Son importance à Genève restant toute relative, l'UDC paraît vouée chez nous à l'opposition et condamnée à l'agitation. Ainsi, contrairement aux autres partis, elle a choisi de nous montrer ses candidats en action. Ceci dans trois images différentes: l'une où on voit les champions campés en lutteurs et proclamant «Sortez les sortants», une autre en masque, tuba et gilet de sauvetage s'écriant «Traversons la rade» et la dernière en coureurs de relais surmontés du titre «Une équipe de choc».

Ici, plutôt que les visages, ce sont le corps et les mains qui sont mis en avant. Et l'étrange gestuelle des trois sportifs de mimer la décomposition stroboscopique d'un même mouvement. Un procédé chorégraphique mais aussi temporellement symbolique, car nos trois triathlètes correspondent à trois strates de l'UDC: celle du bon vieil agrarien (Leyvraz), du quinqua blochérien un brin cynique (Nidegger) et de la jeune néolibérale décomplexée (Amaudruz).

On notera que comme dans la majorité des affiches de droite, madame est placée au centre d'un trio. Ce qui en dit autant sur la galanterie de ces messieurs que sur le taux de femmes dans ces partis. Ici pourtant, c'est Céline qui représente l'élément moteur. Si Nidegger, gommant son image un peu technocratique, semble s'amuser vraiment, Leyvraz paraît participer sans entrain. Quant à Amaudruz, son corps signifie le mouvement mais son regard est figé et son sourire verrouillé par des rides nasogéniennes verticales. Tout en elle respire le contrôle. Ce qui nous rappelle alors que son vrai sport de dilection est l'équitation. Chassez le manque de naturel, il revient au galop!