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MASTER

: JURISTE D’AFFAIRES

Thème sous l’intitulé :

Préparé par : Encadré par :


ó Abdelmounaim Safrita ó Mr. Driss Jouidi
ó Wiam El Hadraz
ó Fadoua Es Sabry
ó Meryem Toudghi
ó Bouchra Semlali
Al : Alinéa.

ANRT : Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications.

Art : Article.

CC : Conseil de la Concurrence.

DHs : Dirhams.

IAM : Itissalat Al-Maghrib.

1

Introduction…………………….………………………………………..……. 3

Partie 1 : La détermination et l’exploitation abusive de la position


dominante……………………………………………………………...………. 6

Chapitre 1 : La détermination de l’abus dominante………………………... 6

Chapitre 2 : Exploitation abusive d’une position dominante……………... 11

Partie 2 : Encadrement processuel de l’abus de position dominante…….. 17

Chapitre 1 : La réparation des préjudices causés par l’abus de position


dominante ……………….……………….……………….……………….…. 17
Chapitre 2 : Le régime répressif de l’abus de position dominante..……… 23

Conclusion………………………………….………………………………… 31

Bibliographie...………………….……………………………………………. 32

Table des matières…...………………………………………………………. 35

2

Certaines entreprises cherchent à influencer le marché à leur avantage, et elles ne cessent pas
de s’approvisionner d’une façon illégale pour le monopoliser.

Ces pratiques se traduisent la plupart de temps comme des menaces qui peuvent non
seulement porter atteinte à l’intérêt des autres opérateurs économique notamment les petites
entreprises mais également au libre jeu de la concurrence et au bien-être du consommateur.

C'est pourquoi, la réglementation de la concurrence s'impose comme une condition


fondamentale à l'exercice de la liberté d'entreprendre pour chacun. Le droit de la concurrence
pose donc les jalons de l'organisation économique du commerce et sanctionne ceux qui ne les
respectent pas.1

les abus de position dominante sont en général des pratiques unilatérales émanant d'un acteur
économique qui use de sa position de force sur un marché pour le verrouiller, pour évincer ses
concurrents ou pour empêcher l'arrivée de nouveaux entrants.2

La position dominante d'une entreprise peut résulter de droits accordés par la puissance
publique ou bien d'une position acquise par les mérites propres (stratégie commerciale,
investissements).En tant que telle, la position dominante ne constitue pas une infraction au
droit de la concurrence.3

Abus de : profiter excessivement de la situation de domination, en particulier en lésant les


consommateurs. L'entreprise qui abuse de sa position dominante peut élaborer sa stratégie
commerciale en faisant abstraction, dans une certaine mesure, de la pression exercée par ses
concurrents.

L’abus de position dominante est une pratique commerciale interdite par le droit de la
concurrence. Elle consiste à utiliser sa position dominante pour entraver le jeu de la
concurrence, en recourant à des pratiques abusives comme le refus de vente, les conditions de
vente discriminatoires, le dumping…


1
Revue de droit Les différentes menaces à la libre concurrence Maissae Boussaouf : Professeur à la
faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Souissi 2020
2
https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/competence-contentieuse
3
Abus position dominante ; Aix-Marseille, L. Auffant Oct. 2017
3

L’abus de position dominante a pour objet ou pour effet de nuire au libre jeu de la
concurrence. Elle peut viser par exemple à éliminer un concurrent ou à empêcher l’entrée de
nouveaux concurrents sur le marché.4

Une entreprise occupe une position dominante lorsqu’elle est en mesure d’agir
indépendamment de ses concurrents, clients, fournisseurs et, en définitive, du consommateur
final. Une entreprise en position dominante, détenant un tel pouvoir de marché, pourrait fixer
ses prix à un niveau supraconcurrentiel, vendre des produits de qualité inférieure ou ramener
son niveau d’innovation à un seuil inférieur à celui qui serait le sien sur un marché
concurrentiel. En droit européen de la concurrence, il n’est pas illégal de détenir une position
dominante, car celle-ci peut être obtenue par des moyens concurrentiels légitimes, par
exemple en concevant et en vendant un meilleur produit. En revanche, les règles de
concurrence n’autorisent pas les entreprises à abuser de leur position dominante (abus de
position dominante).5

En France, la notion d'« abus de position dominante » a été introduite dans le Droit français le
2 juillet 1963. Cet abus peut notamment consister en refus de vente, en ventes liées ou en
conditions de vente discriminatoires ainsi que dans la rupture de relations commerciales
établies, au seul motif que le partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales
injustifiées.

D’ailleurs une pratique anticoncurrentielle est une pratique contraire à la concurrence, un


comportement qui ne laisse pas place à la concurrence. La règle de droit en condamnant les
pratiques anticoncurrentielles, sanctionne les comportements d’entreprise qui font obstacle au
libre fonctionnement de la concurrence, et qui ont pour objet ou pour effet « d’empêcher, de
restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence » sur un marché.6

L'abus de position dominante est une infraction prévue par le droit de la concurrence pour
sanctionner une entreprise, en situation de domination à cause de son pouvoir de marché, qui
profite de sa position pour s'émanciper des conditions que devrait lui imposer le marché. Le
comportement d'une entreprise peut être sanctionné pour abus de position dominante sur le
fondement de la loi 104-12.


4
https://www.justifit.fr/b/guides/abus-de-position-dominante/
5
Direction générale de la concurrence, Glossaire des termes employés dans le domaine de la politique de
concurrence, Bruxelles Juillet 2002
6
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Abus-de-position-
dominante
4

Déjà loi Marocaine, dans l’article 7 de la loi 104-12 précise implicitement que l’exploitation
de la position dominante ou de situation de dépendance économique reste un comportement
normal et licite dans le cadre de la concurrence. En effet seul l’abus en est interdit quand son
objet ou son effet se répercute négativement sur le jeu de cette dernière.7

A cet égard, le caractère rationnel de la loi ne fait pas de doute. Il est sûrement légitime
qu’une entreprise s’efforce dans le cadre de la libre concurrence de tirer profit de sa
domination, de sa maîtrise du marché ou du secteur. Mais si une telle attitude correspond à un
abus, elle devient étrangère à la concurrence, et elle tend plutôt à l’éliminer. En conséquence,
elle tombe dans le domaine de la prohibition légale.

Toutefois, la concurrence pure est parfaite n’est pas réellement l’objectif à atteindre par
l’ensemble des législations mondiales, cependant l’objectif visé est la concurrence effective,
qui doit se concevoir comme un moyen parmi d’autre permettant à parvenir à l’efficacité
économique. Par conséquent la libre concurrence ne signifie pas laisser faire absolu, il est
indispensable d’encadrer le marché lorsque celui-ci ne s’autorégule pas en mettant en place
les conditions à son bon fonctionnement.8

C’est précisément l’intérêt de notre sujet, qui tant à présenter une vision du cadre général de
la position abusive en droit Marocain. Notre étude se rapporte plus spécifiquement d’une part
à la position dominante et son exploitation et en d’autre part l’abus de cette position et ses
sanctions.

Or ; la problématique qui se pose avec force est comment se détermine l’abus de position
dominante ?et quelles sont les sanctions applicable ?

Pour répondre à cette problématique ; on a choisi de diviser notre plan en deux parties dans
chacune se subdivise en deux chapitres, la première partie a pour objet de donner un aperçu
sur la détermination et l’exploitation abusive de position, avant de se pencher dans la
deuxième partie pour déterminer l’encadrement processuel de l’abus de position dominante.


7
Mohamed Drissi Alami Machichi ; concurrence : droits et obligations des entreprises au Maroc ;
Casa.A.Retnami ; publié : 2004 ; Page : 94.
8
Emmanuel Farhi, Nicolas Lambret ; Les entreprises face à la politique européenne de la concurrence ;
Mémoire de fin d’étude à l’école des Mines de Paris ; publié : 2005 ; Page : 10.

5

Partie 1 : La détermination et l’exploitation abusive
de la position dominante.
La position dominante, sur un marché donné, caractérise une situation dans laquelle l'une des
entreprises qui alimentent le marché détient une part de ce marché largement supérieure à
celle des autres entreprises.

Une telle structure de marché n'est pas automatiquement susceptible de fausser le jeu de la
concurrence, mais le risque existe que l'entreprise utilise sa position dominante comme un
levier pour réduire la force et le pouvoir de ses concurrents. Il y a dans ce cas abus de
position dominante.9

Chapitre 1 : La détermination de l’abus dominante.


