Promenade autour d’un nom scientifique

Quand la température monte et la canicule s’installe, il fait bon éviter les chemins ensoleillés. Le professeur Quercus nous emmène donc aujourd’hui dans des bibliothèques sombres, poussiéreuses et fraîches. Il nous invite à nous pencher sur le nom scientifique de la Linaire des champs, Linaria arvensis. Vous serez surpris des informations qu’une appellation rébarbative comme celle-là peut recéler, et du nombre de botanistes des temps passés qu’il nous fera rencontrer.


Ceci est la suite du billet consacré à la Linaire des champs.
Un billet que nous vous invitons chaleureusement à lire ou à relire, car il était diablement intéressant.!

Fermons cette page de pub, et donnons la parole à notre chêne de bibliothèque, le professeur Quercus.


Préambule

Les ouvrages fondateurs de la botanique, ceux de Linné et des autres, étaient rédigés en latin. Mais un latin particulier, souvent appelé latin botanique, que Virgile n’aurait vraisemblablement pas compris.

Ce latin est en effet dérivé du latin médiéval et encombré de néologismes, de mots qui n’existaient pas du temps des Romains.
Outre cela, il est une sorte de sténographie, caractérisée par son absence de verbes.

En fait, un verbe est inexprimé, mais implicite, dans toutes les descriptions, c’est «.être.».

Il n’est donc pas surprenant que ce langage soit devenu indéchiffrable pour la plupart des botanistes d’aujourd’hui, même pour ceux ou celles qui s’occupent de taxonomie.

Que cela ne soit pas un obstacle insurmontable pour nous ! Allons-y.


De l’importance des auteurs dans les noms scientifiques

La première partie est le binom, ici Linaria arvensis. Il comprend le nom du genre (Linaria) et l’épithète attribuée à l’espèce (arvensis).
Vient ensuite la citation de l’auteur (ou des auteurs) ayant le premier utilisé le binom dans une publication valide.

La Gazette des Plantes a déjà abordé la nomenclature binominale dans un billet. Rappelons seulement que le binom est obligatoire, tandis que la citation de l’auteur est facultative. Mais elle est fortement recommandée dans les articles scientifiques afin d’éviter tout risque de confusion. Le binom a pu en effet, au fil du temps, être attribué à plusieurs espèces différentes.! Lisez notre introduction à la nomenclature binominale pour en savoir plus.


Linné mis entre parenthèses

La présence de parenthèses dans un nom scientifique nous indique que l’espèce fut, à un moment donné, transférée d’un genre vers un autre. Le nom mis entre les parenthèses désigne l’auteur de la première dénomination.

Ici, vous l’aurez sans doute deviné, il s’agit de Linné, généralement abrégé en L.

Linné avait en effet placé la Linaire des champs dans le genre Antirrhinum, qui comprend actuellement les mufliers.

Grand muflier (Antirrhinum majus)

Vous pouvez vérifier cette assertion vous-même, puisque l’ouvrage le plus célèbre de Linné, Species plantarum, est disponible sur internet. Prenez le second tome et ouvrez-le à la page.614. Vous y verrez que Linné donna à notre Linaire le nom d’Antirrhinum arvense.

Le mot antirrhinum provient du grec antirrhinon, lui-même composé d’anti, signifiant «.contre.», mais aussi «.semblable à.», et de rhinos, génitif singulier de rhís, «.nez.». Peut-être en référence à la forme de la capsule de ces plantes à l’état mature.4.

Species plantarum parut en 1753.; ce livre constitue le point de départ de la nomenclature botanique binominale en vigueur aujourd’hui. Il est donc important, et captivant, d’examiner ce que Linné y a mis, en prenant comme illustration le paragraphe concernant la Linaire des champs.

Linné, Species Plantarum, volume II, p..614
Biodiversity Heritage Library, domaine public

Les paragraphes sont constitués de différents éléments que nous allons passer en revue.
a) Nous avons d’abord le binom (rectangle rouge), suivi
b) de la diagnose ou description (point
.1),
c) de plusieurs synonymes (points
.2 et 3), diagnoses tirées d’ouvrages d’autres auteurs,
d) des variétés ou sous-espèces (points
.4 et 5),
e) de l’habitat naturel de la plante (point
.6),
f) et finalement d’une information supplémentaire jugée importante par Linné.


A) Le binom

Linné commence chaque entrée par le binom (rectangle rouge ci-dessous).

Le genre est écrit en lettres capitales. Linné plaça dans la marge gauche, afin de faciliter les recherches, ce qu’il appelait le «.nom trivial.», nomen triviale, que nous qualifions aujourd’hui d’épithète spécifique.

