C'est un livre épais de 545 pages, séparé en son milieu par un portfolio fleurant bon les années 1970. Bernard Esambert, né en 1934, dévoile son parcours, l'un public, l'autre privé, souvent dans l'ombre.
L'histoire démarre en août 1944 dans le camp d'internement de Drancy (Seine-Saint-Denis). La famille Esambert, des juifs polonais émigrés en France au début des années 1930, attend un transport, qui, par bonheur, ne viendra pas.
Enfant pauvre de la République d'après-guerre, Bernard est repéré et introduit dans la fabrique des élites : Polytechnique, le corps des mines…
CONSEILLER EST DEVENU BANQUIER
Commencé sous le général de Gaulle, son parcours s'épanouit sous la présidence de Georges Pompidou (1969-1974). Conseiller à l'industrie, il orchestrera le plus spectaculaire « printemps industriel » de l'histoire de France : télécommunications, aérospatiale, nucléaire, TGV, les champions nationaux…
La France rattrape son retard à fond de train. La croissance atteint les 6 % du produit intérieur brut par an et la production s'accroît de 7 %. Sa richesse explose, dépasse le Royaume-Uni et rattrape l'Allemagne. Etonnant alliage de dynamisme entrepreneurial et de volonté du gouvernement.
Le conseiller est devenu banquier, a présidé les sociétés de Vincent Bolloré, de Jean-Luc Lagardère, l'Ecole polytechnique, l'Institut Pasteur, et a financé la recherche neurologique. Le pouvoir a continué à l'écouter. Un parcours d'exception entre politique, affaires et philanthropie.
Une vie d'influence. Dans les coulisses de la Ve République, de Bernard Esambert. Flammarion, 545 pages, 22,90 euros.