Choc anaphylactique : tout savoir sur cette grave réaction allergique

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En collaboration avec Dr Marc Perrussel (Dermatologue)

Le choc anaphylactique est une réaction allergique exacerbée à l’intrusion dans l’organisme d’un agent allergène auquel la personne est particulièrement sensible et pouvant mettre en jeu son pronostic vital. Elle affecte près de 5 % des personnes allergiques. Tout ce qu’il faut savoir.

Définition : qu'est-ce qu'un choc anaphylactique ?

Le choc anaphylactique (ou choc allergique) désigne la réaction allergique la plus forte, comportant un risque vital. Elle constitue une urgence médicale grave sans intervention médicale rapide. Le pronostic vital est alors engagé. Près de 5 % des allergiques sont concernés par ce type de réaction. Les adultes sont quatre fois plus touchés que les enfants (source 1).

Dr Marc Perrussel, vénérologue et dermatologue" : Le choc anaphylactique est une réponse immunitaire anormale à l’intrusion dans l’organisme d’un agent allergène auquel la personne est particulièrement sensible. Cette réaction est particulièrement rapide puisqu’elle intervient dans les minutes ou dans l’heure qui suivent le contact avec l’allergène causal .

Les allergènes les plus retrouvés sont : certains aliments, certains médicaments, les venins d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons…), le latex, certaines protéines…

Les symptômes du choc anaphylactique sont très diversifiés d’ordre respiratoire (crise d’asthme), ORL (rhinite), ophtalmologique (conjonctivite), cardiaque (altération du rythme cardiaque), cutané (œdème de Quincke, urticaire diffuse), digestif (vomissements, maux de ventre), neurologiques (malaise, syncope…) …

Le traitement passe essentiellement par une injection intramusculaire d’adrénaline (substance augmentant le rythme cardiaque et la pression artérielle, et dilatant les bronches) et une hospitalisation.

Les patients à risque ont souvent déjà subi un choc plus ou moins important. Généralement, ils savent comment agir en cas de symptômes et conservent sur eux un traitement d’urgence (dose d’adrénaline auto-injectable).

Comment survient un choc anaphylactique ?

Une réaction allergique exacerbée

Le choc anaphylactique correspond à une réaction allergique aiguë. Lorsque les allergènes entrent en contact avec les IgE des basophiles et des mastocytes, cela déclenche la libération d’histamine, de leucotriènes et d’autres médiateurs de l’inflammation qui entraîne une contraction diffuse des muscles lisses (provoquant par exemple, une bronchoconstriction, des vomissements, ou une diarrhée) et une vasodilatation avec une fuite plasmatique (provoquant par exemple une urticaire ou un œdème de Quincke). "Il en résulte une hypovolémie à l’origine des symptômes plus graves et d’ordre neurologique : malaise, syncope, coma…", souligne Marc Perrussel.

Un choc anaphylactique peut aussi résulter de réactions dites "anaphylactoïdes" ou encore "pseudo-anaphylactiques". Ces réactions allergiques n’impliquent pas l’intervention des IgE. Elles surviennent via la stimulation directe des mastocytes ou via d’autres complexes immuns. Elles sont provoquées par certains déclencheurs comme les produits de contraste radio-opaques iodés, l’aspirine et les AINS, les opiacés, les anti-corps monoclonaux, l’effort physique…

Les allergènes en cause

Voici une liste des allergènes les plus fréquemment en cause dans le choc anaphylactique :

  • certains médicaments : AINS, aspirine, bêtabloquants, antibiotiques, anticorps monoclonaux, produits anesthésiques, insuline… ;
  • certains aliments : fruits à coque, arachide, protéines alimentaires issues des œufs, fruits/produits de la mer, du lait de vache… Dans 60 % des cas, l’anaphylaxie est provoquée par un aliment (source 1) ;
  • certaines protéines (antitoxine tétanique, transfusion sanguine) ;
  • des venins d’insectes (guêpe, abeille, frelon…) responsables de 16 % des chocs anaphylactiques chaque année (source 1) ;
  • le latex (surtout chez les personnes sensibilisées et exposées régulièrement pour des raisons professionnelles ou médicales) ;
  • les produits de contraste radio-opaques iodés ;
  • les opiacés ;
  • l’effort physique : après ou lors d’un effort physique. L’anaphylaxie est alors souvent associée à la consommation préalable d’un allergène alimentaire.

Anaphylaxie et vaccin

Le choc anaphylactique est exceptionnel après une vaccination : il varie de moins de 1 sur 100 000 doses distribuées à 1 sur un million, selon le type de vaccin. C'est pourquoi chaque patient doit rester sous surveillance au moins une quinzaine de minutes après l'injection, afin que le "vaccinateur" puisse intervenir rapidement dès les premiers symptômes.

Certains vaccins (fièvre jaune, grippe, encéphalite à tiques) contenant d'infimes traces de protéines d'oeufs sont contre-indiqués chez les personnes ayant des antécédents d’accidents d’allergie graves à l’ingestion d’œufs, mais cela reste très rare.

Quels sont les facteurs de risque du choc anaphylactique ?

Les facteurs de risque du choc anaphylactique sont :

  • un terrain allergique et particulièrement une ou plusieurs allergie(s) à un/des allergène(s) reconnu(s) comme déclencheurs de choc anaphylactique ;
  • des antécédents familiaux d’allergie(s) aiguë(s) ou de chocs anaphylactique(s) ;
  • des antécédents de réaction(s) allergique(s) aiguë(s) ou de choc(s) anaphylactique(s) ;
  • une consommation accrue de médicaments.

