance du 28 juillet 1885).
7 26 4. BROCQ ,
acquise 13 fois sur 14 cas, et il déclare ensuite que tout prouve , à Cons
tantinople, que la lèpre n'est pas inoculable, qu'on n'y a jamais observé
de faits de contagion ? Qu'en sait -il ? Peut-il dire si les malheureux chez
lesquels la lèpre se manifeste de novo n'ont pas été , il y a š ans, il y a
10 ans, en rapport avec un de ces lépreux qui vaguent librement par la
ville ? C'est que malheureusement les diverses circonstances sur les
quelles je viens d'insister nous le donnent fort à penser. On oublie trop
facilement combien est longue la période d'incubation de la lépre.
Heureusement nous avons vu que M. le Dr Zambaco, guidé par l'exemple
si probant de la Norvège, va présider à l'installation, en Orient, d'une
léproserie-modèle ; nous ne pouvons qu'applaudir à cette mesure radi
cale , seul traitement efficace que nous connaissions en réalité de la
lepre, et nous espérons qu'en faisant ainsi de la bonne prophylaxie,
M. le Dr Zambaco prendra une grande part à l'extinction progressive de
cette maladie en Orient.
Il est également un autre fait prétendu négatifsur lequel on a insisté et
que notre ami M. le professeur Leloir ( 1 ) vient de relater. Un médecin
se serait inoculé la lèpre et l'aurait inoculée sans résultat positif à vingi
personnes . « Quel est, écrivait M. le Dr Besnier en 1881 (2 ), le médecin
a qui oserait aujourd'hui s'inoculer la lèpre ? » Le médecin anonyme
dont parle M. Leloir dépasse en hardiesse en 1889 tout ce que pouvait
supposer M. Besnier en 1881. Il paraît qu'il n'y aurait pas eu de résultat
positif : mais est - on bien sûr de l'insuccès de cette expérience ? Quand,
où, comment ont été faites les inoculations ? C'est ce qu'il est indispeli
sable de savoir ; c'est ce que nous ignorons complètement, et il ne faut
pas oublier que l'incubation de la lepre est des plus longues, de plusieurs
années au moins. Nous ne pouvons donc encore tirer aucune conclusion
de ces faits, que leurs auteurs n'ont pas encore jugé à propos de publier :
mais on viendrait nous dire , après avoir observé pendant 15 ou 20 ans
les sujets inoculés, qu'ils sont complètement indemnes, que ce ne serait
là encore une fois que vingt faits négatifs, prouvant ce que nous disions
(1) 11. Leloir, Rapport sur la lèpre en Norvège (Semaine médicale , 24 juin 185.).
(2) E. BESNIER , Là lèpre est-elle contagicuse ? (Gaz . hebd . , 20 février 1880, p . 116 ;
E. BESNIER et DoYon, Trad . de Kaposi ( Leçons sur les maladies de la peau, i. II,
p . 312, note 2) .
LA LÈPRE DOIT -ELLE ÊTRE CONSIDÉRÉE COMME CONTAGIEUSE ? 727
tout à l'heure, ce que nous savons bien, que la lèpre n'est pas fatale
ment inoculable à tout le monde, mais ne pouvant en rien infirmer nos
faits positifs.
Ce qui précède n'a pas été écrit ces jours derniers après la récente
discussion de l'Académie de médecine, niais en 1878.
Nous n'y ajouterons qu'un seul mot : que quelqu'un essaye de recueil
lir à Paris, s'il le peut, tous les faits négatifs de contagion de l'érysi
pèle , maladie que l'on cultive et que l'on inocule à l'heure actuelle
couramment en Suisse, et l'on verra si pour un fait de contagion bien
observé on n'a pas des milliers de faits négatifs . Or, qui pourrait songer
à comparer la facilité de constatation de la contagion de l'érysipele,
maladie aiguë à incubation courte et des plus fréquentes, avec les diffi
cultés d'observation que présente la lèpre, maladie en somme assez rare,
et à incubation des plus longues ?
celle qui a été dirigée par MM. Tilbury Fox et T. Farquhar en 1872 :
« Tous conclurent formellement à la négative , » dit M. Constantin Paul .