Pour saisir les contours de cette pratique anticoncurrentielle, il convient d’abord d’analyser
la notion de cette position dominante (section1) et par la suite d’apprécier le caractère abusif
de la position dominante (section2).

Section 1 : Notion de la position dominante.


Afin de bien analyser cette position de puissance économique détenue par une entreprise sur
le marché, il convient d’abord de donner une définition précise et concrète de cette position
(paragraphe1) ainsi de la caractériser en mettent l’accent sur les principaux critères
déterminant de cette position sur le marché (paragraphe2)

Paragraphe 1 : Définition de la position dominante.

La notion de position dominante n'est pas définie par les textes. Cependant, la jurisprudence a
consacré une définition élaborée : « la position dominante concerne une position de puissance
économique détenue par une entreprise qui lui donne le pouvoir de faire obstacle au maintien
d'une concurrence effective sur le marché en cause, en lui fournissant la possibilité de
comportements indépendants dans une mesure appréciable vis à vis de ses concurrents, de ses
clients et, finalement, des consommateurs ».10


9
Les ECHOS – position dominante.
10
Fiche pratique -l’abus de la position dominante
6

On peut dire que la position dominante est une position de force économique qui permet à
l’entreprise qui en bénéficie d’empêcher le maintien d’une concurrence effective sur le
marché en cause, en lui conférant le pouvoir de se comporter de manière appréciablement
indépendante de ses concurrents et, finalement, des consommateurs.11
Le droit interne comme le droit communautaire reconnaissent l’existence des positions
dominantes individuelles (occupées par « une entreprise ») et des positions, dominantes
collectives (occupées par « plusieurs entreprises », qu’elles soient réunies en un « groupe » ou
autrement contractuellement liées entre elles)12.
Dans les deux droits, avoir une position dominante suppose d’une part, de jouir d’une
indépendance de comportement sur le marché de référence et, d’autre part, de pouvoir influer
sur le libre jeu de la concurrence qui doit s’y exercer.
Paragraphe 2 : La caractérisation de la position dominante.
Pour déterminer si une entreprise est en position dominante, le conseil recourt à un faisceau
de critères : parts de marché, niveaux des prix ou des marges, nature des relations avec les
clients, barrières à l’entrée…13
La position dominante d’une entreprise peut résulter de privilèges de fait ou de droit accordés
par la puissance publique ou bien d’une position acquise par les mérites propres, par exemple
au travers d’une stratégie commerciale ou d’investissements particulièrement pertinents. En
tant que telle, la position dominante ne constitue en rien une infraction au droit de la
concurrence. En revanche, une entreprise en position dominante a des responsabilités
particulières et ne doit pas abuser de sa position.
On peut dire qu’une entreprise occupe une position dominante lorsqu’elle est en mesure d’agir
indépendamment de ses concurrents, clients, fournisseurs et, en définitive, du consommateur
final. Une entreprise en position dominante, détenant un tel pouvoir de marché, pourrait fixer
ses prix à un niveau supra-concurrentiel, vendre des produits de qualité inférieure ou ramener
son niveau d’innovation à un seuil inférieur à celui qui serait le sien sur un marché
concurrentiel.

Une entreprise est dite « dominante » lorsqu’elle détient une part substantielle d’un marché
donné, et que cette part est nettement plus importante que celle de son concurrent le plus


11
https://www.concurrences.com/fr/dictionnaire/position-dominante-86012
12
En ce sens, par ex. : CJCE, 14 février 1978, United Brands, aff. 27-76, Rec., p. 207 ».
13
Communication de la commission des communautés européenne du 9 février 2009 relative aux
orientations sur les priorités dans l'application de l'article 82 du traité CE
7

sérieux. On considère généralement qu’une entreprise est dominante lorsqu’elle détient une
part de marché de 40 pour cent ou plus.

De ce qui précède on peut dire que le premier critère utilisé pour mesurer la position
dominante est la part de marché détenue par l'entreprise. Toutefois ce critère de structure doit
être complété par des critères de comportements. Parmi ces derniers, la jurisprudence accorde
une importance particulière à l'indépendance de comportement de la firme dominante, c'est-à-
dire à sa capacité à prendre des décisions (de prix, de production) d'une façon indépendante
par rapport à ses concurrents, ses clients et ses fournisseurs. Un autre critère utilisé est celui
de dépendance économique, qui met en évidence le degré de dépendance dans lequel se
trouvent, sur le marché donné, les clients de l'entreprise supposée dominante.14

Section 2 : La qualification de l’abus de la position dominante.

Une position dominante n’est pas en elle-même répréhensible. Seul est interdit l’abus de
position dominante, c’est-à-dire l’exploitation d’une position dominante attentatoire au bon
fonctionnement du marché.

En principe, si une entreprise exploite sa position dominante « pour éliminer la concurrence »,


elle est « réputée avoir abusé de cette position »

Pour éliminer leurs concurrents, certaines entreprises recourent à l'abus de position


dominante. Cette pratique est pourtant sanctionnée par la loi.

Afin de bien saisir le point du caractère abusif de la position dominante, on va d’abord essayer
de déterminer les contours de la notion de l’abus (paragraphe1) et établir par la suite le lien
entre l’abus et la position dominante (paragraphe2)

Paragraphe 1 : La détermination de l’abus.

Il faut signaler que l'abus, dans ce sens, se caractérise par :

• Un acte illicite en lui-même comme un refus de vente, des conditions de vente


discriminatoires, etc. ;


14
https://www.brief.eco/a/2019/03/20/on-fait-le-point/abus-de-position-dominante/

8

• ou par un acte licite, qui n'est abusif que parce que l'entreprise est en situation
dominante, lorsque le but de l'acte est l'élimination des concurrents, par exemple des prix
prédateurs, très bas, ou des remises fidélisantes, etc.15

Ainsi, Il faut démontrer que de cet abus résulte une atteinte sensible à la concurrence :
élimination d'un concurrent ou fermeture du marché à tout nouveau concurrent. Un lien de
causalité doit être démontré.

Aux termes de l’article 7 de la loi 104-12on peut dire que l’'abus peut notamment consister en
refus de vente, en ventes liées ou en conditions de vente discriminatoires ainsi que dans la
rupture de relations commerciales établies, au seul motif que le partenaire refuse de se
soumettre à des conditions commerciales injustifiées. Il peut consister également à imposer
directement ou indirectement un caractère minimal au prix de revente d'un produit ou d'un
bien, au prix d'une prestation de services ou à une marge commerciale.

L'abus peut consister aussi en offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs
abusivement bas par rapport aux coûts de production, de transformation et de
commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet d'éliminer un marché, ou d'empêcher d'accéder à un marché, une entreprise ou l'un de ses
produits.16

Il se dégage deux grandes catégories d’abus en la matière, à partir des illustrations qui en sont
données par les textes législatifs : les abus de comportement et les abus de structure.

Ø Les abus de comportement :


Il y a abus de comportement lorsque le titulaire de la position dominante exploite cette
position, à l’égard de ses partenaires commerciaux, en accomplissant des actes portant
atteinte au libre jeu de la concurrence. Exemples : refus injustifiés de vente ; ventes
liées (ventes subordonnées à telle obligation comme celle d’acheter un autre produit) ;
rupture abusive de relations commerciales établies ; conditions de vente
discriminatoires (conditions commerciales injustifiées,...) ; pratique de prix
excessivement élevés,....
Ø Les abus de structure :


15
https://defense-du-consommateur.ooreka.fr/astuce/voir/440293/abus-de-position-dominante
16
Article7 de Loi No 104-12sur la liberté des prix et de la concurrence
9

Il y a abus de structure lorsque le titulaire de la position dominante exploite cette dernière en
consolidant sa position sur le marché de manière à évincer les concurrents et ce, autrement
que par le fonctionnement normal du commerce. Exemples : pratique des prix prédateurs par
laquelle l’entreprise en position dominante baisse ses prix au point que ses concurrents ne
17
peuvent s’aligner et sont obligés de disparaître ; réseaux d’approvisionnement exclusif
créant des barrières à l’entrée sur le marché.

Paragraphe 2 : Le lien entre l’abus et la position dominante.

