Pourquoi Philippe Crouzet va quitter la présidence de Vallourec
Philippe Crouzet, président de Vallourec, ne brigue pas de nouveau mandat. Il a annoncé, le 17 septembre, son départ en mars 2020 après dix ans difficiles à la tête de l'entreprise.
Il ne souhaite pas renouveler son mandat. Mardi 17 septembre, le président de Vallourec a annoncé passer la main à Edouard Guinotte. Resté dix ans à la tête du fabricant de tubes sans soudure, Philippe Crouzet doit quitter son poste le 15 mars 2020. Ce départ intervient alors que l’entreprise tente de confirmer son redressement après plusieurs années de difficultés.
Officiellement, Philippe Crouzet veut laisser la place à la nouvelle génération de Vallourec. À 62 ans, il sera remplacé par un pur produit du groupe industriel, lui âgé de 48 ans. “Edouard a toutes les qualités requises pour diriger le groupe Vallourec. Je suis convaincue qu'il saura le conduire vers une nouvelle phase de son développement avec le soutien de l'équipe de direction”, indique la présidente du Conseil de surveillance, Vivienne Cox.
Vallourec enregistre des pertes importantes
En partant, le président met surtout un terme à un mandat complexe. Fournisseur de tubes pour les puits de pétrole, Vallourec a été fortement touché par la baisse des investissements pétroliers. Même si elles ont été réduites au fil des années, le groupe continuait d’afficher des pertes importantes en 2018 : -502 millions d’euros et un cash-flow disponible de -494 millions d’euros.
Et, si l’entreprise revendique aujourd’hui 19 000 employés dans une vingtaine de pays, elle a dû mener des économies importantes. Entre 2014 et 2018, Vallourec a réduit ses effectifs d’environ 24% dans son périmètre historique avec 5600 postes supprimés, dont environ 3000 en Europe. Encore en février 2019, le groupe annonçait supprimer 600 postes en Allemagne et il devait démentir un plan social de grande ampleur en France. En octobre 2018, l’échec de la reprise de l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Nord) est devenu un cas emblématique de ces difficultés.
En annonçant le départ de son président, l’entreprise n’élude pas ce sujet : “Le conseil de surveillance salue le travail accompli par Philippe Crouzet durant ces 10 dernières années, dont certaines furent des années de crise très profonde pour notre secteur.”
Son successeur devra confirmer le redressement
L’énarque part-il en pleine bataille ? Pas tout à fait. “Grâce aux décisions courageuses qu'il a prises, Philippe laissera un groupe profondément transformé, reconfiguré industriellement, en ordre de marche pour aborder les défis de l'avenir avec confiance”, fait valoir le conseil de surveillance.
L’entreprise semble en effet sur la voie du redressement à la lumière de ses derniers résultats. Au premier semestre, elle enregistré un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros (+14%) et a confirmé son objectif de “forte croissance” pour 2019 avec une forte baisse de sa consommation de trésorerie. Récemment, elle a remporté une méga-commande de 900 millions de dollars aux Émirats arabes unis auprès d'Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC).
Edouard Guinotte devra prouver que Vallourec est tiré d’affaire et il a d’importants chantiers devant lui. Notamment maintenir le rythme de croissance et faire passer dans le vert le cash-flow disponible.