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Accor, les dessous d’un limogeage

L’annonce du remplacement de Gilles Pélisson par Denis Hennequin à la tête du groupe hôtelier est aussi rapide que surprenante. Retour sur une folle semaine.

Marie Nicot , Mis à jour le
Gilles Pélisson, entre Accor et désaccords...
Gilles Pélisson, entre Accor et désaccords... © Reuters

Il dînera mardi soir au Novotel d’Amsterdam au milieu de 380 franchisés Ibis, Etap Hotel ou encore Mercure. Avec "émotion", Gilles Pélisson, patron d’Accor remercié cette semaine par le conseil d’administration, fera ses adieux aux hôteliers réunis en convention. Cette fiesta prévue de longue date tombe mal. Le neveu de Gérard Pélisson co-fondateur d’Accor avec Paul Dubrule ne coupera pas aux questions et aux regards contrits. Son limogeage est aussi surprenant que rapide. Le conseil d’administration d’Accor a annoncé mercredi que Gilles Pélisson, 53 ans, quitterait la place mi-janvier, cinq ans après son arrivée. Son successeur, Denis Hennequin, P-DG de Mc Donald’s Europe, prendra les fonctions de directeur général le 1er décembre.

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"Je me suis interrogé, avoue Gilles Pélisson. Dois-je rester un an, deux ans, trois ans de plus? Je voulais un conseil vraiment en phase avec ma stratégie. Je suis un homme libre. Je reprends ma liberté." Avant de retrouver son indépendance, l’ex-dirigeant de Bouygues Telecom et de Disney négocie son chèque de départ, en ligne avec les recommandations Afep-Medef, soit deux années de salaires. Une somme qui devrait atteindre environ 5 millions d’euros.

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Les administrateurs réunis à la hâte

Le communiqué évoque des "divergences stratégiques". Les conflits portent-ils sur la rénovation des établissements? Les cessions immobilières ou de marques comme Sofitel? Les ouvertures de nouvelles chambres? Gilles Pélisson, lui, défend son bilan au JDD: "En 2007 et 2008 Accor a affiché des résultats record. Après la crise, le groupe renoue avec la croissance. Certains administrateurs estiment qu’il vaut mieux changer de dirigeant quand tout va bien plutôt que pendant la tempête." S’il se garde de le préciser, les administrateurs visés seraient le fonds Colony et de la société de gestion Eurazeo qui ont grignoté 27,36% du capital de l’hôtelier en trois ans et y exercent le pouvoir. Le duo détient quatre sièges sur onze au conseil. Eurazeo, entré plus tard - et donc en forte moins-value - se serait montré impatient.

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La réflexion de changer de dirigeant remonterait à l’été dernier à l’époque de la scission du groupe. Cette évolution était envisagée pour 2011, afin d’éviter une nouvelle crise de gouvernance cinq ans après le départ conflictuel de Jean-Marc Espalioux. Mais Denis Hennequin, pressenti, aurait fait savoir récemment qu’il était approché par un autre groupe. Cette information a précipité la décision. Et la semaine dernière, persuadés que l’information allait "fuiter", les administrateurs se sont réunis à la hâte mardi. Le lendemain, le chassé-croisé des patrons est officiel.

La décision est d’autant moins compréhensible que Gilles Pélisson a suivi à la lettre la stratégie du couple Colony-Eurazeo de vente des murs des établissements. Un modèle en rupture avec le passé, qui privilégie la franchise. En juillet dernier, Gilles Pélisson a également bouclé la séparation d’Edenred, la branche services prépayés. "La scission était une opération stratégique majeure, commente Philippe Citerne, vice-président du conseil d’administration. Gilles Pélisson l’a menée avec le succès que l’on sait. Cette étape franchie, dans les mois qui ont suivi, les administrateurs ont concentré leur attention sur les conditions de succès de la mise en œuvre de la stratégie hôtelière." Apparemment le brio n’a pas suffi, même si l’introduction en Bourse ratée du groupe Barrière quelques mois après ne semble pas être un point d’achoppement. C’est maintenant à Denis Hennequin, fin connaisseur de la franchise, d’accélérer le développement d’Accor. Au rythme imposé par les financiers.

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Source: JDD papier

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