Urticaire géante : différentes avec les autres formes (aiguë, chronique, cholinergique), causes, que faire ?

Lise Lafaurie
Lise Lafaurie Journaliste nutrition, bien-être, santé, food
Publié le  , mis à jour le 
en collaboration avec Dr. Julien Cottet (médecin allergologue)

L’urticaire est une des affections cutanées les plus fréquentes, puisqu’on estime que 15 à 20 % de la population fera au moins un épisode d'urticaire aiguë au cours de sa vie. Alors quelles sont les causes de l’urticaire et quelle est sa prise en charge ? Les réponses du Dr Julien Cottet, allergologue à Paris.

L'urticaire est à l'origine de 1 à 2 % des consultations de dermatologie et d'allergologie en France. Il s'agit d'une éruption cutanée qui se manifeste par l’apparition de plaques rouges en relief sur la peau et de démangeaisons. Aigue, chronique, cholinergique ou géante : quelles nuances entre les différentes types d’urticaires ? A quoi sont-elle dues et quels sont les traitements les plus efficaces ? Les réponses du Dr Cottet, allergologue.

Définition et symptômes : qu’est-ce que l’urticaire et comment se manifeste-t-elle ?

Le mot urticaire vient d’ortie, en référence au prurit qu’elle occasionne, comparable à des piqûres de cette plante urticante avec les mêmes signes cutanés. Lors d'un épisode d'urticaire, les plaques sont généralement urticantes (provoquent des démangeaisons) et toujours fugaces, ce qui signifie qu’elles persistent quelques minutes à quelques heures pour disparaitre et réapparaître à un autre endroit. Les plaques rouges peuvent être très grandes, il s'agit de l'urticaire géante, un terme populaire mais qui n'a pas de signification médicale.

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L’urticaire peut être aiguë, avec une seule poussée qui dure quelques heures à quelques jours, ou chronique, lorsqu’elle réapparait régulièrement pendant plus de 6 semaines.

Dans 40% des cas d’urticaire chronique, on note en plus des plaques rouges, la présence d’œdèmes parfois impressionnants, au niveau de la peau ou des muqueuses du visage, appelés angiœdèmes. Très rarement, l'angioœdème peut toucher les cordes vocales, entraînant une modification de la voix. Dans 10% des cas environ, l’angioœdème est le seul symptôme d’une urticaire chronique. "Bien qu’impressionnants et oppressants, cet œdème, même lorsqu'il touche la gorge, n'est jamais responsable de décès par asphyxie dans le cadre d’une crise d'urticaire chronique" rassure le Dr Cottet.

L’urticaire est une maladie encore mal connue par de nombreux médecins, ce qui explique souvent l’errance et le retard diagnostic de la maladie. "Les médecins généralistes pensent encore souvent que l’urticaire chronique a des origines allergiques, alors que ça n’est jamais le cas" insiste le Dr Cottet. L’urticaire chronique est une maladie dermatologique et non allergique. C'est une pathologie toujours bénigne, donc sans risque pour la santé, mais qui peut être très invalidante et considérablement impacter la qualité de vie des patients qui en souffrent.

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Quels sont les différents types d’urticaire ?

Il existe deux grandes formes d’urticaire.

La crise d'urticaire aigue 

L’urticaire aigue qui est la plus fréquente. La crise dure généralement de quelques heures à une journée, rarement une semaine, et ne revient plus. L'épisode d'urticaire est fréquent chez l’enfant et le jeune adulte et fait souvent suite à une infection virale.

L'urticaire chronique

L’urticaire chronique : qui se reproduit régulièrement pendant une durée supérieure à 6 semaines. Plus rare, elle concernerait seulement 0,5 à 2% de la population, avec une prévalence plus marquée chez la femme entre 20 et 45 ans. L’urticaire chronique chez l’enfant est exceptionnelle.

L’urticaire aigue peut évoluer vers une urticaire chronique, en particulier lors d’une mauvaise prise en charge, ce qui est malheureusement encore fréquemment le cas.

D’autres types de maladies urticariennes existent aussi, en fonction de leur étiologie : l'urticaire cholinergique et l'urticaire géante.