Il inclut dans le genre Antirrhinum 28.espèces, Antirrhinum arvense étant la douzième de sa liste.

Imitant Linné, Lamarck la désigna comme Muflier champêtre (ou des champs), dans le quatrième tome du Dictionnaire de botanique de l’Encyclopédie méthodique (1802).

Lamarck, Encyclopédie méthodique.: Botanique, tome.4, p..355
Biodiversity Heritage Library, domaine public

Joseph Buc’hoz préféra en revanche la qualifier de Linaire champêtre à fleurs bleues, dans le troisième volume de son Dictionnaire raisonné universel des plantes, arbres et arbustes de la France, paru en 1770.

Buc’hoz , Dictionnaire raisonné universel des plantes, arbres et arbustes de la France, volume.3, p..641
Domaine public

Lamarck (1744 – 1829) fut un grand botaniste et zoologiste français. Il est l’un des premiers naturalistes à avoir postulé l’évolution des êtres vivants, et est également l’un des fondateurs de la biologie.

Pierre-Joseph Buc’hoz (1731 – 1807) écrivit de nombreux ouvrages de botanique. Tellement nombreux qu’il fut de son temps traité de misérable compilateur et de scientifique peu scrupuleux.1.


B) La diagnose.: la description de la plante

Le binom est suivi par une courte description de la plante.: Les feuilles sont presque linéaires, les inférieures étant verticillées. Le calice est recouvert d’une pilosité visqueuse. Les fleurs sont disposées en épi. La tige est dressée.

Le calice est bien recouvert d’une pilosité visqueuse (Calycibus piloso-viscidis)

Ce descriptif est une diagnose, il précise la façon dont cette espèce diffère des autres appartenant au même genre. Pour Linné, il s’agissait du nom légitime, le nom trivial n’étant qu’un raccourci pratique, un moyen mnémotechnique.2.


Le casse-tête des abréviations linnéennes

Comme tout scientifique sérieux, Linné cite ses sources, au moyen d’abréviations italicisées.

Souvent courtes et obscures, elles n’ont pas été explicitées par Linné, qui les a maintes fois employées de manière incohérente.

Heureusement, John Lewis Heller, un professeur de lettres classiques de l’Université de l’Illinois, en a réalisé un guide, paru en 1959. Il fut annexé au second volume du fac-similé publié par la Ray Society (réédité en 2013).

La première abréviation suit la description de la plante, la diagnose.: Hort. ups. 174.

Notre recherche ne sera heureusement pas trop ardue pour ce premier cas. Linné se réfère en effet à l’un de ses propres ouvrages, Hortus Upsaliensis, un catalogue des plantes du Jardin botanique d’Uppsala, paru en 1748.

On y trouve bien, aux pages.174 et 175, le descriptif de la Linaire des champs (rectangle rouge ci-dessous). Il n’y a, dans cet ouvrage plus ancien, aucun nom trivial. Nous sommes encore à l’époque de la nomenclature polynominale, qui faisait appel à des «.noms-phrases.», difficiles à manier et à retenir.

Linné, Hortus Upsaliensis, volume.I, pp..174-175
Biodiversity Heritage Library, domaine public

Nous pouvons relever une petite différence entre les deux descriptifs. Dans le plus ancien, celui de l’Hortus Upsaliensis, il est question de bracteis reflexis, des bractées réfléchies. Dans Species plantarum, Linné remplaça ce critère par les fleurs en épi.


C) Quelques diagnoses supplémentaires

Revenons au paragraphe concernant la Linaire des champs dans Species Plantarum.

Linné énumère deux diagnoses supplémentaires, provenant d’ouvrages d’auteurs plus anciens. Il les traite comme des synonymes du nom d’espèce légitime.

Deux diagnoses supplémentaires (points 2 et 3)

Le premier synonyme

Regardons d’abord la référence de ce synonyme, Roy. lugdb. L’élucider nous demandera un peu plus de temps, mais, en cherchant dans les relations de Linné, nous trouverons finalement que l’un de ses amis s’appelait Adriaan van Royen.

Adriaan van Royen (1704 – 1779) fut un botaniste hollandais et directeur du Jardin botanique de l’Université de Leyde (Hortus Botanicus Leiden). Linné explora ce jardin à plusieurs reprises entre 1735 et 1738. Lors de l’une de ses visites, il séjourna chez Van Royen et le conseilla sur la manière de disposer les plantes dans le jardin.

