L’OTAN choisit Boeing pour sa prochaine flotte d’avions de surveillance

Ces avions à système aéroporté de détection et de contrôle (Airborne Warning & Control System ou AWACS en anglais), sont en service depuis le début des années 80 et arrivent en fin de vie. [Boeing]

L’OTAN a annoncé mercredi (15 novembre) que le géant de l’aviation Boeing avait remporté l’appel d’offres pour fournir une nouvelle flotte d’avions dotés d’un système aéroporté de détection et de contrôle (Airborne Warning & Control System, AWACS) à l’alliance militaire.

L’Alliance possède et exploite actuellement une flotte de 14 avions Boeing E-3A destinés à la surveillance aérienne depuis la terre et dans le ciel. Ces avions sont en service depuis le début des années 80 et arrivent en fin de vie.

L’OTAN commencera à les remplacer à partir de 2030, l’ensemble de la flotte devant être renouvelé d’ici à 2035.

Les « yeux de l’OTAN dans le ciel » permettent de surveiller l’espace aérien lors d’évènements internationaux, tels que le sommet de la communauté politique européenne (CPE) qui a eu lieu en Moldavie, le sommet de l’Alliance à Madrid l’année dernière ou encore les Jeux olympiques.

Le système doit être capable de scruter le ciel et le sol, d’identifier, de suivre et de signaler des activités, de communiquer efficacement avec le sol et de faire usage d’une haute connectivité pour maintenir les données à jour pendant une mission.

Le système doit également être interopérable entre les différents membres de l’OTAN et, si possible, être compatible avec ceux utilisés par des partenaires tels que l’Australie et la Corée du Sud également.

L’OTAN cherche à s’ancrer plus solidement en Afrique et au Moyen-Orient

Avec l’influence croissante de la Chine et de la Russie dans son voisinage méridional, l’OTAN envisage de développer et renforcer ses relations de sécurité avec les pays d’Afrique et du Moyen-Orient, mais elle est confrontée à une tâche ardue ainsi qu’à ses propres divisions internes.

L’héritage de Boeing

L’Agence OTAN de soutien et d’acquisition (NSPA) a choisi le modèle E-7 de Boeing, équipé d’un système d’alerte lointaine et contrôle aérien par moyens aéroportés, pour composer sa nouvelle flotte. La mise au point de l’avion militaire prendra environ quatre ans.

Après cela, les avions « maintiendront [des normes de] sécurité et [conserveront leur] pertinence pour les décennies à venir — environ 40 ans — grâce à l’investissement continu dans […] leur  amélioration », a déclaré Tim Flood, responsable du développement commercial mondial en Europe et en Amérique de Boeing, lors d’un entretien accordé à Euractiv au cours de l’été.

Sans surprise, Boeing, qui fournit déjà la flotte actuelle AWACS, s’est porté candidat pour le nouveau projet, en mettant en avant les capacités de l’avion E-7 comme argument principal.

Parmi les autres fabricants d’avions en lice pour ce projet figurait la société suédoise Saab.

L’E-7 offre une technologie de couverture radar et des capteurs à 360 degrés développée par Northrop Grumman, ce qui permet d’éviter les angles morts et d’observer à la fois le ciel et le sol pour détecter par exemple des véhicules, a expliqué M. Flood.

Les avions disposent également d’une capacité de ravitaillement en vol pour augmenter leur capacité d’endurance et étendre la durée des missions à plusieurs heures. Ce ravitaillement en plein vol peut être effectué par un Boeing KC-46 ou un Airbus MRTT de fabrication européenne, a précisé le responsable du groupe.

M. Flood est conscient de la nécessité de développer les capacités de production européennes et a indiqué que Boeing pourrait établir des usines dans l’UE, comme cela a déjà été fait au Royaume-Uni, en Australie, en Corée du Sud et en Turquie.

À l’OTAN, Volodymyr Zelensky insiste sur le renforcement de la défense aérienne

Lors d’une visite à Bruxelles mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu’il était essentiel que l’Ukraine dispose de davantage de capacités de défense aérienne pour « survivre à l’hiver ».

Coup de pouce américain

Boeing a également bénéficié de la publicité faite par le gouvernement américain autour du nouvel avion.

L’armée de l’air américaine a signé un contrat avec le géant de l’aviation pour 26 nouveaux avions destinés à remplacer ses propres AWACS E-3A Sentry.

« Le Boeing E-7 est le seul […] capable de répondre aux exigences du département de la défense en matière de gestion de batailles tactiques, de commandement et de contrôle, et de capacités d’indication de cibles mobiles, dans les délais nécessaires pour remplacer l’E-3 vieillissant », a déclaré le Pentagone.

Les forces aériennes sud-coréennes, turques et britanniques utilisent également des E-7, et ces modèles ont également été utilisés par les Australiens au Moyen-Orient, « prouvant ainsi leur capacité dans un environnement contesté », a déclaré M. Flood.

Selon lui, l’armée de l’air turque utiliserait actuellement ces avions pour « assurer le maintien de l’ordre sur le flanc oriental [de l’alliance militaire vis-à-vis de la Russie] »

Les Sud-Coréens les utilisent également, ce qui signifie qu’ils sont probablement utilisés en mer de Chine méridionale ou autour du Japon.

Ce contrat intervient alors que Boeing, une entreprise américaine, est confronté à des difficultés dans le secteur de la défense depuis quelques années, accumulant pertes financières et retards dans ses programmes.

L’automne dernier, l’entreprise a réorganisé son département de défense après enregistré d’importantes pertes au troisième trimestre 2023.

La Hongrie n’est pas prête à ratifier la candidature de la Suède à l’OTAN

Le parlement hongrois n’est pas encore prêt à ratifier la demande d’adhésion de la Suède à l’OTAN, car la question ne sera pas à l’ordre du jour de la prochaine session parlementaire, malgré les attentes et les assurances antérieures, a déclaré mercredi la députée Ágnes Vadai.

Les avions vieillissants doivent être modernisés

Le « facteur déterminant » du remplacement de la flotte d’avions de commandement et de contrôle est « le vieillissement » de celle qu’elle possède actuellement, a déclaré le responsable de l’OTAN.

« L’entretien nécessaire à leur fonctionnement est en constante augmentation. Il y a donc un moment où investir revient moins cher que de maintenir une flotte vieillissante — il s’agit d’une évaluation économique, comme le ferait toute compagnie aérienne civile ».

« Pour comprendre cette décision, il faut séparer l’avion lui-même du système destiné aux missions [installé] à l’arrière de l’avion, qui lui est constamment mis à jour et qui apporte une valeur sur le plan militaire », a ajouté M. Flood.

La France doit renforcer sa présence à l’OTAN pour rentabiliser sa contribution, selon la Cour des comptes

La France doit renforcer sa présence et sa participation aux programmes d’innovation au sein de l’OTAN pour que Paris puisse tirer profit de son adhésion et de sa contribution financière à l’alliance militaire, selon un rapport de la Cour des comptes.

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire