Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
"
magazine
"
Homard et Miso à la tomate
de Mory Sacko
#325
DEC
2020
DÉCEMBRE 2020
Le magazine de la gastronomie
CARNET DE RECETTES
C.Coutanceau
& B.Godillon
L 13681 - 325 - 9,90 €
Édito
C
e numéro de décembre n’est pas un numéro comme les autres. Nous ter-
minons une année que nous n’imaginions pas aussi difficile. Un premier
confinement en mars, un second en novembre et des fêtes de fin d’année
incertaines à l’heure où nous bouclons. Néanmoins, ce numéro de décembre
célèbre les un an de notre nouvelle formule. Une année déjà.
Une année durant laquelle nous nous sommes attachés à faire perdurer l’esprit de
votre magazine, à vous offrir à chaque numéro le meilleur reflet de notre gastronomie.
À mettre en avant des chefs de cœur et de conviction, des femmes et des hommes qui
s’appliquent au quotidien à donner le meilleur d’eux-mêmes, et qui acceptent toujours
chaleureusement de partager avec vous leurs recettes. Celles qui inspirent vos dîners
entre amis et ces longs dimanches attablés en famille qu’il nous tarde enfin de retrouver.
Impossible de passer ce mois de décembre sans évoquer les bûches. Notre sélection, loin
d’être exhaustive, reflète un millésime 2020 qui prouve une fois encore toute la créa-
tivité de nos plus grands pâtissiers. Et que serait Noël sans chocolats et confiseries ?
Dans ces pages, vous découvrirez les secrets des caramels, pâtes de fruits et bonbons de
chocolat de Jacques Genin, insatiable créateur, désormais accompagné de sa fille Jade.
Ce numéro de fêtes fait escale à La Rochelle où nous avons rencontré Christopher
Coutanceau, cuisinier-pêcheur engagé, triplement étoilé depuis le mois de janvier,
mais également à Paris, dans le 14e arrondissement, où le jeune Mory Sacko, ex-candi-
dat de « Top Chef » a eu l’audace d’ouvrir Mosuké, son premier établissement, en pleine
crise sanitaire.
Nous sommes également très fiers, pour clore cette année, de donner la parole à Alain
Ducasse. Il a accepté pour Thuriès Magazine de revenir sur ses vingt dernières années
de carrière. Depuis 2002, date de son dernier album, il n’a eu de cesse d’entreprendre,
et surtout de faire vivre notre gastronomie, en France et à travers le monde.
Enfin, honneur aux femmes, avec Christelle Brua, première femme à prendre la place
de cheffe pâtissière à l’Élysée. Nous lui consacrons le dernier album du Pâtissier de
l’année.
Difficile à l’heure où le magazine s’imprime de savoir à quelle
sauce nous mangerons la dinde à Noël. Néanmoins, gardons
espoir, restons solidaires et passons les meilleures fêtes
possibles dans ces temps incertains. Nous vous le disions le
mois dernier, la table reste un excellent moyen d’évasion.
À l’année prochaine.
Anne LUZIN
4 SOMM A IR E
22
© PIERREMONETTA
6
36
Sommaire
6 L’ALBUM DU CHEF 50 À LA TABLE DE 88 LA PÂTISSERIE DE
Alain Ducasse Takao Takano Jacques Génin
Restaurant Takao Takano à Lyon Fondeur en chocolat à Paris
16 INFOS
62 OUVERTURE AVEC
98 LE CÉDRAT
20 LA BÛCHE DE NOËL Mory Sacko
par Ludovic Puissochet
Mosuke à Paris
22 CARNET DE RECETTES SALÉES
Christopher Coutanceau 74 VOYAGE À TRAVERS 106 NOS ADRESSES
Restaurant Christopher Coutanceau LE VIGNOBLE FRANÇAIS
à La Rochelle Balade dans les vignes 110 CÔTÉ LIVRES
En Anjou
36 CARNET DE RECETTES SUCRÉES 114 CARNET D’ADRESSES
Benoît Godillon
Restaurant Christopher Coutanceau
78 L’ALBUM DU PÂTISSIER
à La Rochelle Christelle Brua
Cheffe pâtissière du Palais de l’Élysée
50
62
78
SOMM A IR E
© STEPH A NE DE BOURGIES
88
5
6 L’A LBUM DU CHEF A L A I N DUC A SSE
L’ ALBUM DU CHEF
Alain Ducasse
© PIERREMONETTA
A
lain Ducasse est aujourd’hui l’étendard
de la cuisine française à travers le monde.
Le chef se définit comme un passeur, un
directeur artistique. Cette conception lui
a permis d’ouvrir des dizaines de restaurants, en
décelant à chaque fois le chef qui définirait le mieux
sa cuisine. En pleine crise, le chef multi-étoilé reste
optimiste et plus entrepreneur que jamais. Retour
sur un parcours qui suscite l’admiration.
L’A LBUM DU CHEF A L A I N DUC A SSE 7
© A.CLOPET
à l’artisanat que s’intéresse cet insatiable curieux. Celui qui s’est
aussi imposé comme le chef de file d’une gastronomie en perma-
nente évolution, valorise la cuisine française à travers le monde,
créant au passage des opérations comme Goût de France. Si cet
hyperactif ne cesse de vouloir apprendre et découvrir ce qu’il ne
connaît pas encore, il se définit avant tout comme un passeur. À ses
yeux, la transmission est un pilier. « Je prends, je donne, je forme,
je fais grandir, avoue-t-il dès le début de notre échange. Je ne veux
rien garder pour moi. » Il ne cesse par conséquent de répéter à ses
collaborateurs : « Prenez tout, de cette manière je suis obligé de
recréer. »
© PIERREMONETTA
que je ferai demain, pas de ce que j’ai fait hier. Je suis un directeur
artistique.
Comment l’illustrez-vous ?
Quand j’imagine « Naturalité », j’appelle Romain Meder pour
la concrétiser. Il était chef de mon restaurant IDAM à Doha, et
lorsqu’il est arrivé à mon bureau, je lui ai dit tu vas me rejoindre
pour faire la Naturalité. Il ne comprenait pas alors de quoi je voulais
parler et me répond qu’il n’a jamais travaillé dans un trois étoiles.
Et c’est pour cette raison que je l’ai choisi. Car il s’agissait de ne
prendre aucun code habituel d’un trois étoiles pour faire un trois
étoiles. Je savais qu’il pouvait y arriver, je lui ai simplement décrit
le chemin à emprunter.
Comment naît Ducasse Éducation ? Ces dernières années, vous avez aussi créé de nombreux événe-
La volonté de transmettre a toujours été très présente dans ma car- ments, à commencer par Food de France en 2003
rière. L’ouverture du centre de formation d’Argenteuil en 1999 Fort du constat que les journalistes sont souvent plus efficaces à
était dans la droite ligne de cette volonté. Elle a pu se concrétiser l’intérieur du périphérique, j’ai invité de jeunes chefs de province
grâce à la passion de plusieurs de mes collaborateurs dont Patrick de moins de 40 ans, installés ou récemment installés, peu ou pas
Ogheard qui fut le premier chef exécutif de l’école. Nous avons connus, pour qu’ils présentent leur cuisine aux journalistes. Parmi
démarré ainsi et inaugurons en cette fin d’année de nouveaux eux, il y avait Alexandre Gauthier (la Grenouillère), David Zuddas
locaux de 5050 m2 à Meudon, désigné par le cabinet Arte Char- à Dijon, Éric Guérin (La Mare aux Oiseaux), 42 chefs au total.
pentier. Et nous avons aussi, pour les amateurs éclairés, l’école
Ducasse-Paris Studio dans le 16e arrondissement de la capitale. Votre volonté à travers cet événement ?
De présenter la cuisine française, sa diversité et ses talents. La
Et vous êtes désormais associé à Sommet Éducation… presse répétait que la France ne tenait plus son rang. J’ai voulu
Pour développer une école de cette dimension, il faut un réseau prouver que la cuisine française était diverse, variée, talentueuse et
mondial. Et c’est pour cela que Sommet Éducation a racheté que la nouvelle génération était là. Parmi eux aujourd’hui, figurent
51 % d’École Ducasse. Le groupe nous apporte ainsi son réseau des deux et trois étoiles. J’ai réalisé cette opération durant 3 ans
de commercialisation. Parce qu’il s’agit bien de commercialisation. en France puis j’ai poursuivi dans mon restaurant Benoît Tokyo
D’ici à 5 ans nous essaimerons dans le monde des milliers d’élèves à Aoyama, au Japon. J’y ai invité 43 chefs, en finançant les billets
formés chez nous. Et c’est un rôle d’influence important, qui va au- d’avion et en les dédommageant de leurs faux frais. Je le dis parce
delà de l’économie propre de l’enseignement, et au-delà même de que je ne veux pas qu’on pense que j’ai exploité ou tiré profit de
la cuisine française. quiconque.
L’A LBUM DU CHEF A L A I N DUC A SSE 9
© PHILIPPE PETIT
Dans les événements d’envergure, vous avez également initié
Good de France
Goût de France est né de cette idée du rayonnement de la cui-
sine française au moment où on parlait d’une certaine perte
d’influence. Un jour, j’ai parlé à Laurent Fabius de mon projet d’or-
ganiser des dîners à la française partout dans le monde le 21 mars.
Il m’a dit « je vous supporte si vous vous occupez de tout ». Ce que
j’ai fait, sans rien demander à personne et surtout pas d’argent. J’ai
trouvé des partenaires et nous avons organisé pour la première édi-
tion le 21 mars 2015 un grand dîner à Versailles où étaient invités
de nombreux ambassadeurs, dont, pour certains, les pays étaient
en guerre. Car la gastronomie est au-dessus de cela, elle réunit 3
tout le monde à table le temps d’un repas. Comme aime à le dire
Guy Savoy, c’est l’endroit le plus civilisé de la planète. La table
En 2011, vous participez à la création du Collège Culinaire de
est le meilleur endroit de commensalité interplanétaire. C’est
France, comment démarre cette aventure ?
un événement annuel que j’ai packagé et cédé au bout de quatre
Un jour j’ai dit à Joël Robuchon « il faut qu’on fasse quelque chose
ans pour un euro symbolique au gouvernement. J’ai dit au
tous les deux pour la cuisine, pour rassembler des hommes et
Quai d’Orsay je vous le donne, je n’ai pas la vocation à porter les
des femmes dont c’est la passion mais en dehors des grades et
choses indéfiniment.
des étoiles, quelque chose qui serve la profession ». Et Joël m’a
répondu, oui, mais on ne peut pas le faire sans aller voir Paul. Nous
En 2006, vous remportez la concession de la tour Eiffel, c’était
avons donc rendu visite à Paul Bocuse, qui a trouvé l’idée excel-
une fierté pour vous ?
lente, et nous a suggéré d’y associer Pierre Troisgros et Michel
Je suis très content de l’avoir fait durant 10 ans… Mais je savais
Guérard. Paul fut donc le président d’honneur, Joël et moi les co-
bien qu’après 10 ans à la tour Eiffel, les convoitises et les niveaux
présidents puis nous avons coopté des confrères. Aujourd’hui, le
de redevance allaient augmenter. J’ai un peu anticipé avec Ducasse
Collège Culinaire compte 2800 membres : 1000 producteurs arti-
sur Seine, une embarcation élécytrique de 40 x 10 m, d’une capa-
sans incluant des vignerons et des brasseurs et 1800 restaurants.
cité de 100 passagers, car au moment de sa réalisation, je me suis
Nous ne sommes certes pas parfaits mais nous sommes indépen-
dit qu’on ne pouvait pas concevoir un bateau équipé d’une motori-
dants et libres de nos choix.
sation thermique, bruyante et polluante. Je suis désormais au pied
de la tour Eiffel, sur le plus beau bateau électrique du monde, et je
Quel est l’objectif du Collège ?
suis ravi. Et très content de ne pas être à la Tour Eiffel car les taux
Fédérer les bons esprits d’artisans, de producteurs, de vignerons
de redevance sont trop élevés pour qu’économiquement ce soit
qui ont la même démarche de qualité, d’indépendance, en dehors
intéressant.
des pouvoirs politiques et des groupes agroalimentaires.
© PIERREMONETTA
de Versailles
Nous sommes au premier étage de l’aile gauche du château de
Versailles, au sein du Pavillon Dufour, avec vue sur la cour royale.
Nous l’avons entièrement réaménagée, notamment pour y créer
des cuisines. Le premier dîner officiel du Président Macron s’y est
déroulé. Il recevait Vladimir Poutine. Aujourd’hui c’est Ore pour
le déjeuner et le soir, Ducasse au Château de Versailles où s’orga-
nisent de grands dîners sur privatisation.
© PIERREMONETTA
Il y a 4 ou 5 ans, Gilles De Maistre (le réalisateur, ndlr) prend ren-
dez-vous et me dit qu’il veut faire un film sur moi. Je lui ai dit non.
Je commence toujours par dire non, c’est une règle de base qui nous
laisse le temps de voir. Il a insisté, s’est fait recommander, et m’a
même persuadé d’accepter une invitation à déjeuner avec Jérôme
Seydoux, le co-président de Pathé. J’ai fini par accepter et ensuite il
m’a suivi durant 18 mois. Ça aurait pu continuer mais à un moment
donné il faut arrêter. Et pourtant j’aurais bien aimé l’amener au Laos
pour le chocolat, sur les bords du Mékong, et au Panama, quand je
démarre le café où je suis allé déjeuner dans une plantation.
Oui, c’est notamment pour cette raison que j’ai fait entrer le
fonds d’investissement Mirabaud Patrimoine Vivant au capital de
Ducasse Paris. L’objectif est de tripler la taille des manufactures au
cours des cinq prochaines années.
L’A LBUM DU CHEF A L A I N DUC A SSE 11
1. Salle Louis XV
2. Brigade Louis XV en octobre 2020 à Monaco
© PIERREMONETTA
1
© C.L A RIT
La cuisine vous anime moins ? On a l’impression que vous en
avez fait un peu le tour…
Je ne vais pas vous dire combien j’ai de restaurants, mais je pense
que sur ce point on peut faire une pause. Même si là on vient d’ouvrir
3 restaurants à Kyoto : un bistro et un all-day-dining dans un ryo-
kan, et un restaurant de haute gastronomie. Et les choses bougent.
Chez Allard, j’ai invité Alexia Duchêne pour une résidence éphé-
mère, en lui donnant carte blanche. Côté édition aussi on parle de
cuisine, nous venons de sortir Le Grand Livre de la Naturalité, et
avec Jessica Préalpato, nous avons publié la Desseralité.
Vos loisirs ?
Voyager. Si je n’avais pas été cuisinier, j’aurais été voyageur ou
architecte. Je suis aussi un chineur addictif. Dans tous mes res-
taurants, il y a des collections. Chez Ore, il y a des collections, 2
à Kyoto on peut manger avec des pièces françaises de plus de
100 ans ; beaucoup de Lalique, de Baccarat, de Puiforcat. On a
poussé très haut le degré de sophistication des arts de la table. On
parle de haute couture, là c’est de la très haute couture.
Alain Ducasse
t a uran ts
34 r e s
e M o n de
sl
2000
er
av
à tr
c o l la borateurs
dans le m
o n de
100
livres de cuisine publiés
POUR LES SAUCISSES DE HOMARD Plonger les homards 2 secondes dans l’eau bouillante pour
• 50 g de corail et crémeux de homard les étourdir. Séparer les pinces des têtes, puis la queue.
• 100 g de crème liquide Enlever le boyau, le corail de la queue puis la piquer pour
• 100 g de pain de mie imbibé de fumet de homard qu’elle reste droite.
• 200 g de homard frais Congeler la queue de homard, puis la décongeler et la
• 30 g de beurre pommade décortiquer. Placer 3 minutes au sel puis faire sécher la
• 1 œuf queue au-dessus de la braise et la marquer sur le barbecue
• 15 g de sauce homardine à l’envoi.
En chauffante, blanchir les pinces avec les coudes durant
Mélanger l’ensemble des ingrédients dans le bol d’un 3 minutes puis décortiquer, nettoyer
robot muni de la lame. Incorporer le beurre pommade et conserver.
puis passer au tamis et embosser. Cuire en chauffante à
60°C maximum. À l’envoi, retirer les boyaux, puis griller FINITION
et fumer les saucisses au barbecue. • 10 g de poudre de peaux de pommes de terre brûlées
• 50 g de pousses de maceron
POUR LE JUS • 5 g d’œufs de homard séchés
• 280 g de jus de pommes de terre • 1 homard séché
• 100 g de homard déshydraté
• 50 g de mélange de kuzu DRESSAGE
(100 g d’eau et 50 g de poudre de kuzu) Sur l’assiette, dresser les pommes de mer et les saucisses.
• 10 feuilles de cardamome verte Déposer les pousses de maceron, la poudre de peaux de
• 3 citrons jaunes pommes de terre, les œufs de homard séchés.
