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Economie - Interview Jean-Baptiste Descroix-Venier : «Je veux changer le monde, sans égoïsme»

Figure d’Internet, le Lyonnais Jean-Baptiste Descroix-Vernier, président-fondateur de Rentabiliweb, est un entrepreneur accompli et une personnalité déroutante.
Propos recueillis par Jean-Philippe Vigouroux - 11 avr. 2012 à 12:30 - Temps de lecture :
Photo AFP
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Avocat de formation, vous êtes à la tête d’une multinationale du web. Comment avez-vous pris un tel virage ?

J’ai débuté comme avocat d’affaires, à Lyon. J’avais déjà une attirance très forte pour le numérique, univers fascinant dans lequel je baignais, notamment en conseillant des hommes comme Jean-Michel Aulas, Patrick Bertrand, Thierry Ehrmann etc. J’étais dans le numérique, mais en serviteur, en quelque sorte. Ensuite, j’ai été pendant quelques mois administrateur d’une société cotée. Puis j’ai créé Rentabiliweb.

Quelle est l’activité de Rentabiliweb ?

Nous sommes monétiseur d’audience et banquier d’acquisition. Quand j’ai créé Rentabiliweb, en septembre 2001, des sites avaient déjà de belles audiences, mais beaucoup ont fait faillite simplement parce que tout était gratuit. Notre métier, consiste à générer de l’argent avec cette audience, sans forcément passer à un site payant. Nous travaillons les bases de données d’adresses électroniques, nous ciblons des communautés etc.

Vous avez connu un succès rapide…

Effectivement, 330 000 euros de CA la première année, puis 2,5 millions la deuxième, pour atteindre 83,5 millions en 2011. Depuis 10 ans, cette croissance ne s’est jamais démentie. Et si le CA s’est légèrement tassé en 2011, c’était délibéré de notre part et cela ne nous a pas empêchés d’améliorer la marge nette, (+ 32 %). En janvier 2011, nous avons obtenu l’agrément de la Banque de France, nous sommes devenus un « établissement de paiement ». Nous avons ensuite été acceptés comme membre du GIE Carte Bancaire : Rentabiliweb est le seul « pure-player » à être aujourd’hui une banque d’acquisition.

Vous êtes la plus belle réussite lyonnaise dans le numérique nouvelle génération. Vous avez quitté la ville depuis plus de 10 ans, sans aucune reconnaissance. Des regrets ?

Je suis reçu en tant qu’expert à l’Élysée ou au Parlement, plusieurs états ou entreprises mondiales font appel à moi, je viens d’être élu vice-président du Conseil national du numérique, mais je n’ai jamais mis les pieds à la mairie de Lyon. À une époque, cela m’aurait peut-être fait plaisir d’avoir un bout de reconnaissance, désormais ça ne m’intéresse plus. Je suis quelqu’un d’atypique et à Lyon cela fait peur. Les Lyonnais voient l’atypisme comme un ennemi alors qu’à Londres, c’est très respecté. C’est le problème : j’ai trouvé Lyon formidable, jusqu’à ce que je découvre New York, Amsterdam, Moscou…

Lyon est toujours une place forte du numérique français ?

Lyon en est au même endroit aujourd’hui que lorsque je l’ai quittée voilà 12 ans. Il y avait des génies comme Bruno Bonnell, René Ricol ou Jean-Michel Aulas. Mais il n’y a pas eu de relève. Alors que la ville était entrée dans les années 2000 avec une vraie avance dans le numérique, elle a raté le coche. Résultat, la nouvelle génération l’a quittée. On croise dans le numérique une surreprésentation d’entrepreneurs d’origine lyonnaise, mais Lyon ne les a pas vus, ceux qui avaient des projets se sont tirés et personne n’a essayé de les retenir. Peut-être n’étions-nous pas assez dans le moule des notables lyonnais, pas assez ‘» costard cravate ».

Vous avez un rapport à l’argent étonnant… Vous avez légué toute votre fortune de votre vivant. Est-ce vrai ?

Quand je suis devenu riche, je me suis fait plaisir, j’ai acheté tout ce qui va avec : grosses voitures, montres de luxes, etc. Ça a duré six mois et j’ai tout revendu. Aujourd’hui, je n’ai rien, ma fortune a été léguée à des ONG, j’ai créé une fondation. Je veux changer le monde, sans égoïsme. J’habite sur une péniche meublée à Amsterdam, avec un Rottweiler et deux chats. J’ai de quoi vivre normalement et je me sens beaucoup mieux maintenant, beaucoup plus libre. Je suis un soldat, j’aime entreprendre et gagner de l’argent, mais une fois que c’est fait, je ne vois pas l’intérêt d’empiler les Ferrari. Mon vélo et mes étangs me suffisent.

Qu’est-ce que le numérique a changé dans l’économie ?

Le numérique a tout changé. Ceux qui ne l’ont pas compris sont condamnés. Qu’ils reposent en paix.

BIO EXPRESS

Son âge : 42 ans

Son parcours : Il a grandi dans les banlieues modestes de Lyon. Très croyant, il voulait d’abord devenir prêtre, avant d’entamer des études de droit.

Ses fonctions : Président et fondateur de Rentabiliweb, multinationale qui compte 22 filiales dans le monde et a réalisé 83 millions de CA
en 2011. Président du Conseil de surveillance d’Immunobank, société fondée avec François Pinault et Luc Montagné (prix Nobel de Médecine). Fondateur de la Fondation Descroix-Vernier, qui gère sa fortune pour l’humanitaire. Vice-président du Conseil national
du numérique depuis début avril.

Sa devise : « Dieu est ma force »

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