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Spécialement
dans le projet du Code pénal français
THÈSE
1
POUR LE DOCTORAT
présentée et soutenue le lundi 24 juin 1935, à 1 5 heures
.
PAR
-
Jean TISSERAND -
MEMBRES DU JURY :
NANCY
IMPRIMERIE GEORGES THOMAS
Angle des rues de Solignac et Henri-Lepage
1935
Spécialement
dans le projet du Code pénal français
THÈSE -
POUR LE DOCTORAT
présentée et soutenue le lundi 24 juin 1935, à 1 5 heures
PAR
Jean TISSERAND
MEMBRES DU JURY :
1935
IMPRIMERIE GEORGES THOMAS
Angle des rues de Solignac et Henri-Lepage
NANCY
FACULTÉ DE DROIT DE NANCY
M. LE PROFESSEUR HENRY
Professeur de Droit criminel
INTRODUCTION
TABLEAU.
(18) Page 77.
CAUSES PROBABLES DES SUICIDES A PARIS ET DANS LA SEINE
2° L'HÉRÉDITÉ
CONCLUSION
ans.
(34) Chiffres relevés dans le compte général de l'Administration de la
Justice criminelle, France, Algérie, Tunisie.
PREMIERE PARTIE
LE SUICIDE A ROME
CONCLUSION
m»
qu'il est beaucoup plus magnanime de supporter que de
fuir les misères de la vie. Saint-Augustin conclut dans le
chapitre XXVI : « Ce que nous disons, ce que nous soute-
nons, ce que nous approuvons en toutes manières, c'est que
personne ne se doit faire mourir lui-même, ni pour se déli-
vrer des misères temporelles de peur de tomber dans les
feux éternels, ni pour les péchés d'autrui, de crainte que
celui que le crime d'un autre ne souillait point ne commence
à être souillé de son propre crime, ni pour ses péchés pas-
sés parce qu'au contraire on a besoin de vivre pour les
effacer par la pénitence, ni pour jouir d'une vie meilleure
parce qu'il n'y a pas de meilleure vie après la mort pour
ceux qui sont coupables de leur mort. »
Les Conciles n'adoptent pas immédiatement les principes
de ce Père de l'Eglise, mais vont s'en inspirer. Le Concile
d'Arles, tenu en 452, traite de fureur diabolique la pensée
qui porte l'homme au suicide (si quis diabolico repletus
furore se percusserit). Cependant en 506, la Lex Romana,
publiée par Alaric, admet que les accusés qui se donne-
raient la mort seraient punis plutôt en tant que suicidés
que criminels. Du coup le droit romain se trouvait modifié.
Le Concile d'Orléans, en 533, interdit les oblations en
faveur des accusés qui se suicidaient.
Ce sont les Conciles de Bragues, en 563, et d'Auxerre, en
578, qui vont abandonner les distinctions du droit romain
et affirmer que tous les suicidés sont coupables. Ils défen-
dent non seulement l'oblation, mais la commémoration
ainsi que le chant des psaumes : « Placuit ut hi qui sibi-
ipsis aut ferro aut veneno, aut proecipitio, aut suspendio vel
quolibet modo violenter inferunt mortem, nulla de illis in
oblatione commemoratio fiat, ne que cum psalmis ad sepul-
turam eorum cadavera deducantur ». (5).
« Quicumque se propria volontate in aquam
jactaverit
aut qualibet occasione voluntarioe se morti tradiderit isto-
rum oblatio non recipiatur. » (6).
Désormais, la répression de l'homicide de soi-même était
formelle, indiscutable et la législation canonique avait
trouvé sa véritable expression, répression sévère parce
qu'elle interdisait toute piété, tout souvenir, tout secours
spirituel. On voit, par les récits de Grégoire* de Tours, que
ceux qui se suicidaient étaient privés de la sépulture ecclé-
siastique. Il raconte que le comte Palladius s'étant tué,
son corps fut porté au monastère de Cournon, et y fut en-
seveli, mais en dehors des sépultures chrétiennes et qu'on
ne célébra pas de messe après sa mort.
La législation séculaire du temps était cependant encore
muette sur la répression du suicide, et les cas de suicide
sont encore nombreux, tel celui de Mérovée, qui se fait
poignarder, lorsqu'il est pris par les soldats de son père
Chilpéric. Pendant plusieurs siècles, le droit canon sera
seul à appliquer cette discipline morale sur le peuple des
Gaules. Les Pénitentiels des vin6 et IXe siècles, qui rappe-
laient les anciennes distinctions romaines et laissaient
espérer l'indulgence de Dieu pour les malheureux qui
s'étaient donnés la mort afin d'éviter les châtiments, furent
condamnés dès 813 par les Conciles, et au IXe siècle, le
Concile de Troyes aggrave les pénalités, interdit toutes les
cérémonies des funérailles ; le suicidé sera enterré sans
chants, ni psaumes. Les Conciles continuent à flétrir le sui-
LE SUICIDE ET LA LECISLATION
COUTUMIERE AU MOYEN ACE
(io) Institutes coutumières d'Antoine LOYSEL. Livre VI, titre II, règles
537 et 539.
le principe de la confiscation fut modifié par les diverses
coutumes qui appliquèrent cette peine plus ou moins dif-
féremment.
de Normandie, « les meubles de ceux qui se sont occis ou
faits mourir d'eux-mêmes appartiennent au Roi privative-
ment aux seigneurs, s'ils n'ont titre ou possession valable
au contraire ». Nous notons ici une particularité remarqua-
ble que nous ne retrouvons dans aucune autre coutume: la
veuve du suicidé jouit dans cette coutume d'un régime spé-
cial et de faveur; l'usage de Normandie décide, en effet,
qu'un tiers seulement du mobilier irait au seigneur, les deux
autres tiers étant réservés à la veuve et aux orphelins.
Les différentes coutumes de Bretagne décident que les
meubles sont aussi perdus pour les héritiers. De même dans
le Poitou, Ponthieu et le Perche.
Les coutumes d'Anjou et du Maine ont les mêmes dispo-
sitions; elles ajoutent « quant aux héritages, il n'y a point
de confiscation, mais les maisons doivent estre fondues ou
descouvertes du cousté du grans chemin, les prez ars, les
vignes tranchées et estrepées, les boys tranchez à haulteur
d'homme, et l'appelle ou ravaire; et convertira le seigneur
du fief les fruiz d'une année des héritages du malfaiteur
à son proffit avant ledit ravaire; les diz pays n'a confis-
cation ne forfaiture de terre en matière criminelle, sauf en
deux cas, en crime de hérésie ou de lèse-majesté ».
Il y a enfin des coutumes qui n'admettent la confiscation
en aucun cas, comme celles de Bourges et de Dun-le-Roy,
« il ne perd point ses biens qui viennent à ses héritiers,
comme dessus est dit ».
Les anciennes coutumes de Tours et Orléans « en cas
de suicide on confisque le corps et non les biens ».
