Les tampons, les cups ou encore les éponges menstruelles peuvent être à l’origine de choc toxique lorsqu’ils sont mal utilisés. On fait le point sur cette pathologie potentiellement grave.
Syndrome du choc toxique : une infection souvent liée aux règles
Le syndrome du choc toxique (SCT) est une pathologie infectieuse grave causée par des toxines libérées par des bactéries.
Une fois dans l’organisme, ces toxines vont passer dans la circulation sanguine et atteindre d’autres organes, comme les reins, le foie ou encore les poumons.
Staphylococcique ou streptococcique : deux types de SCT à distinguer
On distingue deux types de choc toxique, du fait des types de bactéries en cause :
- le syndrome du choc toxique staphylococcique, découlant de la toxine TSST-1 produite par le staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) ;
- le syndrome du choc toxique streptococcique, dû à une toxine produite par Streptococcus pyogenes, parfois aussi appelé “maladie mangeuse de chair” ou fasciite nécrosante.
Le SCT staphylococcique est aussi appelé syndrome du choc toxique lié aux règles. En effet, ce dernier survient généralement de la mauvaise utilisation d’une protection périodique interne, le plus souvent des tampons, même si la bactérie ou la toxine n’est heureusement pas amenée par ces dispositifs. Le staphylocoque doré est effectivement naturellement présent dans la flore vaginale (ou microbiote) de 20 à 30 % des femmes, sans que cela ne leur occasionne de symptôme en temps normal. Mais du fait d’un milieu de culture propice lié au sang stagnant, la toxine peut proliférer, passer dans la circulation sanguine et créer ce syndrome du choc toxique.
Il s’agit alors d’une urgence vitale à traiter au plus vite, qui se manifeste par de la fièvre, des vomissements, une diarrhée, des douleurs musculaires…
Cette affection demeure très rare (environ 20 cas décrits par an en France) mais elle peut conduire à de graves complications, voire à l’amputation en cas de difficulté de traitement, comme ce fut le cas pour Lauren Wasser, une mannequin américaine dont l’histoire a été médiatisée. Celle-ci a dû être amputée des deux jambes en 2012, car la toxine avait entraîné une nécrose des tissus.
Quels sont les symptômes à connaître ? Comment savoir si l’on fait un choc toxique ?
Les principaux symptômes du syndrome du choc toxique sont les suivants :
- une fièvre d’apparition soudaine ;
- des troubles digestifs (nausées, vomissements, diarrhées) ;
- sensation de malaise (avec ou sans maux de tête, hypotension, confusion) ;
- une éruption cutanée ressemblant à un coup de soleil ;
- des douleurs musculaires (myalgies).
Face à de tels symptômes, il est conseillé d’agir vite, en retirant le tampon, la coupe menstruelle ou tout autre dispositif vaginal, et de consulter de toute urgence.
Syndrome du choc toxique : en combien de temps se manifeste-t-il ?
L’apparition des symptômes est soudaine, c’est pourquoi il faut agir vite, car la situation peut se dégrader très rapidement.
Les symptômes grippaux (fièvre, courbatures, état grippal) se manifestent généralement en premier, et sont ensuite suivis des éruptions cutanées et des symptômes digestifs. Le syndrome peut évoluer rapidement, en 48 heures, vers la syncope, le choc et le décès.
Comment l’attrape-t-on et comment l’éviter ?
Outre les tampons et les coupes menstruelles, souvent pointés du doigt, à raison, dans la survenue d’un SCT, il semble que certains contraceptifs intravaginaux, tels que le diaphragme, la cape cervicale ou l’éponge contraceptive, favoriseraient également le risque de choc toxique en cas de mésusage.
Des cas de syndromes de choc toxique non liés aux règles ou à la contraception sont également possibles, quoi qu’encore plus rares. Ils surviennent notamment à la suite d’infections cutanées, de brûlures, de plaies, d’une intervention chirurgicale ou encore, après un accouchement.
Concernant le syndrome du choc toxique menstruel, une étude publiée en avril 2020 dans la revue eClinicalMedecine et menée par le Centre International de recherche en infectiologie et le Centre National de référence des staphylocoques, a démontré que le risque de SCT était multiplié par deux lorsque le port de tampon dépasse une durée de six heures, et par trois quand le tampon est porté toute la nuit (la durée d’usage pouvant alors atteindre huit heures ou plus).
Quant aux coupes menstruelles, si elles ne sont a priori pas plus dangereuses que les tampons vis-à-vis du risque de SCT, elles peuvent elles-aussi engendrer ce syndrome. Dans une étude révélée en juillet 2017, le Centre national de référence du staphylocoque des Hospices Civils de Lyon a fait part de ce risque, lié notamment à l’arrivée d’air dans le vagin engendrée par la cup, qui favoriserait le développement du staphylocoque doré. On veillera donc à bien suivre les précautions d’usage, notamment en les portant 4 à 6h maximum, et, si possible, pas durant la nuit.
Tampons, serviettes, cup menstruelle : quelle protection hygiénique privilégier ?
On peut utiliser tout type de protection hygiénique, qu’il s’agisse de tampons, de serviettes, de coupes menstruelles (ou cup), ou même d’éponges menstruelles. Le tout est de bien suivre les précautions d’usage et d’hygiène qui s’imposent.
Ainsi, pour limiter au maximum le risque de développer un SCT lors de l’utilisation de protections hygiéniques internes, des règles d’hygiène strictes doivent être adoptées :
- se laver soigneusement les mains au savon avant d’insérer ou de retirer un tampon ou une coupe menstruelle ou autre dispositif intravaginal (diaphragme par exemple) ;
- changer de tampon toutes les 4 à 6 heures maximum, et éviter d’en porter la nuit ;
- alterner entre l’utilisation de tampons/cup et de serviettes hygiéniques ;
- ne pas oublier de retirer le tampon, notamment en fin de règles ;
- éviter d’utiliser un tampon en l’absence de règles ;
- utiliser un tampon doté d’une capacité d’absorption adaptée à son flux menstruel, et ne pas privilégier un plus gros tampon pour éviter les fuites ;
- ne pas utiliser de tampon si l’on a déjà été victime d’un choc toxique.
Comment soigner un choc toxique ? Les traitements pour soigner cette pathologie grave
La prise en charge du SCT s’effectue en urgence, en soins intensifs, et comprend à la fois des mesures locales (désinfection et décontamination des zones potentiellement contaminées, notamment le vagin) et une antibiothérapie. Celle-ci sera dans un premier temps empirique, en attendant les résultats des analyses effectuées. Si un agent est clairement isolé et identifié, le traitement antibiotique sera ensuite ajusté en conséquence. La prise en charge peut inclure d’autres traitements relativement lourds, comme une dialyse, en cas d’insuffisance rénale induite par l’infection, ou une mise sous assistance circulatoire, selon l’avancement et la gravité de la pathologie.
Le ou les protections hygiéniques internes et autres dispositifs intravaginaux doivent immédiatement être retirés.