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Le Syndrome des antiphospholipides, une maladie méconnue au Maroc

Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est une maladie auto-immune due à la présence d’anticorps dirigés contre les phospholipides, constituants des membranes cellulaires. Primaire ou secondaire à une autre maladie auto-immune, souvent le lupus, il provoque une hypercoagulabilité sanguine responsable de thromboses artérielles, veineuses ou obstétricales potentiellement graves. Points importants du SAPL : 1/ maladie auto-immune médiée par des auto-anticorps 2 / prédominance dans les manifestations des thromboses vasculaires, surtout veineuses 3/ des atteintes pouvant toucher les vaisseaux du cœur, du système nerveux, du rein et du foie 4/ existence de manifestations non thrombotiques comme la chorée et le livedo 5/ parmi les principales complications, les manifestations obstétricales : avortements à répétition et morts fœtales in utéro 6/ un traitement reposant sur les anticoagulants Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie Consultante à l’Hôpital Cheikh Khalifa Ben Zayed de Casablanca Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية Vice-président du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM) Chairwoman of the Moroccan Autoimmune and Systemic Diseases Association Membre de la Société Marocaine de Médecine Interne (SMMI) PUBLIE dans la Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018

Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est une maladie auto-immune due à la présence d’anticorps dirigés contre les phospholipides, constituants des membranes cellulaires. Primaire ou secondaire à une autre maladie auto-immune, souvent le lupus, il provoque une hypercoagulabilité sanguine responsable de thromboses artérielles, veineuses ou obstétricales potentiellement graves.
Points importants du SAPL :
1/ maladie auto-immune médiée par des auto-anticorps
2 / prédominance dans les manifestations des thromboses vasculaires, surtout veineuses
3/ des atteintes pouvant toucher les vaisseaux du cœur, du système nerveux, du rein et du foie
4/ existence de manifestations non thrombotiques comme la chorée et le livedo
5/ parmi les principales complications, les manifestations obstétricales : avortements à répétition et morts fœtales in utéro
6/ un traitement reposant sur les anticoagulants
Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار
اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة
Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie
Consultante à l’Hôpital Cheikh Khalifa Ben Zayed de Casablanca
Présidente de l’Alliance Maladies Rares Maroc
رئيسة ائتلاف الأمراض النادرة المغرب
Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS)
رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية
Vice-président du Groupe de l’Auto-Immunité Marocain (GEAIM)
Chairwoman of the Moroccan Autoimmune and Systemic Diseases Association
Membre de la Société Marocaine de Médecine Interne (SMMI)
PUBLIE dans la Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018

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Itinéraire d’<strong>une</strong> pathologie<br />

<strong>Le</strong> syndrome <strong>des</strong> antiphospholipi<strong>des</strong><br />

Une <strong>maladie</strong> <strong>au</strong>to-imm<strong>une</strong><br />

provoquant thromboses vasculaires<br />

et avortements à répétition<br />

Khadija MOUSSAYER *<br />

Résumé<br />

<strong>Le</strong> syndrome <strong>des</strong> antiphospholipi<strong>des</strong> est <strong>une</strong> <strong>maladie</strong> <strong>au</strong>to-imm<strong>une</strong> due à<br />

la présence d’anticorps dirigés contre les phospholipi<strong>des</strong>, constituants <strong>des</strong><br />

membranes cellulaires. Primaire ou secondaire à <strong>une</strong> <strong>au</strong>tre <strong>maladie</strong> <strong>au</strong>to-imm<strong>une</strong>,<br />

souvent le lupus, il provoque <strong>une</strong> hypercoagulabilité sanguine responsable de<br />

thromboses artérielles, veineuses ou obstétricales potentiellement graves.<br />

<strong>Le</strong>s phospholipi<strong>des</strong> sont un mélange de lipi<strong>des</strong> et d’acide<br />

phosphorique impliqués dans un grand nombre de<br />

réactions physiologiques telles le maintien de la structure<br />

cellulaire, la coagulation sanguine, et le développement<br />

du complexe fœto-placentaire. <strong>Le</strong> syndrome <strong>des</strong><br />

antiphospholipi<strong>des</strong> se caractérise par la présence<br />

durable d’<strong>au</strong>to-anticorps antiphospholipi<strong>des</strong> (aPL)<br />

comprenant l’anticoagulant circulant, l’anticardiolipine,<br />

l’anti-b 2<br />

-glycoprotéine I (b 2<br />

-GPI), ainsi que <strong>des</strong> anticorps<br />

dirigés contre d’<strong>au</strong>tres phospholipi<strong>des</strong>.<br />

Une <strong>maladie</strong> rare souvent associée <strong>au</strong> lupus<br />