• 3 piments frais Râper le homard séché.
Tailler le homard en médaillons, dresser sur l’assiette
Passer les pommes de terre à l’extracteur puis décanter avec les pinces et les coudes réchauffés dans le beurre de
le jus et l’infuser 30 minutes avec le homard déshydraté. homard.
À l’envoi, lier avec le mélange kuzu et ajouter les feuilles
de cardamome, les zestes de citron et les piments taillés en
brunoise très fine.
Utiliser une partie pour le laquage des pommes de terre,
acidifier le reste et utiliser pour le jus.
16 I NFOS
INFOS
BONSCHOCOLATIERS.COM,
SITE DES CHOCOLATIERS ARTISANAUX FRANÇAIS
PHILIPPE REISER
NOUVEAU DIRECTEUR GÉNÉRAL DE CULTURES SUCRE
Philippe Reiser, ingénieur agroalimentaire, succède à Bertrand du Cray, au poste de directeur
général de Cultures Sucre (ex-Cedus). Arrivée en 1991, le nouveau directeur a d’abord dirigé le
pôle scientifique où il a piloté les études et la communication sur le sucre et sa consommation,
et créé le département « Technologie » en charge de la veille et de la documentation sur le
procédé sucrier et les utilisations du sucre. Structure associative créée en 1932, Cultures Sucre
a pour objectif de soutenir les planteurs de betterave, les fabricants de sucre, et d’encourager
une consommation raisonnée de sucre sans excès ni privation en donnant des informations sur
le sucre dans un cadre éthique et explicitement défini dans trois domaines : l’information sur
la filière et ses engagements, la valorisation du sucre au quotidien ou dans la gastronomie par
le biais du Championnat de France du Dessert, et sur la place du sucre dans une alimentation
équilibrée en accord avec les recommandations officielles.
La 7e édition du World Pastry Stars (WPS), congrès international de la confiserie dédié aux
professionnels de la pâtisserie, s’est déroulée le 26 octobre dernier, en visioconférence, depuis
Milan. Pour la première fois en raison du Covid, et malgré les décalages horaires, l’événement a
connecté les plus grands pâtissiers de la planète. En plus des différentes conférences qui se sont
tenues, un jury, représenté par des journalistes indépendants, a élu, à l’unanimité, le pâtissier-
chocolatier belge Pierre Marcolini comme Meilleur Pâtissier du monde. Ce prix récompense
la valorisation, par un professionnel, du métier de pâtissier chocolatier, par sa créativité, ses
produits, ses valeurs commerciales et d’entreprise, ainsi que pour son engagement dans la
formation et la transmission des connaissances. Le chocolatier belge, déjà sacré champion du
monde de pâtisserie en 1995 et champion d’Europe de pâtisserie Roma en 2000, reçoit cette
nouvelle distinction, l’année où il célèbre les 25 ans de sa Maison.
I NFOS 17
INFOS
NESTOR FAIT VOYAGER LES PAPILLES
Depuis le début du second confinement, QR code affiché dans la box livrée. Au menu de la
Nestor, site de livraison de plateaux-repas, première semaine de voyage culinaire : filet de saumon
propose de découvrir des saveurs venues à l’uruguayenne et noix de pécan ; curry de falafels,
d’ailleurs sans bouger de chez soi. Chaque courges & edamame ; potiron et chèvre au four sur
semaine la start-up sollicite un chef cuisinier quinoa parfumé. De Madrid à Bangkok en passant par
étranger pour qu’il compose un repas, reflet Istanbul, les odeurs de plats mitonnés se mêleront à
gustatif de son pays. C’est Francis Mallmann, celles libérées par une lingette imprégnée de parfum,
emblématique chef d’Uruguay, qui a ouvert le glissée dans le panier, pour compléter le voyage des
bal au mois de novembre. Et pour pousser plus sens. Liste des chefs et commande sur le site. Livraison
loin l’expérience immersive, le site propose à Paris et petite couronne.
une vidéo pour découvrir l’univers du chef, www.nestorparis.com
accompagnée d’une playlist accessible par un
BAREPACK,
L’ALTERNATIVE AU JETABLE POUR LA VENTE À EMPORTER
Chaque année, 4,7 milliards de gobelets des emballages jetables. Pour toucher un
et 300 millions de boîtes jetables sont public plus large et atteindre ses objectifs,
utilisés pour la livraison à domicile et la la start-up s’appuie sur monbento, référence
vente à emporter. Un impact bien trop française de la lunch box. Disponible à
important pour l’environnement lorsqu’on Paris dès janvier 2021 (puis dans d’autres
sait que seuls 24 % des emballages villes en France), à partir de 10 € par
plastiques sont recyclés, et que 30 % du mois, l’application permettra de passer
carton trié ne l’est pas. Face à ce constat, commande, en ligne, ou sur place en
BarePack, start-up singapourienne créée scannant le QR code disponible dans le
en 2018 par Roxane Uzureau, offre une restaurant, et de collecter son repas en
solution plus durable, avec des boîtes et boîte BarePack ; à retourner ensuite dans
des gobelets réutilisables. Une solution qui un des restaurants partenaires pour qu’elle
vise à réduire les déchets et les émissions soit lavée et réutilisée.
de CO2 et permet aux professionnels www.barepack.fr
de la restauration de supprimer le coût
18 I NFOS
INFOS
UN MOOK POUR LES 100 ANS DU CAVIAR FRANÇAIS
C’est dans la très commerçante rue Saint-Charles que le pâtissier de l’hôtel Fouquet’s
Barrière vient d’ouvrir sa première boutique. Associé à l’homme d’affaires et gastronome
William Assouline, il a dessiné un écrin raffiné, où les becs sucrés du 15e arrondissement
trouveront ses fameux cakes noisette, vanille et pistache avec chaque mois, 3 pâtisseries
signatures (pour l’ouverture : éclair au chocolat, Mont-Blanc et tarte Tatin d’antan à la fève
tonka) et une collection de dix choux dits « prêts à croquer », dont deux parfums, changent
chaque jour. À emporter, tablettes de chocolat et pâte à tartiner, et pour compléter
l’expérience, un mur, à mi-chemin entre l’étagère d’apothicaire, l’orgue du parfumeur
et le laboratoire du chimiste. L’idée est de permettre aux gourmands de découvrir les
différents ingrédients utilisés, et illustrer que la pâtisserie faisait appel aux Cinq Sens.
À venir, l’ouverture d’un point de vente dans le laboratoire de fabrication de Pantin, et une
fois la crise sanitaire passée, un espace salon de thé, dans la boutique du 15e.
114, rue Saint-Charles, 75015 Paris
© RONA N LE M AY
d’un visage de vieillard. Cette sculpture chocolatée sortie d’un monde féerique renferme un
gâteau à la vanille toastée, une crème citron, un praliné noisette et fleur de sel, un biscuit
macaron noisette et un croustillant régressif. De quoi séduire petits et grands.
RESTAURANT
CHRISTOPHER
COUTANCEAU
À LA ROCHELLE
C
onnu pour son franc-parler, surtout
lorsqu’il évoque la pêche et les ressources
halieutiques, Christopher Coutanceau
reste, malgré ses 3*, un cuisinier authen-
tique et accessible. Son seul objectif : satisfaire ses
clients, et pour cela seules valent à ses yeux la rigueur
et une exigence de tous les instants.
C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU 23
« UN BON CUISINIER
C’EST UN BOUCHER,
UN CHARCUTIER,
UN CONFISEUR,
UN BOULANGER,
UN PÂTISSIER »
Il aurait pu être footballeur mais son niveau d’exigence lui fait dire que l’excellence ne rime pas avec câlins et petits bisous.
qu’il ne sera pas à la hauteur d’une carrière professionnelle. Alors
à 14 ans, il s’inscrit lui-même à l’école hôtelière, à la surprise de Il faut être dur pour se faire entendre ?
son père Richard, emblématique chef doublement étoilé de La La rigueur et l’exigence sont les clés du succès de notre travail.
Rochelle. « Mon père était scié car il fallait m’éteindre l’électricité Durant les coups de feu, on est pris dans le rythme, le temps est
dans le jardin pour que je rentre avec mon ballon une fois la nuit chronométré, et l’exigence de satisfaire un client, qui bien souvent
tombée. Je jouais H 24. Une paire de baskets, lorsque j’étais en pri- a économisé pour venir manger chez nous, implique qu’on se mette
maire, c’était une semaine ; ma mère me les achetait par lot de 3. » sous pression pour donner le meilleur. Didier Oudill et Edgard
Sans le savoir, c’est pourtant son père qui lui met le pied à l’étrier, Dühr m’ont beaucoup appris là-dessus.
lors d’une première saison passée en cuisine alors qu’il n’a que
12 ans. Et c’est aussi ce chef intransigeant qui lui insuffle dès son Quelles sont les qualités requises pour intégrer votre brigade ?
plus âge cette rigueur et cette exigence qui ne l’ont jamais quitté. Le courage, la générosité, l’honnêteté, et la droiture. Avec ces qua-
Entretien avec Christopher Coutanceau, couronné en 2020 d’une lités je pense que le candidat sera à l’écoute, observera et donnera
troisième étoile au guide Michelin. le meilleur. Après, je préfère quelqu’un avec quelques lacunes mais
intelligent, et qui sera réactif et aura envie de se corriger, plus que
Quels ont été les chefs marquants de votre parcours, et qu’en celui qui a des acquis techniques mais un « melon comme ça » et qui
gardez-vous aujourd’hui ? va faire c**** au bout du compte. Et tout dépend aussi des maisons
Mon père qui m’a vraiment fait découvrir le métier. Michel Guérard, dans lesquelles il a travaillé.
chez qui mon père a travaillé en 1975 avec M. Ducasse. Il m’avait
toujours dit « il faut que tu ailles travailler là-bas, c’est une des plus Quel est aujourd’hui l’héritage de votre père dans votre cui-
belles maisons de France ». C’est un homme fabuleux, dans sa phi- sine ?
losophie, son intelligence, sa gentillesse. Et puis la vision qu’il avait Mon père et mon grand-père. Mon père pour la cuisine à l’état pur,
des choses, de la cuisine, de l’ambiance… M. Robuchon, pour sa le respect du produit, celui du client. De tout utiliser, « un bon cuisi-
rigueur, son côté millimétré m’a plu, sa précision, et la façon qu’il nier ne jette rien, m’a-t-il toujours répété. Un bon cuisinier c’est un
avait d’emmener ses gars avec lui. Et puis deux anciens chefs de boucher, un charcutier, un confiseur, un boulanger, un pâtissier ».
Michel Guérard, restés à ses côtés pendant 20 ans : Didier Oudill Ce qui est vrai. Et mon grand-père pour tout ce qui concerne la res-
et Edgard Dühr à Biarritz. Ils ont été pour moi mes meilleurs chefs, source marine, la pêche. Cette vision de laisser grandir le poisson,
des bosseurs, toujours avec leurs gars, en cuisine du matin au soir, de le rejeter à l’eau vivant, dans de bonnes conditions, quand on en
d’une gentillesse, et d’une dureté aussi. Mais il ne faut pas oublier suffisamment pêché.
24 C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU
Malgré cette année particulière, profitez-vous de vos 3 étoiles ? Et le dernier investissement, l’hôtel
C’est une très belle année, on en profite en dents de scie mais on Sans un hôtel, on se privait d’une certaine catégorie de clientèle.
en profite. Le but était de les avoir, il s’agit désormais de les garder Nous sommes un lieu de crochet, on ne passe pas par La Rochelle.
pour en profiter pendant quelque temps. Nous voulions offrir un standing équivalant à nos clients en matière
d’hôtellerie. Nous voulions devenir une vraie destination de gas-
Un changement depuis l’arrivée de la troisième étoile ? tronomie. C’est chose faite avec cette vieille maison d’armateur
Ce n’est pas plus de pression qu’avec une seule étoile ou même datant de 1715 que nous avons rachetée et qui abrite aujourd’hui
deux. L’objectif est toujours de se plier en quatre pour nos clients 11 chambres et suites.
afin qu’ils se souviennent de leur passage chez nous. C’est une
source de motivation. Un mot sur Benoît Godillon
Il a travaillé durant deux ans au poste de second. Il est parti, parce
Et c’est aussi une fierté pour l’équipe qu’il avait le calibre pour avoir la place de chef pâtissier et qu’elle
C’est leur étoile obligatoirement. Avec Nicolas (Brossard, son était déjà prise ici. Six mois après son départ, mon chef pâtissier m’a
associé, ndlr) nous n’avons que deux mains chacun. Nous sommes donné sa démission. J’ai rappelé Benoît et 15 jours après, il était là.
aujourd’hui 40 pour servir 45 couverts. Sans eux il n’y aurait pas Nous collaborons depuis 8 ans.
cette étoile supplémentaire.
Quel est votre regard sur le dessert ?
En 2018, vous ouvrez La Yole de Chris ? C’est le point de clôture du voyage. C’est le dernier plat et il faut
L’ancienne crêperie-bar-glacier d’à côté. On ne voulait pas que ce soit dans le même esprit que la cuisine, donc on essaie
spécialement de seconde table avec Nicolas, c’est l’opportunité qui d’amener les gens dans le côté marin. On travaille tous les deux, il
a fait les choses. Une porte qui sépare les deux cuisines, les mêmes fait des essais et on goûte ensemble.
réserves, cette vue qui est le spot de la ville, la terrasse, c’est devenu
évident. « La yole » pour ce bateau en bois qui servait à marée
basse aux ostréiculteurs pour se rendre dans les parcs à huîtres. Et
« de Chris », pour que les clients ne s’attendent ni à un deux ni à un
trois étoiles. C’est une cuisine simple de fruits de mer, de poissons
mais pas que… Je voulais vraiment en faire un lieu de vie, de convi- PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL TANGUY.
vialité, où les gens se font plaisir. PHOTOS : PASCAL LATTES.
26 C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU
FINITION
Chauffer la purée de betteraves, la monter avec
l’huile d’olive et un peu de jus de pomelos.
Rectifier l’assaisonnement.
Réchauffer les mini betteraves dans le jus.
DRESSAGE
Déposer le rouget sur un côté de l’assiette. De
l’autre le foie grillé, la raviole, des segments de
pomelos grillé, deux pointes de crémeux, deux
quartiers de mini betterave et une lamelle de
peau frite.
Dans une coupelle, à côté, déposer un peu de
tartare et arroser de bouillon au moment du
service.
28 C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU
DRESSAGE
Sur chaque assiette, déposer trois tronçons de boudins,
deux petits nids d’algues, trois pointes de tentacules, deux
petits tas de carpaccio et des lamelles de seiche grillée.
Terminer avec un peu d’algues.
C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU 29
DÉCLINAISON DE SEICHE
RECETTE POUR 8 PERSONNES
POUR LE CARPACCIO DE SEICHE SAUMURÉE Nettoyer les poches de laitance de seiches et les éponger.
• 2 seiches de 800 g Mettre les poches de laitance de seiches sous vide avec
• 1 l de saumure (1 l d’eau et 370 g de sel fin) l’huile d’olive au cédrat et cuire au four vapeur pendant
• PM encre de seiche 30 minutes à 52°C.
Vider et laver les seiches en prenant soin de récupérer POUR LE BEURRE BLANC À L’ENCRE DE SEICHE
les poches de laitance et les têtes. Prendre les blancs de • 80 g de beurre
seiches, enlever les membranes, les tailler en deux puis • 20 g de crème montée
les parer pour faire de grands carrés (garder les parures). • 7 g d’encre de seiche
Les placer dans la saumure pendant 1 heure puis les • 2 cuillères à soupe d’échalotes ciselées
égoutter et les éponger avec un papier absorbant. • 1 jus de citron
Prendre la moitié des blancs de seiche pour les badigeon- • 2 cuillères à soupe de vin blanc
ner d’encre de seiche. Les mettre à plat entre deux feuilles
de papier sulfurisé et deux plaques puis les congeler. Dans une casserole, faire suer l’échalote ciselée avec un
peu de beurre puis déglacer avec le vin blanc et le jus de
POUR LES BLANCS ET TENTACULES DE SEICHES citron. Porter à ébullition et ajouter le beurre froid coupé
GRILLÉES en dés. Une fois le beurre incorporé, ajouter la crème mon-
• 2 têtes de seiches tée et l’encre de seiche puis mixer au mixeur plongeant.
• Parure des blancs de seiches Passer au chinois étamine et réserver au bain-marie.
• Huile d’olive au cédrat
• Fleur de sel et poivre POUR LA SALADE D’ALGUES
• 50 g de laitue de mer
Tailler les parures de blancs de seiches en losanges puis • 50 g d’algue dulcey
les quadriller. Tailler les pointes des tentacules, les blancs • 20 g d’umi budo
en lamelles, les assaisonner puis les mettre sous vide avec • Huile de cédrat
l’huile d’olive au cédrat. Cuire au four vapeur à 52°C
pendant 30 minutes. Dessaler les différentes algues à l’eau claire puis les égout-
ter. Tailler la laitue de mer et la dulcey en petits morceaux.
