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Vers une pêche durable du pétoncle

Deux hommes debout, sur un pétonclier, devant une drague pleine de pétoncles.

Le pétoncle est récolté grâce à une pêche à la drague, qui a déjà été beaucoup plus florissante dans les zones côtières de la Moyenne-Côte-Nord.

Photo : Pêches et Océans Canada

Si le goût délicat du pétoncle est bien connu, les éléments pour faire une pêche au pétoncle durable dans le golfe du Saint-Laurent demandent toutefois à être approfondis, notamment en ce qui concerne le pétoncle d’Islande.

Parmi les mets de choix du temps des Fêtes, les fruits de mer se taillent souvent une place à table.

Entre les huîtres et les crevettes, le pétoncle récolte l’attention méritée de quelques gourmets. Dans le Saint-Laurent, on ne pêche pas la fameuse coquille Saint-Jacques, mais deux espèces distinctes de pétoncles.

Quelques faits sur la pêche au pétoncle dans le Saint-Laurent

  • Le pétoncle d’Islande (Chlamys islandica) est surtout pêché sur la Côte-Nord.
  • La seconde espèce, le pétoncle géant (Placopecten magellanicus), est surtout pêchée au large des Îles-de-la-Madeleine.
  • La pêche au pétoncle se fait à la drague et dans 24 zones réparties dans l'Est-du-Québec : Côte-Nord (13 zones), Îles-de-la-Madeleine (5 zones) et Gaspésie (6 zones).
  • Pêches et Océans Canada recense 78 permis.
  • Le pétoncle géant atteindra 100 mm en 5 ans à 6 ans environ, ce qui est la taille commerciale minimale.
  • Plus petit, le pétoncle d’Islande grandit plus lentement. Il lui faudra de 8 à 9 ans pour atteindre une taille de 70 mm. Il n’y a pas de taille minimale. Sa taille maximale est d’environ 120 mm.

Sur les tablettes de l’épicerie, et même dans la drague des pêcheurs, il est assez difficile de distinguer les deux espèces, sauf si on compare leur taille.

Les très gros sont assurément des pétoncles géants, les plus recherchés.

Un pétoncle géant.

Un pétoncle géant

Photo : Radio-Canada

C'est toutefois sur le plus petit, le pétoncle d'Islande, que les chercheurs vont se pencher au cours des prochaines années.

Les débarquements du pétoncle d'Islande sont en effet en baisse depuis plusieurs années, alors qu'il était autrefois plus abondant.

D’où l’intérêt pour les biologistes de Pêches et Océans Canada de mieux comprendre l’espèce, afin d’en assurer un prélèvement durable.

Le pétoncle en déclin en Moyenne-Côte-Nord

Jusqu’à maintenant, les principales sources d’information qui permettent d’évaluer les prises autorisées proviennent de la pêche commerciale.

On en connaît finalement peu.

Un bateau à quai.

Un pétonclier au port de Matane

Photo : Radio-Canada / Joane Bérubé

L’observation de la densité de gisements dans les zones de pêche, notamment les zones 16E et 16F sur la Côte-Nord, permet de constater que le pétoncle est en déclin.

On commence dans cette région parce que c’est là qu’on a besoin d’avoir le plus d’informations, commente Rénald Belley, biologiste à Pêches et Océans Canada, responsable de l’évaluation des stocks de pétoncles.

On essaie de trouver le sweet spot, précise le biologiste. Si les pêcheurs vont chercher telle quantité, on va avoir une population qui est stable.

Ce qu’on espère, c’est que cette pêche soit prospère pour les 50, 100 prochaines années.

Une citation de Rénald Belley, biologiste à Pêches et Océans Canada, responsable de l’évaluation des stocks de pétoncles

Des coquilles sous le microscope

Différents projets de recherche sont sur la table.

Depuis peu, un chercheur de l’Institut Maurice-Lamontagne étudie par exemple les coquilles du mollusque qui ont été amassées au cours des 30 dernières années. On a des centaines et des centaines de boîtes de coquilles qui ont été récoltées lors des différents relevés de recherche, indique Rénald Belley.

Des échantillons prélevés à divers endroits sur ces coquilles révéleront des informations précieuses sur l’environnement. Un pétoncle de 10 ans en 1990, si on l’analyse, on peut avoir ses informations quand il était âgé d’un an. Les scientifiques pourront entre autres récolter de l’information sur la nourriture disponible, sur la température de l’eau, sa salinité. Ces données pourront être corrélées avec celles des débarquements.