Quels sont les symptômes du choc anaphylactique ?

Les signes qui doivent alerter

Les signes avant-coureurs d’un choc anaphylactique sont généralement :

  • cutanés : démangeaisons, picotements, sensation de brûlure, pâleur, rougeurs… ;
  • respiratoires (gêne laryngée, oppression, essoufflement, toux sèche…) ;
  • digestifs (nausées, vomissements parfois, diarrhées, douleurs abdominales…) ;
  • cardiovasculaires (palpitations, chute de tension artérielle, troubles du rythme cardiaque : un pouls accéléré puis faible…) ;
  • psychologique : anxiété.

Les symptômes apparaissent le plus souvent très rapidement, dans les minutes suivant le contact avec l’allergène.

Si vous ou l’un de vos proches ressentez l’un de ces signes, appelez rapidement le Samu : composer le 15 ou le 112.

Des symptômes spectaculaires

L’anaphylaxie représente la forme la plus spectaculaire et dangereuse de l’allergie : l’issue peut être fatale. La nature et l’intensité de symptômes sont variables :

  • urticaire, œdème du visage et œdème de Quincke (spasmes laryngés)… 
  • difficultés respiratoires, crises d’asthmes, spasmes bronchiques…
  • malaise (pâleur, sensation de mort imminente, chute de tension), syncope, perte de connaissance voire coma.

Dans près d’un cas sur dix, une deuxième réaction survient, quelques heures après la réaction initiale : on parle d’anaphylaxie biphasique. Cette dernière justifie une hospitalisation pour surveillance. `

Les gestes d’urgence en attendant les secours

Les personnes à risque ou ayant déjà fait des réactions allergiques sévères ont habituellement sur elles de l’adrénaline injectable (traitement de base du choc anaphylactique) qu’il convient de lui administrer rapidement en intramusculaire dans la cuisse.

En attendant l’arrivée des secours, la personne doit être mise en position allongée, sur le dos, les jambes surélevées. Il est indispensable de cesser la prise de la substance non tolérée responsable du choc.

Si le sujet s’est évanoui, il doit être placé en position latérale de sécurité. La respiration de la personne doit être surveillée.

En cas d’arrêt circulatoire, un massage cardiaque peut être nécessaire en attendant l’arrivée des secours.

Prévention : comment éviter un choc allergique ?

Pour éviter l’apparition d’un choc anaphylactique, il est nécessaire de :

  • ne pas entrer en contact avec un ou plusieurs allergène(s) en cause ;
  • lire systématiquement la composition des aliments prêts à consommer afin d’éviter le ou les allergène(s) en cause ;
  • refuser ou éviter un produit dont la composition n’est pas connue ;
  • munir son enfant d’un bracelet d’alerte allergie ;
  • se protéger contre les insectes dont le venin est un allergène causal (insecticide, crème répulsive, manches longues…) ;
  • pour les allergènes plus difficiles à éviter, des traitements préventifs de désensibilisation peuvent être recommandés. La désensibilisation consiste à administrer des doses croissantes de l’allergène causal. Seul un médecin allergologue est habilité à pratiquer la désensibilisation ;
  • garder sur soi le traitement à prendre en cas de crise et le nom des substances non tolérées ;
  • aérer régulièrement son domicile et les lieux de passage afin d’éviter le contact avec une substance non supportée ;
  • utiliser une literie en matière synthétique.

Comment est établi le diagnostic de choc anaphylactique ?

"Le diagnostic clinique suffit à identifier le choc anaphylactique. Le risque d’une progression rapide vers un choc ne laisse pas le temps d’effectuer des tests complémentaires", selon le docteur Marc Perrussel. Cependant des symptômes modérés peuvent être confirmés par la mesure des taux urinaires sur 24 heures de N-méthyl-histamine ou le taux plasmatique de tryptase. Pendant l’anaphylaxie, ces taux sont élevés.

La cause est généralement facilement reconnaissable lors de l’interrogatoire du patient ou de ses proches.

En cas de symptômes anaphylactiques inexpliqués chez des soignants, une allergie au latex doit être évoquée.

Quels sont les traitements du choc anaphylactique ?

Le principal traitement du choc anaphylactique est l’adrénaline. Elle doit être administrée en urgence.

D’autres traitements peuvent être prescrits et administrés par perfusion :

  • les antihistaminiques (anti-H1 et anti-H2) luttent contre les effets de l’histamine, substance fabriquée par le corps et déclenchant les effets de l’allergie ;
  • les bêta-agonistes inhalés sont utiles pour la prise en charge de la bronchoconstriction ;
  • les corticoïdes réduisent la réaction inflammatoire ;
  • des substances contre l’hypotension (sérum isotonique, médicaments vasopresseurs…).

Une aide respiratoire nécessaire en cas de choc allergique

Lors de gêne respiratoire, les broncho-dilatateurs (en inhalation) permettent d’apaiser le malade. L’administration d’oxygène est importante. Pour permettre une respiration artificielle, une intubation est généralement nécessaire.

Le traitement après le choc anaphylactique

À la suite du choc anaphylactique, une exposition à l’allergène, à doses progressivement augmentées (par injection ou comprimés) de manière à obtenir une tolérance de l’individu peut être envisagée. Ce traitement de désensibilisation débute sous surveillance médicale et se poursuit, la plupart du temps, sur plusieurs années sans garantie de réussite.

Les sujets ayant fait un choc anaphylactique doivent avoir à disposition permanente une seringue préremplie d’adrénaline de manière à disposer d’un autotraitement rapide après toute exposition.

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