POUR LES SEICHES FAÇON BOUDIN NOIR
• 350 g de blancs de seiches POUR LA VINAIGRETTE CÉDRAT
• 30 g de blanc d’œuf • 1 cuillère à soupe de zestes de cédrat
• 20 g de crème liquide • 1 jus de citron
• 10 g d’encre de seiche • 4 cuillères à soupe d’huile d’olive
• Sel, fleur de sel et piment d’Espelette • Sel poivre
Tailler 125 g de blancs de seiches en brunoise. Mixer le Émulsionner l’ensemble des ingrédients et réserver.
reste pour faire une farce.
Passer les blancs de seiches mixés au tamis, ajouter le blanc FINITION
d’œuf, la crème et l’encre de seiche. Rectifier l’assaisonne- Au moment du service, tailler finement les blancs de seiches
ment et ajouter la brunoise de blanc de seiche. Réaliser des à la trancheuse, les assaisonner de vinaigrette cédrat.
boudins à l’aide de papier film puis les cuire dans un four Réchauffer et griller les blancs et les tentacules de seiches
vapeur pendant 20 minutes à 64°C. au barbecue. Les lustrer avec de l’huile d’olive à l’aide
Laisser refroidir et réserver. d’un pinceau puis assaisonner avec de la fleur de sel et de
piment d’Espelette.
POUR LES CHIPS SOUFFLÉES DE LAITANCE DE Tailler des tranches de boudin de seiche de 1 cm d’épais-
SEICHE seur, les griller sur la plancha et assaisonner de fleur de sel
• 2 poches de laitance de seiche et de piment d’Espelette.
• 1 cuillère à soupe d’huile d’olive au cédrat Tailler de fines tranches de laitance et les frire à 180°C,
• Fleur de sel et poivre assaisonner de sel fin à la sortie de la friteuse.
• Sel fin Mélanger chaque algue avec l’huile de cédrat puis dresser
les algues en petits nids.
30 C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU
DRESSAGE
• Feuilles d’huître
• Herbes et algues des marais (laitue de mer, nori, épinard
de mer, soude maritime)
Détacher les inflorescences des mini choux-fleurs en les Concasser les cous de canard et les faire torréfier durant
gardant en un seul morceau. Les cuire à l’anglaise pendant environ 30 minutes dans un four préchauffé à 220°C afin
5 minutes et les glacer. Tailler un tronçon dans la base des d’obtenir une belle coloration. Tailler la garniture aroma-
choux-fleurs puis les faire confire au barbecue. Rectifier tique, la faire compoter dans une casserole avec l’huile
l’assaisonnement. d’olive, ajouter les cous de canard torréfiés et les faire
compoter. Déglacer les sucs de la plaque de cuisson avec
POUR LES PICKLES DE CHOU-FLEUR le vin blanc. Mettre dans la casserole le jus de déglaçage
• 500 g d’eau puis mouiller à hauteur avec de l’eau. Laisse cuire pendant
• 250 g de vinaigre blanc 3 heures et passer au chinois étamine. Faire réduire le jus
• 100 g de sucre de canard puis ajouter le jus d’huître, le jus de citron et
• Grains de poivre blanc rectifier l’assaisonnement. Monter au beurre.
• Graines de coriandre
• ¼ de chou-fleur violet POUR LES HUÎTRES
• ¼ de chou-fleur jaune • 40 huîtres Gillardeau n°5
• Poivre blanc du moulin
Dans une casserole, porter l’eau, le vinaigre blanc, le • Huile d’olive
sucre, les grains de poivre et la coriandre à ébullition.
Tailler les choux-fleurs en petites sommités puis les Ouvrir les huîtres. En faire pocher la moitié dans une
blanchir. Verser la marinade sur les sommités et laisser casserole avec leur jus et du poivre du moulin. Égoutter les
mariner au minimum 24 heures. 20 autres sur un papier absorbant puis les griller sur une
grille fine avec l’huile d’olive. Lustrer et poivrer.
POUR LE CRÉMEUX CHOU ROUGE ACIDULÉ
• 100 g de chou rouge POUR LA VINAIGRETTE D’HUÎTRES
• 15 g d’oignons ciselés • 50 g d’huîtres Gillardeau spéciales n°3
• Sel et poivre • 5 g de vinaigre de Bouteville
• Le jus d’un citron • 5 g de jus de citron
• Huile d’olive • 35 g d’huile d’olive
• Sel et poivre du moulin
Émincer le chou rouge. Faire suer l’oignon dans un peu • Xanthane
d’huile d’olive, ajouter le chou, assaisonner et laisser com-
poter. Mixer au Thermomix® et monter à l’huile d’olive Mixer tous les ingrédients et rectifier la texture avec
jusqu’à obtention d’une purée lisse puis passer la purée le Xanthane. Passer au chinois étamine et réserver en
au tamis. pipette.
Au moment du dressage, réchauffer la purée, rectifier
l’assaisonnement et ajouter un peu de jus de citron. POUR LA VINAIGRETTE CURRY
• 50 g d’huile d’olive
POUR LE JUS DE CANARD AUX HUÎTRES • 12 g de curry à l’ancienne
ET CITRON • 17 g de jus de citron
• 5 kg de cous de canard • Sel et poivre
• 50 g de carottes
• 50 g de branches de céleri Mettre l’huile d’olive et le curry en poche sous vide et
• 100 g d’oignons cuire au four vapeur à 50°C pendant 1 heure. Passer
• 250 g de tomates l’huile de curry à l’étamine, ajouter le jus de citron et
• 50 g de céleri-rave rectifier l’assaisonnement.
• Thym et laurier
34 C A R NET DE R ECETTES SA LÉES - CHR ISTOPHER COUTA NCE AU
RESTAURANT
CHRISTOPHER
COUTANCEAU
À LA ROCHELLE
I
l est depuis 8 ans l’un des fidèles collaborateurs
du restaurant Christopher Coutanceau. Benoît
Godillon, cuisinier devenu pâtissier, s’applique
auprès du chef triplement étoilé à travailler
des desserts aux accents marins. Le plus sûr moyen
d’offrir à leurs hôtes une expérience tournée vers le
large.
C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON 37
Quelles sont les étapes marquantes de votre parcours ? Ce que je voulais était m’imprégner d’autres façons de faire,
Ma première expérience, suite à un stage effectué durant ma men- d’autres cultures. Je savais que ce métier me permettrait de voya-
tion complémentaire, en 2004, au domaine des Hauts de Loire, ger, j’en ai donc profité et enchaîné les saisons durant 5 ans.
chez Rémi Giraud, 2* Michelin. Nous étions dans la haute gastro-
nomie et cette expérience m’a marqué. Ils m’ont même gardé après Ces expériences vous apportent encore aujourd’hui ?
le stage pour faire toute une saison. J’ai adoré. Bien sûr. J’en tire une faculté d’adaptation, que j’ai pu intégrer
grâce à ces voyages. Adaptation aux méthodes des entreprises
Qu’en avez-vous retenu ? mais aussi au personnel avec qui on travaille. C’est une ouverture
La cuisine du chef. Et cette proximité du produit. Il y avait un jar- d’esprit, c’est hyper important.
din juste à côté du domaine où un jardinier travaillait pour nous. Le
matin c’était cueillette, et il nous ramenait les fraises, la rhubarbe, Et en matière de pâtisserie, de technique ?
les fruits de saison. Voir ces produits, leur fraîcheur, cette notion Bien sûr, aussi. J’ai découvert des univers complètement différents.
de respect et de mise en valeur d’ingrédients cultivés localement J’ai appréhendé la pâtisserie orientale lorsque j’étais en Grèce,
m’a vraiment frappé. des desserts très fruités. J’ai beaucoup travaillé les fruits aux
Antilles et puis en Corse aussi. Le Casa Del Mar était une
Et ensuite ? maison italienne, avec un chef pâtissier italien, j’ai beaucoup appris
J’ai voulu voyager. Je suis parti en Grèce, aux Antilles, en Corse. à ses côtés.
38 C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON
Vous distillez des notes de ces apprentissages dans vos desserts ? Votre manière de travailler avec Christopher ?
Je distille de tout mon vécu. Néanmoins, à 36 ans j’estime que j’ai C’est un échange. J’ai la chance de bien le connaître car je travaille
encore tout à apprendre. Et j’apprends encore à chaque rencontre. ici depuis 8 ans, donc je sais un peu où il veut en venir. Il me sug-
gère des idées, et je travaille à des essais. Mais on sort des sentiers
C’est votre moteur d’apprendre ? battus quand un chef vous demande de réaliser des desserts à base
Complètement. Sinon on s’ennuierait. On a tout à apprendre au de produits marins. C’est une grosse remise en question. Il faut
travers de rencontres, de voyages, d’échanges et c’est ce qui me ouvrir son esprit et faire beaucoup, beaucoup d’essais.
passionne au quotidien.
Cela vous a déstabilisé lorsque Christopher vous a parlé de des-
Quand arrivez-vous au restaurant Christopher Coutanceau ? serts aux algues ?
Je sortais de chez Gérald Passedat à Marseille. Une rencontre très Oui, bien sûr. Je pense que ça déstabiliserait beaucoup de pâtis-
marquante. Je voulais faire un trois étoiles Michelin, j’y suis donc siers. Mais c’est tout un univers qui s’est mis en place avec le nou-
allé. J’ai pu intégrer une brigade de 8 pâtissiers, très organisée, veau décor en 2017. Le fait d’avoir supprimé la viande pour axer
avec une hiérarchie à respecter, tout était très cadré, extrême- la cuisine sur le poisson, la pêche, et tous les produits de la mer,
ment rigoureux. Ce fut très formateur. Et puis j’ai voulu évoluer, c’était aussi pour moi une carte à jouer au niveau des desserts.
j’ai donc postulé pour une place de second en pâtisserie. Je suis Donc ça me semblait logique que la fin de repas fasse un clin d’œil
arrivé en 2011 au restaurant Christopher Coutanceau, et j’ai passé à la mer. Ce qui de surcroît évite une rupture avec le repas. Nous
une année en tant que second avec l’ancien chef pâtissier, Aurélien conservons ainsi cette identité marine jusqu’au bout.
Lebeau. Il y avait une âme dans cette maison familiale qui m’a beau-
coup plu, des personnes simples, humaines. Je me suis beaucoup Les algues sont-elles pour vous une source d’inspiration ?
retrouvé dans leurs valeurs. Il y a en effet beaucoup de travail à faire, et puis c’est un produit
nouveau pour moi. Nous avons rencontré Cédric, de la société Rive-
N’est-il pas difficile, parfois, de répondre aux exigences de saline sur l’île de Ré, il nous a montré tout un éventail d’algues,
Christopher Coutanceau ? notamment la laitue de mer. C’est un produit fabuleux. Nous avons
Non, je ne vais pas dire que c’est difficile car je suis aussi exigeant. fait de nombreux essais avec cette algue, et c’est un produit qui
Avoir cette exigence nous fait avancer. Nicolas Brossard (associé et marche très bien avec le sucré.
directeur de salle, ndlr) participe lui aussi à affiner notre travail. Il
goûte tous les desserts. Je ne vois pas cette exigence comme une Pourquoi la laitue de mer est-elle si facile à travailler ?
difficulté mais comme un challenge, comme un plaisir. Parce que l’équilibre de l’iode avec le sucre est parfait, les par-
fums ne sont pas trop marqués mais plutôt doux. On peut faire des
J’imagine que la troisième étoile a été pour vous une belle choses superbes avec.
récompense ?
Ça a été, dans un premier temps, une grande fierté pour M. Bros- Qu’avez-vous créé et qui vous a surpris ?
sard et Christopher Coutanceau, puisqu’ils ont mené un projet qui Le dessert de l’estran, car il a demandé beaucoup de réflexion.
a porté ses fruits. Donc j’étais vraiment fier pour eux. Ensuite c’est Nous avons fait un travail sur le jus d’huître, l’algue marine, la lai-
une belle récompense pour toutes les équipes. C’est un moteur tue de mer avec le côté vif du citron, acide, l’aspect iodé légèrement
pour avancer. sucré, pour terminer un repas marin c’est parfait.
C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON 39
« J’APPRENDS ENCORE
À CHAQUE RENCONTRE. »
POIRE FENOUIL
RECETTE POUR 8 PERSONNES
Cuire le fondant, l’isomalt et le glucose à 154°C. Incorpo- Porter l’eau et le sucre à 121°C. Hors du feu,
rer le beurre de cacao et les graines de fenouil puis débar- verser les graines de fenouil préalablement passées au
rasser sur une plaque recouverte d’un tapis silicone. four durant 2 minutes à 160°C, mélanger pour sabler.
Une fois refroidi, mixer finement puis saupoudrer Réserver au sec.
finement sur tapis cuisson.
À l’aide d’une règle et d’une pointe de couteau, délimiter DRESSAGE
des bandes de 3 x 20 cm dans la poudre d’opaline puis Déposer un cercle d’opaline au centre de l’assiette. Le
faire fondre au four à 160°C. À la sortie du four, enrouler garnir à mi-hauteur de tartare de poires au fenouil puis
autour de cercles de 6 cm de diamètre. Laisser refroidir et compléter avec le sorbet poire-fenouil. Surmonter d’une
réserver au sec. rosace de poires. Terminer en assaisonnant de caramel
kalamansi, de fleurs et de fanes de fenouil puis parsemer
POUR LE CARAMEL AU KALAMANSI de graines de fenouil caramélisées. Verser le jus de cuis-
• 100 g de sucre son des poires frais autour du dessert.
• 100 g de vinaigre de kalamansi
42 C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON
POUR LE CROUSTILLANT DE LAIT Chauffer l’eau en versant les poudres en remuant puis
• 300 g de lait porter à ébullition. Laisser refroidir puis mixer à froid
• 90 g de sucre avec la jonchée et le jus de citron. Turbiner et pocher en
• 24 g de fécule de maïs moules pomponnettes de 3 cm de diamètre. Réserver au
congélateur.
Dans une casserole, porter le lait à ébullition, en ver-
ser une partie sur les poudres, reverser dans la casserole POUR LA SAUCE AMANDES DOUCES
et reporter le tout à ébullition. Refroidir puis mixer • 300 g de lait
l’appareil. Étaler et tirer au peigne fin sur tapis cuisson • 100 g de pâte d’amandes 52%
afin de réaliser des rectangles de 20 x 5 cm puis cuire
7 minutes dans un four préchauffé à 160°C. Laisser Faire réduire le lait et la pâte d’amandes à consistance
refroidir et réserver au sec. nappante. Mixer, filtrer et réserver au réfrigérateur.
CHOCOLAT NORI
RECETTE POUR 8 PERSONNES
Mettre à fumer le lait et la crème avec les aiguilles de pin. POUR LE GRUÉ DE CACAO SABLÉ
Porter à ébullition avec les sucres et le stabilisateur puis • 200 g de grué de cacao
turbiner. Pocher la crème glacée en moules demi-sphères • 100 g de sucre
de 2,5 cm de diamètre et assembler en sphère une fois • 35 g d’eau
congelée. Réserver au congélateur.
Porter l’eau et le sucre à 121°C. Hors du feu, verser le
POUR LE SIPHON CRÈME DE COGNAC grué préalablement passé au four, mélanger pour sabler et
• 250 g de lait réserver au sec.
• 250 g de crème
• 100 g de jaunes DRESSAGE
• 50 g de sucre Réaliser un cercle fin de grué de cacao sablé dans le fond
• 87,5 g de crème de cognac de l’assiette.
Disposer 3 cylindres croustillants de cacao, les remplir
Dans une casserole, porter le lait, la crème à ébullition, avec le crémeux chocolat, une sphère
verser en remuant sur les jaunes et le sucre préalablement de crème glacée fumée et le siphon crème de cognac.
mélangés, reverser dans la casserole, cuire à 85°C puis Saupoudrer de poudre de cacao et recouvrir d’aiguilles
mixer en incorporant la crème de cognac. Verser dans un chocolat.
siphon, percer deux cartouches de gaz et réserver au frais. Arroser le dessert de cognac flambé devant le client.
C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON 47
48 C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON
C A R NET DE R ECETTES SUCR ÉES - BENOÎT GODILLON 49
VARIATION DE L’ESTRAN
RECETTE POUR 8 PERSONNES
POUR LA GLACE ROYALE Porter l’eau et le sucre à ébullition, y infuser les algues.
• 200 g de sucre glace Ajouter les autres ingrédients, filtrer, verser dans un bac
• 20 g de blancs d’œufs puis réserver au congélateur.
• 10 g de jus de citron Une fois congelé, gratter à la fourchette afin d’obtenir un
granité puis réserver au congélateur.