La prévalence du SAPL primaire dans la population<br />

générale est très difficile à évaluer et serait de l’ordre<br />

de 0,5 %. Lorsqu’<strong>une</strong> personne souffre d’un lupus<br />

systémique, elle a un risque de 20 à 40 % d’avoir un<br />

SAPL associé.<br />

<strong>Le</strong>s aPL sont détectables dans jusqu’à 5 % de la<br />

population générale, mais ne suffisent pas à signer<br />

le syndrome s’ils ne sont pas associés à <strong>des</strong> signes<br />

cliniques. Ces anticorps doivent être trouvés à <strong>au</strong><br />

moins deux reprises à 12 semaines d’intervalle, car ils<br />

peuvent être présents de façon transitoire <strong>au</strong> détour<br />

d’infections diverses (notamment infection par le VIH,<br />

hépatites virales ou syphilis), de certains traitements<br />

médicamenteux (chlorpromazine, quinidiniques,<br />

bêtabloquants et interféron principalement), et<br />

de certaines néoplasies (hémopathies malignes et<br />

tumeurs soli<strong>des</strong>) et même chez <strong>des</strong> individus sains.<br />

Ces aPL, non associés <strong>au</strong> SAPL, sont presque toujours<br />

transitoires et ne prédisposent pas à un risque<br />

thrombotique [1]. Comme pour le lupus, ce sont les<br />

femm es qui sont le plus souvent touchées par cette<br />

<strong>maladie</strong>, soit environ 5 fois plus que les hommes.<br />

* Cabinet de médecine interne, Casablanca<br />

@ : Moussayerkhadija@gmail.com<br />

250<br />

Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018


Présentation clinique dominée<br />

par les thromboses<br />

<strong>Le</strong>s thromboses vasculaires<br />

<strong>Le</strong>s thromboses surviennent <strong>au</strong>ssi bien dans les<br />

artères que les veines ou <strong>au</strong>ssi dans les petits<br />

vaisse<strong>au</strong>x. Tous les territoires vasculaires, même les<br />

plus inhabituels, peuvent être touchés : veine cave,<br />

artères <strong>des</strong> membres supérieurs, du cerve<strong>au</strong>, du rein,<br />

du cœur, ... ou veines <strong>des</strong> membres, du cou, du foie. La<br />

rapidité de développement de la thrombose est très<br />

variable : elle va du table<strong>au</strong> aigu <strong>au</strong> développement<br />

indolent d’<strong>une</strong> ischémie tissulaire. La migration<br />

du thrombus est fréquente. Certains mala<strong>des</strong> ne<br />

développeraient que <strong>des</strong> thromboses veineuses ou<br />

<strong>des</strong> embolies pulmonaires (SAPL veineux), d’<strong>au</strong>tres<br />

<strong>des</strong> manifestations essentiellement artérielles (SAPL<br />

artériel) : ischémie cérébrale, comitialité, livédo,<br />

valvulopathie cardiaque et néphropathie ischémique.<br />

Quinze pour-cent <strong>des</strong> patients combinent épiso<strong>des</strong><br />

artériels et veineux [2]. Dans le SAPL primitif,<br />

l’incidence de thrombose veineuse est de 50 à 60 %,<br />

de thrombose artérielle de 30 à 45 %.<br />

De manière générale :<br />

<strong>Le</strong>s thromboses veineuses profon<strong>des</strong> <strong>des</strong> membres<br />

inférieurs sont présentes dans 29 à 55 % <strong>des</strong> cas,<br />

se compliquent chez 50 % <strong>des</strong> patients par <strong>une</strong><br />

