Robert, Thierry, Jean-Philippe ou Marie-Hélène ? Si le suspens autour du nom du nouveau président du conseil de surveillance de Peugeot-Citroën n’était pas bien grand – Louis Gallois a été élu à l’unanimité ce mardi 18 mars -, le choix des membres de la famille Peugeot était très incertain. Jusqu’ici, ils étaient quatre : Thierry, le président du conseil, sa sœur Marie-Hélène Roncoroni, et ses cousins Robert et Jean-Philippe.
La 8e génération de la famille fondatrice savait qu’elle allait perdre deux sièges. Or, vu leurs divisions très fortes, et les prises de position carrément antagonistes pour deux d’entre eux, le suspens n’était pas mince.
Thierry, l'industriel dans l'âme
Thierry Peugeot, ex-président du conseil (et dernier des Peugeot à assumer ce titre), allait-il ou non devoir partir ? Depuis le début, c’est lui qui n’a cessé d’être désavoué. Lui qui a lutté pied à pied contre l’entrée d’un nouvel actionnaire qui allait diluer la part de la famille au capital. Lui qui se battait pour que les Peugeot gardent un rôle opérationnel, industriel. Lui qui, le 27 janvier, écrivait à son cousin Robert, dans une lettre pourtant confidentielle : "Je considère que la famille Peugeot doit continuer à accompagner Peugeot SA et ne pas s’en désintéresser".
Et pourtant : Thierry, 58 ans, a bel et bien obtenu de rester au conseil. Certainement parce que l’arrivée de Louis Gallois, très proche de l’Etat, est un coup dur pour la famille et qu’il représente une sorte de "garantie" que les intérêts de la famille et son héritage seront préservés.
Robert, l'adepte du modèle Wendel
Encore plus étonnant, et très mauvais signe : son cousin Robert Peugeot, 63 ans, siègera à ses côtés. Mauvais signe, parce que les cousins sont en désaccord absolu depuis la mort de Pierre Peugeot, le patriarche, père de Thierry, en 2002. Robert, à cette époque, était le plus engagé dans la vie de l’entreprise, où il dirigeait l’innovation. Il pensait donc être nommé président du conseil de surveillance… mais a été déçu dans ses ambitions. C’est Thierry qui avait obtenu le poste, alors que Robert, lui, recevait la présidence du holding familial, FFP.
Depuis, "acquis au principe de réalité" comme il aimait le dire – toujours en off -, il s’opposait sans cesse à son cousin, militait pour un désengagement progressif de la famille de la vie de l’entreprise, et rêvait pour les Peugeot d’un destin à la Wendel, passés de l’industrie à l’investissement.
Le conflit familial va donc perdurer
Aux côtés des deux cousins rivaux, divisés face à l’Etat et à Dongfeng, Jean-Philippe, leur cousin d’une troisième branche, siégera en tant que "censeur auprès du conseil", ce qui signifie qu’il n’en sera pas membre mais aura son mot à dire. De Jean-Philippe, qui préside Peugeot Frères, la structure qui détient 80% de FPP et 5% de PSA en direct, on sait peu de choses. Sauf qu’il était d’accord avec Robert sur la nécessité de faire entrer de nouveaux actionnaires au capital… Bref, le conflit familial va continuer, et rien n’a été réglé aujourd’hui.
Le seul membre de la famille à avoir été éjecté du conseil, finalement, est une femme : Marie-Hélène Roncoroni, la sœur de Thierry.