Les cas d'irresponsabilité jouaient encore ici dans les
coutumes qui les avaient acceptés, comme nous l'avons vu
dans la législation de l'ancien duché de Brabant. L'influen-
ce du droit romain se faisait à nouveau sentir et déjà quel-
ques censeurs font, au sujet de cette confiscation, une dis-
tinction entre ceux qui se tuent pour éviter la honte d'un
supplice et ceux que la perte de quelque procès ou quelque
violent chagrin engage à se défaire d'eux-même, « parce
que ces sortes de chagrins ne permettent pas le plus sou-
vent que l'on soit maître de soi-même et dérangent entiè-
rement l'esprit » (13). Une atténuation de la répression
semblait se manifester et on semblait vouloir rétablir la
vieille distinction portée par le droit romain entre ceux qui
se tuent pour éviter la honte d'un supplice et ceux qui se
tuent pour toute autre cause. Les premier seuls étaient pu-
nis.
Telle est la disposition de la coutume de Normandie (14)
qui porte « que les meubles de ceux qui se sont occis eux-
mêmes appartiennent au Roi, mais que néanmoins si, par
force de maladie, frénésie ou autre accident, ils étaient cau-
se de leur mort, leurs meubles demeureront aux héritiers
aussi bien que leurs immeubles ».
C'est aussi le sentiment de COQUILLE, car il dit que si
quelqu'un s'est fait mourir par ennui de vivre ou impa-
tience de douleur, on doit pour l'exemple ordonner que
corps sera pendu ou jeté à la voirie, mais que ses biens
ne doivent point être confisqués. Cette distinction se re-
trouve principalement dans les coutumes et parlements du
Midi, en particulier ceux de Toulouse et de Provence. Les
arrêts du parlement de Toulouse sont conformes à cette
distinction: Un arrêt du 7 décembre 1637, rendu au sujet
de la nommée Agelle, qui s'était fait mourir par un cha-
(13) JOUSSE. Traité de la justice criminelle de France, tome IV, pages
no à IAO.
(14) Ch. 9, art. 149.
grin violent, a jugé que ses biens n'étaient pas confis-
qués (15). BRETONNIER nous dit, en effet, qu'à Toulouse on
suit la distinction posée par le droit romain.
Cette disposition allait se généraliser. Nous la trouvons
dans la constitution de Charles V, de l'année 1551 (XIV"
siècle): « Si une personne accusée en justice de faits pour
lesquels, en cas de conviction, elle serait punie en ses corps
et biens, vient à se tuer elle-même dans la crainte du sup-
plic, ses héritiers seront privés de la succession confisquée
au profit du seigneur ». « Si elle s'est portée à cette ex-
trémité par l'effet d'une maladie de corps, mélancolie, f,-i;
blesse d'esprit ou quelqu'autre infirmité véritable, ses héri-
tiers succéderont à ses biens. » Dans le doute, on présume
toujours que le suicidé l'a fait par folie ou chagrin, à moins
qu'on ne prouve le contraire.
BACQUET fait observer que, quand on voit qu'une per-
sonne s'est tuée par nécessité, indigence ou pauvreté, on
n'use pas contre elle avec rigueur de la peine, mais on
ordonne seulement que son corps sera privé de sépulture
en terre sainte (16).
Le Parlement de Paris suivit un moment la même dis-
tinction (17). « Mais, aujourd'hui, le Parlement ne reçoit
que l'excuse de la folie ou de la maladie que les parents
du mort ne manquent pas d'alléguer afin de sauver par
ce moyen les biens du défunt et l'honneur de la famille »,
nous dit cependant JOUSSE.
(15) JOUSSE, op. cit.
(16) BACQUET. Traité des droits de la justice, ch. VII, N° 17.
(17) Arrêt du 13 février 1588.
CHAPITRE V
ORDONNANCE DE 1670
Le titre 22 de l'ordonnance édicte les règles de fond et
de forme dans la poursuite faite aux suicidés. Toute la pro-
cédure y est minutieusement organisée et les peines appli-
quées retrouvent toute leur ancienne sévérité. L'ordonnance,
qui a force de loi dans tout le royaume, abolit les coutu-
mes du Midi qui suivaient encore le droit romain. Désor-
mais, tous les territoires du royaume doivent suivre les
prescriptions de l'ordonnance de 1670. C'est la consécra-
(3) Journal des Audiences, tome 1 liv. 2 ch. 69.
tion définitive de l'abolition du droit romain et le retour
aux vieilles et rigoureuses pénalités des siècles passés.
L'ordonnance établit comme maxime générale que l'on
peut faire un procès criminel au cadavre ou à la mémoire
du défunt pour cinq espéces de cas: crime de lèse-majes-
té divine ou humaine, duel, homicide de soi-même, rébel-
lion à justice à force ouverte lors de laquelle le coupable
est tué.
Le suicide, pour qu'il puisse donner li-eu au procès dont
il s'agit, doit être l'effet d'une mort volontaire détermi-
née; aucune maladie violente n'est venue altérer l'esprit
de l'individu, ni sa mort n'est due à quelque accident impé-
rieux. Il faut donc rechercher si ce suicide n'est pas le résul-
tat de la démence, auquel cas il est excusé. Le procès au
défunt ne doit avoir trait qu'au suicide et non aux autres
délits dont le défunt pourrait être prévenu, « parce qu'il
est de maxime que la mort acquitte les dettes des vivants
envers la société » (4), a moins qu'il ne s'agisse de ces
crimes dont parle l'ordonnance. Il est, croyons-nous, d'un
grand intérêt à suivre dans ses détails la procédure enga-
gée dans ce procès.
« Lorsqu'un homme est trouvé mort ou blessé, le juge
doit se transporter sur les lieux et dresser procès-verbal
de l'état auquel seront trouvées les personnes blessées 0:-
les corps morts, du lieu du délit, et de tout ce qui peut
servir pour la décharge ou conviction » (5). La déclaration
du 5 septembre 1712 complète ces prescriptions. « Tous
ceux qui auront connaissance des dits cadavres seront te-
nus d'en donner avis aussitôt. Aux juges et commissaires,
(4) MERLIN. Répertoire de Jurisprudence, 1815. Voir Cadavre.
(5) Article I du titre IV.
nous enjoignons de se transporter diligemment sur le lieu
et de dresser procès-verbal de l'état du corps, de lui ap-
pliquer le sel sur le front et le faire visiter par le chirur-
gien, d'informer et entendre ceux qui sont en état de dé-
poser de la cause de la mort, du lieu, des vie et mœurs
du défunt... Faisons défense de faire inhumer lesdits ca-
davres avant que l'inhumation soit ordonnée par le juge »;
il y a même des exemples de suicidés qui ont été déter-
rés. Une déclaration du Roi du 9 avril 1736 vint défen-
dre aux ecclésiastiques de faire inhumer, sans la permis-
sion du juge, les corps de ceux qui auraient été trouvés
morts en des circonstances faisant présumer une mort vio-
lente.