Bien mélanger les ingrédients à la spatule, étaler finement
sur des disques de papier cuisson de 7 cm de diamètre POUR LE TARTARE CITRON VERT-ALGUES
et enrouler pour former les coquillages. Laisser sécher • 2 citrons verts
24 heures puis réserver au sec. • 10 g de cassonade
• 1 g de laitue de mer déshydratée
POUR LE CONFIT CITRON-ALGUES
• 100 g de jus de citron Prélever les segments de citron vert et les tailler en bru-
• 100 g d’eau noise. Assaisonner avec cassonade et algues, mélanger et
• 4 g de laitue de mer réserver au frais.
• 20 g sucre
• 4 g d’agar-agar POUR LE SORBET CITRON-HUÎTRES
• 150 g d’eau
Délayer l’agar-agar dans l’eau froide. Verser l’ensemble • 80 g de sucre
des ingrédients dans une casserole et porter tous les ingré- • 20 g de glucose atomisé
dients à ébullition. Filtrer et mixer une fois refroidis. Ver- • 2 g de stabilisateur
ser en poche et réserver au frais. • 100 g de jus de citron
• 150 g de jus d’huîtres
POUR LE SORBET CITRON-ESTRAGON
• 500 g d’eau Dans une casserole, porter l’eau à ébullition, ajouter les
• 100 g de sucre sucres et stabilisateur, puis incorporer les jus. Turbiner et
• 25 g de glucose atomisé réserver au congélateur.
• 5 g de stabilisateur
• 125 g de jus de citron vert POUR LES CHIPS DE LAITUE DE MER
• 25 g de feuilles d’estragon • 100 g de laitue de mer fraîche
• 100 g de sirop à 30°
Porter l’eau, le sucre, le glucose et le stabilisateur à ébul-
lition. Y infuser la moitié de l’estragon durant 5 minutes. Rincer la laitue de mer puis la disposer sur un tapis cuis-
Filtrer puis, à froid, incorporer le jus de citron vert et son. Tamponner de sirop à 30° et sécher durant 6 heures
l’autre moitié de l’estragon frais haché. Turbiner puis dans un four à 80°C. Prélever la moitié des algues séchées,
mouler en demi-sphères de 2,5 cm de diamètre et réserver les mixer finement et réserver dans un endroit sec.
au congélateur.
POUR LE DÉCOR
POUR L’ÉCUME ALGUES-CITRON • 1 citron caviar
• 250 g d’eau • 8 coquilles d’huîtres réalisées en sucre tiré
• 250 g de jus de citron
• 10 g de laitue de mer déshydratée DRESSAGE
• 5 g de lécithine de soja Saupoudrer le fond d’une grande assiette de poudre
d’algues. Disposer trois coquillages de glace royale.
Porter l’eau et le jus de citron à ébullition, y infuser les Garnir chaque coquillage de confit citron-algues, d’une
algues et la laitue de mer. Filtrer, réserver au frais et faire demi-sphère de sorbet citron-estragon et de citron caviar.
mousser en incorporant la lécithine. Déposer l’écume d’algues-citron autour des coquillages.
Dans un bol givré, déposer une petite cuillère de tartare
POUR LE GRANITÉ EAU-DE-VIE D’ALGUES citron vert-algues, et recouvrir de granité eau-de-vie
• 62,5 g de sucre d’algues, finir par une chips de laitue de mer.
• 375 g d’eau Dresser une quenelle de sorbet citron-huîtres dans une
• 12 g de laitue de mer déshydratée coquille d’huître réalisée en sucre tiré.
• 62,5 g de jus de citron vert
• 125 g d’eau-de-vie d’algues
50 À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO
À LA TABLE DE
Takao Takano
RESTAURANT
TAKAO TAKANO
À LYON
T
akao Takano est un chef atypique.
Autodidacte, il quitte le Japon avec une
seule idée en tête, rencontrer Nicolas
Le Bec. Et c’est auprès de son modèle qu’il
se formera. Depuis 2013, il est le propriétaire, à
Lyon, du restaurant qui porte son nom, auréolé
depuis 2018 de 2* au guide Michelin, preuve s’il en
fallait du talent de ce génie des fourneaux.
À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO 51
L’ÉCOLE DE L’EXIGENCE
« Il était dur, mais humainement il était quelqu’un d’extraordinaire. »
Voici comment Takao Takano résume la personnalité de Nicolas
Le Bec. Celui auprès de qui il apprendra, non seulement la tech-
nique, mais aussi une certaine philosophie de cuisine. Le rythme
est soutenu, le chef d’une rare exigence envers ses équipes mais
Takao s’épanouit. À peine arrivé, Nicolas Le Bec quitte la Cour des
Loges et ouvre son propre restaurant, rue Grolée dans le 2e arron-
dissement. « On sentait l’énergie, relate Takao, la puissance, la vie,
on ne travaillait pas n’importe où. » Le jeune cuisinier s’accroche
quand d’autres jettent l’éponge, et au fil du temps s’essaie à tous
les postes. Et s’il est conscient de ses lacunes techniques, lui l’au-
todidacte, met tous ses sens en exergue pour rattraper son retard.
« J’observais beaucoup raconte-t-il. Et je cuisinais aussi. Le week-
end j’allais au marché, aux halles de Lyon. Je n’avais pas beaucoup UNE CUISINE D’INTUITION
d’argent mais comme mes parents m’aidaient, j’achetais des pro- Si durant son apprentissage Takao Takano a beaucoup observé, il
duits que l’on travaillait au restaurant et je les cuisinais à la mai- semble essentiel aujourd’hui de faire de même pour comprendre sa
son pour m’y habituer. » À force de travail et d’abnégation, Takao cuisine. Peu de mise en place, explique le chef, tout se passe durant
est promu sous-chef en 2006, lui qui 5 ans auparavant commençait le service. Mais également dans le choix des produits. Le chef
tout juste la cuisine. En 2007, Nicolas Le Bec obtient sa deuxième conserve de son enfance un lien étroit avec la nature et un véritable
étoile et commence à se diversifier. Takao le suit alors dans le projet bon sens paysan : « Je ne cherche pas à avoir des produits difficiles
de confluence mais ne s’y retrouve pas. « Nous faisions du 7j/7, 500 à trouver. Si on les a, c’est qu’ils sont bons. S’ils sont bon marché,
couverts par jour. C’était une autre dimension. À cette époque j’ai eu c’est qu’ils sont à maturité, que la saison est là. » En ce qui concerne
mon premier fils, et je n’ai pas le souvenir d’avoir passé du temps avec la pêche, il ne commande pas de poisson en particulier, il demande
lui. J’étais trop pris. Ce rythme commençait à me fatiguer. » à son poissonnier, ou à son pêcheur du lac Léman, de lui fournir
la quantité dont il a besoin, puis il s’adapte. Et lorsqu’on interroge
TAKAO TAKANO le chef sur la manière dont il cuisine, il répond : « Je mêle les tech-
Le chef lyonnais sent que son collaborateur n’est plus à son aise et niques, mais je ne me force pas à utiliser plus l’une que l’autre. Je ne
le renvoie dans son établissement étoilé en 2008, auprès de Tabata pratique ni une cuisine française ni une cuisine japonaise, j’asso-
Bonardi, cheffe des cuisines. Il lui succédera au poste de chef en cie les deux cultures et les choses viennent naturellement. Quand
2010, à 34 ans, quand la jeune femme quitte la rue Grolée pour se la casserole “mijote”, je sais qu’il faut rajouter du kombu ou de l’ail
lancer dans un projet personnel. Takao Takano se retrouve chef japonais, je le sens. » Le chef ne l’explique pas, il se laisse guider
du restaurant doublement étoilé, qui va d’ailleurs très vite porter par son instinct, ses sens en éveil, il perçoit ce dont le plat à besoin.
son nom. « Nicolas voulait se détacher, explique-t-il, et laisser ses L’harmonie et l’équilibre, ses maîtres-mots, se ressentent dans ses
collaborateurs diriger les équipes en place. » Mais Takao prend plats, tout comme la précision du geste, un autre point essentiel à
vite conscience que ces responsabilités sont peut-être trop impor- sa cuisine. Ses assiettes sont élégantes et précises, et son travail
tantes pour lui. « Je me suis posé la question de savoir si j’avais la reconnu par le guide Michelin dès 2014 avec l’obtention d’une
capacité de gérer 50 couverts, et presque une quinzaine de sala- première étoile. La seconde arrive quatre ans plus tard, classant
riés. Finalement j’ai décidé de quitter mon poste. » Il se met alors en ainsi le chef dans la catégorie des grands. En toute modestie, Takao
quête d’un local pour y installer sa propre table. La question du Japon n’expose pas ses distinctions à l’extérieur de son établissement
est soulevée, mais c’est finalement à Lyon, la seule ville française qu’il mais uniquement en cuisine, par fierté, mais aussi pour saluer le
connaisse, qu’il décide de s’installer. Un an et demi de recherche sera travail de ses équipes.
nécessaire pour trouver deux commerces vacants à l’angle de la rue
Malherbes et de la rue de Sully dans le 6e arrondissement. Une bouche-
rie et un café qu’il réunit après quatre mois de travaux pour y créer le TEXTE : MICHEL TANGUY.
restaurant Takao Takano, ouvert au mois d’avril 2013. PHOTOS : PASCAL LATTES.
54 À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO
À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO 55
ANGUILLE DE CAMARGUE,
AUBERGINE, BOUILLON D’ARÊTES GRILLÉES
RECETTE POUR 6 PERSONNES
Vider l’anguille, la placer en saumure (1 l d’eau, 100 g Tailler l’aubergine en cubes à l’identique de l’anguille.
de sel, ail, piment d’Espelette, poivre noir grillé) durant Faire frire, saler et mariner dans le fumet d’anguille.
3 heures. Rincer, bien sécher puis placer dans un fumoir
froid à température ambiante pendant 3 heures. Conserver POUR L’AUBERGINE MIXÉE
au réfrigérateur durant 3 jours. • 1 aubergine type Violette de Florence
• 2 cl de vinaigre balsamique blanc
Fileter et découper en cubes de 1 à 1,5 cm de côté selon • 0,5 cl de Colatura
grosseur. • 1 jaune d’œuf fumé
Brûler juste un côté. • Sel, poivre et piment d’Espelette
POUR LE PIED ET L’OREILLE DE COCHON Couper les endives en deux dans le sens de la longueur
• 1 pied de cochon puis les saisir au sautoir des deux côtés. Mouiller à hauteur
• 1 oreille de cochon avec le jus de cuisson du pied et de l’oreille, ajouter une
• 2 branches de céleri gousse d’ail, de la sauge et laisser cuire. Égoutter, napper
• 1 carotte de sauce béchamel entre chaque feuille puis faire gratiner
• 1 gousse d’ail avec de la chapelure sous la salamandre.
• Sauge, estragon
• Le jus d’un citron POUR LA VINAIGRETTE À LA TRUFFE
• 1 cuillère à soupe rase de farine • 1 cuillère à soupe de moutarde
• 2 cl d’huile de noisette • 2 cuillères à soupe d’huile de noisette
• 2 cuillères à soupe de moutarde à l’ancienne • 2 cuillères à soupe de vinaigre de xérès
• Sel, poivre • ½ gousse d’ail écrasée
• 2 cuillères à soupe de truffes hachées
Blanchir une fois le pied de cochon. Réaliser un bouil- • 6 cuillères à soupe d’huile de pépins de raisin
lon de légumes en infusant 50 cl d’eau avec le céleri, • Sel poivre
la carotte, l’ail, la sauge et l’estragon. Ajouter le jus de
citron, la farine puis cuire pendant 5 heures à 110 °C. Mélanger la moutarde et l’huile, ajouter le vinaigre, puis
Désosser, assaisonner avec l’huile de noisette, la mou- la gousse d’ail et les truffes. Monter à l’huile de pépins
tarde à l’ancienne, sel et poivre puis réserver au réfrigéra- de raisin puis rectifier l’assaisonnement.
teur. Tailler en cubes de 5 mm.
Cuire l’oreille de cochon, de la même manière que le pied POUR LE CONDIMENT
de cochon en préparant un nouveau bouillon, durant • 60 g de pied de cochon
3 heures. Une fois cuit, étaler sur plaque, réserver au • 60 g d’oreille de cochon
réfrigérateur puis tailler en cubes de 5 mm. • 60 g de Guanciale
• 1 échalote
POUR L’ENDIVE À LA SAUCE BÉCHAMEL • 2 cuillères à soupe de truffes hachées
• 25 g de beurre • 1/3 de botte de persil
• 25 g de farine • 60 g de noisettes grillées
• 25 cl de lait
• 25 cl de jus de cuisson du pied de cochon Dans un sautoir, rôtir la Guanciale taillée en cubes,
• 60 g de truffes hachées grossièrement comme les oreilles et le pied, jusqu’à la rendre croustil-
• Sel, poivre et clous de girofle lante. Ajouter l’échalote ciselée, la vinaigrette à la truffe
et le persil haché. Dans cette masse, rajouter pied, oreille
Dans une casserole, faire fondre le beurre, ajouter la et noisettes grillées concassées. Terminer avec la truffe
farine puis faire cuire le roux quelques instants avant de hachée.
mouiller avec le lait et le jus de cuisson. Assaisonner avec
sel, poivre et clous de girofle, puis ajouter la truffe noire Poser ce mélange sur l’endive, quelques rondelles de truffe
hachée. noire et quelques croûtons.
À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO 57
58 À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO
À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO 59
POUR LES POMMES RÔTIES MIXÉES Dans une casserole, verser tous les ingrédients sauf la
• 3 grosses pommes Golden farine. Porter à ébullition puis ajouter la farine préalable-
• 100 g + 100 g de beurre demi-sel ment tamisée. Mélanger de manière à obtenir un appareil
• 50 g de sucre de fleur de palmier homogène puis laisser refroidir. Mixer dans le bol d’un
• 1 gousse de vanille robot équipé de la lame puis étaler très finement sur un
• 5 cl de cidre sec tapis silicone. Parsemer de laurier en poudre (sécher et
mixer) puis cuire 6 minutes dans un four préchauffé à
Placer les pommes dans une cocotte, avec 100 g de 160°C.
beurre demi-sel, le sucre et la gousse de vanille grattée
et vidée. Cuire pendant 30 minutes dans un four pré- POUR LES BEIGNETS À LA CONFITURE DE
chauffé à 170°C. Bien arroser pendant la cuisson pour les MYRTILLES
caraméliser. • 100 g de maïzena
Égoutter et récupérer séparément les chairs, les peaux et • 1 cl d’eau
le jus de cuisson. • 5 g de levure de boulanger
Mixer les chairs avec le beurre demi-sel restant et le cidre, • 1 pincée de sel
verser en poche puis réserver au réfrigérateur. • 1 pincée de sucre
Réserver les peaux pour les chips. • 2 blancs d’œufs montés en neige
POUR LE CARAMEL LIQUIDE DE POMMES Faire tiédir l’eau afin de pouvoir y diluer la levure. Dans
Diluer le jus de cuisson, avec la même quantité de jus de un cul de poule, rassembler la maïzena, le sucre et le sel.
pommes et réduire aux 3/4. Verser la levure diluée dans les poudres, mélanger puis
incorporer les blancs montés.
POUR LA POMME POCHÉE
• 1 pomme Golden POUR LA CONFITURE DE MYRTILLES
• Sirop de tilleul (1 l d’eau, 200 g de sucre, 100 g de miel) • 60 g de myrtilles macérées au cidre
• Une poignée de tilleul • 60 g de confiture de myrtilles
• Le jus d’un citron • 60 g de noix
Réaliser le sirop de tilleul en portant l’ensemble des Écraser les myrtilles macérées puis les mélanger avec la
ingrédients à ébullition et en laissant infuser 20 minutes. confiture de myrtilles et les noix torréfiées (5 minutes
Filtrer et réserver. dans un four préchauffé à 160°C) et écrasées.
Tailler la pomme en cubes de 1 cm de côté puis les pocher Réaliser des billes de 3 centimètres de diamètre dans un
3 minutes dans le sirop. moule silicone puis bloquer en cellule de refroidissement.
Tremper les billes dans la pâte à beignet et frire.
POUR LA PÂTE À GAVOTTE À la sortie de la friture, tremper dans le cidre et ensuite
• 10 cl de lait coller la gavotte au laurier écrasée et les chips de peau.
• 20 g de beurre
• 25 g de sucre DRESSAGE
• ½ gousse de vanille Dans une assiette creuse, poser des dés de pommes
• 1 pincée de sel pochées puis dresser la pomme mixée à la poche à douille.
• 30 g de farine Faire caraméliser au chalumeau et saucer.
À L A TA BLE DE TA K AO TA K A NO 61
62 OU V ERTUR E AV EC MORY SACKO
OUVERTURE AVEC
Mory Sacko
MOSUKE
À PARIS
28
ans, créatif de nature, Mory
Sacko sort des sentiers battus en
réunissant 3 continents dans ses
assiettes. Cette volonté de mêler
Asie, Afrique et France en un seul plat n’a d’ailleurs
pas échappé au jury de la 11e saison de « Top Chef ».