Je suis désolé d'être obligé ici de rectifier un fait ; mais voici ce que
nous lisons dans l'ouvrage de Tilbury Fox sur les maladies de la peau ,
édition de 1873, article LÈPRE, page 321 : « Les causes de la propagation de
« la lèpre sont au nombre de trois principales : 1° le mariage entre des
« lépreux , ou avec des lépreux ; 2º l'hérédité ; 3º l'inoculation et la
« cohabitation . » Développant ensuite chacun de ces points, le célèbre
dermatologiste anglais cite en faveur de son opinion plusieurs des argu
ments que nous avons rappelés dans cet article, et en particulier l'épidé
mie des îles Sandwich . Au lieu d'être un anticontagionniste, Tilbury Fox
en 1873 , c'est-à - dire après son enquête des Indes, est donc un conta
gionniste des plus convaincus.
Le Dr Mac Namara , du Bengale, qui voyait 3,000 cas de lèpre par an ,
croit qu'elle est contagieuse et rapporte des cas qui le prouvent.
2. En Scandinavie même, le foyer de l'opinion de la non - transmissi
bilité de la lepre , nous voyons le D' Hansen , médecin de la léproserie
de Bergen, déclarer qu'il croit que la lèpre est inoculable, et Eklund ( 1 )
publier un important mémoire où il la déclare contagieuse et où il
réclame l'isolement rigoureux des malades.
On ne peut donc soutenir que tous les médecins des pays contaminés
soient anticontagionistes.
Aux Hawaii, la grande majorité des médecins, je dirais tous , si nous
n'avions pas eu entre les mains le rapport du Dr Gibson, déclarent qu'elle
est inoculable et contagieuse. Parmi les auteurs récents qui professent
hautement la même opinion , citons les Drs Fox et Graham (2) , Piffard (3),
Farquharson (4) , Pasquier (5) , Oykas (6), Lob (7) , Friedel (8) , Wolff (de
Madère) (9) , Wucherer (du Brésil) (10 ), Manson (11 ) , Lortet (12) , etc...
Neisser, lui-même, déclare que la lèpre est probablement une maladie
infectieuse à produits spécifiques contagieux , et Köbner ( 13) déclare
(1) Étude sur la lepre (Annales de dermatologie et de syphiligraphie , 1882,
p. 220 ). Nous ne saurions trop recommander de lire cet excellent travail .
(2) Leprosy in New- Brunswick (Canada med. and Surg. Journal, octobre 1883)
(3) Leprosy in the United States (Journal of cutaneous and venereal diseases ,
1883, p. 289) .
(4) Mémoire lu au congrès annuel de Des Moines dans l'État d'Iowa.
(5) Cité par Cavasse, médecin de la marine ( Thèse de Paris, 1881 : La lèpre
dans les Antilles et le Levant).
(6) Oykas, médecin de l'établissement de Batavia ( cité par Cavasse).
(7 ) Lob, médecin de Hong - Kong (cité par White ).
( 8 ) FRIEDEL, médecin en Chine (Ibid. ) .
(9 et 10) Ibid .
( 11) Rapport publié à Shanghaï, 1881 (Ibid .) . ·
( 12) Lèpre luberculeuse en Syrie ( Lyon médical, 6 janv. 1884).
(13) Virchow's Archiv (Bd . 88).
ANNALES DE DERMAT ., 24 SERIE . VI . 48
730 L , BROCQ .
dans les coupes aucune autre espèce de champignon et surtout pas un seul bacille.
On obtint les mêmes résultats sur des préparations faites par les memes
procédés de coloration avec des squamos épidermiques des parties malades
prises récemment sur le corps et plongées ensuite dans l'alcool absolu . Dans
ces dernières préparations, le coccus forme des colonies épaisses dans les la
melles cornées et entre ces lamelles et traverse les cellules épidermiques qui
adhérent encore à la surface inférieure des squames.