Le juge doit s'informer de l'état de l'esprit ou de la rai-
son du suicidé et de la cause pour laquelle il s'est tué. Tout
ceci, nous dit JOUSSE, pour créer un curateur au défunt
parce que s'il est reconnu qu'il n'y a point de crime et que
le défunt s'est tué par folie, il est inutile de nommer un
curateur et de faire une plus ample procédure. Cette en-
quête est indispensable. A défaut de témoins, on a recours
aux indices et présomptions pour juger si la personne s'est
tuée elle-même, par exemple si le suicidé tient un poignard
ou pistolet à la main et est blessé dans le corps, si on
le trouve appuyé sur son épée la pointe en haut, on pendu
à une corde dans sa chambre les mains libres, unes chaise
à côté de lui, ou précipité dans son puits, etc...
La justice s'abstient donc de punir ceux qui n'avaient
point l'usage entier de leur raison. Il faut donc prouver,
pour qu'il puisse donner lieu au procès, que le suicide est
l'effet d'une volonté déterminée: aucune maladie violente
capable d'altérer l'esprit de l'individu ou aucun accident
antérieur n'a causé cette mort. Il y a communication à la
Partie publique. La preuve de la démence rapportée, on
met hors de cour sur l'accusation et on ordonne que le
cadavre soit enterré en terrain sainte (6). Sa mémoire est
intacte et ses biens ne sont pas confisqués.
Lorsque le suicide volontaire est établi, on conserve le
cadavre pour lui faire supporter en quelque sorte la peine
due à un si grand crime. Le cadavre attendait donc son
jugement dans la cour de la géôle ou de ses dépendan-
ces. Le cadavre n'est pas absolument nécessaire, mais ici
les peines ne se prononcent et ne s'exécutent sur lui
que pour l'exemple et afin de détourner de commettre
de pareils crimes par l'horreur du spectacle: « Male trac-
tando mortuos terremus viventes ». On peut épouvanter les
vivants, mais lorsque quelque raison (infection du cada-
vre) empêche de le garder durant tout le procès, la loi n'as-
sujettit pas ici à cette conservation; si le cadavre ne peut
être conservé, le juge peut ordonner qu'il sera inhumé.
C'est ce que la cour a fait, sur la requête de M. le Pro-
cureur général, par arrêt rendu le 2 décembre 1737, à l'oc-
casion du conflit qui s'est élevé entre le baillage et le pré-
vôt d'Orléans, sur question de savoir lequel de ces deux
tribunaux instruirait le procès au cadavre et à la mémoire
de Louis Martin, qui s'était pendu dans son cachot avec
une corde faite de la paille de son lit. La cadavre non
inhumé était en dépôt dans une des tours de la ville; à
cause de l'infection qu'il causait dans la prison, on ne pou-
vait plus le garder.
L'article 11 de l'ordonnance décide que le « juge nom-
mera d'office un curateur au cadavre du défunt, s'il est en-
(6) Arrêt du 13 février 1567 du Parlement de Dijon.
core extant, sinon à sa mémoire, et sera préféré le parent
du défunt, s'il s'en offre quelqu'un, pour en faire fonction ».
Le nom du curateur sera compris dans toute la procédure,
mais la condamnation sera rendue contre le cadavre ou la
mémoire seulement. Le curateur saura lire et écrire, fera
le serment et le procès sera instruit contre lui dans la for-
me ordinaire; sera néanmoins debout et non sur la sellette
lors du dernier interrogatoire ».
Le défunt sera donc défendu par un membre de sa fa-
mille, qui a tout intérêt à ne pas perdre le procès pour ne
pas se voir appliquer les conséquences judiciaires de la
condamnation portant confiscation des biens. « Il pourra
rejeter appel de la sentence rendue contre le cadavre ou la
mémoire du défunt. Il pourra même y être obligé par quel-
qu'un des parents, lequel, en ce cas, sera tenu d'avancer
les frais » (7).
La justice rendait alors son jugement prononçant des
peines qui frappaient le corps et les biens du désespéré.
Le corps du coupable devait afre traîné sur une claie, la
face tournée contre terre, puis pendu par les pieds et jeté
à la voirie ou enterré sous la potence. Ces peines ont été
prononcées contre un magistrat de province par sentence,
du Châtelet du 8 janvier 1729, confirmée par arrêt rendu
le même jour. Comme il n'était pas mort sur le champ, il
reçut l'extrême-onction.
Si le cadavre n'était plus extant, « la mémoire du cou
pable était flétrie par une condamnation ». La condamna-
tion du cadavre emportait d'ailleurs condamnation à la
mémoire. Le procès à la mémoire se distingue à peine du
procès au cadavre; le premier remplace le second quand
(7) Article 4.
le cadavre n'est plus extant, c'est-à-dire quand il est perdu
ou corrompu. Depuis 1770, le suicide ne donnait plus ou-
verture qu'au procès contre la mémoire. Les juges devaient,
après les premières informations, ordonner l'inhumation du
cadavre en terre profane, sans pouvoir la retarder sous quel-
que prétexte que ce fût. Ainsi, la condamnation à la mé-
moire est un phénomène de transition qui vient à la fois
de la sanction infligée au cadavre puisqu'elle est posthume
et de la peine ordinaire puisqu'elle s'applique en somme
à ce qui survit du criminel dans le souvenir des vivants.
Si les coupables étaient nobles, on les dégradait de no-
blesse eux et leurs descendants, leurs armoiries étaient bri-
sées, leurs bois coupés et leur nom supprimé à jamais (8).
Le juge prononce en même temps la confiscation des
biens. Les biens des suicidés appartenaient au seigneur
haut-justicier ou au roi. Sous l'influence de l'ordonnance
de 1670, la confiscation fut étendue à tous les cas de sui-
cide. Les efforts de la royauté tendirent de plus en plus à
accaparer le monopole de la juridiction des homicides de
soi-même, vu l'avantage pécuniaire de la confiscation. Le
seigneur ou le roi peuvent disposer des biens confisqués en
faveur de qui bon leur semble. Le roi en faisait quelque-
fois don aux courtisans et même aux dames de la cour.
On lit dans le journal de Dangeau, à la date du 6 août
1689, « le roi a fait don à Mme la Princesse d'Harcourt
d'un homme qui s'est tué lui-même et dont elle espère
tirer beaucoup, on dit qu'il a plus de vingt mille livres
de rente ».
La tentative de suicide, dit MUYART DE VOUGLANS, était
Législations comparées
CHAPITRE PREMIER
LE SUICIDE
LA COMPLICITE
ou de 3 ans de forteresse. »
Article 463 « Quiconque aura conseillé le suicide
— :
(2) Code pénal du Roy d'Italie, du 19 octobre 30, article 580. Anno-
tations.
(3) R. P. de droit pénal, sept., déc. 1930. Rapport de M. DE CASA-
BIANCA, sur le nouveau code pénal italien.
