Page:Falret - Études cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.djvu/79

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autres caractères nous paraissent mériter une étude attentive ; ce sont ceux que nous croyons pouvoir tirer :

1o De la marche spéciale de cette affection ;

2o De la nature particulière des phénomènes du délire.

L’examen de ces deux questions va devenir l’objet de deux chapitres qui composeront la première partie de notre travail.


CHAPITRE PREMIER

MARCHE DE LA FOLIE PARALYTIQUE

Je n’ai pas l’intention de donner une description détaillée de la marche de cette maladie et de ses diverses variétés ; je me propose seulement d’en faire une esquisse rapide, afin de prouver que, malgré des différences individuelles assez nombreuses, elle présente une marche générale susceptible de description.

L’étude des débuts de cette affection est très difficile, parce que les documents manquent presque complètement dans les ouvrages des médecins qui ont étudié avec le plus de soin ses périodes ultérieures, et parce que les difficultés de l’observation directe, à la première période, sont presque insurmontables. Les malades se trouvent, en effet, dans leur famille, sans que l’on puisse avoir le moindre soupçon de l’existence de cette affection, et par conséquent sans qu’un médecin puisse être consulté. Ce n’est que plus tard, et alors que la maladie est devenue évidente pour tous, qu’il est quelquefois possible de remonter dans les antécédents du malade, à l’aide des renseignements fournis par lui-même ou par sa famille, et que l’on peut reconstituer la marche de cette première période de la maladie.

Les médecins qui se livrent à la pratique civile seraient dans de meilleures conditions, sous ce rapport, que les médecins aliénistes ; mais le plus souvent ils ne sont pas appelés par les familles ; d’ailleurs ils pourraient difficilement soupçonner l’existence d’une maladie qui ne se trahit par aucun symptôme saillant, et qui est encore imparfaitement connue ; on conçoit donc que les documents