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Portrait

Jean-Marie Poimboeuf, le croisé de DCN

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Publié le 14 déc. 2005 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

« Permettez-moi d'être passionné par le sujet... Si nous n'avions pas changé de statut, DCN serait morte ! » Ces mots du PDG de DCN, Jean-Marie Poimboeuf, prononcés au Sénat lors de la présentation d'un rapport (plutôt positif) de la Cour des comptes sur la société, illustrent le tempérament et le rôle clef de celui qui a sans doute évité à son groupe d'être démantelé.

C'est dans les Ardennes qu'est né, en 1941, le « croisé » de DCN. Cet X aborde le maritime via la maintenance de l'aéronavale. Il entre à DCN en 1984, à la direction commerciale. C'est encore la guerre froide. Le plan de charge est fourni, avec la première génération de sous-marins nucléaires d'attaque français et une série de 7 frégates anti-sous-marines.

Lorsque l'URSS implose, les crédits de défense s'effondrent. Les dysfonctionnements de DCN, son statut inadapté, ses effectifs pléthoriques, sautent aux yeux. Dans les années 1990, plusieurs rapports se proposent de réduire les arsenaux aux activités d'entretien et de confier la construction neuve à Thomson-CSF.

En 1991, dans un rapport qui fait hurler les syndicats, Jean-Marie Poimboeuf, alors chargé de mission, préconise de sauver DCN en la transformant en société. « Il n'est pas le seul à avoir imaginé l'évolution de DCN, confie l'un de ses proches. Mais il a cristallisé cette vision stratégique et l'a défendue sans relâche. »

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Un premier pas est réalisé l'année du rapport, avec la transformation du service commercial en une filiale export de droit privé, DCN International. Jean-Marie Poimboeuf a prouvé, entre-temps, ses capacités de manager à Lorient, durant la construction des frégates La Fayette et de leurs cousines pour Taiwan. « C'est à Lorient qu'il a acquis sa légitimité dans l'entreprise, confie un militant syndical. Même les syndicalistes les plus hostiles au changement savent que le patron se bat avant tout pour la boîte. »

Affable, disponible et tenace
Il fallait un ministre socialiste pour s'attaquer au statut de DCN. En 2000, Alain Richard, chargé de tailler dans les crédits de défense par Lionel Jospin, rappelle à DCN un Jean-Marie Poimboeuf entre-temps nommé à la tête de la Direction des centres d'essais. Il lui propose de concrétiser les idées énoncées neuf ans plus tôt. Le tabou est levé en 2000 avec la transformation en « service à compétence nationale ». Chacun sent que ce n'est qu'une étape avant celui de société anonyme, annoncé par Richard en juillet 2001.

DCN SA devient réalité en juin 2003 sans grands remous sociaux. Deux ans plus tard, l'entreprise est bénéficiaire et réalise 30 % de son activité à l'export. Elle est devenue numéro un européen du naval militaire devant BAE Systems, qui peut pourtant s'appuyer sur une Royal Navy plus fournie que la Marine nationale. Thomson-CSF, devenu Thales, n'a pas repris les programmes neufs. C'est au contraire DCN qui devrait absorber, contre une participation au capital, les activités navales de son frère ennemi.

« Aujourd'hui, on regarde DCN autrement, apprécie une cadre brestoise. L'entreprise est perçue comme dynamique. » Changement d'image, stratégie passée de la défense à l'attaque, activité bénéficiaire, la société doit beaucoup à Jean-Marie Poimboeuf. « Un homme affable, disponible, qui écoute. Aussi à l'aise dans un atelier que dans le bureau d'un ministre. Et surtout, terriblement tenace. » Le portrait qu'on dresse de ce polytechnicien passionné de foot et, plus encore, de DCN, est flatteur. Si les alliances avec Thales, puis avec d'autres poids lourds européens du secteur, semblent patiner, ceux qui le connaissent sont confiants : « Il y arrivera ».

ANDRÉ THOMAS

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