Le nouveau code pénal espagnol du 8 septembre 1928,
apporte une réglementation précise :
Article 517 : « Celui qui aiderait un autre individu à se
suicider ou qui le pousserait au suicide sera puni de la
peine de 4 à 8 ans de prison. S'il l'avait aidé jusqu'au point
de le mettre à mort lui-même, il sera puni de 6 à 15 ans
de prison. »
« Toutefois, et dans tous les cas cités au
paragraphe
précédent, les tribunaux, en appréciant les conditions per-
sonnelles du coupable, les mobiles de sa conduite et les cir-
constances du fait, pourront dans leur prudent arbitraire
infliger une peine inférieure à celle indiquée pour le délit. »
Article 518 : « Les tribunaux, en appréciant les circons-
tances personnelles du coupable, les mobiles de sa con-
duite, pourront substituer la peine de réclusion à la peine
de prison. »
Le texte fait donc attention aux mobiles de l'acte qui
peuvent faire varier la peine; ceci est particulier.
Le code pénal espagnol de 1928 est abrogé actuellement.
CONCLUSION
§ 1.
— Législations considérant le meurtre consenti
comme une infraction spéciale
La plupart d'entre eux considèrent le fait de donner la
mort sur la demande de la victime comme un délit sui
generis. Ils considèrent que l'acte est criminel, mais que le
meurtre est consenti et nécessite une réglementation excep-
tionnelle.
Parmi ces législations, nous citerons d'abord l' Allemagne.
L'ancien code pénal disait déjà: « celui qui tue autrui sur sa
demande ou l'assiste dans son suicide encourt une peine
de 6 à 10 ans de forteresse ou de maison de force ; dans
le cas où le soupçon s'impose qu'il a provoqué chez la vic-
time elle-même le désir de la mort, il encourt les mêmes
peines à perpétuité. » Ceci fut reproduit par les législations
allemandes : Saxe, en 1838, article 125 ; en 1855 et 1868,
article 157 ; Wurtemberg, article 239 ; Brunswick, article
147 ; Bade, article 207 ; Thuringe, article 120. Les codes
avaient même prévu un adoucissement de la peine au cas
où la victime était « mortellement malade ou mortellement
blessée. »
Aujourd'hui, le code pénal de l'Empire d'Allemagne de
1871 ne contient aucune disposition relative au suicide, à
son assistance ou à sa provocation ; le Docteur Wolff
MUTGENBERG, de Coblentz, nous dit que la tentative de
mort faite à la demande de la victime elle-même ne peut
être punie d'après le code pénal allemand comme délit de
lésion corporelle à l'appui de cette solution, il invoque les
;
travaux préparatoires de l'article 216, sa place dans le code
et ses termes.
L'article 216 dispose « celui qui a été déterminé
à commettre un homicide volontaire sur les instances
expresses et sérieuses de la victime, sera condamné à une
peine d'au moins 3 ans de prison », il correspond, lit-on
dans l'exposé des motifs, au sentiment juridique de ne pas
frapper l'homicide avec consentement de la victime de la
même peine que l'homicide ordinaire ; mais la loi morale
incontestée, en vertu de laquelle la vie n'est pas un bien
aliénable, n'admet ni l'impunité, ni une peine mesurée trop
bas. »
(i) Code pénal du Roi d'Italie, du 19 octobre 1930. Art. 579. Anno-
tations par P. de CASABIANCA.
pliquer les circonstances atténuantes. On avait proposé que
le fait demeure impuni, mais on ne peut reconnaître la
légitimité d'un meurtre accompli même pour mettre fin à
une agonie, fut-elle atroce et mortelle, car on ne peut
attribuer au faillible jugement humain la faculté d'abolir
la vie, la dernière espérance qui subsiste tant qu'il y a un
souffle de vie » (2). Les mobiles jouent donc ici un rôle
prépondérant, comme nous l'avons déjà constaté dans d'au-
tres législations.
Si, maintenant, nous consultons le Code japonais, il nous
sera donné de voir que la législation de ce pays, où la
pratique de l'hara-kiri est cependant si courante, frappe
d'une peine relativement sévère le fait de donner la mort
sur la demande de la victime. L'article 356 décide en effet
« que seront punis d'emprisonnement avec travail, de six
mois à trois ans, ceux qui auront volontairement... ».
Nous avons vu que le Japon, dans son code pénal de
1907, assimile la complicité à la coopération directe et sup-
prime, par là même, les difficultés susceptibles de naître à
propos de la qualification de l'acte.
Code pénal philippin: avant-projet dont la mise en vi-
gueur fut prévue pour le 1er juillet 1927. L'aide prêtée au
suicide: prison média, c'est-à-dire de plus de six ans à
quinze ans; si le complice a été jusqu'à donné lui-même
la mort: prison mayor de quinze à trente ans de prison. Le
suicide manqué ou simple tentative est puni ici de prison
menor: de dix-huit mois à six ans.
Le projet de code pénal tchécoslovaque national. Nous
retrouvons ici, pleinement confirmée, la théorie des mobiles
(2) Revue internationale de droit pénal, 1929.
que nous avons rencontrée dans beaucoup de codes. Dans
la section des infractions constituant des atteintes à la vie,
nous trouvons la distinction du meurtre et de l'assassinat
basée sur l'action sous l'influence des motifs bas. L'homi-
cide par pitié entraîne un adoucissement, à titre exception-
nel, de la peine ou même, selon l'appréciation du tribunal,
l'impunité. L'instigation au suicide ou le fait de procurer
des moyens à cette fin est punissable seulement quand
l'instigateur a agi en raison de motifs égoïstes ou d'au-
tres motifs bas (art. 273).
Article 271 (par. 2).
— « Si le délinquant a donné la
mort à une autre personne par pitié, afin d'accélérer une
mort inévitable et prochaine et la délivrer par là de dou-
leurs cruelles causées par une maladie incurable ou d'au-
tres tortures corporelles contre lesquelles il n'y a aucun re-
mède, le tribunal peut atténuer exceptionnellement la peine
ou exempter de la punition. »
Aticle 272. — « Celui qui, intentionnellement, aura tué
une autre personne par bassesse de caractère, sera puni
de la réclusion de dix à vingt ans ou de la réclusion à
vie. »
Article 273.
— « Celui qui, par égoïsme ou pour tout
autre mobile, pousse ou excite intentionnellement une au-
tre personne à se suicider ou qui, pour des mobiles de ce
genre, aide intentionnellement une autre personne à com-
mettre ce suicide, sera puni si le suicide a eu lieu ou si
tout au moins il aura été tenté, de la réclusion de un à
huit ans. »
SECTION 1
§ — En faveur de l'impunité
1.
SECTION III
Critique de la législation française. — Solution
Le suicide n'est donc pas puni par notre code qui l'a
passé sous silence. Comme le fait remarquer COQUELIN DE
LISLE, « logique avec lui-même, le législateur aurait dû
tolérer tout ce qui était susceptible de nuire au développe-
(19) Rép. g. du droit criminel, Suicide.
