Blédina, Bjorg, Ynsect... Pourquoi les pépites de l'agroalimentaire optent pour la certification B Corp

Plus d'une trentaine d'entreprises françaises du secteur de l'agroalimentaire ont déjà opté pour le label américain B-corp. Face à un déficit d’image chronique, les agro-industriels sont de plus en plus nombreux à opter pour cette certification à la fois attrayante et rigoureuse qui leur permet notamment de séduire les candidats au recrutement.

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Blédina, Bjorg, Ynsect... Pourquoi les pépites de l'agroalimentaire optent pour la certification B Corp
Blédina, une marque du groupe Danone, a décroché le label B Corp en 2019 après deux ans de démarches.

En 2020, trente entreprises françaises se sont fait certifier B Corp. Les sociétés labellisées sur les douze derniers mois représentent un quart du total des B Corp françaises. Une proportion qui illustre l’engouement que suscite cette certification des objectifs extra-financiers, arrivée des États-Unis en 2015 dans l’Hexagone. Si les entreprises de services et de technologies en sont toujours les principales adeptes, celles de l’agroalimentaire s’y convertissent à leur tour.

Un label qui se mérite

  • 3 400 entreprises certifiées B Corp dans 70 pays depuis la création du label en 2006.
  • 120 entreprises B Corp en France, dont 30 certifiées sur la seule année 2020.
  • 55 points, c’est la moyenne obtenue par les entreprises qui se soumettent au questionnaire d’évaluation. Il faut un score de 80 sur 200 pour être certifié.
  • 88 000 entreprises dans le monde ont déjà répondu au questionnaire.
Selon les données de B Corp France, 15 entreprises de ce secteur ont déjà obtenu le label, parmi lesquelles Blédina, Les 2 Vaches et le géant du bio Bjorg. En 2020, elles ont été rejointes par le chocolatier Valrhona, le fabricant d’aliments bio pour bébés Good Goût et le spécialiste des protéines d’insectes pour l’alimentation animale Ynsect qui a obtenu la certification en fin d'année. Pour ce secteur qui souffre d’un déficit d’image chronique, marqué par des conditions de travail difficiles et par des salaires inférieurs à la moyenne de l’industrie, le B Corp apparaît comme l’outil en vogue pour redorer son image


Mais que recouvre-t-il ? Lancé en 2006 par Jay Coen Gilbert dans l’intention de «faire évoluer le capitalisme», le B Corp vise à récompenser les «entreprises les meilleures pour le monde, pas les meilleures du monde». Pour obtenir la certification, les candidates doivent se soumettre à un questionnaire de plus de 200 questions sur leurs stratégies environnementale, sociale, salariale… Elles sont notamment interrogées sur l’énergie utilisée dans les sites de production, sur la proportion des salariés payés au smic, sur le nombre de jours de congé et sur leur lien avec les entreprises locales.

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La certification est octroyée à toutes celles qui dépassent le score de 80 sur 200. «Ce fonctionnement rend le label plus facile à lire que les normes de type ISO », résume Eirik Steen, responsable du pôle de conseil et stratégie au cabinet Prophil. «Nous avons rendu plus attrayant le langage RSE [responsabilité sociétale des entreprises, ndlr]» confirme Augustin Boulot, le délégué général de B Lab France, l’association des entreprises françaises certifiées B Corp.

Haut niveau d’exigence

Alors que la multiplication des labels (Bio, Label rouge, Nutri-Score, Eco-score…) est de plus en plus mise en question, cette approche globale est un argument de poids pour les industriels de l’agroalimentaire. «Le B Corp est un filtre qui nous permet d’analyser et d’évaluer l’ensemble de nos pratiques», explique Anne-Sophie Fontaine, la directrice RSE de Bonduelle. La conserverie nordiste, qui a obtenu 50 points au questionnaire en 2018, vise la certification en 2025. Cinq ans plus tôt que le numéro un français de l’agro­alimentaire, Danone. Via ses filiales Blédina, Les 2 Vaches, WhiteWave, le géant laitier revendique d’ores et déjà 45% de ses ventes mondiales couvertes par le label.