Avec l’ouverture de Mosuke, sa première adresse,
le jeune chef séduit par un habile melting-pot
culinaire.
OU V ERTUR E AV EC MORY SACKO 63
Pourquoi avoir choisi cette voie ? du Sénégal à base de gombo, poisson et fruits de mer, et le thiakry,
Petit, je me voyais plus footballeur ou astronaute que chef de un dessert composé de semoule de mil et de produits laitiers qu’on
cuisine. Même lorsque j’ai quitté l’école hôtelière, je n’étais pas dégustait généralement en période de jeûne.
encore passionné. L’élément déclencheur est arrivé plus tard. À
mon arrivée au Royal Monceau, le chef Hans Zahner m’a donné Vous êtes le 6e d’une fratrie de 8 enfants : leur avez-vous déjà fait
l’opportunité de créer un plat. Comme il était réussi, il l’a mis à goûter votre cuisine ?
la carte pendant une semaine. C’était un canard accompagné de Non pas encore, d’ailleurs ils seront certainement les premiers
patate douce et de framboise. Ce n’était pas grand-chose, c’est à dire que je ne cuisine jamais à la maison ! Dans ma vie privée,
vrai, mais pour moi c’était incroyable ! notamment en famille, je fais plutôt partie de ceux qui sont assis
et qui disent « quand est-ce qu’on mange ? ». Mais ce n’est pas la
Quels sont les plats qui ont le plus marqué votre enfance ? seule raison, car dans la tradition malienne, seules les femmes sont
Ce sont surtout des plats d’Afrique de l’Ouest parce que pendant en cuisine ; les hommes n’ont pas le droit d’y être. D’ailleurs, je
toute mon enfance, à Tournan-en-Brie, en Seine-et-Marne, c’est me souviens que petit, j’y allais seulement en cachette pour voler
cette cuisine que je mangeais. Je peux vous citer le poulet yassa, quelque chose à manger.
un de mes plats préférés, le soupou kandja, un ragoût traditionnel
64 OU V ERTUR E AV EC MORY SACKO
POUR LE HOMARD Couper les piments en deux et ôter le placenta (la partie
• 2 homards bleus bretons blanche) et les pépins. Mélanger les piments et le sel, et
• 250 g de beurre masser jusqu’à ce que l’eau de végétation ressorte. Mettre
ensuite en bocal et laisser fermenter 2 semaines minimum.
Ôter la tête et les pinces des homards. Réserver les têtes
pour la bisque. POUR LES TOMATES CERISES MARINÉES
Dans une casserole, porter l’eau à ébullition puis y cuire le • 100 g de tomates Bonbeck
corps pendant 1 minute et refroidir. • 50 g de vinaigre de chardonnay
Dans une poêle, faire fondre le beurre, le laisser mous- • 30 g de sucre
ser puis ajouter les pinces et infuser à feu doux pendant • 15 g d’eau
20 minutes. Filtrer et réserver le beurre de homard. • 1 botte de basilic thaï
Laquer les corps de homards avec le beurre infusé puis
terminer la cuisson au barbecue binchotan, cuire sur Dans une casserole, mélanger l’eau, le sucre et le vinaigre,
chaque face. Si vous n’avez pas de barbecue binchotan, porter à ébullition, ajouter le basilic thaï entier puis laisser
vous pouvez utiliser un barbecue classique ou un gril. infuser à feu doux pendant 30 minutes.
Monder les tomates, verser la marinade chaude dessus et
POUR LA BISQUE DE HOMARD réserver minimum 24 heures au réfrigérateur.
• 20 g de concentré de tomate
• 5 g de pimenton fumé en poudre POUR L’EAU DE TOMATE GÉLIFIÉE
• 100 g d’eau de tomate
Dans une casserole, faire revenir les têtes de homards à feu • 1 g d’agar-agar
vif avec un peu d’huile de tournesol, ajouter le concentré • 2 feuilles de gélatine
de tomate. Mouiller à hauteur puis laisser cuire au moins
3 heures. Assaisonner avec du sel et du poivre. Mixer les tomates entières puis filtrer à l’aide d’un torchon
Filtrer la bisque à l’aide d’un chinois puis réduire jusqu’à pour récupérer le jus.
l’obtention d’une bisque épaisse. Ajouter le pimenton Une fois l’eau de tomate récupérée, ajouter l’agar-agar
fumé et réserver. en remuant puis porter à ébullition et maintenir pendant
2 minutes. Hors du feu, incorporer la gélatine préalable-
POUR LE MISO DE TOMATE ment ramollie et égouttée.
• 150 g de miso blanc
• 200 g de tomates noires de Crimée FINITION
Disposer le miso de tomate dans le fond de l’assiette puis
Écraser les tomates entières à la main, ajouter le miso et déposer la moitié du homard grillé. Ajouter quelques
mélanger les deux éléments. tomates cerises marinées, des piments lacto-fermentés.
Laisser fermenter 1 semaine au réfrigérateur dans un Verser un peu d’eau de tomate gélifiée sur les tomates
bocal avec un linge tendu. cerises marinées.
Mixer à l’issue de la fermentation jusqu’à obtenir un Ajoutez des pétales de fleur de tagette « Rose d’Inde »
mélange homogène. (facultatif).
POUR LE RIZ JAPONAIS VINAIGRÉ Dans une casserole, faire réduire le kombucha, ajouter la
• 100 g de riz japonais crème, porter à ébullition, monter au beurre et réserver.
• 120 g d’eau
• 100 g de vinaigre de riz POUR LE LARD AU POIVRE
• 50 g de lard « Papada »
Cuire le riz japonais en suivant les indications du paquet. • 5 g de poivre de Penja noir
Égoutter puis assaisonner avec le vinaigre de riz.
Tailler de fines tranches de lard puis saupoudrer de poivre
POUR LE TAMA-MISO concassé.
• 100 g de jaunes d’œufs
• 30 g de miso blanc POUR LES PICKLES DE CHAMPIGNONS
• 50 g d’Enoki
Dans un cul de poule, mélanger les jaunes d’œufs et le • 50 g de Shimeji
miso puis monter au bain-marie en fouettant comme pour • 50 g de vinaigre de riz
un sabayon. • 30 g de sucre
Passer au chinois fin puis mouler dans des moules demi- • 15 g d’eau
sphères de 2 cm de diamètre. Réserver au congélateur.
Dans une casserole, mélanger l’eau, le sucre et le vinaigre,
POUR LE KOMBUCHA CHAMPIGNONS porter à ébullition puis verser sur les champignons préa-
• 1 l d’eau lablement détaillés et mis en bocal. Réserver au minimum
• 50 g de shiitakés 24 heures avant utilisation.
• 50 g de champignons de Paris
• 1 scoby « Mère de Kombucha » DRESSAGE
• 20 g de sucre Avec les mains humides, étaler une fine couche de riz sur
le plan de travail, déposer l’insert Tama-miso et refer-
Dans une casserole, porter l’eau à ébullition et y infuser mer. Former une boule puis brûler la surface à l’aide d’un
les champignons pendant 3 heures. Filtrer et récupérer le chalumeau. Déposer une tranche de lard sur la boule de
jus. Ajouter le sucre au bouillon, le scoby, verser en bocal riz. Brûler légèrement afin qu’il fonde.
et laisser fermenter pendant 1 semaine à température
ambiante couvert à l’aide d’un linge laissant passer l’air. Dans le fond de l’assiette, disposer de la crème de champi-
Une fois le kombucha prêt, filtrer, donner une ébullition gnons puis la boule de riz. Ajouter les pickles de champi-
et réserver. gnons sur la boule de riz.
Terminer en décorant de feuilles et fleurs de Boselle
POUR LA CRÈME DE CHAMPIGNONS (facultatif).
• 150 g de kombucha champignons
• 30 g de crème liquide
• 50 g de beurre
ANANAS ET SHISO
RECETTE POUR 4 PERSONNES
POUR L’ANANAS MARINÉ Dans une casserole, infuser la base bissap à l’hibiscus à feu
• 1 ananas moyen pendant 15 minutes.
• 20 g de baies de Sancho Filtrer puis porter à ébullition avec le sucre, le glucose
• 100 g d’eau atomisé et le stabilisateur. Lorsque le mélange est homo-
• 40 g de sucre gène, laisser refroidir et congeler.
Une fois congelé, passer au Pacojet ou à la sorbetière deux
Dans un plat à bord haut, réaliser un sirop avec l’eau et le fois puis réserver.
sucre puis y infuser les baies de sansho.
Tailler des tranches d’ananas et les faire mariner dans le POUR LA FEUILLE DE SHISO EN MERINGUE
sirop sansho pendant 8 heures minimum. • 4 feuilles de shiso vert
Garder les parures d’ananas pour l’ananas fermenté. • 90 g de blancs d’œufs
• 150 g de sucre
POUR L’ANANAS FERMENTÉ • 25 g d’eau
• 100 g de parures d’ananas
• 4 g de fleur de sel Dans une casserole, faire fondre le sucre dans l’eau et
• 5 g de sucre maintenir au chaud à feu moyen. Attention, il ne faut pas
que le mélange caramélise.
Mélanger les parures d’ananas, la fleur de set et le sucre, et Monter les blancs en neige en ajoutant le sirop chaud,
laisser fermenter dans un bocal pendant 1 semaine. fouetter jusqu’à refroidissement.
Une fois fermentée, porter la préparation à ébullition puis Sur une plaque recouverte d’une toile de cuisson ou de
mixer jusqu’à l’obtention d’une texture crémeuse. papier sulfurisé, étaler une fine couche de meringue sur
les feuilles de shiso puis enfourner pendant 35 minutes
POUR LE SORBET BISSAP dans un four préchauffé à 120°C. Terminer le séchage
• 200 g de base bissap au déshydrateur ou laisser les feuilles dans le four éteint
• 30 g d’hibiscus séché après cuisson.
• 500 g d’eau
• 100 g de sucre MONTAGE
• 30 g de glucose atomisé Dans le fond de l’assiette, disposer l’ananas fermenté
• 2 g de stabilisateur puis le sorbet en quenelle entre deux tranches d’ananas
marinées. Recouvrir avec une feuille de shiso meringuée.
BALADE DANS
les vignes
EN ANJOU
N
ous voici, pour l’avant-dernière étape de notre périple ligérien, en Anjou.
Ce vaste vignoble de 16 000 ha produit tous les styles de vins blancs, rouges
et rosés. Secs ou liquoreux, tranquilles ou effervescents. Si la production de
rosés et de vins effervescents est aujourd’hui majoritaire et, disons-le, pas
toujours à la hauteur des légitimes attentes de l’amateur, elle ne saurait éclipser les vins
blancs secs et liquoreux ainsi que les rouges produits par des vignerons dont l’ambition
première est la qualité.
APPELLATION ANJOU
Dans cet ensemble, les vins rouges sont majoritaires avec 62 %
de la production. C’est paradoxal dans la mesure où, comme nous
l’avons vu en introduction, les terroirs sont, en général, plus adap-
tés à la production de blancs. Les habitudes de consommation n’y
sont évidemment pas étrangères à cet état de fait. D’une façon
générale, les rouges sont des vins de fruit, assez souples et destinés
à une consommation rapide. Quelques vignerons ont néanmoins
l’ambition de proposer de beaux vins de garde, issus de parcelles
soigneusement sélectionnées pour leur aptitude à produire vins
profonds et structurés.
Une production confidentielle de gamay parvient à subsister et ce
n’est pas dommage car ce cépage peut être très intéressant sur les
schistes angevins.
C’est bien sûr dans la large gamme des blancs que les amateurs
trouvent un terrain de jeux de choix.
Un certain nombre de domaines parmi les plus qualitatifs s’ins-
LES VINS LIQUOREUX, L’ÂME DE L’ANJOU
pirent de la démarche bourguignonne afin de sélectionner des
Il n’y a pas moins de 7 appellations qui se consacrent à la produc-
parcelles aux qualités indéniables pour construire une hiérarchie.
tion de vins moelleux et/ou liquoreux. Chacune a bien sûr ses
Ainsi des cuvées portant le nom de parcelles commencent à appa-
spécificités. Les coteaux-de-l’aubance se répartissent sur les deux
raître, laissant augurer un renouveau qualitatif de grande ampleur.
rives de l’Aubance, affluent de la Loire. Ce sont des vins moelleux
L’appellation anjou est aujourd’hui une région particulièrement
vifs et acidulés de moyenne garde. Le terroir des coteaux-du-layon
dynamique qu’il faut absolument découvrir. Un important gise-
borde les deux rives du Layon, petit affluent de la Loire. La situa-
ment de pépite ne demande qu’à être mis au jour.
tion des parcelles par rapport à la rivière détermine l’expression
de chaque cuvée. Il en résulte une grande diversité de styles. On
SAVENNIÈRES
peut néanmoins dresser le portrait d’un cru d’une concentration
Cette appellation majeure de l’Anjou s’étend sur plus de 200 ha
supérieure à l’Aubance, avec une influence plus marquée du botry-
dont 35 pour la Roche aux Moines et 7 ha pour la Coulée de Serrant
tis (pourriture noble). Le Layon, par les brumes matinales qui s’en
qui sont des crus de Savennières.
dégagent, favorise l’apparition de ce champignon.
La grande majorité de ce cru est assise sur des sols de schistes gré-
Le premier cru Chaume, localisé sur le finage de Rochefort sur
seux avec quelques parcelles de sables éoliens.
Loire, bénéficie d’un botrytis plus régulier et d’une plus grande
Le chenin trouve ici un terroir exceptionnel qui donne naissance à
concentration. Bonnezeaux borde la rive droite du Layon sur des
des vins à la fois puissants et corsés et dotés d’une grande fraîcheur.
coteaux très abrupts. C’est un très grand terroir pour les vins
Leur aptitude à la garde est remarquable. Un authentique cru de
liquoreux ainsi que pour les vins secs. Un récente dégustation
premier ordre.
de la majorité des cuvées de l’appellation laisse apparaître un cru
quelque peu assoupi. Le quarts-de-chaume grand cru tire son
nom du loyer que les locataires du tènement de Chaume devaient
à l’abbaye du Ronceray, un quart de leur production. Ils gardaient
donc les 3 quarts de la production. C’est véritablement un terroir
d’exception assis sur deux sols distincts, les grès poudingues et des
schistes. Les vins sont d’une très grande concentration. Lorsque
l’année n’est pas favorable, on y produit des blancs secs de haut vol,
puissants et d’une grande finesse.
QUELQUES CHIFFRES
LES SURFACES INDIQUÉES SONT LES SURFACES DE PRODUCTION EFFECTIVES.
AOC anjou blanc et rouge et gamay-d’anjou AOC coteaux-du-layon premier cru chaume
Surface : 1415 ha dont 50 ha de gamay Surface : 70 ha
Nombre de producteurs : 400 dont 30 qui produisent du gamay Nombre de producteurs : 30
Cépages : Cépage : Chenin
Rouges : cabernet franc, cabernet sauvignon, pineau d’Aunis, grolleau et
gamay AOC quarts-de-chaume grand cru
Blancs : chenin blanc, chardonnay et sauvignon Surface : 25 ha
Nombre de producteurs : 20
AOC anjou-villages (vins rouges) Cépage : chenin
Surface : 170 ha
Nombre de producteurs : 120 AOC bonnezeaux
Cépages : cabernet franc, cabernet sauvignon Surface : 70 ha
Nombre de producteurs : 40
AOC anjou-villages-brissac (vins rouges) Cépage : chenin
Surface : 74 ha
Nombre de producteurs : environ 30 AOC coteaux-de-l’aubance
Cépages : cabernet franc, cabernet sauvignon Surface : 70 ha
Nombre de producteurs : 40
AOC savennières, savennières-roche-aux-moines et saven- Cépage : chenin
nières-coulée de serrant
Surface : 160 ha, plus 35 pour la roche-aux-moines et 7 ha pour la cou- AOC anjou-coteaux-de-la-loire
lée de serrant Surface : 25 ha
Nombre de producteurs : 40 Nombre de producteurs : 15
Cépage : chenin blanc Cépage : chenin
AOC coteaux-du-layon
Surface : 1500 ha AOC cabernet-d’anjou
Nombre de producteurs : 300 Surface : 6300 ha
Cépage : chenin Nombre de producteurs : 755
Cépage : chenin
AOC coteaux-du-layon-villages
Surface : 155 ha AOC rosé-d’anjou
Nombre de producteurs : 70 Surface : 1800 ha
Cépage : chenin Nombre de producteurs : 500
Cépage : chenin
VOYAGE À TR AV ERS LE V IGNOBLE FR A NÇ A IS 77
CARNET DE DÉGUSTATION
TERRE DE L’ÉLU DOMAINE DE JUCHEPIE
Charlotte et Thomas Carsin Eddy et Mileine Oosterlinck
49190 Saint-Aubin-de-Luigné Les Quarts - Faye-d’Anjou
chai@terredelelu.com 49380 Bellevigne-en-Layon
Charlotte et Thomas se sont installés en 2008. À mesure qu’ils ont contact@juchepie.fr
acquis une connaissance plus intime de leur terroir, de nouvelles Eddy et Mileine sont flamands, amoureux de la France et de ses
cuvées ont vu le jour avec toujours l’envie d’exprimer le plus préci- vins et plus particulièrement de l’Anjou. Ils achètent donc, en 1985
sément le lieu. Produits dans le plus grand respect de la terre, les et en prévision de leur retraite, une maison au cœur du Layon.
vins font honneur à l’Anjou. Voilà comment démarre une aventure qui débouche sur la création
Parmi toutes les cuvées, citons L’Aiglerie, un anjou rouge issu de d’un domaine qui s’impose aujourd’hui comme l’un des meilleurs
cabernet franc avec 10 % de grolleau. Fraîcheur, souplesse, mâche, producteurs de Layon.
cette cuvée est une très belle expression des grès poudingue du Avec une rigueur et une passion qui forcent le respect, Eddy et
Layon. Si tous les anjou rouges étaient de ce niveau… Mileine produisent une série de vins liquoreux sur le terroir de
Layon Faye qui sont de véritables bijoux. Complexité, équilibre,
DOMAINE BELARGUS intensité, persistance et sensualité sont les adjectifs qui décrivent
Marie et Thierry Germain le mieux les vins de Juchepie.
