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H. Mounier oublie la crise du cognac avec de la vodka

La maison assure la moitié de son chiffre d'affaires grâce à la vodka Grey Goose, qu'elle élabore pour le marché américain.

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Par Jean Roquecave (Correspondant à La Rochelle)

Publié le 4 juil. 2003 à 01:01

Francis Barat président du directoire de H. Mounier, maison issue d'Unicoop, coopérative fondée en 1929 par des viticulteurs en difficulté, l'avoue sans ambages : « Pour le cognac, nous jouons en deuxième division, nous ne serons jamais en première. » Avec un chiffre d'affaires de 64,7 millions d'euros en 2002, en progression de 28 %, et 93 salariés, la société est en effet loin derrière les géants du secteur comme Hennessy, Courvoisier ou Rémy Martin. Cette PME de Cognac a pourtant réussi une diversification en forme de jackpot en élaborant, depuis cinq ans, la vodka haut de gamme Grey Goose, coqueluche des Américains.

Des noms prestigieux
Lorsque, après la guerre, Unicoop décide de créer une marque, il lui faut un nom prestigieux. Ce sera Prince de Polignac, grâce à un accord passé avec un descendant de l'illustre famille. C'est aujourd'hui un cognac apprécié des amateurs, et qui bénéficie d'une bonne notoriété. A la fin des années 1960, la coopérative rachète une petite maison fondée en 1858 par le négociant Henri Mounier. Cette opération lui permet de commercialiser d'autres productions que celles de ses adhérents, ce que lui imposait jusqu'alors son statut et de diversifier son portefeuille avec le pineau Reynac, l'armagnac Marquis de Vibrac, le calvados Michel Biron, le whisky Highlands King, et le cognac Paul Bocuse.

Suite logique, les activités de négoce sont séparées des activités de production en 1993. H. Mounier devient propriétaire des marques et se charge du volet embouteillage et commercialisation, la coopérative toujours actionnaire à 99 % conservant la collecte, la distillation et le stockage de la production du vin de ses 300 adhérents. En 1996, le cognac est en crise, et Unicoop en difficulté, avec une dette de 300 millions de francs et des stocks qui se déprécient. S'en suit un dépôt de bilan puis un plan de continuation sur dix ans en 1999.

Francis Barat, ingénieur en informatique, arrive à la direction en 1996. L'entreprise est restructurée, le personnel passe de 116 à 76 salariés, et H. Mounier se recentre sur ses activités commerciales pour retrouver la rentabilité. « Nous cherchions à nous diversifier et c'est alors que nos partenaires américains nous ont fait une proposition », raconte le dirigeant.

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Sur le marché américain
Sydney Franck Importing, entreprise basée à New Rochelle, proche de New York, qui distribue le pineau Reynac aux Etats-Unis, veut lancer une vodka haut de gamme. « Notre compétence en matière de distillation les intéressait. Nous avons mis au point une vodka au style caractéristique. »

Grey Goose, qui est lancée en avril 1997 sur le marché américain, connaît un succès fulgurant avec 1,2 million de caisses en 2002, chiffre à rapprocher du total des ventes de cognac aux Etats-Unis, premier marché à l'export, avec 3,7 millions de caisses en 2002. C'est la troisième marque de vodka importée aux Etats-Unis. Aujourd'hui, la vodka représente 50 % du chiffre d'affaire de H. Mounier. Sydney Franck est en train d'investir 10 millions de dollars dans une nouvelle unité de production et d'embouteillage à Gensac-la-Pallue, près de Cognac, qui entrera en service en septembre. « Une vingtaine d'emplois devraient être créés, ce qui nous permettra de retrouver nos effectifs d'avant 1999 », ajoute Francis Barat. Au premier trimestre 2003, les ventes de Grey Goose ont progressé de 50 %. L'objectif est d'atteindre 2 millions de caisses en fin d'année. Continuant sa diversification de l'entreprise. H. Mounier, qui a déjà repris en 2001 les cognacs Hardy, vient de prendre le contrôle de la maison de négoce bordelaise Calvet.

JEAN ROQUECAVE

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