(20) Op. cit,
ment et à la conservation de l'individu. L'alcoolisme et
l'avortement auraient dû être tolérés. Le sont-ils ? Non
pas. L'opium est interdit, l'alcoolisme est réprimé, l'avor-
tement est puni, le travail de chacun limité, mais l'homi-
cide de soi-même n'est pas considéré comme violation de
la loi pénale. Existe-t-il une contradiction plus marquée ?
Le législateur devait pousser jusqu'à l'extrême limite son
rôle de gardien et de défenseur; il devait prévenir le sui-
cide, l'interdire, le condamner. » (21).
Le suicide est un acte répréhensible au point de vue
moral comme au point de vue social, c'est un mal redou-
table auquel on doit veiller. Nous avons vu que tous les
arguments en faveur de l'impunité du suicide peuvent être
victorieusement combattus. Nous avons admis que l'acte
de suicide est un de ceux qui méritent de tomber sous le
coup de la loi pénale. La légitimité de la répression ne
fait aucun doute et nous posons en principe, avec MM.
ALPY et MÉDEVILLE qu'il est nécessaire d'édicter des lois
répressives, frappant directement le suicide. La difficulté
résulte dans le choix et dans l'application d'une pénalité.
Serons-nous impuissants à la trouver et dirons-nous avec
beaucoup que « le suicide est un crime et, comme tel, pu-
nissable; seule l'efficacité de la peine empêche toute pour-
suite. »
M. ALPY, dans sa thèse, a indiqué les peines qu'il con-
viendrait, à son avis, d'édicter contre les suicidés. Il pro-
pose un châtiment moral, une peine infamante qui flétrirait
la mémoire du suicidé, peine bien personnelle au coupable:
« les peines qui s'adressent à l'amour propre et font appel
aux plus nobles sentiments semblent réunir le plus de suf-
(21) Thèse, page 60,
frages, dit-il. » Il nous cite l'exemple de Bonaparte qui
réussit à entraver les suicides de son armée par la crainte
d'une ignominieuse flétrissure, ainsi que l'exemple de ces
jeunes filles de Milet, guéries du suicide par le sentiment
de la pudeur. Il propose même que les corps des suicidés
soient enlevés aux familles et livrés aux amphithéâtres de
dissection; cette perspective devant déplaire à bien des
désespérés.
Assurément, ces peines peuvent empêcher quelques sui-
cides, mais nous pensons, avec M. MÉDEVILLE, que « ces
diverses sanctions ne produiraient d'effet que sur quelques
catégories de citoyens où l'honneur s'est le mieux con-
servé. ». (22). Puis, les inconvénients sont nombreux ; les
ennuis pour la famille, la honte qui rejaillirait, souvent
bien à tort, sur ses membres plutôt à plaindre en ces mo-
ments douloureux, les enquêtes aboutissant à des révéla-
tions parfois indiscrètes, sont autant d'obstacles sérieux.
En effet, malgré la tolérance croissante de l'opinion envers
le suicide, celui-ci est cependant encore une tache pour la
famille solidaire, dans une certaine mesure, de la fatale
détermination, comme n'ayant pas donné à la victime les
soins, l'affection, le bonheur qui l'eussent conservé à la vie.
La dissimulation du suicide est pour cela assez fréquente,
surtout dans les régions catholiques où on cache soigneu-
sement la vraie cause du décès, pour éviter le refus du
concours de l'Eglise aux funérailles du suicidé.
Quant à la déchéance des dispositions testamentaires,
dont parle M. ALPY : « Il est choquant de voir ceux qui
se suicident faire exécuter leurs volontés dernières par la
La tentative de suicide
LA COMPLICITE DU SUICIDE
NOTRE SOLUTION
§ 4. — De l'instigation au suicide
Ces précisions fournies, il nous semble que l'excitation au
suicide devrait encourir une pénalité plus rigoureuse que les
autres cas de complicité. M. GARRAUD, partisan de la répres-
sion de la complicité du suicide, est de cet avis. « Dans la
participation au suicide d'autrui, dit-il, il y a lieu de distin-
guer l'instigation et l'aide, parce que, dans l'instigation
le coupable a été déterminé par des motifs anti-sociaux
(vengeance, haine, cupidité) tandis que dans l'aide, il a sur-
tout agi par dévoument, amitié, etc.. (13) ».
(12) SUBRA. Thèse, p. 99.
(13) Op. cit., tome V, p. 273.
M. VIDAL pense de même et fait remarquer que dans les
pays où cette participation est punissable, il y a lieu pour
l'application de la peine de tenir compte, d'une part, de la
qualité des motifs qui ont déterminé le provocateur au sui-
cide (anti-sociaux ou malhonnêtes, sociaux ou honnêtes),
d'autre part de l'exaltation et de la suggestion réciproques
(SIGHELE) (14) ».
L'instigateur au suicide mérite donc d'être puni plus sévè-
rement que simple auxiliaire, car c'est ici un véritable
appel au meurtre de soi-même. Les incitations, les exhor-
tations et les conseils adressés directement et spécialement
à la victime sont l'œuvre d'une personne qui sait et veut le
résultat qu'ils doivent provoquer ; ils sont de nature à faire
naître l'idée de suicide puis la détermination précise d'en
finir avec la vie chez une personne qui jusque là n'y avait
peut être pas songé ; c'est un véritable appel au meurtre,
une action criminelle, dont on ne saurait nier toute la puis-
sance lorsqu'on sait combien l'idée de suicide est conta-
gieuse et perverse. Il y a une différence d'ordre moral
immense entre ce cas de complicité et les autres cas. Les
mobiles ici sont douteux et la plupart du temps peu recom-
mandables. C'est souvent dans un but égoïste que le soi
disant ami conseille au suicide. Il circonvient la victime,
exploite ses douleurs, profite des circonstances favorables,
spécule sur ses misères physiques ou morales et le déter-
mine par des moyens adroits à l'acte fatal. Quelle perver-
sité chez cet être qui n'a en vue qu'un intérêt pécuniaire
ou moral, quelle différence avec celui qui, sur la prière de
la victime, l'aide dans ses derniers préparatifs. Dans ce
dernier cas, les mobiles peuvent être aussi condamnables,
(14) Cours de droit criminel, 1928, p. 35 et s.
mais notre conscience éprouve une aversion plus forte
envers l'instigateur qui présente un aspect d'immoralité et
de répugnance qui lui est particulier ; c'est le serpent des
temps paradisiaques.
