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André Lussi une nouvelle fois mis en cause

Les indemnités de l’ancien patron de Clearstream tourneraient autour de 10 millions de dollars. Keystone Archive

L'année dernière, le banquier suisse André Lussi, président du directoire de Clearstream, était suspendu «avec effet immédiat» de ses fonctions.

Denis Robert, ancien journaliste au quotidien Libération a de la suite dans les idées. En février 2001, il dénonçait dans un livre intitulé «Révélation$» la société de compensation internationale Clearstream.

Cette société, installée au Luxembourg, gère chaque année 11 000 milliards d’euros et traite 150 millions de transactions, soit plusieurs centaines de fois le budget de la Suisse.

Aidé par Ernest Backes, ancien numéro trois de Clearstream, Denis Robert révélait que cette société, inconnue du grand public, ouvrirait des comptes «non publiés» aux banques et à certaines grandes sociétés. Une technique idéale pour blanchir de l’argent sale.

Quelques mois plus tard, la justice luxembourgeoise ouvrait une information judiciaire pour blanchiment, faux et usage de faux, abus de bien social et détournements de fonds.

Aussitôt, Clearstream suspendait de ses fonctions le Suisse André Lussi, à la tête de la société depuis 1991. Ce dernier, ancien cadre de l’UBS, a notamment été en poste à Londres.

10 millions de dollars pour André Lussi

Mais depuis, le dossier a été enterré par le magistrat luxembourgeois en charge du dossier, et le journaliste d’investigation publie une suite à «Révélation$» intitulée «La boîte noire» (1), dans laquelle il s’intéresse assez longuement au banquier suisse.

Alors que rien de grave n’a été «confirmé par l’enquête de police, l’ancien PDG André Lussi ne revenait pas à son poste», s’étonne avec une pointe d’ironie le journaliste français Denis Robert.

Dès le 13 juillet, André Lussi a été remplacé par André Roelants, ancien patron du groupe Dexia-BIL. C’est d’autant plus curieux que le banquier suisse n’est soupçonné d’aucune malversation et que son contrat court jusqu’en 2004.

De son côté, la presse luxembourgeoise indique que les indemnités de l’ancien patron de Clearstream tourneraient autour de 10 millions de dollars! «Pourquoi ne pas réintégrer l’ancien administrateur général, s’il n’y a pas faute? Et s’il y a faute, pourquoi payer?», interroge encore Denis Robert, rappelant qu’André Lussi n’a jamais été inculpé par la justice luxembourgeoise.

Retenons pour la petite histoire que l’ancien cadre de l’UBS a mis en vente sa villa de Luxembourg pour 1,2 million d’euros et qu’il se ferait construire une nouvelle maison en Bavière.

Au moment de sa splendeur, André Lussi aimait répéter à ses interlocuteurs: «Les banques ont des clients, et nous, nous avons comme clients les banques. Oui, nous sommes comme les notaires du monde».

Ian Hamel

(1) «La boîte noire» par Denis Robert, Editions les arènes, 328 pages.

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