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«Nous étions importants pour le hockey»- Bobby Clarke

Tout le monde voulait voir les Broad Street Bullies

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Photo d'archives


Les Flyers de Philadelphie n’avaient plus rien d’une équipe de l’expansion lorsqu’ils sont devenus les Broad Street Bullies. Ils comptaient sur des joueurs étoiles tels Bobby Clarke, Bernard Parent, Bill Barber et Reggie Leach. Ils misaient sur d’autres joueurs de bon calibre tels Rick MacLeish, Gary Dornhoefer, Orest Kindrachuk, Ross Lonsberry et Tom Bladon.  

• À lire aussi: «La Ligue nationale les a laissés tricher» -Serge Savard

Clarke s’est vu décerner le trophée Hart remis au joueur le plus utile à son équipe à trois reprises. Il a connu trois saisons supérieures à 100 points.  

Parent a remporté les trophées Vézina et Conn Smythe quand les Flyers ont gagné la coupe Stanley en 1974 et 1975. 

Barber marquait régulièrement plus de 30 buts par saison. Lors de la saison 1975-1976, il a atteint le cap des 50 buts pendant que Leach en inscrivait 61.  

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Capitaine des Flyers, Bobby Clarke a toujours prêché par l’exemple. Photo d'archives

Dans son rôle de défenseur, Bladon apportait une contribution appréciée à l’offensive. 

Pourquoi ce style alors ? 

Collectivement, les Flyers ont réalisé six saisons de plus de 100 points en sept ans, entre les saisons 1973-1974 et 1979-1980. 

Pourquoi ressentaient-ils alors le besoin de pratiquer un style axé sur une rudesse excessive pour gagner ? 

Clarke prend quelques secondes de réflexion, comme il le fait pour toutes autres questions qui lui sont posées. 

« La question est intéressante quand on regarde les composantes de notre formation de l’époque, répond-il de son domicile de Sarasota, sur la côte ouest de la Floride. 

« Barber, Leach et moi ne nous battions pas. Oui, j’ai été impliqué dans quelques combats, mais c’était davantage des escarmouches. » 

Les joueurs qui l’ont affronté vous diront toutefois qu’il était un artiste du bâton. 

« MacLeish ne se battait pas, Lonsberry non plus, Dornhoefer non plus, ni Kindrachuk, ni Bill Clement, continue Clarke.  

« Même à la défense, Ed Van Impe, les deux Watson (Joe et Jim) et Brent Hughes ne jetaient pas les gants. 

« Dave Schultz, Bob Kelly et Moose Dupont se battaient souvent. Don Saleski le faisait à l’occasion. On avait donc quatre joueurs qui livraient des bagarres, mais c’était pareil chez les autres équipes. Le Canadien en comptait probablement autant que nous. » 

Pierre Bouchard, Rick Chartraw et Gilles Lupien étaient les policiers de service. Mais Larry Robinson, Doug Risebrough et Mario Tremblay n’étaient pas le genre à fuir la bagarre non plus. 

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Les joueurs des Flyers célèbrent un but inscrit par Dave Schultz lors du deuxième match de la finale présenté au Forum. Photo d'archives

Tout le monde voulait les voir 

Ça faisait partie des mœurs du hockey. Mais pour Serge Savard et d’autres, c’était trop. Ça n’avait pas sa place. 

Savard détestait Clarke à s’en confesser lorsque ce dernier s’est amené dans la Ligue nationale, en 1969. Les deux hommes ont appris à se connaître au fil du temps, particulièrement quand ils étaient directeurs généraux. Ils sont bons amis depuis longtemps. 

« Serge a des opinions bien arrêtées sur la façon dont les Flyers jouaient dans le temps et c’est correct, dit Clarke. 

« Mais il oublie que, pendant trois ans, les billets pour les matchs des Flyers, tant à l’étranger qu’à Philadelphie, se vendaient jusqu’à épuisement. Serge n’aimera peut-être pas ce que je vais dire, mais nous étions importants pour le hockey. 

« C’est évident que nos adversaires ne nous aimaient pas, mais nous étions bons pour notre sport. Nous soulevions de l’intérêt et nous remplissions tous les amphithéâtres où on passait.  

« Toutes les ligues et les joueurs de l’époque jouaient comme ça. » 

Plus grosse foule de l’histoire du Forum 

C’est vrai. 

La plus grosse foule pour un match de hockey au Forum fut enregistrée le 7 janvier 1974 lors d’un affrontement entre les Flyers et le Canadien. Une salle de 19 040 spectateurs avait vu le Tricolore triompher 2 à 1. 