C'est surtout dans les cas toujours plus fréquents de sui-
cide à deux que l'instigation joue le plus grand rôle. La
pensée de mourir vient dans l'esprit du plus fort qui fait
partager à l'autre son funeste dessein SIGHÈLE, dans sa
Coppia criminale (crimes à deux), montre que le plus sou-
vent, des deux personnes associées pour le crime, l'une plus
forte, plus énergique domine et détermine l'autre plus fai-
ble et sans résistance aux suggestions. Il demande contre
le suggestionneur une pénalité aggravée, mais il n'admet
pas, sauf de rares cas, la diminution de responsabilité du
suggestionné malgré sa faiblesse, l'entraînement auquel il a
obéi, qui doivent plutôt le mettre en garde et sont donc loin
d'être une excuse- » Il en est de même ici. Louis Proai.
dans son livre Crimes et suicides passionnels, nous montre
la facilité de suggestion entre des êtres liés par l'affection
ou la passion de l'amour. « Presque toujours dit-il, l'un
des amants exerce sur l'autre une sorte de fascination ; si
l'autre hésite, il parle de se tuer tout seul et par cette
menace parvient à vaincre ses hésitations ; s'il n'ose pas lui
proposer nettement de mourir ensemble, il laisse deviner
son projet de se tuer seul, afin que l'autre ait la pensée
d'agir comme lui. La vanité, la jalousie, l'égoïsme, se joi-
gnent à l'amour pour lui faire désirer ce double suicide.
(15) ».
« Dans tous les cas, poursuit-il, celui qui impose sa
volonté est celui qui est le plus fort, le plus énergique ; celui
(15) Op. cit., p. 69 et 70.
qui subit la suggestion est le plus nerveux, le plus impres-1
sionnable, et pour appeler les choses par leur nom, il faut
que l'amant qui procède ainsi fait précéder son suicide
d'un véritable assassinat. Lorsqu'un des amants a plus
d'ardeur et de passion, il prend sur l'autre un ascendant
considérable par la vivacité de ses sentiments, véhémence
de ses paroles, en un mot il suggestionne par la vue, la
parole, le contact fait taire ses scrupules, ses hésitations ;
par un mélange de prières, de menaces, de sophismes,
finit par lui faire accepter l'idée du suicide, en lui repré-
sentant qu'il est doux, qu'il est poétique de mourir ensem-
ble. La suggestibilité est encore accrue par l'état d'exalta-
tion, de surexcitation des sens et de l'imagination, qui est
celui des amants sous l'empire de la passion ». (16).
Ainsi donc, au point de vue du danger social, la gravité
de l'instigation au suicide est immense. Elle est aidée dans
son but par des facteurs humains, tous puissants eux aussi,
les souffrances le désespoir, l'aveuglement de la passion,
la jalousie, la puissance de l'idée fixe, les prédispositions
physiologiques, la contagion de l'idée de suicide. D'autre
part, si chacun a le droit de disposer de sa vie, comme cer-
tains le prétendent, il ne s'ensuit pas logiquement le droit
de pousser son ensemble au suicide, et c'est encore une des
considérations particulières, qui pousse à différencier l'ins-
tigation des autres modes de participation au suicide d'au-
trui, car dans ceux-ci la victime agit elle-même, de sa pleine
volonté ; les modalités d'exécution et les circonstances de
sa mort diffèrent seulement.
Nous avons vu que des législations ont eu en vue spécia-
lement l'instigation avec les autres formes de complicité de
(16) Op. cit., p. 77 et 78.
suicide et il est à remarquer que l'instigation seule est punie
dans le code de Neufchâtel. Les anciennes législations de
l'Allemagne (Thuringe et Brunswick) la punissaient plus
sévérement que l'aide.
Le nouveau code pénal italien s'est préoccupé de ce degré
de perversité qui peut être différent chez les complices du
même acte. Nous lisons, dans le Rapport sur le projet du
code pénal italien, un passage qui nous intéresse certaine-
ment: « la norme générique sur la responsabilité commune
de tous les participants est spécifiée en disposant que cette
responsabilité aura différentes formes et différents degrés
de sanctions selon les circonstances d'état de danger plus
grave (art. 22) ou moins grave (art 23), que le juge cons-
tatera en chacun des complices. En effet, le mode de con-
cours à l'exécution d'un crime peut non seulement être
objectivement différent, c'est à dire plus ou moins proche et
efficient du moment de la consommation, mais il sert
surtout à marquer le différent état de danger de chaque
participant.
Un criminel habituel peut se réserver le rôle objectivement
secondaire de conseiller, instigateur ou complice vis-à-vis de
l'auteur principal pouvant être un criminel occasionnel ou
passionnel, un faible d'esprit, et de même l'auteur prin-
cipal peut être déterminé à agir pour des raisons moins
ignobles que celles ayant poussé le complice à promettre
et à prêter son œuvre ». Ceci nous montre le législateur
préoccupé d'atteindre les différentes formes de complicité
et de les punir chacune spécialement, et non en bloc, selon
leur gravité et leur immoralité. Ce n'est que l'application
des théories nouvelles qui tendent à individualiser la peine,
à frapper chaque complice comme auteur d'un délit spécial,
devant avoir sa responsabilité propre et être puni d'après les
conditions particulières d'anti-sociabilité qu'il présente (17).
Idée fondamentale de la doctrine positiviste, à chacun selon
sa méchanceté, et non plus à chacun selon ses œuvres. Elle
consiste pour chaque délinquant à graduer et à individua-
liser la peine sans se préoccuper du rôle qu'il a joué dans
l'action commune. La législation française est partiellement
entrée dans cette voie en ce qui concerne le recel de choses,
qui, depuis la loi du 22 mai 1925, a cessé d'être un acte
de complicité pour devenir un délit spécial. Les tendances
actuelles du droit pénal polonais par exemple, sonfconfor-
mes à cet état d'esprit. Nous lisons : « Se basant sur les
principes du subjectivisme et de l'individualisation, le projet
réalise les conséquences qui en résultent. Pour l'application
de la peine, le projet met en relief le côté subjectif de
l'infraction: toutes les particularités individuelles de l'agent
doivent être prises en considération; quant au principe de
l'individualisation, le projet se débarrasse de l'idée de la
responsabilité accessoire et s'approche de la conception de
la complicité délit distinct. Les complices, c'est-à-dire ceux
qui occasionnent la volonté délictueuse chez l'agent et ceux
qui lui viennent en aide, ne sont responsables que pour eux-
mêmes : chacun d'eux répond dans les limites de son inten-
tion. Ils sont donc responsables si l'agent ne commet aucun
fait délictueux, ni le délit consommé, ni même le délit tenté,
etc... (18) ».
Tout porte donc à condamner sévérement l'instigateur
du suicide, l'adhésion de la victime à sa volonté peut seule
lui servir comme circonstance atténuante. En effef, malgré
DE L'HOMICIDE
SUR LA DEMANDE DE LA VICTIME.
PARTICIPATION DIRECTE AU SUICIDE D'AUTRUI.
SECTION PREMIÈRE
§ 1.
— Point de vue moral
Du point de vue moral comme pénal, on est amené à
cette solution. Il y a un rapport étroit entre notre question
du consentement de la victime et celle plus générale du
droit sur soi-même, du jus in se ipsum. L'homme a-t-il un
droit absolu, un pouvoir de libre disposition sur tous les
éléments qui constituent sa personnalité ? Si oui, il peut
logiquement permettre qu'une personne se fasse l'auteur et
l'agent d'exécution de ces atteintes ou de cette destruction.
