Envers et contre la toux UN PHénomène en quatre étapes

Quel que soit le sirop, il ne change rien à l'affaire... Cela fait des jours que ça dure et que vous irritez, en plus de votre entourage, votre gorge. Voilà en effet plus de huit semaines que vous toussez, c'est donc, selon la définition des professionnels de santé, une toux chronique. A la fin de cette semaine, vendredi et samedi, sous l'égide de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), un premier séminaire sur la toux chronique chez l'adulte est organisé en France au centre hospitalier universitaire de Toulouse (Haute-Garonne), où se retrouveront différents experts. Objectifs ? Améliorer la prise en charge des tousseurs et jeter les bases des axes de recherche pour des traitements efficaces. « Ce sont les patients qui nous mettent la pression car nous sommes vraiment à la traîne en France où il n'y a pas de centres pour la toux, ni de consultation pour la toux chronique, et ce contrairement aux pays anglo-saxons », compare le docteur Roger Escamilla, pneumologue au CHU de Toulouse.

Un réflexe de défense contre les envahisseurs

La toux nous enquiquine mais elle nous protège. Cette expiration brusque, bruyante, volontaire ou non, qui permet l'expulsion d'une partie de l'air contenu dans les poumons, vise d'abord à protéger les voies aériennes en débarrassant les bronches, la trachée, le larynx et le pharynx des mucosités, poussières ou encore des corps étrangers qui les encombrent. Son but ? Maintenir une respiration normale. Elle peut servir également à éclaircir la voix ou à attirer l'attention. Si le plus souvent, la toux est un symptôme dû à une infection bénigne, elle peut aussi révéler une affection grave (pneumopathie, cancer, insuffisance cardiaque...). Les principales causes des toux chroniques chez le non-fumeur sont l'écoulement pharyngé supérieur (écoulements de mucus dans la gorge) attribuable à une rhinite allergique ou à une sinusite chronique, la toux allergique, l'asthme et le reflux gastro-oesophagien qui présente, en plus de la toux, parfois d'autres symptômes comme les remontées acides et les brûlures d'estomac.

Parfois, elle ne guérit pas

Pour un patient sur cinq, essentiellement des femmes, cette toux chronique est réfractaire à tout traitement. Ces tousseurs peuvent présenter une hypersensibilité à de nombreux agents chimiques, comme les parfums ou la fumée de tabac, physiques (aliments épicés ou acides), thermiques et environnementaux (comme les changements de température ambiante). Rien à faire, cette toux ne passe pas. Pourquoi ? On l'ignore. Ce que l'on sait en revanche, c'est que le réflexe de toux s'est automatisé. Les spécialistes font même une comparaison avec la fibromyalgie, la maladie mystérieuse de ceux qui ont mal partout. Douleurs articulaires et musculaires, fatigue intense, cette pathologie aussi, les médecins ne sont pas encore parvenus à la guérir. « Ces toux seraient provoquées par un abaissement du seuil du réflexe tussigène comme celui de la douleur pour la fibromyalgie. La toux n'est pas ici un symptôme mais elle est considérée comme une neuropathie sensitive », précise le docteur Escamilla.

Les bienfaits des remèdes de grand-mère

Eh bien oui, ça peut marcher. Les pastilles de menthol par exemple. « Elles ont un effet anesthésiant -- avec la sensation de froid -- et antitussif car le menthol agit sur des récepteurs de la toux », reconnaît le pneumologue. Chez certains patients, on peut donc essayer une pastille mentholée comme traitement symptomatique. C'est toujours moins nocif qu'un antitussif qui peut avoir des effets secondaires. Depuis quelques années, le chocolat s'est vu aussi attribuer cette nouvelle vertu : soulager la toux chronique. Même chose pour le miel. Attention toutefois, ces produits peuvent avoir un effet bénéfique pour certains, mais chez d'autres, les aliments sucrés peuvent accentuer la toux. « Alors à chacun de trouver son remède de grand-mère », conseille le docteur Escamilla.