Oberthur : départ surprise du numéro deux, Pierre Barberis
Oberthur Card Systems a annoncé hier matin la démission de Pierre Barberis, qui occupait depuis 2002 la fonction de directeur général délégué et d'administrateur du groupe. Le fabricant de cartes à puce indique que son numéro deux a « souhaité rejoindre, pour des raisons personnelles, l'Asie du Sud-Est » et qu'il sera chargé d'une mission de conseil ponctuelle auprès de la direction générale de la société. Le conseil d'administration a nommé Xavier Lafont, un ancien de BNP Paribas, en qualité d'administrateur indépendant. Un conseil d'administration sera réuni courant décembre pour nommer le remplaçant de Pierre Barberis au poste de directeur délégué, qui prendra ses fonctions début janvier 2007.
Réaction sévère des marchés
Le départ surprise du numéro deux du deuxième fabricant mondial de cartes à puce, leader des applications bancaires, a été plutôt accueilli avec défiance par les investisseurs et l'action Oberthur, qui avait déjà perdu près de 36 % au cours des douze derniers mois, cédait à nouveau 3,86 % hier en milieu d'après-midi, à 4,98 euros, affichant la plus forte baisse du SRD. Le titre terminait la séance à 5,03 euros, en repli de 2,90 %.
Cette réaction quelque peu sévère des marchés s'explique pour partie par les interrogations que suscite le départ imprévu du directeur général délégué du groupe, sur fond de résultats financiers mitigés. La filiale du groupe François Charles Oberthur avait en effet publié en octobre un chiffre d'affaires en léger repli (_ 0,3 %) pour le troisième trimestre, mais avancé des perspectives optimistes pour la fin de l'année, après les difficultés rencontrées au cours du premier semestre dans le secteur du paiement. Au cours du troisième trimestre, son résultat net avait chuté de 92 % et son résultat d'exploitation de 84 %.
Certains analystes évoquaient donc hier, pour justifier le départ de Pierre Barberis, l'hypothèse de performances décevantes au second semestre, voire le désir d'accélérer une vente ou une fusion d'Oberthur avec un concurrent. Fin août, les deux concurrents directs de la société, Gemplus et Axalto, avaient ainsi fusionné en donnant naissance à un nouveau numéro un mondial de la carte à puce et de la sécurité, Gemalto.
Affecté comme ses rivaux par la forte baisse des prix dans le secteur de la téléphonie mobile, Oberthur a toutefois plutôt bien résisté sur les six premiers mois de l'année, ces activités ne générant que le tiers de son chiffre d'affaires contre plus de la moitié pour les applications de paiement et de services.
« Timing parfait »
A l'occasion de la présentation de ses résultats du troisième trimestre, Oberthur avait indiqué que le plan d'économies annoncé en juin commençait à porter ses fruits et devrait être achevé à 60 % à la fin de l'exercice. « La profession dans son ensemble a connu un très mauvais premier semestre, mais Oberthur s'en est plutôt bien sorti », rappelle Pierre Barberis, en estimant que « le second semestre sera meilleur que le premier » et que « le plan d'économies se déroule conformément aux prévisions ».
Ce départ, annoncé en interne depuis plusieurs mois, se déroule, selon Pierre Barberis, « dans un timing parfait » pour le groupe et pour lui-même.
RÉGIS MARTI