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Ze'ev Herzog Archaeology of the City. Urban planning in Ancient Israel and its Social Implications

[compte-rendu]

Année 2000 77 pp. 329-330
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Syria 11 (2000)

BIBLIOGRAPHIE

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Ze'ev Herzog, Archaeology of the City. Urban planning in Ancient Israel and its Social Implications, (Monograph Series of the Institute of Archaeology no. 13), Emery and Claire Yass Archaeology Press of the Institute of Archaeology, Tel Aviv University, Tel Aviv, 1997. Un volume de 22 x 27 cm, relié toile, XIII+298 p., 114 fig., cartes et pi. ISBN 965-440-006-5. Prix 60$.

Passer en revue la quasi-totalité de la documentation concernant les agglomérations fouillées dans le Levant sud (Israël, Palestine et Jordanie) pour la période allant du Natoufien à l'âge du Fer en dépassant la formule du catalogue, est la gageure tentée, et fort réussie, par Z. Herzog.

Après un chapitre consacré aux différentes approches méthodologiques de l'étude du fait urbain en archéologie, la documentation décrivant chaque site est présentée dans un ordre chronologique en quatre grands chapitres : étapes vers la complexité des institutions (du Natoufien au Chalcolithique), première (Bronze ancien), seconde (Bronze moyen et récent) et troisième (âge du Fer) phases urbaines. Un dernier chapitre examine de manière synthétique les cycles de l'urbanisation en Israël, cherchant à expliciter les origines et le développement de chacun d'entre eux.

L'ensemble de l'ouvrage repose pour une large partie sur une excellente documentation graphique de 1 14 plans, pour la plupart redessinés afin de les rendre homogènes et ainsi réellement comparables (par le graphisme surtout, malheureusement si les échelles de reproduction sont identiques pour chaque site niveau après niveau, elles le sont trop rarement d'un site à l'autre, et elles ne sont presque jamais rondes ce qui ne facilite pas la prise de mesure sur le dessin). Ces plans sont bien souvent de véritables documents originaux car ils assemblent des fragments publiés de manière éparse, traduisent graphiquement des propositions faites à la suite de nouvelles fouilles sur des sites anciennement étudiés ou réinterprètent les propositions faites dans les publications monographiques (on retiendra en particulier l'interprétation non urbaine du site du Bronze ancien de Arad, ou le long ex-cursus sur les systèmes d'enceinte du Bronze moyen qui ne sont pas des fortifications militaires). La plupart des sites sont présentés à une échelle restituant la topographie et les contours généraux de l'agglomération, et très souvent, de manière complémentaire, à une échelle illustrant le détail des quartiers d'habitations. Cela traduit le travail très important de synthèse réalisé par l'auteur, qui fait de cet ouvrage une source de référence nouvelle et maintenant incontournable, qui complète très utilement l'ouvrage collectif « Architecture of Ancient Israel » paru en 1992. Le renvoi à une bibliographie presque exhaustive jusqu'en 1994 pour Israël, dans laquelle on trouvera le détail des argumentations qui appuient les partis choisis par l'auteur, allège et facilite considérablement la lecture. L'ouvrage peut donc être lu à plusieurs niveaux, à la fois manuel didactique pour l'étudiant et référence solide pour le

chercheur. On notera toutefois au moins une erreur avec la notice sur le site de Jawa, p. 38 : l'établissement avec les maisons longues est daté non pas du Bronze ancien mais du Bronze moyen.

Dans ses interprétations, Z. Herzog se situe résolument dans une perspective systémique cherchant à identifier des mécanismes de changements sociaux, politiques et économiques internes à la région : il rejette les théories évolutionnistes et diffusionnistes qui ont dominé la recherche jusqu'aux années 80. Les lignes de forces qui ressortent de l'ouvrage me paraissent être l'affirmation que le phénomène urbain dans le Levant sud ne représente pas une tendance continue et un facteur d'évolution de la société. C'est bien plus, de manière épisodique, une formule choisie par les élites pour gouverner les populations rurales. Ce n'est pas la seule formule existante et la formule dite urbaine connaît elle-même une très forte variabilité : on remarque toujours une grande hétérogénéité des organisations sociales au sein d'une même période. Il n'y a pas de continuité, mais une récurrence du phénomène qui fait penser à un système cyclique à trois révolutions dont la période est de l'ordre du millénaire. Pour résumer très grossièrement, chacune des trois phases du cycle est dominée par un type d'élite présidant à l'organisation de la société :

- un pouvoir de type religieux dominant au Bronze ancien (prééminence du temple dans la cité);

- un pouvoir de type militaire à échelle locale au Bronze moyen (prééminence du palais), puis sous une forme non urbaine au Bronze récent (forteresses isolées);

- un pouvoir de type administratif à l'échelle régionale (prééminence du grenier et du stockage dans un système fortifié) à l'âge du Fer.

Le mécanisme du changement est expliqué par l'identification de crises du système, dans lesquelles le déséquilibre économique est provoqué par des modifications climatiques, au des déséquilibres sociaux. La description de ces déséquilibres et de la grande variété de formes sociales mises en œuvre n'est pas développée dans cet ouvrage — ce n'est pas son objet — mais de nombreuses pistes sont ébauchées, dont le développement fournira certainement une image renouvelée de l'urbanisation du Levant sud.

L'auteur ne se dégage toutefois pas complètement des modes de pensée évolutionnistes et on sent bien souvent que des notions de valeur relative de telle ou telle formule sociale réintroduisent les concepts de progrès : la famille polygame est considérée comme une régression par rapport à la famille nucléaire, et donc les villages du BA I à architecture circulaire comme moins évolués que ceux à architecture rectangulaire (p. 264), on recherche des stades successifs vers une complexité sociale et politique, le déclin ou l'apogée du phénomène urbain civilisateur (par ex. pour l'âge du Fer p. 275 sqq.). La ligne théorique choisie, qui est actuellement la plus fructueuse, n'est donc pas toujours exploitée dans tous ses aspects.

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