C'est la réponse à cette question qui sera la solution de
notre problème. Or, le spiritualisme peut seul nous donner
les solutions acceptables. Dieu de qui tout dépend, nous
donne des obligations qui sont des limites imposées à notre
pouvoir de disposition sur nous-mêmes. Quant au côté so-
cial de la question, Aristote dit que l'homme est un animal
sociable " avOpw1toç S-âov ^oXtxixov " La vie en commun a pour
.
corollaire indispensable la formation d'un pouvoir social et
d'un ordre social imposant aux individus des commissions
ou des abstentions qui restreignent notre faculté naturelle
d'agir. C'est au nom de la liberté générale que l'Etat impose
à chacun un minimum de restrictions. D'autre part, tout
individu est tributaire de la société dans laquelle il vit, son
aide et son assistance sont nécessaires à celle-ci et à son
développement et pour elle il doit conserver sa personne.
C'est une des raisons qui nous ont fait condamner le sui-
cide, à plus forte raison, l'acte de celui qui attente à la vie
de son semblable. L'Etat est donc devenu le grand justicier
de l'infraction. La société toute entière est la véritable vic-
time, et un fait ne devient délit qu'autant qu'il comporte
atteinte au droit social en même temps que violation de
droits individuels; d'où, quand il y a faute sociale, c'est-à-
dire délit, la répression sociale s'impose quelque soit l'atti-
tude de la victime. Sa volonté n'est donc pas la condition
déterminante de la répression et son acceptation n'a aucune
influence. La loi même ne s'attache ni aux mobiles, ni à la
volonté subjective déterminante; on regarde simplement s'il
y a volonté consciente et intention nette d'accomplir l'acte
délictueux quoique le sachant défendu par la loi.
1. — Article 295 ;
2. — Le consentement n'a aucune valeur ;
3. — Raisons de textes ;
4. — Opinion des auteurs.
t0 L'article 295 du code pénal dispose que l'homicide
commis volontairement est qualifié meurtre « il ne cesse
d'être un crime que lorsqu'il est commandé par la loi, l'au-
torité légitime ou en cas de légitime défense. (Art. 327-328
du code pénal).
L'acte que nous envisageons en ce moment présente tous
les éléments de l'homicide punissable.
1.
— Un acte matériel de nature à donner la mort ;
2. — Une personne humaine et vivante qui en devient la
victime ;
3. — Chez l'auteur de l'acte, l'intention de donner la
mort, la volonté de tuer.
L'article 295 est net et ne fait aucune allusion à la vio-
lence. Rien ne distingue le meurtre de l'intervention coupa-
ble actuelle.
L'intention de l'agent a été la même dans les deux cas ;
il a voulu donner la mort, il a agi en pleine connaissance de
cause, sachant tous les résultats de son acte ; toutes les
conditions d'existence du délit prévu par l'article 295 du
code pénal se trouvent réunies ici, à savoir la volonté de
donner la mort et le fait matériel de la donner. Ce n'est
pas la volonté qui fait le meurtre, mais l'acte lui-même. Le
crime existe donc et doit être puni comme tel. Le consen-
tement de la victime n'est pas une cause de justification et
ne peut modifier la criminalité de l'acte.
2° Les auteurs repoussent l'argument tiré de la maxime
romaine « volenti non fit injuria ». L'aphorisme « volonti
et consentienti non fit injuria », tiré du droit romain et qui
semblerait constituer une réponse très simple à la question
ne saurait être invoquée d'une manière générale, il ne sau-
rait s'appliquer qu'au délit d'injure proprement dit. Aristote
dans sa morale à Nicomaque dit « Aoixe^a-. OV:8C:Î ÉXWV »,
c'est la théorie formulée par Ulpien « quia nulla injuria
est quœ in volontem fiat. » (1). Au début, les crimes sont
considérés comme des affaires privées pour aboutir à la
vengeance privée de la partie lésée ou à des arrangements
privés. On comprend alors que la volonté privée joue ici
un rôle immense allant jusqu'à supprimer le caractère délic-
tuel de l'acte commis. Mais il en est autrement aujourd'hui.
Le crime est une attaque contre la société toute entière et
l'ordre public. L'Etat seul, qui a pour mission le maintien
de l'ordre public, punit le coupable ; la volonté privée du
lésé ne saurait en principe enlever à l'acte commis son
caractère punissable, car « jus publicum privatorum pactis
mutari non potest ». Cela est si vrai que le ministère public
chargé de veiller à la tranquillité et au maintien de l'ordre
requiert au nom de la société et ne s'occupe pas de consul-
ter la partie lésée. L'Etat se substitue à la victime qu'elle
le veuille ou non.
Un acte est retenu comme délictueux en tant qu'il limite
et lèse un intérêt, en tant qu'il est perpétré contre la volonté
et l'assentiment d'un individu. Mais l'acquiescement de la
personne lésée n'entraîne pas dans tous les cas la non
responsabilité de l'agent. Lorsqu'il s'agit de délits mena-
çant l'intérêt général de la société, la faculté de consentir
se trouve limitée par le droit d'autrui et l'intérêt public, et
tel est le cas de l'homicide.
Pour délimiter ce jus in se ipsum, les criminalistes ont
rangé les droits des individus en deux classes : droits innés
et inaliénables d'une part auxquels on ne peut renoncer
valablement, les droits patrimoniaux d'autre part auxquels
(i) Lex I, § 5, De injuriis.
il est permis de renoncer. (CARRARA). D'autres ont pris
comme critères la distinction des droits aliénables ou non,
des intérêts privés et d'ordre public, des droits relatifs et
absolus. Cette théorie ne saurait s'appliquer à la lettre. Par
cela seul que nous vivons en société, les droits de chacun
sont limités. Leur limite, c'est le préjudice que leur exercice
pourrait porter aux autres individus ou à la société. « Je ne
pourrai donc exercer un droit quelconque ou y renoncer,
fut-il considérer comme aliénable, qu'autant que je ne por-
terai pas atteinte à l'intérêt général et à la société. » (2)
Certains légistes proclament le principe général que la
volonté privée n'a aucune influence sur le caractère délic-
tuel de l'acte, par exemple le code pénal autrichien, article
4 de sa partie générale, « il y a délit, même à l'égard des
personnes qui exigent leur propre lésion ou qui y consen
tent. » Le code grec pose le principe suivant (art. 98), « un
acte commis avec l'acquiescement tacite ou formel de la
partie lésée, défendu par une peine, reste impuni dans le
cas seulement ou sans que l'ordre public soit mis en danger,
il est dirigé contre la propriété.
