Occlusion intestinale : tout savoir sur ce dysfonctionnement du transit

Mis à jour le Experte : Docteure Vianna Costil gastro-entérologue et hépatologue libérale à Paris.

L’occlusion intestinale est un arrêt partiel ou total du transit intestinal. Les éléments digérés ne passent plus, s'accumulent dans l'intestin et provoquent sa distension. Elle constitue le plus souvent une urgence médicale. Explications.

Qu'est-ce que l'occlusion intestinale ?

L’occlusion intestinale correspond à un arrêt partiel ou total et durable du transit intestinal. Elle résulte d'un obstacle ou d'un dysfonctionnement localisé au niveau de l'intestin-grêle ou colon-. 

Lors d’une occlusion intestinale, les éléments digérés ne passent plus, s'accumulent dans l'intestin et provoquent sa distension.

L'occlusion intestinale est une urgence médicale. En cas de symptômes évocateurs (comme des douleurs abdominales associées à un arrêt des gaz et des selles ou encore des ballonnements et parfois des vomissements), il est recommandé de consulter un médecin rapidement ou de se rendre directement au service des urgences. L'occlusion intestinale nécessite une hospitalisation et parfois une chirurgie digestive. 

"La première cause d'occlusion intestinale est la création d'une bride post-chirurgicale. Les personnes ayant subi une chirurgie de l'abdomen sont les plus exposées", selon la docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue. 

L'occlusion intestinale est fréquente représentant près de 40 000 hospitalisations chaque année (source 1). L'occlusion intestinale mécanique aiguë représente environ 1/4 des cas de chirurgie digestive d'urgence (source 2). 

Quelles sont les différentes formes d'occlusion intestinale ?

Occlusion intestinale basse ou haute

Le siège de l’occlusion peut varier. Nous distinguons :

  • l’occlusion intestinale haute lorsque le siège est l’intestin grêle ; 
  • l'occlusion intestinale basse lorsqu’elle siège au niveau du côlon (voire parfois du rectum). 

Occlusion mécanique ou fonctionnelle

Il existe plusieurs mécanismes d'occlusion. Nous distinguons : 

Les occlusions mécaniques : elles sont secondaires à un blocage qui empêche un transit intestinal normal. Parmi ces occlusions, il faut différencier : 

  • les occlusions par obstruction liées à un obstacle  (corps étranger, tumeur...) ;
  • les occlusions par strangulation dues à la constriction des viscères (volvulus, brides postchirurgicales...). 

Les occlusions fonctionnelles  par paralysie du péristaltisme intestinal, c’est-à-dire le blocage des contractions musculaires permettant la progression du bol alimentaire dans l’intestin.

Quelles sont les causes d'une occlusion intestinale ?

L'occlusion intestinale peut avoir une origine mécanique ou fonctionnelle. 

Tantôt une cause mécanique...

L'occlusion s'explique parfois par un blocage par obstruction ou strangulation. 

L’occlusion par obstruction est causée par un obstacle dans le tube digestif ou, parfois à l’extérieur :

  • présence d'un corps étranger (par exemple lorsqu'un objet est introduit dans le rectum par le patient) ; 
  • des selles sèches (ou fécalome) ; 
  • un syndrome d'occlusion intestinale distale de l'intestin (SODI) : l'intestin est obstrué par l'accumulation de selles combinées à un mucus ;
  • une sténose de l'intestin grêle : le rétrécissement de l'intestin empêche l'évacuation des selles. Il peut être secondaire à une maladie inflammatoire comme la maladie de Crohnou la rectocolite hémorragique; 
  • une tumeur intra-abdominale ou un cancer susceptible de se propager à l'abdomen et qui entraîne une compression de l'intestin (cancer colorectal, cancer de  l'intestin, cancer de l'estomac, cancer de l'utérus, cancer de la prostate, cancer de l'ovaire...) ; 
  • une cause extra-abdominale comme un lymphome (en raison d'un gonflement ganglionnaire au niveau de l'aine) ou encore un cancer avancé qui atteint le péritoine (carcinose péritonéale)... 

L'occlusion par strangulation est la cause la plus fréquente d'occlusion intestinale. Dans ce cas l'occlusion peut être secondaire à : 

  • une hernie étranglée ( il peut s'agir d'une hernie inguinale, ombilicale ou crurale). "Une section de l'intestin se retrouve bloquée hors de sa cavité naturelle. La hernie étranglée est responsable d'un syndrome occlusif", selon la docteure Vianna Costil ;
  • une torsion d'un organe ou volvulus : il peut s'agir du volvulus de l'intestin grêle, du colon sigmoïde ou du caecum ;
  • une bride post opératoire (cicatrice anormale entre les intestins secondaire à une opération et qui bloque le transit : L’intestin se tord autour de la bride et l’occlusion survient) : "c'est la cause la plus fréquente d'occlusion intestinale. Elle est une urgence absolue. Le risque est la nécrose (destruction) de l’intestin", d'après la spécialiste ;
  • une invagination intestinale (invagination d'une partie de l'intestin dans l'autre). 

Tantôt une cause fonctionnelle

Nous parlons alors l'iléus paralytique qui correspond à une paralysie de l’intestin (absence des mouvements de contraction des muscles intestinaux) provoquée par :

  • une chirurgie de l’abdomen (appendicite par exemple) ;
  • une pathologie digestive douloureuse ( pancréatite aigue, colique néphrétique...) ;
  • la prise de certains médicaments (neuroleptiques, antidépresseurs, diurétiques, anticoagulant, antiacides, antalgiques...) ; 
  • une inflammation d'une région du tube digestive (appendicite, diverticulite, abcès intra-abdominal...) ; 
  • une prise excessive de médicaments
  • "Beaucoup plus rarement on retrouve certaines maladies générales en cause", souligne la gastro-entérologue. 

