Art

Christian Boltanski en 5 œuvres phare

Artiste aux talents multiples, Christian Boltanski mêlait dans ses œuvres monumentales réflexion et émotions vives. Retour sur 5 réalisations de cet artiste considéré comme l’une des principales figures de l’art contemporain français, disparu le 14 juillet.
Christian Boltanski en 5 œuvres phare
© Didier Plowy / Courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, New York, Paris, London

Christian Boltanski, Chance (The Wheel of Fortune), 201, Pavillon français, Biennale de Venise 2011.

© Didier Plowy / Courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, New York, Paris, London

Chance, 2011

Spécialement créée pour le Pavillon français de la 54e Biennale de Venise, Chance apparaît comme le revers de Personnes. Avec cette œuvre, Boltanski aborde le thème du hasard de la naissance. L'installation consiste en un dispositif complexe composé d'échafaudages métalliques et de rotatives dans lesquelles défile, à toute vitesse, une bande de photographies de bébés. Alors que retentit une sonnerie stridente, la bande ralentit, puis s'arrête, et apparaît alors sur un écran le portrait de l’enfant choisi. Dans une pièce adjacente, des écrans affichent en continu des fragments de visages. Comme dans un jeu de hasard, le déroulement s'arrête pour dévoiler un individu composite.

Christian Boltanski, Personnes, 2010 / Monumenta 2010, Grand Palais, Paris.

© Didier Plowy / Courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, New York, Paris, London

Personnes, 2010

Après l’artiste allemand Anselm Kiefer en 2007 et le sculpteur américain Richard Serra en 2008, Christian Boltanski investit le Grand Palais dans le cadre de la troisième édition de l’événement Monumenta en 2010. A cette occasion, il réalise une installation spectaculaire portant sur le poids de l’histoire, le hasard de la mort et la fragilité de l’existence. Dans un espace d’exposition volontairement privé de chauffages sont disposées des zones géométriques tapissées de vêtements, objets de mémoire récurrents de la Shoah. Au centre de la nef, une grue pioche au hasard des habits dans une pyramide monumentale de fripes. Le tout est accompagné d’un fond sonore de cœurs battant à l’unisson. Cette installation immersive plonge les visiteurs dans une atmosphère tout à fait angoissante qui ne peut les laisser indifférents.

Album de photographies de la famille D., 1939-1964, 1971.

© Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole / Photo  © Yves Bresson / © Adagp, Paris, 2019

Album de photographies de la famille D., 1939-1964, 1971

L’Album de photographies de la famille D. est une installation réalisée à partir d’un album de 150 photographies amateur prises entre 1939 et 1964 par la famille d’un ami de l’artiste, Michel Durand. Triés, rassemblés, puis encadrés, les tirages noir et blanc racontent l’histoire banale des membres d’une famille ordinaire, renvoyant ainsi aux souvenirs, aux rituels et à la mémoire de tout à chacun.

Christian Boltanski, Réserve des Suisses Morts, 1991, 900 boîtes en métal avec des photos en noir et blanc, dimensions variables.

© Courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, New York, Paris, London

Réserve : Les Suisses Morts, 1990

Œuvre emblématique de sa réflexion sur l’histoire et la mémoire, elle témoigne de son intérêt obsessionnel pour les Suisses morts. La composition se constitue d’anciennes boîtes à biscuits en métal accumulées et habillées de photographies noir et blanc. La boîte à biscuits – motif récurrent dans les créations de Boltanski – se réfère au pot à souvenirs, au cube minimaliste et à l’urne funéraire, tandis que les tours prêtes à s’écrouler figurent la contingence.

Christian Boltanski, Vitrine de référence, 1972, vitrine horizontale en bois peint en blanc contenant fil , cheveux, photos n /b, pièges, lettre, boite Maladie, ongles, etc.

© Courtesy of the artist and Marian Goodman Gallery, New York, Paris, London

Vitrine de référence, 1972

Cette création autobiographique s’inscrit dans la tendance artistique des « mythologies individuelles », présentée par Harald Szeemann à la Document 5 de Cassel en 1972, qui réinvestit le sujet et le mythe personnel. Vitrine de référence est une boîte en bois sous plexiglas qui contient plusieurs objets de l’enfance de l'artiste, des photographies noir et blanc à des morceaux de vêtements, en passant par des boulettes de terre. Ici, il se met lui-même en scène sans retenue.