19, rue Saint-Vincent, Saint-Lambert du Lattay Mention spéciale pour la cuvée Passion dont la concentration,
49750 Val-du-Layon admirablement équilibrée par une grande et belle acidité, et la pro-
bonjour@belargus.com fondeur de saveur en font un liquoreux majeur.
Ce nouveau domaine, créé en 2018, est le résultat de l’achat du
domaine de l’emblématique Jo Pithon auquel des vignes de quarts- DOMAINE LAUREAU
de-chaume, du ronceray et de savennières ont été adjointe. Chemin du Grand Hamé - Epiré
Le créateur de Belargus est un authentique passionné de vins, Ivan 49170 Savennières
Massonnat. Contrairement à d’autres, Ivan a abordé ce nouveau damien.laureau@orange.fr
projet avec beaucoup d’intelligence et d’humilité. Le résultat est Damien et Florence Laureau ont démarré en reprenant en 1999 un
absolument bluffant. Le domaine dispose aujourd’hui d’un patri- domaine en Anjou dont l’activité se partageait entre la production
moine foncier de premier ordre, d’une équipe jeune qui mène les de vin en AOC anjou et savennières et un verger de poirier.
travaux tambour battant. L’ambition du domaine est de mettre en Comme vous l’imaginez, c’est le vin qui l’a emporté et en particulier le
place un ensemble de cuvées parcellaires mettant en valeur les dif- vin de Savennières. Les vins du domaine sont d’une sincérité et d’une
férents terroirs de l’Anjou noir tant en vin sec qu’en liquoreux. La justesse qui laissent toujours s’exprimer le terroir avec intensité.
dégustation du premier millésime est particulièrement convain- La cuvée Bel Ouvrage porte particulièrement bien son nom. Issue
cante. L’ensemble est d’un haut niveau. de sols schisteux c’est un archétype de Savennières. Vin puissant,
souvent tout en retenue dans sa jeunesse, il lui faut quelques années
DOMAINE VINCENT OGEREAU pour s’exprimer pleinement. Alors, la complexité et la finesse
Vincent, Catherine et Emmanuel Ogereau alliées à une très grande persistance vous font toucher du palais ce
44, rue de la Belle Angevine qu’est un grand savennières.
49750 Saint-Lambert-du-Lattay
contact@domaineogereau.com DOMAINE PATRICK BAUDOIN
Ce domaine familial datant de la fin du XIXe siècle est mené de Princé
main de maître par Vincent et son épouse Catherine depuis 1989. 49290 Chaudefonds-sur-Layon
Depuis quelques années, Emmanuel, leur fils, apporte un nouveau patrick-baudoin.com
souffle et hisse le domaine encore plus haut. Vincent fut, entre Patrick Baudoin a choisi de recréer le domaine familial en 1990
autres, l’un des grands producteurs de cabernet-d’anjou (rosé avec, au départ, quelques vignes louées. Depuis, la surface du
demi-sec) dont la production de qualité a malheureusement qua- domaine a été portée à 14,5 ha dont 1 à Savennières. Patrick a fait
siment disparu. Emmanuel signe aujourd’hui des vins blancs secs partie des vignerons qui ont pris conscience, à la fin des années 90,
précis et fins, qui font aimer l’Anjou ! que face à l’effondrement de la demande de liquoreux de qualité, il
La cuvée Vent de Spilite est produite sur un très beau terroir, véri- fallait produire des grands vins blancs sur les terroirs habituellement
table paradis pour le chenin. Il lui confère une maturité associée dévolus aux vins doux. Comme il a eu raison ! Inlassable défenseur
à une grande fraîcheur qui font de cette cuvée un grand blanc de du chenin, c’est un homme éperdument amoureux de son terroir.
gastronomie. Le domaine produit des vins vibrants et parfaitement fidèles aux
lieux qui les ont vus naître comme cette cuvée Les Gâts, née sur la
rive gauche du Layon issue de vieilles vignes plantées en 1947. Un
grand anjou.
78 L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA
L’ ALBUM DU PÂTISSIER
Christelle Brua
© STEPH A NE DE BOURGIES
A
rrivée à Paris il y a presque 20 ans, « la
petite Lorraine », aura parcouru un sacré
bout de chemin depuis l’auberge fami-
liale de Bischwiller. À 43 ans, Christelle
Brua est depuis un an, la cheffe pâtissière du Palais
de l’Élysée. Malgré une discrétion presque maladive,
elle revient pour nous sur un parcours sans fautes.
L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA 79
1 3 4
Vos parents étaient donc aubergistes… rant avec le trophée, je les ai vu émus et fiers. Comme moi quand,
Mon père était cadre dans une coopérative laitière et un jour, avec quelques années plus tard, en 2013, une jeune fille que j’ai formée
ma mère, ils ont eu un coup de cœur pour une vieille bâtisse à est devenue meilleure apprentie de France. J’ai eu mon CAP dans
Bischwiller. Et du jour au lendemain, ils se sont décidés à l’acheter, la foulée avec tableau d’honneur. J’ai beaucoup appris grâce à eux
l’ont retapée et en ont fait une petite auberge. deux et je les en remercie.
Comment s’est déroulée votre enfance ? Et vous poursuivez à l’Arnsbourg, avec Jean-Georges Klein
Je garde le souvenir d’une enfance sympa, mes parents ont toujours Là c’était magique. C’est peut-être la plus belle maison que j’ai
beaucoup travaillé, mais je n’ai jamais manqué d’affection, nous ne faite. Tout était plus grand, la brigade, la cuisine, le lieu, et il y
manquions de rien d’ailleurs. J’ai grandi avec ma grande sœur, de avait deux étoiles et une troisième souhaitée. C’était un nouveau
trois ans mon aînée. Elle est coiffeuse, donc rien à voir avec moi. challenge, je suis arrivée apprentie et je préparais un brevet profes-
Elle n’aimait pas du tout la restauration. Je garde sinon le souve- sionnel. Je travaillais au garde-manger mais dès que je le pouvais,
nir des « cousinades » organisées chez ma grand-mère et des repas je me sauvais en pâtisserie. Tout m’émerveillait : les assiettes, la
qu’elle préparait pour ces grandes tablées. présentation, les produits. J’arrivais tôt le matin pour observer la
maman de Jean-Georges, qui, voyant chaque jour mon manège, en
À quel moment vous dirigez-vous vers la cuisine ? a sûrement eu marre, et m’a dit « la pâtisserie est à toi ». Ces mots
À la base je ne voulais pas du tout faire ça. J’ai suivi des études lit- m’ont conforté dans mon choix.
téraires, puis j’ai décidé d’être styliste. Je préparais mes concours
d’entrée pour l’école Boule et pour l’école de Condé. J’avais réussi Vous avez ressenti une pression importante ?
le concours mais vu le coût de ces études, j’ai dit à mes parents « je Oui je me mettais beaucoup la pression, mais « Monsieur Jean » a su
vais vous aider au restaurant, le temps que je trouve autre chose », me mettre à l’aise. Il m’a donné les moyens d’y arriver et de donner
et en fait je me suis éclatée. J’étais hyper à l’aise, je faisais un peu le meilleur de moi. Il m’a même envoyée en stage chez Anne-Sophie
de service, un peu de bar avec mon père, car nous n’avions pas Pic et à l’Ecole d’Alain Ducasse, il a toujours été très bienveillant.
d’employé. Je faisais un petit peu de plonge, et j’étais souvent en Il prenait du temps pour moi, même si les journées étaient longues.
cuisine. Et un jour, mon père, à force de m’observer, m’a dit : « Ça J’avais parfois des questions bêtes mais pour lui aucune ne l’était,
à l’air de te plaire. Je sais qu’un restaurant cherche un apprenti, je pense qu’il s’amusait de ma naïveté.
si tu veux tu peux y aller. » Et j’y suis allée, c’était Le Soldat de Jean-Georges a tout fait pour me mettre l’aise, pour me faire
l’An II à Phalsbourg. progresser.
C’est cette première expérience qui vous a donné l’envie ? Cet univers était nouveau pour vous ?
Non. C’était très dur moralement, mais je ne voulais rien lâcher. Oui, à l’Arsnbourg j’ai vraiment découvert l’univers de la restau-
Je ne me plaignais pas. J’ai montré au chef des cuisines Michel ration, les produits, les producteurs, l’histoire des plats et de la
Didelon et au chef pâtissier Philippe Ardizzoia que j’avais ma place cuisine. J’aimais tellement nos échanges durant les pauses. Je le
auprès d’eux. Ils m’ont transmis, chacun dans leurs domaines, les regardais lever les rougets, c’était net, précis, le geste était maî-
bases du métier. Et ils m’ont ensuite préparée au concours de meil- trisé, et puis participer aux cartes a été une réelle chance.
leure apprentie de Moselle ; le soir où je suis revenue au restau-
80 L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA
1 2 3
Vous n’étiez pas effrayée d’être laissée seule à la pâtisserie ? faire un dessert avec les produits dont je disposais et ça lui a plu.
Non parce que Monsieur Jean veillait sur moi, il m’observait tout Ensuite il m’a expliqué la brigade, les services, les étoiles, que je
en me laissant faire, il grognait parfois en patois alsacien, je me représentais le restaurant et qu’il me fallait travailler dans son sens.
moquais un peu j’avoue... Il m’a mis le pied à l’étrier et conforté Nous avons toujours cherché à ce qu’il n’y ait pas de rupture entre
dans mon choix. la cuisine et la pâtisserie. Nous échangions énormément et c’est
venu automatiquement. J’ai réussi à me construire une identité en
Combien de temps restez-vous à l’Arnsbourg ? fonction de ses plats. Grâce à mon CAP Cuisine, je comprenais la
4 ou 5 ans avant qu’un jour en rentrant du Japon, où je l’avais sienne. Je l’observais beaucoup, et il me faisait beaucoup goûter. Il
accompagné pour l’ouverture d’un restaurant à Sapporo, j’ai eu m’expliquait ce qu’il allait mettre dans ses menus, comment il les
l’impression d’avoir fait le tour. Je voulais avancer et du jour au len- construisait, et là il m’indiquait la direction dans laquelle je pou-
demain j’ai décidé de partir. J’ai alors essayé de poser mes valises vais travailler.
à Paris dans un restaurant qui s’appelait Goumard, mais ça ne m’a
pas plu. J’y suis restée un mois et je suis partie, pour aller toquer à Que vous a-t-il apporté ?
la porte du Pré Catelan. Cela prendrait des heures si je devais parler de mes 16 ans au
Pré Catelan… Frédéric Anton m’a appris la rigueur et surtout le
Frédéric Anton était un peu votre idole, c’est bien cela ? respect des produits, à ne pas les dénaturer mais à les sublimer.
J’avais sa photo dans ma chambre. Pour certains, ce sont des joueurs
de foot ou de rugby, moi c’était Joël Robuchon, Paul Bocuse et Qu’est-ce qui a noué votre complicité, presque une intimité
Frédéric Anton. Et je les avais pris dans le magazine Thuriès. d’ailleurs ?
L’intimité tout le monde nous l’a sortie ! Nous étions très com-
Pourquoi ces trois-là particulièrement ? plices… Frédéric appartient à ces personnes que tu croises et avec
À mes yeux, Joël Robuchon incarnait la rigueur, la discipline, le qui le courant passe de suite. Nous nous sommes toujours dit les
côté militaire. Paul Bocuse c’était le savoir, la gastronomie, les choses. J’étais très transparente, sans filtre et il l’était aussi avec
beaux produits, et Frédéric c’était l’avant-gardiste. Il avait par- moi. C’était comme si nous étions de bons amis et qu’au niveau
ticipé au Bocuse d’Or et y avait proposé un plat très avant-gar- boulot les choses se construisaient naturellement.
diste. J’avais absolument envie de travailler avec lui. Je me suis dit
un Lorrain arrive à Paris, il réussit, pourquoi pas moi ? Donc j’ai Vous n’avez jamais souffert d’être sous son ombre ?
envoyé mon CV, plusieurs fois car je n’avais pas de réponse. Et tous Je suis très timide, plutôt en retrait, et j’avais besoin de ce pilier.
les jours je téléphonais, jusqu’à cinquante fois pour avoir rendez- C’était très rassurant d’avoir à mes côtés quelqu’un de très terre à
vous. Je pense qu’à un moment il en a eu marre, et il m’a reçu. Ce terre qui me fasse garder les pieds sur terre. Car tu peux très vite
jour-là il m’a dit : « Tu commences demain » sauf que moi je n’étais t’enflammer en travaillant dans un trois étoiles, en étant un peu
pas prête à commencer le lendemain. J’ai dit OK sans même savoir médiatisée. J’avais besoin de savoir que quelqu’un était proche.
pour quel poste. Et quand je suis arrivée, il m’a nommée au poste Frédéric était à la fois mon meilleur ami et mon deuxième père, et
de cheffe pâtissière. moi j’avais besoin de cela. Je pense que c’est pour cette raison que
nous nous sommes très bien entendus. Nos discussions étaient très
Comment se passe votre arrivée ? fluides. Il était très taquin mais hyper protecteur. Et je n’ai pas eu
Frédéric a compris que c’était mon premier poste et m’a prise sous peur de cela, je m’en suis même servi.
son aile. Mais auparavant il m’avait testé... en me demandant de lui
L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA 81
1 2 3
Au contact d’un MOF, passer le concours ne vous a jamais tentée ? deric m’a répété qu’il était fier de moi, que je n’avais rien lâché, que
Mais je l’ai passé deux fois. En 2008 et 2011 mais en cuisine. J’ai c’était bien d’y être allé et d’avoir fait le job. Cela reste des moments
eu la chance que Frédéric ne me laisse jamais de côté. Il savait que super intimes avec Frédéric durant la préparation. Ces expériences
j’adorais la cuisine et c’était important pour lui que je ne sacrifie resteront gravées.
pas la cuisine pour la pâtisserie. Il m’a transmis tout ce qu’il a pu,
m’a toujours expliqué comment il réalisait telle ou telle recette. Les Vous n’avez jamais voulu tenter le MOF en pâtisserie ?
cuisiniers apprennent la pâtisserie au CAP et nous parlions donc le J’en ai discuté avec Guillaume Gomez (chef de l’Élysée, ndlr) mais
même langage. Du coup je lui ai demandé de passer le concours et actuellement, je me concentre sur mon poste, car c’est récent,
il m’a donné ma chance. mais j’y réfléchis beaucoup en effet. Après si un jour je le retentais,
dans l’hypothèse où je m’inscrive, je sais que Guillaume, Lionel et
Il vous a coachée ? Cédric, mettraient tout en œuvre pour m’aider et me soutenir afin
Oui, nous étions tous les deux, et c’était ma petite voix. Il me mon- que je le passe dans les meilleures conditions.
trait et je reproduisais ensuite les mêmes gestes des centaines de
fois par jour. Je travaillais, il était au pas, m’observait, et grognait… Une telle longévité au Pré Catelan apparaît aujourd’hui
Il organisait mon temps sur l’épreuve, pour aller vite et gagner presque incroyable
de précieuses minutes. Il me poussait chaque jour un peu plus et Ça passe vite en fait. Je me sentais bien, j’allais au boulot en chan-
m’aidait à ne pas lâcher, à me battre contre moi-même, il y avait tonnant, j’étais chez moi, je connaissais les lieux par cœur. Et je
l’épreuve et les recettes à réussir mais il fallait aussi avoir un mental savais exactement quels desserts pouvaient fonctionner, et ceux
fort. Ce fut une expérience magnifique vraiment. qui ne fonctionnaient pas. Je connaissais les goûts de Frédéric, je
savais donc exactement où il fallait aller pour lui plaire. Mais au fur
Avec le recul, savez-vous expliquer votre échec ? et à mesure, j’ai eu peur de m’installer dans une routine, de perdre
Peut-être qu’une pâtissière qui passe le MOF cuisine n’est pas bien l’envie, de ne pratiquer que par automatisme…
perçu…
C’est une période durant laquelle vous avez fondé une famille
Comment l’avez-vous vécu ? J’ai eu un petit garçon, Lucien, que j’ai emmené très vite au
C’était hyper dur, car j’avais travaillé. Même si j’étais cheffe pâtis- Pré Catelan. Il est pratiquement né dans la cuisine. Je suis restée
sière, je m’étais donné les moyens. Mais j’ai appris de mes erreurs en pâtisserie jusqu’au terme de ma grossesse. J’ai dû arrêter
et acquis de l’expérience. 20 jours parce que j’ai eu des complications mais tout de suite
après je suis revenue bosser. J’avais mon bébé avec moi dans le
Et vous le retentez en 2012 cosy, et quand j’étais fatiguée, Frédéric le prenait dans le porte-
C’était l’année où on demandait aux candidats une préparation en bébé pour me soulager. Lucien a même appris à marcher au Pré
15 minutes. J’ai été jugée par Marc Meurin et Alain Senderens. J’ai Catelan.
terminé mon plat dans les temps et j’étais contente de moi, mais j’ai
échoué en demi-finale. Pensez-vous qu’il sera cuisinier ?
