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Mövenpick abandonne ses glaces à Nestlé

Les glaces Mövenpick sont cédées à Nestlé. swissinfo.ch

Après ses glaces, le groupe zurichois devrait vendre également ses caves. Il conservera donc ses hôtels et ses restaurants. Reste à savoir pour combien de temps.

La transformation de Mövenpick en société financière est une éventualité prise au sérieux par les analystes.

Le temps où les restaurants Mövenpick accueillaient les familles pour le steak tartare du dimanche semblent bien révolus. La marque évoque bien plus les parfums glacés qu’une restauration toujours inventive.

Cela aussi pourrait changer puisque Mövenpick vend ses crèmes glacées à Nestlé. L’opération, dont le montant n’a pas été dévoilé, doit encore être finalisée.

Pour les consommateurs, le changement sera minime puisque les glaces continueront à être fabriquées sous leur nom actuel.

Sous licence

Une cinquantaine d’employés de la fabrique du Bursins (VD) sont en revanche concernés de près puisque le site de production sera fermé. Nestlé a prévu des transferts et un plan social.

Les glaces Mövenpick représentent 300 millions de francs de chiffre d’affaires annuel, dont 40 millions de francs en Suisse, exportations comprises.

L’accord porte sur la reprise de la marque de glaces, la plupart du temps produites sous licence en Allemagne, Norvège, Suède, Finlande, Egypte et Arabie Saoudite.

La transaction comprend également des activités apparentées dans le monde entier, mais exclut le centre de production de Nouvelle-Zélande, a précisé le groupe vaudois dans un communiqué.

En Allemagne, marché le plus important des glaces Mövenpick, le détenteur de la licence était la société Schöller, rachetée par Nestlé en mars 2002.

Une fois que le rachat de Dreyer’s aux Etats-Unis sera achevé, Nestlé sera numéro un dans les glaces outre-Atlantique. Avec Mövenpick, l’entreprise veveysanne prend aussi le premier rang en Suisse.

«Marque empoussiérée»

Mövenpick traverse «une grave crise», disait sa direction en août dernier. Le groupe affichait une perte nette de 13 millions après six mois. Ces difficultés entraînent la cession de diverses activités ainsi que des suppressions d’emplois.

«La marque est vide de sens depuis des années, elle est empoussiérée», avait ainsi déclaré Torsten
Tomczak, professeur de marketing à l’Université de St-Gall, dans une enquête publiée fin août par l’hebdomadaire alémanique «Das Magazin.»

Selon cette enquête, le président du conseil d’administration Peter Kalantzis avait du reste déclaré lors d’une assemblée générale qu’il fallait «remettre en question le degré de diversité commerciale» de l’entreprise.

Mövenpick, qui, selon ses dires, emploie 13 000 employés dans le monde entier, est constitué de quatre entités: «Hotels & resorts», gastronomie, vins et «Fine Foods.» Les glaces aujourd’hui laissées à Nestlé faisaient partie de cette dernière unité, qui comprend encore les cafés et les yoghurts par exemple.

La vente du secteur glace ne surprend pas les spécialistes puisque Mövenpick avait déjà annoncé rechercher des partenaires. Des tractations pour la reprise des caves sont en cours.

Stratégie «peu claire»

«Le groupe se concentre sur le secteur hôtelier ainsi que sur la gastronomie, indique Rolf Kunz de la Banque cantonale zurichoise. Sa stratégie demeure néanmoins trop peu claire, car le contexte est très difficile pour le secteur touristique et de la restauration.»

Pour Ronald Wildmann, analyste de la Banque Leu, la question est maintenant de savoir ce que Mövenpick fera du montant de la transaction. Il pourrait l’investir précisément dans le secteur hôtelier, ou le redistribuer aux actionnaires. «Une solution mixte est aussi envisageable», déclare l’analyste.

A moyen terme, poursuit Ronald Wildmann, il est possible que le groupe vende toutes ses unités et devienne une société d’investissement. «La décision incombe à la famille von Finck, propriétaires du groupe.»

Restoroutes bénéficiaires

En l’état actuel, les restaurants causent des pertes importantes. «Mais ils sont difficiles à fermer puisqu’ils sont liés à des contrats de bail à long terme», précise l’analyste.

En revanche, les restoroutes, pour lesquels Mövenpick détient le quasi monopole en Suisse, apportent des bénéfices.

Quant aux hôtels, avec ses 44 unités, Roland Wildmann estime que Mövenpick est trop petit. «Il en faudrait le double. De plus, la plupart sont situés au Moyen Orient, une région stratégiquement assez délicate…»

swissinfo, Ariane Gigon Bormann avec les agences, Zurich

– 1948: Ueli Prager crée le premier restaurant Mövenpick à Zurich.

– 1970: création des caves Mövenpick.

– 1991: le milliardaire munichois et baron August von Finck, un banquier privé, reprend la majorité de l’entreprise à son fondateur pour 135 millions de francs.

– 1998: Mövenpick vend 30% de son secteur hôtel à Kingdom Holding et 10% à la banque d’investissment JP Morgan.

– 1999: Les différentes unités acquièrent une indépendance juridique des unités.

– 2001: Echec des tractations avec le groupe britannique Compass Group pour la reprise des restaurants Marché.

– 2001: L’action a perdu un tiers de sa valeur. Mais le paquet d’actions de la famille von Finck (54% du capital, 70,9% des voix) vaut 250 mios.

– 2002: 1er octobre: vente de Deliciel AG à Panetta Holding (Zug).

(Source: Bilanz, 1er juillet 2002)

En 1948, à l’âge de 32 ans, Ueli Prager fonde Mövenpick.

En 1991, il vend la majorité de ses parts au baron allemand August von Finck, dont les fils siègent aujourd’hui au conseil d’administration de Mövenpick.

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