Les scientifiques ambitionnent d’avoir une connaissance plus fine de l’âge du pétoncle.

Actuellement, cette lecture s’effectue à partir des cernes sur la coquille. Un nouveau microscope permet dorénavant de lire l’âge du pétoncle à partir du ligament qui retient les deux coquilles.

Une image d'un ligament de pétoncle.

Photo prise d’un ligament de pétoncle à l’aide du nouveau microscope Keyence. Les flèches sur la photo indiquent les lignes de croissance utilisées pour déterminer l’âge du pétoncle.

Photo : Crédit : Pierre Poitevin MPO

Une autre des difficultés est de suivre le jeune pétoncle. Ce n’est pas constant. Il y a certaines années, indique M. Belley, où on peut suivre de jeunes cohortes, mais il y a des années où on ne les retrouve pas d’une année à l’autre.

Les chercheurs comptent élucider ce mystère. Ça peut être la prédation, des conditions environnementales. C’est peut-être notre engin de pêche, suppose le biologiste.

Une étude sur les jeunes pétoncles débutera l’été prochain. Des collecteurs seront installés afin de récolter des larves à des endroits stratégiques. Les résultats devraient être connus pour la prochaine évaluation de stocks, prévue pour 2023.

D'autres analyses

La prédation est aussi un souci. Une étude sera lancée pour vérifier la population de prédateurs, dont les étoiles de mer.

La condition physique, la forme des pétoncles, les cycles de reproduction, le rendement en muscle (partie du pétoncle qui est commercialisée) sont aussi des sujets de recherche en cours.

Les chercheurs se demandent enfin quels sont les liens entre les pétoncles observés en Minganie et ceux retrouvés à 10, 100 et même 1000 km.

Des gens sur un bateau qui examinent des coquilles de pétoncles lors d'une mission réalisée en Minganie au printemps 2019.

Les coquilles des pétoncles sont une source d'informations précieuses pour les scientifiques.

Photo : Pêches et Océans Canada

La longue phase larvaire du mollusque pourrait lui permettre, avec les courants, de voyager plus loin qu’il peut sembler à première vue. Des pétoncles de la Côte-Nord, des Îles-de-la-Madeleine, de l’île Rouge, de la Basse-Côte-Nord, de la Nouvelle-Écosse et même de l’Arctique seront analysés pour cette étude.

Ces comparaisons permettront de repérer un marqueur génétique qui sera ensuite utilisé pour différencier les différents gisements de pétoncles et reconnaître ceux qui font partie des mêmes populations.

Toutes ces données permettront, espère Rénald Belley, de faire avancer la connaissance pour gérer la pêche. On veut suggérer aux pêcheurs d’aller chercher le plus de pétoncles pour le plus d’années possible. C’est souvent cette fine ligne-là qui est le plus difficile.

Une pêche en déclin

Rénald Belley souligne que les pêcheurs cherchent une stabilité des prises et la pêche au Québec en a bien besoin.

La pêche au pétoncle d’Islande s’effectue principalement dans le secteur de Havre-Saint-Pierre et près de l’île Rouge, en face de Tadoussac. La Gaspésie complète le tableau avec seulement 1 % des débarquements.

Historiquement, les débarquements de pétoncles d’Islande ont déjà été importants sur la Côte-Nord. Au tournant des années 2000, ils représentaient d’ailleurs 65 % des débarquements de pétoncles du Québec. À la même époque, la flottille gaspésienne rapportait le quart des débarquements qui dépassaient annuellement les 300 tonnes.

Des pêcheurs de pétoncles rentrent au quai de Cap-aux-Meules avec leurs prises du jour.

Des pêcheurs de pétoncles rentrent au quai de Cap-aux-Meules avec leurs prises du jour.

Photo : Radio-Canada / Claude Brunet

Les deux tiers des débarquements de pétoncles au Québec se font désormais aux Îles-de-la-Madeleine, où on pêche surtout du pétoncle géant.

Les prises de pétoncles d’Islande ont diminué au cours des années, si bien qu’il ne reste que deux ou trois pêcheurs actifs sur la Côte-Nord, selon Rénald Belley. En moyenne, les pêcheurs ont débarqué 73,8 tonnes de muscles pour la période de 2016 à 2019, ce qui est presque le quart des débarquements effectués 20 ans plus tôt.

Les dernières années ont été meilleures, mais la pêche, notamment en Minganie, reste fragile.

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