embolie pulmonaire.<br />

<strong>Le</strong>s thromboses ou embolies artérielles, moins<br />

fréquentes, atteignent principalement le système<br />

nerveux central (50 % <strong>des</strong> cas), les artères<br />

coronaires (25 %).<br />

Des thromboses de la microcirculation : microangiopathie<br />

thrombotique rénale, nécrose cutanée.<br />

<strong>Le</strong>s complications obstétricales<br />

<strong>Le</strong>s principales complications obstétricales sont les<br />

f<strong>au</strong>sses couches à répétition, les accouchements<br />

prématurés, ainsi que les morts fœtales sans<br />

malformations et <strong>des</strong> retards de croissance intr<strong>au</strong>térins.<br />

<strong>Le</strong>s femmes ayant <strong>des</strong> anticorps aPL<br />

présentent <strong>une</strong> proportion inhabituellement élevée<br />

de pertes fœtales <strong>au</strong>-delà de la 10 ème semaine de<br />

gestation, alors que les interruptions spontanées<br />

de grossesse ont rarement lieu après cette période<br />

embryonnaire. <strong>Le</strong>s accouchements prématurés sont<br />

dus à <strong>des</strong> complications hypertensives (telles que les<br />

prééclampsies et éclampsies) ou à <strong>des</strong> insuffisances<br />

utéro-placentaires. Au total, le risque de f<strong>au</strong>sse<br />

couche est de 80 % et celui de perte fœtale est<br />

multiplié par 26 [3].<br />

<strong>Le</strong>s <strong>au</strong>tres manifestations<br />

Atteinte neurologique<br />

<strong>Le</strong>s manifestations sont les migraines, les accidents<br />

ischémiques transitoires cérébr<strong>au</strong>x, la chorée, les<br />

accidents vasculaires constitués en territoire souscortical.<br />

Une atrophie corticale est notée chez les<br />

patients lupiques. Des infarctus cérébr<strong>au</strong>x volontiers<br />

récidivants peuvent conduire à <strong>une</strong> démence<br />

vasculaire. Des convulsions, <strong>une</strong> myélopathie<br />

transverse, <strong>une</strong> hypertension intracrânienne se<br />

rencontrent également. Un SAPL est à rechercher<br />

devant un AVC chez le sujet je<strong>une</strong>.<br />

Atteinte cardiaque<br />

<strong>Le</strong> système cardiovasculaire est l’un <strong>des</strong> organes<br />

cibles du SAPL, avec <strong>des</strong> atteintes polymorphes et<br />

potentiellement graves, pouvant aller d’<strong>une</strong> atteinte<br />

valvulaire asymptomatique à un infarctus du myocarde.<br />

Elles comportent :<br />

Des anomalies valvulaires (épaississement valvulaire<br />

et végétations)<br />

Des <strong>maladie</strong>s artérielles occlusives (athérosclérose<br />

et infarctus du myocarde)<br />

Un risque d’hypertension artérielle pulmonaire<br />

Des dysfonctions ventriculaires et d’éventuels<br />

thrombi intracardiaques.<br />

Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018 251


Itinéraire d’<strong>une</strong> pathologie<br />

Elles justifient la réalisation d’<strong>une</strong> échographie<br />

cardiaque avec Doppler chez tous les patients ayant<br />

<strong>des</strong> AP. Il est également nécessaire de proposer<br />

<strong>une</strong> évaluation cardiovasculaire à la recherche d’<strong>une</strong><br />

athérosclérose infraclinique chez ces patients à<br />

risque, notamment en cas de lupus associé [4].<br />

<strong>Le</strong>s valves mitrales sont le plus souvent atteintes<br />

(37 %) avec un dysfonctionnement valvulaire de<br />

type régurgitation (27 %). <strong>Le</strong>s atteintes aortiques<br />

tricuspidiennes et pulmonaires, les anomalies<br />

sténosantes, les thromboses intracavitaires sont plus<br />

rarement en c<strong>au</strong>se. Une endocardite mitrale non<br />

bactérienne de type de Libman-Sacks est possible.<br />

<strong>Le</strong> SAPL serait impliqué dans 20 % <strong>des</strong> infarctus du<br />

myocarde de l’adulte je<strong>une</strong> [5].<br />

Manifestations dermatologiques<br />

Elles sont dominées par le livedo : présent sur les<br />

membres et le tronc, la pe<strong>au</strong> est marbrée avec de<br />

fines ban<strong>des</strong> violacées formant <strong>des</strong> mailles de filet.<br />