Les cultures du micrococcus observé par Hochsinger ont été faites
par le Dr Schiff. En voici le résumé succinct :
Avec une parcelle de tissu fongueux du cuir chevelu et des squames re
cueillies sur le tronc, il a toujours obtenu un micrococcus absolument identique
à celui découvert par Hochsinger dans les mêmes tissus. Les cultures ont été
faites sur la gélatine de Koch et sur des pommes de terre stérilisées. Les
cultures sur la gélatine présentaient au début un aspect blanc grisâtre et ne
prenaient qu'au bout de quelque temps une teinte jaune orange, tandis que
les cultures sur les pommes de terre étaient de prime abord jaune orange. Une
inoculation faite avec un fragment de cette culture à un chat dont on avait
préalablement fait tomber les poils avec une pâte épilatoire sur une grande
partie du dos a donné les résultats suivants : le quatrième jour après l'ino
culation, on constatait déjà au niveau du point inoculé une intiltration carac
téristique et recouverte d'une couche épaisse de squames . L'examen micros
copique de cotte squame fit reconnaitre exactement la présence du mème
micrococcus que Hochsinger avait trouvé dans les squames de la malade .
Les méthodes de culture qui ont été employées dans ce cas sont exactement
les mêmes que celles dont se sert Koch,
Quant au traitement employé chez cette malade, il a surtout consis
té en un régime aussi fortifiant que possible , et en reconstituants : fer,
boissons alcooliques , etc.; localement, dans l'emploi de moyens protec
teurs, désinfectants, et dans l'abstention de toutes les applications irri
tantes sur la peau . Les tumeurs fongueuses du cuir chevelu furent pansées
avec la poudre d'iodoforme et la gaze iodoformée. La sensibilité de cer
taines parties des plaies en prolifération , notamment des bords, était si
grande, que le plus léger contact pour nettoyer les plaies ou enlever les
restes des médicaments donnait lieu à de vives douleurs, malgré l'emploi
d'injections sous -cutanées de morphine à haute dose . Pour réprimer
les végétations, on eut recours aux caustiques usuels (nitrate d'argent,
potasse caustique, sublimé en solution 1 /5000® comme pansement, à
dose plus élevée comme caustique ). Mais les granulations,malgré tous les
traitements employés persistaient toujours, sans toutefois augmenter de
volume ; cependant nulle part aucune tendance à la cicatrisation , mais,
au contraire, les ulcérations gagnaient en étendue. Malgré les médi
cations les plus variées, cette malade succomba le 9 novembre dernier
dans la clinique d'Auspitz.
Dans un prochain numéro , nous donnerons la fin de l'histoire clinique
de cette malade, les circonstances de sa mort et les résultats macros
copiques et microscopiques de la nécropsie. A. DOYON .
REVUE DE DERMATOLOGIE . 735
porteurs de contagion .
Il parait que l'organisme, une fois devenu syphilitique, conserve
longtemps ce caractère et est en état de le communiquer à d'autres
organismes, de l'infecter, et de le transmettre à sa propre progéniture.
Il résulte des faits observés par l'auteur que, 3 à 7 mois après la
cessation du traitement, on trouve toujours des cellules d'exsudat dans
la peau et ses annexes . A. DOYON .
REVUE DE SYPHILIGRAPHIE . 741
cer , etc. , laissait déposer un sérum clair, tandis que , dans les mêmes
conditions, le sérum du sang des syphilitiques est rose, c'est-à-dire co
loré par l'hémoglobine. P. M.
chard , etc. ).
Rappelons que l'épilepsie, soit généralisée, soit partielle, est une des
lésions contre lesquelles le traitement d'assaut (frictions et iodure à
haute dose) réussit le mieux et le plus vite . C'est ainsi que Fournier et
Charcot ont guéri rapidement et définitivement plus d'un malade, un
notamment en quelques semaines, dont l'épilepsie jacksonnienne résis
tait depuis plus d'une année aux classiqnes a deux cuillerées de sirop de
Gibert » . Le pronostic n'est donc pas aussi sombre que le pense Bar
bier quand le traitement intervient à temps.