» Le code pénal de l'Empire
allemand se place entre le code autrichien et le code fran-
çais ; il ne parle du consentement que dans sa partie spé-
ciale relativement au meurtre commis avec consentement
de la victime (art. 216), inflige la peine de l'emprisonne.-
ment (3 ans au maximum), si le meurtre a été commis sur
l'exigence formelle et sérieuse de la victime. Le code pénal
français est muet sur ce point; nulle part notre législation
n'a fait allusion à l'influence que pourrait avoir sur les pour-
suites le consentement de la victime. Il en résulte que dans
les cas où forcément il en est autrement, la volonté privée
(2) SUBRA, page 9. Thèse,
n'a aucune importance au point de vue légal, le meurtre
ou l'assassinat restent toujours en droit passibles de la
même peine, bien qu'ils aient été commis avec le consente-
ment ou sur l'invitation de la victime.
Toute la discussion se rattache donc à un ordre d'idées
beaucoup plus général, car tout dépend en définitive de
la question de savoir si le consentement de la victime d'une
infraction peut enlever à l'acte constitutif de cette infrac-
tion son caractère délictueux et écarter de ce fait toute
répression pénale ? Aujourd'hui, il est reconnu que le con-
sentement à l'atteinte portée à sa personne ne saurait en
aucun cas constituer un fait justificatif. Le jus in se ipsum
connaît des limites imposées par l'intérêt général et les
bonnes mœurs. « De l'impunité discutable du suicide dans
notre législation française, écrit le Professeur CUCHE, il ne
faudrait pas conclure que tout individu a le droit de dis-
poser de sa vie et de mourir librement. » Un élément gran-
dissant de fonction sociale s'insère dans l'emploi de notre
vie, limitant de plus en plus notre droit d'en disposer libre-
ment, et à plus forte raison celui d'autoriser les autres à
en disposer.
SECTION DEUX
§ — Aucune répression
1.
§ 2. — Répression atténuée
(II). Arrêt qui acquitta Louise Ménard pour avoir dérobé un petit
pain à la devanture d'une boulangerie afin de pouvoir donner à manger
à son enfant. Amiens, 22 avril 1898, S. 1899, II, I.
dévoué, il aura impérieusement exigé d'une amitié aveugl(
la préparation d'un poison et l'on voudrait pour apprécier
cette action faire abstraction de son concours et de ses
efforts, et ne voir que le fait d'un autre dans l'acte dont il
a lui-même ordonné la perpétration ? Non, la main étran •
CRITIQUES
SECTION QUATRE
DU DOUBLE SUICIDE
vrait si chacun avait tiré sur soi, mais ici le même indivi lu
a tiré les deux coups. Le meurtre n'est excusable que dans
les cas prévus par la loi et l'honneur, et ne cesse d'être
un crime ou un délit que lorsqu'il est commandé par l'auto-
rité légale ou les lois.
Mais alors, dit-on ici, seul le désespoir a guidé le meur-
trier et non la colère, la haine, etc. Ce motif affecte la me
raie dans ce qu'elle a de plus intime. L'espérance est com-
mandée à l'homme ; légitimer les crimes commis par déses-
poir, c'est aller contre un sentiment qui est le principe de
toute consolation et le soutien de la vertu, etc. »
La décision attaquée fut annulée.
1° Attendu que la protection assurée aux personnes par
la loi constitue une garantie publique. Que dès lors, le con-
sentement de la victime d'une voie de fait homicide ne sau-
rait légitimer cet acte. Qu'il ne peut résulter une exception à
ce principe de la circonstance que l'auteur du fait consenti
a voulu en même temps attenter à sa propre vie ;
2° Attendu qu'il n'y a de suicide que dans le sacrifice
qu'on fait de sa propre vie, et que ce sacrifice ne donne
pas le droit de disposer de la vie d'autrui ;
3° Attendu que la décision attaquée, en attribuant à la
seule impulsion du désespoir l'acte soumis à son examen.
a admis un fait d'excuse en dehors de ceux qui ont été
limitativement spécifiés par la loi, absous le crime par l'im-
moralité et entrepris sur les pouvoirs du jury. » (5).
Ainsi donc, le ou les survivants sont punis des peines
relatives à leur acte personnel. Mais Enrico FERRI, dans son
Omicidio-Suicidio, remarque que le ministère public pour-
suit rarement les amants échappés par hasard à une ten-
tative de mutuel suicide. M. TARDE, estimant que le consen-
tement de la victime innocente d'une certaine façon le cou-
pable, comprend que les magistrats hésitent à qualifier ces
faits d'assassinat « problème de pathologie cérébrale com-
pliqué de psychologie amoureuse, dit-il, difficiles questions
de responsabilité morale et sociale. Socialement, les effets
de l'amour sont plus dangereux que ceux du fanatisme, la
répression la plus dure ne saurait prévaloir contre l'indomp-
table élan de cette rébellion anti-sociale. » Il reconnaît
cependant que par le châtiment on cherche à donner satis-
faction aux vœux d'une famille outragée. (6).
MM. CHAUVEAU et HÉLIÉ, fidèles à leur théorie, réprou-
vent l'idée de meurtre, mais reconnaissent que dans les cas
de double suicide, l'action de l'agent peut paraître suspecte;
le consentement de la victime a fort bien pu n'être pas abso-
lument libre et être arraché par la promesse de suicide de
son compagnon; or, si celui-ci survit, si au dernier moment
il fait dévier le coup fatal par pur instinct de conservation ?
Vu:
Nancy, le 27 Mai 1935.
Le Doyen de la Faculté de Droit,
SENN.
Vu ET PERMIS D'IMPRIMER:
Nancy, le 28 Mai 1935.
Le Recteur de l'Académie,
L. BRUNTZ,
Président du Conseil de l'Université,
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PÉRIODIQUES -
RÉPERTOIRES
Dalloz. — Recueil périodique et critique de jurisprudence, de
législation et de doctrine. — Répertoire pratique, 1914.
Sirey. — Recueil général des lois et arrêts.
Journal du Palais. — Répertoire général.
Revue pénitentiaire.
Revue internationale de Droit pénal.
Comptes généraux annuels de l'Administration de la Justice
criminelle. Statistiques pénitentiaires (Ministère de la Jus-
tice).
Rapport sur le projet préliminaire du Code pénal italien, li-
vre I, 1925.
Dictionnaire de droit canonique.
TABLE DES MATIÈRES
Pages
INTRODUCTION 7
PARTIE PRÉLIMINAIRE
PREMIÈRE PARTIE
DEUXIÈME PARTIE
LÉGISLATIONS COMPARÉES
TROISIÈME PARTIE
CHAPITRE PREMIER.
— Le suicide proprement dit et son
auteur ....................................... 131
Pages
Section I. — Arguments en faveur de l'impu-
nité du suicide. Critiques 131
illimité..
§ i.
— Le jus in se ipsum est 131
être puni...
§ 2.
— Un cadavre ne peut 133
personnalité des peines fait
§ 3.
— La
obstacle aux peines pécuniaires 135
suicidé est un anormal 136
§ 4.
— Le
Section 2. — Opinion des auteurs 140
l'impunité
§ 1.
— En faveur de 140
§ 2.
— En faveur de la
répression 144
Section 3. — Critiques de la législation française.
Solution 147
Section 4. — La tentative de suicide 152