Le Soudan au bord de la guerre civile
Publié le 25 avril 2023
Texte de Félicia Latour
Illustration d'Ève Laguë
Depuis le 15 avril, les violences entre l'armée du Soudan et les forces paramilitaires rivales risquent de dégénérer en guerre civile et de déstabiliser un pays déjà fragile. Ce conflit a déjà fait des centaines de morts, des milliers de blessés et jusqu’à 20 000 réfugiés. On t’explique les origines du conflit.
Le Soudan est le troisième plus grand pays d’Afrique et est situé dans le nord-est du continent. Depuis qu’un mouvement populaire historique a destitué le dictateur Omar El-Béchir en 2019, le Soudan est gouverné par une junte, un groupe de militaires qui se sont emparés du pouvoir.
L’histoire de deux généraux
Deux rivaux sont à la tête de la junte : le général Abdel Fattah Al-Bourhane, qui dirige l’armée soudanaise, et Mohammed Hamdan Daglo, surnommé Hemetti
, le chef des Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire. Ils ont pris le pouvoir ensemble, mais à la suite d’une longue montée des tensions, ils ont déclenché une lutte de pouvoir le 15 avril.
Depuis des semaines, ces deux forces armées s’affrontent pour le contrôle des bases militaires et des aéroports partout au pays. Malgré des appels unanimes à la désescalade de la part de la communauté internationale, les deux généraux rivaux semblent être embarqués dans un conflit à mort.
Il n’y aura pas de discussions politiques [avec Hemetti] : soit il cesse de vouloir contrôler le pays, soit il se fera écraser militairement.
– Le général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, chef de l’armée soudanaise
La situation humanitaire
Dans la capitale, Khartoum, ce conflit a bouleversé la vie des cinq millions d’habitants. La majorité d’entre eux n’ont plus d’électricité ni d’eau courante et doivent choisir entre se réfugier chez eux ou fuir la ville.
Partout au pays, les violences pourraient plonger des millions de personnes dans la faim, où déjà un tiers de la population a besoin d’aide, selon le Programme alimentaire mondial.
Le conflit a déjà fait plus de 420 morts, 3700 blessés et 20 000 réfugiés au Tchad voisin, selon l’Organisation des Nations unies (ONU) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
De nombreux pays, dont le Canada, conseillent à leurs citoyens d'éviter tout voyage au Soudan et ont commencé l’évacuation de leurs citoyens et de leurs diplomates du pays. Selon Hamid Khalafallah, un chercheur spécialiste du Soudan, le départ des acteurs internationaux risque de laisser les Soudanais sans protection.
Avec les informations de Radio-Canada et du journal Le Monde