La candidature de Thierry Breton, nouveau coup de poker pour Macron ?

[EPA-EFE/STEPHANIE LECOCQ]

Les potentiels conflits d’intérêts du nouveau candidat choisi par Macron pour siéger à Bruxelles font planer la menace d’un nouveau rejet par les parlementaires européens.

Le plan B est risqué. Emmanuel Macron a désigné Thierry Breton comme nouveau candidat de la France au poste de commissaire européen, après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard.

Mais, le nouveau candidat choisi soulève déjà certaines questions parmi les eurodéputés qui devront procéder à son audition pour valider – ou non – sa candidature. Ancien ministre des Finances de Jacques Chirac, ancien patron de France Télécom et actuel dirigeant d’Atos, Thierry Breton, 64 ans, affiche un curriculum bien rempli.

Un argument qu’Emmanuel Macron a mis en avant lors de l’annonce du choix de Thierry Breton. « Quelqu’un qui a les compétences et l’expérience requises » pour le poste de commissaire, a affirmé le chef de l’État le 24 octobre lors d’un déplacement à la Réunion.

Le président français n’en faisait pas mystère, après le rejet de Sylvie Goulard, sa priorité était de trouver un candidat permettant à la France de conserver le très large portefeuille qu’elle avait obtenu au sein du futur exécutif européen : marché intérieur, numérique et défense. Et sur le volet des compétences, le profil de Thierry Breton est largement salué.

Emmanuel Macron propose Thierry Breton après le rejet de Sylvie Goulard

Emmanuel Macron a transmis ce jeudi à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, sa proposition de nommer l’ancien ministre de l’Économie Thierry Breton comme membre de la Commission européenne. Un article de notre partenaire, Ouest-France.

Pour autant, le parcours professionnel de l’ancien ministre dans le secteur privé fait craindre une ribambelle de conflits d’intérêts potentiels, qui pourrait le mettre en mauvaise posture lors de son passage devant le Parlement européen. Strasbourg n’avait pas hésité à refuser la candidature de Sylvie Goulard pour des motifs éthiques, alors que sa compétence était – elle aussi – unanimement reconnue à Bruxelles.

« Une entreprise comme Atos dans un portefeuille qui couvre le marché intérieur, le numérique et la défense, ça ne sera pas un problème », veut croire Emmanuel Macron.

Le profil de Thierry Breton a séduit à droite. Le président des Républicains, Christian Jacob, s’est ainsi félicité du nouveau choix d’Emmanuel Macron sur Twitter.

Inquiétudes au Parlement

Du côté des élus européens, le « la » est déjà donné : pas question de donner son aval au candidat français sans passer au crible sa déclaration d’intérêt, qui sera analysée par la commission JURI du Parlement européen. Celle-ci pourrait en toute logique demander à Thierry Breton de revendre toutes ses actions chez Atos si elle juge cette prise d’intérêt incompatible avec l’exercice de son futur mandat.

L’audition du PDG d’Atos se déroulera ensuite le 12 novembre devant les commissions parlementaires concernées par son portefeuille. Chez la France Insoumise, le profil du nouveau candidat est déjà pointé du doigt « Il est plus que jamais indispensable qu’il n’y ait aucun soupçon de conflit d’intérêt potentiel, et là je ne suis pas sûre que Macron ait choisit le bon candidat », a souligné l’eurodéputée Manon Aubry.

Autre point noir, la compagnie Atos, qu’il a prévu de quitter au 31 octobre, a régulièrement bénéficié de subventions européennes. Pour l’écologiste  Yannick Jadot, la position du Thierry Breton en tant que membre de conseil d’administration de plusieurs grosses entreprises est aussi source de conflit d’intérêts. Au-delà d’Atos, l’homme politique siège aussi aux conseils d’administration de plusieurs grandes entreprises comme Axa ou Carrefour.

« Affaire Rhodia – sur laquelle le Parlement européen s’était penché -, entente sur les prix des grands opérateurs téléphoniques, vente de Canal+ Technologies à Thomson : Les questions soulevées par le parcours de Monsieur Breton sont nombreuses. Il y a également sa responsabilité morale dans le désastre des suicides chez France Telecom », détaille pour sa part la délégation française de la gauche sociale et écologique au Parlement européen.

Adieu parité

Autre pierre d’achoppement,  le choix  de Thierry Breton fait fi de l’engagement de proposer un collège des commissaires paritaire. Un objectif pour lequel Emmanuel Macron s’était pourtant engagé.

Pour respecter la parité au sein du futur exécutif, la Hongrie et la Roumanie, qui doivent également nommer des nouveaux candidats au poste de commissaire, devraient donc désigner des femmes . Mais la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a affirmé qu’elle ne ferait pas de cette condition un impératif pour les deux pays.

 

 

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