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10 ans plus tard, Yves Fortier défend toujours la vente d'Alcan à Rio Tinto

Les dirigeants de Rio Tinto et d'Alcan lors de la fusion des deux entreprises en 2007.

Les dirigeants des deux entreprises en 2007. De gauche à droite: Dick Evans, chef de la direction d'Alcan; Tom Albanese, chef de la direction de Rio Tinto; Yves Fortier, président du C.A. d'Alcan et Paul Skinner, président du C.A. de Rio Tinto.

Photo : La Presse canadienne / Peter McCabe

Radio-Canada

Le 25 octobre 2007, Alcan passait officiellement aux mains du géant minier anglo-australien Rio Tinto pour la somme de 38 milliards de dollars américains.

Un texte de Denis Lapierre

Dix ans plus tard, le dernier président du conseil d’administration d’Alcan, Yves Fortier, continue de croire que le C.A. a pris la bonne décision.

« Le mandat, c’était d’aller chercher le meilleur prix possible pour les actions d’Alcan, et c’est ce qu’on a fait », assure-t-il encore aujourd’hui.

Aujourd’hui âgé de 82 ans, M. Fortier travaille toujours au cabinet d’avocats qui porte son nom et c’est entre deux rendez-vous qu’il a été possible de lui poser quelques questions sur cette transaction.

Retour sur les événements

L'aluminerie AP-60

L'aluminerie AP-60

Photo : Radio-Canada

En 2007, Alcoa, le producteur américain d’aluminium et principal concurrent d’Alcan, cherche à mettre la main sur l’entreprise québécoise en déposant une offre publique d’achat, déclarée hostile par les actionnaires.

C’est en mai qu’Alcoa dépose une première offre d’achat d’Alcan, jugée très en deçà de la valeur de l’entreprise. Depuis le début des années 2000, Alcan avait gagné en valeur grâce à des acquisitions importantes, dont celle de Péchiney, à l’origine de la technologie AP utilisée à l’usine pilote AP-60 de Jonquière.

À l’époque, c’était avant la grande crise financière de 2008, les grands joueurs industriels jouissaient d’un accès au capital sans précédent, favorisant plusieurs grandes vagues d’acquisition.

La tentative d’OPA d’Alcoa sur Alcan mettait ainsi sous les projecteurs une entreprise profitable, qui bénéficiait de plus d’un prix de l’aluminium au-delà des 3000 $ américains la tonne et de perspectives de croissance que les observateurs jugeaient énormes.

Il fallait donc, rappelle Yves Fortier, trouver un acquéreur capable de damer le pion d’Alcoa tout en offrant un prix qui corresponde à la situation et aux perspectives de l’entreprise. Ce fut Rio Tinto.

Son offre était de 38,1 milliards de dollars américains, ou 101 $ par action, soit 65 % de plus que la valeur en bourse au moment de l’offre d’Alcoa.

Dans d’autres milieux, on aurait parlé d’une offre difficile à refuser.

Yves Fortier

Yves Fortier

Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz

« Notre mandat c’est de protéger les actionnaires. Ça, vous le savez », mentionne Yves Fortier, qui assure que dans cette perspective, il n’était pas possible de dire non, ni probablement d’espérer une contre-offre plus importante.

« Y’a pas un seul ancien actionnaire qui s’est plaint du fait qu’on soit allé chercher au-delà de 100 $ l’action, alors qu’elle se transigeait à 35 ou 36 lorsqu’Alcoa est arrivée avec son offre. »

Après la transaction

Il y a l’intérêt des actionnaires, mais il y a aussi l’intérêt du Québec qui voyait ainsi partir à Londres et Melbourne la direction d’une de ses principales entreprises industrielles.

« Ça a fait mal », affirme encore aujourd’hui M. Fortier qui croit que les autres membres québécois du C.A., comme Paul Tellier, ont aussi souffert de cet aspect de la transaction.

« Nous sommes des Québécois pure laine et oui, de voir un siège social d’un fleuron de la société québécoise quitter le Québec, quitter le Canada effectivement, ça été difficile à avaler », admet-il.

Malgré tout, dix ans plus tard, il croit que le Rio Tinto a respecté les conditions qui lui ont été imposées avant la conclusion de la transaction, entre autres concernant la convention de continuité conclue avec le gouvernement du Québec moins d’un an plus tôt. « Ces garanties-là ont été respectées », juge Me Fortier.

Dans la région…

La pancarte de l'usine Grande-Baie de Rio Tinto.

La pancarte de l'usine Grande-Baie de Rio Tinto.

Photo : Radio-Canada

Aujourd’hui, une autre question se pose : est-ce que le Saguenay-Lac-Saint-Jean et le Québec ont vu le secteur de l’aluminium se développer comme il l’aurait fait si le pouvoir de décision était demeuré totalement au pays?

« Je pourrais me déguiser en philosophe ou en politicien, ce que je ne suis pas », répondra Yves Fortier à l’instant de partir pour son prochain rendez-vous.

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