Je ne sais pas car il est très rugby en ce moment. À 8 ans, il mesure
Vous en avez souffert ? 1 m 55, il a donc déjà le gabarit adéquat. Mais il a encore le temps
Oh que oui ! J’ai mis un peu de temps à m’en remettre. Mais là de se décider. Mais si c’est son choix je serai là.
encore j’ai appris et je ne regrette rien, j’étais contente de moi. Fre-
82 L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA
Avez-vous des filles dans votre équipe ? on est atteinte par la maladie, le rugby est là pour les aider. Je
Moi, et des stagiaires. soutiens également l’association FAKE HAIR DONT CARE qui
fabrique des perruques pour les personnes atteintes de cancer. J’ai
Vous vous arrêtez parfois ? donné plusieurs centimètres de mes cheveux il y a quelques mois et
Non, je suis hyperactive. Je suis d’ailleurs parfois difficile à suivre des collègues de l’Elysée m’ont suivi dans cette initiative. Enfin je
pour les gens qui sont autour de moi. Mais j’ai besoin de m’occuper prends part au comité de la coupe du Monde de pâtisserie qui aura
tout le temps au Palais ou à l’extérieur. Il faut que ça bouge dans ma lieu au Sirha au mois de mai prochain, sous la présidence de Pierre
vie, que je profite de chaque jour. Dès que j’ai un peu de temps je Hermé.
fais des essais, je visite d’autres services du Palais pour apprendre
quelque chose. Un mot sur vos nombreuses récompenses
C’est vrai que j’en ai reçu quelques-unes. Meilleure Apprentie de
Un souvenir marquant de cette première année ? Moselle en 1999, Pâtissier de l’année au Champérard en 2008,
Ça restera sûrement le jour de mon arrivée à la Présidence. J’ai c’est Nicolas Sarkozy qui m’avait remis ma veste. En 2009, Meilleur
d’abord rencontré le chef Gomez puis nous sommes allés directe- Pâtissier de l’année par le magazine Le Chef. En 2014 Pâtissier de
ment dans le bureau du Président de la République ! Je ne savais l’Année par le Gault & Millau, En 2016, j’ai reçu l’ordre du mérite
pas quoi dire, j’étais impressionnée et j’écoutais attentivement. agricole. Et en 2018, en Italie, le World Pastry Star ; Pierre Mar-
J’ai également rencontré Madame Macron un peu plus tard dans colini et François Daubinet avaient été eux aussi récompensés. La
la journée. C’était beaucoup d’émotion pour ces premières heures même année, Meilleur Pâtissier de restaurant du monde reçu par
passées à l’Élysée. l’association des Grandes Tables du Monde. Et en 2019, j’ai reçu le
prix Pâtisserie du Michelin. C’est le dernier.
Quelles sont vos activités externes ?
Je soutiens des associations, comme Be Happy Miel, une associa- Cette reconnaissance de vos pairs vous surprend ?
tion qui installe des ruches sur les toits de Paris. Et dernièrement Disons que j’ai toujours fait mon travail sans vraiment lever la tête,
on m’a sollicitée pour le rugby ; j’y suis très attachée. Je suis ambas- et sans vraiment savoir ce qui se passait autour. Je me disais : « Mais
sadrice pour 2023, et je supporte le Racing 92, j’essaie d’aller à pourquoi moi ? » Je pensais qu’il y avait tellement d’autres chefs :
tous les matchs. Cédric Grolet, François Perret. Mais je suis très heureuse. Et mes
Sinon j’ai accepté de prendre part aux entrainements des « Rubies parents sont super fiers. Désormais, j’ai un petit coin à la maison où
du parisis » au Parisis Rugby club de Franconville. Il s’agit d’une je place mes trophées.
section sport-santé qui a pour vocation de proposer aux femmes
ayant, ou ayant eu un cancer, de pratiquer le rugby. Ce sport véhi-
cule des valeurs de solidarité et de combativité nécessaires quand PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL TANGUY.
L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA 85
Christelle Brua
à Sar
re bo u
rg
16
Né e
années passées au
7
t1 7
9
juille
le 10
24 personnes
travaillent dans les cuisine
de l’Élysée
5 personnes
ti
ont un appren
en pâtisserie d
r e p a s servis
95 000 l ’ É ly sé e
an n é e à
c h aq u e
86 L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA
L’A LBUM DU PÂTISSIER CHR ISTELLE BRUA 87
LE CHOCOLAT
RECETTE POUR 4 PERSONNES
LA PÂTISSERIE DE
Jacques Génin
FONDEUR
EN CHOCOLAT
À PARIS
T
out le monde s’accorde à dire que Jacques
Génin est à part dans le monde de la
gastronomie. Un écorché vif, un sensible,
un généreux, un artisan talentueux qui
produit aujourd’hui parmi les meilleures confiseries
de la capitale.
L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N 89
Jacques Génin fut longtemps un pâtissier de l’ombre. Restaurants se trompe aussi parfois, mais jamais n’interrompt sa quête de l’ex-
étoilés, palaces et hôtels de la capitale servaient, sans le dire, ses cellence. Il n’a en effet de cesse d’améliorer ses recettes : Éclair,
merveilleuses gourmandises. Mais petit à petit le secret a filtré, et le flan, tarte Tatin sont sans cesse remis en question jusqu’à atteindre
nom du pâtissier s’est dévoilé à un public plus large. Jusqu’à ce jour le plus haut niveau. En 1992, à la naissance de sa fille Jade, il se
du 1er décembre 2008, où l’orfèvre confiseur, devenu roi des pâtes de décide à être chocolatier, pour lui offrir tous les plaisirs gourmands
fruits, des caramels et des bonbons de chocolat, a ouvert boutique. qu’elle peut espérer. Et pour apprendre, c’est vers La Maison du
Chocolat qu’il se tourne. Robert Linx, son fondateur, le nomme
UNE GÉNÉROSITÉ XXL responsable de la pâtisserie, mais lui promet ensuite de l’initier au
Si beaucoup usent du mot, peu l’illustrent comme Jacques Génin. chocolat. Il repartira 4 ans plus tard sans avoir appris, si ce n’est la
Il incarne à lui seul cette générosité, intimement liée à sa vocation pâtisserie. Mais qu’à cela ne tienne, en 1996 il se met à son compte,
d’artisan dont l’unique but est de « faire plaisir ». Et lorsqu’on lui et se lance, avant l’heure, avec un laboratoire de fabrication de
pose la question de savoir ce qui motive tant d’altruisme, il remer- chocolat et de confiserie, mais sans boutique. Il ne vend qu’aux
cie, non sans une certaine émotion, le cuisinier Alain Chapel. Il a plus beaux établissements de l’Hexagone.
19 ans, peu d’argent, mais se présente toutefois devant le restau-
rant du cuisinier qu’il a précédemment entendu à la radio. Intri- UN INVESTISSEMENT SANS RELÂCHE
gué par la carte, dont il ne connait pas les produits, et inquiet de Ne demandez pas à Jacques Génin s’il en fait trop, il vous répon-
ne pouvoir payer l’addition avec le peu d’argent qu’il a en poche, dra qu’il ne sait pas faire autrement. « J’ai passé 11 ans de ma vie
il est sur le point de repartir, quand un homme vêtu de blanc sort ici… Mais c’est parce que je le veux bien. J’ai plaisir à faire plaisir.
de l’établissement. Il le salue, lui demande ce qu’il peut faire pour J’ai besoin de travailler, d’être là, d’avoir cette disponibilité pour
lui et l’invite à entrer. Une fois installé, arrive un serveur qui lui mon équipe et pour mes clients. » Aujourd’hui il dirige, pâtisse,
propose à boire et lui enlève la carte qu’on venait de lui remettre, réalise une ganache ou un caramel, et répond dans le même temps
lui précisant « Monsieur Chapel s’occupe de vous ». Aujourd’hui au téléphone. Et rarement vous l’entendrez dire non, sauf peut-être
encore, le chocolatier se souvient des écrevisses à la nage qu’on lui pour un fraisier commandé hors saison. Il expliquera alors, au mois
a servies, et surtout de l’extrême générosité du restaurateur qui l’a d’octobre, pourquoi il est préférable d’opter pour la figue. Car sa
ce jour-là invité, le remerciant sur le pas de la porte, d’être venu conviction est intacte, tout comme sa passion. Regarder ses yeux
jusqu’à lui. Sur le chemin du retour, Jacques Génin se dit « voilà ce briller suffit à voir ceux de l’enfant toujours en lui, et à comprendre
que je veux faire » comprenant quelques jours après que ce n’était cette envie profonde de faire plaisir qui l’anime au quotidien. Et
pas véritablement ce métier qu’il voulait faire mais simplement plus c’est pour cette raison qu’il ne faut pas lui parler de rentabilité.
tard incarner cette générosité. « Tu ne pas fais ce métier pour la rentabilité, affirme-t-il en haus-
sant le ton, tu le fais parce que tu as envie de te faire plaisir. Car
UN PARFAIT AUTODIDACTE avant de faire plaisir aux autres, il est important de penser à soi ».
Jacques Génin n’a pas 25 ans quand sur un coup de tête il ouvre, Quant à sa notion du luxe, c’est cet ancien atelier d’Yves Saint Lau-
avec son ex-femme, son premier restaurant à Paris. « C’était chao- rent, devenu local du journal Zurban, qu’il a transformé en bou-
tique, raconte-t-il, les premiers jours je mettais 45 minutes à sortir tique, avec à l’étage un laboratoire de 240 m2. Une vraie folie au
une entrée, mais les gens patientaient, acceptaient ces balbutie- prix de l’immobilier parisien, mais c’est tout lui : « J’ai toujours fait
ments. » Car le cuisinier est un autodidacte, il ne pratique qu’à les choses, non pas pour leurs prix mais parce que j’en avais envie.
l’instinct, tout lui vient comme ça, explique-t-il. Il en sera de même Je pense à l’argent après. »
plus tard pour la pâtisserie et le chocolat. Il essaie, tâtonne, ajuste,
90 L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N
L’ESPRIT D’ÉQUIPE
Certes il est exigeant, il hausse parfois le ton, mais il y a chez
Jacques une affection profonde pour ses équipes, et notamment
pour Sophie Vidal, son second, celle sur laquelle il s’appuie depuis
bientôt 20 ans. « Si demain Sophie n’est plus dans l’affaire, alors
moi je ne suis plus là non plus. Je ne conçois pas être là sans elle.
Quand elle n’est pas là pendant une longue période, je ressens un
vide, car elle fait partie de moi, de ma vie, de ce que j’ai construit.
Elle a aussi contribué à la réalisation de ce que je suis. Les trois
premières années ici ont été les plus difficiles. Sophie était présente
chaque jour, sans vacances, sans repos, en me disant “cette affaire
c’est chez moi aussi, et on va réussir”. Elle a donné une partie d’elle,
de sa jeunesse, et tout cela je ne l’oublie pas. » Et désormais, c’est
avec sa fille Jade qu’il travaille. Une nouvelle relation qu’il noue
dans un contexte professionnel : « J’observe ma fille car il m’est
donné en tant que père de la voir évoluer dans mon domaine à moi,
et de voir comment elle va s’accaparer cela. Je l’ai eue bébé, je l’ai
vu grandir, et là je la vois évoluer adulte, c’est un partage qu’on ne
connaissait pas ensemble.» Car travailler en famille n’est pas tou-
jours facile. Jacques Génin est néanmoins très clair sur un point :
« Ne demandons pas à nos enfants d’être nous. Je veux que ma fille
soi elle-même. Avec mes tripes à moi, certes, mais je veux qu’elle
s’épanouisse, qu’elle se réalise dans ce travail qui est désormais le
sien. Elle fera des erreurs, mais ce n’est pas grave. En revanche si
elle n’a plus l’amour de ce qu’elle fait, il faudra qu’elle arrête. »
3 QUESTIONS À JADE GÉNIN vite j’ai su que si je venais, c’était pour être en fabrication, et pas
au bureau.
Avez-vous eu une vie avant le chocolat ?
J’étais avocate en fusion acquisition dans un cabinet américain, Vous êtes heureuse désormais d’avoir les mains dans le chocolat ?
Latham & Watkins. J’y ai travaillé 3 ans et pourtant, dès mon Oui, et c’est vite apparu comme une évidence. À tel point que je
3e mois de travail, je me suis rendu compte que ce n’était pas me suis demandé pourquoi j’avais mis si longtemps à me décider.
vraiment ce que j’aimais. Mon truc à moi c’est le chocolat. En fait, Car mon truc à moi c’est vraiment le chocolat et la confiserie, après
pour ma mère, il était impensable de ne pas faire d’études. Le deal si je me projette plus loin, quand papa ne sera plus là, j’aurai du
était « Fais des études, ensuite tu feras ce que tu veux ». mal à gérer la pâtisserie. Car ce domaine c’est vraiment le sien. Je
crois que ça me ferait bizarre de continuer sans lui. Pour l’instant je
À quel moment vous décidez de rejoindre votre père ? n’arrive pas à concevoir la pâtisserie sans papa. Mais pour l’heure
Lors de la cérémonie de sa médaille du Mérite agricole. J’étais j’apprends, même si je suis un peu une tête de mule car je déteste
très fière, et je me suis dit, ce jour-là, ses petits-enfants auront le qu’on me tienne la main et qu’on m’explique pas à pas. Je préfère
meilleur grand-père du monde. Mais dans le même temps je me regarder et reproduire. Je ne dis pas que je ne fais pas d’erreur, mais
suis aperçue que papa n’était pas éternel, et qu’à un moment, mes si je n’en fais pas, je ne saurai jamais. Après j’apprends relativement
enfants n’auraient plus de chocolat. C’est là que l’idée de reprendre vite, et du coup avec papa, c’était un peu compliqué, parce qu’il
est apparue. J’étais dans mes études, ça se passait bien, j’ai donc trouve que je veux aller trop vite. Pourtant c’est un peu logique car
envisagé un temps de reprendre la gestion de la société. Mais très je suis née avec la chocolaterie. Je connais les produits par cœur.
L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N 91
GUIMAUVE
CARAMEL
L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N 93
INGRÉDIENTS Déglacer avec la crème tiède puis cuire à 126°C. Ajouter le beurre et
• 90 g de glucose l’incorporer au fouet le plus rapidement possible.
• 410 g de sucre Couler immédiatement en cadre, laisser refroidir puis détailler à la
• 240 g de crème liquide dimension souhaitée.
• 260 g de beurre
• 5 g de fleur de sel
Ajouter le beurre et l’ incorporer au fouet le plus rapi- Couler dans un cadre posé sur une feuille de papier
Cuire le caramel à 126°C. dement possible. sulfurisé.
Répartir harmonieusement le caramel. Une fois refroidi, découper à l’aide d’une bicyclette. Terminer la découpe des caramels au couteau.
94 L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N
LE FINGER PISTACHE
L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N 95
Une fois refroidi, découper le praliné à l’aide d’une Enrober les fingers, à l’enrobeuse ou à l’aide d’une
Égaliser à hauteur. guitare. fourchette.
