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Justice / France

France: Jean-Marie Messier, ancien maître du monde, de nouveau face à la justice

Le procès en appel de l’ancien patron de Vivendi Universal, sarcastiquement surnommé « J2M, Jean-Marie Messier moi-même maître du monde » par les Guignols de l’Info – un surnom qu’il a repris a son compte – s’est ouvert ce lundi au tribunal de Paris. Il avait été condamné en première instance en janvier 2011 à trois ans de prison et 150 000 euros d’amende pour sa gestion hasardeuse de l’éphémère géant de la communication.

Jean-Marie Messier arrive au tribunal correctionnel de Paris pour le verdict, le 21 janvier 2011.
Jean-Marie Messier arrive au tribunal correctionnel de Paris pour le verdict, le 21 janvier 2011. REUTERS/Benoit Tessier
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Ancienne icône du capitalisme à la française, chef d’entreprise mégalomane, chouchou des médias, Jean-Marie Messier, c’était l’économie libérale triomphante de la fin des années 1990, début 2000. En l’espace de sept ans, de 1996 à 2002, cet énarque et polytechnicien a fait de l’austère Compagnie générale des eaux (CGE) un géant mondial de la communication et du divertissement : Vivendi Universal.

Las, plus le groupe acquiert de nouvelles sociétés, plus il accumule les dettes. En 2002, le groupe constate une perte de 23,3 milliards d’euros. Ne cherchez pas, aucun groupe français n’a jamais fait mieux. Pourtant, de ces difficultés, J2M n’en pipera mot. Son crédo de communication est simple : « Vivendi Universal se porte mieux que bien ».

Jean-Marie Messier arrive à son procès en appel le 28 ocobre 2013.
Jean-Marie Messier arrive à son procès en appel le 28 ocobre 2013. REUTERS/Jacky Naegelen

« Un prestidigitateur de dettes »

Ce n’est d’ailleurs pas tant la gestion financière du groupe qui a été reprochée à Jean-Marie Messier que sa communication. En l’occurrence, lors du premier procès, les juges se sont plus précisément penchés sur quatre communications institutionnelles, publiées entre décembre 2000 et avril 2002. Le tribunal a alors considéré qu’elles ont donné une image faussée de la situation financière du groupe. Avec raison apparemment, puisque les petits actionnaires, qui s’étaient constitués partie civile lors du procès, avaient fait valoir que ces communications les avaient incités à conserver leurs actions du groupe, alors que la situation de Vivendi Universal se détériorait.

Le tribunal correctionnel ira dans leur sens en estimant dans son jugement que « Jean-Marie Messier a adopté, vis-à-vis du marché, un comportement de véritable " prestidigitateur de dettes " ». L’homme d’affaires a ainsi été condamné pour avoir diffusé des informations fausses ou trompeuses sur la situation de son groupe. Il a également été condamné pour abus de biens sociaux après sa tentative d’obtenir un parachute doré de19 millions d’euros lors de son éviction de Vivendi Universal en juillet 2002.

Pour autant, le tribunal n’a pas été si sévère au civil. Les petits porteurs ne se sont vus accorder qu’une indemnisation s’élevant à 10 euros par action possédée, quand ils en réclamaient 160.

La même présidente que pour Kerviel

C’est donc peu dire que ce procès en appel est attendu par les deux parties. Jean-Marie Messier a toujours contesté sa condamnation et l’a toujours jugée trop lourde, et il entend bien « laver son honneur » durant les cinq semaines d’audience que durera cet appel. Du côté des parties civiles, on espère bien sûr obtenir meilleure réparation du préjudice économique subi. « Quand il y a faute, il doit y avoir réparation intégrale », avance Me Frédérik-Karel Canoy, qui représente plusieurs dizaines de petits actionnaires. Il fait valoir qu’entre mars 2000 et août 2002, l’action du groupe est passée de 150 à 8,6 euros.

Aujourd’hui, Jean-Marie Messier est un discret banquier d’affaires. Son sort est désormais entre les mains de la présidente de la Cour d’appel de Paris, qui n’est autre que celle qui avait condamné Jérôme Kerviel à verser 4,9 milliards à la Société générale pour les pertes de trading qui lui sont imputées.

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