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Miossec : «Je crois profondément à l’amour, mais comme un idiot»

Miossec
Miossec © Patrick Fouque / Paris Match
Benjamin Locoge , Mis à jour le

Pour « Simplifier », son nouvel album, le Brestois s’est imposé un retour à l’essentiel salvateur. Explications.

Il aurait aimé y échapper. Mais la ­raison a fini par l’emporter, en 2020, quand ­Christophe Miossec accepte une tournée autour de son premier album, « Boire », paru vingt-cinq ans plus tôt. Malgré la crise ­sanitaire, la tournée de 80 dates passe entre les gouttes des annulations (grâce aux salles assises), mais s’étire sur plus de deux ans. « C’est durant ces intervalles que j’ai eu envie de revenir à cette période d’avant “Boire”, celle où je ­travaillais seul chez moi avec mon huit-pistes cassette, sans en ­parler à ­personne. »

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Plus de liberté dans ses textes

Dans sa ­maison non loin de Brest, Miossec s’impose un régime strict : ni cordes ni arrangements luxuriants, une ligne de basse, une boîte à rythmes​ et une mélodie à la ­guitare ­suffisent à construire « ­Simplifier », ­douzième album d’une ­discographie (presque) exemplaire. Et si, musicalement, le chanteur s’est tenu à son projet, il s’est octroyé plus de liberté pour les textes. Ici, donc, on parle d’amours ­malheureuses, du patron du ­Vauban, la salle de concert de Brest, de l’acteur ­évaporé Gérald ­Thomassin, de féminicide, mais aussi de « Mes disparus », hommage joyeux à ceux que nous avons aimés, à commencer par Henri ­Miossec, décédé en 2021.

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« Mon père était un drôle de bonhomme, ­caporal-chef chez les sapeurs-pompiers, plongeur sous-marin, qui chaque été nous emmenait en camping faire tous les musées ­d’Europe. La musique, ça vient de lui, il était le mec qui s’installait au premier rang des concerts de Ray Charles. ­Forcément, mon groupe, au départ, il trouvait ça nul, un chanteur devait chanter et non baragouiner dans un micro. Ensuite il est venu à tous mes concerts dans le coin, il avait une ­opinion, il me disait si c’était bien ou pas. »

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Cette “cancel culture” est extrêmement violente

Miossec

Le paternel aurait-il souri devant « Mes ­voitures » ? Exercice brillant où ­Miossec ­s’essaye à « la chanson de bagnole, à l’américaine », rendant hommage à ses automobiles tout en dressant un parallèle totalement anti-#MeToo avec les femmes de sa vie. « Il faut titiller l’époque, sourit ­l’intéressé. Je sais que c’est un terrain glissant. Est-ce qu’il y aura un revers de volée ? Mais cette ­“cancel culture” est extrêmement violente. Si on ­commence à purger, alors on fait des autodafés chaque week-end et on ­recommence les feux de joie… »

À 58 ans, l’artiste connaît trop le poids des mots pour savoir qu’il est difficile d’échapper aux questions intimes. « C’est drôle comme on prend les chanteurs pour des Christine Angot, surtout lorsqu’ils emploient le “je”. Ce n’est pas toujours moi dans le “je”, je ne cherche pas à doser, ça vient comme ça vient. C’est même réducteur de n’y voir que ma vie. Mais ce n’est pas la peine de ­lutter contre “la politique de l’auteur” et le “cinéma nouvelle vague”… C’est un ­combat que l’on ne peut pas gagner. » ­

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Miossec sait pourtant mieux que personne raconter les errances humaines, osant la métaphore climatique pour interroger nos tourments : « Est-ce que l’eau qui ruisselle a emporté nos sentiments ? Est-ce que la vie était plus belle quand elle n’écoutait que le vent ? » s’interroge-t-il dans « Une histoire de soleil ». « J’ai une fâcheuse tendance à tomber amoureux. Je crois profondément à l’amour, mais comme un idiot. Je veux garder cette ­naïveté-là, celle du crétin qui croit que l’eau, elle se retient. Pour moi, ça reste le sujet central de l’humanité, ce n’est pas pour rien si, du blues au flamenco, en passant par le rock ou la chanson, tout porte vers là. »

Morale de l’histoire ? Miossec continue à porter beau dans un paysage plus porté vers le disco que vers la chanson intime. « J’ai toujours eu peur du fonds de commerce qu’on reconduit par confort. J’aime bien me mettre dans l’inconfort, quitte à rater le coup d’après, d’autant que, dans la musique, tu es payé pour te mettre en danger. Je n’ai pas fait ce métier pour être peinard. » Miossec le prouve cette fois en toute simplicité.

 

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