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Philippe Buton : « Le gauchisme, ce n’est pas seulement l’extrême gauche, c’est une attitude globale, la marque d’une époque »

L’historien estime, dans un entretien au « Monde », que si « le gauchisme politique a perdu », le gauchisme culturel a, lui, durablement influencé et transformé la société française.

Propos recueillis par 

Publié le 14 juin 2021 à 06h00

Temps de Lecture 4 min.

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L’historien Philippe Buton, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Reims, auteur de Histoire du gauchisme, l’héritage de Mai 1968 (Perrin, 560 pages, 26 euros), explique ce qu’il reste de ce mouvement politique qui a secoué la France il y a un demi-siècle.

L’emploi du terme « gauchiste » fait débat. Pourquoi l’assumer ?

Ce terme est politique et dépréciatif, à l’origine utilisé par Lénine pour disqualifier ses opposants de gauche. Ce mot est rentré dans le langage courant pour désigner ce qui est à gauche du PCF et certaines fractions de l’extrême gauche ne dédaignent pas l’utiliser. Mais ce terme n’est pas seulement le synonyme d’extrême gauche. Dans le gauchisme il y a autre chose, une attitude globale, des réflexes qui font la marque d’une époque.

Votre livre raconte l’histoire des groupes d’extrême gauche des années 1968. Quelles traces en reste-t-il dans la politique française ?

Il y a du recyclage, mais cela se fait de manière inconsciente. Les gauchistes ont connu une double transformation : quand ils le sont devenus, et quand ils arrêtent. Quand on cesse de l’être, soit cela se fait de manière soft – on n’y croit plus –, soit on se demande pourquoi a-t-on fait cela, pourquoi nous sommes-nous mis en danger. Ceux qui ont connu cette double transformation ont un regard apaisé sur la société. En revanche, pour ceux qui ne se sont pas interrogés, c’est plus délicat. Ils reprennent des éléments qui peuvent être dangereux, comme un regard particulier sur la police, une certaine indulgence vis-à-vis de la délinquance, voire du terrorisme.

Peut-on dire que le gauchisme culturel (les transformations sociétales, la révolution des mœurs, plus individualiste) a gagné et que le gauchisme politique (le discours programmatique des organisations, plus collectif) a perdu ?

Oui. Le gauchisme politique a perdu et heureusement. Le gauchisme culturel est ambivalent. Il a transformé la société française, en mieux pour l’essentiel, mais sur certains aspects, beaucoup de gens ont cru que la liberté qui résonnait en 1968 voulait dire « ma liberté est première », « mon désir est premier », « le travail est secondaire, l’ascèse intellectuelle n’est pas importante ». Tout le contraire, d’ailleurs, de ce que faisaient les gauchistes, qui travaillaient et lisaient beaucoup. Aujourd’hui, cet effort de réflexion permanente a été perdu.

Comment expliquer la différence entre ce qu’il s’est passé à cette époque, en Italie et en France ?

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