DE L'HÉMIPLÉGIE FACIALE DANS LA PÉRIODE SECONDAIRE DE LA SYPHILIS, par
F. DARGAUD ( Thèse de Paris, 1885) .
L'auteur rapporte le cas d'une jeune syphilitique qui , presque au début
de la période secondaire, présenta une déviation complète de la face du
côté droit et tous les signes caractéristiques de la paralysie du nerf de
la 7e paire (Service de Dieulafoy).
Le traitement mixte fut institué et la guérison fut obtenue au bout de
22 jours .
A propos de ce fait, Dargaud se livre à une analyse de 18 cas ana
logues disséminés dans les divers traités ou journaux. Sur ces 18 hémi
752 REVUE DE SYPHILIGRAPHIE .
du gland , et par suite des adèmes durs et des vices de conformation les
plus étranges et les plus fàcheux.
Mauriac dit que cette gangrène éteint instantanément toute trace de
spécificité au point que s'il existait un bubon simple, celui- ci ne devient
jamais chancreux consécutivement.
L'auteur conclut, avec Horteloup, à la nécessité de faire sur la partie
dorsale du prépuce une incision capable de mettre le gland à nu , soit
avec le thermo- cautère, soit avec le bistouri , puisque l'observation mon
tre que jamais les tissus sectionnés ne s'inoculent .
Notons toutefois avec Fournier et Diday que, gràce aux irrigations anti
septiques faites souvent sous le prépuce, on empêchera à peu près com
plètement les cas de gangrène. Ici , comme en tout, le triomphe est à la
prophylaxie. D' BARTHÉLEMY.
REVUE DE VÉNÉOROLOGIE.
très nombreux, très abondants, qui lui semblent être les micro -orga
nismes spécifiques de cette affection .
On les colore facilement en laissant séjourner 5 minutes une lamelle
préparée avec le pus dans un bain de fuchsine composé de 2 parties
d'eau distillée suffisamment chaude (de 50 à 60°) et d'une partie de solu
tion alcoolique concentrée de fuchsine. On lave ensuite avec de l'alcool
faible,7 on sèche à la lampe, et on lute dans le baume de Canada.
Ces bacilles se voient dans l'intérieur ou autour des cellules et des
globules purulents ; ils détruisent le noyau et le protoplasma, et appa
raissent le plus souvent par groupes fort pressés , quelquefois isolés.
Ce sont de petits bâtonnets droits , longe de 1/2 à 1 millième de milli
mètre, mesurant en épaisseur 2 dix -millièmes de millimètre.
L'auteur insiste avec raison sur l'importance de cette donnée, au point
de vue de la pathogénie et du diagnostic de la balanite. Il faut désormais
renoncer à toute assimilation entre cette maladie et la blennorrhagie ; à
tout rapprochement même, car on ne saurait trouver de parenté entre le
gonococcus de Neisser et le bacillus qui devra porter le nom de Mannino.
Voilà qui tranche une question inutilement débattue jusqu'ici . L'opinion
jadis soutenue par Diday reste seule debout . Enfin , dans beaucoup de cas
douteux, on pourra recourir à l'examen microscopique du secretum ;
un coup d'ạil rapide suffit pour cette constation , à laquelle l'auteur doit
déjà d'avoir pu redresser plusieurs erreurs de diagnostic.
Un point mérite cependant quelque lumière. Quel rapport existe-t
il entre le présent bacille et celui du smegma preputialis décrit par Al
varez et Javel ? JULLIEN .
Dos MÉMOIRES ORIGINAUX, des Travaux publiés sous le titre de : RECU EIL
DE FAITS et de REVUES GÉNÉRALES OU CRITIQUES.
Pagos .