Qui est à risque d'occlusion intestinale ?

Certaines personnes sont plus à risque que d'autres de connaître une occlusion intestinale. 

Il s'agit principalement des personnes qui souffrent de constipation chronique, des personnes qui ont subi une chirurgie abdominale et des personnes atteintes d'une maladie de Crohn", selon la docteure Vianna Costil, gastro-entérologue et hépatologue. 

Quels sont les symptômes de l'occlusion intestinale ?

Les symptômes de l’occlusion intestinale apparaissent plus ou moins rapidement. Il s’agit de :

  • douleurs abdominales intenses et des spasmes survenant par crises (colites violentes suivies d’accalmies) ;
  • nausées et vomissements. Ces derniers prennent parfois l'apparence de matière fécale ;
  • lutte intestinale (bruits intestinaux) ;
  • ballonnements et une augmentation de volume de l’abdomen (météorisme) ; 
  • arrêt brutal ou progressif du passage des gaz et des matières ingérées (et donc arrêt des selles) ; 
  • des diarrhées intermittentes parfois ; 
  • des signes de déshydratation (soif intense, fatigue ..). 

L’arrêt du transit est parfois masqué pendant les premières heures par une fausse diarrhéeconsécutive à la vidange de la partie de l’intestin située en dessous du lieu de l’occlusion.

Il s’agit d’une urgence médicale et souvent chirurgicale.

Comment peut-on prévenir l'occlusion intestinale ?

Il n’est pas possible de prévenir l’apparition d’une occlusion intestinale. "La seule prévention est de consulter le plus rapidement possible en cas de symptômes évocateurs surtout s'ils sont aigus et surtout s'il y a un terrain à risque (antécédent de chirurgie abdominale, constipation chronique, maladie de Crohn...", selon Vianna Costil. 

Comment est établi le diagnostic d'occlusion intestinale ?

Face à la survenue de symptômes d’une occlusion intestinale (rétention des gaz et des selles, vomissements, coliques…), une consultation chez le médecin est nécessaire.

Un interrogatoire précis est mené afin de rechercher parmi les antécédents une cause possible d’obstruction, par exemple une éventuelle intervention chirurgicale. Il est également demandé au patient de décrire la vitesse et l’ordre d’installation des manifestations afin de déterminer la localisation de l’occlusion et le mécanisme en cause (par strangulation, paralysie ou obstruction).

Après l’interrogatoire, le médecin procède à un examen clinique classique (palpation, auscultation) afin de rechercher et de définir le type d’occlusion intestinale.

La réalisation d’une radiographie permet de confirmer le diagnostic d’occlusion intestinale. Un scanner ou une échographie peuvent éventuellement compléter le bilan.

Quel est le traitement de l'occlusion intestinale ?

L’hospitalisation est nécessaire et une intervention chirurgicale peut être envisagée selon les cas.

Le traitement de la cause

Lorsque la cause de l'occlusion est identifiée, il convient de la traiter afin de prévenir les récidives. Il peut s'agir par exemple de la résection d'une tumeur

En cas de paralysie du péristaltisme intestinal, le simple traitement de la cause  (par exemple arrêt du médicament en cause, traitement d'une appendicite, la mise en place d'un régime alimentaire riche en fibres en cas de constipation chronique...) permet de rétablir le transit.

L'aspiration par sonde en l'absence de signe de gravité

Si le patient ne ressent pas de forte douleur et ne présente pas de signe de gravité en  particulier au scanner, un traitement médical avec la mise en place d’une sonde gastrique en aspiration afin de vider l’intestin est tenté.

Le test à la gastrograffine est utilisé pour lever l’occlusion, ce qui s’avère efficace dans deux tiers des cas (source 3). Précisément, ce test consiste en l’ingestion d’une solution opaque associée à un examen clinique et à la prise de clichés d’abdomen à intervalles réguliers pour vérifier le passage du produit de contraste, témoignant du succès du traitement. 

La chirurgie, en cas de strangulation

L’occlusion intestinalepar strangulation est éligible à la chirurgie. Elle requiert une prise en charge  immédiate et une intervention chirurgicale doit être mise en place dans un délai de quelques heures. Il peut y avoir un risque de nécrose (destruction) et de perforation de l'intestin.

En cas d'occlusion sur bride, il est nécéssaire de sectionner la bride et peut-être même de réséquer la partie de l’intestin strangulé, s’il est nécrosé ou en voie de nécrose. 

En cas d’étranglement herniaire, l’intervention chirurgicale vise à réduire la hernie, à éventuellement reséquer la partie de l’intestin nécrosé, et à réparer l’orifice créé par la hernie. 

Dans les occlusions basses par volvulus du côlon, la détorsion est, le plus souvent, réalisée par voie endoscopique, la chirurgie n’étant indiquée qu’en cas d’échec ou de récidives

L'obstruction souvent éligible à la chirurgie

Lors d'une occlusion par obstruction une chirurgie peut être pratiquée. Cette dernière peut parfois être différée de 24 heures et plus, bien sûr après la mise en place des mesures d’urgence : sonde gastrique afin de procéder à une aspiration digestive (on évacue les secrétions et éventuels débris), perfusion… Dans les obstructions par obstacle, il est nécessaire de traiter la cause, comme réséquer une tumeur ou la partie rétrécie de l’intestin par exemple. 

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