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Le conseil de Dexia enterre le projet de rapprochement avec l'italien Sanpaolo IMI

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Par Elsa Conesa

Publié le 29 nov. 2004 à 01:01

Le projet aura tenu dix jours. Réunis hier en conseil d'administration, les actionnaires de Dexia ont définitivement enterré l'opération de rapprochement avec la banque italienne Sanpaolo IMI, qui aurait donné naissance au quatrième groupe bancaire de la zone euro par la capitalisation boursière. A l'unanimité, ils ont constaté que « les conditions ne sont plus réunies pour que l'étude de ce projet soit poursuivie de manière efficace » et ont décidé d'y mettre un terme. Toutefois, Pierre Richard, administrateur délégué de la banque franco-belge, a été confirmé, là aussi à l'unanimité, ainsi que le comité de direction, pour « poursuivre la politique de développement de Dexia ». Selon une source proche du dossier, la Caisse des dépôts et consignations a joué un rôle important dans le maintien de Pierre Richard. Ce dernier aura tout fait pour convaincre de l'intérêt de ce projet. L'issue était néanmoins prévisible. Contrariés par l'annonce prématurée des négociations dans la presse, le 18 novembre, les actionnaires belges de Dexia, globalement hostiles au projet de rapprochement, s'y sont très vite opposés. Détenant près de 38 % du capital de la banque à travers le Holding Communal, Arcofin, et Ethias, ils voyaient en effet d'un très mauvais oeil le déplacement du centre de décision du nouvel ensemble de Bruxelles vers Turin. Le schéma initialement envisagé consistait en effet à faire absorber Dexia par Sanpaolo IMI et à implanter le siège en Italie. Une telle opération aurait en outre conduit à une dilution de leur position. Un porte-parole d'Ethias s'est déclaré hier « sceptique » sur sa rentabilité pour les actionnaires. A l'occasion de ces négociations, l'idée de la constitution d'un pacte entre les actionnaires belges aurait d'ailleurs fait son chemin.
Avenir complexe
En apparence, Pierre Richard a sauvé son mandat mais, selon une source proche, « il est en sursis ». Ses acquisitions surévaluées aux Pays-Bas et aux Etats-Unis se sont avérées peu convaincantes aux yeux de ses actionnaires et coûteuses en provisions. Certains observateurs estiment ainsi que l'échec de l'opération avec Sanpaolo IMI pourrait le conduire à écourter son mandat, qui s'achève normalement en 2006, le groupe ayant fixé la limite d'âge des membres de son comité de direction à 65 ans. Le nom de Rembert von Lowis, directeur financier de Dexia et ancien du Crédit Local de France, circulerait déjà. L'avenir paraît aujourd'hui complexe pour la banque. Faut-il s'attendre à ce qu'une opération de rapprochement se fasse avec un autre concurrent, comme semblent l'anticiper les marchés ? Selon un proche du dossier, le seul mouvement possible aujourd'hui pour Dexia impliquera un établissement belge, comme le bancassureur KBC. « Les banques françaises ont déjà toutes regardé le dossier sans donner suite », note un banquier d'affaires, pour qui l'établissement est encore surévalué. Un rapprochement sur le territoire belge semble en outre séduire les analystes, contrairement au scénario Sanpaolo IMI, et serait plus facilement négociable avec les actionnaires belges.

Une chose est sûre, l'épisode Sanpaolo IMI a mis en lumière les difficultés de gestion imposées par la structure binationale de Dexia. Le montage réalisé en 1996 consistant à rapprocher le Crédit Local de France et le Crédit Commercial de Belgique, en théorie sur un pied d'égalité, a en réalité déséquilibré le pouvoir au détriment des intérêts français. Les communes et actionnaires belges ont près de 40 % du capital, quand la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) en détient moins de 8 %, proportion qui ne reflète pas la contribution des activités françaises au résultat. Ce déséquilibre a été accentué par l'acquisition du bancassureur belge Artesia en 2001. Toute autre opération d'envergure pourrait ainsi devenir le cadre d'une refonte de ce système bancal.

ELSA CONESA

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