Adriaan van Royen, domaine public

Adriaan van Royen écrivit en 1740 un catalogue de ce jardin, intitulé Florae leydensis prodromus.: exhibens plantas quae in Horto academico lugduno-batavo aluntur (Introduction à la flore de Leyde.: présentant les plantes qui sont cultivées dans le Jardin botanique de l’Université de Leyde).

Dans Species Plantarum, Linné l’abrège quelques fois en Roy. lugdb., mais aussi en Roy. leid. et parfois en Roy. prod.

C’est à la page.297 du Florae leydensis prodromus que Linné pêcha donc son premier synonyme.

Van Royen, Florae leydensis prodromus…, p..297
Biodiversity Heritage Library, domaine public

Van Royen avait rangé la Linaire des champs dans le genre Antirrhinum, tout comme Linné le fera après lui. Sa description différait cependant de celle de Linné sur plusieurs points. Il ne mentionnait ni les poils visqueux du calice ni les fleurs en épis. Il relevait par contre les feuilles alternes et recourbées (foliis linearibus alternis recurvis), et la tige portant des rameaux courts (ramis caule brevioribus).

Que signifie lugduno-batavo dans le titre de l’ouvrage de van Royen.?

Lugdunum Batavorum était un site romain édifié le long du Rhin, qui fut mentionné par le géographe grec Ptolémée. Vers 1500, des érudits hollandais identifièrent erronément ce site à la ville de Leyde et Lugdunum Batavorum devint la dénomination officielle de cette ville sur les documents rédigés en latin. Mais le fort romain se situait plutôt un peu plus à l’ouest, sur le territoire actuel de la commune de Katwijk.

Lug(u)dunum est un nom d’origine gauloise, qui a également donné Lyon et Laon. Il est composé de deux éléments. Le premier est Lug, dont l’étymologie est encore débattue.; il s’agirait vraisemblablement du principal dieu gaulois Lug, mais des interprétations différentes ont été avancées.
La seconde partie dunum signifiait «.fort, colline fortifiée.».
Notons que Leyde (Leiden en néerlandais) dérive du vieux-néerlandais leitha, «.cours d’eau.».3.

Batavorum veut dire «.des Bataves.». Ce qui est étrange, c’est que les Bataves, comme les autres tribus de cette région, formaient une peuplade germanique, et non celtique. Pour quelle raison les Romains baptisèrent-ils leur camp d’un nom gaulois, en territoire germanique.? À ce jour, aucune explication plausible n’a encore été trouvée pour ce fait.


Le deuxième synonyme

Le deuxième synonyme relevé par Linné est nettement plus court, mais très instructif.: Linaria arvensis caerulea. Il est associé à deux références, Bauh..pin. et Dill..elth.


Pour une personne s’intéressant à l’histoire de la botanique, Bauh. évoque immédiatement la figure de Gaspard Bauhin, un naturaliste suisse très célèbre.


La Gazette des Plantes a déjà évoqué l’importance de Gaspard Bauhin dans l’histoire de la botanique. Rafraîchissez-vous la mémoire en lisant (ou relisant) l’article passionnant consacré à la nomenclature binominale.

Redonnons la parole au professeur Quercus.

Bauh. pin. se rapporte au livre le plus connu de Gaspard Bauhin, intitulé Pinax Theatri Botanici (Exposition illustrée de plantes) et publié à Bâle en 1623. Dans cette œuvre, il présente plus de 6.000.espèces, dont la Linaire commune à la page.213.

Gaspard Bauhin, Pinax Theatri Botanici, extrait de la p..213
disponible gratuitement sur Google Books

Bauhin classa donc notre plante dans les Linaires, et non dans les Antirrhinum.

Bauhin scinda le genre Linaria en plusieurs sections.; la Linaire des champs étant la quatorzième espèce de la section «.Linaires dressées à feuilles étroites.», Linaria erecta angustifolia.
Sa description est courte, ne comprenant que trois mots : Linaria arvensis caerulea, Linaire des champs bleue.

On retrouve ici ce qui fit la caractéristique de Gaspard Bauhin.: réduire les diagnoses en utilisant un minimum de mots, préfigurant ainsi la nomenclature binominale.

Notons cependant que Bauhin fut souvent plus prolixe. Pour nommer la Linaire commune, aujourd’hui Linaria vulgaris, il eut besoin de cinq mots.: Linaria vulgaris lutea flore majore, Linaire commune aux grandes fleurs jaunes.

Linaria vulgaris lutea flore majore

Bauhin parvint donc à résumer la diagnose de la Linaire des champs à trois mots, et renvoya son public, pour une description plus complète, à son Prodromos Theatri botanici, qui est une introduction à son ouvrage majeur.