L'urticaire cholinergique 

L’urticaire cholinergique : qui est déclenchée par des facteurs physiques, généralement par des frottements, des pressions sur la peau, la chaleur, par le froid ou par l’effort. "On parle de dermographisme lorsque les lésions urticariennes est provoquée par un frottement sur la peau" précise le Dr Cottet. Le terme dermographisme - littéralement écrire sur la peau - venant du fait que l’on peut provoquer une réaction lisible sur la peau avec le bout d’un stylo par exemple.

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L'urticaire géante

Enfin, on entend souvent parler d'une forme d'urticaire, qui est l'urticaire géante, qui est un terme qui n'est jamais utilisé en médecine. "L’urticaire peut être très étendue, avec des lésions réparties sur plusieurs parties du corps et qui se rejoignent, on parle alors d’urticaire généralisée. Cette forme d’urticaire, si elle est plus impressionnante que les autres, n’en n’est pas plus dangereuse" rassure l’allergologue.

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Diagnostic : comment reconnaître une urticaire ?

Le diagnostic de l'urticaire repose en premier lieu par l'examen clinique du patient et des lésions urticariennes, et son interrogatoire afin d'en identifier l'origine.

Dans le cas de l'urticaire aigue, un bilan allergologique avec recherche d'allergènes ne sera nécessaire qu'en cas de symptômes allergiques associés (malaise, hypotension artérielle, troubles digestifs, troubles respiratoires...). En cas d'urticaire chronique, l'examen clinique sera complet et orienté vers une maladie auto-immune chez l’adulte.

En cas de suspicion d'urticaire physique, il existe plusieurs tests pour les authentifier :

  • Le dermographisme peut être diagnostiqué à l'aide d'un test effectué avec une simple pointe mousse sur un trajet d’environ 10 cm ;
  • L'urticaire cholinergique avec des tests de provocation de type exercice physique avec sudation ;
  • Les urticaires au froid à l'aide d'un test de provocation avec application d'un glaçon sur l'avant-bras pendant 20 minutes ;
  • L’urticaire à la pression : le test consiste en l’application de poids de 2,5 à 7 kg pendant 20 minutes sur au moins deux zones différentes.
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Causes : quelle maladie provoque de l'urticaire ? 

Contrairement à une idée largement répandue, l’urticaire n'est presque jamais d’origine allergique !

L’urticaire est due à l’activation des mastocytes présents dans la peau et les muqueuses, qui contiennent de l’histamine, une molécule impliquée dans les réactions inflammatoires. Cette activation se fait soit de façon spontanée, soit suite à la survenue d’un facteur physique déclenchant (sport, frottement, chaud, froid …) mais jamais suite à un contact avec un allergène dans le cas de l’urticaire chronique.

"En effet, à la différence des réactions allergiques qui activent les mastocytes de façon spécifique avec la sécrétion d’anticorps de type IgE, l’urticaire correspond à une activation non spécifique des mastocytes, sans sécrétion d’IgE" nuance l’allergologue. Dans les très rare cas d’urticaires aiguës d’origine allergique (1% environ), la réaction urticarienne est un symptôme parmi d'autres de l'allergie et n’est alors jamais isolée. Elle s’accompagne toujours d’autres symptômes associés typiques de l’allergie, tels que des symptômes respiratoires (toux, crise d’asthme), des symptômes digestifs (diarrhée, vomissements, douleurs abdominales), d’un malaise pouvant aller exceptionnellement jusqu’au choc anaphylactique.

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"L’urticaire chronique n’est quant à elle jamais d’origine allergique : c’est uniquement une maladie dermatologique !" insiste le Docteur Cottet. Elle survient en général sur un terrain favorisant : soit le terrain atopique incluant l’eczéma, l’asthme et la rhino conjonctivite allergique, soit un terrain de maladie auto-immune, en particulier de la thyroïde.

Qu'est-ce qui peut provoquer une urticaire géante (chaleur, stress...) ?