<strong>Le</strong> livedo est souvent physiologique notamment<br />

lorsqu’il est présent sur les cuisses chez les personnes<br />

minces exposées <strong>au</strong> froid. Ce type de livédo lié<br />

<strong>au</strong> SAPL réalise le syndrome de Sneddon quand il<br />

s’associe <strong>au</strong>x accidents vasculaires cérébr<strong>au</strong>x.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>au</strong>tres manifestations cutanées sont très diverses<br />

et comprennent notamment le purpura, le syndrome<br />

de Rayn<strong>au</strong>d, les ulcérations, la nécrose cutanée ou<br />

encore l’apparition de lignes rouges sous les ongles<br />

appelées hémorragies sous-unguéales en flammèche.<br />

Thrombopénie<br />

Dans le SAPL primitif, la fréquence d’<strong>une</strong> thrombopénie<br />

est de 40 %. A l’inverse, différents <strong>au</strong>teurs retrouvent <strong>des</strong><br />

aPL dans environ 30 % <strong>des</strong> purpuras thrombopéniques<br />

idiopathiques. Des syndromes d’Evans sont rapportés<br />

lorsque la thrombopénie s’accompagne d’<strong>une</strong> anémie<br />

hémolytique <strong>au</strong>to-imm<strong>une</strong>. <strong>Le</strong>s thromboses <strong>des</strong> petits<br />

vaisse<strong>au</strong>x (artérioles, capillaires et veinules), miment<br />

<strong>une</strong> microangiopathie thrombotique telle que le<br />

syndrome hémolytique urémique et le purpura<br />

thrombotique thrombocytopénique.<br />

<strong>Syndrome</strong> catastrophique du SAPL ( SCAPL)<br />

C’est <strong>une</strong> complication d’<strong>une</strong> mortalité très élevée,<br />

dans plus de 40 % <strong>des</strong> cas. Elle affecte moins de 1 % <strong>des</strong><br />

patients avec SAPL, soit de novo ou chez <strong>des</strong> patients<br />

connus, souvent déclenchée par <strong>une</strong> infection, un arrêt<br />

de l’anticoagulation ou <strong>une</strong> intervention chirurgicale,<br />

même mineure. Elle est due à l’apparition simultanée<br />

de thromboses dans plusieurs territoires vasculaires<br />

induisant <strong>une</strong> défaillance multiple <strong>des</strong> organes et d’un<br />