Pour qu’une pratique caractérise un abus de position dominante, le Conseil de la concurrence


requiert à la fois qu’elle soit anticoncurrentielle et abusive, il exige l’existence d’un lien de
causalité entre la position dominante et l’abus, qui doit en outre produire un effet sensible : en
l’absence d’effet sensible ayant affecté le marché, des pratiques susceptibles d’entraver la
concurrence ne sauraient être qualifiées d’abusives.

Par ailleurs, pour être sanctionné, il n’est pas nécessaire que l’abus soit commis sur le même
marché que celui sur lequel l’entreprise détient une position dominante, sous réserve que soit
établi, d’une part, un lien de connexité suffisant entre le marché dominé et le marché sur
lequel est commis l’abus et, d’autre part, un lien de causalité entre la domination et l’abus.

De ce qui précède on peut dire que l'abus de position dominante se caractérise par le fait
qu'une entreprise exploite abusivement sa position de domination sur un marché pour imposer
des conditions à un client ou fournisseur. L'abus de position dominante peut notamment
prendre la forme d'un refus de vente ou de conditions commerciales discriminatoires. En cas
de recours, le juge doit caractériser la position de domination et le caractère abusif des
conditions proposées.
A titre d'exemple Google a été condamne fin 2019 pour abus de position dominante sur le
marché de la publicité liée aux recherches (SEA) en prenant en compte le fait que sa part de
marché des recherches était de plus de 90 % et que son refus d'accepter les campagnes d'un
annonceur illustrait le fait que "les annonceurs étaient exposés à des Règles particulièrement


17
Marie-Anne Frison-Roche, Marie-Stéphane Payet, Droit de la concurrence, éd. Dalloz, coll. Précis droit
privé, 2006, no 261, p. 229 : « La stratégie de prix prédateurs repose sur un pari supplémentaire de
l’entreprise dominante. Elle baisse très fortement ses prix, réalisant momentanément des pertes, de
manière à éliminer un concurrent ou à l’empêcher d’accéder au marché ; il lui sera ensuite possible de
récupérer ses pertes, en raison de sa situation acquise sur le marché ».
10

opaques dont l’application était imprévisible et inéquitable". Google avait pris cette décision
pour protéger ses utilisateurs d'un annonceur aux pratiques jugées par lui comme douteuses.

Chapitre 2 : Exploitation abusive d’une position


dominante.
Une position dominante n’est pas en elle-même répréhensible. Seul est interdit l’abus
de position dominante, c’est-à-dire l’exploitation d’une position dominante attentatoire au bon
fonctionnement du marché.

De même, la loi marocaine sur la concurrence réglemente l'abus de position dominante.


Conformément aux normes internationales, elle n'interdit pas à une entité d'obtenir une
position dominante ; elle interdit uniquement l'abus d'une telle position sur le marché
marocain18. Autrement dit, elle interdit des pratiques abusives susceptibles de constituer un
abus de la position dominante.

L’abus de position dominante va au-delà des pratiques concurrentielles acceptées par les
autorités, puisqu’elle fausse le jeu de la concurrence et va à l’encontre du principe de
la concurrence parfaite.

Il faut savoir que chaque pays et juridiction définissent l’abus de position dominante
différemment. En conséquent, une pratique qui est considérée comme un abus de position
dominante au Maroc ne le sera pas forcément dans d’autres pays19. A ce fait, on va traiter
dans une première section les pratiques abusives de l’abus de la position dominante en droit
marocain, et comme une seconde section ces pratiques en droit communautaire.

Section 1 : Pratiques abusives de l’abus de la position dominante


en droit Marocain.
Les éléments de la notion d’exploitation abusive figurent dans les deux derniers
alinéas de l’article 7 et ont trait à la clarification du contenu de l’abus. Celui-ci peut
notamment consister en :


18
https://www.oecd-ilibrary.org/sites/9789264302693-9- https://www.oecd-
ilibrary.org/sites/9789264302693-9-fr/index.html?itemId=/content/component/9789264302693-9-fr
19
https://debitoor.fr/termes-comptables/abus-de-position- dominante
11

1. Le refus de vente20 est le fait de refuser la vente d’un produit ou la prestation d’un
service à un professionnel ou un consommateur. Cela constitue une infraction qui est
sanctionnée pénalement. Le professionnel peut déroger au principe s’il a un « motif
légitime (comportement insultant du consommateur, etc.) ».

Cependant, La jurisprudence a permis de dégager quelques catégories de motifs légitimes :

• La demande anormale : par exemple lorsqu’un consommateur demande une quantité


démesurée de vente ;
• L’indisponibilité ou rupture de stock : le refus de vente ne peut être admis que si le
professionnel ne propose pas à la vente un bien demandé expressément par un
consommateur,
• De plus il ne peut lui être reproché de ne pas se réapprovisionner ;
• Le comportement inapproprié du consommateur, sa mauvaise foi ;
• Le refus de certains moyens de paiement : le professionnel n’est pas tenu d’accepter
les paiements par chèque ou par carte bancaire dès lors qu’il en a averti le
consommateur au préalable ;
• Les interdictions légales : par exemple, il ne peut être reproché au professionnel de
refuser de vendre de l’alcool à un mineur ;

2. Les ventes liées ou subordonnées21 sont des ventes de produits ou de prestations de


services groupés qui concernent des produits ou services identiques, il s'agit alors de ventes
par lots, ou de produits et services différents, il s'agit alors de ventes jumelées.

• La vente par lots est une vente d'une série complémentaire de mêmes produits, ni la
vente de plusieurs unités de la même marchandise réunies sous un conditionnement
unique conformément aux pratiques commerciales instaurées dans l'intérêt des
consommateurs.
• Les ventes groupées proposées par les établissements de crédit ou de paiement sont
interdites, sauf lorsque les produits ou prestations de services inclus dans l'offre
groupée peuvent être achetés individuellement ou lorsqu'ils sont indissociables

3. Ventes discriminatoires22 est le fait de pratiquer à l'égard d'un partenaire économique ou


d'obtenir de lui des prix, des délais de paiement, des conditions de vente ou des modalités de


20
https://www.dalloz.fr/documentation/Document6
21
https://www.dalloz.fr/documentation/Document6
12

vente ou d'achat discriminatoires et non justifiés par des contreparties réelles en créant, de ce
fait, pour ce partenaire, un désavantage ou un avantage dans la concurrence.

4. Ainsi que dans la rupture de relation commerciales établies, au seul motif que le
partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées. C-à-d d'obtenir
ou tenter d'obtenir sous la menace d'une rupture brutale totale ou partielle des relations
commerciales, des conditions manifestement abusives concernant les prix, les délais de
paiement, les modalités de vente ou les services ne relevant pas des obligations d’achat et de
vente23.

Il peut consister également à imposer directement ou indirectement un caractère minimal au


prix de revente d’un produit ou d’un bien, au prix d’une prestation de service ou à une marge
commerciale.

L’abus peut consister aussi en offres de prix ou pratique de prix de vente aux consommateurs
abusivement bas par rapport aux coûts de production, de transformation et de
commercialisation, dès lors que ces offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour
effet d’éliminer d’un marché ou d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de
ses produits.

De manière générale, les prescriptions de l’article 7 retiennent comme illustrations ou


applications de l’abus le refus de vente, la soumission de la vente à des conditions illégales ou
non professionnelles, le fait d’imposer un prix minimal de revente, de pratiquer des prix et des
conditions discriminatoires ou injustifiées de vente, le refus de vente, et plus généralement la
rupture de relations étables au seul motif que les partenaires refuse de se soumettre à des
conditions commerciales que ni la valeur du bien ni la qualité du service ni aucune autre
circonstance objective ne justifient.

Section 2 : Pratiques abusives de l’abus de la position dominante


en droit communautaire.
L'abus de position dominante ou l’exploitation abusive de position dominante est une
pratique prohibée par l'article L. 420-2 du Code de commerce. Cet article énumère des
pratiques susceptibles de constituer un abus de position dominante (le refus de vente, les
ventes liées, les conditions de vente discriminatoires ou la rupture des relations commerciales


22
arrêt du 29 janvier 2008 (Com., 29 janvier 2008, Bull. 2008, IV, n° 20, pourvoi n° 07-13.778)
23
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Rupture-des-
relations-commerciales
13

au motif que le partenaire refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées).
Cette liste n'est pas limitative.

Aux termes de l'article 102 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE).
La Commission européenne a par ailleurs publié un guide de mise en œuvre de cet article :

Est incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre
États membres est susceptible d'en être affecté, le fait pour une ou plusieurs entreprises
d'exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché commun ou dans une partie
substantielle de celui-ci.