96 L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N
PÂTE DE FRUITS
FRAMBOISE
L A PÂTISSER IE DE JACQUES GÉNI N 97
• 1 kg de purée de framboises (ou autres) Incorporer le sucre (1), mélanger puis remonter à 50°C et ajouter
• 900 g de sucre (1) le mélange sucre (2) pectine en pluie, tout en remuant à l’aide d’un
• 100 g sucre (2) fouet (au-delà de 50°C, la pectine perdrait de son effet).
• 45 g de pectine Monter la pâte de fruits à 102,5°C ou 102,6°C puis ajouter l’acide
• 6 g d’acide tartrique (ou le jus d’un citron) tartrique et couler en cadre de 40 x 30 cm – la pâte de fruits doit
mesurer 1,5 cm x 1 x 2 cm.
Fondre le glucose, ajouter la purée de framboises puis chauffer à
50°C.
Fondre le glucose puis ajouter la purée de Verser le sucre et laisser monter la température à Ajouter le mélange sucre et pectine en pluie tout en
framboises. 50°C. remuant.
1 produit,
LE CÉDRAT,
UN AGRUME SAVOUREUX
Jaune, orangé voire même rouge, le cédrat s’est vite
imposé dans les laboratoires des pâtissiers et dans la
cuisine des chefs. Originaire d’Asie, sa culture s’est
aujourd’hui étendue à différents pays pour satisfaire un
attrait grandissant pour cet agrume aux parfums sub-
tils et délicats.
3 recettes
LE CÉDRAT CORSE
La douceur de son parfum caractérise ce fruit emblématique de
Corse, qui fait aujourd’hui partie de la collection du conservatoire
des agrumes de San Giuliano, sur la côte orientale ; près de 1 000
variétés y sont rassemblées, dont les oranges et les kumquats. Tradi-
tionnellement, le cédrat corse était stocké dans des tonneaux remplis
d’eau de mer. Une fois rincé, il était confit dans des bains successifs
de sirop ou servait à produire la « cédratine », une liqueur méditer-
ranéenne fabriquée à l’origine par les moines. Cette région, bénéfi-
ciant du climat méditerranéen est idéale pour la culture des vergers
souvent localisés en dessous de 300 mètres d’altitude dans des zones
abritées du gel car, comme tout agrume, les cédratiers sont particu-
lièrement sensibles au froid. jour sa forme, deux hypothèses persistent : il s’agit soit d’une muta-
tion génétique naturelle, soit de la présence d’un acarien déformant
LA MAIN DE BOUDDHA les fruits à un stade jeune. Sortie des cuisines, la main de Bouddha
La main de Bouddha « citrus digitata » serait originaire du nord-est est un porte-bonheur pour les Chinois, elle leur assure prospérité,
de l’Inde. C’est aujourd’hui la variété la plus cultivée en Asie. Son longévité et fertilité. Les Japonais s’en servent pour parfumer leur
nom provient en toute logique de sa ressemblance avec une main. intérieur et leurs vêtements ou comme cadeau lors du jour de l’An.
Dépourvue de pulpe, elle est douce et moins amère que le cédrat. Son
goût rappelle celui de l’orange, du citron ou du pamplemousse selon LE CÉDRAT GÉANT
le lieu où elle a été cultivée. Deux parties seulement sont utilisées en « Citrus medica maxima » est le plus imposant des cédrats, il peut
cuisine et en pâtisserie : l’huile essentielle, présente sur l’écorce et atteindre 4 kg et avoir un diamètre supérieur à deux mains d’homme
l’albédo ou zist (partie blanche du fruit). L’huile essentielle est néan- sur le fruit. De forme pyramidale oblongue, sa peau est jaune, gra-
moins difficile à travailler car très volatile. Si personne n’explique à ce nuleuse, très épaisse et légèrement acide. S’il est moins parfumé que
le cédrat corse, il s’accorde néanmoins parfaitement à la viande, le
poisson, le fromage ou les crustacés tels que la Saint-Jacques, sous
forme de zeste ou confit. Issu d’une plante vigoureuse qui possède,
comme la plupart des cédratiers, des épines et un feuillage odorant,
le cédrat géant est récolté à l’automne, du moins pour la France. Son
imposante carrure lui permet également d’être un élément décoratif
idéal pour la table car il est à la fois original et odorant.
CÉDRAT CONFIT
LE CÉDR AT 101
INGRÉDIENTS
• 3 cédrats
• Eau
• Sel
Préchauffer le four à 170°C. Lever les suprêmes de cédrats. Les placer dans un sachet
Dans une casserole à feu doux, faire fondre le beurre et sous vide et plonger dans une casserole d’eau bouillante
le miel. À l’aide d’un pinceau, badigeonner les feuilles de pendant 15 minutes. Verser le continu du sachet dans une
pâte filo puis les superposer par 3. Tailler des bandes de casserole, chauffer à 40°C et ajouter le mélange sucre
28 cm de long sur 2 cm de large. Rouler ces bandes autour pectine en fouettant. Porter à ébullition pendant 1 minute
de 6 cercles de 8 cm de diamètre préalablement chemisés puis débarrasser et réserver au réfrigérateur.
de papier cuisson, en superposant les bandes sur 3 ou 4 cm.
Cuire 12 à 15 minutes dans un four préchauffé à 170°C.
Décercler délicatement et réserver.
LE CÉDR AT 103
POUR LE CRÉMEUX MIEL (LA VEILLE) Émincer finement les feuilles de cédratier (ou citronnier).
• 400 g de crème liquide à 35 % Réaliser un sirop de sucre avec le sucre et l’eau, ajouter les
• 146 g de miel de sarrasin feuilles et porter à ébullition. Refroidir, passer au chinois
• 7 g de pectine NH et ajouter les jus et la vodka. Débarrasser dans un gastro-
• 7 g de pectine jaune nome plat et laisser congeler. Sortir du congélateur, réali-
• 13 g de sucre semoule ser le granité à l’aide d’une fourchette.
Déposer les graines sablées entre les gouttes de Poser les lamelles de cédrat confit, enroulées en forme
crémeux. de cône.
104 LE CÉDR AT
Pocher la crème noisette sur le fond de tarte, disposer Pocher la ganache montée en moule silicone éclipse
Couvrir le praliné à hauteur de compotée de cédrat.
des cubes de cédrat confit et cuire 15 min à 160°C. fin, couvrir d’un disque de biscuit noisette et surgeler.
NOS ADRESSES
DISCIPLES
C’est en lieu et place du restaurant A&M que Jean-Pierre Vigato vient d’ouvrir
sa nouvelle table, associé à Romain Dubuisson, l’un de ses anciens disciples de
la rue d’Artois dans le 8e arrondissement. La décoration des lieux, résolument
contemporaine, a été confiée à l’architecte Alexandre Diner qui a fait le choix
de la clarté et de la sobriété : murs blancs, tables en bois et fer forgé, seules les
assises des chaises sont colorées afin d’apporter un peu de gaieté. La cuisine,
ouverte sur la salle, affiche clairement cette volonté de transparence des chefs,
et aussi une part de « show » culinaire au moment des services. À la carte, de
belles pièces de veau, dont on admire la découpe en cuisine, le Rouget des ven-
dangeurs au beurre d’anchois, Tête de veau traditionnelle ravigotée, et Soufflé
aux pistaches pour les becs sucrés. Une carte courte, bien troussée, et des vins
du moment à partager.
LE CAMONDO
Ancienne réserve automobile du musée voisin Nissim Camondo, aviateur mort
pour la France, Le Camondo appartient à ses adresses presque confidentielles
de la capitale. Le lieu a conservé de son passé son identité brute et ses larges
espaces, aujourd’hui agencé avec goût et élégance. D’immenses tapis persans
ornent le sol, les banquettes rouge et jaune invitent aux discussions intermi-
nables de fin de repas, et la cour intérieure, à l’arrière du restaurant, n’attend
qu’une chose : l’arrivée du printemps. Depuis le mois de juin 2020, c’est à la
cheffe Fanny Herpin, passée par le Meurice, le Bristol et le Taillevent que l’éta-
blissement a confié ses fourneaux. Au programme, une cuisine raffinée aux
accents italiens, composée de produits travaillés avec soin. Pour cette fin d’an-
née : Burratina à la truffe noire ; Noix de Saint-Jacques, chou-fleur, romanesco,
cécina, sarrasin et jus de bardes aux agrumes. Pour les douceurs : Macaron
chocolat noisettes, ganache chocolat noir grand cru Brésil, cœur coulant noi-
sette et fleur de sel, et l’indémodable Tarte citron meringuée, baies de Timur.
LES CLIMATS
C’est une équipe chevronnée qui prédestine à ce restaurant étoilé du
7e arrondissement de la capitale. Anciennement réfectoire de la Mai-
son des Dames des Postes Télégraphes et Téléphones, cette grande
salle classée pour son architecture Art nouveau s’est quelque peu
embourgeoisée. La Bourgogne s’est immiscée dans les lieux avec
Carole Colin et Denis Jamet, propriétaires du restaurant et amoureux
de Beaune et de ses environs. Le sommelier Francesco Cosci peut ici
s’amuser sur les accords avec une incroyable carte des vins aux 2 844
références. En cuisine depuis bientôt deux ans, le chef Emmanuel
Kouri, passé par les cuisines de Pierre Gagnaire au Sketch à Londres,
de Yannick Alléno au Meurice et d’Éric Frechon en tant que sous-chef
du restaurant Épicure. Aux Climats, il propose une cuisine française
soignée et savoureuse, travaillant notamment gibiers et champignons
durant la saison. Exemples avec ce Chevreuil de chasse française,
maturé à la lie de pinot, oignons confits à la moutarde, mousseline
de racines et sauce Grand Veneur, et cette élégante tarte aux cham-
pignons servie au déjeuner. Parmi les desserts, une tarte au citron de
Menton réinterprétée : Fromage blanc rafraîchi de citron confit, chou
craquant, jus du citron en sorbet.
ANECDOTE
Alexandre Gauthier, chef de la Grenouillère à La Madelaine-sous-Montreuil,
rend dans cette seconde adresse ouverte en 2017, un vibrant hommage à son
père. Épaulé par Samuel Pesquet en cuisine, et Virginie Forteville, en sommel-
lerie et en salle, il sert à la carte d’Anecdote, nom donné à ce nouveau lieu, les
plats que son père Roland avait inscrits à sa carte à l’ouverture de la Grenouil-
lère en mars 1979. Dans cette grande salle lumineuse aux briques blanchies,
l’ancien hôpital de l’Hôtel-Dieu prendrait presque des allures brooklyniennes.
Au centre de la pièce trône une grande desserte en bois, sur laquelle deux tré-
pieds suggèrent l’imminente préparation de quelques recettes authentiques.
Au menu : Goujonnettes sauce gribiche, Carottes des sables langoustines, Côte
à l’os à la braise, Noix de veau sauce poirier pommier. Et en dessert, les incon-
tournables crêpes Suzette, baba au rhum et crème madame. Durant le confine-
ment, le chef propose une formule à emporter les vendredis et les samedis. De
l’apéritif au dessert, tout est pensé pour un repas d’exception chez soi.
I R
LE SAVO ire- FA I R E
c u l i n a IERS
S • 4 C H E F S • 4 PÂTISS
RECETTE S
PLUS DE 25 E S D IZ A IN ES DE LIVRE
E•D
A D E D A N S LE VIGNOBL IT EN 3 RECET
TES
1 BAL S•1 P R O D U
EUSES INFO
DES NOMBR E S S E S À DÉCOUV
RIR
DE S A D R
magazine
"
110 CÔTÉ LI V R ES
COTÉ
LIVRES
ON VA DÉGUSTER L’ITALIE, FRANÇOIS-RÉGIS GAUDRY ET SA BANDE
L’équipe de la célèbre émission du dimanche sur France Inter revient avec un nou-
vel opus dédié à l’Italie. Ses produits mythiques, ses chefs, ses recettes célèbres ou
plus confidentielles… C’est toute la gastronomie de la Botte qui passe à table dans
un ouvrage qui fera référence : 350 sujets, 1272 fiches produits, 256 recettes
cultes, pour ne plus confondre cappuccino, macchiato et mocaccino, pour savoir
reconnaître un panettone artisanal et apprendre à préparer la pasta fresca, le
risotto, les gnocchis ou encore la pâte à pizza.
Éditions Marabout, 42 €.
INDEX
DES RECETTES
ENTRÉES
p.56 Endive, pied et oreille de cochon, vinaigrette tiède à la truffe
p.69 Sticky Rice aux champignons, lard et poivre de Penja
CONFISERIE
p.91 Guimauve
p.92 Caramel
p.95 Finger Pistache
p.97 Pâte de fruits framboise
p.101 Cédrat confit
COQUILLAGES ET CRUSTACÉS
p.15 Pomme de mer au four, homard du cotentin
p.30 Déclinaison de crevettes bouquets vivantes
p.33 Chou-fleur confit au barbecue, déclinaison d’huîtres
p.66 Homard et miso à la tomate
CÉPHALOPODES
p.29 Déclinaison de Seiche
POISSONS
p.26 Rouget barbet et betteraves
p.34 Sardines marinées et grillées de la tête à la queue
p.55 Anguille de Camargue, aubergine, bouillon d’arrêtes grillées
p.59 Féra, sarrasin et vin rouge
VOLAILLES
p.70 Poulet Yassa 2.0
PÂTISSERIES ET DESSERTS
p.41 Poire fenouil
p.42 Jonchée charentaise à l’amande douce
p.45 Chocolat Nori
p.46 Éclade chocolat fumé, cognac
p.49 Variation de l’Estran
p.60 Pomme en l’air, gavotte, confiture de myrtilles sauvages
p.73 Ananas et Shiso
p.86 Le Chocolat
p.102 Dessert cédrat, miel et vodka
p.104 Tarte cédrat, noisette, café
ABONNEZ-VOUS
BON DE COMMANDE
à adresser à THURIÈS MAGAZINE SAS - C/O ABOSIRIS - BP 53 - 91540 MENNECY
Pour commander par tél. : 33 (0)1 84 18 10 55
par internet : www.thuriesmagazine.fr
par mail : abonnement@thuriesmagazine.fr
.......................................................................................................................................................................................................................................................................................
ANCIENS NUMÉROS & ÉCRINS Pour commander des anciens magazines (antérieurs au numéro
312 - Septembre 2019), merci de vous adresser à :
SOCIÉTÉ SOPRESCO
FLORENCE ASSIÉ
81 170 CORDES SUR CIEL
TÉL. : 33 (0)5 63 56 16 06
Pour commander des écrins :
❑ Je souhaite commander écrin(s) (port inclus) :
❑ France : soit x 18,70 € = €
❑ Europe : soit x 23,90 € = €
❑ DOM-TOM : soit x 25,70 € = €
❑ Autres pays : soit x 27,90 € = €
Montant total de ma commande : ...........................................................................................€
Mode de règlement :
❑ Chèque (France uniquement) à l’ordre de la SARL SOPRESCO
❑ Carte bancaire (Visa ou Eurocard-Mastercard)
N° carte bancaire :
En application de l’article 27 de la loi du 6 janvier 1978, les informations ci-dessus l l l l ll l l l ll l l l ll l l l l
sont indispensables au traitement de votre commande et sont exclusivement com- cryptogramme : l l l l expire à fin : l l l 20 l l l
muniquées aux destinataires la traitant. Elles peuvent donner lieu à l’exercice du droit
d’accès et de rectification auprès de Thuriès Gastronomie Magazine. Vous pouvez
Fait le à
vous opposer à ce que vos nom et adresse soient cédés ultérieurement. Signature obligatoire
114 DÉCEMBR E 2020 - TM 325
magazine
"
Thuriès M agazine sas
6 bis, rue Auguste Vitu CARNET
D’ ADRESSES
75015 Paris
www.thuriesmagazine.fr
S ervice rédaction
Tél. : 33 (0)1 45 74 21 62
mtanguy@thuriesmagazine.fr
91540 MENNECY
Tél. : 01 84 18 10 55 RESTAURANT TAKAO TAKANO
Du lundi au vendredi 33 RUE MALESHERBES
69006 LYON
de 10h à 12h et de 14h à 17h TÉL. : 04 82 31 43 39
abonnement@thuriesmagazine.fr
P ublicité
FL Régie, S.A. au capital de 40 000 €
6 Bis, rue Auguste Vitu - 75015 Paris
Tél. : 01 45 74 96 33 - Fax : 01 45 74 01 03
E-mail : regie@thuriesmagazine.fr
Thuriès M agazine
est une publication de 10 n° / an
diffusée par la SAS Thuriès Magazine
Présidente Directrice Générale : Anne Luzin
Dépôt légal : octobre 2019
Commission Paritaire : n° 0525 K 86555
Numéro ISSN : 1966-6624 - © Thuriès 1988
Les noms des marques et adresses figurant dans les pages rédactionnelles
de ce magazine sont donnés sans aucune intention publicitaire.
"