syndrome de détresse respiratoire aigu. L’atteinte<br />

rénale hypertensive est la plus fréquente (71 % <strong>des</strong><br />

cas) suivie de l’atteinte pulmonaire (64 %) : syndrome<br />

de détresse respiratoire aigu (SDRA) et embolie<br />

pulmonaire. Sont également fréquentes, l’atteinte<br />

cérébrale (62 %) et l’’atteinte cardiaque (51 %) qui se<br />

présente le plus souvent sous forme d’<strong>une</strong> insuffisance<br />

cardiaque ou d’un infarctus du myocarde [6].<br />

Table<strong>au</strong> I : Manifestations cliniques fréquentes du SAPL<br />

Cardiaques<br />

Hématologiques<br />

Neurologiques<br />

Rénales<br />

Pulmonaire<br />

Digestives<br />

Cutanées<br />

Obstétricales<br />

Vasculaires<br />

Angor instable, infarctus myocardique,<br />

valvulopathie, etc.<br />

Anémie hémolytique, thrombocytopénie,<br />

microangiopathie thrombotique, coagulation<br />

intravasculaire disséminée, etc.<br />

Accident vasculaire cérébral, accident<br />

ischémique transitoire, épilepsie, mono névrite<br />

multiple, etc.<br />

Thromboses artérielles ou veineuses, insuffisance<br />

rénale chronique et aiguë, hypertension<br />

artérielle, etc.<br />

Embolie pulmonaire, hypertension artérielle<br />

pulmonaire, etc.<br />

Infarctus mésentérique, hépatique, splénique,<br />

syndrome de Budd-Chiari, etc.<br />

Thrombophlébite superficielle, infarctus<br />

cutané, livedo reticularis, purpura, blue toe<br />

syndrome, etc.<br />

F<strong>au</strong>sses couches, retard de croissance, syndrome<br />

de HELLP, prééclampsie, éclampsie, etc.<br />

Thromboses aortiques, <strong>des</strong> artères et veines de<br />

tout territoire et tout calibre<br />

252<br />

Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018


<strong>Le</strong>s critères diagnostiques<br />

du SAPL<br />

<strong>Le</strong> diagnostic de SAPL est défini si <strong>au</strong> moins un<br />

critère clinique et un critère biologique sont présents<br />

(critères de 2004 révisés en 2006) (Table<strong>au</strong> II).<br />

Table<strong>au</strong> II : Critères diagnostiques du SAPL<br />

Thrombose<br />

vasculaire<br />

Morbidité<br />

obstétricale<br />

Critères<br />

biologiques<br />

Au moins un épisode thrombotique a touchant<br />

tout tissu ou organe :<br />

- Artériel<br />

- Veineux<br />

- ou <strong>des</strong> petits vaisse<strong>au</strong>x<br />

Survenue d’<strong>au</strong> moins :<br />

- Une mort fœtale inexpliquée, après la 10 ème<br />

semaine d’aménorrhée, avec morphologie<br />

fœtale normale b<br />

- Une naissance prématurée, avant la<br />

34 ème semaine de grossesse, d’un fœtus<br />

morphologiquement normal, en rapport avec<br />

la survenue d’<strong>une</strong> éclampsie ou d’<strong>une</strong> pré<br />

éclampsie sévère, ou avec démonstration d’<strong>une</strong><br />

insuffisance placentaire<br />

- Trois f<strong>au</strong>sses couches consécutives<br />

et inexpliquées avant la 10 ème semaine<br />

d’aménorrhée, après exclusion d’<strong>une</strong> anomalie<br />

anatomique ou hormonale maternelle, et<br />

d’<strong>une</strong> anomalie chromosomique maternelle ou<br />

paternelle<br />

- Lupus anticoagulant présent à <strong>au</strong> moins 2<br />

reprises, à 12 semaines d’intervalle c<br />

- Anticorps anticardiolipines (IgG et/ou IgM)<br />

présents à <strong>au</strong> moins 2 reprises, à un titre<br />

intermédiaire ou élevé (> 40 UGPL ou MPL, ou<br />

> 99 e percentile) d<br />

- Anticorps anti-bêta 2 GP1 (IgG ou IgM)<br />

présents à un titre > <strong>au</strong> 99 e percentile, à <strong>au</strong><br />

moins 2 reprises, à 12 semaines d’intervalle e<br />

a. La thrombose doit être confirmée par un critère objectif<br />

et validé (aspect typique à l’imagerie ou, pour l’examen<br />

anatomopathologique, la thrombose doit être présente sans qu’il<br />

y ait présence d’<strong>une</strong> inflammation vasculaire sous-jacente)<br />