Ces pratiques abusives peuvent notamment consister à :

a) imposer de façon directe ou indirecte des prix d'achat ou de vente ou d'autres


conditions de transaction non équitables

b) limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des


consommateurs

c) appliquer à l'égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des


prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence

d) subordonner la conclusion de contrats à l'acceptation, par les partenaires, de


prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux n'ont
pas de lien avec l'objet de ces contrats.

Aux termes de l'article L. 420-2 du Code de commerce : Est prohibée, dans les conditions
prévues à l'article L. 420-1, l'exploitation abusive par une entreprise ou un groupe
d'entreprises d'une position dominante sur le marché intérieur ou une partie substantielle de
celui-ci. Ces abus peuvent notamment :

1. Rétention et utilisation d’informations ; « Dans la mesure où la communication de


ces informations par la société à ses concurrents éventuels était l'unique moyen
d'ouvrir ce marché, tout refus de sa part de les transmettre, fussent-elles couvertes par
le secret des affaires, aurait constitué une exploitation abusive de sa position
dominante »24.


24
Paris 12 octobre 2017 n°15/14038
14

2. L’affichage de prix prédateurs ; « La prédation est une pratique tarifaire consistant,
pour un opérateur dominant à vendre en dessous de ses coûts de production dans le but
d’éliminer ou d’affaiblir ou de discipliner ses concurrents »25.

3. Les prix discriminatoires ; Une « pratique de discrimination tarifaire non justifiée


par une différence objective de situation, appliquée par un opérateur en position
dominante, est de nature à renforcer ce dernier »26.

4. Le dénigrement « convenir de diffuser des propos qui sont de nature à induire un


doute ou une prévention non justifiée contre un produit concurrent, afin d'affaiblir sa
position sur un marché, constitue une pratique restrictive de concurrence par son objet
»27.

5. Les remises fidélisantes ; « Pour une entreprise se trouvant en position dominante sur
un marché, le fait de lier - fût-ce à leur demande - des acheteurs par une obligation ou
promesse de s’approvisionner pour la totalité ou pour une part considérable de leurs
besoins exclusivement auprès de ladite entreprise constitue (…) une exploitation
abusive d’une position dominante »28.

6. Les remises de couplages « le système de remise sur ventes liées adopté par les
laboratoires X, incitant les acheteurs à privilégier l'offre de leurs spécialités en
concurrence, était de nature à fausser de manière sensible la concurrence sur les
marchés de produits en cause et à limiter l'accès à ces marchés »29.
7. Toutes les pratiques visant l'éviction des concurrents. Les pratiques d’éviction ne
se résument pas à des pratiques d’abus. Par exemple, elles peuvent résulter d’une
entente horizontale, tel qu’un boycott collectif dont le but premier est d’empêcher
l’entrée d’un nouveau concurrent. Mais la plupart du temps, elles se manifestent sous
la forme d’un abus de position dominante, dont elles constituent un cas particulier, aux
côtés des abus de discrimination et d’exploitation30.

L'application de l'article L. 420-2, premier alinéa, du Code de commerce, relatif aux abus de
position dominante, de même que celle de l’article 102 du TFUE, se décompose en trois
étapes. Il convient, dans un premier temps, de délimiter le marché pertinent sur lequel


25
ADLC n°04-D-17 § 66
26
ADLC n°14-D-05 § 244
27
Paris 26 mars 2015 n°2014/03330
28
Paris 9 nov. 2004 RG n°2004/08960
29
Cass. Com. 28 juin 2005 n°04-13.910
30
Emmanuel Combe (Vice-Président, Autorité de la concurrence)
15

l'entreprise ou le groupe d'entreprises en cause opère. Dans un deuxième temps, il incombe de
déterminer la position que cette (ou ces) dernière(s) occupe(nt) sur ce marché, puis dans un
troisième temps, si la position dominante est caractérisée, d'examiner les pratiques en cause
en vue de déterminer si elles présentent un caractère abusif ou non31.


31
https://www.legavox.fr/blog/maitre-anthony-bem/abus-position-dominante-exploit%20%20ation-
abusive-5321.ht

16

Partie 2 : Encadrement processuel de l’abus de
position dominante.

Chapitre 1 : la réparation des préjudices causés par


l’abus de position dominante
D’après l’analyse des articles 6 et 7 de la loi 104-12, il est clair que l’abus de position
dominante constitue l’une des violations les plus dommageables du droit de la concurrence.
Sans nul doute, la perturbation du libre jeu de la concurrence provoque sûrement des
dommages aux entreprises.

Les préjudices résultant des pratiques interdites s’expriment généralement par la perte de la
clientèle détournée par les auteurs, ce qui peut engendrer une baisse du chiffre d’affaires
représentant le pourcentage de la clientèle. On constate alors que l’entreprise victime souffre
d’une diminution de son chiffre d’affaires ainsi que d’un fléchissement de ses ventes et de
l’évaluation négative de son activité, ce qui en général se traduit par son élimination du
marché32.

En matière de pratiques anticoncurrentielles, la difficulté tient à ce qu’il faut arriver à


dissocier le préjudice réparable du jeu normal de la concurrence ou des conséquences de la
mauvaise santé financière ou commerciale de l’entreprise victime.

Le droit de la concurrence use parfois des modes de raisonnement classiques du droit


commun de la responsabilité civile. Il en va ainsi de la perte d’une chance de conquérir une
nouvelle clientèle qui pourra être réparée ou d’un préjudice purement éventuel tel que
l’augmentation de la valeur de l’entreprise en l’absence de pratique anticoncurrentielle et la
possibilité de la revendre à un prix élevé33.

En effet, « la permanence du préjudice concurrentiel impose parfois de tenir compte non


seulement des conséquences passées et présentes, mais encore des éventuelles répercussions


32
https://www.actu-juridique.fr/affaires/droit-economique/concurrence-deloyale-levaluation-du-
prejudice-resultant-de-pratiques-commerciales-trompeuses/
33
S. Poillot-Peruzzetto, Le juge de droit commun, juge de la concurrence : réalité des obstacles et
adéquation des pouvoirs - Présentation générale, in Les entreprises face au nouveau droit des pratiques
anticoncurrentielles : le règlement n° 1/2003 modifie-t-il les stratégies contentieuses ?, L. Idot et C. Prieto
(dir.),
Bruylant, collection Droit de l’Union européenne, 2006, p. 103, spéc. n° 33
17

dans le futur, à condition cependant de prouver qu’elles sont la conséquence de la situation
actuelle34.

Section 1 : Les conditions de réparation du dommage


anticoncurrentielle.
Paragraphe 1 : les conditions de réparation du dommage anticoncurrentiel.
Caractériser un abus de position dominante ainsi que mesurer ses conséquences sur le marché
représente une première difficulté pour la victime si elle est tenue de prouver l’existence des
trois éléments nécessaires pour fonder une action en réparation, à savoir une faute, un
préjudice et un lien de causalité entre la faute et le préjudice 35(Le régime de réparation du
dommage anticoncurrentiel demeure très proche de celui de la responsabilité civile).

A- La faute
Au sens du droit de la concurrence, il ne suffit pas que l’acte soit illicéité (c’est-à-dire qui
porte atteinte à la concurrence), mais il doit aussi être complété par un autre élément qui est
l’imputabilité (c’est-à-dire la conscience ou le consentement des parties à participer à l ‘acte
anticoncurrentiel illicéité).36 C’est l’atteinte à la concurrence qui est prise en considération,
alors que toute faute qui ne dépasse pas le seuil de sensibilité ou ne remplissant pas les
conditions des articles 6 et 7, n’est pas sanctionnée.

La définition de la faute laisse la place à des comportements anticoncurrentiels qui ne peuvent


pas être sanctionnés, lorsqu’ils sont insuffisamment sensibles sur le marché ou qui ne portent
pas atteinte au bon fonctionnement du marché. L’acte devient donc, licéité et légitime
puisqu’il ne porte qu’une atteinte insignifiante à la concurrence.

Alors, si l’acte anticoncurrentiel illicéité ne peut pas être poursuivi parce qu’il ne remplit pas
toutes les conditions exigées par le droit de la concurrence, le droit de la responsabilité civil
est susceptible de prendre le relais.