Gaspard Bauhin, Prodromos Theatri botanici, extrait de la p. 107
Biodiversity Heritage Library, domaine public

Le portrait de la Linaire des champs dans le Prodromos Theatri botanici est assez fouillé, puisque Bauhin part de la racine menue (radice est exili), évoque les petites tiges ramifiées (cauliculis palmaribus), les feuilles linéaires, peu nombreuses et courtes (foliis capillaceis, sed rarioribus & brevioribus), les fleurs petites et violettes (floribus parvis, violaceis). Il précise que la couleur des fleurs varie selon le lieu.: elles sont bleues en Lusace, une région du nord-est de l’Allemagne (in agris Lusatiae flore est caeruleo), mais violettes dans la région de Montpellier (Monspessuli), une ville que Bauhin visita.


Ici aussi, nous trouverons l’explication de cette mention en explorant la vie et les relations de Linné. Nous apprendrons alors qu’en 1736 il passa un mois à Oxford, où il fut reçu par le professeur de botanique de l’université, Johann Jacob Dillenius.

Dillenius

était, comme son nom ne l’indique pas, un botaniste allemand, né en 1684 à Darmstadt.
En 1721, il déménagea à Londres à la demande de William Sherard.
Bien que peu connu à notre époque, Sherard fut l’un des plus grands botanistes anglais. À la fin de sa vie, il dota la chaire de botanique de l’université d’Oxford en stipulant qu’elle devait être attribuée à Dillenius, ce qui advint en 1734.

Le genre Sherardia fut baptisé en hommage à William Sherard.
Ici, la Rubéole (Sherardia arvensis), une plante devenue assez commune dans nos villes et villages.

C’est en 1732 que Dillenius publia l’un de ses deux livres les plus notables, Hortus Elthamensis, qui contient les descriptions et 417.dessins de plantes rares collectionnées par le frère de William Sherard à Eltham, près de Londres. Linné qualifia cet ouvrage de «.opus botanicum quo absolutius mundus non vidit.», un ouvrage botanique comme le monde n’en avait encore jamais vu auparavant.
La deuxième œuvre importante de Dillenius est son Historia Muscorum, datant de 1741. Cette «.Histoire des mousses.» présente et illustre plus de 600.espèces de bryophytes, d’hépatiques, de lycopodes, d’algues et de lichens.

Vous pouvez admirer ci-dessous à droite l’illustration que Dillenius consacra à la Linaire des champs dans son Hortus Elthamensis, avec la même dénomination que celle utilisée par Gaspard Bauhin, Linaria arvensis caerulea. Il indiqua d’ailleurs sa source sous le dessin.: C.B. pour Casparus Bauhinus.

Dillenius, Hortus Elthamensis, volume.1,
dessin de Linaria arvensis caerulea (à droite)
t..163, p..198, f..198
http://www.plantillustrations.org, domaine public

D) Les variétés

Linné avait l’habitude d’indiquer les variétés (nous dirions aujourd’hui sous-espèces) de la plante étudiée au moyen des lettres grecques β (beta) et γ (gamma).

Il en présente deux pour la Linaire des champs (voir ci-dessous).

Linné puisa la première variété (β) dans le Pinax Theatri Botanici de Bauhin. Ce dernier y avait décrit, dans la section des Linaires naines ou rampantes (Linaria pumila seu repens), une Linaire naine (Linaria pumila), à feuilles charnues (foliolis carnosis), ayant de très petites fleurs jaunes (flosculis minimis flavis).

Gaspard Bauhin, Pinax Theatri Botanici, extrait de la p..213
disponible gratuitement sur Google Books

Linné alla chercher la seconde variété (γ) dans le même livre de Bauhin, et sur la même page, mais dans la section précédente, celle des Linaires dressées à feuilles étroites. La dix-septième espèce de ce groupe est une «.Linaire jaune, à quatre feuilles.» (Linaria quadrifolia lutea).

Gaspard Bauhin, Pinax Theatri Botanici, extrait de la p..213
disponible gratuitement sur Google Books

Pour cette seconde variété, tant Linné que Bauhin se référèrent à une troisième source, que Bauhin nomma Col. et Linné Col. ecphr.

Col. nous renvoie à Fabio Colonna, un botaniste italien (1567-1640) qui fut le contemporain de Bauhin.

Fabio Colonna

Colonna fut amené à s’intéresser aux plantes médicinales parce qu’il souffrait d’épilepsie et cherchait un remède. Il pensa l’avoir trouvé en utilisant la valériane, qu’il avait découverte en lisant Dioscoride.

