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Femmes

Qui est Patricia Barbizet, la nouvelle vigie de la gouvernance des grandes entreprises?

Le 1er novembre, la femme d’affaires la plus influente de France remplacera Michel Rollier, ancien patron de Michelin, à la tête du Haut comité de gouvernement d'entreprise (HCGE). Un rôle clé dans le fonctionnement du capitalisme français.

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20/01/15

Le 1er novembre, Patricia Barbizet, la femme d’affaires la plus influente de France, remplacera Michel Rollier, ancien patron de Michelin, à la tête du Haut Comité de gouvernement d'entreprise (HCGE).

AFP

D’une discrétion à toute épreuve, Patricia Barbizet est sans aucun doute la femme d’affaires la plus influente de l’Hexagone. Depuis qu’elle a quitté la direction d’Artemis, le holding familial de la famille Pinault, en novembre 2017, on ne cesse de la solliciter. En juin dernier, elle a été nommée présidente du comité de surveillance du grand plan d’investissement de l’Etat. Parmi ses nombreuses activités, elle préside la Philharmonie de Paris ou encore le Siècle, un club où se retrouve l’élite de la politique et des affaires.

Et la revoilà, non plus seulement en financière et stratège avertie, mais en arbitre du bon comportement des sociétés françaises cotées. Un poste bénévole qu’elle a accepté pour servir "l’intérêt général", explique-t-elle. A partir du 1er novembre, elle remplacera Michel Rollier, l’ancien patron et actuel président du conseil de surveillance de Michelin, à la tête du Haut comité de gouvernement d’entreprise (HCGE). Un rôle clé dans le fonctionnement du capitalisme français.

Peu connu du grand public, cet organisme agit, la plupart du temps en coulisse, en écrivant aux équipes dirigeantes des grandes entreprises cotées pour leur signaler d’éventuels dérapages. Dans le souci de réduire les polémiques autour des salaires des patrons ou des parachutes dorés, cet organisme a été créé en 2013 par deux organisations patronales, l’AFEP et le Medef, qui mettaient alors en place un code commun de bonne conduite. Un geste de bonne volonté pour mettre fin à des pratiques qui hérissaient salariés et actionnaires, tout en entourant le capitalisme français d’une réputation peu flatteuse.

"Name and shame"

"Le code est de plus en plus accepté, et le HCGE a pris une place majeure: c’est une vraie réussite", a estimé Patricia Barbizet, le 24 octobre, à l’occasion de la présentation de son 5ème rapport d’activité par Michel Rollier. Lequel tient à souligner que le Haut comité se veut avant tout "indépendant", comme il en a fait récemment la démonstration. Car, si la plupart des petits conflits se règlent sans bruit entre gens de bonne compagnie, il arrive que certains patrons ne veuillent pas en démordre.

Le Haut comité, dans ces cas-là, n’hésite pas à pratiquer le "name and shame", comme il l’a fait en juin, en s’auto-saisissant de la question des indemnités de départ de Georges Plassat, l’ex-PDG de Carrefour. Près de 4 millions d’euros perçus par un ancien dirigeant dont la stratégie a conduit à d’importantes restructurations, avec suppressions d’emplois et fermetures de magasins. Conséquence du name and shame, il a fini par y renoncer, dans l’opprobre générale.

Troisième présidente du HCGE, après Denis Ranque (ex-PDG de Thalès) et Michel Rollier, Patricia Barbizet n’a rien à envier à leurs parcours. Cette diplômée d’ESCP Europe a démarré sa carrière chez Renault avant de devenir le bras droit de François Pinault, fondateur d’un empire industriel dont la pépite est aujourd’hui sa filiale Kering, maison-mère de quelques-unes des plus belles marques du luxe européen: Gucci, Yves Saint-Laurent, Balenciaga....Elle a aussi été directrice générale de Christie’s, le numéro 1 mondial des maisons d’enchères.

Féminisation des gouvernances

Patricia Barbizet est aussi l’une des administratrices les plus recherchées. Toujours membre des conseils d’Artemis et de Kering (dont elle est vice-présidente), administratrice référente de Total depuis 2015, elle siège aussi au conseil d’Axa, et s’apprête à entrer à celui de Pernod-Ricard, après confirmation par l’assemblée générale du 21 novembre. Ex-administratrice de Peugeot SA, d’Air France-KLM, de Bouygues et du Fonds stratégique industriel (FSI), elle éclate de rire en disant: "Je suis l’une des plus vieilles administratrices de ce pays!". Non par l’âge –elle a 63 ans– mais par l’ampleur de son expérience.

Dans ses nouvelles fonctions, celle qui a joué un rôle de pionnière devrait être amenée à s’intéresser à la place des femmes dans les instances dirigeantes des grandes entreprises françaises. "Nous avons fait le constat du manque de diversité des Comex, mais nous n’avons pas envoyé de lettre à ce sujet", indique Michel Rollier. Les choses peuvent-elles changer? "C’est une préoccupation qui existe, souligne Patricia Barbizet. Il y a des équilibres à respecter, dans les diversités de parcours et pas seulement la diversité de genre."   

"C’était une bonne idée de commencer par les conseils en matière de diversité, dit-elle. Les entreprises ont appris à organiser l’arrivée de nouveaux profils, divers et compétents, tout en respectant les durées de mandat. Il y a maintenant une maturité sur le sujet."  La féminisation des directions opérationnelles, qui n’évolue guère, finira-t-elle par s’accélérer? Michel Rollier, avant de passer les commandes à Patricia Barbizet, lance une piste. "Nous avons constaté l’absence de description de la politique de diversité dans les Comex et les Codirs dans les rapports RSE de certaines sociétés du CAC 40. En juin dernier, nous avons fait une recommandation dans ce sens." L’examen des documents de référence, en juin prochain, devrait être l’occasion de voir si le conseil a été entendu. Rendez-vous est pris.

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