203
Alvarez et Cornil . Sur les micro -organismes du rhinosclérome
Balzer et Feulard. Nouveau cas de dégénérescence colloïde de la
peau 342
Barthélemy. Sur les auto-inoculations du chancre syphilitique . 200
Besnier (Ernest) . Le lupus et son traitement. . 1
Besnier (Ernest). Contribution à l'étude des myomes cutanés 321
Besnier ( Ernest) et A. Doyon . Analyse annotée du mémoire de Cas
pary sur le prurigo 289
Broca (H. ). Cas de panaris analgésique. . 282
Brocq. La lèpre doit-elle être considérée comme une affection conta
gieuse ? 650 et 721
Chambard. Le zona xanthomateux et le xanthome d'origine nerveuse . 348
Chambard. Psoriasis vaccinal. Signification pathologique de cette
éruption .. 498
Charpentier . Syphilis cérébrale simulant une paralysie générale . 158
Charpy . De la fragilité des os chez les syphilitiques . 269
Cornil. ( Voyez Alvarez.)
Declercq et Masson. Contribution à l'étude de la syphilis cérébrale
chez l'enfant. Sur trois cas de syphilis béréditaire à manifestations
cérébrales 708
Diday . Du bubon chancrelleux . 17
Doyon ( A. ) . ( Voyez Ernest Besnier. )
Favier. Observation de fistule lymphatique 346
Feulard (Henri). Observation d'urticaire pigmentée. . 155
Feulard (Henri). Histoire de la fondation de l'hôpital Saint-Louis 697
Feulard ( Henri). (Voyez Balzer.)
Fournier (Alfred ). Influence de la syphilis sur la mortalité infantile . 296
Gangolphe. De l'ostéo -arthrite syphilitique tertiaire . 449
Gaudichier. Deux observations pour servir à l'étude de la loi de
Colles 90
Gaudichier. Phthisie syphilitique. Guérison . 152
766 TABLE PAR NOMS D'AUTEURS .
Pages.
Gémy. Sur la virulence du bubon chancreux 475
Hardy (A. ) . Documents pour servir à l'histoire de l'hôpital Saint
Louis au commencement de ce siècle . Alibert, Biett, Lugol , Manry ,
Emery 629
Hermet. Syphilis héréditaire dans ses manifestations sur l'appareil
auditif . 149
Heulz. Syphilides tuberculeuses sèches, circinées, survenues 40 ans
après l'infection . 503
Horand. De la syphilide acnéique du nez . 385
11
Horteloup. (P. ). De la virulence des bubons .
Josias. Étude expérimentale et clinique sur le naphtol B , à propos du
traitement de la gale . 257
Kaposi. La lymphodermie pernicieuse 400
Pages.
Thibierge (Georges). Des relations des dermatoses avec les affections
des reins et l'albuminurie . . . 424 et 511
Tissier. Syphilis héréditaire. Lesions du foie et de la rate ; ostéo
malacie . 207
Trousseau. Iritis hérédo -syphilitique chez une enfant de 6 mois
• . 415
A с
P J
Marquet , 694 .
Q
Martin (H. ) , 164.
Massaloux -Lammonerie , 42.
Masson , 708, Quéhéry, 690 .
Mathieu , 98 , 168 . Quos , 224.
Mayet , 609.
Ménétrier , 421 R
Méplain , 219 .
Merklen , 667 . Raoult , 505 .
Morel , 124 . Reinhard , 37 .
Morel-Lavallée , 508 . Renaut (I.) , 565.
Murri , 741 . Riehl ( G.) , 25 , 34 , 667 .
Rioblanc , 117.
N Robinson , 235 .
Rocco de Luca , 54, 111 , 184, 366 , 760,
761 .
Neisser, 182 .
Romalo , 754 .
Neumann , 111 , 374, 557 , 558, 737.
Rossbach , 251 .
Nevins Hyde , 611 .
Notin , 696 .
S
0
Sallé , 46 .
Obersteiner, 25 .
Schumacher II , 371 .
Schuman-Leclerq , 413 .
Ollivier, 171 .
Schutz , 548 .
Shattack, 553.
P. Shepherd , 553.
Shoemaker , 683 .
Pascalis , 47 . Spillmann, 471 , 496 , 714 .
Pellizzari , 101 , 537 . Stoddard , 246 .