Les principaux facteurs favorisants l’activation des mastocytes responsables de poussée d’urticaire sont :

  • L’effort physique : on parle d’urticaire d’effort ;
  • Les frottements ou pression : c’est le dermographisme ;
  • Une infection virale (hépatites A, B ou C et plus récemment le Covid) ;
  • Les choc thermiques : chaud souvent, froid plus rarement (immersion dans l'eau froide) ;
  • Le stress physique ou psychologique ;
  • L'exposition au soleil ;
  • Certains médicaments, tels que l'aspirine, les anti-inflammatoire non stéroïdiens, la morphine ou certains antibiotiques. Cependant, aucun médicament n’est strictement interdit ;
  • Certains aliments riches en histamine : chocolat, crustacés, thon, fraises, lait de vache … « Mais il ne s’agit pas d’allergie alimentaire, et aucun aliment n’est interdit en cas d’urticaire ! » précise le Dr Cottet ;
  • La vaccination : Une récente étude menée au niveau suisse par le CHUV a confirmé que l’urticaire chronique pouvait être un des effets secondaires engendrés chez certains patients par la troisième dose de vaccin contre le Covid-19 ;
  • Le contact avec des végétaux ou des insectes, comme les chenilles processionnaires.
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Traitement : comment soigner une urticaire géante ?

Découvrez les prises en charge de ces maladies.

Urticaire aigüe

Le traitement de l’urticaire aigüe - lorsqu’elle est non allergique comme dans l’immense majorité des cas - repose sur l’éviction du facteur déclenchant lorsqu’il a été identifié, puis sur la prise d’antiH1 de seconde génération par voie orale pendant 15 jours, à renouveler si besoin.

"Les crises d’urticaire aigüe ne doivent jamais être traitées aux corticoïdes au risque de provoquer un effet rebond et de chroniciser l’urticaire" insiste le Dr Cottet. Dans les rares cas où l’urticaire aigüe est associée à des symptômes allergiques (difficultés respiratoires, troubles digestifs, malaise ..), allant jusqu’à l’anaphylactie : le traitement est une injection d’adrénaline par stylo injecteur. Un bilan allergologique est ensuite réalisé pour rechercher l’allergène et pouvoir l’éviter par la suite.

Urticaire chronique

L’urticaire chronique est une maladie dermatologique non allergique, qui dure en moyenne 3 à 5 ans et qui guérie spontanément dans 80% des cas. Pour les 20% restant, elle peut persister à vie.

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Le traitement n’est pas curatif, mais symptomatique suspensif, et repose sur la prise d’antihistaminiques qui empêchent la libération d’histamine par les mastocytes. "Les antihistaminiques sont à prendre quotidiennement, afin d’endormir les cellules qui se mettent au repos. Au bout d’un certain temps, lorsque les crises disparaissent, on arrête le traitement" détaille l’allergologue.

Dans certains cas résistants au traitement antihistaminique, un traitement de biothérapie par omalizumab est proposé au patient. "C’est un traitement qui fonctionne très bien, dont la prescription est réservée aux dermatologues hospitaliers" indique le spécialiste. Tout comme dans l’urticaire aigue : les corticoïdes ne sont en aucun cas un traitement conseillé pour l’urticaire chronique.

Ces recommandations sont celles de la Société Française de Dermatologie et sont les mêmes que les recommandations européennes.

"Toute autre prise en charge médicale à l’urticaire n’ont pas lieu d’être !" insiste le Dr Cottet, qui précise de nouveau que l’urticaire chronique ne nécessite pas de régime alimentaire ni d'éviction d'aliments.

Pour les urticaires chroniques avec des poussées favorisées par le stress, la mise en place d’outils de gestion du stress sont efficaces pour limiter les crises : méditation, relaxation, sport, yoga, respiration, etc.

L'urticaire chronique ne nécessite jamais un bilan allergologique avec recherche d'éventuels allergènes.

Quand s'inquiéter d'une crise d'urticaire ? 

La prise en charge de l’urticaire généralisée, dite "géante" est la même que celle de l’urticaire localisée, qu’elle soit aigüe ou chronique. Si elle est aigüe, tant que les symptômes cutanées ne sont pas associés de troubles respiratoires, de troubles digestifs et/ou de malaise, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. En revanche, si de tels symptômes apparaissent, veuillez consulter votre médecin en urgence.


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Sources
  • Entretien avec le Dr Julien Cottet, allergologue
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