Pont-à-Mousson - Économie Christian Streiff : « L’Europe doit construire son industrie »

Vous avez dirigé l’entreprise Saint-Gobain de 1997 et 2005. Que ressentez-vous en revenant ici ?

Ah mais c’est toujours un pur bonheur de revenir dans cette ville et en Lorraine où je suis né ! Même si j’ai cru comprendre que ça n’allait pas fort en ce moment, surtout avec Saint-Gobain. Personnellement je me souviens de cette période de ma vie avec le sourire. La Lorraine est un cas à part en France. Le management des entreprises est beaucoup plus “germanique” qu’ailleurs et les discussions avec les syndicats y ont toujours été fertiles. Beaucoup devraient s’en inspirer.

Justement, vous évoquiez les risques de rachat chinois de Saint-Gobain. Nos fleurons industriels doivent-ils forcément chercher appui en dehors de l’Europe ?

Réfléchir au niveau international c’est nécessaire lorsqu’on est un industriel aujourd’hui. Cependant il faut parfois se méfier des investissements étrangers. En tout cas non-européens, car à l’intérieur de l’UE nous sommes davantage entre partenaires qu’entre rivaux. Des entreprises comme Saint-Gobain, PSA ou Airbus sont des entreprises de haute technologie, leur valeur tient en leur savoir-faire et leurs brevets. L’exemple d’Alstom énergie, rachetée par General Electric qui supprime plus de 1 000 emplois aujourd’hui devrait donner à réfléchir… L’Europe doit construire son industrie à l’échelle continentale ! Que l’on refuse des mariages comme Alstom et Siemens c’est une faute politique. 

On connaît votre attachement à l’Union Européenne. Que dire face aux résultats électoraux ?

Personnellement j’y vois de l’espoir. Oui Le Pen est en tête en France, mais pas au parlement de l’UE. La nouveauté c’est que les jeunes ont participé massivement et ont choisi l’écologie en Europe. Il faut espérer que les Verts français se rapprochent de leurs cousins allemands, plus pragmatiques et proches de gouverner. Et puis personnellement, je suis content que la France Insoumise retombe à des scores plus faibles. Il n’empêche que je continue à craindre la vague brune qui vient sur nous et je pense que c’est une erreur du Président que d’aller défier Merkel dans un moment aussi dramatique…