b. Documentée par <strong>une</strong> échographie ou par examen<br />

macroscopique<br />

c. Détection selon les recommandations de l’ISTH (International<br />

Society of Thrombosis and Hemostasis)<br />

d. Mesuré par <strong>une</strong> technique ELISA standardisée<br />

e. Selon <strong>une</strong> technique ELISA standardisée<br />

Un traitement reposant sur les<br />

anticoagulants<br />

Il repose sur la prévention et le traitement <strong>des</strong><br />

thromboses vasculaires.<br />

Dès le premier accident thrombotique, les AVK sont<br />

utilisés avec un INR cible compris entre 2 et 3 pour<br />

<strong>une</strong> thrombose veineuse et entre 3 et 4 en cas de<br />

thrombose artérielle ; en cas d’association avec les<br />

antiagrégants plaquettaires, cette cible peut être<br />

rabaissée à entre 2 et 3. <strong>Le</strong> traitement doit être<br />

poursuivi indéfiniment [7].<br />

L’hydroxychloroquine est associée, en raison de ses<br />

effets antithrombotiques en particulier s’il existe un<br />

LES associé [8].<br />

Dans un contexte de f<strong>au</strong>sses couches à répétition, on<br />

utilise l’héparine à dose préventive, en cas de morts<br />

fœtales in utéro à dose préventive ou intermédiaire.<br />

En cas d’antécédent thrombotique, l’héparine<br />

est utilisée à dose curative puisque les AVK sont<br />

tératogènes et doivent être remplacés pendant la<br />

grossesse. Lorsque la prise en charge est adéquate,<br />

70 % <strong>des</strong> patientes donneront naissance à un enfant<br />

vivant [9].<br />

Devant un aPL asymptomatique découvert soit<br />

fortuitement chez un sujet sain à l’occasion d’un bilan<br />

d’hémostase pré-opératoire, soit dans l’évaluation<br />

d’<strong>une</strong> malade atteinte de LES, l’aspirine est généralement<br />

proposée pour la prévention primaire <strong>des</strong><br />

thromboses [10].<br />

Conclusion<br />

<strong>Le</strong> SAPL doit être évoqué devant toute thrombose<br />

vasculaire, en particulier chez <strong>une</strong> personne je<strong>une</strong><br />

ou lors d’avortements à répétition. Depuis la<br />

<strong>des</strong>cription du SAPL, <strong>des</strong> progrès majeurs ont<br />

été réalisés dans sa compréhension, tant sur le<br />

plan physiopathologique que thérapeutique. <strong>Le</strong>s<br />

Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018 253


Itinéraire d’<strong>une</strong> pathologie<br />

anticoagulants représentent la pierre angulaire de la<br />

prise en charge de cette <strong>maladie</strong>.<br />

Conflit d’intérêt<br />

L’<strong>au</strong>teur déclare n’avoir <strong>au</strong>cun lien d’intérêt.<br />

Points essentiels<br />

<strong>Le</strong> SAPL est <strong>une</strong> <strong>maladie</strong> <strong>au</strong>to-imm<strong>une</strong><br />

médiée par <strong>des</strong> <strong>au</strong>to-anticorps.<br />

Il y a <strong>une</strong> prédominance dans les manifestations<br />

<strong>des</strong> thromboses vasculaires, surtout<br />

veineuses.<br />

Dans le SAPL, les atteintes peuvent toucher<br />

les vaisse<strong>au</strong>x du cœur, du système nerveux,<br />

du rein et du foie.<br />

Des manifestations non thrombotiques,<br />

comme la chorée et le livedo, peuvent<br />

survenir.<br />

Parmi les principales complications, il y a les<br />

manifestations obstétricales (avortements<br />

à répétition et morts fœtales in utéro).<br />

<strong>Le</strong> traitement repose sur les anticoagulants.<br />

Références<br />

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syndrome. Rev Med Interne. 2006;27:296-301.<br />

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the prevention and long-term management of thrombosis<br />

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of a task force at the 13th International Congress on<br />

antiphospholipid antibodies. Lupus. 2011;20(2):206-18.<br />

8. Edwards MH et al. Hydroxychloroquine reverses thrombogenic<br />

properties of antiphospholipid antibodies in mice. Circulation.<br />

1997;96:4380-4.<br />

9. Arn<strong>au</strong>d L. Pregnancy and antiphospholipid syndrome. Rev<br />

Med Interne. 2011;32 Suppl 1:S26-30.<br />

10. Wahl DG et al. Prophylactic antithrombotic therapy for<br />

patients with systemic lupus erythematosus with or without<br />

antiphospholipid antibodies: do the benefits outweigh the<br />

risks? A decision analysis. Arch Intern Med. 2000;160:2042-8.<br />

254<br />

Revue de Médecine Générale et de Famille / N°8 • Décembre 2018

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