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La Gazette des Plante a déjà parlé du botaniste grec Dioscoride dans l’article consacré à la nomenclature binominale. Si ce n’est déjà fait, dévorez-le maintenant (l’article, pas Dioscoride). C’est une lecture saine et enrichissante.

La pause est terminée, reprenez vos places et poursuivons avec le professeur Quercus.
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Colonna s’occupa aussi de fossiles (il prouva leur origine biologique), d’astronomie (il correspondit avec Galilée) et de musique (il inventa le pentecontachordon, un instrument à 50 cordes).

Mais il doit surtout sa renommée à ses ouvrages botaniques. Dans Phytobasanos (L’examen des plantes), publié en 1592, Colonna entreprit d’améliorer les descriptions données par Dioscoride et d’autres auteurs classiques. Il s’agit du premier livre strictement botanique à présenter des gravures sur cuivre. On pense que les dessins et les gravures ont été réalisés par Colonna lui-même. Il déclara avoir utilisé des plantes sauvages comme modèles chaque fois que cela était possible, car leur culture pouvait entraîner des modifications de la forme. Il fut en avance sur son temps en montrant les détails d’organes des décennies avant que leur importance taxonomique ne soit reconnue.6.

Cela signifie.: «.Description de plantes moins connues et plus rares que celles qui poussent sous nos cieux.».
Ekphrasis est un mot grec qui veut dire « description détaillée », et qui fut repris dans le latin de la Renaissance sous la forme ecphrasis. De là vient l’abréviation Col. ecphr. employée par Linné, bien que Colonna ait utilisé le mot grec, comme le montre la page de titre de l’ouvrage.

Fabio Colonna, page de titre du Minus cognitarum rariorumque nostro coelo orientium stirpium ekphrasis
Biodiversity Heritage Library, domaine public

En passant, remarquons que Colonna écrivit la lettre S de deux manières différentes. Le premier S correspond au sigma majuscule, Σ. Le second, terminal, est une variante archaïque, appelée sigma lunaire, à cause de sa forme en croissant, C. Elle fut et est encore utilisée dans des contextes religieux, ou bien pour des raisons décoratives.

Sigma classique et sigma lunaire dans le titre de l’ouvrage de Colonna.

Revenons à la deuxième variété de Linaire reprise par Linné. À la page 299 de son livre, Colonna dresse un portrait détaillé d’une petite Linaire jaune à quatre feuilles (Linaria tetraphylla lutea minor).

Fabio Colonna, p. 299 du Minus cognitarum rariorumque nostro coelo orientium stirpium ekphrasis
Biodiversity Heritage Library, domaine public

Remarquons que Colonna se servit de mots grecs (tetra et phylla), tandis que Bauhin recourut aux mots latins (quadri et folia).

Il est très difficile et périlleux de tenter d’identifier les deux variétés présentées par Linné.

On peut cependant relever une possible similitude avec la Linaire simple (Linaria simplex), que l’on pourrait qualifier de «.Linaire des champs à fleurs jaunes.». Du reste, cette petite plante fut à une époque considérée comme une sous-espèce de la Linaire des champs, et reçut un moment le nom de Linaria quadrifolia.5.

Linaire simple (Linaria simplex)

E) La distribution géographique et quelques autres renseignements supplémentaires

Linné termine son chapitre consacré à Linaria arvensis en indiquant la distribution géographique de l’espèce étudiée.: les champs en Angleterre, en France et en Italie.

Il conclut en rappelant la caractéristique principale de l’espèce, selon lui.: son inflorescence en épi (flores spicati sunt).

Adapté de
Fragment pour un dictionnaire des termes d’usage en botanique,
Jean-Jacques Rousseau, 1781

Sources :

1 : Metz : Pierre-Joseph Buc’hoz l’infatigable botaniste.; Le Républicain Lorrain.; 7.décembre 2016.

2 : Order from Chaos: Linnaeus Disposes – The Linnaean system in action.; Hunt Institute for Botanical Documentation.

3 : R.C.J. van Maanen.; Leiden.– De geschiedenis van een Hollandse stad.; Tome.1.; p..15.; Geschiedschrijving Leiden.; 2002.

4 : Antirrhinum orontium, Misopates orontium, Small Snapdragon.; Flowersinisrael.com.; page consultée le 12 juillet 2022.

5 : Linaria simplex (Willd.) DC..; GBIF.; page consultée le 19 juillet 2022.

6 : Fabio Colonna.; Royal College of Physicians of Edinburgh.; page consultée le 26 juillet 2022.

A propos La gazette des plantes

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