Pflimlin à la présidence de France Télévisions: le choix consensuel de Sarkozy
Nicolas Sarkozy a choisi l'actuel directeur général des messageries Presstalis (ex-NMPP) Rémy Pflimlin pour prendre la succession de Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions, a annoncé lundi l'Elysée dans un communiqué. Le blog de notre correspondant à Paris
- Publié le 05-07-2010 à 10h03
- Mis à jour le 05-07-2010 à 17h18
Nicolas Sarkozy a choisi Rémy Pflimlin pour présider France Télévisions, a annoncé lundi l'Elysée. Le patron de Presstalis (ex-NMPP) doit succéder à Patrick de Carolis, dont le mandat s'achève le 24 août. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) doit encore "rendre un avis conforme, le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat seront saisis à leur tour, afin que la commission intéressée de chacune des assemblées se prononce", selon le communiqué de la présidence de la République. Rémy Pflimlin sera auditionné par le CSA jeudi après-midi, a précisé le Conseil supérieur de l'audiovisuel.
Depuis la loi de février 2009, le chef de l'État nomme lui-même le président de France Télévisions par décret, après un avis conforme du CSA et après avoir été soumis à l'avis des commissions parlementaires chargées des Affaires culturelles (au Sénat et à l'Assemblée). Auparavant, la décision appartenait au CSA. Alexandre Bompard, PDG d'Europe-1, était donné favori, mais il a sans doute fait les frais de son image de "proche" de Nicolas Sarkozy. Dans le contexte des polémiques qui s'enchaînent à l'encontre de plusieurs ministres, la nomination de Pfimlin fait figure de choix plus consensuel. Agé de 56 ans, Rémy Pflimlin, diplômé d'HEC, a débuté sa carrière dans la presse régionale. Il a notamment été président du directoire de 1993 à 1999 du quotidien "L'Alsace".
En novembre 1999, il rejoint France-3 en qualité de Directeur général, puis intègre les NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne, devenues Presstalis) en janvier 2006 en qualité de directeur général adjoint, pour succéder à Ghislain Le Leu le 1er juillet 2006. Le syndicat national des journalistes (SNJ) de France Télévisions souligne que "les conditions de nomination du nouveau président de France Télévisions constituent un handicap certain pour l'heureux désigné". La loi de février 2009 est "un élément de régression démocratique, qui porte en germe la suspicion permanente sur l'indépendance des rédactions et sur une information de service public libre et pluraliste", estime le SNJ, qui souligne que "pour autant, il jugera le nouveau président sur ses actes".
Dans un communiqué, le SNJ rappelle néanmoins que "Rémy Pflimlin n'est pas un inconnu pour les salariés de France Télévisions, en particulier de France-3". "Les salariés se souviennent en particulier d'une période où les 'ressources inhumaines' devenaient une logique d'entreprise". De son côté, la CGT souligne que France Télévisions a subi depuis le 8 janvier 2008, quand Nicolas Sarkozy a annoncé la suppression de la publicité, "une offensive de déstabilisation sans précédent de la part de l'Etat actionnaire".
"La suppression de la publicité a failli provoquer son naufrage, son modèle économique est complètement bouleversé alors que ses besoins de développement sont immenses", souligne le syndicat. La CGT précise qu'elle sera "particulièrement vigilante" sur la politique du nouveau président en matière d'information et attend qu'il s'oppose "aux formes de précarité qui se sont aggravées ces dernières années". Du côté de l'opposition, le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon a estimé sur itélé que Rémy Pflimlin est "un professionnel, il est compétent". Cependant, "le problème reste toujours le même. Il est nommé par le président de la République, ce qui ne se fait dans aucune démocratie moderne".
Pour Benoît Hamon, "le problème qui existe entre la nomination de M. (Jean-Luc) Hees à Radio France et aujourd'hui les conditions dans lesquelles il exerce son mandat se reproduira à France Télévisions en raison du fait qu'il pèsera toujours un soupçon sur la capacité de ces patrons de l'audiovisuel public à assumer leur mission en toute indépendance". Le parti communiste français a estimé que "les conditions de cette nomination portent atteinte à la nécessaire indépendance de l'audiovisuel public à l'égard du pouvoir exécutif". "On est très de loin de la 'République irréprochable' tant vantée par le président de la République mais jamais réalisée", juge le PCF dans un communiqué.