patrimoine centenaire de la grande guerre Un musée pour sortir Souilly de l’oubli

Petit village au milieu de la Voie sacrée, Souilly a été le centre névralgique de la bataille de Verdun. La commune a inauguré hier un mini-musée enfin digne du rôle majeur qu’elle a tenu dans les combats.
Philippe MARQUE. - 23 avr. 2016 à 05:00 - Temps de lecture :
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La mairie de Souilly devant laquelle a eu lieu, le 9 novembre 1916, une remise de décorations.   Photo Fonds Valois - BDIC
La mairie de Souilly devant laquelle a eu lieu, le 9 novembre 1916, une remise de décorations. Photo Fonds Valois - BDIC

La reproduction d’une carte des lignes de front en 1916 s’étale sur tout un pan de mur. Difficile de ne pas éprouver un pincement au cœur en entrant dans le bureau des généraux. C’est dans cette petite pièce de caractère d’une quinzaine de mètres carrés, au 1er étage de la mairie de Souilly, que s’est tricotée et détricotée la bataille de Verdun. La IIe Armée y avait installé en février 1916 son quartier général. Les portraits de quatre généraux français et d’un Américain sont affichés aux murs. Pétain, Nivelle, Guillaumat et Hirschauer s’y sont succédé, avant de passer le relais en septembre 1918 à la 1re Armée américaine de Pershing.

« Souilly se situe au milieu de la Voie sacrée, seul axe stratégique pour acheminer les troupes, munitions et vivres vers le front. C’était à la fois assez proche pour diriger la bataille et assez lointain pour y être en sécurité », explique Perrine Vignolle, commissaire scientifique.

Le village de 561 habitants en 1914 devient ville de garnison, accueillant jusqu’à 10 000 personnes. Un hôpital de 1 100 lits accueille blessés et malades avant d’organiser leur évacuation sanitaire, un camp regroupe plus de 5 000 prisonniers allemands, le terrain d’aviation peut recevoir jusqu’à 80 appareils. Evacués de Verdun, la sous-préfecture et la presse locale s’installent dans les bois communaux. L’élite de l’Armée française et les chefs d’Etats étrangers débarquent à Souilly. « C’était devenu le centre du monde », s’émerveille Véronique Harel, commissaire générale.

Partis de rien

Sauf que rien, ou presque, ne racontait dans le détail cette histoire. Doté depuis plusieurs années d’un petit espace d’exposition, la commune est entrée hier dans une autre dimension en inaugurant ce qui s’apparente désormais à un petit musée. Elle préfère le qualifier « d’exposition permanente ». Aménagé à l’occasion du centenaire, cet espace d’à peine 160 m² a été intelligemment scénographié. A travers des films d’époque, des photographies, des objets et des animations, le visiteur découvre le rôle du quartier général et la transformation du village.

Un travail rendu possible grâce au soutien de la Codecom Meuse – Voie sacrée, et au rachat, par le conseil départemental de la Meuse, des fonds de la collection Diors. L’iconographie vient de l’association du musée de la Voie sacrée et de la bibliothèque de documentation internationale contemporaine de Nanterre. « Nous sommes partis de quasiment rien. Aucun ouvrage n’a été écrit sur le rôle de Souilly », expliquent les spécialistes de la Mission histoire. Pendant un an, à Paris, ils ont épluché les archives de la IIe armée. Christine Habart, le maire, s’en félicite : « Nous avons enfin l’outil digne de ce que la commune et les gens qui y sont passés ont vécu. »

Souilly commémore le centenaire de la Voie sacrée demain de 11h à 18h avec des reconstitutions historiques à 11h30, 14h30, 15h45 et 17h, des expositions et des conférences. Entrée libre. Renseignements : http://www.souilly.fr