Perret, 545. Stocquart, 21 .
Petitjean , 757. Straus , 9 .
Pick, 23 , 602 .
Pinto , 695 . T
Pitres, 314.
Pivaudran, 46 ,
Podratzki, 104 . Taylor, 112 , 683 .
Tavel , 624 .
Pontoppidan , 193 . Tereira d'Assumpçao, 693 ,
Portalier , 647.
Pospelow , 77 , 133 .
Thibierge , 65,* 424 , 511 .
Thin (G.) , 178 .
Potain , 447 .
Profeta , 561 . Tissier, 207 .
Troisier, 173 .
Trousseau , 415 .
Tscherning, 667.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES AUTEURS. 771
U W
N
Vidal , 599 .
Voigt, 183. Zeissl , 273, 328 .
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES DU TOME SIXIÈME
1885
Pages .
Acné iodique . (Voyez iodique . )
Aìnhum (Cas d' ), par A Duhring .. 176
Albuminurie (Relations des dermatoses avec l'), par G. Thibierge , 424 et 511
Antipyrinique (Exanthème), par A. Cabn O 102
Pagos .
Bubon chancreux (Sur la virulonce du) par I. Straus . 9
Bubons ( De la virulence des) par P. Horteloup . 11
Bubon chancrelleux (Du) par P. Diday 17
Bubon chancreux (Sur la virulence du) par Gémy. . 475
Bubon qui accompagne le chancre mou (Sur la virulence du) par Lau
rent Mannino... 486
Bulleuse (Fièvre exanthématique) par P. Spillmann . 471
Cannes (Maladie des). Dermatose des ouvriers cannissiers, par Gerbaud . 676
Carcinome inopérable du sein (Inoculation de l'érysipèle dans un cas
de) , par Janicke . 108
Carcinome et lupus . (Voyez lupus. )
Chancre indure . ( Voyez syphilis .)
Chancres mous sous- préputiaux ( Balano-posthite gangreneuse consé
cutive aux), par Petitjean . 757
Chancre mou (Le bacille du) , par Primo Ferrari . 759
Chancre simple (La chaleur et lo) , par Lormand . 120
Chancre mou. (Voyez bubon. )
Cheveux (Cas de changement périodique de la couleur des) , par Rein
hard ... 37
Cheveux. ( Voyez Poil.)
Chorée (Manifestations cutanées de la) chez les enfants, par A. Ollivier. 171
Cicatrice. ( Voyez épithélioma . )
Cocaïne ( La ) dans la thérapeutique des maladies vénériennes et de la
peau , par Bono . . 255
Cocaïne . (Voyez Prurit .)
Colloide (Nouveau cas de dégénérescence ) de la peau , par Balzer et
Feulard . 342
Pages .
Dermatoses du gland, par A. Weyl . . 313
Dermatose des cannissiers, par Gerbaud 678
Dermite professionnelle. Eczéma des fileurs et varouleurs de lin, par
Henri Leloir . . 129
Diabétides gangreneuses ( Contribution à l'étude des), par A.
Quehéry . . 690
Dystrophie de la peau (Cas rare d'une), par Alexis Pospelow . . 77 et 133
Dystrophies . (Voyez nerfs. (Altérations des).
Pagos .
Fibromatose cutanée ulcéreuse mycotique, par Pio Foa . 309
Fibrome molluscum (Aberrations morphologiques du), par Lere
fait . .. 692
Fistule lympathique , par Favier. 346
Furonculeuse (Traitement rationnel de l'affection ), par Gingeot . 368
Pages .
Kéloïde (Recherches sur la), par J. Hutchinson . 671
Lèpre (Observations sur la topographie des bacilles de la) dans les tis
sus . par V , Babes 93
Lépreuse ( Infiltration) de l'épiglotte, par G, Thin . 179
Lèpre (La) dans la Minnesota de 1869 à 1883, par Ch . Grönwold . . .
