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Le groupe Alcatel-Alsthom met en place une direction plus collégiale

On reprochait à Pierre Suard de diriger en solitaire. Il s'entoure aujourd'hui d'un comité exécutif chargé de rendre le groupe plus réactif. Des hommes neufs montent en puissance, mais aucun dauphin n'est désigné.

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Publié le 12 janv. 1995 à 01:01

Pierre Suard tire les conséquences de la période de fortes turbulences qu'il vient, avec son groupe, de traverser, et adopte partiellement la démarche suivie deux mois plus tôt par la Compagnie Générale des Eaux. Alcatel-Alsthom a annoncé hier une refonte de son état-major qui consacre une organisation plus collégiale.
La principale innovation concerne la création d'un comité exécutif restreint qui, indique un communiqué, « garantira la rapidité dans la prise des décisions majeures ». Cette « task force » pourra être réunie à tout moment et permettra d'améliorer la réactivité du groupe. Outre Pierre Suard, cette instance réunira Philippe Bissara, secrétaire général, Jozef Cornu, le « scientifique » du leader mondial des télécoms, Philippe Fondanaiche, le nouveau « financier » du groupe, Stephan Guerin, le spécialiste du juridique, François de Laage de Meux, directeur général qui partira en retraite à la fin de l'année, Bernard Pierre, vice-président exécutif d'Alcatel Câble, et Françoise Sampermans, toujours directeur général de la Générale Occidentale mais désormais en charge également du développement dans le multimédia.
Un absent de marque dans ce comité: Pierre Bilger, présenté par certains comme « l'étoile montante » du groupe, mais qui aurait assez à faire avec ses nouvelles responsabilités de PDG de GEC-Alsthom. On remarque surtout la promotion d'hommes plus jeunes comme les trois nouveaux directeurs généraux adjoints: Philippe Fondanaiche, François Petit et Luc Vigneron. « L'objectif est de confier des responsabilités à des personnes d'un profil et d'une tranche d'âge susceptibles d'injecter du sang neuf dans le groupe », explique aux « Echos » Pierre Suard. Pour autant, le patron d'Alcatel-Alsthom ne désigne pas de dauphin ou de numéro deux, comme l'a fait tout dernièrement Guy Dejouany à la Générale des Eaux avec Jean-Marie Messier. Il fait remarquer que de tout temps le patron du groupe a été désigné parmi les dirigeants des grandes filiales.
Autre innovation: l'instauration de la double responsabilité de la plupart des directeurs. Ceux-ci auront une « double casquette », exerçant leurs fonctions à la fois pour le groupe et pour Alcatel. Cela devrait permettre d'assurer une meilleure cohérence stratégique et opérationnelle entre le siège et sa principale filiale, au moment où celle-ci est mise en cause dans ses relations avec France Télécom et où certains ratages techniques ont mis en lumière des problèmes de coordination.

Changement
de culture
Ce n'est donc pas la « révolution de palais » chez Alcatel-Alsthom, mais une adaptation beaucoup plus dans le style de Pierre Suard. Le patron du leader mondial des télécommunications se devait de réagir après l'impressionnante liste de revers qu'il a enregistrée l'an dernier. De sa mise en examen personnelle pour des travaux de sécurité exécutés à son domicile à la chute de plus d'un tiers des résultats du groupe et de moitié de sa capitalisation boursière, en passant par l'échec de sa candidature au troisième réseau de radiotéléphone et l'enterrement de la privatisation de Framatome, rien n'aura été épargné à Alcatel-Alsthom.
Mais c'est sans doute l'affaire des surfacturations à France Télécom, pour laquelle Pierre Guichet, PDG d'Alcatel-CIT, a été incarcéré, qui a le plus secoué le groupe, l'atteignant dans son activité principale et dans ses relations avec son client privilégié. France Télécom va revoir ses modalités de passation des marchés, et cette remise en cause pourrait se faire au bénéfice du concurrent d'Alcatel, le tandem Matra-Ericsson.
Cette affaire aura aussi mis en lumière les difficultés qui attendent désormais le groupe de Pierre Suard, habitué à faire triompher ses prouesses techniques sur des marchés protégés comportant un très petit nombre d'interlocuteurs, et qui doit désormais affronter les effets de la dérégulation dans des activités où il est soit un « nain » (les mobiles), ou bien pratiquement absent (les services). C'est donc à un changement de culture qu'Alcatel-Alsthom doit aujourd'hui répondre. Un défi pour lequel Pierre Suard a décidé de mobiliser une véritable équipe.

Patrick Lamm

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