Faune aquatique souterraine de France :
base de données et éléments de biogéographie
David FERREIRA Marie-José DOLE-OLIVIERi, Florian MALARD',
Louis DEHARVENG 2 et Janine GIBERT '
(1) UMR CNRS 5023, Ecologie des hydrosystèmes fluviaux, Equipe hydrobiologie et Ecologie souterraines, Université Claude Bernard Lyon 1 , bât. Forel, 43 bd. du 1 1 Novembre 1918, 69622 Villeurbanne Cedex, France (2) FRE CNRS 2695, Origine, Structure et évolution de la biodiversité, Département systématique et Evolution, Muséum National d'Histoire Naturelle, 45 rue Buffon, 75005 Paris, France ferreira@univ-lyonl .fr
Avec la contribution de : C. BOU, A. BRANCEU, N. COINEAU, M. et G. FALKNER, D. GALASSI, N. GIANI, R. GINET, J.-P. HENRY, C. JOUIN-TOULMOND, J. JUGET, F. LESCHER-MOUTOUE, G. MAGNIEZ, P. MARMONIER, J. MATHIEU, P. RICHOUX et M.-J. TURQUIN.
régions à forte de biodiversité (richesse spécifique, endémisme) et les aires françaises de conservation prioritaires. Elle permettra également de formuler et de tester différentes hypothèses sur l'origine et les facteurs responsables de la biodiversité aquatique souterraine.
this paper. The present data base contains 381 species and subspecies corresponding to more than 5700 records. This diversity indicates that the sty gobite fauna of France is among one of the richest ground water fauna in Europe. Our current knowledge of groundwater biodiversity varies markedly among zoological groups and regions. We are currently implementing the present data set in order to provide a distribution pattern as complete as possible of stygobite richness in France. The data base will be used for delineating hot-spots of biodiversity (specific richness, endemism), for identifying priority areas for conservation and for formulating and testing hypotheses on the origin and drivers of groundwater biodiversity.
Introduction
La biospéologie se développe à partir du milieu du XIXème siècle après que de multiples observations ont lentement et progressivement révélé l'existence d'une faune typiquement souterraine. Le premier animal souterrain est découvert en Carniole (Slovénie actuelle), découverte signalée en 1689 par J.W. Valvasor dans un livre consacré à son pays [Vandel, 1964]. Il s'agit du Protée, espèce qui sera décrite quatre-vingts années plus tard en 1768 par Laurenti sous le nom de Proteus anguinus
[Ginet et Decu, 1977]. En France, c'est en 1857 que sont découverts, dans les Pyrénées, les premiers insectes caverni¬ coles. C'est également en France que l'association "Biospéologica" a été fondée en 1907 par E.G. Racovitza et R. Jeannel en collaboration avec d'autres éminents naturalistes tels L. Fage, P. A. Chappuis. . . [Racovitza, 1907]. Cette association, à laquelle ont collaboré de nombreux spécia¬ listes français et étrangers, a contribué au développement des connaissances sur la taxonomie, la biogéographie et la genèse des faunes souterraines aussi bien en
France qu'en Europe et dans le reste du monde [historique dans Vandel, 1964 ; Juberthie et Ginet, 1994 ; Camacho, 1992].
Les eaux souterraines ont longtemps été considérées comme des milieux extrê¬ mes, colonisés par seulement quelques espèces [Danielopol et al, 2000 ; Gibert et Deharveng, 2002]. Or, les données actuelles montrent qu'à l'échelle de la planète, les eaux souterraines abritent une faune très diversifiée [Juberthie et Decu, 1994, 1998 et 2001] : plus de 7000 espèces y ont été décrites [Botosaneanu, 1986].
D. FERREIRA, M.-J. DOLE-OLIVIER, F. MALARD, L. DEHARVENG et J. GIBERT, Faune aquatique souterraine de France KARSTOLOGIA N° 42 -2/2003, 15-22 -
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