Le recours à la responsabilité civile pour réparer le dommage anticoncurrentiel paraît


nécessaire, surtout que la loi 104-12 n’interdit pas ce recours.


34
B. Charlier Bonatti, préc
35
https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-pratiques/Abus-de-position-
dominante
36
Marie Stephane PAYET, op.cit., p.377p.349.
18

De plus l’article 10 de la loi 104-12 prévoit que : tout engagement, convention ou clause
contractuelle se rapportant à une pratique prohibée en application des articles 6 et 7 est nul de
plein droit.

B- Lien de causalité entre l’acte anticoncurrentiel illicéité et le dommage.


Les pratiques anticoncurrentielles ne peuvent être sanctionnées, même en cas du dommage
anticoncurrentiel, que si le lien de causalité remplit les conditions édictées par la loi 104-12.
Ainsi, l’abus de position dominante ne peut être constitué que s’il n y’a un lien de causalité
entre le pouvoir de domination de l’entreprise et l’abus qui lui est importé.

L’abus de position dominante ne peut, donc être critiqué voire même sanctionné, que
lorsqu’il est nocif au marché.

Le principe en la matière est qu’il appartient à celui qui invoque un fait d’en apporter la
preuve. Pour ce faire, les parties ne peuvent pas se contenter d’apporter la preuve de la chute
de leur chiffre d’affaires puisque [leur] évolution peut être due à des facteurs conjoncturels
qui n’ont rien à voir avec la pratique anticoncurrentielle »37.

Paragraphe 2 : Les parties à l’action en réparation.

A- Les auteurs du dommage anticoncurrentiel.


1- L’auteur individuel

Il s’agit d’une entreprise en abus de position dominante, ou toute personne physique ou


morale à partir du moment où cette dite personne commence à exercer une activité
économique, c'est la raison pour laquelle les sociétés, les groupements d'intérêt économique et
les associations peuvent être impliquées, condition faite pour ces derniers si elles possèdent la
personnalité morale et si elles exercent une activité économique.

Pour ce qui est des personnes physiques, il s'agira, bien évidemment, de celles qui exploitent
une entreprise organisée tout en se livrant en même temps à une activité économique.

2- Les coauteurs :


37
D. Fasquelle, art : « la réparation des dommages causés par les pratiques anticoncurrentielles », RTD
com.51 (4) oct-déc. 1998,p. 781
19

La loi 104-12 n'a pas négligé le cas des coauteurs, surtout lorsqu'il s'agit d'une entreprise en
situation de position dominante collective et qui vont participer à la production du dommage
anticoncurrentiel.

Dans l'article 75, la loi 104-12 sanctionne par "... un emprisonnement de deux mois à un an, et
d'une amende de 10.000 à 500.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement toute
personne physique qui, frauduleusement ou en connaissance de cause, aura pris une part
personnelle et déterminante dans la conception, l'organisation, la mise en œuvre ou le contrôle
de pratiques visés aux articles 6 et 7 de la présente loi“.

Dans cette hypothèse, on ne peut pas identifier l’auteur individuel du dommage


anticoncurrentiel, mais dès qu'on arrive à la faire les autres ne peuvent pas être poursuivis ils
cessent d’être responsables.

B- Les victimes de l’abus de position dominante.


1- Victime d’un dommage collectif.

Le dommage collectif est celui qui touche l'intérêt général et subi par puiseurs consommateurs
ou par l'ensemble de la profession. Il est causé par une ou plusieurs entreprises en situation
d'entente ou d'abus de position dominante.
Dans le cas de ce dommage, le demandeur sera soit une association de consommateurs soit
une association professionnelle.

2- Victime d’un dommage individuel.

Le dommage individuel est celui causé par le même professionnel, reposant sur une origine
commune, subi par une ou plusieurs entreprises ou par des consommateurs pris
individuellement.

Aux sens de l’article 106 les associations de consommateurs n'ont pas le droit d'agir pour
défendre le dommage subi par tel ou tel consommateur pris individuellement.

De plus, les associations professionnelles ne peuvent agir que si elles subissent un dommage
personnel indépendamment du préjudice subi par les entreprises prises individuellement.

Devant une situation pareille, les victimes d’un dommage individuel peuvent toujours saisir le
juge civil même si ceci présente d'énormes difficultés.
20

Après avoir constaté l’existence du dommage concurrentiel et d’observer les autres conditions
nécessaires pour la mise en œuvre de la réparation, le juge compétant et après la saisi de la
victime qui opte pour l’une des modes de réparation possibles, est mené à évaluer l’ampleur
du dommage à réparer.

Section 2 : Les modalités de réparation du dommage


anticoncurrentiel.

Paragraphe 1 : Le choix de la réparation.

Il existe deux modes de réparation : la réparation en nature qui est la moins pratiquée, mais
qui est la plus parfaite, et la réparation pécuniaire. Le choix de l’un ou l’autre mode est fondé
sur un principe du libre-choix

Le juge est souverain pour choisir le mode de réparation le plus opportun. Les juges
apprécient l’opportunité du mode de réparation en fonction principalement de l’intérêt de la
victime. Ils sont en principe libres du mode de réparation. Différence très importante entre la
réparation et l’exécution d’un contrat. L’exécution du contrat en nature demandée par le
créancier est de droit.

• En cas de réparation en nature : la Cour de cassation exerce un contrôle de


l’adéquation du mode de réparation au dommage subi par la victime. Si la victime
demande une réparation en nature, le juge doit vérifier que la réparation demandée est
réellement apte à réparer son dommage.
• En matière délictuelle, lorsque le créancier réclame la destruction de ce qui a été fait
en contravention à une obligation de ne pas faire, la jurisprudence considère que le
juge doit y faire droit. Cette mesure de destruction est une réparation en nature et ce
type de réparation est considéré comme obligatoire par le juge lorsque la victime la
sollicite. L’explication de cette jurisprudence tient au fait que cette réparation répare
le préjudice, mais fait cesser pour l’avenir l’activité illicite. Par conséquent, elle
s’assimile à une mesure d’exécution en nature en matière contractuelle.

21

• Lorsque la victime sollicite une réparation pécuniaire, le juge doit y faire droit alors
même que le responsable offrirait de réparer en nature le dommage38.

Paragraphe 2 : L’évaluation du dommage.

L’objectif pour les juges étant de combler dans le patrimoine de la victime le vide laissé par le
dommage sans procurer un enrichissement indu à cette dernière.

Cette règle d’équivalence quantitative39 est exprimée, en matière contractuelle, par l’article
1149 du Code civil, et si en matière délictuelle aucune disposition semblable n’existe, la
jurisprudence reprend souvent la formule suivante, « le propre de la responsabilité civile est
de rétablir, aussi exactement que possible, l’équilibre détruit par le dommage et de replacer la
victime dans la situation où elle se serait trouvée si l’acte dommageable n’avait pas eu lieu
»40 .

En matière de préjudice concurrentiel l’estimation de la perte subie et du gain manqué soulève


quelques difficultés tenant notamment à la prise en compte de la dynamique concurrentielle et
au principe de licéité du préjudice concurrentiel.

Ainsi, le juge va devoir chiffrer non seulement la perte éprouvée mais aussi la perturbation de
la capacité concurrentielle de la victime dans l’avenir41, tout en faisant le départ entre le
préjudice réparable et le préjudice qui ne l’est pas car il découle du jeu normal de la
concurrence.

Toutefois, dans cette quête le juge se voit reconnaître par la Cour de cassation une très grande
liberté. Ainsi, il n’est pas rare de rencontrer dans la jurisprudence de la Cour des formules
comme : « le juge justifie l’existence du dommage par la seule évaluation qu’il en fait sans
être tenu de préciser les éléments ayant servi à en déterminer le montant »42 ou encore « la


38
Un arrêt de la Cour de cassation de la 3e chambrvile du 28 septembre 2005
39
V. M.-E. ROUJOU de BOUBEE, « Essai sur la notion de réparation », thèse, op. cit, p. 297 et s..
40
V. Cass. civ. 2, 7 décembre 1978, Bull. civ., II, n° 269, p. 207 ; Cass. com., 2 novembre 1993, Bull. civ., IV,
n° 380, p. 276.
41
V. C.A. Douai, 1er juillet 1996, P.I.B.D., 1997, III, 129, « Les agissements déloyaux ont déstabilisé S. et ont
diminué sa capacité de concurrence dans des proportions notables ».
42
V. Cass. com., 24 juin 1986, Bull. civ., IV, n° 143.
22

Cour d’appel a souverainement justifié tant l’existence que l’importance du préjudice de la
société B.A.T. par l’évaluation qu’elle en a fait »43 .