246
Lèpre tuberculeuse ( Cas de) observé dans la Minnesota , par Stoddard 246
Lépre indigène ( Cas de), par W. H. Geddings 246
Lėpre (Études comparatives sur la) on Italie, par Henri Leloir .. 639
Lèpre (La) est-elle une affection contagieuse, par L. Brocq. 650 et 721
Leucoplasie buccale (Traitement de la), par le galvano-cautère, par
Flechter -Ingels ...
. 735
Leucoplasie buccale ( Traitement de la) , par Joseph 735
Lichen plan (Lésions de la muqueuse buccale dans le) , par G. Thi
bierge 65
Lupus (Le) et son traitement, par Ernest Besnier
Lupus (Traitement du) , par Pick. . . 23
Lupus (Contribution au traitement du) , par S. Kohn 23
Lupus (Le) devant l'Académie de médecine d'Irlande . 224
Lupus (Méningite luberculeuse consécutive au) ; bacilles de la tubercu
lose dans le sang, par Doutrelepont 224
Lupus de Willan (Traitement du) , par Quos . 224
224
Lupas ( Traitement du), par l'arsenic, par Lesser
Lupus et carcinome , par Schutz . . 518
Lupus erythemateux (Cas de guérison du), par J. Hutchinson . . 224
Lupus érythémateux (Du) et de son extension aux mains , par Nevins
Hyde. . . . 611
Lustgarten (Recherches sur le bacille de), par Alvarez et Tavel . 624
Pagos .
Molluscum pendulum ( Étude clinique sur le), par Barry . . 691
Molluscum (Fibrome) . (Voyez Fibrome).
Morphée . ( Voyez Sclérodermie).
Mycosis fongoïde (Étude sur le ), par Vidal et Brocq . 599
Mycosis fongoïde ( Voyez Fibromatose , Lymphodermie, Granulome).
321
Myomes cntanés (Contribution à l'étude des) , par Ernesi Besnier .
Pages .
Peau (Transformation sénile de la ) chez un jeune homme de 18 ans ,
par Rossbach . .. 251
Pemphigus épidémique (Contribution à l'étude du), par Colrat. 172
Purpura infectieux ( Trois cas de) chez l'enfant, par 0. Guelliol . 168
Purpura au début d'une myelopathie aigui à marche ascendante, par
H. Barth ... 168
Purpura el syphilis , par H. Hartmann 168
Pages,
Sarcomo de la peau et du tissu cellulaire périmalléolaire, par
Shepherd . .. 553
Sclérodermic (De la) et en particulier des sclérodermics en plaques
ou morphées, par E. Maritoux. . 694
Scrofule . (Voyez tubercule et tuberculose)
Strumcux (Éléphantiasis ). (Voyez éléphantiasis ).
SYPHILIS .
HISTOIRE ET DOCTRINES .
ÉTIOLOGIE . -
PATHOGÉNIE . ANATOMIE PATHOLOGIQUE ,
CHANCRE .
Paqes .
Leucoderme syphilitique, par Neisser. 182
De la fragilité des os chez les syphilitiques, par Cliarpy . 269
Influence de la syphilis sur la mortalité infantile, par A. Fournier . 296
Les accidents parasyphilitiques, à propos d'un cas de rhumatisme in
fectieux parasyphilitique, par J. Renaut . 565
A propos du rôle de l'hyperthermie dans la syphilis, par Portalier. 647
Des principaux facteurs de gravité de la syphilis, par Bourdin . 743
Opérations chirurgicales chez les syphilitiques, par Jannot 715
Syphilide pigmentaire chez l'homme, par Romalo . . 754
SYPHILIS HÉRÈDITAIRE.
Syphilis héréditaire tardive (Manifestations oculaires de la ) , par
Massaloux -Lammonerie 42
Iritis hérédo -syphilitique chez une enfant de 6 mois, par Trousseau 415
Syphilis héréditaire dans ses manifestations sur l'appareil auditif, par
Hermet 149
Syphilis héréditaire. Lésions du foie et de la rate. Osteomalacio , par
Tissier . 207
190
Paralysie infantile due à la syphilis héréditaire, par Rocco de Luca .
TRAITEMENT .