«Il faut être ambitieux et anticiper les besoins en puces de demain», souligne Thierry Breton
Lors de la présentation de son plan numérique d’ici 2030, le Commissaire européen Thierry Breton a défendu l’objectif de doubler la capacité de production de semi-conducteurs en Europe d’ici 2030, avec notamment le projet d’une fonderie avancée de puces. Une ambition indispensable selon lui pour satisfaire les besoins de demain d’applications comme l’Internet des objets, de la voiture connectée ou de l’edge computing.
La Commission européenne, par les voix de sa vice-présidente Margrethe Vestager en charge du numérique et du commissaire au marché intérieur Thierry Breton, a présenté ce 9 mars 2021, son plan "boussole numérique" pour l’Union européenne d’ici 2030. L’un des objectifs est de doubler la capacité de production de semi-conducteurs en Europe en la portant à 20 % de la production mondiale en 2030.
20 % de la production mondiale de puces en 2030
"L’Europe est dans une situation paradoxale où elle consomme beaucoup de ces microprocesseurs mais en produit trop peu, seulement 10 % de la production mondiale aujourd’hui, souligne Margrethe Vestager. Nous voulons que cette part passe à 20 % en 2030. "
L’un des axes de ce plan est la création en Europe d’une fonderie avancée de puces, comme il en existe à Taïwan, en Corée du Sud et bientôt aux Etats-Unis. Un projet qui n’est pas nécessairement du goût des fabricants européens de semi-conducteurs, qui ne sont plus dans la course de la loi de Moore, mais que Thierry Breton défend comme un socle essentiel au développement européen dans le numérique. "La pénurie actuelle de puces pour l’automobile montre qu’il faut accélérer notre développement dans ce domaine, a-t-il martelé. Le projet de fonderie avancée de puces est un sujet à débat. Mais il faut être ambitieux et savoir se projeter dans les besoins de demain en processeurs gravés à moins de 5 nanomètres, à 3 ou 2 nanomètres."
Le Commissaire européen en charge du marché intérieur, fervent défenseur de la souveraineté numérique européenne, a justifié la nécessité d’augmenter la production de puces en Europe par le développement de l’Internet des objets, de la voiture connectée et surtout de l’edge computing, c’est-à-dire le traitement local des données au plus près des lieux où elles sont générées. "L’edge computing réclamera des microprocesseurs plus puissants qu’aujourd’hui mais qui consomment dix fois moins d’énergie, prévoit-il. C’est un grand challenge. L’Europe a le savoir-faire pour relever le défi. "
Investissement important
Au sujet du projet de fonderie de puces, les discussions avec les Etats membres et les industriels concernés progressent selon Thierry Breton. A la question de savoir s’il est envisagé d’inciter le fondeur taïwanais TSMC ou le coréen Samsung, actuellement les deux fondeurs de puces les plus à la pointe en matière de production, à créer une usine en Europe, aucune décision n’est encore arrêtée, précise Margrethe Vestager, ce qui signifie que cette solution reste une option possible. "Nous savons qu’un tel projet représente un investissement important, complète Thierry Breton. C’est pourquoi nous discutons avec des partenaires potentiels qui ont le savoir-faire nécessaire. Mais à ce stade, aucune décision n’est prise. "
Ce projet s’inscrit dans une enveloppe d’investissement de 150 milliards d’euros dédiée au plan numérique européen. " C’est le bon moment pour le faire, et nous avons maintenant les moyens de le faire, estime Thierry Breton. Nous nous sommes battus pour consacrer 20 % du budget de relance européen au numérique. Un montant de 150 milliards d’euros, ce n’est quand même pas rien. "