Chapitre 2 : Le régime répressif de l’abus de position


dominante.
Les organes, que ce soit institutionnels ou juridictionnels, n’ont pas seulement un
pouvoir de contrôle mais aussi de décision. Ce pouvoir décisionnel s’exprime, sur le plan de
la pratique, par l’application des sanctions à toute entreprise exerçant une pratique
anticoncurrentielle, particulièrement, se trouvant dans une situation abusive de sa position
dominante. Dans ce contexte, il est nécessaire de déterminer les sanctions applicables et les
procédures alternatives à ces sanctions (Section 1) ainsi que les cas d’exemption de l’abus de
position dominante (Section 2).

Section 1 : Les sanctions et ses procédures alternatives applicables


à l’abus de position dominante.
Généralement, les pratiques anticoncurrentielles sont sanctionnées sous le régime
répressif de la loi 104-12, notamment les sanctions applicables à l’abus de position dominante
(Paragraphe 1). Cependant, il existe d’un autre côté, des procédures alternatives aux sanctions
(Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Les sanctions applicable à l’abus de position dominante.

L’abus de position de dominante est une infraction prévue par l’art 7 de la loi 104-12
et dont les sanctions sont prévues par la même loi. En effet, la nature des sanctions à
l’encontre de cette infraction se varient selon qu’elles sont prononcées par le CC (A) ou par
les juridictions compétentes (B).

A. Les sanctions prononcées par le conseil de la concurrence.

Dans le cadre de son pourvoir sanctionnatrice, le CC peut prononcer des sanctions


administratives (A) et des sanctions pécuniaires (B).

1. Les sanctions administratives.


43
V. Cass. com., 10 juin 1986, pourvoi n° 87 1668, Juridisc. lamy cass
23

En vertu de l’art 24 de la loi 104-12, le conseil de la concurrence examine si les pratiques
dont il est saisi constituent des violations des dispositions de l’art 7 et prononce, le cas
échéant, les mesures conservatoires, les astreintes, les injonctions et les sanctions prévues par
la loi 104-12.

a. Les mesures conservatoires44 : après avoir entendu les parties en cause et le


commissaire du gouvernement, le conseil de la concurrence peut ordonner les mesures
conservatoires qui lui sont demandées ou celles qui lui apparaissent nécessaires. Cette
demande peut être présentée à tout moment de la procédure et doit être motivée.
Pour que ces mesures puissent intervenir, il faut que l’abus de position dominante
dénoncée porte une atteinte grave et immédiate à l’économie du pays, à celle du
secteur intéressé, à l’intérêt des consommateurs ou à l’entreprise plaignante.
En fait, ces mesures peuvent comporter la suspension de l’abus de position dominante
concernée ainsi qu’une injonction aux parties de revenir à l’état antérieur qui doivent
rester strictement limitées à ce qui est nécessaire pour faire face à l’urgence.
Quant à la notification, ces mesures sont notifiées par lettre recommandée avec accusé
de réception ou par un huissier de justice à l'auteur de la demande et aux personnes
contre lesquelles la demande est dirigée.
b. Les astreintes45 : pour contraindre les entreprises à exécuter une décision les ayant
obligés à mettre fin à l’abus de position dominante, à exécuter une décision ayant
imposé des conditions particulières, à respecter une décision ayant rendu un
engagement obligatoire en vertu de l'article 36 ou à respecter les mesures
conservatoires, le conseil de la concurrence peut infliger aux intéressés des astreintes
dans la limite de 5 % du chiffre d’affaires journalier moyen hors taxes, par jour de
retard à compter de la date qu’il fixe. Ce chiffre d’affaires est calculé sur la base des
comptes de l’entreprise relatifs au dernier exercice clos à la date de la décision.
Pour les organismes qui n’ont pas d’activité déclinant un chiffre d’affaires l’astreinte
est fixée dans la limite de cinq mille (5.000) dirhams par jour de retard. L’astreinte est
liquidée par le conseil de la concurrence qui en fixe le montant définitif.
c. Les injonctions46 : Le conseil de la concurrence peut ordonner aux intéressés de
mettre fin à l’abus de position dominante dans un délai déterminé ou imposer des
conditions particulières.

44
Art 35 de la loi 104-12.
45
Art 40 de la loi 104-12.
46
Art 36 de la loi 104-12.
24

2. Les sanctions pécuniaires.

Aux termes de l’art 38 de la loi 104-12, si les mesures conservatoires, les injonctions ou
les engagements47 ne sont pas respectés, le conseil de la concurrence peut prononcer une
sanction pécuniaire.

Dans ce sens, En vertu de l’art 39 de la loi 104-12 : Le conseil de la concurrence peut


infliger une sanction pécuniaire applicable soit immédiatement, soit en cas d’inexécution ou
non-respect des mentions précitées.

Concernant la somme de ces sanctions, elle est proportionnée à la gravité des faits
reprochés, à l’importance du dommage causé à l'économie, à la situation de l’organisme ou de
l’entreprise sanctionné ou du groupe auquel l’entreprise appartient et à l’éventuelle réitération
de pratiques prohibées par le présent titre. C’est ainsi qu’elle est déterminée individuellement
pour chaque entreprise ou organisme sanctionné et de façon motivée pour chaque sanction.

Pour les personnes physiques, le montant maximum de la sanction est de quatre millions
(4.000.000) de DHs. Pour les entreprises n’ayant pas une activité à l’international, le montant
maximum de la sanction est de 10% du montant du chiffre d’affaires mondial ou national,
hors taxes le plus élevé réalisé au cours d'un des exercices clos depuis l’exercice précédant
celui au cours duquel les pratiques ont été mises en œuvre. Si les comptes de l’entreprise
concernée ont été consolidés ou combinés en vertu des textes applicables à sa forme sociale,
le chiffre d’affaires pris en compte est celui figurant dans les comptes consolidés ou combinés
de l’entreprise consolidante ou combinante.

En cas de récidive dans un délai de 5 années, le montant maximum de la sanction


pécuniaire applicable peut être porté au double.

Outre les sanctions administratives et pécuniaires, le conseil de la concurrence peut


ordonner la publication, la diffusion ou l’affichage de sa décision ou d’un extrait de celle-ci
selon les modalités qu'il précise. Il peut également ordonner l’insertion de la décision ou de
l’extrait de celle-ci dans le rapport établi sur les opérations de l’exercice par les gérants, le
conseil d’administration ou le directoire de l'entreprise. Les frais sont supportés par le
contrevenant.

B. Les sanctions prononcées par les juridictions compétentes de droit commun.


47
V.supra, paragraphe 2 : Les procédures alternatives aux sanctions de l’abus de position dominante,
pour les engagements.
25

1. Les sanctions pénales.

Aux termes de l’art 75 de la loi 104-12 : « Sera punie d'un emprisonnement de deux (2)
mois à un (1) an et d'une amende de dix mille (10.000) à cinq cent mille (500.000) dirhams
ou de l’une de ces deux peines seulement toute personne physique qui, frauduleusement ou
en connaissance de cause, aura pris une part personnelle et déterminante dans la
conception, l’organisation, la mise en œuvre ou le contrôle de pratiques visées aux articles
6 et 7 de la présente loi.

Le tribunal peut ordonner que sa décision soit publiée intégralement ou par extraits dans
les journaux qu’il désigne, aux frais du condamné. »

2. Les sanctions civiles.

L’art 10 de la loi 104-12 dispose que : « Tout engagement, convention ou clause


contractuelle se rapportant à une pratique pro0hibée en application des articles 6 et 7 ci-
dessus est nul de plein droit.
Cette nullité peut être invoquée par les parties et par les tiers ; elle ne peut être opposée aux
tiers par les parties ; elle est éventuellement constatée par les tribunaux compétents à qui
l’avis ou la décision du conseil de la concurrence, s'il en est intervenu un, doit être
communiqué ».