Quatre mois plus tard, les Flyers remportèrent leur première coupe Stanley en triomphant des Big Bad Bruins en six matchs. Bernard Parent avait été extraordinaire. 

Only God makes more saves than Bernie ! clamait-on à Philadelphie. 

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Bobby Clarke reconnaît que le Canadien de 1976 guidé par le capitaine Yvan Cournoyer était supérieur aux Flyers. Photo d'archives

Le Canadien était supérieur 

Deux ans plus tard, le Canadien détrônait les Flyers à titre de champion de la Ligue nationale. 

« Le Canadien nous était tout simplement supérieur, estime Clarke. 

« Nous en étions à une troisième finale consécutive. Ça gruge beaucoup d’énergie avec le temps. Parent et MacLeish étaient blessés, mais le Canadien formait une grande équipe. Guy Lafleur était devenu Guy Lafleur. Il était extraordinaire ! 

« Le Canadien était meilleur que nous et l’a emporté comme il se devait. » 

Reste que les trois premiers matchs s’étaient soldés par la marge d’un but. Le Tricolore balaya la série avec une victoire par deux buts dans le quatrième match. 

La question est hypothétique, mais le résultat aurait-il été différent si Parent et MacLeish avaient été de la partie ? 

« La série aurait été plus serrée, ça ne se serait pas terminé par un balayage, pense Clarke. 

« Mais je persiste à dire que le Canadien nous était supérieur. Un gardien peut gagner une série, mais je ne sais pas si Bernard aurait été en mesure de le faire. 

« Leach était vraiment un bon joueur et son absence a affaibli notre offensive. Scotty Bowman utilisait l’un ou l’autre de ses deux trios défensifs contre celui que je formais avec Barber et Leach. Quand ce n’était pas Doug Jarvis qui m’était opposé, c’était Risebrough. Bowman a fait ce qu’il devait faire.» 

Au temps des six équipes 

Clarke est d’accord avec Savard pour dire que les expansions répétées ont contribué à diluer le produit. Mais il ajoute qu’à l’époque où la LNH était constituée de six équipes, les quatre trios de chaque formation n’étaient pas formés uniquement de joueurs dotés de grandes habiletés. 

« L’idée selon laquelle les bagarres étaient moins nombreuses est plus ou moins véridique, ajoute Clarke. 

« Les Bruins, le Canadien et les Rangers étaient là aussi quand la Ligue nationale a procédé à la grande expansion (ajout de six équipes en 1967). » 

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Coupé près de l’œil droit, Bobby Clarke était un véritable guerrier dans le feu de l’action Photo d'archives

Changement nécessaire 

C’est dans ces années que les Flyers ont pris le virage robustesse. Lors d’un match des séries en 1968, le Sorelois d’origine Claude Laforge, qui faisait cinq pieds huit pouces et 160 livres, encaissa un coup de poing par derrière de Noël Picard, défenseur des Blues de Saint Louis qui mesurait six pieds un pouce et qui pesait 205 livres. 

Une courte vidéo de l’incident peut être vue sur YouTube. Laforge subit une fracture de la joue.  

C’est à ce moment que le propriétaire des Flyers, Ed Snider, a décidé que plus personne n’abuserait physiquement de ses joueurs. 

Les Blues étaient reconnus comme une équipe qui usait d’intimidation pour arriver à ses fins. 

« Les frères Plager (Barclay et Bob) et Picard n’étaient pas des anges, se souvient Clarke. 

« Scotty Bowman (qui dirigeait les Blues) était aussi délinquant que tout autre entraîneur pouvait l’être, renchérit-il en riant. 

« C’est alors que les Flyers ont changé. Schultz et Saleski ont été repêchés en même temps que moi, en 1969. 

Deux ans plus tard, les Flyers ont repêché Kelly. L’année suivante, ils ont obtenu André Dupont des Blues. » 

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Bob Gainey a maille à partir avec Bobby Clarke sous le regard du défenseur Tom Bladon. Photo d'archives

Shero était un gagnant 

Lorsque les Flyers sont devenus les terreurs de la LNH, leur entraîneur Fred Shero a été montré du doigt par plusieurs personnes, dont Serge Savard. 

« Serge n’a probablement jamais connu Freddie, réagit Clarke. 

« Freddie a gagné à tous les niveaux, que ce soit dans la Ligue internationale (Saints de Saint Paul), la Ligue américaine (Bisons de Buffalo), la Ligue centrale (Knights d’Omaha) et la Ligue nationale (Flyers). 

« C’était un homme tranquille qui ne prêchait absolument pas la violence. Jamais il n’a amené le sujet sur le tapis. »

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