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À l’heure de la demande de transparence, le B Corp est facilement valorisable grâce à un positionnement plus sexy tout en gardant un haut niveau d’exigence.

Augustin Boulot, délégué général de B Lab France

Ces engagements illustrent le changement d’échelle opéré par la certification, qui attirait jusqu’alors surtout des industriels engagés, voire militants, et des start-up. «À l’heure de la demande de transparence, le B Corp est facilement valorisable grâce à un positionnement plus sexy tout en gardant un haut niveau d’exigence», analyse Augustin Boulot. Seules les entreprises les plus vertueuses peuvent bénéficier de l’image du label. Selon les données B Corp, sur les 88 000 sociétés qui ont répondu au questionnaire en ligne, la moyenne est de 55 points et le taux de réussite ne dépasse pas 5%.


Une certification rigoureuse et dynamique qui attire les jeunes talents. «Chaque semaine, je reçois des candidatures spontanées de jeunes qui ont découvert l’entreprise via le réseau B Corp», explique Thomas Lemasle, le cofondateur de la start-up Oé, spécialiste du vin bio et certifiée B Corp depuis 2017. Une situation que connaît également Good Goût. «Le B Corp est un outil important pour notre marque employeur, notamment auprès des candidats de la génération Z», témoigne Pascale Laborde, sa directrice générale. Une belle performance pour des entreprises travaillant dans un secteur qui peine à recruter. Selon la fédération la Coopérative agricole, en 2019, plus de 21 000 postes étaient restés non pourvus dans l’agroalimentaire. «C’est l’une des externalités positives du B Corp», reconnaît Eirik Steen.

Légitimité mondiale

Contrairement à la raison d’être ou à l’entreprise à mission, dans lesquelles se sont engagées la plupart des B Corp françaises, le label américain présente l’avantage de dépasser le cadre national. «Cette certification nous permet d’évaluer nos pratiques dans l’ensemble des pays où nous sommes présents», explique Anne-Sophie Fontaine. Plus de 3 400 entreprises dans 70 pays y ont déjà souscrit. «Le label B Corp bénéficie d’une forte reconnaissance internationale, notamment parce qu’il a été l’un des premiers à se positionner sur ce créneau de l’évaluation RSE», observe Eirik Steen. Une légitimité qui va s’accroître dans les prochaines années avec le ralliement d’autres leaders de l’agroalimentaire. Outre les français Bonduelle et Danone, le géant anglo-néerlandais Unilever, propriétaire des marques Ben&Jerry’s, Dove, Lipton et Knorr, s’est fixé l’objectif de devenir la plus grande entreprise labellisée B Corp.

Une démarche complémentaire de l’entreprise à mission


Depuis 2019 et la loi relative à la croissance et la transformation des entreprises, dite loi Pacte, la France dispose de sa propre certification RSE : l’entreprise à mission. Cette qualité, qui se traduit par un changement de statut juridique de l’entreprise, instaure une nouvelle forme de société, dont l’objectif n’est pas la rentabilité économique, mais la résolution d’un défi social ou environnemental. «Avec l’entreprise à mission, les sociétés choisissent leur combat et l’inscrivent dans leur statut», détaille Eirik Steen, le responsable du pôle de conseil et stratégie du cabinet Prophil.


Ce cadre légal contraint les entreprises de manière beaucoup plus forte que ne peut le faire le B Corp, puisqu’une fois inscrite dans les statuts, ladite mission devient juridiquement opposable. À l’image de Danone, devenue la première entreprise à mission du CAC40, la plupart des sociétés certifiées B Corp se sont également engagées sur le chemin de la raison d’être. «Les deux démarches fonctionnent conjointement. La société à mission aide les entreprises à se fixer un cap et le B Corp est une boîte à outils qui leur permet d’atteindre cet objectif», résume Augustin Boulot, le délégué général de B Lab France, l’association des entreprises françaises certifiées B Corp.

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