Il est à noter que, dans un cadre sanctionnatrice, il existe aussi des organes autres que le
CC et les juridictions du droit commun qui peuvent sanctionner les entreprises en situation
d’abus de position dominante, notamment l’ANRT, qui dans sa Décision
ANRT/CG/n°01/2020 du 17 janvier 2020 relative à des pratiques mises en œuvre dans le
secteur des télécommunications et plus spécifiquement dans la mise en œuvre des offres de
dégroupage par Itissalat Al-Maghrib à condamner IAM pour abus de position dominante suite
à une saisine de cette agence par Wana Corporate le 30 décembre 2016. La décision de
l’ANRT a été composée de 21 articles contenant une diversification des sanctions applicables
par le Directeur Général de l’ANRT. La somme totale des sanctions pécuniaires s’élève à 3
milliards et 300 millions de DHs qui doit être payer au profit de la Trésorerie Générale du
Royaume en vertu de l’art 20 de ladite décision.

Paragraphe 2 : Les procédures alternatives aux sanctions de l’abus de


position dominante.

26

La sanction n’est pas toujours le moyen le plus adapté pour restaurer la concurrence
sur le marché. L’efficacité des règles de la concurrence est assurée par le dialogue et la
négociation avec les autorités de la concurrence. Ce sont donc des procédures ou des solutions
alternatives aux sanctions qui peuvent être lourdes et au détriment de l’entreprise. Ces
procédures sont nées au début dans le droit anglo-saxon, sont adoptées par la suite par le droit
français et le droit européen. Le droit marocain consacrera plus tard ses procédures dans sa loi
sur la concurrence de 201448.

Les procédures alternatives de sanction regroupent :

A. La non-contestation des griefs49 : c’est lorsqu’un organisme ou une entreprise ne


conteste pas la réalité des griefs qui lui sont notifiés, le rapporteur général peut
proposer au CC, qui entend les parties et le commissaire du gouvernement sans
établissement préalable d’un rapport, de prononcer la sanction pécuniaire prévue à
l’art 39 de la loi 104-12 en tenant compte de l’absence de contestation. Dans ce cas, le
montant maximum de la sanction encourue est réduit de moitié.
B. Les engagements50 : le CC peut accepter des engagements proposés par les
entreprises ou organismes de nature à mettre un terme à ses préoccupations de
concurrence susceptibles de constituer un abus de position dominante et lorsque
l’entreprise ou l’organisme s’engage en outre à modifier son comportement pour
l’avenir, le rapporteur général peut proposer au conseil d’en tenir compte également
dans la fixation du montant de la sanction. Tel est le cas dans l’affaire des jetons de la
peinture en 2020 au Maroc qui dure depuis des vingtaines d’années, selon lequel les
opérateurs ont été appelés à proposer des engagements. Le 13 mars 2020, Driss
Guerraoui (Président du CC) s’était entretenu avec tous les opérateurs afin qu’ils
puissent présenter leur engagement et ainsi mettre fin à la pratique des jetons. Mais
cette décision n’a pas été favorable aux entreprises qui profitent de cette pratique, en
l’occurrence, Atlas et Colorado. Les industries doivent s’engager sur :
1. La suppression de la pratique des jetons de peinture de bâtiment ;
2. La détermination des prix de vente au public concernant le stock de peinture
contenant les jetons ;
3. Le suivi et le contrôle de la mise en œuvre des présents ;

48
L.Halmaoui, M.Bouasaouf, les différentes menaces à la libre concurrence, Revue de Droit Civil,
Economique et Comparé, Vol 1 no 1 2020, p : 62
49
Art 37 al.1 de la loi 104-12.
50
Art 36 al.2 et 37 al.2 de la loi 104-12.
27

4. Le suivi et l’évaluation de l’exécution effective des engagements.

Les opérateurs avaient jusqu’au lundi 21 juillet comme dernier délai, pour le dépôt desdits
engagements auprès du secrétariat général du CC. Le conseil a octroyé un délai de 6 mois
après cette date pour retirer du marché du marché tous les jetons, assainir le marché et mettre
fin à cette pratique51.

C. Les décisions de l’autorité gouvernementale compétente52 : L’autorité


gouvernementale compétente peut enjoindre aux personnes physiques ou morales de
mettre un terme à l’abus de position dominante dont elle sont les auteurs lorsque cette
pratique affecte un marché de dimension locale et sous réserve que le chiffre d’affaires
que chacune d’entre elles a réalisé au Maroc lors du dernier exercice clos ne dépasse
pas le montant fixé par voie réglementaire et que leurs chiffres d’affaires cumulés ne
dépassent pas le montant fixé par voie réglementaire .
L’autorité gouvernementale compétente peut également proposer aux personnes
concernées de transiger. Le montant de la transaction ne peut excéder 500 000 DHs ou
5 % du dernier chiffre d’affaires connu au Maroc si cette valeur est plus faible. Les
modalités de la transaction sont fixées par voie réglementaire.
A noter que, l’exécution dans les délais impartis des obligations résultant de
l’injonction et de l’acceptation de la transaction éteint toute action devant le CC pour
les mêmes faits. L’autorité gouvernementale compétente informe le CC des
transactions conclues.
Elle ne peut proposer de transaction ni imposer d’injonction lorsque les mêmes faits
ont, au préalable, fait l’objet d'une saisine du CC par une entreprise ou un organisme.
En cas de refus de transiger, l’autorité gouvernementale compétente saisit le CC. Elle
saisit également le CC en cas d’inexécution des injonctions ou des obligations
résultant de l'acceptation de la transaction.

Section 2 : Les exemptions de l’abus de position dominante.


Le mode d’exemption de l’abus de position dominante est relatif, selon les dispositions de
l’art 9 de la loi 104-12, au contexte dont lequel cette pratique a été réalisée. En effet, ledit art
prévoit qu’elles ne constituent pas un abus de position dominante :


51
L.Boumahrou, Jetons de peinture : le 21 juillet 2020 marquera-t-il la fin de cette pratique anti-
concurrentielle ?, date de publication le : 17 juillet 2020.
52
Art 43 de la loi 104-12.
28

1- « Les pratiques qui résultent de l’application d’un texte législatif ou d’un texte
réglementaire pris pour son application ;
2- Les pratiques dont les auteurs peuvent justifier qu’elles ont pour effet de contribuer
au progrès économique et/ou technique, y compris par la création ou le maintien
d’emplois, et qu'elles réservent aux utilisateurs une partie équitable du profit qui en
résulte, sans donner aux entreprises intéressées la possibilité d’éliminer la
concurrence pour une partie substantielle des biens, produits et services en cause.
Ces pratiques ne doivent imposer des restrictions à la concurrence que dans la
mesure où elles sont indispensables pour atteindre cet objectif de progrès. »
3- Aussi, certaines catégories d’accords ou certains accords, notamment lorsqu’ils ont
pour objet d'améliorer la gestion des petites ou moyennes entreprises ou la
commercialisation par les agriculteurs de leurs produits, peuvent être reconnus
comme satisfaisant aux conditions prévues au premier alinéa ci-dessus par
l’administration après avis conforme du conseil de la concurrence.

Encore plus, cet art se réfère à l’art 6 du décret n° 2-14-652 pour préciser les catégories
d’accords susceptibles d’être considérées comme une exception d’abus de position dominante et les
pièces jointes à fournir. Ainsi, il dispose que : « Les catégories d'accords et les accords visés au
2ème alinéa de l'article 9 de la loi précitée n° 104-12 peuvent être reconnus comme
satisfaisant aux conditions prévues au paragraphe 2 du 1" alinéa dudit article 9 par arrêté
du chef du gouvernement ou l'autorité gouvernementale déléguée par lui à cet effet, après
avis conforme du conseil de la concurrence.

Les accords présentés à l'administration, en application du 2ème alinéa de l'article 9


précité, sont accompagnés des informations suivantes :

1. l'identification détaillée des entreprises parties à l'accord ;

2. les objectifs fixés par l'accord ;

3. la délimitation du marché concerné par l'accord ;

4. les produits, biens ou services concernés ;

5. les produits, biens ou services substituables ;

6. les parts de marché détenues par chaque partie à l'accord (en volume et en chiffre
d'affaires) ;

29

7. l'impact sur la concurrence.

Si les entreprises estiment que certains des documents inclus dans ce dossier présentent un
caractère confidentiel, elles peuvent porter sur ce document la mention « secrets d'affaires
». Dans ce cas, le chef du gouvernement ou l'autorité gouvernementale déléguée par lui à
cet effet leur demande de lui indiquer les informations dont elle souhaite qu'il ne soit pas
fait mention dans son arrêté et dans l'avis du conseil de la concurrence. »

Finalement, le dernier al de l’art 9 de la loi 104-12 impose qu’ils ne sont également


pas soumis aux dispositions de l’art 7 ; les accords d’importance mineure qui ne restreignent
pas sensiblement le jeu de la concurrence, en particulier les accords entre petites ou moyennes
entreprises.

