Avec Verney Carron, Cybergun veut relancer les armes de petit calibre françaises
En difficultés depuis plusieurs années, dernier fabricant d'armes en France stéphanois devrait tomber dans l'escarcelle du spécialiste de la vente d'armes de réplique et d'équipements militaires. Cybergun promet d'injecter plus de 20 millions d'euros dans l'outil de production du dernier fabricant français d'armes pour relocaliser la fabrication d'armes.
Par Françoise Sigot
Après les masques, les armes. Alors que le Covid-19 a accéléré la prise de conscience de la dépendance de la France en matière de production de masques, la guerre en Ukraine aura-t-elle le même effet sur les armes de petits calibres ? Hugo Brugière répond par l'affirmative. A la tête du groupe Cybergun (Hauts de Seine) , spécialisé dans la vente de répliques d'armes pour le loisir, mais aussi fournisseur du ministère des Armées pour de nombreux équipements, notamment des simulateurs de tir, il s'apprête à relancer la production d'armes de petits calibres en France. « Aujourd'hui, si l'on doit mobiliser des citoyens pour mettre en place une défense nationale ou prêter main-forte à un pays allié, nous sommes incapables d'équiper ces hommes », explique-t-il.
C'est pourquoi, il promet d'investir 12 millions d'euros dans l'usine stéphanoise de Verney Carron qu'il est sur le point de racheter pour augmenter les capacités de production d'armes militaires. « Notre rapprochement avec Verney Carron nous permet d'ores et déjà de produire et de livrer conjointement plusieurs milliers de fusils d'assaut aux forces armées », assure Hugo Brugière. Cybergun injectera également 8 millions d'euros dans les lignes de fabrication dédiées aux armes de chasse, l'autre spécialité de l'armurier de Loire.
Marchés publics
Dernier fabricant français d'armes, Verney Carron, placé en procédure de sauvegarde en septembre 2021 devrait donc changer d'échelle après des années de difficultés. Aujourd'hui, l'entreprise stéphanoise multicentenaire réalise 9 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie 77 personnes, Cybergun prévoit de doubler ces effectifs en 18 à 24 mois.
Adossée à son repreneur, elle devrait avoir notamment les moyens de répondre aux appels d'offres publics, en premier lieu ceux émanant du ministère des Armées et pas seulement pour placer des armes de petits calibres, mais aussi pour se repositionner sur la vente des armes non létales. Des marchés qui lui font défaut depuis la perte du contrat du ministère de l'Intérieur pour la fourniture des Flash-Ball, qu'elle a développé.
Létalité réduite
« Nous travaillons beaucoup sur les armes à létalité réduite, c'est d'ailleurs ce sujet qui nous a conduits vers Verney Carron, il y a déjà plusieurs années », confie Hugo Brugière. Cybergun entend également s'appuyer sur le savoir-faire de Verney Carron pour développer et enrichir ses propres gammes de produits, notamment les simulateurs de tirs. La reprise de Verney Carron devrait être finalisée fin juin. Elle permettra à Cybergun qui réalise aujourd'hui 47 millions d'euros de chiffre d'affaires avec 400 personnes de s'approcher dès cette année de la soixantaine de millions d'euros de revenus.
Françoise Sigot