Près de 25 % des femmes développent ce type d'inflammation mammaire dans les six premiers mois de l'allaitement. Très douloureuse, la lymphangite peut aussi toucher les personnes qui n'allaitent pas. On fait le point sur tout ce qu'il faut savoir sur cette inflammation avec la gynécologue Hélène Jacquemin-Le Vern.
Les causes d’une lymphangite mammaire
La lymphangite, aussi appelée "mastite", est "une inflammation du système lymphatique au niveau des seins", explique Hélène Jacquemin-Le Vern, gynécologue. Elle est provoquée par une accumulation anormale de sécrétion au niveau du canaux mammaires. Et contrairement aux idées reçues, elle ne concerne pas que les femmes allaitantes.
- Quelles sont ses causes chez les femmes qui n'allaitent pas ?
"Même si on n'allaite pas, les glandes des seins sécrètent toujours un petit peu de liquide", explique la gynécologue. Ce ne sont pas des sécrétions en quantités visibles, mais elles sont bel et bien là. Leur accumulation dans les petits canaux qui se trouvent au niveau de nos seins peut donner lieu à un engorgement mammaire et donc à une inflammation.
- Quelles sont ses causes chez les femmes allaitantes ?
Cette inflammation touche tout de même une majorité de femmes qui donnent le sein. "Dans ce cas, elle est provoquée par l'accumulation du lait qui est mal drainé vers la bouche du bébé", détaille la spécialiste. "C'est généralement causé par une mauvaise position lors de l'allaitement qui ne permet pas au bébé de tirer tout le lait", ajoute-t-elle. La mastite peut également être provoquée par un rythme trop régulier des tétées ou encore par une lésion du sein.
Les principaux symptômes d’une mastite
"Cela fait tellement mal que certaines femmes ne peuvent même plus toucher à leur sein. Elles ont aussi une sensation de sein cartonneux et particulièrement dur", explique Hélène Jacquemin-Le Vern. C'est en effet un symptôme qui ne peut être ignoré et qui poussent généralement les femmes à consulter à un gynécologue. Mais la mastite a d'autres symptômes :
- Une fièvre supérieure à 38,5 °C
- Un gonflement du sein
- Des douleurs mammaires
- Des céphalées
- Des frissons
- Une fatigue anormale
Ces symptômes ne se manifestent pas tous en même temps. En cas de doute ou de douleurs persistantes et anormales, consultez sans attendre.
Lymphangite mammaire : quand doit-on consulter ?
Il est nécessaire de consulter un.e spécialiste dès lors que vous constatez des douleurs mammaires. "Vous faire examiner le plus rapidement possible par votre médecin évitera à l'inflammation de se transformer en abcès plus lourd à traiter", insiste la gynécologue.
Mais la gynécologue conseille tout de même de continuer l'allaitement en attendant votre rendez-vous : "Si vous arrêtez, le lait stagnera davantage et les douleurs deviendront beaucoup plus intenses et difficiles à supporter." Mais nous avons conscience du fait que ces conseils peuvent être compliqués à appliquer car la douleur peut être vraiment insupportable.
Il est toutefois vrai que le traitement principal de cette inflammation réside dans l’extraction du lait, en premier lieu en faisant téter son bébé, et si cela n’est pas suffisant pour drainer le sein en tirant son lait.
Traitement engorgement mammaire : comment guérir ?
Vous êtes une mère allaitante et vous lisez cet article sans souffrir de mastite, mais en vous demandant comment l'éviter ? On vous conseille de veiller à adopter une bonne position lors de l'allaitement. N'hésitez pas à demander conseil à une personne qualifiée, comme un.e pédiatre, une sage-femme ou un.e gynécologue. En revanche, si vous souffrez bel et bien d'une inflammation du sein, voici quelques conseils pour en guérir :
- Les méthodes de grands-mères en attendant le rendez-vous médical
Dans les 24 heures qui suivent le début des premiers symptômes, vous pouvez utiliser une méthode de grands-mères recommandée par Hélène Jacquemin-Le Vern : "On peut mettre des feuilles de choux ou des rondelles de pommes de terre autour du sein concerné. Ça permet, dans une certaine mesure, d'absorber l'œdème et de le dégonfler." Elle recommande aussi de prendre du Doliprane. "Mais consulter très rapidement si vous n'avez pas de nette amélioration dans les 24 heures", insiste-t-elle.
- Consulter un.e gynécologue pour éviter une aggravation
Le médecin vous prescrira probablement de l'ibuprofène et du paracétamol à prendre en alternance pour soulager la douleur et réduire la potentielle fièvre. "Mais on peut aussi mettre la patiente sous antibiotiques compatibles avec l'allaitement si sa fièvre persiste", précise-t-elle. Si elle est rapidement prise en charge, la mastite peut disparaître en 48 heures. Mais si elle est négligée, elle peut se transformer en abcès et donner lieu à des complications.
- Ne pas arrêter l'allaitement
Drainer les canaux du liquide qui y stagne est le meilleur des traitements. Votre gynécologue ou sage-femme vous déconseillera vivement d'arrêter d'allaiter car cela empirera l'inflammation. "Mais ça peut en effet être difficile de continuer, les femmes ont besoin d'un soutien psychologique. Elles peuvent en parler à leur gynécologue, mais elles peuvent aussi se tourner vers leur sage-femme qui sont très qualifiées pour cela", insiste la gynécologue.
- Masser son sein sous la douche
"Je conseille souvent à mes patientes de se masser le sein avec de l'eau chaude sous la douche. Cela permet de faire sortir le liquide emprisonné dans les glandes du sein", recommande-t-elle. Cet exercice peut toutefois être assez délicat lorsqu'on sait que certaines femmes ont tellement mal qu'elles ne peuvent même pas frôler leur sein.
On l'aura compris, la lymphangite se soigne très bien, pourvu simplement qu'elle soit prise en charge rapidement pour éviter qu'elle dégénère en abcès. Sachez aussi que des conseillères en allaitement existent pour aider et guider les mamans afin de mettre en place un allaitement plus efficace et le moins douloureux possible. N'hésitez pas à vous entourer de personnes bienveillantes et à l'écoute. La période post-accouchement peut-être assez difficile à vivre.