30

Le droit de la concurrence reste peu usité au Maroc. L’institution chargé de sa mise en
application et établie selon l’exigence de la législation, est inactive. Une assistance technique
considérable et des formations en analyse économique pour le personnel institutionnel de
réglementation, seront nécessaires pour en faire une autorité durable, œuvrant dans la
promotion de la concurrence et de la protection du consommateur. La législation marocaine
relative à la concurrence a besoin d’être précisée et clarifiée. Ces améliorations ne nécessitent
pas forcément une modification de la loi. Elle peut être faite par l’adoption de décrets
d’application qui viendraient préciser certains points encore vagues.

Il ressort de l’analyse de la loi, de la pratique et des enquêtes menées qu’une loi est lacunaire
et parfois tellement imprécise que les dérogations qu’elle prévoit tendent à devenir la règle et
non l’exception.

L’organe régulateur de la concurrence au Maroc bien qu’étant constitué ne joue pas son rôle,
et le rôle essentiel en matière de contrôle des pratiques anticoncurrentielles est joué par les
services du chef de gouvernement. Cette législation ne fait pas encore partie intégrante des
comportements économiques locaux. Les magistrats des tribunaux de commerce, n’ont reçu
aucune formation en la matière. Les associations de consommateurs qui pourraient jouer un
rôle moteur dans l’application de cette loi n’ont pas encore l’audience nécessaire ni la
crédibilité pour le faire.

31

v Y. Serra, La non concurrence en matière commerciale, sociale et civile (Droit
interne et communautaire), Dalloz, coll. « Droit usuel », 1991, no2,
v Nicolas Dorandeu « Le dommage concurrentiel », Presses universitaires de
Perpignan, d'édition 2000
v Abus position dominante ; Aix-Marseille, L. Auffant Oct. 2017
v Emmanuel Farhi, Nicolas Lambret ; Les entreprises face à la politique
européenne de la concurrence ; Mémoire de fin d’étude à l’école des Mines de
Paris ; publié : 2005
v Mohamed Drissi Alami Machichi ; concurrence : droits et obligations des
entreprises au Maroc ; Casa.A.Retnami ; publié : 2004
v Marie-Anne Frison-Roche, Marie-Stéphane Payet, Droit de la concurrence, éd.
Dalloz, coll. Précis droit privé, 2006, no 261.

v L.Halmaoui, M.Bouasaouf, les différentes menaces à la libre concurrence, Revue


de Droit Civil, Economique et Comparé, Vol 1 no 1 2020.
v Emmanuel Combe (Vice-Président, Autorité de la concurrence)

v Revue de droit Les différentes menaces à la libre concurrence Maissae Boussaouf


: Professeur à la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales-Souissi
2020
v Fiche pratique -l’abus de la position dominante
v Les ECHOS – La position dominante.

v ANRT/CG/n°01/2020 du 17 janvier 2020 relative à des pratiques mises en œuvre


dans le secteur des télécommunications et plus spécifiquement dans la mise en
œuvre des offres de dégroupage par Itissalat Al-Maghrib.
v Paris 12 octobre 2017 n°15/14038

32

v ADLC n°04-D-17 § 66
v ADLC n°14-D-05 § 244
v Paris 26 mars 2015 n°2014/03330
v Paris 9 nov. 2004 RG n°2004/08960
v Cass. Com. 28 juin 2005 n°04-13.910
v arrêt du 29 janvier 2008 (Com., 29 janvier 2008, Bull. 2008, IV, n° 20, pourvoi n°
07-13.778)
v Communication de la commission des communautés européenne du 9 février
2009 relative aux orientations sur les priorités dans l'application de l'article 82 du
traité CE

v Dahir n° 1-14-116 du 2 ramadan 1435 (30 juin 2014) portant promulgation de la


loi n° 104-12 relative à la liberté des prix et de la concurrence.
v Décret n°2-14-652 du 8 safar 1436 (1er décembre 2014) pris pour l’application de
la loi n°104-12 sur la liberté des prix et de la concurrence.

v https://www.ecoactu.ma/jetons-de-peinture/

v https://www.oecd-ilibrary.org/sites/9789264302693-9- https://www.oecd-
ilibrary.org/sites/9789264302693-9-
fr/index.html?itemId=/content/component/9789264302693-9-fr
v https://debitoor.fr/termes-comptables/abus-de-position- dominante
v https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-
pratiques/Rupture-des-relations-commerciales
v https://www.legavox.fr/blog/maitre-anthony-bem/abus-position-dominante-
exploit%20%20ation-abusive-5321.ht
v https://www.dalloz.fr/documentation/Document6
v https://www.autoritedelaconcurrence.fr/fr/competence-contentieuse
v https://www.justifit.fr/b/guides/abus-de-position-dominante/

33

v https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/Publications/Vie-pratique/Fiches-
pratiques/Abus-de-position-dominante
v https://defense-dconsommateur.ooreka.fr/astuce/voir/440293/abus-de-position-
dominante
v https://www.concurrences.com/fr/dictionnaire/position-dominante-86012
v https://www.brief.eco/a/2019/03/20/on-fait-le-point/abus-de-position-dominante/

34

Liste des abréviations.
Sommaire.
Introduction.

Partie 1 : La détermination et l’exploitation abusive de la position


dominante
Chapitre 1 : La détermination de l’abus de la position dominante
Section1 : Notion de la position dominante

Paragraphe1 : Définition de la position dominante

Paragraphe2 : La caractérisation de la position dominante


Section2 : La qualification de l’abus de la position dominante

Paragraphe1 : La détermination de l’abus

Paragraphe2 : Le lien entre l’abus et la position dominante

Chapitre 2 : l’exploitation abusive de position dominante.

Section 1 : Pratiques abusives de l’abus de la position dominante en droit


Marocain :

1. Le refus de vente
2. Les ventes liées ou subordonnées
3. Ventes discriminatoires
4. La rupture des relations commerciales établies au seul motif que le partenaire
refuse de se soumettre à des conditions commerciales injustifiées

Section 2 : Pratiques abusives de l’abus de la position dominante en droit


communautaire :
1. Rétention et utilisation d’informations
2. L’affichage de prix prédateurs
3. Les prix discriminatoires
4. Le dénigrement
5. Les remises fidélisantes
6. Les remises de couplages
7. Toutes les pratiques visant l'éviction des concurrents

35

Partie 2 : Encadrement processuel de l’abus de position dominante.
Chapitre 1 : la réparation des préjudices causés par l’abus de position dominante

Section 1 : les conditions de réparation du dommage anticoncurrentiel

Paragraphe 1 : les conditions de réparation du dommage anticoncurrentiel


A- La faute
B- Lien de causalité entre l’acte anticoncurrentiel illicéité et le dommage
Paragraphe 2 : Les parties à l’action en réparation

A- Les auteurs du dommage anticoncurrentiel.


(1) L’auteur individuel
(2) Les coauteurs :
B- Les victimes de l’abus de position dominante
1- Victime d’un dommage collectif :
2- Victime d’un dommage individuel

Section 2 : les modalités de réparation du dommage anticoncurrentiel

Paragraphe 1 : Le choix de la réparation

Paragraphe 2 : L’évaluation du dommage

Chapitre 2 : Le régime répressif de l’abus de position dominante.

Section 1 : Les sanctions et ses procédures alternatives applicables à l’abus de position


dominante.

Paragraphe 1 : Les sanctions applicables à l’abus de position dominante.

A. Les sanctions prononcées par le conseil de la concurrence.


1. Les sanctions administratives.
a. Les mesures conservatoires.
b. Les astreintes.
c. Les injonctions.
2. Les sanctions pécuniaires.
B. Les sanctions prononcées par les juridictions compétentes de droit commun.
1. Les sanctions pénales.

36

2. Les sanctions civiles.

Paragraphe 2 : Les procédures alternatives aux sanctions de l’abus de position


dominante.

A. La non-contestation des griefs


B. Les engagements.
C. Les décisions de l’autorité gouvernementale compétente.

Section 2 : Les exemptions de l’abus de position dominante.

Conclusion.

Bibliographie.

Table des matières.

37

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