Par Laurent Flallo
La fin de l'année 2002 a été favorable aux groupes agroalimentaires français. Après la révision à la hausse des prévisions de bénéfices avant-hier par Pernod Ricard, Danone a publié, hier à son tour, des résultats 2002 dépassant à la fois ses objectifs et les anticipations de la plupart des analystes financiers. Grâce à la plus-value, d'un montant non précisé, sur la cession de la bière Kronenbourg, le groupe français affiche un bénéfice net record de 1,28 milliard d'euros.
Il est pratiquement multiplié par dix par rapport à celui de 2001, qui avait été diminué par la restructuration de la branche biscuits en Europe. Hors éléments exceptionnels, le résultat net progresse de 6,2 %, à 828 millions.
Sur le plan commercial, Danone a, à l'image de son grand frère anglo-néerlandais Unilever (lire page 11), enregistré une accélération de la croissance interne au quatrième trimestre (+8,1 %). Cette performance, qui tient surtout aux produits laitiers frais (notamment Actimel en hausse de 40 % à un peu moins de 500 millions d'euros de ventes) et aux boissons, lui permet d'afficher, sur l'ensemble de l'année, une progression organique de 6 %, nettement au-dessus de la barre des 5,2 % qu'il s'était fixée. Les cessions (Galbani en Italie, les eaux embouteillées aux Etats-Unis), ont fait reculer le chiffre d'affaires publié de 6,3 % à 13,55 milliards d'euros.
Une meilleure rentabilité partout
L'amélioration de la marge opérationnelle, passée de 11,1 % à 11,7 %, a aussi été plus élevée que prévu : 61 points de base supplémentaires, pour un objectif de 30 à 50 points. Les trois pôles de Danone _ produits laitiers frais, boissons et biscuits _ et toutes les zones géographiques ont amélioré leur rentabilité. La stratégie de développement dans les pays émergents, souvent jugée risquée par les analystes, se révèle payante. « L'Asie, qui représente aujourd'hui 15 % du chiffre d'affaires, affiche à la fois la plus forte croissance interne du groupe, entre 10 % et 13 %, et la marge opérationnelle la plus élevée, au-dessus de 12 % », a souligné, hier, le directeur financier Emmanuel Faber.
Au total, malgré un fort impact des devises (essentiellement le peso argentin) à hauteur de 3 %, le bénéfice net dilué par action du groupe, hors éléments exceptionnels, a progressé de 10,9 % (au lieu des 10 % anticipés), à 6,11 euros.
Pour l'année 2003, le neuvième groupe agroalimentaire mondial table sur une croissance organique du chiffre d'affaires « comprise entre 5 % et 7 % » et une progression de la marge opérationnelle « de 20 à 40 points », ce qui « correspond à nos objectifs à long terme », a expliqué son PDG, Franck Riboud. Estimant que Danone présente une « faible exposition au contexte géopolitique actuel », il s'est dit « confiant » pour l'exercice.
Nouveaux administrateurs
Le groupe a par ailleurs annoncé, hier, l'arrivée de trois administrateurs : le Belge Richard Goblet d'Alviella, administrateur de la société de capital-investissement belge Sofina, le Suédois Hakan Mogren, président de Reckitt Benckiser et vice-PDG d'AstraZeneca, et le Français Benoît Potier, PDG d'Air Liquide. Ils succèdent à Yves Cannac, Philippe Lenain et Edouard de Royère.
L. F.